La forme ensommeillée cligna plusieurs fois des yeux afin de s’habituer à la lumière du soleil qui envahissait la chambre. Un souffle chaud contre son cou attira son regard et elle sentit automatiquement un sourire se dessiner sur ses lèvres alors qu’elle effleurait les mèches rebelles du bout de ses doigts.

Un rapide coup d’œil au réveil lui apprit qu’il était bientôt 09h00 et elle grimaça légèrement avant de se rappeler que c’était samedi. Et, plus important encore, de ce qu’elle avait prévu pour ce jour si particulier pour elle. Hmm, un petit détour au coin de la rue ne devrait pas me prendre plus de cinq minutes... ensuite, reste plus qu’à espérer qu’elle comprenne et ne se moque pas de moi. Elle soupira. Le sexe sans sentiment, c’était vraiment moins prise de tête. Son regard se posa de nouveau sur la tête blonde confortablement installée contre son épaule. Mouais, mais c’était beaucoup moins amusant aussi. Avoir son corps est une chose... avoir son cœur en est définitivement une autre, sourit-elle.

Elle commença à se redresser lorsqu’un bras resserra aussitôt sa prise autour de sa taille. Oh oh, coincée.

— Tu ne vas nul part, marmonna la voix contre son épaule.

Un sourcil sombre se haussa.

— Tess... si je ne me lève pas tout de suite, on risque d’avoir un petit souci technique, si tu vois ce que je veux dire.

Silence.

— D’accord, parvint de nouveau la voix endormie. Mais où tu vas, je vais.

Les sourcils sombres se haussèrent avant de laisser place à un sourire amusé. Elle est définitivement adorable. Se penchant légèrement, elle murmura au creux de son oreille :

— Ah moins que tu ne sois désormais urophile, et crois-moi, je ne te suivrais pas là-dedans, tu me laisseras y aller seule, cette fois-ci.

Uro... hein ? Un œil bleu apparut et enregistra la situation. Oh.

— Huh. D’accord, file.

Liv’ ne put retenir un léger rire.

— Je savais que tu verrais les choses de mon point de vue, répondit-elle en lui mettant une toute petite tape sur le bout du nez.

— Humpf. Tu reviens après, hein ?

Liv’ laissa un sourire chaleureux se dessiner sur ses lèvres.

— Promis.

Elle l’embrassa furtivement puis prit rapidement la direction de la salle de bain avant de s’habiller en vitesse et quitter l’appartement. Un certain laps de temps plus tard, elle pénétra de nouveau dans la chambre et déposa son achat sur la table de chevet avant de s’agenouiller près du lit, prenant un instant pour observer le visage de Tess avant d’en extraire un élément avec lequel elle lui caressa la joue.

Tess remua légèrement avant de soupirer d’aise.

— Hmm, tu sais définitivement réveiller une femme en douceur.

— Surement, murmura Liv’, mais tu ne dormais pas, taquina-t-elle.

Tess remua légèrement une main dans les airs.

— Peu importe, j’adore, ronronna-t-elle, les yeux toujours fermés. Qu’est-ce que c’est ?

— Devine, sourit Liv’.

Tess resta silencieuse quelques minutes, profitant de la douceur qui faisait un lent va et vient le long de sa joue, avant de laisser un sourire lumineux apparaitre sur son visage.

— Une fleur. Je dirais même... une rose.

Liv’ prit un faux air surpris.

  — Mais vous m’impressionnez, mademoiselle, répondit-elle.

Tess lâcha un léger rire avant d’ouvrir les yeux et de s’emparer de la rose rouge qu’elle huma doucement.

— Hmm, tu peux me réveiller comme ça autant de fois que tu le veux, tu sais. (Elle s’approcha et l’embrassa doucement.) Bonjour. (Elle l’embrassa à nouveau.) Et merci.

— Bonjour, répondit Liv’ en effleurant son nez avec le sien. Il y en a d’autres.

— D’autres ?

Liv’ hocha doucement la tête avant d’indiquer la table de chevet du coin de l’œil. Tess suivit son regard et aperçut aussitôt l’impressionnant bouquet composé de roses de diverses couleurs et orné d’une carte en son centre. S’emparant aussitôt du petit bout de carton, Tess s’installa plus confortablement contre les oreillers avant de le déplier et le lire.

« Je t’aime. »

Un sourire illumina aussitôt son visage avant qu’une myriade d’émotions ne le remplace, la panique s’emparant d’elle.

— Tess ? s’inquiéta aussitôt Liv’.

Tess porta un regard empli d’excuses sur elle.

— Oh je suis désolée. Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée.

Liv’ fronça les sourcils, perplexe.

— De... quoi ?

Tess porta ses mains à son visage.

— J’ai oublié. Oh non, non, non, non, non. Les fleurs, c’est une date importante aujourd’hui, c’est ça ? Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu, j’ai oublié. Et je ne sais même pas quelle date j’ai oublié ! paniqua-t-elle encore plus.

Liv’ retint difficilement le rire qu’elle sentait monter en elle.

— Tess...

— Je sais que ce n’est pas notre anniversaire, ou alors trois mois se sont écoulés en une nuit. C’est pas la Saint Valentin,...

— Tess...

— Non, non, je vais trouver. C’est... c’est... Oh mon dieu, je suis la pire copine que l’on puisse avoir, hein ? lâcha-t-elle d’une voix pleine d’angoisse.

Liv’ lâcha le rire qui la démangeait et prit place sur le rebord du lit, s’emparant de ses mains.

— Non, absolument pas, répondit-elle en embrassant légèrement ses doigts. Si je t’ai offert ce bouquet, c’est parce qu’aujourd’hui, c’est une date importante...

Elle vit Tess grimacer et elle se dépêcha d’ajouter :

— ...pour moi.

Tess haussa les sourcils avant de les froncer.

— Tu m’as perdue.

— Je sais, rit Liv’. Je vais t’expliquer.

Elle s’empara du vase contenant le bouquet et le posa entre elles.

— Comme tu peux le voir, j’ai choisi des roses de différentes couleurs.

Tess hocha la tête.

— C’est parce que... chaque couleur a une signification particulière.

Tess hocha de nouveau la tête, intriguée.

— Le rouge c’est pour...

— L’amour, répondit aussitôt Tess.

Liv’ lui sourit.

— Le jaune ?

— L’amitié, répondit Tess en prenant sa main dans la sienne et en entrecroisant leurs doigts. Tu es ma meilleure amie.

— Le blanc ?

— Facile, la pureté. Ce que je suis à 100%, ajouta-t-elle d’un air fier.

Liv’ lâcha un rire.

— Bien sûr, répondit-elle en levant les yeux au ciel. Le rose ?

Tess porta leurs mains entrelacées à ses lèvres et embrassa doucement ses doigts.

— La douceur, murmura-t-elle.

Liv’ se mordilla la lèvre inférieur, ne la lâchant pas des yeux. Comment fait-elle pour me faire fondre aussi facilement ? Elle secoua légèrement la tête avant de poursuivre :

— L’orange ?

Tess s’approcha, le regard légèrement brillant, et répondit d’une voix langoureuse :

— La passion.

Liv’ sentit les battements de son cœur s’accélérer et elle murmura :

 — Le corail ?

Le souffle chaud de Tess caressa sa joue avant que la jeune femme ne murmure au creux de son oreille :

— Le désir...

Liv’ sentit sa bouche s’assécher soudainement et elle se racla maladroitement la gorge. Elle va me rendre folle.

— La lavande ?

Tess se recula légèrement et appuya son front contre le sien, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu’elle laissait l’index de sa main libre redessiner la mâchoire du Liv’.

— L’amour au premier regard, répondit-elle d’une voix douce.

— Exactement, acquiesça Liv’ alors qu’elle se retrouvait comme hypnotisée par ses yeux bleu turquoise. Chaque rose... chaque couleur représente une facette de notre relation... et, hum, je sais que c’est horriblement romantique mais —

Elle fut interrompue par des lèvres se posant sur les siennes et l’embrassant dans une infinie douceur.

— Non, répondit Tess en se reculant légèrement, lui caressant la joue. C’est incroyablement et définitivement adorable. Mais je ne te savais pas aussi portée sur le symbolisme, ajouta-t-elle, le regard brillant.

— Tu apprendras, mon amour, que je ne fais jamais rien sans raison, répondit Liv’ en lui mettant une légère tape sur le bout du nez.

Tess fit mine de réfléchir.

— Oh. Alors ce nouveau truc que tu m’as fait cette nuit, tu sais avec  —

Elle fut interrompue par une main sur ses lèvres.

— Hédoniste.

— Toi aussi, répondit Tess une fois libérée, lui tirant la langue. Mais je voulais juste savoir s’il y avait une signification quelconque, ajouta-t-elle, l’air légèrement boudeur mais définitivement taquin.

Liv’ lâcha un rire.

— Tu n’es pas possible. Bon, tu veux savoir la raison de ce bouquet, ou non ?

— Oui, répondit aussitôt Tess, se rapprochant légèrement, comme pour être sûre de ne pas en louper une miette.

Liv’ hocha doucement la tête avant de se racler maladroitement la gorge.

— Eh bien, aujourd’hui, c’est le jour de ma rupture avec mon ex.

Tess tiqua sur ses propos avant de se reculer légèrement.

— Oh.

Liv’ grimaça.

— Je suis désolée, je m’y prends vraiment mal. Tu ne dois rien comprendre.

— J’avoue que je suis un peu perdue. Tu... fêtes ta rupture avec ton ex avec moi ? demanda Tess, perplexe.

— Oui, enfin non. C’est...

Liv’ soupira avant de se passer une main sur le visage.

— Lorsque j’ai rompu avec elle, reprit-elle, je m’étais promis de ne plus jamais m’investir dans une relation. L’Amour, quand ça marche, c’est... magique, dit-elle en couvrant Tess d’un regard empli d’amour et de tendresse avant qu’un air triste n’apparaisse sur son visage. Mais lorsque ça ne marche pas... C’était trop douloureux. Je crois que cette relation m’avait vraiment détruite. Et pendant de longues années, j’ai repoussé ces quelques personnes qui ont croisé mon chemin, et qui espéraient plus. Je t’ai repoussée, toi aussi, pendant longtemps. Mais... tu m’as redonnée confiance en moi, et chaque jour que dieu fait, tu m’offres ce que j’étais persuadée ne plus jamais trouver dans ma vie. Alors... je tiens à fêter cette date, parce que cette année, elle a enfin pris une signification différente. Elle n’est plus là pour me rappeler l’enfer que j’ai vécu, et la promesse que je me suis faite. Mais pour me montrer que la roue a enfin tourné pour moi, et que je ne pourrais être plus heureuse que je ne le suis désormais.

Elle encadra le visage de Tess de ses mains et frôla doucement ses lèvres des siennes.

— Merci Tess... pour tout. Je t’aime.

Tess ferma un instant les yeux, les larmes qui avaient petit à petit brouillé sa vue coulant désormais librement sur ses joues. Rouvrant les paupières, elle répondit, la voix légèrement rauque :

— C’est encore mieux qu’un matin de noël.

Liv’ lâcha un rire, ses pouces essuyant doucement ses joues. Tess tentait toujours de cacher ses émotions derrière son légendaire humour.

— Je t’aime aussi, reprit la jeune femme en encerclant sa taille de ses mains et en la rapprochant d’elle, l’embrassant tendrement sur le front.

Liv’ accueillit l’étreinte avec plaisir avant de se racler légèrement la gorge.

— Hum, ce n’est pas tout.

Tess haussa les sourcils.

— Ah ?

— Non, sourit Liv’. J’ai une dernière petite chose à ajouter... Alors, hum...

Elle prit une profonde inspiration avant de lâcher :

— Tu es mon arc-en-ciel.

— Ton arc-en-ciel ?

Liv’ hocha doucement la tête, désignant le bouquet du regard, avant de relever les yeux vers Tess.

— Mon arc-en-ciel.

Tess observa les fleurs à son tour et les effleura doucement de ses doigts, passant d’une couleur à l’autre, avant de plonger son regard dans les yeux vert émeraude de Liv’. L’arc-en-ciel prenait en effet tout son sens.

— J’ai une confession à faire.

— Ah ? demanda Liv’ en haussant les sourcils.

Tess hocha frénétiquement la tête avant de répondre, le ton de sa voix trahissant son émotion :

— Tu es mon arc-en-ciel aussi.

Liv’ laissa un magnifique sourire illuminer son visage, la vue légèrement brouillée, avant de reposer le vase à sa place initiale et se blottir de nouveau entre ses bras.

— Alors..., hum, tu n’es pas contre le fait de faire de ce jour un jour de fête, désormais ? Demanda-t-elle doucement en dessinant des arabesques du bout de son doigt le long de la clavicule de Tess d’un air absent.

Tess l’embrassa sur la tempe, se délectant du toucher de Liv’ contre sa peau.

— Non, absolument pas, répondit-elle. Mais... j’ai une seconde confession à faire, sourit-elle.

Liv’ redressa la tête, amusée.

— Je t’écoute.

— Eh bien... tu sais que je prends toujours la célébration d’un évènement très au sérieux, répondit Tess d’un air grave en appuyant son front contre le sien.

— Oh ? feignit de s’étonner Liv’, retenant tant bien que mal le rire qu’elle sentait monter en elle. Tess était définitivement une femme amusante. Et... qu’as-tu en tête ?

— Eh bien...

Tess laissa son doigt glisser le long du cou de Liv’ et descendre vers son décolleté, rencontrant un premier bouton qu’elle défit aussitôt.

— ...tu te souviens de l’épisode de cette nuit ? murmura-t-elle, l’air malicieux.

Des images de la nuit passée lui revinrent en mémoire et Liv’ dû se rappeler de respirer, se contentant d’hocher doucement la tête tout en ne la quittant pas des yeux.

— Eh bien... (Le deuxième bouton céda à son tour, rapidement suivit par le troisième.) ...il y a une seconde partie, poursuivit Tess.

— Oh ?

Tess hocha frénétiquement la tête.

— Et tu sais quoi ? demanda-t-elle alors qu’elle défaisait le dernier bouton et écartait les pants de la chemise, titillant la peau douce du bout de ses doigts.

Liv’ avait de plus en plus de mal à se concentrer.

— Non ? souffla-t-elle.

Tess s’approcha plus encore et murmura, tout contre ses lèvres :

— Elle est encore mieux que la première.

Elle s’empara de ses lèvres dans un baiser empli de passion et Liv’ ne put retenir le gémissement qui monta le long de sa gorge alors que ses doigts s’insinuaient dans les cheveux blonds.

Oh bon sang, j’adore ma vie !

 

- FIN -

 

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