De légers coups contre la porte de son bureau lui firent perdre sa concentration sur son écran d’ordinateur et Elysia leva les yeux pour voir Josh passer la tête dans son bureau.
— Ton rendez-vous de 17h est là, l’informa-t-il avant de s’écarter et d’inviter Chloé à entrer.
Cette dernière le remercia d’un signe de la tête puis parcourut rapidement la pièce du regard avant de s’arrêter sur Elysia, debout de l’autre côté de son bureau et qui lui tendait une main.
Chloé s’en empara aussitôt.
— Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me recevoir, dit-elle. Je crois bien que je ne vous en remercierai jamais assez.
— C’est rien, répondit Elysia tout en lui faisant signe de s’assoir avant de s’installer à son tour.
Leur entretien étant professionnel, elle ne fut pas surprise de voir que Chloé avait revêtu un tailleur jupe. Mais la tenue lui conférait un air tellement plus sérieux, plus sûr d’elle, qu’Elysia dut s’y reprendre à deux fois afin de s’assurer qu’il s’agissait bien de la même personne qui était venue chez elle une semaine plus tôt. La jeune étudiante de vingt-cinq ans semblait avoir laissé place à la professionnelle, et Elysia en fut agréablement surprise.
— Je pense d’ailleurs avoir trouvé une solution qui pourrait toutes les deux nous satisfaire, poursuivit-elle.
— Ah ? répondit Chloé, le visage plein d’espoir.
Elysia hocha la tête tandis qu’elle réunissait quelques papiers devant elle. Elle croisa finalement les mains sur son bureau.
— Comme vous le savez certainement, tout journaliste qui reçoit sa première carte de Presse est considéré comme journaliste stagiaire pendant deux ans. Une fois cette période terminée, la carte de Presse de journaliste titulaire est attribuée, et donne droit à l'intégralité des avantages de la carte. Vous êtes étudiante à l’Université de Central Florida, votre période de stage est donc ramenée à un an. Ce que je vous propose, c’est de commencer cette période en suivant l’un de nos journalistes stagiaires. Vous participeriez ainsi à la rédaction d'articles, de reportages, aux enquêtes...
Elysia s’interrompit lorsqu’elle vit que Chloé l’observait avec des yeux ronds. Elle se racla légèrement la gorge.
— Il y a un problème ?
Chloé cligna des yeux.
— Euh, non, non. C’est... vous voulez faire de moi l’assistante d’un journaliste stagiaire ?
— Plutôt une stagiaire d’un journaliste stagiaire, corrigea Elysia. Vous en êtes à votre première année de Master. Travailler en tant que stagiaire chez nous en parallèle de vos études vous permettra d’acquérir de l’expérience mais surtout, d’avoir déjà un pied dans le métier une fois votre diplôme décroché...
Elle s’interrompit quand le jeune femme ne réagit pas.
— Chloé, il y a un problème ? réitéra-t-elle.
Cette dernière secoua lentement la tête.
— Non... je pensais juste, quand vous aviez parlé d’accepter de m’aider... je pensais que je finirais par faire des photocopies, ou, vous savez, un truc comme ça. Je ne m’attendais certainement pas un poste comme celui-là !
Elysia haussa les sourcils.
— Vous possédez une licence en journalisme, bientôt une maîtrise. Vous êtes bien trop qualifiée pour faire de simples photocopies. De plus, chacun d’entre nous possède des assistants pour ça, finit-elle dans un clin d’œil.
Chloé se lassa retomber contre le dossier du fauteuil, encore sous le choc.
Elysia pencha la tête sur le côté.
— Alors, qu’en dites-vous ?
Chloé se passa une main sur le visage, avant de lâcher un rire incrédule.
— J’en dis... eh bien, je signe où ? Et je commence quand ? Parce que je peux être là demain dès 8h, vous savez.
Son enthousiasme poussa Elysia à lâcher un rire.
— Pour les papiers, Josh va s’occuper de vous. Quant à savoir quand vous commencez, je vous laisserai voir ça avec nos journalistes stagiaires — vous travaillerez en alternance avec deux d’entre eux — ils s’adapteront en fonction de votre temps libre. Des questions ?
— Euh... non, mais vous pouvez être sûre qu’une fois redescendue sur terre, je devrais en avoir à la pelle.
— Vous avez mes coordonnées, sourit Elysia, amusée par sa réaction. Josh vous transmettra celles de nos journalistes, ils vous contacteront afin d’établir un rendez-vous pour mettre tout ça en place.
Elysia se préparait à conclure leur entretien lorsque Kim passa la tête dans son bureau.
— Tu voulais me voir ? demanda la jeune femme avant de remarquer Chloé. Oh, tu es en rendez-vous ? Je repasserai.
— Non, non, c’est bon, la rassura Elysia d’un signe de la main. On vient justement de terminer. Kim, je te présente Chloé, elle va apprendre le métier auprès de nos journalistes stagiaires. Chloé, voici Kimberley, notre designer graphiste.
— Enchantée, dit Kim, entrant dans la pièce afin de lui tendre une main.
— De même, répondit Chloé tout en prenant sa main dans la sienne, et Elysia fut surprise de la voir rougir.
Et de les voir s’observer de la tête aux pieds comme cela.
Hmm bizarre.
Elysia reprit lorsque Kim reporta son attention sur elle.
— Tu veux bien aller chercher Josh le temps que je boucle les choses ici ?
Kim hocha la tête avant de quitter la pièce et Elysia reporta son attention sur Chloé.
— Comme je te le disais, Josh va s’occuper de toi pour les contrats. Tu as bien sûr le droit de les emporter chez toi et de les lire au calme avant d’envisager signer. Et si jamais tu avais des questions, n’hésite pas à nous contacter.
— Justement..., commença Chloé, se penchant légèrement vers l’avant. Après avoir vu, hum, Kimberley ? Je me demandais, ça consiste en quoi, vos exigences vestimentaires ? Je me sens un peu... trop habillée tout à coup, rougit-elle.
Elysia retint difficilement un rire. Le look gothique, les cheveux roses, et les piercings de Kim surprenaient toujours.
— On n’a pas vraiment de réglementation à ce sujet. On n’est pas au contact du public, ici, et on bouge beaucoup, alors j’admets qu’on a tendance à privilégier les tenues décontractées. Tu travailleras cependant souvent à l’extérieur, alors il est possible que des tenues professionnelles soient de rigueur.
— D’accord, acquiesça Chloé, visiblement soulagée. Merci beaucoup en tout cas, pour... tout ça. C’est vraiment plus que ce que j’espérais.
Elysia fronça légèrement la tête sur le côté, les sourcils froncés.
— Chloé, à quoi t’attendais-tu, au juste ? Si je peux me permettre le tutoiement, bien sûr, se pressa-t-elle d’ajouter.
— Pas de problème, répondit aussitôt Chloé, avant de se gratter la nuque. Pour être honnête, tu aurais été quelqu’un de différent, je me serais attendue à une offre de stage, un peu comme tu l’as fait. Mais, étant donné ta relation avec Kat, et le passé qu’elle et moi partageons...
— Ah.
Elysia hocha la tête, soudainement compréhensive. Elle se passa une main sur le front.
— Je vois, dit-elle, avant de prendre une profonde inspiration. Ça fait partie de mon travail de faire la part des choses entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. Cela étant dit, ajouta-t-elle lorsque Chloé ouvrit la bouche, je peux comprendre tes craintes, on se laisse parfois submerger par ses émotions, dit-elle dans un sourire serré. Je te rassure, ça n’arrivera pas ici.
Chloé hocha la tête, légèrement embarrassée.
— Désolée, c’est juste que, quand tu nous as vues ensemble ce jour-là, puis quand on est venues chez toi, tu avais l’air...
— Je sais, soupira Elysia en se passant une main sur le visage. J’ai réagi de manière excessive, et je m’en excuse. Je sais désormais ce qu’il en est, Chloé. Et je ne t’en tiens pas rigueur. Au contraire, je devrais même te remercier. Tu n’as rien fait de plus qu’être là pour Kat. C’est important pour moi.
— Et maintenant, c’est toi qui es là pour elle, répondit Chloé, avant d’ajouter sincèrement. Et ça, c’est important pour moi.
Elysia afficha un sourire avant de tendre une main que Chloé serra aussitôt.
— Bienvenue parmi nous, Chloé. Je suis sûre que je ne le regretterais pas.
💕
— Kat, tu m’emmènes où là ? demanda Elysia lorsque Kat manqua la deuxième sortie qui aurait dû les conduire chez elle.
Elle tourna la tête lorsqu’aucune réponse ne vint et haussa un sourcil face au mystérieux sourire qui habitait les lèvres de Kat.
— D’accord... tu sais que je vais finir par croire que tu as un truc pour les enlèvements à force, hein ?
Kat lâcha un rire tandis qu’elle enclenchait son clignotant afin de quitter le périph et de regagner une partie plus éloignée de la ville.
— C’est une surprise, répondit-elle. Promis, tu n’auras pas à appeler le 911.
Pour toute réponse, Elysia se contenta de s’emparer de l’une des mains de Kat et d’entrelacer leurs doigts. Elle dut cependant la relâcher lorsque le portable de Kat sonna quelques minutes plus tard, signalant qu’elle avait reçu un message.
Kat tendit le bras afin de récupérer le téléphone qui reposait sur le tableau de bord, et le positionna contre le volant, de manière à pouvoir continuer de regarder la route. Elle jeta un rapide coup d’œil au sms, et Elysia fut surprise de la voir rougir.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.
Kat lui jeta un rapide coup d’œil.
— Euh... rien.
— Rien ? s’étonna Elysia. Tu reçois un sms qui te fait rougir, et c’est rien ?
— C’est Chloé, répondit Kat, avant de rouler des yeux lorsqu’Elysia se figea. C’est pas ce que tu crois, assura-t-elle. Tiens, regarde.
Elysia s’empara du téléphone avec appréhension, puis jeta un œil au sms. Elle haussa aussitôt les sourcils.
— « Sache que ta petite femme mérite que tu lui fasses vraiment plaisir ce soir, elle va faire de moi une journaliste stagiaire avant l’heure !!!!! xx », lut-elle à voix haute, hésitant entre l’envie de rire et de se cacher. Eh bien, visiblement, elle est... très... contente.
— Non, tu crois ? ironisa Kat, avant d’ajouter, plus sérieusement. Tu réalises un de ses rêves, tu sais ? Tu as vraiment assuré sur ce coup-là.
Elysia haussa les épaules, une légère coloration recouvrant ses joues.
— Chloé a fait le plus gros. C’est elle qui a les qualifications requises, répondit-elle avant de désigner le téléphone. J’aurais cela dit préférer qu’elle laisse ma vie sexuelle en dehors de ça.
— Ouais, Chloé n’est pas vraiment du genre à avoir sa langue dans sa poche, grimaça Kat. Toujours pas de regrets de l’avoir embauchée ?
Elysia secoua la tête, et Kat enclencha son clignotant afin de venir garer la voiture sur un parking désert.
— Et voilà, dit-elle en coupant le moteur.
Elysia observa le paysage qui s’offrait à elles à travers le pare-brise, la grille imposante, et les montagnes de carcasses de véhicules entassées. Elle fronça les sourcils.
— Euh, Kat... qu’est-ce qu’on fabrique dans une décharge ?
— Je te l’ai dit, c’est une surprise, répliqua Kat, défaisant sa ceinture avant de descendre du véhicule.
Elysia la suivit, confuse, et Kat ouvrit l’imposante grille qui gardait l’endroit avant de la mener au milieu de carcasses de voitures, de motos et autres camionnettes. Avec les heures sup’ qu’Elysia faisait, le soleil disparaissait déjà à l’horizon, et elles durent faire attention où elles mettaient les pieds.
— Et voilà.
La voix de Kat poussa Elysia à lever la tête et elle sourit aussitôt. Un espace assez important avait été créé au milieu des débris, et au centre, reposait une vieille camionnette Chevrolet Apache. Campée sur une dépanneuse, elle était positionnée de manière à ce que l’avant de la voiture pointe directement vers le ciel, et une petite échelle permettait de venir prendre place derrière le volant.
— Viens, reprit Kat en tirant légèrement sur sa main.
Une fois arrivée devant le véhicule, Kat l’aida à monter avant de prendre à son tour place derrière le volant.
— Confortable ? demanda Kat tandis qu’elle refermait la portière.
Elysia hocha la tête. Pour un véhicule condamné à passer sa vie dans une décharge, l’intérieur était plutôt en bon état. Une fine couche de poussière recouvrait le tableau de bord, et le cuir du fauteuil était légèrement déchiré par endroits, mais Elysia trouvait l’endroit étrangement confortable. Comme lorsque vous mettez les pieds dans une maison sentant le vécu.
— Mon père a rapidement tissé des liens avec les décharges du coin quand il a lancé son garage, expliqua Kat, le regard perdu vers l’horizon. Une de ses passions était de retaper de vieilles voitures, et c’est ici qu’il trouvait ses perles rares. Les gens ne savent pas toujours ce qu’une vieille Chevrolet, une Jaguar ou même une Fiat peuvent valoir une fois retapées. Même s’il ne reste rien de plus que la carrosserie, un bon mécano peut faire des miracles.
Elle désigna l’habitacle de la voiture avant de continuer.
— Je venais ici avec ma sœur quand il faisait ses recherches ou examinait ce que le propriétaire de la décharge avait dégotté. On imaginait toujours que le moteur marchait, et qu’on allait s’envoler vers le ciel.
Elle rougit légèrement.
— J’avais une imagination débordante à l’époque, sourit-elle, embarrassée.
— Comme beaucoup d’enfants, répondit Elysia en l’embrassant sur la joue. C’est ce que tu fais aujourd’hui ? Restaurer de vieilles voitures ? Tu travaillais sur une Chevrolet l’autre jour dans ton garage, quand je suis tombée en panne.
Kat hocha la tête.
— C’est mon plan retraite, dit-elle, avant d’expliquer lorsqu’Elysia l’observa avec confusion. J’ai trente ans, et c’est mon premier boulot stable, avec un plan de retraite. Crois-moi, tu n’as pas envie d’entendre à quel âge je pourrais enfin bénéficier d’une retraite de base à taux plein. J’ai perdu du temps avec l’armée, puis, hum, avec la prison. Alors si je veux vraiment pouvoir bénéficier d’une retraite, et qu’elle soit un minimum confortable...
— Tu retapes d’anciennes voitures, et les vends au plus offrant, conclut Elysia. Compris. C’est plutôt malin, comme système.
— Si tu t’y connais en mécanique, et que ton père avait un bon réseau, acquiesça Kat, avant de prendre une inspiration. C’est comme ça que je compte aider Chloé.
Elysia haussa les sourcils.
— Woah. Attends, je ne comprends pas. Elle a de si gros problèmes d’argent ?
— Les études sont onéreuses, tu le sais, répondit Kat. Mais... oui. Disons qu’elle s’est malgré elle retrouvée avec de grosses dettes à rembourser. Un membre de sa famille aimait un peu trop jouer en ligne et miser de l’argent, expliqua-t-elle lorsqu’Elysia fronça les sourcils.
Elysia hocha lentement la tête.
— Alors elle s’est tournée vers la prostitution de luxe, et les sommes astronomiques qu’elle pouvait toucher en peu de temps.
Elle se passa une main sur le visage.
— Bon sang, c’est terrible, murmura-t-elle avant de reporter son attention sur Kat. C’est pour ça que tu... as eu recours à ses services ? Pour l’aider ?
Kat remua légèrement, mal à l’aise.
— Pas au début. Pas vraiment sur la fin non plus, cela dit. Je voulais l’aider, et je le faisais en la contactant, mais elle m’aidait aussi. Elle... comment dire, elle chassait mes mauvais rêves ? J’étais plutôt mal à l’époque, et en ayant recours à ses services...
— J’ai compris, la coupa Elysia, secouant la tête pour chasser les images qui l’assaillaient.
Rien de mieux que tout un tas d’orgasmes pour se détendre et bénéficier d’un sommeil sans rêves.
Elle reprit, une fois calmée.
— Qu’est-ce qui faisait que tu dormais si mal ? Ta condamnation ?
Kat haussa les épaules.
— C’était un tout, je pense. L’armée, la prison... je pense aussi que je redoutais l’avenir. Chuter encore...
Elysia saisit l’une de ses mains quand Kat frissonna. Elle ne le savait pas, mais la seule raison pour laquelle ces dernières semaines lui avaient été si difficiles à vivre, c’était parce qu’une Targa s’était échappée. Kat avait alors subi, sans le savoir, son influence négative, malfaisante. Malsaine.
Elysia n’osa même pas imaginer quel genre de rêves Kat avait subis en conséquence.
Elle soupira intérieurement. Comment pouvait-elle en vouloir à Kat d’avoir cherché du réconfort dans les bras de Chloé ? Elle avait lutté comme elle avait pu.
Elle exerça une légère pression sur les doigts de Kat.
— Je trouve personnellement que tu t’en es plutôt bien sortie, sourit-elle doucement.
Kat porta la main d’Elysia à ses lèvres afin d’embrasser ses doigts, les yeux rivés sur son visage. Elle acquiesça imperceptiblement.
— Bon, assez parler de moi. Regarde devant toi, je me suis dit que le spectacle te plairait.
Elysia tourna la tête et remarqua que le soleil s’était enfin couché, dévoilant un ciel étoilé pur et sans nuages.
Elle sourit.
— C’est magnifique.
— Hmm, acquiesça Kat, se rapprochant de manière à passer un bras autour des épaules d’Elysia.
Cette dernière posa aussitôt sa tête contre sa poitrine.
— Tu sais, si je ne te connaissais pas, je penserais que tu cherches à me séduire, taquina-t-elle.
Les épaules de Kat s’affaissèrent.
— Merde, et moi qui pensais que c’était déjà fait.
Elysia lâcha un rire, tournant la tête afin de d’embrasser Kat juste au coin des lèvres. Dans l’obscurité de la nuit, ses yeux noisette paraissaient presque gris, et elle passa un temps à les observer.
Sentant son regard sur elle, Kat tourna la tête dans sa direction.
— Tu es en train de tout rater, la taquina-t-elle.
— Non, j’ai trouvé mieux à observer, répondit Elysia, levant une main afin de redessiner les sourcils de Kat. Tu sais que tes yeux paraissent gris métallique sous les rayons de la lune ? Je les trouve magnifiques.
Kat haussa un sourcil, et leva à son tour une main afin de caresser la joue d’Elysia avec lenteur, comme si elle craignait qu’un mouvement brusque ne mette fin à l'instant qu’elles partageaient. Les yeux d’Elysia se fermèrent d’eux-mêmes face au contact, et sa respiration s’accéléra lorsqu’elle sentit Kat s’approcher.
Ses lèvres planèrent au-dessus des siennes, puis les doigts de Kat vinrent toucher la surface douce située juste au-dessus de sa poitrine et Elysia fut certaine qu’elle pouvait sentir les battements rapides de son cœur. Kat remonta vers sa clavicule et traça une ligne jusqu’à la base de sa nuque, sa main s’immisçant dans ses cheveux.
Leurs respirations se mêlèrent et Kat posa enfin ses lèvres contre les siennes, poussant Elysia à soupirer d’aise. Sa main imita celle de Kat, venant reposer contre les cheveux de sa nuque, et leurs lèvres se séparèrent lentement, ne laissant place qu’à un contact presque imperceptible avant que leurs bouches ne s’ouvrent d’un commun accord. Lorsque la langue de Kat vint toucher sa lèvre inférieure, Elysia réagit aussitôt face au contact doux et chaud, enroulant ses bras autour du cou de Kat et l’attirant contre elle. Elle sourit quand Kat glissa sa main sous sa veste afin de la poser sur sa hanche. Leurs corps étaient désormais collés l’un contre l’autre, enveloppés dans une étreinte imperméable, comme si Kat ne voulait pas perdre un millimètre de contact. Elysia recula légèrement une main afin de tenir le visage de Kat fermement entre ses doigts et elle écarta ses lèvres plus encore afin d’approfondir le baiser, permettant à leurs langues de lutter pour la domination dans une passion croissante.
Le temps sembla s’être suspendu et leur baiser s’éternisa un long moment. Comme si aucune d’elles ne semblait vouloir se rassasier de cette union de leurs lèvres, ni de leurs corps si proches. Il se termina pourtant finalement aussi lentement qu’il avait commencé, leurs lèvres tout simplement pressées les unes contre les autres pendant une période prolongée.
Elysia enfouit finalement son visage dans le creux du cou de Kat et elle respira la douce odeur qu’elle connaissait à présent par cœur. En silence, elle glissa ses bras autour d’une taille finement musclée et sourit lorsque Kat fit la même chose.
— Ça va ?
Elysia sentit la vibration des mots contre sa tête et elle hocha doucement la tête.
Elle ne s’était jamais sentie aussi bien.
Ce qui expliqua sûrement pourquoi elle prononça les paroles suivantes :
— Kat, conduis-nous chez toi, dit-elle d’une voix enfiévrée.
Kat se recula légèrement de manière à croiser son regard, et lorsqu’elle vit ses pupilles dilatées, ses lèvres gonflées, et ses cheveux légèrement en bataille, elle sentit sa respiration s’accélérer.
Puis hocha la tête.
💕
Une fois arrivée à l’appartement, Kat referma la porte de son pied avant de conduire Elysia le long du petit couloir qui menait vers sa chambre. Enveloppée dans son étreinte, Elysia sentit Kat replacer une mèche de cheveux derrière son oreille et lorsque ses lèvres redescendirent dans son cou, Elysia ne put empêcher ses yeux de se fermer d’eux-mêmes.
— Je dois avoir toute une série de bougies qui traînent quelque part... qu’est-ce que tu en dis ? proposa Kat.
Elysia sourit.
— Très romantique, acquiesça-t-elle avant de tourner la tête et de lui voler un furtif baiser.
Arrivée à destination, Kat tendit une main afin d’enclencher l’interrupteur, et Elysia réalisa qu’elle allait pénétrer dans son antre pour la toute première fois. Un sentiment d’excitation s’empara d’elle, et elle se détacha délicatement de l’étreinte de Kat afin d’arpenter la pièce.
Comme toute chambre, cette dernière n’était pas particulièrement meublée. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne choquait pas. Ça renforçait même le côté apaisant qui ressortait, accentué par les murs vert sombre et les tons marron et beige du mobilier présent.
Quelques photographies judicieusement placées dans sa bibliothèque attirèrent son regard et Elysia s’en approcha. Elle reconnut aussitôt Kat, tantôt avec un homme plus âgé — son père —, tantôt avec Lyna et Tawny, tantôt avec sa sœur. La ressemblance avec cette dernière était d’ailleurs très trompeuse, et Elysia savait qui était qui uniquement grâce à ses talents de Daï-Natha.
Un autre cliché, plus en retrait, comme si on avait volontairement voulu le masquer, attira son attention et elle fronça les sourcils. La jeune femme qui se trouvait en compagnie de Kat lui était totalement inconnue, ce qu’Elysia eut du mal à comprendre, étant donné qu’elle avait suivi Kat depuis son premier jour sur terre. À vu d’œil, la photo avait été prise il y avait entre cinq et dix ans, bien que Kat ne semblait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Mais elle eut beau se concentrer, Elysia n’arriva pas à mettre un nom sur ce visage aux yeux aussi bleus que le ciel d’été et au visage encadré de boucles brunes.
Elle sursauta lorsque deux bras s’enroulèrent autour de sa taille.
— Excuse-moi, murmura Kat tout en l’embrassant dans le cou, lui provoquant des frissons très agréables. Je pensais que tu m’avais entendu approcher.
— Non, je regardais tes photos.
— Je vois ça, rien d’intéressant ?
Elysia se tourna légèrement de manière à pouvoir l’embrasser sur la joue.
— Justement si, je me demandais qui était la jeune femme sur ce cliché ? dit-elle en pointant celle qu’elle observait du doigt.
Le corps de Kat se tendit légèrement et lorsqu’Elysia tourna la tête pour étudier son visage, Kat se détacha d’elle et commença à installer les bougies. Sa réaction surprit Elysia, mais elle fut surtout appréhensive, au point de sérieusement se demander qui était cette femme et quelle était son histoire avec Kat pour que cette dernière agisse ainsi.
— Elle s’appelle Lucy, répondit finalement Kat tandis qu’elle allumait mèches après mèches.
Elysia attendit quelques instants avant de comprendre que Kat n’en dirait pas plus. Elle se mordit la lèvre, indécise. Kat ne semblait visiblement pas très encline à s’étendre sur le sujet, mais Elysia avait envie de connaître le fin mot de l’histoire, ne serait-ce que pour savoir pourquoi Kat réagissait ainsi.
Son regard se porta de nouveau sur la photo. La jeune femme — Lucy — était assise sur le capot de la première Ford Mustang de Kat, qui l’enlaçait par-derrière. Le menton de Kat reposait sur l’épaule de Lucy et à les voir comme ça, si complices, si pétillantes, Elysia se dit qu’elles étaient bien trop proches pour n’être que de simples amies.
— C’est une ex, c’est ça ? demanda-t-elle, une sensation désagréable au creux de l’estomac.
Kat déposa trois bougies sur la table de chevet et lui jeta un rapide coup d’œil avant de simplement hocher la tête. La gêne qu’Elysia ressentit au creux de son ventre sembla s’accentuer et elle fit de son mieux pour que le sentiment qui l’habite passe inaperçu.
— Elle est où, maintenant ?
Kat alluma les bougies avant de s’assoir sur le lit, si bien qu’Elysia ne voyait que son profil. Elle haussa les épaules, la tête baissée.
— Disparue.
Disparue ? Elysia ne fut pas sûre de bien comprendre ce qu’elle entendait par là, mais sentant que le sujet ne l’enchantait pas, elle décida d’en rester là pour le moment. Elle comptait surtout sur Mysa pour lui expliquer comment cela se faisait-il qu’elle ne se souvienne absolument pas de ce passage de la vie de Kat.
En attendant, en tout cas, un changement de sujet était de rigueur.
Elle s’empara d’un autre cliché, sur lequel Kat avait tout juste dix-neuf ans, et se tenait debout vêtue de l’universel treillis militaire.
— J’aime beaucoup celle-ci, en tout cas, sourit-elle doucement tout en caressant l’image. Je n’aurais jamais pensé que les cheveux courts t’iraient aussi bien.
— Je dois aller chercher la paire de ciseaux ? taquina Kat en s’approchant à nouveau d’elle.
Elysia écarquilla aussitôt les yeux.
— Tu es folle ! Jamais de la vie, j’adore tes cheveux.
Pour prouver ce qu’elle avançait, elle glissa ses doigts dans le désordre des mèches de Kat et l’attira à elle afin de lui voler un baiser qui les laissa à bout de souffle.
Kat avait de longs cheveux châtains striés de reflets et légèrement ondulés qu’elle laissait toujours relâchés, lui conférant un air... indomptable. Elysia était quasiment sûre que son surnom « sexy » venait de là.
— Ne les coupe jamais, insista-t-elle, légèrement essoufflée.
Kat hocha la tête, la respiration saccadée.
— O.K., acquiesça-t-elle, avant de fermer les yeux lorsqu’une main se glissa sous son t-shirt, et caressa la peau de son ventre.
— Tu as fini d’installer les bougies ? murmura Elysia, frottant les lèvres contre la clavicule de Kat.
Pour toute réponse, Kat la souleva du sol et afficha un sourire lorsqu’Elysia lâcha aussitôt un cri, puis la déposa gentiment sur le lit. Elle s’absenta une demi-seconde afin d’éteindre la lumière, puis revint s’allonger à ses côtés.
Les flammes dansantes des bougies projetaient des ombres sur la pièce, les inondant d’une lueur discrète, tout en cachant et dévoilant tour à tour des parties de leurs corps. Elysia dut bien s’admettre qu’elle était on ne peut plus charmée.
— Tu aimes ? demanda Kat, faisant délicatement glisser ses doigts contre la joue d’Elysia.
Cette dernière acquiesça aussitôt, puis ferma les yeux quand elle sentit Kat venir caresser sa lèvre inférieure. Une main se glissa sous son haut, à la recherche évidente de sa peau, la faisant frissonner et elle attira Kat contre elle, inclinant légèrement son visage afin de déposer ses lèvres contre les siennes.
Au premier contact avec sa langue, Elysia perdit le peu de notion de réalité qu’il lui restait. Les lèvres de Kat étaient si douces, si chaudes sur les siennes. Enivrantes.
Elle sentit Kat glisser une main sur sa hanche, puis contre ses reins afin de rapprocher un peu plus leurs corps, et elle ne put s'empêcher de haleter contre sa bouche, des milliards de petits picotements traversant sa colonne vertébrale tandis qu’elle se cambrait.
Leurs corps étaient si proches désormais, collés l’un contre l’autre et lorsque Kat glissa ses mains sous le haut d’Elysia afin de le retirer, cette dernière ne résista pas. Elle avait envie de sentir son corps sur elle, sa peau nue sous ses doigts, de cette langue qui parcourait désormais la moindre parcelle de ses courbes soudainement dévoilée... jusqu’à ce que le rire de Kat résonne dans la pièce.
Surprise, Elysia prit aussitôt un air indigné avant d’inspirer soudainement lorsque Kat suivit aussitôt le rebord de son soutien-gorge du bout du doigt.
— Des fraises.
Kat redessina l'une des formes colorées, juste sous la courbe d’un sein, avant d’ajouter :
— Tu as des petites fraises sur tes sous-vêtements, sourit-elle largement avant de presser ses lèvres contre la clavicule à proximité. J’adore.
Elysia laissa retomber sa tête contre l’oreiller, un grognement échappant ses lèvres.
— C’est pas possible de disparaître, là, maintenant, tout de suite ? gémit-elle.
— Oh non, non, non, non, non, j’adore moi, s’exclama Kat tout en secouant la tête, le bout de ses doigts frôlant le ventre à proximité avant de descendre un peu plus bas, vers l’attache du jean.
Elysia inspira soudainement face au contact, et sa main vint enserrer l’avant-bras à proximité. Le bouton céda, rapidement suivi par la fermeture éclair, et elle frissonna.
— Kat... qu’est-ce que tu fais ?
— Je suis en train de vérifier..., répondit Kat entre deux baisers le long du sternum d’Elysia, ...si le bas est assorti.
Elysia porta une main à son visage, riant malgré elle quand le souffle de Kat lui chatouilla le ventre. Elle l’interrompit cependant lorsque cette dernière chercha à lui retirer son jean.
— L’une de nous deux est beaucoup trop habillée, dit-elle lorsque Kat voulut protester. Maintenant que tu t’es bien amusée avec mon soutien-gorge, je veux voir ce que tu caches.
Kat l’embrassa furtivement.
— J’adore tes petites fraises, assura-t-elle contre ses lèvres avant de se reculer et de retirer ses vêtements en un éclair.
Elysia cligna des yeux, puis sentit sa mâchoire s’affaisser devant les sous-vêtements que Kat portait.
— Je te pensais plus du genre à porter quelque chose de plus... sportif ? dit-elle, tendant une main afin de laisser courir ses doigts sur la dentelle du soutien-gorge.
Le tissu bordeaux soulignait la poitrine haute et ferme de Kat et ses épaules dorées, quant au décolleté, il était suffisamment prononcé pour attiser la curiosité.
Comme hypnotisée, Elysia l’observa, sa lèvre inférieure coincée entre ses lèvres.
— Bon sang, tu es... parfaite. Superbe. Et définitivement sexy, sourit-elle, les yeux brillant de malice, tandis que ses doigts partaient du cou de Kat, suivaient son sternum, redessinaient la courbes de ses seins avant de remonter vers son visage.
Elle l’embrassa chastement.
— Tu es magnifique, Kat.
Kat frissonna et, le sourire aux lèvres, poussa légèrement Elysia afin de se rallonger sur elle. Du bout des doigts, elle redessina à son tour les traits du visage d’Elysia avant de descendre le long de son cou. Elle parcourut légèrement son épaule avant de revenir vers son sternum, s’évadant le long de la vallée creusée par ses seins. Elle s’arrêta un instant sur son ventre, redessina le contour de son nombril avant de poursuivre sa route plus bas encore. Libérant Elysia de son jean, elle effleura l’aine puis longea sa cuisse jusqu’à son genou, avant de terminer par son pied. Le regard plongé dans celui d’Elysia, elle refit le trajet en sens inverse avant de murmurer à quelques millimètres de ses lèvres.
- Tu es magnifique. Parfaite. Superbe. Et définitivement sexy.
Troublée, Elysia détacha difficilement son regard de ses lèvres. Elle haussa un sourcil tout en souriant.
— C’est du plagiat ça, non ?
— Peut-être, sourit Kat, repoussant quelques mèches blondes du visage d’Elysia, avant de redessiner la longueur de son nez jusqu’à ses lèvres du bout du doigt. Mais si c’est vrai... où est le mal ?
Elysia s’empara de sa main et y déposa un léger baiser au creux de la paume avant de croiser à nouveau son regard.
— Kat... tu crois qu’on va trop vite ?
Kat plongea son regard dans le sien. Elle haussa les épaules.
— Peut-être, mais si on en a toutes les deux envie, pourquoi s’arrêter ?
Elysia afficha un large sourire.
— J’aime que tu dises ça, répondit-elle, glissant ses mains dans le creux du dos de Kat afin de la rapprocher plus encore. Parce que c'est exactement ce que je veux, c'est exactement ce dont j'ai besoin. Et sachant que tu ressens la même chose...
Elle se pencha afin de saisir les lèvres de Kat et poursuivit à travers le baiser :
— Ça me donne encore plus envie de continuer.
Elle attira la lèvre inférieure de Kat entre ses dents et lui permit, petit à petit, de façon exaspérante, de glisser librement.
— Et de ne jamais arrêter, ajouta-t-elle.
Kat gémit. Elle va me rendre folle. Elle appuya son front contre celui d’Elysia avant de se laisser complètement aller contre son corps.
Mais lorsqu’elle voulut répondre, Elysia porta une main à ses lèvres.
— Mais je pense que je dois te dire quelque chose avant.
— Hmm ? demanda aussitôt Kat, intriguée.
Elysia hocha silencieusement la tête avant de plonger son regard dans le sien, un léger sourire étirant ses lèvres.
— Je t’aime, souffla-t-elle simplement.
💕
Kat l’observa, interdite, avant de cligner des paupières lorsque sa vue devint floue. Le geste libéra les larmes qui s’y étaient accumulées et elle réalisa avec horreur qu’elle pleurait.
— Je... aah je suis désolée, s’excusa-t-elle tout en s’essuyant le visage d’une main irritée.
— Tant que tu l’es pour les larmes, et pas pour le fait de ne pas m’aimer en retour, crois-moi, je peux largement faire avec, taquina faiblement Elysia, écartant les mains de Kat afin d’essuyer elle-même ses joues de ses pouces.
Même si Elysia avait voulu le masquer, Kat n’avait eu aucun mal à discerner l’appréhension sous-jacente et elle s’empara de l’une des mains qui recouvrait sa joue pour la porter à ses lèvres. Elle embrassa ses doigts les uns après les autres, son regard rivé dans celui d’Elysia, puis se pencha afin de poser ses lèvres contre les siennes.
— Et je t’aime, répondit-elle, une délicieuse chaleur irradiant en elle.
Elysia ferma les yeux, savourant les douces paroles, avant de sourire.
— Hmm... c’est encore mieux qu’un matin de Noël, taquina-t-elle en rouvrant les paupières.
Kat sourit avant de l’embrasser sur le front, de façon presque révérencieuse. Elle répéta le geste sur chacune de ses paupières, puis sur le bout de son nez, avant de terminer par ses lèvres. Leurs regards se croisèrent, intenses, puis leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, avec douceur, comme si elles se découvraient pour la première fois. Puis l’envie laissa place à un tout autre désir, et les baisers chastes passèrent de tendres à passionnés, le contact de leurs corps presque nus l’un contre l’autre faisant renaître cette douce chaleur qui semblait faire revivre leurs êtres.
La bouche de Kat descendit dans son cou et Elysia sentit sa tête partir en arrière lorsque des lèvres affamées de désir descendirent vers sa poitrine, embrassant puis taquinant la peau sensible. Un sous-vêtement céda, puis un autre, puis encore un autre... jusqu’à ce qu’il ne reste que deux corps enlacés, brûlant d’envie, de désir et d’amour.