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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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Claire-em

20 janvier 2013

Kim Pritekel - Joyeux Noël

(Texte original ici : Kim Pritekel : The Gift )

 

Je pouvais dire que la journée allait être extrêmement longue. La foule commençait déjà à remplir le centre commercial telle une meute de loups en quête de gibier. Et dans un sens, je suppose qu'elle était là pour le gibier, enfin, la quête, de toute façon. En quête de l’achat le plus précieux. Nous étions vendredi, le lendemain de Thanksgiving, et jour de shopping le plus important de l'année pour le centre commercial.

Je me trouvais à mon poste d'elfe en chef du Père Noël au centre commercial Marlando. Le grand bonhomme rouge entamait son premier jour aujourd’hui et les enfants de New York étaient aux anges.

– Et c’est parti, déclara Tony – mieux connu sous le nom du Père-Noël – sa fausse barbe blanche étouffant ses mots.

Je tournais la tête vers le long couloir principal du centre commercial et mes yeux verts me sortirent pratiquement de la tête. Une foule d'enfants se dirigeait vers nous, leurs voix stridentes d’excitation remplissant l'espace et résonnant contre le haut plafond, noyant la version jamaïcaine de 'Les cloches du hameau'.

– Notre Père qui es aux Cieux.

Tony fit le signe de croix puis afficha son grand sourire de Père Noël.

J’ajustai mon grand chapeau vert et rouge qui en deux ans ne m’était jamais allé, et j’attendis le premier de la ligne afin de pouvoir leur serrer la main, leur demander leur nom, et les placer sur les genoux du Père Noël. Existait-il vraiment des gens si désespérément en besoin d'argent supplémentaire qu'ils traversaient ça deux fois ? Avec un soupir, je souris.

La journée avait été assez bonne jusqu'ici. Seul un enfant avait fait pipi sur les genoux du Père Noël. J'étais satisfaite. C’était enfin la pause déjeuner. Je marchais le long des interminables couloirs de l'immense centre commercial tout en faisant mon lèche-vitrine quotidien, observant toutes ces choses que j'aimerais avoir, mais ne pourrai jamais me permettre. Mes parents étaient morts depuis longtemps, et mon frère ne me parlait plus, alors je n'avais personne pour qui acheter. Peut-être m'achèterai-je un cadeau cette année. Mon arbre aurait en tout cas au moins un paquet à ses pieds; un cadeau pour mon chat psychotique, Sabor.

Je jetai un coup d’œil à travers la grande baie vitrée d'un nouveau magasin qui avait ouvert juste avant Halloween. Il allait être accessible toute l'année, et spécialisé dans les articles de fêtes et de décorations d'évènements ; le tout allant de masques effrayants en passant par du faux sang aux décorations pour sapins et cornes d'abondance pour Thanksgiving. J’observai mon reflet dans la vitre fraîchement nettoyée. Je dus rire face à mon chapeau mou, ma veste verte à franges d'or et aux minuscules clochettes qui annonçaient ma présence, et l’étroit col roulé rouge en dessous, puis à mon pantalon de velours vert s’arrêtant à mes genoux, et enfin à mes collants rayés rouge et blanc qui se terminaient dans mes ridicules souliers rouge pointus ornés d’une cloche en leurs bouts.

Je regardai dans le magasin, et m'arrêtai net. Le regard porté sur un mur à moitié rempli d’artefacts loufoques de Noël, elle était la plus belle femme que je n'avais jamais vue. Elle était plus grande que moi, ce qui n’était pas très difficile étant donné que je mesurais seulement un mètre-soixante. Elle avait de longs cheveux noirs qui étaient si brillants, si sains qu'ils semblaient avoir été brossés des centaines de fois. Je ne pouvais voir que son profil, mais c'était suffisant. Ses traits étaient prononcés, sa mâchoire confiante, ses sourcils noirs arqués juste assez pour démontrer de la force, sans pour autant paraître dédaigneuse. J'étais en admiration. Elle se tenait les bras croisés sur sa poitrine, la sangle de son sac à main reposant précairement sur l'épaule me faisant face. Son attitude était celle de quelqu'un qui ne plaisantait pas, presque arrogante. Elle -

CRASH! GLING, GLING, GLING!

Je tournoyai juste assez longtemps pour pouvoir voir le sale gosse qui m’avait foncé dessus dans le couloir, et qui poussait les gens hors de son chemin.

CRASH! GLING, GLING, GLING!

Je pivotai une fois de plus et vis le dos des hommes de la sécurité partant à la chasse de ce stupide gamin le long du couloir. Je remis mon chapeau en place, et regardai de nouveau à travers la vitre. J’étais mortifiée. La femme me regardait directement, ses incroyables yeux bleus souriaient, bien que son visage restait stoïque, presque comme de la pierre. Nos yeux se croisèrent, et je dus détourner mon regard. Je me précipitai dans le couloir. Je ne pouvais pas supporter l'idée d’elle me voyant ne serait-ce qu'une seconde de plus dans ce stupide costume d’elfe. Comme si ça importait. De un, pourquoi serait-elle intéressée par ce que je portais ? Et de deux, elle était probablement hétéro. Bon sang, comme c’était embarrassant ! Je trouvai une salle de bain et me précipitai à l’intérieur. Je pouvais sentir une rougeur sévère remonter le long de mon cou et rendre mon visage cramoisi. Je m’appuyais contre le comptoir et levai les yeux vers le large miroir accroché au mur. Mon chapeau était de nouveau mal mis.

– Merde.

Je le retirai et passai mes doigts dans mes cheveux blond roux, essayant de replacer les longues mèches en un semblant d'ordre. Rien à faire. Le feutre du chapeau avait rendu mes cheveux statiques et difficiles à coiffer. Je rabattis le chapeau sur ma tête, et repartis au cœur même de la cohue des fêtes.

HO HO HO HO HO

Une fois enfin sortie de cette maison de fous, je pris la direction de mon petit appartement avec sa cuisine-salon combiné et sa petite chambre à coucher. Je me laissai retomber sur mon canapé vert vieux d’une trentaine d’année que j'avais acheté pour vingt dollars, et fermai les yeux, ma tête reposant contre le dossier. Dans un profond soupir, je laissai mon esprit vagabonder sur ma journée. Inévitablement, la femme de la boutique spécialisée dans les articles de fêtes et la décoration d'évènements apparut dans ma tête. Qui était-elle ? Je savais que New York était une grande ville, mais une personne comme elle me serait restée à l’esprit, c’était certain.

J'ouvris les yeux lorsque je sentis un nez froid pousser contre ma main. Sabor me regardait à travers ses yeux bleuâtres / verdâtre / gris, sa queue remuant gracieusement dans les airs tandis qu'il essayait d’attirer mon attention.

– Hé, bonhomme.

Il se mit à frotter sa tête contre ma main, et je le grattai entre les oreilles, puis vers le bas entre les deux yeux. Il ronronna et s'affala sur le canapé à côté de moi. Je regardais le mur me faisant face tandis que ma main glissait distraitement dans la douce fourrure de mon chat. Que faisais-je ici ? J'étais originaire de l'autre côté du pays, de l'État de Washington, Seattle pour être exacte. J'avais décidé de m'aventurer ici il y a trois ans, après que mes parents aient été tués dans un accident d'avion. J’étais écrivain, enfin, en quelque sorte. C’était ce que je voulais être. En réalité, j’étais juste Sarah Bronson, elfe à temps partiel, serveuse à temps plein dans un petit restaurant situé à huit blocs de mon appartement, et une écrivaine frustrée extra-ordinaire.

J’étais une optimiste par nature, mais même ça, ça commençait à m’échapper. J'avais peu d’amis, et j’avais l’impression de ne pas avancer et n’aller nulle part. C'était un sentiment terrible. Je regardais autour de moi, les ombres profondes de la fin de soirée peignant le tout dans des tons gris. Je pourrais facilement tout emballer, tout charger dans ma voiture et retourner à Seattle. J'avais encore des amis là-bas qui pourraient m'aider jusqu'à ce que je retombe sur mes pieds. C’est alors que mon grand ordinateur, un Isore situé dans le coin, entre la bibliothèque et le mur où mon bureau avait été poussé, attira mon attention. J'avais eu une histoire courte de publiée. Peut-être que je devrais m’y accrocher. Ça prenait du temps, et j'étais encore jeune à seulement vingt-quatre ans. La femme du centre commercial apparut alors de nouveau dans ma tête. Pourquoi pensais-je autant à elle ? Elle était incroyable. Quelque chose me disait que je la reverrais.

– Bien sûr que tu la reverras, tu travailles dans un centre commercial, marmonnais-je pour moi-même alors que je me levais et étirais mon corps endolori.

Je retirai ce stupide chapeau et le jetai sur le canapé. Sabor le renifla, puis s'éloigna. Même lui ne l'aimait pas. Je souris et commençai à farfouiller dans mes tiroirs désespérément vides. Je détestais faire les courses. Tout sauf ça. C'était un tel gaspillage. Ne trouvant finalement rien d'intéressant, je me dirigeai vers le lit dans un soupir résigné.

HO HO HO HO HO

Je quittais l'immeuble sous un soleil aveuglant. Les douze centimètres de neige que nous avions reçus la nuit dernière avaient animés la ville. Je baissai les yeux sur les tas empilés contre la clôture de briques qui entourait la propriété et m’arrivait à la taille, leur éclat blanc entaché par la saleté et la boue des voitures qui passaient, et par les irrégulières marques jaunes où un idiot avait laissé son chien uriner. Je soupirais tout en me dirigeant vers la salle à manger. Il semblait que peu importait l’heure à laquelle je me levais, je n’arrivais jamais à voir la neige avant que la ville ne l’atteigne, lorsqu'elle était encore blanche et vierge. Oh, bon. Un jour.

– Sarah ! Hé, ma belle. Comment ça va ?

– Salut Rachel. Bien, toi ?

– Pas mal, pas mal.

La cafétéria était déjà animée à sept heures du matin. Les gens ne dormaient-ils plus désormais ? J’observai autour de moi les clients entassés dans les sièges au nombre limités. Je me précipitai dans l'arrière-salle, m’emparai de mon tablier dans mon tout petit casier et l'attachai autour de ma taille. Ayant peu de vêtements, je ne pouvais pas me permettre d’en ruiner avec la nourriture grasse qu'on servait ici. J'ai toujours été admirative du fait qu’aucun de nos clients n’ait jamais perdu la vie pour cause d’artères obstruées.

Je couru vers le comptoir où une ligne d’affamés grognons et impatients me regardait avec une lueur d’espoir mêlée à leurs regards affamés, grognons, et impatients. Je pris une profonde inspiration, saisis le pot de café, et affichai un sourire sur mon visage.

– Qui veut du café ?

HO HO HO HO HO

Le centre commercial était aussi bondé qu’il l'avait été la veille, encore plus considérant que nous étions un samedi. Mon service à peine terminé à la cafétéria à presque six heures, j’ai dû prendre le métro en vitesse et me dépêcher jusqu’ici. Le Père Noël était déjà débordé, mon elfe cadet, Marla occupait ma place comme elle le faisait toujours lorsque je travaillais à la cafétéria. Elle avait l'air énervé. Ce qui n’était jamais bon signe.

– Hé, Marla. Comment ça a été ? demande-je calmement tout en sautant par-dessus la corde de velours rouge qui délimitait le territoire du Père Noël des kiosques autour de nous.

– Pas mal. Mais le petit Bernard était de retour aujourd'hui. Voir le Père Noël six fois c’est pas suffisant ?

– Je pense qu'il est obsédé. Ce gamin a besoin d’aide.

Marla rit et posa une main sur mon épaule.

– Bonne chance, Sarah. Tu vas en avoir besoin.

– Merci.

Marla me passa le seau de cannes à sucre miniatures puis s’éloigna à travers la foule d‘enfants anxieux, avant de finalement s’échapper.

L’unique point positif dans ce métier, c’était que nous étions si occupé que le temps passait vraiment, vraiment très vite. Avant que je ne m’en rende compte, il était déjà vingt heures, l’heure de faire une pause. Nous avions encore exactement deux heures de plus avant de pouvoir retrouver le Pôle Nord pour la nuit.

– Sarah, tu vas chez Arby’s ?

Je jetai un œil en direction de Tony.

– Ouais, tu veux quelque chose ?

– Ouais, trouve-moi un Mocha Shake, tu veux ?

– Bien sûr. Je reviens.

– Hé, et n'oublie pas la paille cette fois-ci ! La dernière fois j’ai dû retirer de faux poils de ma bouche pendant deux jours ! me hurla Tony.

Je ris et levai la main en reconnaissance alors que je m’éloignais.

Arby était aussi bondé que le reste du centre commercial. Il y avait des gens partout. J'avais toujours pensé que des nuits comme celles-ci étaient l'occasion parfaite pour un voleur d’y gagner, et de gagner gros. Personne n'était chez soi. Leurs maisons offraient des cibles faciles.  

– Bonjour !?! Je peux vous aider ?

Je sursautai et tournai un visage surpris vers la jeune fille se trouvant derrière le comptoir. Elle avait l'air impatiente, fatiguée, et très irritée contre moi.

– Euh, désolée. Salut, souris-je.

Elle se contenta de me fixer en retour. Bon, d’accord.

– Donnez-moi un grand Mocha Shake avec une paille, et une grande –

– Les pailles sont là-bas.

Elle pointa le comptoir à condiment derrière moi.

– Oh, d'accord. Je vous remercie infiniment. Vous êtes très utile.

J'avais beaucoup de mal à masquer le sarcasme de ma voix. Cette adolescente m’énervait. On était tous fatigués, affamés, grognon. Enfin, bon sang, on travaillait tous au centre commercial durant le rush de Noël, non ? On était tous suicidaires. On devrait tous se serrer les coudes face à la folie.

– Et ? demanda-t-elle.

– Et une grande limonade, et oui, ce sera tout.

Sa bouche se referma d’un coup sec et elle commença à frapper quelques touches sur la caisse. Ah ! Je pouvais jouer aussi. Elle me donna le montant et je dépensai un peu d'argent, puis emportai ma commande dans le centre commercial. Je fus, par un quelconque miracle, capable de trouver une place où m'asseoir sur l'un des bancs dispersés autour des énormes plantes que, pour un étrange raison, les gens prenaient pour des cendriers.

Je déchirai le papier de ma paille et la coinçai dans le trou du couvercle de ma limonade puis bus un tiers de celle-ci en une seule gorgée. Je fermai les yeux de soulagement tout en m’essuyant la bouche. Lorsque je les rouvris, je faillis m'étouffer. Elle était là à nouveau ! La femme de la boutique spécialisée dans les articles de fêtes et la décoration d'évènements. Elle sortait de Julius Orange, qui se trouvait juste à côté d’Arby’s. Je l'observai prendre une gorgée de sa boisson, puis tout à coup, son regard dévia pour se poser droit sur moi. Je souri, essayant de ne pas paraître trop bête. Elle me sourit en retour. Puis à ma plus grande horreur, elle se dirigea vers moi.

– Le Père Noël vous a libéré pour la nuit ? dit-elle, une toute petite étincelle brillant dans ses yeux bleus de cobalt.

J'étais fascinée par ces derniers.

– Nan, juste une pause.

– Hmm. Je suis sûre que vous en avez besoin.

Elle sourit de nouveau, puis s'éloigna. Je la suivis des yeux. Ohhhhh, mon Dieu ! Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? Qui vous a envoyé pour me tourmenter ?

Je regagnai mon poste d'un pas lent où Tony attendait avec impatience son Mocha Shake.

– Où t’étais ? On doit y retourner dans trois minutes !

– Désolée, Tony. La queue était longue.

Je lui tendis son Mocha Shake et bus mon verre, mon esprit naviguant dans des endroits où il n'avait rien à y faire étant donné que j'allais avoir à faire à des tout petits dans deux minutes et demie. Je me demandais souvent à quel point leurs parents deviendraient fous s'ils savaient quels genres de pensées traversaient mon esprit alors que j’aidais leurs enfants à s’installer sur les genoux du vieux Saint Nick. Je souris et déposai ma tasse hors de la vue des regards curieux.

 HO HO HO HO HO

C’était dimanche, les Dieux souriaient, et moi aussi, parce que j'avais eu un jour de congé de mes deux emplois, Alléluia ! Le dimanche était mon seul jour de congé par semaine. Je ne pris pas la peine de sortir du lit avant près de onze heures, et lorsque je le fis, je me postai devant la fenêtre et observai le monde merveilleux qu'est celui de l'hiver. Une nouvelle couche de neige était tombée au cours de la nuit. La plupart des gens que j'avais croisés se plaignaient de la météo de la côte Est, mais venant de rien de plus que de la pluie, que j'aimais également, j'étais aux anges. Qu’elle vienne, dis-je.

Je pris une douche rapide, étant donné que mon tout petit chauffe-eau ne fournissait assez d'eau chaude que pour une douche d’environ quatre minutes, et me vêtis d'une paire de jean usé, d’un épais sweat-shirt, et de bottes de randonnée.

Je me dirigeai vers le salon / cuisine et sortis une bouteille de Gatorade du réfrigérateur. Je me laissai retomber sur le canapé aux côtés de Sabor, et observai bêtement mon arbre de Noël pratiquement nu. L'année dernière, j'avais eu assez d'argent pour acheter un arbre d’un mètre vingt seulement, alors cette année, mon géant d’un mètre quatre-vingt était mal décoré.

– On s’est procuré un arbre digne d’un Charlie Brown, hein, Sabor ?

Mon chat leva la tête et me regarda, puis s’endormit. Je me levai et attrapai mon manteau et mes clés dans un soupir. Je glissai mon portefeuille dans la poche arrière de mon jean et pris la direction du ... vous l'avez deviné, centre commercial.

 

Le métro était bondé de personnes allant ici et là, les bras chargés de sacs venant de tous types de magasins. Je me retrouvai à vouloir m’évader de l'accalmie du métro tandis qu’il traversait les tunnels sombres et les plates-formes bien éclairées puis sortait à la lumière du jour pour retourner dans les tunnels comme s’ils étaient l’endroit où les trains se sentaient le plus en sécurité. Je descendis à mon arrêt, et marchai pendant quelques blocs jusqu’à l’immense complexe commercial.

Je passai en vitesse à côté du Père Noël et son assistant impatient. Je détestais me vanter d’être en congés juste sous leurs nez et de ne pas avoir à faire face aux pleurs, aux cris, et aux caractères des enfants grandissant trop vite. Au lieu de cela, je me dirigeai vers la boutique spécialisée dans les articles de fêtes et la décoration d'évènements. Comme Noël était tout proche, et, qu’étant un nouveau magasin, ils avaient besoin de faire des affaires, ils allaient peut-être proposer de bonnes soldes. De plus, j’avais une énorme remise de 10% pour être une employée du centre commercial.

Pénétrer dans la boutique spécialisée dans les articles de fêtes et la décoration d'évènements, qui en fait s’appelait All Ye Faithful, était comme entrer dans le monde merveilleux de l'enfance. Le magasin était décoré de manière à ressembler à un atelier de jouets dont les elfes stratégiquement placés autour de tables garnies de jouets fabriqués et de décorations complétaient l’ensemble. Ces derniers se déplaçaient, leurs bras martelant le dernier clou en bois avec lenteur, ou ajoutant la dernière touche au sourire d’un canard jaune. Un long train faisait le tour du magasin sur des rails en bois, de la fumée s’échappant de sa cheminée alors qu’il rugissait tout en émettant un sifflement. Un large sourire s’étendit sur mon visage. J’étais totalement charmée.

Je me dirigeai vers un panneau perforé faisant office de mur où des centaines de petits ornements en verre étaient accrochés. Certains étaient tout simple, en verre ordinaire, d'autres étaient peints ou recouvert de paillettes d'or ou d'argent. J’en tenais une dans ma main, l’exposant à la lumière afin d’y saisir les reflets dans ses bords arrondis.

– Alors le Père Noël offre bien du temps libres à ses elfes.

Je lâchai un cri de surprise et l'ornement glissa de ma main pour venir s’écraser sur le sol carrelé dans un bruit fracassant. Je me retournai pour LA voir debout derrière moi. Elle baissa les yeux vers le tas de verre et de paillettes, et un sourire se dessina sur ses lèvres.

– Oups.

Elle me regarda, nos yeux se rencontrant. Elle regarda par-dessus mon épaule et sourit de nouveau. Je suivis son regard pour voir le petit panneau blanc accompagné de grosses lettres noires qui disaient : VOUS CASSEZ, VOUS PAYEZ !

– Je suppose que je viens de m’offrir un ornement, hein ?

Nous nous sommes toutes les deux retournées quand nous avons entendu le soupir agacé de la vendeuse se tenant derrière nous, les mains sur les hanches et les yeux fixés sur l’amas de verre.

– Nous avons eu un accident, dit ma femme de rêve.

– Uh huh.

– Ne paniquez pas, vous serez payée, ajouta-t-elle, masquant son sarcasme par un ton doux.

La vendeuse s'en alla tout en secouant la tête. La femme se retourna vers moi.

– Je ne voulais pas vous effrayer.

– Oh, c'est pas grave. C'est pas si difficile à faire.

– Vraiment ? Pourquoi ça ?

– Euh, eh bien, je ne sais pas, souris-je bêtement.

J’avais simplement dit cela dans l’espoir de la rassurer. Elle sembla le pressentir, et sourit.

– Nous devons vraiment arrêter de nous croiser comme ça. Mais puisque nous semblons y être destinées, mon nom est Christian.

Elle me tendit une main. Je regardai ses longs doigts, puis les pris dans ma propre main. Sa poigne était forte, confiante, comme tout le reste à son sujet.

– Sarah.

 – Alors, c’est votre jour de congé ?

– Oui, enfin, souris-je avec probablement un peu plus de soulagement dans ma voix que je n'aurais dû.

Elle haussa un sourcil.

– C’est si difficile de travailler pour le Père Noël ? sourit-elle.

Elle avait des dents remarquablement blanches et parfaitement alignées. Elle était tout aussi incroyable de près comme elle l'avait été de loin.

– Ouais, enfin, non, ce sont surtout les enfants. Ils peuvent être si exigeants parfois.

Elle baissa les yeux, et je suivis son regard. Elle observait nos mains toujours liées et qui continuaient à remuer de bas en haut. Elle me regarda à nouveau avec un sourire.

– Je vais avoir besoin de la récupérer.

– Oh !

Je relâchai sa main.

– Désolée. Bon sang, quelle idiote !

– Alors, que faites-vous sur votre lieu de travail, pour ainsi dire, pendant un jour de congé ?

– J'ai besoin de décorations pour mon arbre.

– Ahh. Votre arbre est déjà en place, alors ?

– Oh, ouais ! Je l'ai installé le weekend dernier.

– Oh. Je n'ai jamais vraiment été intéressée par tout ce qui ce concerne Noël. Je n’ai même pas d’arbre chez moi.

Elle détourna les yeux et se mit à contempler les merveilles festives de la boutique. Bon sang, je n'arrive même pas à retenir son attention, je suis si ennuyeuse que ça ?

– Alors, tu as mangé ?

Je fus arrachée de mes pensées d'autodérisions.

– Quoi ? Oh, oh non.

– Eh bien, allons-y alors.

Elle me sourit, un sourire à en faire arrêter votre cœur, fondre votre âme, et vous transformer en pudding. Sans un mot je la suivis jusqu’au comptoir où elle déposa un billet de cinquante dollars à la plus grande confusion de la vendeuse.

– Pour l'ornement, expliqua-t-elle en quittant le magasin.

– Euh, Christian, il n'y a aucune chance que cet ornement ait coûté autant. Vingt peut-être, mais –

– Ne t’inquiète pas pour ça. Elle peut garder la monnaie, ça payera la facture d'hôpital pour la crise cardiaque qu’elle a eu quand je l'ai cassé.

HO HO HO HO HO

Christian choisit un petit restaurant tranquille qui servait de tout, partant de l'italien au mexicain en passant par ce bon vieux américain.

– Tu es déjà venue ici ? me demanda-t-elle alors qu’elle se glissait de son trench en cuir épais.

– Non.

En dessous, elle portait un magnifique sweater noir parsemé de scènes hivernales bleu brillantes reflétant la couleur de ses yeux. Son jean moulant semblait coûteux. Elle était magnifique. Je luttai avec ma vieille veste en jean usé puis la plaçai sur le dossier de ma chaise. Je sorti mon portefeuille afin de vérifier combien d'argent j'avais. Je ne pouvais pas m’imaginer terminer un merveilleux dîner avec elle et ne pas avoir assez d'argent sur moi pour payer. J'avais exactement douze dollars, et ma carte Visa.

– Non, c'est moi qui régale, Sarah. Ne t’inquiète pas, me dit-elle dans un sourire décontracté.

 – Non, je ne peux pas. J'ai de l'argent, je -

 – Ma tournée, dit-elle d'un ton qui me fit comprendre de ne pas argumenter.

 – Oh. Eh bien, je te remercie. Mais pourquoi ?

 – Pourquoi pas ?

 Elle prit un menu et me le tendit.

 – Tu n'en as pas besoin ?

 Elle secoua la tête.

– Non, je viens souvent ici. Je sais exactement ce que je veux. Toi, par contre, tu peux choisir ce qui te fait envie. Leur pasta est à se damner, et si tu es plus branchée cuisine mexicaine, tente leur sampler. Il réunit tout ce qui est sur le menu, mais en miniature. C’est vraiment délicieux.

– Oh. D'accord.

Je souris nerveusement et ouvris la large carte des menus puis parcouru ses choix alléchants. Je ne pensais pas que Christian avait la moindre idée de ce dans quoi elle venait de mettre les pieds. J'avais un appétit vorace. Mais je pensais qu’aujourd'hui, j’allais juste en profiter jusqu'à ce que mon ventre n’émette plus qu’un grondement sourd. Je pourrais toujours faire un détour par l'épicerie du coin et acheter un snack un peu plus tard.

Une demi-heure plus tard, j’avais presque terminé mon sampler mexicain, et Christian picorait encore dans sa salade de homard. Elle secoua la tête avec étonnement, les yeux pétillants d’un sourire caché, face à ma capacité de manger tout ce qui avait été placé devant moi.

– Tu sais, je pense que je n'ai jamais vu une femme de ton gabarit déguster ce plateau tout entier. Ça m’est arrivé une fois, bien sûr, mais j'ai eu l'aide de mon rencard pour le faire. Tu ne manges pas régulièrement ?

Je grognai intérieurement. La conclusion même à laquelle j'espérais qu'elle ne viendrait pas.

– Oui, je mange. J'ai simplement toujours eu un appétit qui peut faire passer la plupart des hommes pour des amateurs.

Je souris, puis rougis furieusement lorsque je sentis un peu de sauce épicée couler le long de mon menton. Je l'essuyai rapidement avec ma serviette.

– Désolée.

– Ne le sois pas, je trouve que c'est absolument charmant.

Je haussai les sourcils de surprise. Elle pensait que ma façon complètement gloutonne de me tenir à table était charmante !? Non mais qu’elle mouche l’avait piquée ?

– Alors, dit-elle en poussant son assiette et prenant appui contre le dossier de sa chaise, ses bras croisés sur sa poitrine. Parle-moi de toi. Que fais-tu en plus de ton travail pour le joyeux bonhomme ?

Je mâchai rapidement et tentai d'avaler un gros morceau de burrito au poulet mais il était trop large et je sentis que je commençais à m'étouffer. Mon Dieu, tuez-moi maintenant, s'il vous plaît ! Le sourire de Christian glissa de ses lèvres et fut remplacé par un regard empli d'inquiétude.

– Sarah, ça va ?

Je hochai la tête avec enthousiasme, même si je ne pouvais plus respirer. Elle se leva de son siège et fit le tour de la table pour me rejoindre. Elle commença à me taper dans le dos, me faisant presque prendre un bain la tête la première dans mon assiette. Mais je sentais le morceau commencer à se libérer et je fus en mesure de le faire descendre, mais ce fut comme s’il avait poussé des pointes, emportant avec lui des bouts de mon œsophage sur son passage. Je toussai et essayai de m’éclaircir la gorge.

– Ça va ? demanda-t-elle en commençant à me frotter le dos.

Oh ouais. Je pourrais m'habituer à ça. Une partie de moi voulut poursuivre le drame encore un peu plus juste pour qu’elle ne s’arrête pas, mais j'étais trop gênée par tout ce qu’il venait de se passer pour pouvoir faire autre chose que d’hocher la tête.

– Merci, réussi-je finalement à laisser échapper.

Je ne pouvais pas regarder son visage. Elle n’allait jamais vouloir avoir à faire à moi à nouveau après ça. Sarah, tu as défini de nouvelles normes de l'idiotie. Je voulais juste ramper sous la table et mourir.

– Bon, déclara Christian, de nouveau assise à sa place.

Elle m’observait complètement amusée quand j'ai finalement eu le courage de la regarder.

– Où en étions-nous? Ah, oui. Toi. Parles-moi de toi.

Je pris une gorgée de mon eau, m’éclaircis la gorge, et poussai mon assiette. J'avais encore un peu faim, et il me restait encore quelques mini-tacos vraiment délicieux, mais dans l'ensemble, m'étouffer une fois était suffisant pour une soirée.

– Que veux-tu savoir ?

– Oh, je ne sais pas. D’où viens-tu ? Tu es une vraie New Yorkaise ?

– Non, je viens d'un pays lointain appelé Seattle.

Christian eut un petit rire à cette réponse.

– J'ai entendu parler de lui. Pourquoi être partie si loin de chez toi ?

– J'ai déménagé ici il y a trois ans dans l'espoir de faire décoller ma carrière d'écrivain.

Elle arqua un sourcil sombre.

– Ecrivain ? Qu'est-ce que tu écris ?

Je paniquai. Comment pourrais-je lui dire que j’écrivais de la fiction lesbienne ? Je veux dire, j'étais assez sûre à ce point qu'elle était lesbienne aussi, mais pas assez pour partager cela avec elle. J'optais donc pour rester dans le vague.

– Eh bien, pas mal de choses différentes. Toutes des fictions, bien sûr. Un peu de poésie, mais ce n'est pas ma passion principale.

– Et quelle est ta passion principale, Sarah ? me demanda-t-elle tout en buvant une gorgée de son thé glacé.

Elle m’étudia par-dessus le rebord du verre. J’avalai ma salive.

– Euh, je ne sais pas.

Je souris et commençai à jouer avec le bord de la nappe. Tirant accidentellement un peu trop fort, je renversai le vase de fleurs vide se trouvant au centre de la table. Christian le rattrapa avant qu'il ne puisse tomber. Elle le redressa et me regarda dans l'expectative.

– Rude journée, n'est-ce pas ? sourit-elle.

– Ouais. Il semblerait. Ça te dérangerait si je disparaissais à travers le papier peint ? demandai-je.

Elle éclata de rire. Un rire magnifique, plein d’entrain, bruyant.

– Tu es trop adorable.

Je la dévisageai, peu sûre de quoi répondre, alors je ne dis rien. Elle sirota son thé à nouveau.

– Ta famille vit toujours dans ta ville-natale ?

– Non. Mes parents ont été tués il y a trois ans, et mon frère et moi ne nous parlons plus.

– Oh, Sarah. C'est affreux.

Elle tendit une main à travers la table et serra la mienne avant de la relâcher.

– Qu'est-il arrivé ?

– Un crash d'avion terrible. Mon père était pilote expert. Il a volé pour United pendant plus de dix ans. Il possédait un petit avion de ligne, et il a donc décidé d’emmener ma mère à Hawaï pour leur anniversaire. Quelque part le long du chemin...

Ma voix s'estompa. Même si ça faisait trois ans, je n’avais aucun mal à en parler superficiellement, mais je n’arrivais pas à me résoudre à entrer dans de trop nombreux détails. Christian sembla le pressentir. Elle me sourit gentiment.

– Et ton frère ?

– Oh, soufflai-je, un sentiment de blessure et de culpabilité m’enserrant le cœur. Eh bien, il a dix ans de plus que moi, et il est ministre. Il n'est pas d'accord avec la façon dont je vis ma vie.

– Vraiment ? C'est trop dommage. Il n'est pas d'accord avec l'écriture alors ? demanda-t-elle, mais pour une quelconque raison, j’eus l'impression qu'elle savait exactement de quoi je parlais, et voulait juste me l'entendre dire.

– Euh, eh bien, ça oui, et d'autres choses, bégayai-je.

– D'autres choses ?

– Oui. D’autres choses, répondis-je en rencontrant son regard défiant.

Bon, pour une seconde du moins, avant que je ne regarde au loin, soudainement incroyablement intéressée par les motifs du papier peint.

– Comme quoi?

Ugh ! Elle allait vraiment me le faire dire ! Je pourrais mentir, je suppose.

– Il n'est pas d'accord avec les personnes dont j'ai choisi de m'entourer.

– Comme qui ? demanda-t-elle à nouveau.

Je le savais ! Je peux voir l’étincelle qui brille dans tes yeux, Christian. Elle jouait simplement avec moi. Je décidai de jouer aussi.

– Toutes les femmes.

Je rencontrai son regard, la défiant à mon tour.

– Autant que ça, Sarah ? Je suis impressionnée, ronronna-t-elle.

– Non, dis-je honnêtement. Mais il y en a eu quelques-unes.

J’étais honnête.

– Hmm. J’en suis sûre. A quand remonte la dernière fois que tu l’as vu ou que tu lui as parlé ?

– Le jour des funérailles de mes parents, dis-je tranquillement.

Encore une fois, je sentis cette main rassurante sur mon bras. Je plongeai dans son regard bleu intense.

– Je suis tellement désolée, Sarah, dit-elle calmement.

Je lui souris ma gratitude.

– Moi aussi. J'ai un neveu, je l'ai vu une fois, et une nièce que je n'ai jamais vue.

– Comment le sais-tu ?

– J'ai encore quelques amis à la maison. Ils me tiennent au courant.

Christian regarda à travers les grandes fenêtres donnant sur la place puis se tourna de nouveau vers moi avec un sourire.

– Il neige.

– Tu aimes la neige ? demandai-je, mon excitation grandissante.

– Absolument ! N’est-ce pas là le cas de tous les New Yorkais ?

– Pas ceux que j'ai rencontrés.

– Bah, allons marcher dedans !

Avant que je ne puisse répondre, Christian avait quitté son siège et enfilait son manteau.

– Viens ! dit-elle en saisissant l’addition et en sortant son portefeuille de son sac.

Elle paya et me guida à l’extérieur, au cœur même de la fin d'après-midi. Prenant une profonde inspiration, Christian ferma les yeux, un sourire à faire fondre sur les lèvres.

– Sens ça, souffla-t-elle.

Je pris une profonde inspiration.

– Quoi, les émanations de gaz provenant des taxis ? la regardai-je, les sourcils froncés.

Elle me regarda et me donna une tape sur le bras.

– Non. La neige, l'odeur du froid.

Je pris une autre inspiration profonde et réalisai qu’elle avait raison. Une fois que votre nez allait au-delà de l'odeur du brouillard, du soufre, et des gaz d'échappement, la neige sentait merveilleusement bon !

– Viens, rit-elle tout en se mettant à marcher sur le trottoir, les bras tendus, ses mains gantées capturant de gros flocons, transformant rapidement le cuir noir en gris, puis blanc.

Je marchais derrière elle tout en secouant la tête avec amusement. Cette femme était tellement incroyable. Qui aurait pu croire qu'elle possédait un tel côté enfantin sous cet extérieur si dur, si formidable. Elle s'arrêta brusquement, me poussant presque à lui rentrer dedans. Elle se tourna vers moi, ses yeux brillants d’une idée.

– Allons à chez moi. J'ai une immense cour pleine de neige, de la neige vierge. On peut faire un bonhomme de neige !

Je la dévisageai.

– Euh, un bonhomme de neige ?

– Ouais ! Viens !

– Attends !

J'essayai de protester, mais elle m’attrapa par la main et me tira de nouveau vers le restaurant et sa Jeep.

Les rues étaient bondées mais Christian manœuvrait sa SUV noir et argent avec une grâce désinvolte typique d'un vrai New-Yorkais. Alors que nous nous dirigions vers sa maison, je commençais à réaliser que je ne connaissais absolument rien à son sujet. D’où elle venait, ce qu'elle faisait. Rien.

– Christian ?

– Hmm ? me dit-elle distraitement, son attention portée sur les routes verglacées.

– Tu ne m'as rien dit sur toi.

– Questionne-moi, me répondit-elle en me jetant un coup d’œil alors qu’elle s’insinuait entre une coccinelle Volkswagen et un camion Pepsi assez large.

– Eh bien, commençai-je, mes doigts saisissant la poignée de porte un peu plus fermement tandis que je regardais l’avancée du camion Pepsi dans le rétroviseur et qu’il se rapprochait de plus en plus près. Tu es originaire de New-York ?

– Non, je suis née en Grèce. Mon père était dans l'armée, et nous avons voyagé dans le monde entier jusqu'à ce que je sois diplômée d’un lycée anglais, et que je décide d’intégré une université située aux Etats-Unis.

Elle me jeta de nouveau un coup d’œil alors qu’elle regagnait la voie originale.

– Qu’est-ce que tu fais maintenant ?

– Je suis courtière en valeurs mobilières.

– Vraiment? demandai-je avec intérêt. Comme Michael Douglas dans "Wall Street", ce genre de courtier ?

Christian me sourit.

– Ouais, comme ça. Mais ce n'est pas tout à fait aussi tordu.

– Eh bien, je suppose que tu es au bon endroit pour ça, en tout cas, dis-je, encore impressionnée.

– Il m'a fallu beaucoup de temps pour arriver là où je suis maintenant.

– Quel âge as-tu d’ailleurs, Christian ?

Christian me regarda et sourit.

– Quoi ?

– J'aime la façon dont tu le dis.

– Quoi ?

– Mon nom. J'aime ça. Et j'aurais trente ans le mois prochain.

Elle enclencha son clignotant et tourna à gauche au bloc suivant. Je regardai par la fenêtre, ahurie. Nous étions dans un quartier riche maintenant. Bien trop riche selon moi.

– Qu'en est-il de toi, Sarah?

Elle rencontra mon regard, un sourcil haussé.

– J’ai vingt-quatre ans.

Elle sourit et reporta son attention sur la route.

– Vingt-quatre. C'est un bon âge.

– C'est un âge à confusion ! m'écriai-je. Je veux atteindre trente ans puis m'arrêter.

– Pourquoi trente ans ?

 Je souri.

– Parce qu'alors les gens te prennent réellement au sérieux. À mon âge, je suis encore prise pour une gamine. Ça peut être très frustrant parfois.

Christian plaça sa main sur la mienne qui reposait sur le siège.

– Ne souhaite pas aller trop vite, Sarah. Ça viendra en temps voulu. Tu vois, c'est maintenant que tu es censée faire des erreurs. Car lorsque tu as trente ans, tu n'y es plus autorisée.

La chaleur de sa main quitta la mienne pour retrouver le volant. Elle tourna à droite, puis encore à droite, puis nous nous engageâmes sur une longue route circulaire faisant face une maison en brique sombre à deux étages.

– C’est ta maison ? demandai-je, ma voix emplie d’émerveillement et d’admiration.

– Mon petit nid douillet.

Elle coupa le moteur et déboucla sa ceinture de sécurité. Je levai les yeux vers la structure massive et les fenêtres encadrées par des volets peints en vert foncé, la porte d'entrée et son design en verre biseauté. Magnifique.

– Wow, soufflai-je. Je pense que tu pourrais caser mon appartement dans ta salle de bains uniquement.

Christian se mit à rire.

– Viens. La neige nous attend.

Nous ne sommes même pas entrées à l’intérieur, mais sommes passées par une grille latérale pour atteindre une cour toute aussi massive. Un paradis blanc, avec, fidèle à sa parole, de la neige vierge. Pas de traces, pas de taches jaunes, et pas de crasse de la ville pour interrompre sa perfection.

« Wow », était tout ce que je pouvais dire.

Christian me souriait.

– Je savais que tu aimerais.

La seconde suivante, je recevais une boule de neige en plein visage.

– Je t’ai eue ! hurla-t-elle.

Je me penchai et attrapai une poignée de la substance blanche et la mis boule, la compressant fermement tandis que Christian commençait à s’éloigner de moi à reculons.

– Hé, tu sais, on a toujours ce bonhomme de neige à faire, Sarah. On ferait mieux de le commencer avant qu'il ne fasse trop sombre.

Splatch ! Droit dans la bouche ! Je faillis tomber par terre de rire.

– Alors, tu veux la jouer à la dure, hein?

Christian essuya la neige fondu de son visage et la course commença. Je couru, sachant que n’importe qu’elle avance me serait bénéfique compte tenu de sa taille avantageuse. Je criai lorsque je l’entendis me poursuivre rapidement.

– Non, je suis désolée, je suis désolée !

Je fus soudainement poussée par derrière et fut contrainte d’atterrir face la première dans la poudre.

– Pah ! m'écriai-je alors que je recrachais une bouchée de neige.

– A quel point es-tu désolée ?, fut soufflé dans mon oreille.

Je fermai les yeux tandis qu’un frisson me traversait.

– Vraiment désolée ? devinai-je.

– Que vas-tu faire pour te faire pardonner ?

– Tu as commencé, dis-je, ma voix rendue faible par le froid, le poids sur mon dos, et le fait d'être complètement et totalement excitée.

Elle eut un petit rire à mon oreille, ce qui provoqua un autre frisson.

– Et j'ai bien l'intention de finir.

Je me senti soulevée comme une poupée de chiffon et retournée sur le dos. Je levai les yeux et vit que Christian était à cheval sur mon corps, ses genoux de chaque côté de mes hanches, ses mains de chaque côté de mes épaules. Elle me regardait dans les yeux, son souffle chaud formant des nuages de brumes. Je ne pouvais pas lire son expression. Elle était donc gardée.

– Sarah ? murmura-t-elle.

– Oui ? chuchotai-je en retour.

– Ce jour-là, quand je t'ai vu de l’autre côté de la vitrine de cette boutique, tu étais là dans ce costume de petit elfe tout mignon.

Elle sourit, et moi aussi.

– Oui.

– Je te voulais ce jour-là. J’ai levé les yeux, t’ai vue pendant une seconde, puis tu étais partie.

– J'étais embarrassée, tu sais, d’avoir été bousculée par ce gosse stupide, puis par les gars de la sécurité, et ce costume stupide, toutes ces cloches, mon chapeau qui a failli tomber à nouveau.

Je savais que je bafouillais mais je ne pouvais détacher mes yeux de ses lèvres et cela me rendait nerveuse. Puis ces lèvres ont commencé à se rapprocher jusqu'à ce que finalement, je les sente presser doucement contre les miennes, me coupant la parole au beau milieu d’une phrase. Je tendis une main et la glissai à l'arrière de la tête de Christian, l’attirant encore plus vers le bas. Je sentis sa bouche s’ouvrir, sa langue balayer mes lèvres, cherchant l'entrée que je lui accordai immédiatement.

– Sarah, souffla-t-elle contre ma bouche.

Je sentis une de ses mains commencer à caresser mes cheveux pendant que l'autre reposait sur le côté de mon visage. Je fis courir ma main sur toute la longueur de son dos, appuyant légèrement jusqu'à ce qu'elle comprenne et se couche au-dessus de moi. Un frisson me traversa lorsque son poids supplémentaire m’enfonça un peu plus dans la neige froide.

Christian rompit le baiser et glissa ses lèvres le long de ma mâchoire, et dans mon cou. Je soulevais mon menton pour lui donner un meilleur accès, les yeux fermés. Elle revint vers ma bouche.

– Allons à l'intérieur, souffla-t-elle.

HO HO HO HO HO

La maison de Christian était aussi incroyable à l'intérieur qu’elle l’avait été à l'extérieur. Les sols en bois polis jusqu’à brillance, les beaux tapis orientaux dispersés sous les meubles antiques.

Fidèle à sa parole, pas une seule décoration de Noël n’apparaissait dans toute l’habitation.

Sa chambre n'était pas différente. Elle était immense avec pour pièce maîtresse un lit antique à baldaquin, king-size, avec des drapés en dentelle. Le long du côté droit de la chambre se trouvait une grande baie vitrée avec des coussins de tous les tissus possibles et imaginables pour s'asseoir. Sur la gauche se trouvait la salle de bain principale composée d'une énorme baignoire, et d’une douche séparée. Des chaises du style Queen Anne, et des commodes antiques en bois de cerisier de la même période occupaient la longueur des autres murs de la chambre.

Christian me conduisit vers le lit et s’arrêta juste à côté. Elle enroula ses bras autour de ma taille, m’attirant à elle. Je fis courir mes mains dans son dos et jusqu'à son cou. Je pouvais sentir sa chaleur corporelle, me brûlant presque là où je me trouvais. Elle passa ses mains dans mon dos, s'arrêtant à l'ourlet de mon sweat-shirt. Elle plongea profondément dans mes yeux un instant, dans l’attente peut-être que je lui donne le feu vert. En réponse, j’attirai sa tête vers le bas, et l'embrassai, doucement, tendrement, puis passionnément. Christian gémit, puis je sentis ses mains chaudes se glisser sous mon sweat-shirt, caressant la peau de mon dos.

– Si douce, souffla-t-elle.

Ses mains coururent le long de ma colonne vertébrale, traçant la courbe sur toute la hauteur jusqu’à mon soutien-gorge, puis ses doigts commencèrent à défaire l’attache, me libérant. Les deux extrémités tombèrent le long de mon dos et mes côtés. Je tremblai un peu lorsque je sentis l'avant se desserrer, l'air frais de la pièce s’infiltrant sous mon haut pour souffler sur mes seins nus.

– As-tu envie de moi ? souffla-t-elle dans ma bouche.

– Oui.

Elle me poussa lentement vers le lit.

HO HO HO HO HO

J’étais aux côtés du Père Noël, occupant mon poste habituel du mercredi soir. Je regardais la foule de visages, de parents dans l’attente, d’enfants excités, d’adolescents qui s'ennuyaient. Pas de Christian. Il s’était écoulé près de deux semaines depuis que je l'avais vue. Depuis cette nuit incroyable que j'avais passé avec elle.

Pendant des jours j'ai attendu qu’elle m’appelle ou qu’elle apparaisse à l'improviste à l'un de mes lieux de travail, ou à mon appartement. Mais rien. Je n'ai pas entendu un seul mot de sa part.

– Madame ! Hé, madame !

– Quoi ! aboyai-je contre la main qui tirait sur ma veste.

J'ai immédiatement regretté mon ton sévère. La petite fille aux joues rosies leva son regard vers moi et je pus lire le choc et la peur dans ses yeux bleus clairs. Comme ceux de Christian.

– Oui ? dis-je, m'efforçant à prendre un ton plus doux même si je ne désirais rien de plus qu’ôter le bonnet de neige de la tête de la gamine et le déchirer en petits morceaux.

– C’est mon tour de m'asseoir sur les genoux du Père Nawel maintenant ?

Awww. Ma résolution fondue et je m'agenouillai devant cette adorable petite fille.

– Comment tu t’appelles ma chérie ? demandai-je.

– Sawa.

– Sarah ?

– Uh huh, dit-elle dans un soupir dramatique.

Je souris.

– Ça c’est un prénom génial.

Elle rayonna.

– Ho, ho, ho !

Voilà ma réplique.

– D'accord, Sarah. C'est ton tour maintenant.

Le reste de la nuit s’écoula, mon esprit naviguant à travers les différentes possibilités pouvant expliquer pourquoi je n'avais pas de nouvelles de Christian. Peut-être était-elle hors de la ville. Ouais, bien sûr. Jamais je n'avais entendu parler de courtiers en valeurs mobilières voyageant. Peut-être était-elle à l'hôpital quelque part ? Plausible si tu ne les avais pas déjà tous vérifié. Peut-être, juste peut-être qu'elle ne t’aimait pas du tout. Elle t’avait juste utilisée.

– Ça ne peut pas être ça ! hurlais-je à mon appartement vide.

Sabor me regarda comme si j'avais perdu l’esprit. Bon sang, je l'ai perdu mon esprit ! J'avais appelé quatre fois chez elle, ne laissant un message qu’à deux reprises. Mais elle avait probablement eu l’identification de l'appelant et pensait que j’étais une harceleuse. J'avais même pris un taxi jusque sa maison une fois. Les lumières étaient éteintes, alors je n'avais pas pris la peine de m'arrêter. Trente dollars pour quoi ? J'étais au bout du rouleau, et totalement déprimée. J'avais vraiment aimé Christian. Je ne savais pas vraiment pourquoi. Je voulais dire, bon, ok, d’accord elle était belle, elle avait un bon emploi, une maison absolument incroyable, et était vraiment, vraiment douée au lit, mais ça allait au-delà de tout ça. Il y avait simplement quelque chose que je ne pouvais pas nier. Ça me déchirait. C’était comme si j'avais enfin trouvé quelque chose, et que maintenant, on me l’avait enlevé.

 HO HO HO HO HO

Deux semaines plus tard, je défis rapidement mon tablier, plus que prête à rentrer à la maison après mon incroyablement longue journée de douze heures à la cafétéria. Rachel avait appelé pour dire qu’elle était malade, alors Ronnie, le propriétaire, m'avait demandé de rester une heure ou deux. Ouais, bien sûr. Puis l’heure de pointe avait frappé, et j'avais eu à appeler le centre commercial pour dire que j’étais malade. Bon sang, j’étais impatiente que Noël soit terminé ! Cela se transformait rapidement en l'un des pires moments de mon existence.

– Hé, merci pour ton aide, Sarah. J’apprécie.

– De rien, Ronnie. A demain, marmonnai-je alors que je me faufilais hors de la cafétéria qui commençait à se remplir à nouveau.

Je poussai la porte en verre tout en cherchant mes gants dans mes poches. C’était une nouvelle nuit froide à New York.

– Tu nous as manqué au pôle nord.

Ma tête se redressa d’un coup et mes yeux se plissèrent lorsqu’ils rencontrèrent deux lagons bleu cobalt.

– Ouais, je suis sûre que je t’ai manqué, répondis-je.

Je fus surprise de voir combien ma voix était dure. Je n'avais jamais été en mesure de dire aux gens comment je me sentais vraiment, ou ce que je pensais. Le ton de ma voix prit Christian par surprise autant que moi.

– Je suis désolée, dit-elle alors que je passais devant elle.

– Pour quelle partie ? demandai-je tout en poursuivant mon chemin avec précaution sur le trottoir gelé.

– Qu'est-ce que tu veux dire, pour quelle partie ? demanda-t-elle en marchant avec moi.

– Je veux dire, dis-je en la regardant, quelle partie. La partie où tu m'as utilisée ? La partie où tu n'as retourné aucun de mes appels ? La partie où tu m'as fait me sentir comme une imbécile !

J'étais vraiment en colère maintenant, et me mis à marcher plus vite.

– Attends, Sarah. S'il te plaît, on ne peut pas simplement en discuter ?

– Non !

 Je me retournais.

 – Non, on – !

 Je sentis mes pieds commencé à glisser, puis mes deux jambes se sont mises à sauvagement piétinés sur place dans l’espoir de se raccrocher à n’importe quoi sur l'épaisse couche de glace que je réussi à trouver. WHAM ! En plein sur Christian. Elle me rattrapa, tombant presque elle-même.

– Ça va ? sourit-elle alors qu’elle baissait les yeux sur mon corps à demi tourné.

Je sentis son corps chaud contre mon flanc, ses bras autour de moi. J'avalai et rencontrai son regard.

– Oui, je vais bien. Merci de m’avoir rattrapé, dis-je doucement alors que je me désengageais lentement d'elle.

 J'avais envie de pleurer, me sentant tellement stupide. Je m’éloignai une fois debout.

– Je dois y aller. Il est tard, et je suis fatiguée.

De nouveau, je commençai à marcher sur le trottoir dans la direction de mon immeuble.

– Attends, Sarah. Laisse-moi te reconduire chez toi.

Elle attrapa mon bras pour me retenir.

– S'il te plaît ?

Je regardai le long de la rue sombre, mon souffle s'échappant de ma bouche en des nuages blanc. C'était une nuit froide typique de New York.

– D’accord.

Christian fut silencieuse durant le cours trajet des huit blocs, le regard fixé sur la rue.

– Alors, pourquoi es-tu venue ce soir ? demandai-je enfin.

– Parce que.

Elle se tourna vers moi.

– Je voulais discuter. M’expliquer.

– Oh. C’est juste ici.

Christian arrêta la Jeep en face de mon immeuble. Elle leva les yeux vers lui à travers la vitre côté passager.

– Bel endroit, dit-elle.

– Ouais. De l'extérieur.

Elle sourit. J'ouvris la porte et sortis.

– Sarah ?

– Ouais ?

Je me retournai, la main sur la porte, prête à la refermer, à mettre Christian hors de ma vue, et peut-être de ma vie.

– J'ai toujours envie de discuter. Je suis venue au café ce soir pour voir si tu accepterais de venir dîner chez moi ce vendredi.

– Vendredi ? C'est la veille de Noël, dis-je, mes sourcils froncés.

– Ouais. Tu as quelque chose de prévu ?

– Eh bien, je ne sais pas vraiment. Peut-être, je -

Je m’interrompis. C'était ridicule. Comportons nous comme les adultes que nos sommes, bon sang.

– Non, non, je n’en ai pas.

Christian sourit.

– Super. Moi non plus. Comme je te l'ai dit, je ne suis pas branchée Noël. Je passe te prendre à sept heures ?

– D'accord. A plus donc.

Je passais les jours suivant à essayer de comprendre ce que Christian pouvait bien vouloir. Je n'avais jamais été aussi tiraillée dans ma vie ! Une partie de moi allait si mal à cause d’elle, tandis qu'une autre partie voulait être avec elle plus que tout. Vendredi arriva enfin. Je décidai d'attendre Christian dehors, ne voulant pas qu'elle voit mon lugubre appartement. À ma grande surprise, sa jeep noire était déjà là. Christian leva des yeux surpris quand j'ouvris la porte.

– Je regardais juste dans mon sac à main pour voir si tu m'avais donné ton numéro d'appartement. J'allais monter et venir te chercher.

Une pointe de déception teintait sa voix.

– Oh. Je pensais simplement que ce serait plus simple si je te retrouvais ici.

Christian se pencha par-dessus le siège avant et me surprit par un doux baiser. Je la regardais, ne sachant que dire ou que penser.

– Tu m'as manquée, murmura-t-elle, les yeux dans les yeux.

– Tu m'as manquée aussi, admis-je.

Elle sourit et mit le moteur en marche.

Nous arrivâmes chez Christian et elle se gara dans l’allée. Avec un sourire rassurant, elle ouvrit la portière côté conducteur et vint me rejoindre alors que je refermais la mienne. Sans un mot, elle attrapa ma main et me conduisit jusqu’à la porte d'entrée. Je levai les yeux vers les nombreuses fenêtres donnant sur la rue. Elles étaient toutes sombres. Bizarre.

Arrivée la porte d'entrée, Christian s'arrêta et se tourna vers moi.

– Ferme les yeux, dit-elle doucement.

Je la regardai un moment, ne sachant quoi faire. Son sourire était typique de celui d’une enfant. La petite fille de la queue pour le Père Noël surgi dans mon esprit et je souris puis fermai les yeux. J'entendis la lourde porte s’ouvrir, et la chaleur me frappa au visage, ainsi que les merveilleuses odeurs de pain fraîchement cuit au four, de tarte à la citrouille, de dinde, ainsi que l’arôme d'un feu de cheminée.

– Attention à la marche, dit Christian dans mon oreille alors qu’elle me guidait à travers la porte d'entrée.

Je m’approchai et entrai dans la maison. Une fois de plus, elle prit ma main, et commença à me guider à travers ce que je savais être le couloir principal, puis dans ce que je pensais était la salle de séjour massive.

– Très bien. Ouvre tes beaux yeux verts, Sarah.

Mon souffle se coupa alors que j’observais le merveilleux décor me faisant face. Un énorme arbre d’un mètre quatre-vingt et faisant au moins un mètre vingt de circonférence honorait le milieu de la pièce, des couches de lumières, de guirlandes, de boules en verre, et de petits anges en argent et en or étaient éparpillés tout autour de lui, laissant à peine apparaitre le vert. Des tonnes de cadeaux joliment emballés entouraient le tronc. Les seules lumières visibles de la chambre étaient celle de l'arbre et du feu dans la monumentale cheminée située dans le coin.

– Alors ? demanda Christian, l’inquiétude présente dans sa voix.

– Je suis sans voix, souffle-je. C’est magnifique.

– Comme l’est la femme qui me l'a inspiré.

Christian me tourna pour lui faire face.

– Sarah, la raison pour laquelle je n'aime pas, ou devrais-je dire, n’ai jamais été intéressée par Noël, c'était parce que je n'avais personne avec qui le partager. Je n'ai jamais eu de personne particulière à qui offrir. Personne à aimer. Jusqu'à toi. 

Je la dévisageai, mon esprit et mon cœur tourbillonnant. Venait-elle vraiment de dire ce qu'elle venait de dire ? 

– Je sais que ça semble fou. Tout ce que nous avons eu n’était qu’un jour. Je ne peux pas l'expliquer.

Elle détourna les yeux comme si elle essayait de trouver les mots. Elle se tourna de nouveau vers moi.

– Tu m'as changée en quelque sorte, Sarah. Est-ce que ça a du sens ?

– Oui, murmurai-je.

Elle sourit, encouragée.

– Tu vois, la raison pour laquelle je suis restée loin de toi c’est parce que, au début, je t’ai utilisée. Tu avais raison. Tu étais belle, jeune, et très amusante. Une conquête parfaite. Mais, alors que les jours passaient, tu ne quittais pas mes pensées. Je ne cessais de te voir dans mes bras, dans mon lit, et dans ma vie. Sarah, j'ai besoin de toi. Comme, comme...

Elle avala difficilement sa salive.

– Ça te paraîtrait fou si je te disais que je pense que je t'aime ?

– Non, je ressens la même chose. Depuis ce premier jour où je t’ai vu à travers la vitre de cette boutique.

Christian caressa mon visage, si doucement, plein d'amour.

– Oui. Moi aussi. Tu es comme un cadeau tombé du ciel pour moi, Sarah. Pourrais-tu me pardonner, s'il te plaît ? D’avoir été si stupide ?

Je plaçai la main de Christian sur le côté de mon visage et embrassai sa paume.

– Oui, Christian. Je te pardonne. Tu es comme un cadeau tombé du ciel pour moi aussi. Je t'aime.

– Je t'aime.

Christian m'attira vers elle pour un baiser torride qui nous laissa toutes deux à bout de souffle.

– Joyeux Noël, Sarah.

– Joyeux Noël, Christian.

 

 
- FIN -

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Commentaires
M
Merci pour la traduction. <br /> <br /> <br /> <br /> HO HO HO HO HO<br /> <br /> Géant Vert!
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