Disclaimers
Seconde Chance
Copyright © 2015
Genre : Fantastique, Romance
Cette fiction traite d'une histoire d'amour classée NC -18 (No Children 18 and Under Admitted) mettant en scène deux femmes. Ce qui veut dire que si vous avez dix-huit ans ou moins, et que si l'idée de deux femmes ensembles vous répulse, vous êtes grandement invité à passer votre chemin :D
Pour les autres, je vous souhaite un très bon moment de lecture et j'espère que cette histoire vous plaira. Un gros merci d'avance de prendre le temps de me lire.
Longueur : Vingt-trois chapitres + Un épilogue. 80 000 mots environ.
Résumé : Les grecs l'avaient compris depuis longtemps : Chaque être humain est dualité. Il a besoin de polarités négatives et positives pour fonctionner, de principes opposés qui se complètent et s’affrontent afin de maintenir un équilibre indispensable à son bien-être. Mais que se passerait-il si cet équilibre venait un jour à être perturbé ? Si, soudainement, le Génie du Bien et le Génie du Malin décidaient de ne plus jouer selon les règles ? Malheureusement pour elle, Kat est sur le point de le découvrir...
Note de l'auteure : Il est important de rappeler que l'appropriation d'écrits appartenant à autrui est illégal. Ces écrits sont les miens et sont "protégés du fait même de leur existence." Pour plus d'information, c'est par ici : Code de la propriété intellectuelle
En conséquence, si jamais l'envie vous prenait, sachez qu'il vous est interdit de vous emparer de mes écrits pour les reposter ailleurs, qu'ils soient accompagnés ou non d'un lien vers ce site. La seule chose que je vous autorise, c'est justement un lien vers ce site, rien de plus ;) Un peu de publicité n'a jamais fait de mal à personne ! :D
En vous remerciant de votre compréhension.
Prologue :
Son regard vint se perdre dans la boule de cristal. En appui sur un petit socle, elle reposait au cœur même d’une colonne de marbre dont les gravures étaient les témoins artistiques de ses ancêtres. Quant aux visions qu’elle lui transmettait, elles n’avaient, pour leur part, aucun secret pour elle.
Elles étaient la raison de son existence.
Une légère brume s’éleva autour d’elle, annonciatrice de leur arrivée imminente, et elle leva les yeux pour voir le Conseil des trois l’entourer. C’était la première fois qu’elle se retrouvait en leur présence, personne ne les voyait jamais. Des histoires couraient, des contes, des légendes ; mais jamais personne ne les avait approchés.
Ils étaient les tout-puissants qui les observaient et les guidaient de là-haut.
Elle observa les phoenikis de couleur pourpre et blanc qui recouvraient leurs têtes et venaient caresser le sol à leurs pieds, si bien que seule la moitié de leurs visages lui était visible. La forte lumière blanche qui les entourait l’empêcha cependant de distinguer clairement leurs traits. Les épaules hautes, les mains croisées dans le dos, les pieds qu’elle devinait légèrement écartés ; ils inspiraient le respect, l’admiration et la crainte de par leurs statures imposantes.
« Le Conseil a longuement étudié votre requête. »
Son visage se tourna légèrement sur la droite, vers le membre du Conseil qui venait de lui adresser la parole par télépathie, leur seul moyen de communication.
« Cette dernière — exceptionnelle — n’est pas à prendre à la légère, il nous faut nous assurer que vous réalisez bien ce dans quoi vous vous engagez. Beaucoup de risques sont en jeu. Les conséquences pourraient en être dévastatrices. »
Leurs visages se détachèrent de la boule de cristal pour se tourner vers elle.
« Le moindre échec de votre part », enchaîna le second membre, « équivaudrait à votre retour immédiat, suivi d’une sentence irrévocable. »
« J’en accepterai les conséquences. »
Il lui était inutile d’élaborer, ils connaissaient chacune de ses pensées, des plus personnelles aux plus futiles.
Un léger silence s’installa avant que le troisième membre ne prenne la parole :
« N’oubliez pas, retrouver votre humanité ne signifie pas que vous ne nous appartenez plus. À partir du moment où vous serez toujours une Daï-Natha, nous pourrons vous retrouver, peu importe le moment, ou l’endroit. »
Leurs visages se tournèrent de nouveau vers la boule de cristal et, de la même façon qu’il était apparu, le Conseil disparut dans un léger nuage de fumée.
La réflexion qui prit aussitôt place dans son esprit fut cependant rapidement interrompue par la silhouette qui s’approcha d’elle depuis l’autre côté de la boule de cristal. Tout comme elle, sa chevelure légèrement ondulée était aussi grise que le cercle argenté qui ornait le dessus de sa tête ; son himation dévoilait en partie un torse musclé finement dessiné, et ses iris étaient pour leur part aussi gris que les cothurnes qui recouvraient ses pieds.
La seule chose qui la différenciait de lui était ses formes féminines et la longue chevelure qui reposait sur son épaule gauche, mais comme tous leurs confrères, ils dégageaient quelque chose de puissant mêlé à une impression de souplesse et de majesté.
Il s’arrêta devant elle, de l’autre côté de la boule de cristal, et posa ses paumes sur celle-ci avant de la regarder droit dans les yeux.
« Vous êtes prête ? »
Les images changèrent sous ses mains et celles qui y apparurent désormais lui furent inconnues, la poussant à relever un regard interrogateur vers son escorte.
« Votre nouvelle vie vous attend. »
Ses mains se détachèrent enfin de la sphère pour venir encadrer son visage, ses index et majeurs se positionnant sur ses tempes, et elle porta à son tour ses mains sur la boule de cristal.
Leurs regards s’accrochèrent et elle réalisa à peine que la lumière blanche qui les entourait devenait de plus en plus forte, jusqu’à ce que, d’un coup, le noir total l’englobe.
💕
Un souffle explosif s’échappa de ses lèvres et elle tomba à genoux, la poitrine douloureuse. Un sentiment de vertige et de nausée s’empara d’elle et elle haleta tout en serrant les paupières, suppliant intérieurement pour que le monde autour d’elle cesse de tourner.
Elle essaya d’ouvrir les yeux, mais ils s’humidifièrent aussitôt et lorsqu’un frisson violent la parcourut, elle réalisa qu’elle avait également terriblement froid. Ses dents claquaient et ses mains tremblaient légèrement. Un rapide coup d’œil vers le bas lui apprit qu’elle était entièrement nue et lorsqu’elle regarda autour d’elle, elle remarqua qu’elle était également totalement seule dans cet environnement qui lui était inconnu.
Bon, si c’est leur façon de me dire que ma demande ne leur plaît pas, ils ont réussi. Je suis frigorifiée et très loin d’être rassurée.
Ses mains vinrent frotter ses bras et elle attendit dans l’expectative. Elle était dans ce qu’elle supposait être sa nouvelle demeure ; faite uniquement de bois, elle était spacieuse et très lumineuse. Les murs étaient blancs, les meubles et le sol en bois clairs, créant une atmosphère fraiche et sereine qu’elle aimait beaucoup. Au vu du mobilier, elle se trouvait dans ce qui semblait être le salon, et elle distingua rapidement la cuisine sur la droite, ainsi qu’un bureau situé à côté de la porte d’entrée. Sur la gauche se trouvait un escalier qu’elle supposait mener à l’étage supérieur.
Les minutes s’écoulèrent, et lorsqu’elle commença à redouter le fait de devoir avancer seule dans cette maison qui lui était inconnue, une silhouette apparut soudainement devant elle.
— Mysa ! s’exclama-t-elle aussitôt en venant se jeter dans ses bras.
Sa chevelure grise avait laissé place à un blond clair et ses yeux étaient désormais verts, sa tenue, quant à elle, consistait en un simple t-shirt et short de plage. Elle sourit. Le stéréotype même du surfer.
— C’est ton apparence humaine ? demanda-t-elle en se reculant.
Elle cligna un instant des yeux. La surprise passée, elle réalisa que c’était la première fois qu’elle entendait sa propre voix. Elle était douce, mélodieuse, et contrairement à ce qu’elle s’était attendu, parfaitement maîtrisée.
Elle se surprit à vouloir parler encore et encore juste pour l’entendre.
Mysa s’empara du plaid qui recouvrait le dossier du canapé et vint l’envelopper autour de ses épaules, lui rappelant soudainement sa nudité.
— Non, répond-il enfin. Je suis ton messager, ton unique lien entre notre monde et celui-ci. Et dans ce dernier, je suis ton petit frère.
Elle sourit doucement.
— Il faut sauver les apparences, hein ?
— Exactement. Comment te sens-tu ?
Elle avala sa salive tout en regardant autour d’elle.
— J’ai froid. Mais surtout... Vivante.
Le mot s’échappa de ses lèvres et elle s’interrompit subitement. Elle savait qu’elle ne resterait pas telle qu’elle l’était, semblable à ceux de son propre royaume. Mais elle était loin d’imaginer les sensations qui l’envahissaient à l’instant. À chaque inspiration, ses poumons se gonflaient d’une manière aussi familière que nouvelle, ses yeux clignaient d'un endroit à l’autre et ses oreilles s’attardaient sur le faible bruit de l’électroménager qui les entourait. Les choses n’étaient pas aussi vives qu’elles l’étaient normalement, mais ce n'était pas pire, juste... différent.
Mysa lui offrit un sourire.
— La sensation de froid n’est que passagère ; tu verras, les températures sont particulièrement élevées ici, à Orlando. Tu es prête à en apprendre plus sur toi-même ?
Elle hocha frénétiquement la tête, soudainement impatiente, bien qu’un peu perturbée face à ses sensations nouvelles qui l’envahissaient et auxquelles elle semblait réagir de manière étonnamment naturelle.
— Ton nom est Elysia Sonja Lasheras, ton père était d’origine grecque.
— Elysia...
Le mot s’échappa de ses lèvres et elle réalisa aussitôt qu’elle aimait beaucoup sa sonorité.
— Et ma mère ?
— Finlandaise.
Elle s’empara de l’une des mèches de cheveux qui recouvrait son épaule droite.
— Ça explique pourquoi je suis blonde, sourit-elle. De quelle couleur sont mes yeux ?
Elle l’observa à nouveau et réalisa soudainement qu’elle l’avait coupé dans son devoir. Son visage se réchauffa légèrement.
— Pardon, balbutia-t-elle, touchant sa joue pour s’assurer que tout allait bien.
Mysa lui offrit un sourire indulgent :
— Ils sont bleus. Tu as trente-et-un ans et ceci..., dit-il en désignant son corps, ...est ton apparence corporelle. Tu es en excellente santé, un mètre soixante-dix et une stature athlétique légèrement développée ; tu aimais courir le matin et tu dansais beaucoup.
Elysia laissa ses mains glisser le long de ses formes comme s’il s’agissait de celles d’une autre personne. Elle n’avait aucun souvenir de sa vie d’avant, et les données que Mysa lui apportait lui étaient tellement étrangères qu’elle avait l’impression qu’il parlait de quelqu’un d’autre.
Ce qui était d’ailleurs le cas. Elle était une Daï-Natha. Elysia Sonja Lasheras n’existait plus depuis bien longtemps.
— Tu te trompes, reprit Mysa, interrompant le cours de ses pensées. Elle vient justement de faire sa réapparition ; tu es exactement celle que tu étais avant. La seule différence est que tu n’en as aucun souvenir.
— Tu peux lire mes pensées ici aussi ? demanda-t-elle, curieuse.
Mysa secoua la tête.
— Non, mais il ne m’était pas difficile de les deviner, sourit-il légèrement.
Une douce chaleur vint de nouveau recouvrir ses traits et Elysia regarda autour d’elle avant de l’observer à nouveau.
— Ce sera comme si... comme si je n’étais jamais morte, alors ?
— À quelques détails près, oui.
— Hmm... et dans la vie, je fais quoi exactement ? demanda-t-elle, intriguée.
— Tu le découvriras toi-même, répondit Mysa en approchant ses mains de son visage.
Il s’arrêta à quelques centimètres de ses tempes, imitant le geste que son escorte avait eu quelques instants plus tôt.
— Prête ? s’enquit-il.
Elysia hocha aussitôt la tête.
— Impatiente, sourit-elle avant de fermer les yeux.
Ses doigts entrèrent en contact avec sa peau et des images s’infiltrèrent aussitôt dans son esprit, défilant à une allure folle. Elle commençait tout juste à se concentrer afin d’en analyser quelques-unes que les mains de Mysa la relâchèrent déjà et tout devint noir.
Elle rouvrit aussitôt les yeux.
— C’est tout ? se plaignit-elle. J’ai même pas eue le temps d’assimiler quoi que ce soit !
Mysa lui sourit.
— Quelle est ta profession ?
Elysia haussa les sourcils avant de sentir son sourire s’agrandir à son tour.
— Woah. Alors ça, c’est trop cool !
— Toutes les données indispensables à ta mission et à ton existence ici viennent de prendre place dans ton esprit. En tant que messager, je serai également là pour t’apporter mon aide si besoin. Tu auras juste à penser à moi, et j’apparaîtrai aussitôt.
Elysia hocha la tête avant de se mordre la lèvre inférieure.
— Ils ne sont pas contents de ma décision, pas vrai ? Je peux comprendre leurs réticences, mais je les ai trouvés tout de même assez extrêmes. À croire qu’ils ont oublié pour quelle raison j’ai entrepris toutes ces démarches.
Mysa lui offrit un sourire compatissant.
— Ils sont simplement prudents ; c’est une première, ne l’oublie pas.
— C’est ta façon de me dire que je vais devoir faire mes preuves ?
Mysa rit doucement avant de pencher la tête sur le côté et froncer légèrement les sourcils.
— Je dois y retourner. Bonne chance.
Elle n’eut même pas le temps de répondre qu’il avait déjà disparu.
💕
Pendant ce temps-là, à l’autre bout de la ville...
— Enfin sortie de prison et la première chose que tu trouves à faire, c’est de monter sur le toit de ton immeuble pour fumer une clope ?
Un léger sourire étira les lèvres de Kat tandis qu’elle tournait la tête en direction de la voix. Lyna, son amie d’enfance, s’approchait d’elle, une lueur brillante dans le regard, ses longs cheveux châtains malmenés par le vent.
— Après trois ans à être restée enfermée dans une cellule de 9m², tu ne comptes quand même pas m’en blâmer ? répondit-elle, avant de froncer les sourcils. Qu’est-ce que tu fais là, d’ailleurs ? Je te croyais partie rejoindre ton bel et tendre amour..., se moqua-t-elle gentiment.
Lyna lui tira la langue tout en prenant place sur le petit muret.
— Et te laisser passer ta première nuit en liberté toute seule ? Jamais de la vie, répondit-elle avant de désigner le pack de bières qu’elle avait apporté avec elle. Tawny a dû voler au secours de sa sœur, une sombre histoire de lave-vaisselle ayant inondé la cuisine... Mais bref, je sais qu’on avait promis d’attendre ce weekend pour fêter ton retour, mais je me suis dit que tu ne serais pas contre un petit avant-goût ?
Kat se sentit aussitôt saliver.
— Oh bon sang Lyna, j’ai pas touché à une goutte d’alcool depuis... trois ans. T’es sûre qu’un pack suffira ?
Lyna rit légèrement avant de lui tendre une bouteille puis de regarder autour elle, ses yeux verts paraissant gris sous le faible éclairage de la lune. Elle observa un instant les immeubles qui s’illuminaient au loin, les quelques étoiles qui brillaient au-dessus d’elle dans le ciel, avant de relâcher un faible soupir.
— Je suis vraiment contente que tu aies pu sortir sous liberté conditionnelle, tu sais.
— Hmm, qui aurait pu deviner que je savais me tenir à carreau quand il le fallait, hein ? ironisa Kat, avant de prendre une longue gorgée du breuvage doré.
Lyna sourit légèrement, même si son visage prit rapidement un air triste.
— Tu n’avais pas ta place là-bas, Kat. Trois ans quand tu es innocente, c’est déjà terrible, je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu avais dû y rester cinq ans comme ta peine le prévoyait.
— J’étais pas innocente, Lyna, rétorqua simplement Kat, les sourcils froncés tandis qu’elle commençait à décoller l'étiquette de la bouteille.
Malgré son chignon improvisé, le vent lui envoya quelques mèches brunes dans le visage et elle les écarta d’un air absent.
— Oh je t’en prie, soupira Lyna. Condamnée pour voies de fait graves quand on est celle qui porte les lésions corporelles les plus importantes, j’appelle ça du foutage de gueule.
Kat haussa un sourcil, sa tâche désormais oubliée.
— C’est moi qui sors de prison, et c’est à toi qu’il faut laver la bouche avec du savon ? taquina-t-elle. Tu devrais peut-être en boire une toi aussi, ça détend, continua-t-elle en désignant le pack.
Lyna hésita avant de secouer la tête.
— Non je... non merci, répondit-elle en portant inconsciemment une main à son ventre. Tu sais que j’aime pas spécialement la bière.
— Une cigarette alors ? proposa Kat, désignant le paquet qui dépassait de la poche arrière de son jean.
Lyna afficha un air blasé.
— Tu sais très bien que je ne fume pas. Et puis tu devrais arrêter, c’est pas bon pour la santé, ajouta-t-elle, s’emparant du paquet sur un coup de tête avant de le balancer dans le vide.
Kat l’observa venir s’écraser sur le trottoir situé juste en bas avec incrédulité, avant de plisser des yeux en direction de Lyna.
— T’as de la chance que je sois sous liberté conditionnelle.
Lyna feignit un air blessé.
— Et moi qui pensais que tu allais dire « que tu sois ma meilleure amie »...
— Après ce que tu viens de faire ? Tu risques de devoir te contenter du statut d’avocate indispensable, taquina Kat en l’attirant à elle, ses yeux marron brillant de malice.
Lyna rit légèrement tout en lui rendant son étreinte.
Même si elle avait rendu visite à Kat chaque semaine en prison depuis le début de son incarcération, ce n’était pas la même chose. L’avoir là, près d’elle, à simplement profiter du vent frais qui caressait leurs visages sous le couvert des étoiles, c’était comme si elle réalisait pleinement combien Kat lui avait manqué et combien ce séjour derrière les barreaux l’avait affectée.
Ce fut probablement ce bien-être soudain qui la poussa à reprendre son sérieux.
— Tu sais, j’aurais vraiment aimé pouvoir t’éviter la prison, admit-elle à mi-voix, comme si elle révélait un secret honteux.
— Lyna... ce qui est fait et fait, répondit Kat en lui caressant le dos. Les circonstances étaient de toute façon contre moi, et puis j’avais ma part de responsabilité dans l’histoire. J’ai fait mon temps, je peux repartir du bon pied maintenant. C’est tout ce qui importe.
Lyna soupira.
— Tu étais déjà repartie du bon pied avant, t’es toujours partie du bon pied, ces types ont tout fichu en l’air. Il faut toujours qu’ils foutent tout en l’air, s’exclama-t-elle, au point d’en avoir les larmes aux yeux.
Quand te laissera-t-on tranquille, toi qui as déjà connu les pires atrocités ?
— Shhh, murmura Kat et Lyna ferma les yeux lorsqu’elle sentit ses lèvres contre son front.
Elle laissa s’écouler un temps avant de reprendre.
— Tu sais, il va falloir que tu m’expliques cette haine envers la gent masculine. Imagine la tête de Tawny quand je vais devoir lui annoncer que t’as viré de bord, dit-elle, feignant un air embêté qui laissa rapidement place à un sourire en coin. Et moi qui te pensais insensible à mes aventures lesbiennes super hot et super torrides...
Lyna la poussa tout en levant les yeux au ciel, rougissant légèrement lorsque sa main frôla malencontreusement le sein de Kat.
— Je suis sérieuse, Kat...
— Je sais, répondit Kat avant d’étirer ses bras au-dessus de sa tête. Mais je préfère laisser le passé là où il est. Pour ce soir au moins, ‘kay ?
Lyna l’observa un instant avant de hocher la tête. S’il y avait bien une chose qu’elle savait à propos de sa meilleure amie, c’était qu’elle avait toujours recours à l’humour et au flirt quand elle désirait cacher ce qu’elle ressentait vraiment. Kat détestait afficher sa vulnérabilité. Ce qui la rendait d’ailleurs bien souvent difficile à lire pour quiconque ne la connaissant pas ou ne cherchant pas à la connaître
Elle afficha un léger sourire en coin.
— Kay ? C’est qui ce « Kay » ? T’en parle tout le temps mais on l’a toujours pas rencontré nous, hein !
Kat leva les yeux au ciel, un léger rire s’échappant de ses lèvres.
— T’es une grande folle, tu le sais ça ? dit-elle, prenant une des mains de Lyna dans les siennes. J’ai décroché un boulot, au fait.
— Ah ? s’étonna Lyna, visiblement surprise. T’es sortie ce matin, comment...
— On a droit à certains appels pour faciliter notre réinsertion sociale, rétorqua Kat en haussant les épaules. Et il s’avère que l’un des magazines les plus en vogue de la ville a besoin de quelqu’un au service courrier alors... j’ai postulé, et j’ai été prise.
— C’est une excellente nouvelle ! sourit Lyna, visiblement sincère. Et puis, tu sais ce qu’on dit, commence par le bas de l’échelle...
— Je veux juste pouvoir payer mes factures, l’interrompit Kat en roulant des yeux. Rien de plus.
— Et c’est tout à ton honneur, acquiesça Lyna avant d’afficher un regard brillant. Mais bon, qui sait...
Kat rit légèrement tout en secouant la tête et Lyna demanda :
— Tu commences quand ?
— Après-demain, ça me laisse le temps de retrouver mon appart, faire quelques courses...
— Déjà fait, coupa Lyna, un sourire ravi sur les lèvres lorsqu’elle vit l’air surpris de Kat. Tu ne pensais quand même pas qu’on allait le laisser moisir pendant cinq ans ? Le frigo est plein, le parquet brille de mille feux, et j’ai même fait ton lit. Il ne te reste plus qu’à bichonner ta mustang. Tawny s’en est occupé, mais pour les grosses réparations, il a préféré te laisser t’en charger. Je crois qu’il avait peur de se faire émasculer si jamais le résultat ne te plaisait pas.
Kat éclata de rire au point d’en avoir les larmes aux yeux.
— Je m’en occuperai. Merci, vous êtes des anges, dit-elle en enroulant les épaules de Lyna de son bras. Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans vous.
Lyna l’embrassa sur la joue.
— Heureusement pour nous, on n’aura jamais à le savoir. Et si jamais quelqu’un venait à te traiter différemment, gare à lui, sinon il risque de se prendre des talons de dix centimètres là où je pense, répondit-elle, ravie de provoquer un nouveau rire de la part de Kat.
Une fois calmée, Kat poussa un soupir de contentement.
— Je pense que cette fois-ci sera la bonne, Lyn’, dit-elle, le regard rivé vers l’horizon. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens. Cette fois-ci, ce sera la bonne.
Depuis sa place contre son épaule, Lyna hocha la tête.
Je l’espère.