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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 mars 2012

Episode 3 : I had a pretty good time... but I'm looking forward tomorrow

Alors qu’elle déposait ses clés dans le vide poche, Tess lâcha un profond soupir. Ses pieds la faisaient souffrir le martyre, elle se sentait incroyablement fatiguée et une migraine atroce lui martelait les tempes. Son regard s’arrêta un instant sur l’horloge murale et elle soupira à nouveau avant de se diriger vers la salle bain. 06h37... il n’y a que moi pour me coucher continuellement à une heure pareille.

Ses vêtements tombèrent sur le sol l’un après l’autre et elle avala deux comprimés de paracétamol afin de calmer son mal de tête avant de se glisser sous le jet d’eau chaude, prenant soin de ne pas chantonner afin de ne pas réveiller sa douce qui devait très certainement encore dormir.  

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Liv’. Rentrer chez soi avait vraiment du bon, au moins.

Désormais apaisée et détendue, elle coupa l’arrivée d’eau et se sécha avant d’enfiler son peignoir que Liv’ laissait toujours près du radiateur.

— Hmm, murmura-t-elle de contentement alors que la chaleur du vêtement épousait sa peau. Merci amour.

Après un rapide coup de brosse dans ses longs cheveux blonds, elle s’empara de son jean et y récupéra les quelques objets qu’elle avait ramené de la discothèque pour les montrer à Liv’ puis se dirigea vers la chambre à coucher, s’arrêtant dans l’encadrement de la porte lorsqu’elle aperçut Liv’, son dos nu lui faisant face. Son regard s’attarda un long moment le long de ces courbes qu’elle affectionnait tant avant qu’elle ne s’approche puis ne se glisse sous les couvertures après avoir laissé ses affaires et son peignoir retomber sur le sol.

Elle sentit Liv’ remuer aussitôt et, au vu du changement de sa respiration, Tess devina qu’elle était désormais réveillée. S’approchant jusqu’à être totalement collée contre son dos, elle frotta son nez contre la peau de sa nuque avant de l’embrasser.

— Bonjour, murmura-t-elle tout passant un bras possessif autour de la taille fine, sa main caressant la peau douce d’un air absent.

— ‘jour, marmonna Liv’. Bien travaillé ?

Un soupir accompagna la réponse :

— C’était vide sans toi.

Le faible rire de Liv’ résonna aussitôt dans la pièce et elle recouvrit la main de Tess située sur son ventre afin d’entremêler leurs doigts.

— Tess... Tu m’as toi-même donné un jour de congé.

— Humpf, je sais, mais tu le méritais vraiment. C’était à peine si tu tenais encore debout. Certains clients m’ont même demandé comment tu faisais pour les servir avec tes yeux fermés, taquina-t-elle, recevant aussitôt une petite tape sur le bras. Quoi qu’il en soit, ton bien être passera toujours en priorité, mais ce n’est pas pour autant que cela me fait plaisir de te savoir loin de moi.

Sa phrase à peine terminée, elle fit doucement remonter sa main du bas du ventre de Liv’ jusqu’à ses côtes avant de prendre place sur son omoplate où elle dessina trois petits mots du bout de l’index.

Liv’ sentit aussitôt un sourire apparaitre sur ses lèvres la boucle du « e » à peine terminée.

— Je t’aime aussi, murmura-t-elle en s’emparant de nouveau de la main de Tess et déposant de doux baisers sur ses doigts.

— Tu as de la chance, répondit la jeune femme en embrassant son omoplate avant de se coller de nouveau contre son dos. L’encre de caresse est indélébile.

Liv’ sourit.

— Je vais devoir procéder à la même opération sur chaque centimètre de ton corps, alors, répondit-elle, amusée.

Tess sentit un frisson familier remonter le long de sa colonne vertébrale et elle se rapprocha plus encore.

— Tu vois, c’est pour ça que je t’aime, tu as toujours les idées les plus brillantes.

Le rire de Liv’ résonna à nouveau dans la pièce.

— Et tu dis les plus belles choses, murmura-t-elle sincèrement une fois calmée.

— Ah ? répondit Tess alors que sa main descendait de nouveau vers le ventre de Liv’, la poussant à froncer les sourcils lorsqu’elle rencontra quelque chose d’inattendu. Il y a beaucoup trop de tissu par ici, ajouta-t-elle en tirant légèrement sur le sous-vêtement qui faisait rempart à ce qu’elle convoitait.

Liv’ se frotta ses yeux encore ensommeillés.

— Je sais, bailla-t-elle. Mauvaise période du mois.

Les sourcils de Tess grimpèrent sur son front tandis qu’un rapide calcul s’opérait dans sa tête, la poussant à finalement lâcher un grognement alors  qu’elle se laissait retomber sur le dos et portait ses deux mains à son visage.

— Humpf, j’avais complétement oublié, gémit-elle d’une voix plaintive.

— Hmm, répondit Liv’ et se tournant à son tour et en posant sa tête sur son épaule. Moi aussi, jusqu’à ce que les crampes commencent cet après-midi, grimaça-t-elle.

Tess l’entoura aussitôt de ses bras et commença un doux massage du bas de son dos.

— Ca va mieux, maintenant ?

L’unique réponse de Liv’ fut un grognement de bonheur alors qu’elle se rapprochait plus encore.

— Je vais prendre ça pour un oui, rit Tess avant de l’embrasser sur le front.

— Et tu as bien deviné, Sherlock, répondit Liv’ en tapotant doucement son estomac. Si tu savais comme je me maudis vraiment de ne pas être un homme dans ces moments-là, gémit-elle.

Tess rit doucement.

— Hmm, hé, ça nous éviterait d’utiliser Tommy.

Les sourcils de Liv’ grimpèrent sur son front.

— Tommy ?

— Tommy, acquiesça Tess alors qu’elle tendait un bras et ouvrait le tiroir de la table de chevet, puis désignait l’un des divers objets qui résidaient à l’intérieur.

Liv’ enfouit aussitôt son visage dans le creux de son cou alors qu’une légère rougeur recouvrait progressivement ses traits.

— Pourquoi faut-il toujours que tu donnes un nom à chaque objet ? gémit-elle à nouveau. Surtout à ce genre d’objet, en plus.

Tess ne put s’empêcher de sourire. Cela faisait maintenant plusieurs années qu’elles partageaient une relation intime et elles n’avaient pas mis bien longtemps avant d’intégrer quelques petits jouets à leurs ébats amoureux, mais Liv’ arborait toujours cet air légèrement timide à chaque fois qu’elles le faisaient. Elle trouvait cela tout simplement craquant.

— Il s’appelle comme ça, j’y peux rien, répondit-elle en haussant les épaules.

— Hein ? répondit Liv’ en relevant la tête, confuse.

Tess feignit un air exaspéré :

— C’est marqué dessus. Tu sais, juste sous —

Elle fut interrompue par une main sur ses lèvres.

— C’est la marque, Tess. Pas le prénom, d’accord ? Je n’arrive pas à croire que l’on soit en train d’avoir cette conversation.

Tess haussa les épaules tout en arborant un air innocent.

— D’accord.

— Bien, répondit Liv’ en lui mettant une petite tape sur le bout du nez. Elle te vient d’où cette manie, d’ailleurs ? ajouta-t-elle, légèrement intriguée.

— De donner des prénoms ?

Liv’ hocha la tête et Tess réfléchit un instant tout en caressant les cheveux bruns d’un air absent.

— Hmm, quand j’étais petite, mes parents, enfin, mes grands-parents surtout, nous achetaient toujours tout un tas de jouets lorsque l’on faisait les courses le weekend. On n’avait pas besoin de pleurer ou d’hurler à tout va comme peuvent le faire les gosses d’aujourd’hui, non, c’était plutôt eux qui nous tiraient vers le rayon des jouets, rit-elle doucement. Seulement, à chaque fois que l’on rentrait à la maison, la seule chose avec laquelle je m’amusais, c’était mes crayons de couleur. Je leur donnais des prénoms, et c’était comme s’ils étaient des personnages. Parfois, les craies et pastels se joignaient à la partie aussi, c’était fun.

Elle sentit le corps allongé contre le sien se mettre à vibrer de plus en plus fort et elle plissa des yeux.

— Tu te moques ! accusa-t-elle.

— Oh non, non, non, amour, renifla Liv’ en s’essuyant les yeux. Mais avoue que c’est... particulier, rit-elle à nouveau.

— Vilaine, marmonna Tess en tournant la tête dans la direction opposée.

Ouh je l’ai vexée. Liv’ attendit d’être calmée avant de reprendre d’un ton nonchalant, son doigt dessinant des arabesques juste au-dessus du sein de Tess.

— La sœur de Maddie est psychologue, tu sais. Allez mon cœur, je plaisantais.

Tess haussa les sourcils avant de sourire. Elle pouvait jouer aussi, après tout.

— Uniquement si tu viens avec moi alors, mademoiselle j’aimerais être un homme une fois par mois dans l’année.

Elle sentit aussitôt le corps de Liv’ être de nouveau secoué de légers soubresauts avant que sa voix ne lui parvienne :

— D’accord, d’accord, rit la jeune femme. Tu as gagné, j’arrête, ajouta-t-elle avant de venir l’embrasser doucement et souffler un « je t’aime » naturel contre ses lèvres.

Elle reposa son visage sur l’épaule de Tess et s’apprêtait à grappiller encore quelques minutes de sommeil lorsqu’elle fronça les sourcils, la pièce lui paraissant bien plus lumineuse qu’elle ne l’était quelques instants plus tôt. Cédant à sa curiosité, elle pencha légèrement la tête vers le rebord du lit et repéra rapidement la source de lumière située non loin d’elle.

— Tess ? C’est quoi ces trucs qui brillent au pied de la table de chevet ?

— Hmm ? demanda Tess tout en tournant la tête vers l’endroit indiqué. Oh. « Ces trucs »... ce sont des bâtonnets de couleurs, répondit-elle en les attrapant et les étalant dans le creux de sa main.

Liv’ cligna plusieurs fois des yeux afin de s’habituer à la forte luminosité produite par les morceaux de plastiques avant de laisser un sourire apparaitre sur ses lèvres.

— Ah. L’Afrodisiack se lance finalement dans ce jeu de la séduction.

— Tu trouves que c’est une mauvaise idée ? demanda aussitôt Tess, incertaine.

Liv’ releva légèrement la tête afin de frôler ses lèvres contre les siennes.

— Je te taquinais, bêta, sourit-elle afin d’atténuer l’effet de ses propos. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer toi aussi ?

— Le site internet, répondit Tess en s’installant plus confortablement contre les oreillers. Comme tu le sais, on possède une rubrique permettant aux gens de nous faire part de leurs opinions, et disons que cette histoire de bracelets de couleur est revenue à plusieurs reprises, alors...

— ...tu t’es dit « pourquoi pas », c’est ça ?

Tess acquiesça de la tête.

— C’est une période d’essai pour l’instant. Mais la plupart des discothèques le font, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. Et puis, ça ne peut pas faire de mal à l’établissement.

— Hmm. Tu m’expliques les couleurs ? Demanda Liv’ en reprenant sa place au creux de son cou, embrassant la peau douce avant de s’installer plus confortablement.

Tess réunit les bâtonnets dans sa main gauche et utilisa son autre main pour désigner au fur et à mesure qu’elle expliquait :

— Pour commencer, on a le rose et le bleu, respectivement pour les femmes et hommes célibataires qui recherchent de la compagnie afin de... s’amuser, sourit-elle. Et si une personne porte les deux ensembles, c’est qu’elle est intéressée par les deux genres.

Liv’ hocha la tête, jusqu’à présent, l’explication était on ne peut plus simple.

— Ensuite on a le rouge, qui signifie que la personne est en couple, et n’a d’yeux que pour sa moitié, poursuivit-elle en caressant la joue de Liv’ à l’aide du bâtonnet. Le vert lui signifie que tu es en couple, mais que tu as une relation libre, et que tu as donc pour but de... t’amuser aussi. Et enfin, le violet, tu n’es pas en couple, et pas intéressée par qui que ce soit. Alors ?

Liv’ s’empara des bâtonnets qu’elle balança volontairement sur le sol et ne garda que celui de couleur rouge qu’elle attacha autour du poignet de Tess.

— Alors... J’en dis que j’aime beaucoup, répondit-elle en embrassant la paume de la main après avoir fini. Je peux annuler le tatoueur, maintenant, ajouta-t-elle d’un air malicieux.

Les sourcils de Tess grimpèrent sur son front.

— Tatoueur ?

— Hmm. Je comptais lui demander d’inscrire sur ton front que tu étais à moi, mais maintenant qu’il y a ces petits bracelets, je pense pouvoir m’en passer, répondit-elle en feignant un ton sérieux.

Tess ne put s’empêcher de sourire, amusée.

— Ah ? Mais je pense que ceci est une preuve suffisante, non ? dit-elle en désignant la bague qui ornait son annulaire gauche. Tout le monde sait que je suis ta femme, ajouta-t-elle d’un ton plus doux alors que les images de leur engagement repassaient dans son esprit.

 

— Je suis rentrée ! s’exclama-t-elle alors qu’elle refermait la porte de son pied. Woah il fait sombre ici, on a  oublié de payer la dernière facture d’électricité ou quoi ? marmonna-t-elle pour elle-même avant de hausser la voix : Liv’ ?

Le silence lui répondit et elle fronça les sourcils tout en déposant ses affaires dans l’entrée avant de se diriger vers le salon. Le reflet de flammes sur le parquet flottant lui amena aussitôt un sourire aux lèvres avant de laisser place à un air ébahi lorsqu’elle laissa son regard parcourir la pièce. Des bougies de couleur bordeaux et blanches étaient parsemées ici et là et des guirlandes recouvraient le haut des fenêtres, offrant à l’endroit une atmosphère définitivement romantique.

Au pied du canapé, la petite table basse avait disparue, laissant place à un immense drap blanc recouvert de pétales de roses rouges par endroit, d’une bouteille de champagne et de tout un assortiment de nourriture. Le tout éclairé par les flammes de la cheminée.

Tess s’arrêta. La cheminée ?

— Je suis tombée dessus lorsque j’ai fait les courses cet après-midi, sourit Liv’ qui avait suivi son regard depuis sa place sur le canapé. Je me suis dit que l’on devait absolument en avoir une. Bienvenue dans le romantisme moderne... Plutôt réaliste, hein ?

— Plutôt très réaliste même, murmura Tess alors qu’elle observait le feu de bûches avant de tourner la tête vers Liv’ qu’elle n’avait pas encore vue.

Confortablement installée contre l’accoudoir, les jambes repliées sous elles, la jeune femme était simplement vêtue d’un peignoir en soie rouge bordeaux, ses cheveux noirs corbeaux réunis en un chignon lâche.

— Tu es magnifique, souffla-t-elle.

Liv’ se sentit rougir légèrement.

— Merci, sourit-elle tout en se redressant et en s’approchant de Tess. Le film était bien ? demanda-t-elle alors qu’elle passait ses bras autour de sa taille.

Tess ouvrit la bouche pour répondre avant de la refermer aussitôt et plisser les yeux.

— Justement, en parlant de ça, je croyais que tu étais malade, accusa-t-elle.

— Ah, oui, grimaça Liv’. J’ai peut-être... disons... un peu menti. Mais c’était pour la bonne cause ! se pressa-t-elle d’ajouter lorsque Tess haussa les sourcils. Le seul moment où tu n’es pas là, c’est pendant la nuit, et je ne me voyais pas te faire cette surprise à 6h du matin.

Tess parcourut une nouvelle fois la pièce du regard avant de sourire.

— Non, en effet, murmura-t-elle tout en lui volant un baiser. C’est en quel honneur tout ça, d’ailleurs ? ajouta-t-elle avant de se figer. Oh non, ne me dis pas que cette fois-ci, j’ai vraiment oublié, hein ? paniqua-t-elle tout en se repassant les dates importantes dans sa tête.

— Non, répondit Liv’ en caressant furtivement son nez avec le sien, retenant un rire. Patience, tu sauras tout en temps voulu. Alors ? Le film ?

Le sourire qui était de nouveau-né sur les lèvres de Tess s’effaça aussitôt pour laisser place à un air déconfit.

— Prévisible.

— Oh ? s’étonna Liv’, surprise. Elle retrouve la mémoire, alors ?

— Non, mais ils finissent ensemble.

Liv’ fronça les sourcils.

— Et... c’est mal ? demanda-t-elle, perplexe.

— Non, c’est prévisible, répéta Tess d’un air boudeur.

Liv’ rit doucement.

— Et alors ? C’est bien, une happy end... Maddie a été déçue aussi?

— Non, enfin, pas vraiment. Elle s’est endormie au milieu du film, expliqua Tess devant l’air confus de Liv’. Puis elle s’est mise à paniquer parce que je suis sa patronne. Bon sang, je suis si terrible que ça ?

Liv’ lâcha de nouveau un rire tout en secouant la tête.

— Non, du tout, la rassura-t-elle avant de fermer les yeux lorsqu’elle sentit un doigt courir le long de sa clavicule puis prendre la direction de son décolleté. La même tenue t’attend dans la chambre, souffla-t-elle avant de venir l’embrasser. Dépêche-toi si tu veux avoir la chance de goûter aux fraises.

Tess s’arrêta aussitôt et reporta son attention sur son visage.

— Fraises ? demanda-t-elle avant de quitter la pièce en vitesse lorsque Liv’ hocha la tête. Je suis déjà partie !

Liv’ lâcha un rire tout en l’observant s’éloigner puis prit place sur le grand drap blanc, son dos en appui contre le canapé, et remplit deux coupes de champagne en attendant le retour de sa moitié.

— Wow ! sursauta-t-elle lorsque Tess s’installa à ses côtés la deuxième coupe tout juste remplie. Tu sais être rapide quand tu le veux, taquina-t-elle alors que ses yeux dévoraient le corps désormais vêtu d’un peignoir en soie blanc.

Tess effleura sa joue de ses lèvres avant de souffler au creux de son oreille :

— Hmm, et pourtant, on sait aussi bien l’une que l’autre que je préfère habituellement prendre mon temps, charria-t-elle son tour, le regard brillant.

Liv’ sentit les battements de son cœur s’accélérer et elle se racla légèrement la gorge. Oh bon sang, si elle commence comme ça, je ne vais jamais avoir le temps de faire ce que j’ai prévu.

— Tiens, sourit-elle en en lui tendant une fraise légèrement recouverte de chantilly, se maudissant aussitôt lorsque les lèvres de Tess effleurèrent ses doigts et qu’un gémissement remontait le long de sa gorge.

De légers picotements firent leur apparition le long de sa colonne vertébrale et elle se retrouva paralysée par la vue, son souffle se coupant face au délicieux contact.

— Hmm, délicieux, ronronna Tess avant de plisser légèrement les yeux. On ne fête pas une autre rupture avec une de tes exs, hein ?

Ramenée brutalement à la réalité, Liv’ cligna un instant des paupières avant de lâcher un rire.

— Non, cette soirée n’est rien qu’à nous... je te le promets.

— Tant mieux, sourit Tess avant de venir s’emparer de ses lèvres. Hmm, par contre, je ne sais pas ce que tu as prévu pour la suite, mais la chantilly restera bien sagement là où elle est. Je ne me suis pas encore remise de la dernière fois, grimaça-t-elle. Comme quoi il ne faut vraiment pas croire tout ce qu’ils peuvent raconter dans les films.

— Oh c’était juste un peu collant...

Tess lui offrit un regard appuyé.

— Ok, bon, très collant, admit Liv’.

— Et écœurant. Trop de chantilly, tue la chantilly, poursuivit Tess alors que son estomac se tordait de nouveau face au souvenir. Beurk.

Liv’ rit à nouveau.

— D’accord, d’accord, admit-elle, mais ton « beurk » a très vite disparu une fois arrivée dans la salle de bain, ajouta-t-elle, le regard malicieux.

Tess fit mine de réfléchir un instant.

— Hmm, définitivement, sourit-elle diaboliquement alors que les images de la douche qu’elles avaient partagée repassaient dans son esprit. Et je pense d’ailleurs qu’un petit rappel ne ferait pas de mal..., ronronna-t-elle tout en s’approchant de Liv’... pour se voir repoussée au dernier moment. Huh ? demanda-t-elle, confuse

— Ne crois pas que je n’en ai pas envie, la rassura Liv’, mais... j’ai prévu quelque chose avant.

Tess haussa les sourcils.

— Manger ?

— Quoi ? demanda Liv’ avant de lever les yeux au ciel. Arrête de penser avec ton estomac, tu veux ! Non, quoique, on peut faire ça aussi, ajouta-t-elle en tirant la langue. Dieu sait que tu vas avoir besoin de force, car je ne compte pas te laisser une minute de répit pendant... disons... la globalité de la nuit.

Si elle ne répond pas « non » à ma demande, bien sûr, pensa-t-elle sarcastiquement.

Tess sentit son sourire s’agrandir.

— Ce que tu as prévu de faire à plutôt intérêt d’être d’une grande importance alors, car je suis à deux doigts de te sauter dessus.

Liv’ sentit aussitôt sa gorge s’assécher.

— Hum, d’accord, dit-elle en se frottant le sourcil. Alors, euh..., ce que je voulais dire...

Elle s’interrompit et observa un long moment sa moitié avant de grimacer.

— Ils n’ont jamais dit que c’était aussi flippant, gémit-elle d’une voix légèrement teintée de panique.

— Flippant ? s’étonna Tess alors qu’elle portait sa coupe de champagne à ses lèvres. Qu’est-ce qui est flippant ?

— Dans les films, ils sont là, tout souriant, tout sûrs d’eux, marmonna Liv’ pour elle-même. Comme s’il s’agissait simplement d’aller faire les courses. Bon sang, j’aurais peut-être dû boire avant, ça m’aurait détendue, au moins !

Les sourcils de Tess grimpèrent encore plus sur son front et elle regarda Liv’ comme si elle avait eu une seconde tête qui aurait poussée pendant la nuit.

— Hein ? lâcha-t-elle avant de s’emparer des mains de la jeune femme qui ne cessaient de tripoter nerveusement la fraise qu’elle tenait entre ses doigts. Liv’, amour, tu veux bien me dire ce qu’il se passe ? Tu commences à me faire peur, là.

Liv’ releva la tête et prit une profonde inspiration, laissant l’amour qu’elle lisait dans le regard de Tess s’emparer d’elle et lui donner le calme, la confiance et la force dont elle avait besoin.

— J’ai... réfléchis. Je voulais... trouver un moyen de te faire savoir… combien tu comptes pour moi, combien notre relation compte pour moi.

Elle glissa ses jambes sous elle avant de poursuivre d’une voix douce et étonnamment assurée :

— Je t'aime, Tassandra. Et je tiens à ce que tu saches que tu es la meilleure chose qui ne soit jamais arrivée dans ma vie.

Alors qu’elle se noyait dans le regard vert émeraude de sa moitié, Tess sentit une main chaude soulever doucement l'un de ses doigts avant de lentement y placer quelque chose. Avalant sa salive, elle baissa les yeux, puis, voyant la bague au diamant solitaire ornant désormais son annulaire gauche, elle sentit son cœur s’accélérer.

— Tu as volé mon cœur et mon âme et je sais que l’on n’a jamais abordé ce sujet, et que c’est une étape très importante, mais... je n’ai jamais été aussi heureuse que je ne le suis aujourd’hui, Tess, et je veux passer le reste de ma vie avec toi. A prendre soin de toi, à te chérir, et à t’aimer jusqu’à la mort, et au-delà.

Liv’ s’interrompit un instant, refoulant les larmes qui avaient petit à petit brouillées sa vue, avant d’ajouter :

— Si tu le veux aussi, bien sûr.

Ses mots rencontrèrent un silence choqué alors que Tess l’observait, ses yeux luisant légèrement alors qu’elle essayait désespérément de calmer les battements de son cœur. Elle leva finalement une main qu’elle porta à la joue de Liv’ et souffla :

— Tu me demandes en mariage ?

Liv’ se mordilla la lèvre alors qu’elle sondait désespérément son regard.

— Oui. Enfin, je ne me suis pas mise à genoux, et je n’ai pas de grand discours qui n’en finit pas et c’était très loin d’être parfait... mais... oui. Ce que je veux dire, Tess, c’est que je veux être avec toi. Je veux que l’on soit ensemble, pour toujours.

Tess fit lentement glisser sa main de la joue de Liv’ vers sa nuque dans une douceur presque hésitante.

— Oui.

— Oui ? demanda Liv’ alors que les larmes se répandaient sur son visage.

Les doigts de Tess essuyèrent doucement ses joues, puis saisissant les mains de Liv’, elle embrassa tendrement ses doigts avant d’acquiescer :

— Oui. Bien sûr que oui, sourit-elle. Et c’était parfait. Mais avant, il faut que je..., elle s’interrompit et se redressa tout en se mordillant la lèvre inférieure. Tu ne bouges pas, d’accord ? demanda-t-elle, hésitante.

— Je..., d’accord, répondit Liv’, perplexe. Mais qu’est-ce que tu...

— Je reviens tout de suite, sourit Tess alors qu’elle s’éloignait vers la chambre d’un pas rapide.

Elle fut de retour à peine quelques secondes plus tard et reprit place en face de Liv’, s’installant en tailleur avant de détrôner la bague de son petit coussin noir et reposer le boîtier à même le sol. Légèrement tremblante, elle referma ses doigts sur le cercle d'or blanc et plongea son regard dans celui vert émeraude qu’elle affectionnait tant.

— Je t'aime, Olivia, de tout mon cœur, commença-t-elle d’une voix douce mais incroyablement sincère.

Liv’ se pencha et l'embrassa aussitôt en guise de réponse. Elle n'avait pas besoin de lui parler, leurs gestes tendres suffisaient à exprimer l'amour qu'elles dégageaient l'une pour l'autre. Alors, doucement, Tess prit la main de la jeune femme dans la sienne et glissa la bague à son doigt, souriant lorsque Liv’ ne remarqua pas tout de suite la présence de l'alliance à sa main. Ce ne fut que lorsqu’elle se recula qu'elle s'en rendit compte.

Liv’ s’appuya de nouveau contre le rebord du canapé et observa avec intérêt le bijou ornant son annulaire. Ses yeux se posèrent alors sur Tess qui était toujours agenouillée devant elle, et elle l’observa, sous le choc.

— Tu... tu avais... tu voulais...

— Je comptais te demander ta main moi aussi, oui, sourit Tess en lui venant en aide. Mais tu m’as prise de court. Et heureusement, car je ne cessais de repousser encore et encore.

Liv’ rougit légèrement.

— Ca fait peur, hein ?

Tess acquiesça frénétiquement de la tête avant de s’emparer de la main gauche de Liv’ et plonger profondément son regard dans le sien.

— Je sais que tu t'étais fait une promesse, de ne jamais plus risquer tes sentiments comme tu as pu le faire par le passé. Et je sais combien faire ce que tu viens de faire a dû t’être difficile. Je le sais... parce que je m’étais fait la même promesse, moi aussi. Mais aujourd’hui... c’est différent. Tout est différent. Tu me donnes envie de tout ça.

Elle inspira profondément avant de poursuivre :

— La vérité, c’est que ça fait seize longues années que je t'aime plus que tout au monde, seize ans que tu hantes mes rêves la nuit et mes pensées le jour, seize ans... il m’a fallu seize ans pour enfin me rendre compte que j'ai peur qu’un jour, je ne te trouve plus à mes côtes. Alors... si tu le veux aussi... je veux passer le reste de mes jours avec toi. Et sceller officiellement notre amour.

Liv’ essuya doucement ses larmes alors qu’un soulagement presque insurmontable la traversait.

— Seize ans, hein ? lâcha-t-elle d’une voix tremblante.

Tess sourit timidement.

— J’ai toujours eu un faible pour les petites nouvelles qui débarquaient soudainement dans mon lycée.

— Ah ? sourit Liv’, charmée. Heureusement que j’ai été la seule, alors, taquina-t-elle avant de reprendre son sérieux. Tu sais ce que j’ai remarqué, lors de mon premier jour là-bas ?

Tess secoua doucement la tête, intriguée.

— Cette fille assise à l’autre bout de la pièce, la seule personne qui n’avait pas tourné la tête dans ma direction lorsque j’étais entrée dans la salle et m’étais présentée auprès de notre prof de maths. Je me souviens m’être demandée ce qui pouvait bien retenir autant son attention pour qu’elle ne détache pas son regard de la fenêtre contre laquelle elle était appuyée. Mais lorsqu’elle a enfin tourné la tête vers moi...  je me suis retrouvée littéralement absorbée par les plus beaux yeux bleus que je n’avais jamais vus. Je veux t’épouser Tess, plus que tout au monde. Parce qu’il y a seize ans, lorsque ces deux iris aussi bleus que l’océan se sont tournés vers moi, je suis tombée amoureuse. Et que chaque jour que dieu fait, je le suis plus encore, aussi incroyable que cela puisse paraître.

Tess ferma aussitôt les yeux et relâcha un sanglot étouffé, l’émotion étant si forte qu’elle n’arrivait plus à retenir les larmes. Elle sentit deux bras l’encercler et sa tête trouva refuge au creux d’une épaule réconfortante, des paroles aimantes venant bercer agréablement ses oreilles alors qu’elle se laissait aller. 

— Je t’aime tellement Liv’..., murmura-t-elle finalement avant de se reculer légèrement et poser son front contre celui de la jeune femme. Je crois que c’était la plus belle déclaration que tu aurais pu me faire.

Liv’ se sentir rougir à nouveau.

— La tienne était magnifique aussi, répondit-elle sincèrement. Mais... tu regardais quoi, au travers de cette fenêtre ? ajouta-t-elle d’un ton intrigué. Car je dois t’avouer que ça fait quand même seize ans que ça me tracasse !

Tess lâcha un rire.

— Pas grand-chose. Juste... hum, des filles qui jouaient au volley-ball.

— Vraiment ? demanda Liv’, les sourcils haussés. Tu m’as... ignorée pour des filles qui jouaient au volley ?

Tess lui offrit un regard appuyé.

— Elles étaient en short court et en débardeur moulant, personne, personne, n’aurait eu envie de regarder ailleurs ! se défendit-elle aussitôt. A moins d’être hétéro ou gay s’il s’agit d’un mec.

— Mouais, admit Liv’ à contre cœur. Enfin, j’aurais pu le deviner, mademoiselle ‘mes hormones contrôlent mon existence’, taquina-t-elle.

— Tu pourrais aussi retenir le fait qu’une fois mon attention portée sur toi, je n’ai plus observé les dites joueuses de volley, répondit Tess d’un ton nonchalant.

Liv’ sentit son sourire s’agrandir, définitivement charmée. Elle lui vola un baiser.

— Je crois que je vais faire ça...

— Je t’en prie, sourit Tess. Bon, il va nous falloir trouver un endroit où nous marier, maintenant.

Liv’ haussa un sourcil, amusée.

— Ah ?

— Hmm, j’avais pensé... au Taj Mahal.

— Le Taj Mahal ?

— Ouais, acquiesça Tess. Le symbole de l’amour... on ne trouvera pas plus romantique.

Liv’ lui offrit un regard appuyé.

— Tess. C’est un tombeau.

— Hmm, très drôle, répondit Tess en s’emparant d’une fraise. Ton humour noir me surprendra toujours.

— Mon hum..., Liv’ leva les mains dans les airs avant de les laisser retomber sur ses cuisses. Tess, c’est la vérité, le Taj Mahal est un tombeau !

Tess s’apprêtait à répondre lorsqu’elle nota l’air on ne peut plus sérieux de Liv’. Sa mâchoire se décrocha légèrement.

— Merde. Vraiment ?

— Vraiment, soupira Liv’. L’empereur qui l’a érigé y repose avec son épouse. Et puis ce serait comme la Saint Valentin, se marier au Taj Mahal, rien de plus cliché, grimaça-t-elle.

— Hmm. Le cliché a du bon parfois.

Liv’ secoua la tête.

— Pas dans ce cas-là, tu nous as presque mariées au milieu des morts, rit-elle.

Tess arbora un air offusqué.

— Liv’ ! Un peu de respect tu veux !

— D’accord, d’accord, miss rabat-joie, taquina Liv’ tout en levant les yeux au ciel. Mais personnellement, ça... ça me suffisait amplement. Toi et moi... je voulais partager ça avec toi. Mais si tu tiens vraiment à une cérémonie...

— Pas vraiment, la coupa Tess. Enfin, quelque chose avec nos amis et nos proches, non ? Pas forcément une cérémonie... une fête ?

Liv’ hocha la tête.

— Une fête me conviendrait bien, sourit-elle. Ma femme...

Tess sentit ses yeux se fermer d’eux même alors que la main de Liv’ caressait sa joue dans une infinie douceur.

— Ma femme, murmura-t-elle à son tour.

 

— Hmm, mais pas au regard de la loi, mon amour, répondit Liv’ tout en traçant l’anneau du bout de son doigt d’un air absent, la ramenant à la réalité par la même occasion.

Tess secoua sa main libre dans les airs.

— Formalités, formalités, taquina-t-elle. La loi m’importe peu, vu ce qu’elle pense de nous, son opinion, elle peut se la mettre où je pense.

— Surveillez vos paroles, jeune fille, l’admonesta Liv’ dans un sourire. Et en ce qui concerne celui-ci ? demanda-t-elle en désignant le bâtonnet jaune que Tess avait gardé à côté d’elle.

— Hmm, ce serait pour les hétérosexuels.

Liv’ fronça les sourcils.

— Qu’est-ce que des hétérosexuels viendraient faire dans une boîte gay ?

— Et pourquoi pas ? contra Tess. Certains gays vont bien dans des boîtes hétéros, ça reste un endroit où s’amuser et faire la fête. On a souvent tendance à être soumis à un traitement injuste parce que nous sommes une minorité, agir de la même façon serait purement stupide.

Liv’ se sentit soudainement mal à l’aise.

— Hmm, ce n’est pas...

— ... ce que tu as voulu dire, je sais, la rassura Tess. Mais nombre d’hétéro fréquentent l’Afrodisiack, je pensais ça bien qu’ils puissent choisir ou non de prendre part au jeu eux aussi. Ils y ont autant leur place que n’importe qui d’autre.

— Oui, c’est une bonne idée, répondit Liv’ en caressant distraitement la peau douce située sous ses doigts.

— Merci, sourit Tess. Bon, assez parlé travail. Qu’est-ce que tu as fait de ta journée ?

Liv’ s’installa plus confortablement contre le corps à moitié sous elle.

— Hmm..., pas grand-chose, du ménage ce matin.

— Ah, c’est vrai, sourit Tess. Ma moitié est une fée du logis.

Liv’ lui donna une petite tape sur l’estomac.

— Au moins, grâce à moi, on peut manger à même le sol.

— Mouais, mais il n’y a aucun intérêt à manger à même le sol, répondit Tess avant d’adopter un regard brillant. Par contre, on y a fait d’autres choses qui, elles, étaient très intéressantes.

— Tess..., soupira Liv’ en levant les yeux au ciel. Ils ne se reposent jamais, tes hormones ? ajouta-t-elle en la chatouillant.

— Hé ! s’exclama la jeune femme en emprisonnant les mains baladeuses. D’accord, d’accord, quoi d’autre ?

Liv’ baissa soudainement la tête, mal à l’aise.

— J’ai... hum, surfé sur le net.

— Et ? demanda Tess, intriguée ; le comportement de Liv’ ne lui ressemblait pas.

— Et... j’ai épluchée quelques petites annonces, lâcha la jeune femme en relevant les yeux vers elle, incertaine.

Tess fronça les sourcils.

— Des petites annonces ? Sur... quoi ? Une nouvelle voiture ? Je sais que pendant un moment tu voulais...

— Non, répondit Liv’ en secouant la tête. Elle me durera le temps qu’elle me durera. C’était sur... hum, des appartements.

Sa phrase à peine terminée, Tess se figea aussitôt avant d’avaler de façon audible.

— Je ne suis pas sûre de comprendre, lâcha-t-elle finalement tout en se redressant. Tu, hum, tu n’es pas bien ici ? Je veux dire...

— Ce n’est pas chez moi ici, Tess, expliqua Liv’ d’une voix douce avant de regarder autour d’elle.

C’est ton appartement...

Tess haussa les sourcils.

— ... et tu y vis depuis un an, la coupa-t-elle. Bien sûr que si c’est chez toi.

Liv’ secoua la tête.

— Non, non ce n’est pas ça...

— Je ne comprends pas, la coupa à nouveau Tess qui sentait l’agacement monter en elle. Pourquoi avoir emménagé ici, si tu ne t’y sens pas à l’aise ? Et pourquoi ne me le dire que maintenant ? C’est devenu trop dur à supporter pour toi, alors tu arrêtes tout et pars emménager ailleurs ?

Liv’ soupira tout en s’asseyant en tailleur au milieu du lit. Elle se passa les mains sur le visage avant de répondre :

— Tess, ne t’énerve pas s’il te plaît...

— Tu me dis que tu veux partir, comment veux-tu que je ne m’énerve pas ? demanda Tess, incrédule. Je suis censée sauter au plafond ?

Liv’ encadra son visage de ses mains et l’embrassa doucement.

— Non, je dirais même que ta réaction me rassure, sourit-elle doucement devant l’air perdu de Tess. C’est ma faute, je m’y prends comme un manche. Tu me laisses recommencer depuis le début ?

— Pas si ça va pas me plaire, marmonna Tess entre ses dents.

Liv’ secoua la tête, amusée.

— J’ai donc épluché des annonces d’appartements, mais pas pour moi, bêta... pour nous.

Tess releva aussitôt la tête.

— Nous ?

— Oui, nous ! s’exclama Liv’ en feignant un air blasé, un sourire néanmoins accroché aux lèvres. Tu croyais quoi, que j’allais juste emmener le chat ?

Tess haussa les épaules.

— Je ne sais pas, vu comment il occupait tout mon côté du lit la dernière fois et au vu des gratouilles que tu lui faisais, tu n’avais pas l’air de t’en plaindre.

Liv’ éclata de rire.

— Il faut toujours que tu tournes tout à la dérision, sourit-elle en laissant retomber sa tête contre l’épaule de Tess. Ça te vient d’où ça, d’ailleurs ? ajouta-t-elle plus sérieusement, la curiosité présente dans la voix.

Tess observa un instant le plafond avant de croiser le regard de Liv’.

— Je ne sais pas, répondit-elle doucement. Surement parce que personne n’a jamais pris la peine de me dire ce genre de chose. De me... montrer leur attachement, comme ça.

— Eh bien..., Liv’ l’embrassa sur le bout du nez, ces gens sont stupides. Tu les mérites toutes ces preuves d’amour, et plus encore. Toutes ces blondinettes aux yeux bleus peuvent aller se cacher... tu es la plus belle d’entre elles.

Tess lâcha un rire.

— Tu manques d’objectivité, mon amour.

— Peu importe, répondit Liv’ en remuant une main dans les airs, mon opinion est celle qui importe le plus, sourit-elle.

— Hmm... touchée. Un appart’ pour nous deux alors? Pourquoi ça ? Tu n’es vraiment pas bien ici ? ajouta Tess d’une voix craintive.

Liv’ la repoussa doucement contre l’oreiller avant de reprendre sa place auprès d’elle, posant son menton juste au-dessus de son sein.

— Je suis très bien ici, Tess, la rassura-t-elle en caressant ses côtes. Mais j’avais pensé... à quelque chose d’un peu plus grand et —

— Hé ! Il est grand cet appartement, répondit Tess d’un air boudeur.

— Il n’a qu’une chambre, Tess, rit Liv’.

— Et ? C’est très bien, pourquoi en aurait-on besoin d’une autre ? T’es enceinte ? ajouta-t-elle en plissant des yeux.

Liv’ se couvrit les yeux d’une main.

— Tess ! Arrête ! rit-elle. Et tu as peut-être de nombreux talents, celui-là n’en fait certainement pas partie.

— Peut-être parce qu’on n’a pas assez essayé, vint la réponse, taquine.

— Hmm, surement, lâcha Liv’ en levant les yeux au ciel, Tess savait être vraiment amusante lorsqu’elle le voulait, et elle aimait plus que tout participer à ses pitreries. Mais ce n’est pas comme ça que je m’y prendrais si je veux un bébé un jour...

— Et tu t’y prendrais comment, hum ? Au cas où tu l’aurais oublié, deux femmes qui veulent un enfant, ce n’est pas très légal en France...

— Oh je ne sais pas, sourit Liv’. Je pourrais aller voir le premier venu...

Elle sentit Tess se figer avant que sa voix ne lui parvienne.

— Ce n’est pas drôle, Liv’...

— Ah ? répondit la jeune femme avant de l’embrasser sur l’épaule. Serait-on un brin possessive ? taquina-t-elle.

Tess remua afin qu’elles soient allongées l’une en face de l’autre.

— Laisse-moi m’amuser à mon tour afin que tu comprennes ce que cela fait. Disons donc que l’on veuille un bébé... je pourrais... aller voir ton cousin tiens, il a les mêmes yeux que toi, un vert intense..., les même cheveux d’un noir de jais et un petit cul, hmmm...

— D’accord, d’accord, j’ai compris, l’interrompit Liv’ avant de venir l’embrasser furtivement. La première personne qui pose une main sur toi, je lui brise les os un à un...

Tess haussa les sourcils avant d’éclater de rire.

— On risque de perdre des clients à l’Afrodisiack alors.

— Hein ?! s’exclama aussitôt Liv’ en la dévisageant. Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?

Tess feignit un air blasé :

— Je t’en prie, ne me dit pas que tu n’as jamais eu à subir quelques mains baladeuses lorsque tu traverses la foule ?

— Oh, si, mais je les repousse à chaque fois ! Avec un bon coup de talon en prime si les dites mains se font trop insistantes...

Tess prit un air horrifié.

— Liv’ ! Tu veux que l’on se retrouve avec des plaintes sur le dos ?!

— Oh je t’en prie Tess, c’est exceptionnel, sourit la jeune femme avant de plisser des yeux. Tu ne les repousses pas toi ?

— Bien sûr que si, mais je retire juste leur mains ! Et bien souvent, ils me reconnaissent rapidement et s’excusent aussitôt. Quoiqu’un jour, il y en a une qui m’a sorti « oups désolée, je préfère votre copine de toute façon. » Aucune idée d’où ça vient ça ? demanda-t-elle en plissant les yeux à son tour.

— Mon corps de rêve ? rit Liv’. Oh allez Tess, c’est amusant, ajouta-t-elle en venant embrasser la jeune femme pour effacer son air boudeur.

Le baiser devint rapidement plus profond et Liv’ y  mit doucement fin en se reculant légèrement, la respiration rapide.

— Je crois qu’on ferait mieux de s’arrêter maintenant.

— Pourquoi ? souffla Tess en s’approchant de nouveau de ses lèvres.

— Parce que je suis dans la mauvaise période du mois...

Tess s’arrêta aussitôt avant de grimacer.

— Oh toi, tu sais arrêter les avances d’une femme, gémit-elle, provoquant le rire de Liv’. Bon, je vais devoir jouer avec Tommy alors.

— Tess ! Arrête d’appeler ce machin Tommy ! Et non, hors de question que tu l’utilises sans moi.

— Ah ? Hmm, mes petits doigts devraient faire l’affaire alors...

— Tess..., la prévint Liv’ en la faisant rouler sur le dos et en s’allongeant de nouveau sur elle. Stop ! Si je ne peux pas jouer, toi non plus. D’accord ?

— T’es pas drôle, marmonna la jeune femme avant de fermer les yeux de contentement lorsqu’elle sentit les doigts de Liv’ caresser la naissance de sa poitrine de chaque côtés de son corps. Bon, on parlait de quoi à l’origine déjà ? Ah oui, pourquoi veux-tu déménager alors ?

— Eh bien, répondit Liv’, je pensais surtout à nos proches, c’est toujours la galère lorsqu’ils veulent nous rendre visite.

Tess acquiesça de la tête.

— Tu as raison, la dernière fois que mes frères ont dû se partager le clic-clac du salon, ça a été...

— L’enfer, soupira Liv’. La télé s’en souvient...

— Ouaip, grimaça Tess. Il nous faut au moins deux chambres d’amis. 

— Et un balcon.

— Hmm, oh, et une cuisine américaine.

Liv’ fronça les sourcils.

— Tu ne cuisines jamais Tess, en quoi une cuisine américaine te serait-elle utile ?

— Je ne sais pas, j’ai toujours rêvé d’en avoir une..., répondit la jeune femme d’un ton boudeur, provoquant de nouveau le rire de Liv’. Alors c’est juste une question de grandeur qui te fait vouloir déménager ?

— Eh bien... non, pas vraiment. Ne me méprends pas, j’aime cet appartement et tout ce que l’on y a vécu restera à jamais gravé dans ma mémoire, mais... c’est le tien Tess. Peut-être pas dans ton cœur ni dans ta tête, mais tu l’as acheté toi-même, tout est à ton nom et...

— Et ?

— Et… j’ai envie d’un chez nous, d’un cocon qui soit entièrement à nous. Dans lequel on investirait toutes les deux. Tu vois ce que je veux dire ?

Tess hocha doucement la tête tout en redessinant les sourcils sombres du bout du doigt.

— Hmm, il est grand temps pour moi de laisser tomber mon appart’ d’étudiante, hein ? sourit-elle. Et de vraiment commencer à construire notre vie à deux...

Liv’ lui offrit un sourire chaleureux avant de venir l’embrasser avec une infinie douceur.

— Je t’aime, souffla-t-elle contre ses lèvres avant de reprendre sa place au creux de son cou.

Le silence les entoura et Tess sentit ses paupières se fermer doucement lorsque la voix de Liv’, à peine plus haute qu’un murmure, lui parvint à nouveau :

— Tess ?

— Hmm ?

— Tu voudrais avoir un bébé ?

Tess sentit un pincement désagréable se former aussitôt dans le creux de son ventre alors que son cœur se mettait à battre la chamade. L’hésitation dans la voix de Liv’ ne lui était pas passée inaperçue et elle redouta soudainement la conversation qui allait suivre.

Elle se racla maladroitement la gorge.

— Tu en veux un ?

— Tess..., ne répond pas à ma question par une autre question, s’il te plaît, soupira doucement Liv’ tout en tournant la tête pour observer le visage au-dessus d’elle.

Tess grimaça.

— Excuse-moi, répondit-elle. Si je veux un bébé..., eh bien...

Elle prit une profonde inspiration avant de lâcher, un air de regret sur le visage :

— Non. Je suis désolée.

Liv’ hocha doucement la tête.

— D’accord.

D’accord ? Tess fronça les sourcils.

— Toi ? demanda-t-elle avant de retenir sa respiration, les mots étant sortis avant qu’elle n’ait pu les retenir.

Liv’ eut un triste sourire.

— Soit je te réponds que oui... et tu t’en voudras d’avoir été honnête. Soit je te réponds que non... et tu sauteras probablement au plafond. Mais ce serait un mensonge de ma part, et je n’ai pas envie de tomber là-dedans.

— Je ne sauterais pas au plafond, répondit Tess en secouant la tête. Tu veux vraiment un bébé ? demanda-t-elle sincèrement.

Liv’ haussa les épaules.

— Peut-être pas maintenant, ni dans un an, ou deux..., mais je crois qu’un jour... Oui, j’aimerai avoir un enfant un jour.

— D’accord.

Liv’ haussa les sourcils.

— D’accord ?

— Oui, d’accord, répéta Tess en hochant la tête.

— Tess..., ce n’est pas parce que j’ai envie d’avoir un bébé que tu dois me répondre « oui » sachant que tu n’en as pas envie...

— Non ce n’est pas ça. Je veux dire... j’aime mes neveux et nièces, j’adore passer du temps avec eux —

— Ce n’est pas la même chose, la coupa Liv’. C’est même complétement différent. Un bébé...

— ... demande beaucoup d’attentions, de responsabilités, je sais. Et si c’est ce que tu désires...

Liv’ se redressa tout en secouant frénétiquement la tête.

— Je ne veux pas avoir un bébé Tess, je veux que nous ayons un bébé. Toi et moi. Toutes les deux. Mais je n’en veux pas si tu me dis oui uniquement parce que tu t’en voudrais de m’empêcher de réaliser ce rêve.

— Liv’, tu me connais à force, non ? Tu crois vraiment que je ferais ça ? demanda Tess d’un ton blessé. Il s’agit d’un être humain, pas du dernier DVD sorti, je pensais que tu avais plus d’estime que ça pour moi.

Liv’ sentit soudainement la culpabilité tomber sur ses épaules et elle se frotta maladroitement le sourcil. Bon sang, je déteste lui faire du mal. Elle voulut lui répondre, mais Tess la coupa aussitôt.

 — Le fait est que depuis que tu es entrée dans ma vie, tu me fais voir les choses différemment. Tu me donnes envie de plus.

Elle leva les mains avant de les laisser retomber à ses côtés.

— Bon sang, il y a encore quelques années, la dernière chose que je voulais, c’était de me caser. Toutes ces histoires de couples amoureux, de mariage... c’était comme un mythe pour moi. Je n’y croyais pas, et n’en avais pas envie... parce que ça ne m’était jamais arrivé, avant. Je ne savais pas ce que c’était. Mais maintenant... je t’ai toi, et j’ai envie... d’une famille. De ma famille.

Liv’ laissa un sourire apparaitre doucement sur ses lèvres alors que les paroles de Tess la touchaient en plein cœur.

— C’est vrai ? murmura-t-elle. Tu en voudrais vraiment un alors ?

Tess ne put retenir un rire.

— Liv’, regarde-toi, on dirait une petite fille qui demande la permission d’aller jouer avec ses copines plus tard.

Liv’ grimaça avant de demander, insistante :

— Alors ?

— Eh bien..., là, maintenant, tout de suite ? Non. J’ai envie de ne t’avoir rien qu’à moi pendant encore un moment, sourit timidement Tess. Mais dans quelques années... disons deux ou trois... oui, j’aimerais avoir un bébé... avec toi.

 Liv’ lui offrit un sourire empli d’émotion avant de venir l’embrasser.

— Merci, souffla-t-elle contre ses lèvres.

— Merci ? s’étonna Tess. C’est plutôt à moi de te remercier.

Liv’ secoua doucement la tête.

— Non, je suis la chanceuse dans l’histoire, j’ai la meilleure femme du monde...

Tess sourit.

— Je n’ai pas à me plaindre non plus, taquina-t-elle avant d’afficher un air boudeur. Mais à cause de toi, on ne peut même pas jouer avec Tommy pour célébrer tout ça.

— Tess arrête avec ça ! gémit aussitôt Liv’ en cachant son visage dans ses mains.

Tess rit doucement.

— Comment veux-tu que je l’appelle, alors ?

— Tess..., commença Liv’ avant de secouer la tête et de laisser tomber, sachant pertinemment que c’était peine perdue. Mais qui a dit que l’on ne pouvait pas jouer, hum ? ajouta-t-elle alors que l’une de ses mains descendait plus au sud et venait doucement griffer l’intérieur de la cuisse de Tess.

Tess se redressa aussitôt.

— Ah, ah, non ! Si je ne peux pas jouer, toi non plus. C’est toi qui même qui l’a dit !

Liv’ haussa un sourcil avant de préciser dans un sourire malicieux.

— Non, ce que j’ai dit, c’est que si je ne peux pas jouer, toi non plus. Pas l’inverse.

Tess plissa des yeux.

— Garde tes mains pour toi !

Liv’ ouvrit la bouche afin de protester avant de capituler :

— Bon, d’accord. J’ai plein de chose à faire aujourd’hui, de toute façon. Et toi..., elle l’embrassa doucement, ...dodo.

Tess l’embrassa à nouveau.

— Merci, répondit-elle tout en s’installant confortablement.

— Oh mais ne crois pas que j’ai dit mon dernier mot, sourit malicieusement Liv’ tout en sortant du lit et s’emparant de sa chemise de nuit. Hors de question que je ne m’amuse avec toi pendant toute une semaine. Attends un peu... je finirais par t’avoir.

Le grognement qui lui répondit l’amusa au plus haut point et, arrivée à la porte de la chambre, elle se retourna :

— Oh et Tess ? Je vais faire quelques courses... je t’achète des crayons de couleurs ?

L’oreiller qu’elle reçut passa à un cheveu de son visage et elle se dirigea vers la cuisine un sourire satisfait sur les lèvres, les paroles d’une chanson qu’elle avait écouté la veille repassant dans sa tête :

I had a pretty good day, but I'm looking forward tomorrow... to have a pretty good day.

Again.

 

- FIN -

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !

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