Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
⚢ Fictions lesbiennes ⚥
Mises à jour !

Nouveauté :
  FTF, STF ou TTF ? MPLC ! (One-shot bonus Le Bunker) de Claire_em

Projets en cours :
  ❂ Errance en co-écriture avec Claire_em (20% - 90 pages).
  ❂
εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

Publicité
⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juin 2012

Episode 6 : Et de trois...

Le matelas qui remuait sous elle, suivit d’exclamations de joie difficilement contenues poussèrent ses yeux à s’ouvrirent malgré elle. Les rayons du soleil filtrants à travers les stores baissés à moitié lui firent légèrement cligner des paupières, et elle se demanda un instant où elle se trouvait avant d’afficher inconsciemment un sourire sur ses lèvres lorsqu’elle perçut Sophia, assise entre les jambes de Tess, ses yeux bleu sombre grand ouverts afin de ne pas louper une miette de ce qui se passait à l’écran.

Liv’ retint un rire ; les enfants vous faisaient faire n’importe quoi, parfois. Trois mois déjà que Sophia avait enfin fait son entrée parmi le monde des vivants, et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait surpris Tess à déformer son visage ou faire des bruits plus invraisemblables les uns que les autres dans l’unique but de la faire rire.

Mais, cette fois-ci, ce qui amusait Liv’, c’était le fait que Tess avait revêtu Sophia d’un t-shirt à l’effigie de son équipe de basket préférée alors qu’elles regardaient le match en direct. Liv’ secoua la tête, Tess avait insisté pour que Sophia possède son propre t-shirt fait sur mesure — tout comme elle —, avec son prénom inscrit dans le dos, ainsi que le numéro 30 pour rappeler le jour de sa naissance. Liv’ pouvait encore voir la tête du vendeur lorsque sa moitié s’était lancée dans cette demande détaillée, et elle avait littéralement éclaté de rire, au grand dam de Tess pour qui le sujet était on ne peut plus sérieux.

Reprenant pied avec le présent, Liv’ tira légèrement sur le maillot noir et gris de Tess, puis attendit que cette dernière tourne la tête dans sa direction avant de prendre la parole.

— Dis donc, commença-t-elle en prenant appui sur un coude. C’est pas fini tout ce raffut ?

Tess afficha aussitôt un petit sourire coupable.

— Désolée, s’excusa-t-elle avant de prendre Sophia dans ses bras et la tourner vers Liv’. Hé mon cœur, regarde qui vient de rejoindre le monde des vivants. On lui dit bonjour, hein ?

Elle l’embrassa la petite joue arrondie avant de s’emparer du bras de Sophia et le remuer légèrement en direction de Liv’.

— Bonjour maman, chantonna-t-elle, ravie de voir Liv’ leur sourire franchement en retour.

Liv’ porta une main au ventre de Sophia qu’elle caressa doucement tout en venant l’embrasser sur le front.

— Bonjour mon cœur, souffla-t-elle avant de venir embrasser Tess. Et bonjour mon amour, aussi folle sois-tu, taquina-t-elle.

Tess lui tira la langue avant de venir lui voler un second baiser.

— Tu as bien dormi ? demanda-t-elle en reposant Sophia sur ses cuisses avant de venir lui chatouiller un petit pied.

Liv’ perçut son geste et haussa un sourcil.

— Tu es sûre que c’est à moi que tu poses la question ?

Tess leva les yeux au ciel avant de venir l’embrasser sur le bout du nez.

— Tu as bien dormi ? redemanda-t-elle doucement, à quelques centimètres de son visage.

— Hmm, comme un bébé, répondit Liv’ en venant frotter son nez contre celui de Tess. Elle a mangé ? ajouta-t-elle reportant son attention sur Sophia.

Tess acquiesça de la tête.

— Le biberon est d’ailleurs partit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, sourit-elle avant de poursuivre, le ton émerveillé, ses yeux turquoise brillant légèrement alors qu’ils plongeaient dans ceux de Liv’. J’adore la façon dont elle s’accroche à toi lorsqu’elle se nourrit, elle était toute lovée contre moi. C’est... indescriptible.

— Je suis contente que tu puisses le vivre toi aussi, répondit sincèrement Liv’ en glissant une main dans la sienne et entrelaçant leurs doigts tout en se recouchant contre les oreillers. Même si ce n’est pas complétement.

— Je t’enviais surtout quand elle était dans ton ventre, et que tu as pu la sentir des semaines avant moi, répondit Tess d’un air boudeur.

— Oh Tess..., souffla Liv’ avant de sourire. Hé, dis-toi au moins que tu as évité les douleurs dorsales, l’envie continuelle d’aller aux toilettes... oh, et, j’ai déjà mentionné le fait d’avoir l’impression d’être une baleine échouée sur un banc de sable ?

Tess rit doucement.

— D’accord, d’accord, je ne me plaindrai plus ! répondit-elle en levant les yeux au ciel. On partage au moins la fatigue, on n’a pas eu une nuit complète de sommeil depuis que cette petite chipie est arrivée, dit-elle en chatouillant le ventre de Sophia pour se voir aussitôt attraper les doigts. Ça m’étonnera toujours la force qu’elle a dans les mains, ajouta-t-elle d’un air surpris.

— Tu devrais pourtant le savoir, elle te mettait déjà des coups dans le nez avant même d’avoir fait son apparition, la taquina Liv’.

Tess lui tira la langue avant de venir embrasser la tête de Sophia.

— Je suis contente qu’elle ait tes cheveux, en tout cas, reprit-elle doucement. J’espère qu’elle aura tes yeux aussi.

— Non, murmura Liv’ en secouant la tête. Brune aux yeux bleus, elle va faire tourner les cœurs.

— Hmm, bah, peu importe, sourit Tess. Parce qu’elle sera magnifique, comme sa maman.

Liv’ haussa un sourcil.

— Laquelle ?

— Moi, bien sûr, taquina Tess avant de sursauter légèrement lorsque Liv’ la pinça au niveau des côtes. Hé, tiens-toi tranquille, la prévint-elle en plissant des yeux.

— Narcissique, répondit Liv’ en s’allongeant sur le dos.

— Jalouse, rétorqua aussitôt Tess.

Elles se mirent à rire avant de s’interrompre lorsque Sophia se mit à bailler furieusement.

— Oups, il est temps d’aller au dodo pour notre petite princesse, dit Tess en la tournant vers elle avant de se redresser. Je te donnerai les résultats du match lorsque tu te réveilleras, ajouta-t-elle dans un murmure complice.

— Tess..., rit aussitôt Liv’. Elle est bien trop jeune pour comprendre quoi que ce soit à ces... San Antonio machin truc et...

— Les San Antonio Spurs Liv’, la coupa Tess en soupirant, s’arrêtant à ses côtés pour que cette dernière puisse embrasser Sophia avant qu’elle ne l’installe confortablement dans son lit de bébé. Et les Boston Celtics. Mais eux, tu peux les oublier, précisa-t-elle dans un sourire carnassier en prenant soin de bien remonter la couverture avant d’embrasser Sophia à son tour.

Elle rejoignit Liv’ sur le lit et, à peine installée contre les oreillers, cette dernière vint aussitôt se glisser dans ses bras avant de s’emparer de la télécommande qui reposait non loin d’elles et éteindre le téléviseur.

— Liv’ ! s’exclama aussitôt Tess d’un ton outré.  C’était les San Antonio Spurs !

Liv’ leva les yeux au ciel avant de venir lui voler un baiser.

— Non, lui répondit-elle d’un ton ferme mais néanmoins doux. Tu devrais faire une sieste toi aussi, Tess, expliqua-t-elle en retraçant des cernes d’un doigt léger. Tu as l’air exténué. Et je sais que tu enregistres le match.

— Mais ce n’est pas pareil quand ce n’est pas en direct, bouda Tess. Et je ne suis pas fatig —, poursuivit-elle avant de lâcher un gros bâillement. Et merde, rit-elle. Piégée hein ?

Liv’ hocha la tête tout en ricanant.

— Exactement, dit-elle avant de reprendre son sérieux, son index venant caresser une lèvre inférieure. Dors Tess, Sophia semble partie pour quelques heures au moins, et demain, boulot...

— Humpf, stupide société que ne m’a pas accordé de congé maternité..., marmonna Tess en se frottant les yeux. T’as eu trois mois toi en plus, bouda-t-elle à nouveau.

— Et encore une semaine, la charia Liv’ en s’installant plus confortablement contre elle.

— Mais arrêteuh, gémit Tess en accentuant son air boudeur.

Liv’ rit doucement avant de venir lui voler un autre baiser.

— D’accord, d’accord, s’inclina-t-elle. Mais tu viens d’avoir une semaine pour noël et le nouvel an, et je ne crois pas que tu sois jalouse de ce par quoi j’ai dû passer pour mettre Sophia au monde...

Tess afficha un petit sourire en coin alors que les images repassaient dans son esprit.

 

Liv’ se réveilla subitement tout en portant ses mains à son ventre.

— Tess ? appela-t-elle tout en jetant un œil au réveil.

4h56. Elle grogna intérieurement. Elle va me détester.

— Tess ? appela-t-elle à nouveau en venant doucement caresser le visage endormi lorsqu’aucune réaction ne lui parvint.

La forme ensommeillée remua légèrement avant de lâcher un bref « Hmm ? » tout en se réinstallant plus confortablement contre l’oreiller. Liv’ leva les yeux au ciel avant de la secouer un peu plus brusquement.

— Tess, réveille-toi s’il te plaît, murmura-t-elle dans un ton d’urgence.

— ‘kay, ‘kay, répondit finalement Tess d’une voix rendue rauque par le sommeil. Qu’ess’ quisse passe ?

Liv’ soupira de soulagement avant de se mordre la lèvre.

— Un contraction, elle m’a réveillée.

— C’est vrai ? s’exclama aussitôt Tess en s’asseyant, clignant des yeux face au vertige qu’elle ressentit à s’être redresser aussi brusquement. Mais on n’est même pas au mois d’Octobre!

Liv’ haussa les sourcils devant son air affolé avant de laisser sa tête retomber contre son épaule.

— Tess..., rit-elle nerveusement en venant glisser ses mains dans le cou au-dessus d’elle. S’il te plaît amour, si tu paniques toi aussi, je ne vais jamais m’en sortir.

Tess l’entoura aussitôt de ses bras afin de la serrer plus contre elle.

— Désolée, souffla-t-elle en embrassant les cheveux bruns. Qu’est-ce qu’on fait ? On appelle Morgane ?

— Non, on attend, soupira Liv’. Elle a dit qu’il n’y avait aucune raison de la prévenir avant que les contractions ne soient espacées de huit minutes ; c’est peut-être une fausse alerte.

— Tu crois ? demanda Tess tout en se mordant la lèvre.

Liv’ se recula légèrement et tendit une main afin d’allumer la lampe de chevet. Elles clignèrent un instant des yeux avant de s’habituer enfin à la nouvelle luminosité.

— Je ne sais pas, même si je sens que depuis hier, ça travaille.

— Je sais, répondit simplement Tess en venant caresser son ventre.

— Tu sais ? s’étonna Liv’.

Tess lui sourit doucement.

— Je sais que je suis la pipelette du couple, dit-elle en venant lui voler un baiser. Mais tu étais étonnement silencieuse hier, ça ne te ressemble pas.

Liv’ lui offrit un sourire penaud avant de prendre une soudaine inspiration.

— Ça va ? s’inquiéta aussitôt Tess.

— Oui, répondit Liv’ en hochant la tête. Elles sont gérables, ça va.

— La première a eu lieu à quelle heure ?

Liv’ jeta un œil au réveil avant de répondre.

— Il y a onze minutes, dit-elle avant de venir l’embrasser chastement. Tu peux te recoucher si tu veux, je vais prendre une douche.

Tess haussa aussitôt les sourcils.

— Me recoucher ? s’exclama-t-elle. Tu vas peut-être accoucher d’une minute à l’autre, la dernière chose que j’ai envie de faire c’est dormir !

Liv’ lâcha un rire alors qu’elle descendait du lit et s’approchait de l’armoire.

— Ça peut prendre des heures pour un premier enfant Tess, dit-elle en sélectionnant des vêtements propres. Et puis, je ne sais pas, je sens que ce n’est pas pour tout de suite. Elles sont espacées et peu douloureuses.

— Humpf, répondit Tess en sautant du lit avant de venir la prendre dans ses bras. Peu importe, on s’est promis de faire ce voyage à deux, alors je ne te lâche pas d’une semelle.

Liv’ haussa un sourcil et Tess grimaça aussitôt, se rappelant soudainement qu’elle pouvait y perdre la vie si elle ne faisait pas attention à ses paroles. Stupides hormones. Stupides hormones. Stupides hormones.

— Enfin, façon de parler, précisa-t-elle. File prendre ta douche, je vais nous préparer le petit déjeuner.

Liv’ lui sourit tout en venant l’embrasser.

— C’est mieux, merci mon cœur.

 💕

— Ça n’avance pas, hein ? soupira Tess depuis sa place sur le lit, ses doigts frôlant légèrement le ventre de Liv’.

Une fois la douche et le petit déjeuner terminé, elles s’étaient bien vite trouvées à tourner en rond. Les contractions étaient toujours là mais irrégulières et peu douloureuses, ou du moins, Liv’ déclarait les supporter facilement. Elles avaient alors décidé de retourner se coucher histoire de récupérer le manque de sommeil du matin même, seulement, après cette petite sieste, il ne se passait rien de nouveau.

— Elle va venir Tess, la rassura Liv’ en passant une main dans les cheveux clairs. Il faut juste être un peu patiente.

— Humpf, je ne sais pas comment tu fais, marmonna Tess d’un air boudeur.

Liv’ rit doucement avant de reposer le journal du matin qu’elle était en train de lire. Tess paraissait comme une petite fille la veille de noël, elle trouvait ça adorable.

— Surement parce que je redoute un peu l’accouchement, et que je sais que de toute façon, elle sera là dans les jours prochains quoi qu’il arrive. Ça viendra vite.

Tess lui sourit avant de venir l’embrasser.

— Et les contractions, ça va mieux ?

— Eh bien... elles semblent disparaître dès que je suis assise ou allongée sur le côté.

Tess lui offrit un regard perplexe.

— Et... c’est normal ?

— Tess..., gémit aussitôt Liv’. Ne viens pas me faire plus flipper que nécessaire.

— Désolée, grimaça Tess avant de porter une main sur son ventre.

Son visage s’illumina aussitôt.

— Hé, elle est active ce matin ! s’exclama-t-elle alors qu’elle sentait la petite vie bouger sous ses doigts.

— Hmm, acquiesça Liv’ dans un sourire. Elle s’est réveillée il y a peu.

Elle tendit une main vers la table de chevet et s’empara de son iPhone qu’elle passa à Tess.

— Tu veux bien appeler Morgane et lui parler de cette histoire de contraction qui s’arrête ? demanda-t-elle tout en se redressant. J’ai envie d’aller marcher un peu aussi, ça fera peut-être avancer le travail.

Tess chercha aussitôt le numéro dans le carnet d’adresse tout en la suivant à son tour.

 💕

— Oh j’en ai marre ! s’exclama Liv’ en portant ses mains à son visage après une nouvelle contraction. Deux heures sans rien, et voilà qu’elles reviennent de nul part et me font un mal de chien, gémit-elle.

Tess lui tendit un grand verre de lait avant de s’assoir à ses côtés sur le canapé. Sa lèvre inférieure coincée entre ses dents, elle posa ses mains sur le ventre arrondi et le massa doucement dans l’espoir de soulager Liv’.

— Je peux faire quelque chose ? demanda-t-elle, désemparée.

— Non, soupira Liv’ en portant le verre à son front après en avoir pris une gorgée. Enfin si, tu veux bien rappeler Morgane et lui expliquer ?

Tess hocha la tête avant de s’emparer du téléphone et effectuer l’appel dans la cuisine afin d’offrir un peu de repos à Liv’. Elle revint auprès d’elle une dizaine de minutes plus tard et s’empara aussitôt de sa main avant de la porter à ses lèvres.

— Elle a décidé de venir à la maison pour faire le point, lui dit-elle doucement tout en embrassant ses doigts.

— Vraiment ? s’étonna Liv’. Oh non, c’est dimanche Tess, je suis sûre que c’est rien en plus et...

— Shhh, l’interrompit Tess en caressant la paume de son pouce. Elle a insisté pour venir, t’en fais pas.

— D’accord, soupira Liv’ avant de se mordre la lèvre, observant Tess d’un air hésitant.

Elle prit finalement une profonde inspiration avant de donner voix à ses pensées :

— Tu crois que c’est une mauvaise idée ?

Tess fronça les sourcils, confuse.

— De quoi ?

— De vouloir accoucher ici...

Tess vint aussitôt l’embrasser doucement sur les lèvres dans l’espoir de faire disparaitre son air incertain. Lorsque Liv’ lui avait fait part de son envie d’accoucher à domicile quelques jours après avoir appris qu’elles étaient enceintes, Tess avait été catégorique ; c’était « non », et il n’y avait pas à discuter. Après tout, pourquoi "prendre des risques" alors que les hôpitaux étaient proches, nombreux, et que tout y était prévu pour que les accouchements se passent dans des conditions maximales de sécurité, pour la mère et pour l'enfant ? Pourquoi vouloir à tout prix refuser les bienfaits de la médecine ?

La dispute qui s’en était suivie, l’une des plus grosses qu’elles n’avaient jamais connues, lui avait un instant fait regretter ses paroles, avant qu’elle ne reste fermement sur sa décision. Accoucher à domicile était beaucoup trop dangereux, et ce même s’il y avait présence d’une sage-femme. Car même si elle se refusait d’y penser, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de se dire que le risque zéro n’existait pas, et que si quelque chose tournait mal... un accouchement à domicile n’apportait pas la sécurité qu’un hôpital pouvait fournir en réagissant vite, avec les outils nécessaires.

Le sujet s’était alors tari, jusqu’à ce qu’elle découvre Liv’ assise sur le lit un matin où elle rentrait du travail, son ordinateur portable sur ses genoux et tout un tas de papiers éparpillés autour d’elle. Tess avait d’abord été surprise, avant de soupirer de lassitude, puis finalement laisser Liv’ s’expliquer sur pourquoi elle avait fait ce choix. Après des heures de lecture et de discussion, Tess s’était finalement laissé convaincre... à rencontrer la sage-femme qui s’occuperait d’elles si elle acceptait la demande de son épouse.

Tess sourit, elle avait donné son accord juste après leur premier rendez-vous. Là où certaines femmes étaient rassurées par la médicalisation qui entourait leur accouchement, elle avait fini par comprendre que Liv’ l’était par un accouchement vécu dans un lieu familier, entourée de personnes connues et aimées. Liv’ lui avait ensuite expliqué qu’elle désirait participer activement à la naissance, et non avoir la sensation d’être juste passive, ce qu’elle ressentirait dans un hôpital. Elle pensait également que Tess trouverait sa véritable place lors de la  naissance, puisqu’elle serait pleinement impliquée dans la préparation et l’arrivée de leur enfant.

De plus en plus persuadée, Tess devait tout de même avouer que ce qui l’avait définitivement convaincue à mettre ses appréhensions dans un tiroir et suivre les envies de Liv’ avaient été les quelques études qui avaient été faites à ce sujet. L’accouchement à domicile n’était pas plus dangereux qu’à l’hôpital, et le nombre de dépressions post-partum avaient d’ailleurs tendance à être inférieur. La sage-femme lui avait ensuite assurée que l’accouchement à domicile ne pouvait se faire que si la naissance ne présentait aucun risque particulier connu, et qu’elle viendrait avec un kit de réanimation pour l’enfant et la mère au cas où, un appareil de monitoring portatif permettant de suivre l’état cardiaque du bébé au cours de la naissance, ainsi que des produits de perfusion permettant de faire face aux principales complications possibles. Sans compter l’ambulance qui serait prête à intervenir le jour de l’accouchement.

— Je trouve que c’est une merveilleuse idée, souffla finalement Tess contre les lèvres de Liv’ avant de venir caresser sa joue. Mais si tu veux changer d’avis, ce n’est pas grave, on peut toujours le faire.

Liv’ secoua frénétiquement la tête.

— Non, répondit-elle. Je vais juste avoir besoin de toi lorsque le moment fatidique arrivera. Il est possible que je sois complètement flippée, ou que je te reproche tout, jusqu’à la mort de John Lennon. (Elle grimaça.) Je suis désolée d’avance.

Tess rit doucement avant de venir l’embrasser sur le front.

— Je te laisserai faire sans me plaindre, promis.

Liv’ s’apprêtait à répondre lorsqu’une nouvelle contraction la poussa à serrer la main qu’elle tenait dans la sienne.

— Oh bon sang, soupira-t-elle une fois la douleur passée.

— Dix-sept secondes, grimaça Tess. Et elles ont l’air d’être de plus en plus douloureuses. Bon sang, j’ai déjà mal aux doigts, qu’est-ce que ça va être pendant l’accouchement ? Pensa-t-elle avant de grimacer. Bien sûr, ce ne sera rien par rapport à ce que Liv’ devra supporter.

 💕

— Son cœur bat très bien, répondit Morgane, les sourcils légèrement froncés de concentration avant de leur sourire. 

Elle retira doucement la ceinture dotée des deux capteurs puis rangea l’appareil de monitoring avant de se déplacer aux pieds du lit. Elle enfila une paire de gant puis écarta doucement les jambes de Liv’ afin de lui faire un toucher vaginal.

— Hmm, les contractions ont commencées il y a combien de temps exactement ? demanda-t-elle en jetant un rapide coup d’œil à Liv’ avant de se reconcentrer sur le col.

Tess jeta un rapide coup d’œil au réveil.

— Dix heures maintenant.

— Et elles vont crescendo en ce qui concerne l'intensité de la douleur, ajouta Liv’ en se grattant le front avant de légèrement replacer son peignoir.

Morgane hocha la tête tout en se redressant.

— Le col est complètement effacé, ouvert à trois. Et la poche des eaux est bien bombée.

— Alors pourquoi est-ce que ce fichu monitoring ne montre rien ? soupira Liv’ alors que ses yeux s’embuaient.

Tess vint aussitôt glisser une main dans ses cheveux alors qu’elle observait elle aussi Morgane dans l’attente.

— On n’insulte pas mon matériel, madame, taquina cette dernière en se redressant et retirant ses gants. Je n'ai pas besoin du monito pour voir que le travail a commencé et que tu as bien des contractions, le col le montre.

Elle s’assit sur le bord du lit et posa sa main sur le bras de Liv’ qu’elle caressa doucement.

— Les capteurs ne discernent pas toujours les contractions, ça arrive, poursuivit-elle d’un ton plus doux. Tout se déroule comme prévu, ne t’en fais pas.

Liv’ lui offrit un faible sourire avant d’afficher un air appréhensif lorsqu’elle vit Morgane les observer elle et Tess à tour de rôle.

— Quoi ? demanda-t-elle en se redressant.

— Sa tête est encore haute, alors...

Liv’ se laissa aussitôt retomber contre les oreillers.

— Alors ça risque de durer encore longtemps, soupira-t-elle en se couvrant les yeux d’un bras.

— C’est possible, mais tu es bel et bien en début de travail. Par contre, les contractions vont être plus douloureuses maintenant.

Tess vint se frotter le menton de sa main libre.

— Tu n’as pas d’autres bonnes nouvelles ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

— Hé, répondit Morgane en lui mettant une petite tape sur le bras. Votre fille sera là ce soir, ou demain matin au plus tard, c’est pas une bonne nouvelle ça ?

— Demain ?! s’exclama aussitôt Liv’ en se dégageant les yeux. Et après, il y en a qui disent que la nature est bien faite. Oh bon sang, j’en ai déjà marre de souffrir.

Morgane se redressa et rassembla ses affaires qu’elle déposa dans un coin de la chambre avant de leur faire à nouveau face.

— Je ne pense pas qu’il faudra attendre aussi longtemps, dit-elle en venant libérer ses longs cheveux châtains de leur élastique. Assis toi en tailleur, marche, ça aide à accélérer l’ouverture du col. Sinon, je suis désolée, mais tu n’as d’autres choix que d’attendre. 

Liv’ soupira tout en récupérant le journal qu’elle avait laissé sur la table de nuit.

— Super.

 💕

— Ça fait combien de temps là ? gémit Liv’ après une contraction bien douloureuse.

— Tu veux dire, depuis la dernière fois que tu me l’as demandé ? demanda Tess en pliant et dépliant ses doigts douloureux.

Liv’ lui jeta aussitôt un regard noir et elle se mordit la langue pour ne pas avoir fait attention à ses paroles. Elle s’apprêtait à rectifier le tir lorsque le rire de Morgane l’interrompit, la sage-femme entrant de nouveau dans la chambre un verre d’eau dans la main.

— Tiens, dit-elle en le passant à Liv’. Et ça fait une heure que j’ai vérifié ton col.

Liv’ soupira.

— Bon, au moins, heureusement qu’elles sont espacées ces fichus contractions..., dit-elle avant de se repositionner pour que Morgane puisse de nouveau lui faire un touché. Alors ? demanda-t-elle, les doigts croisés.

La réponse lui parvint après quelques secondes :

— Quatre centimètres, et la tête est un peu descendue.

— Un centimètre en une heure..., je vais mourir, gémit aussitôt Liv’ en se couvrant le visage des mains.

Tess vint l’embrasser sur le front avant de venir murmurer à son oreille :

— Ça va aller mon amour, tu t’en sors à merveille.

Liv’ remua de nouveau de manière à ce que sa tête repose sur les cuisses de Tess et elle retira ses mains pour les poser sur son ventre rond.

— Désolée pour tout à l’heure, dit-elle d’un air penaud. Je ne peux pas m’en empêcher, et j’ai l’impression que ça va être de pire en pire. Je crois que tu vas vouloir divorcer une fois que tout ça sera terminé.

Tess rit doucement avant de venir l’embrasser de nouveau sur le front.

— Jamais, souffla-t-elle avant de venir glisser ses doigts dans les mèches brunes.

Liv’ ferma automatiquement les yeux avant de les rouvrir et afficher un tout petit sourire.

— Merci pour les bougies et la musique douce, souffla-t-elle du bout des lèvres.

Tess sourit. Les lumières tamisées procuraient une sensation d’intimité qui avait quelque chose d’à la fois harmonieux mais surtout rassurant. Juste notre petite famille, et rien d’autre, pensa-t-elle d’un air satisfait.

— Tu aimes ? demanda-t-elle, un sourcil haussé alors qu’elle connaissait déjà la réponse.

— C’est parfait, murmura Liv’ avant de dévier son regard vers leur sage-femme qui avait pris place dans le fauteuil faisant le coin, juste à côté de la fenêtre. Désolée Morgane de t’avoir fait déplacer un dimanche, et de te faire poiroter... alors que si ça se trouve, j’accoucherai demain.

 Morgane reposa son livre de mots croisés avant de venir prendre place sur le rebord du lit, à côté d’elle.

— C’est mon travail, t’en fais pas, dit-elle en posant une main sur la sienne. Et puis..., je règlerai mes comptes avec Sophia une fois qu’elle aura pointé le bout de son nez, taquina-t-elle dans un clin d’œil.

Liv’ lâcha aussitôt un rire avant serrer soudainement des dents tout en s’emparant à nouveau de la main de Tess.

— Souffle, lui murmura aussitôt Tess en caressant ses cheveux. Souffle, voilà... 

— Elles sont plus rapprochées maintenant, nota Morgane après un rapide coup d’œil à sa montre.

— Et vraiment plus douloureuses, gémit Liv’ en reprenant son souffle. Elles me font très mal.

Tess offrit un regard désemparé à Morgane qui se leva du lit et s’empara du ballon qu’elle installa au milieu de la pièce. Elle revint ensuite vers le lit et avec l’aide de Tess, elles aidèrent Liv’ à se lever pour venir s’y assoir.

— Tu es bien installée ? demanda Morgane.

Liv’ hocha la tête et elle vint l’embrasser sur la tempe.

— Allez ma belle, c’est la dernière ligne droite. Souviens-toi, on fait la petite bougie et la bascule du bassin...

Liv’ parvint à trouver un faible sourire au milieu de la douleur et commença le rituel qu’elle avait appris lors des nombreux cours de préparation à la naissance, soulagée de voir aussitôt Tess s’installer devant elle. Liv’ lui serra les mains durant chaque contraction pendant que Morgane lui massait le dos.

— Tu t’en sors comme une reine, mon amour, lui murmura Tess alors qu’elle venait embrasser ses doigts.

— Ah ? souffla Liv’. Je commence surtout à me dire que si j’avais su, je t’aurais laissé la porter, moi, lâcha-t-elle dans une tentative d’humour tout en continuant à se concentrer afin de supporter la douleur.

Tess et Morgane se mirent aussitôt à rire.

— C’est quoi cette odeur ? demanda Liv’ après quelques minutes d’un confortable silence.

— De l’huile de rose, répondit Morgane alors qu’elle continuait son massage. Ta femme est définitivement romantique.

— Elle l’est, sourit Liv’ avant de fermer les yeux et inspirer profondément.

Morgane fronça légèrement les sourcils avant d’ajouter :

— Tu préfères peut-être qu’elle te masse ?

— Non, répondit aussitôt Liv’ en secouant la tête. J’ai besoin qu’elle reste là, devant moi.

Tess répondit par un baiser sur la main qu’elle tenait dans la sienne avant de sourire lorsqu’elle croisa les yeux verts émeraude, soufflant un « je t’aime » qui lui fut aussitôt répondu.

— D’accord, sourit Morgane avant d’accentuer un peu plus la  pression sur le dos de Liv’. Et on n’hésite pas à être bruyante, mademoiselle, ça facilite l’oxygénation du bébé et l’ouverture du col.

— Ah ça, elle sait faire, être bruyante, taquina Tess dans un regard empli de sous-entendus avant de fermer brusquement la bouche, appréhensive.

Elle fut rassurée et attendrie de voir Liv’ simplement rougir furieusement, la trouvant une fois de plus terriblement craquante dans son embarras.

— Je n’ai pas envie de savoir ce genre de chose, Tess, rit Morgane en poursuivant son massage. Et d’ailleurs, ça marche encore mieux lorsque la moitié s’y met elle aussi, ajouta-t-elle dans un regard appuyé. Alors Tess, prête à nous faire découvrir ta jolie voix ?

— Ah ça, elle sait faire, être bruyante, répondit à son tour Liv’ dans un regard suggestif.

Tess marmonna quelque chose d’incompréhensible avant d’obtempérer, une légère rougeur se répandant sur ses traits à son tour.

 💕

— Oh bon sang, j’ai trop mal, renifla Liv’, les joues couvertes de larmes. C'est pas possible, j'y arriverai jamais, Tess...

— Shhh, répondit Tess en passant le jet d’eau chaude sur son ventre puis dans son dos. Bien sûr que si tu peux le faire, ça va aller, je te le promets, poursuivit-elle alors qu’elle sentait sa gorge se nouer.

Les contractions s’étaient rapprochées pour finir par s'enchaîner désormais, et Liv’ les ressentait à présent dans le ventre et dans les reins pour la première fois. Tess n’avait pas besoin d’être un génie pour deviner que la douleur était insupportable, tant Liv’ ne cessait de pleurer depuis tout en poussant des râles de temps à autres. Elle ne s’était jamais sentie aussi démunie de toute sa vie.

— Le lit est prêt et le chauffage est en route, déclara Morgane en entrant à nouveau dans la salle de bain.

— J’y arriverai pas Morgane, pleura de nouveau Liv’ depuis sa position à quatre patte. J'ai trop mal, peu importe comment je me mets, ça fait trop mal... je n’y arriverai jamais, je n’ai plus de force.

Morgane vint s’agenouiller aux côtés de Tess et encadra le visage de Liv’ de ses mains, caressant ses joues de ses pousses.

— Tu peux le faire, Liv’, lui dit-elle fermement en la regardant droit dans les yeux. Après tout ce travail, il ne te reste plus que cette étape pour finir de la mettre au monde. C’est bientôt terminé, juste encore un peu d’effort, et ensuite, tu pourras enfin tenir votre fille dans tes bras, d’accord ?

Liv’ se passa une main sur le visage avant de relâcher un soupir tremblant.

— Je suis tellement fatiguée... j'ai faim, et je veux que ça se termine, vite.

— Je sais, répondit Morgane d’un air compatissant. Allez viens, on va t’installer sur le lit.

Liv’ hocha la tête avant de se redresser péniblement, soulagée de voir Tess lui donner de nouveau ses doigts qu’elle broya allègrement à chaque contraction. Malgré le nuage de douleur dans lequel elle flottait, elle pouvait néanmoins dire que cette dernière était stressée, Tess ne le lui montrait pas, mais Liv’ la connaissait. Elle buvait chacune de ses paroles sans savoir quoi y répondre, mis à part des « je t'aime » et des « tu es courageuse, mon amour, c'est bientôt terminé. » Prenant une profonde inspiration, elle glissa une main sous le menton de Tess afin de lui faire relever la tête. Tess, qui était en train de l’essuyer à l’aide d’une serviette de bain lui offrit aussitôt un air inquiet.

— On va y arriver, d’accord ?

A peine eut-elle terminée sa phrase qu’elle se demanda si elle cherchait réellement à rassurer Tess ou à se rassurer elle-même. Tess se redressa aussitôt et vint la prendre dans ses bras avant de l’embrasser sur le front.

— Bien sûr que l’on va y arriver, murmura-t-elle d’un ton résolu. Ensemble.

— Ensemble, répéta Liv’ d’une voix tremblante. Je ne pourrais rien faire sans toi, Tess. Je ne serais pas là sans toi, renifla-t-elle. Je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui si je n’avais pas débarqué dans ce nouveau lycée il y a dix-sept ans.

Tess relâcha un rire empli d’émotion et l’embrassa légèrement.

— Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui non plus si je ne t’avais pas rencontré ce jour-là, Liv’, murmura-t-elle sincèrement au creux de son oreille tout en les dirigeant doucement vers la chambre. Tu as changé ma vie, tu l’as rendue parfaite. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, souffla Liv’ avant de s’arrêter de nouveau lorsqu’une nouvelle contraction fit son apparition.

Le reste du chemin fut tout aussi pénible, Tess lui murmurant des paroles réconfortantes tout en lui apportant son soutien total. Après de longues minutes, Liv’ put enfin s’allonger sur le lit et elle ne put retenir de nouvelles larmes tant elle n’eut plus aucun répit.

— Elles ne s’arrêtent plus Tess, gémit-elle en serrant des dents. Oh bon sang, j'ai mal, j’ai tellement mal au dos...

Tess commença à masser la partie en question, mais vu les râles de Liv’ qui allaient crescendo, elle sut aussitôt que son intention était futile.

— Continue, lui dit Morgane alors qu’elle s’apprêtait à arrêter. La douleur ne partira plus mais le frottement lui fera quand même un peu de bien.

Tess hésita mais poursuivit lorsqu’elle vit Liv’ hocher frénétiquement la tête. Elle s’écarta un instant lorsque Morgane mit de nouveau en place le monitoring afin de pouvoir suivre l’état cardiaque du bébé ainsi que les contractions désormais visibles, puis observa la sage-femme dans l’attente lorsque cette dernière ausculta de nouveau de Liv’.

— Le col est ouvert à huit.

— Et ? demanda Liv’ alors qu’elle haletait désormais comme un petit chien. Je dois pousser Morgane, je n’arrive pas à m’en empêcher.

— D’accord, dit Morgane en s’agenouillant entre ses jambes. Je peux percer la poche des eaux...

— Non, la coupa aussitôt Liv’ en secouant frénétiquement la tête. Fais le uniquement si c’est indispensable, je veux un accouchement entièrement naturel.

— D’accord, acquiesça Morgane. Mais si tu as vraiment besoin de pousser, je n’ai d’autres choix que de devoir venir t’aider à terminer l’ouverture ton col.

Liv’ prit une profonde inspiration et serra un peu plus la main de Tess avant d’hocher la tête. Morgane inséra aussitôt sa main quasi entière et Liv’ serra des dents avant de lâcher une plainte venue du fond de ses entrailles, poussant aussitôt Tess à s’inquiéter plus encore alors que son estomac se nouait d’avantage.  

— Désolée, grimaça aussitôt Morgane. Bien, maintenant, je veux que tu pousses tout doucement, d’accord ?

Liv’ hocha la tête avant de se laisser retomber contre les oreillers, un long soupir s’échappant de ses lèvres.

— Oh bon sang de merde, dit-elle en se passant une main sur le visage.

Tess haussa aussitôt les sourcils, son regard passant alternativement de Liv’ a Morgane.

— Liv’ ? appela-t-elle, la panique montant en elle.

— Les contractions viennent de s'arrêter, expliqua Liv’ alors qu’elle reprenait sa respiration, son pouce caressant la main de Tess en des cercles rassurant.

— Et c’est normal ? demanda aussitôt Tess en déviant son regard vers Morgane.

Morgane hocha la tête tout en caressant les jambes de Liv’ en des allées et venues régulières.

— C’est même très bon signe, répondit-elle. Son corps veut qu’elle veut se repose avant la délivrance. C’est grâce à cette pause qu’elle va pouvoir reprendre des forces.

— Je crois bien que je vais m’endormir, marmonna Liv’ alors qu’elle sentait des gouttes énormes couler de son front, dans son dos. J’ai plus de force, je suis toute molle.

Tess s’empara d’un linge humide qui reposait dans une bassine sur la table de chevet et le passa doucement sur le visage de Liv’, cette dernière soupirant aussitôt d’aise.

— Oh merci, ronronna-t-elle de bonheur. Je commençais à avoir tellement chaud que j’ai l’impression d’être en train de cuir.

Morgane sourit avant d’hausser un sourcil.

— Tu as toujours envie de pousser ?

Liv’ hocha la tête tout en se redressant et Tess se positionna aussitôt derrière elle avant de prendre ses mains dans les siennes. 

— D’accord, reprit Morgane. A partir de maintenant, tu vas devoir gérer les contractions différemment, je veux que tu visualises le chemin que doit prendre Sophia et que tu concentres ton expiration sur sa sortie.

— O.K., soupira Liv’ en hochant la tête.

— Bien, sourit Morgane avant de jeter un œil au monitoring pour savoir quand la contraction allait arriver. Je veux que vous poussiez doucement..., maintenant.

Liv’ inspira profondément, puis retint sa respiration et commença à pousser avec l’aide de Tess, leurs visages si proches que cette dernière pouvait sentir la peau humide contre la sienne, et les inspirations rapides que Liv’ prenait une fois qu’elle n’avait plus la force de pousser.

— Ça va ? souffla-t-elle aussitôt à son oreille.

— Oui, répondit Liv’ en hochant la tête alors qu’elle reprenait sa respiration. Je sens la tête qui descend, ça soulage.

— J’imagine, sourit Morgane en caressant les jambes tremblantes à sa portée. C’était parfait Liv’, je veux que tu continues comme ça pour les suivantes, d’accord ? On peut apercevoir ses cheveux, ajouta-t-elle en s’emparant du miroir pour qu’elles puissent voir à leur tour.

Tess sentit aussitôt l’émotion la gagner, aussi bien à la vue qu’au moment de calme et d'intimité.

— Elle a tes cheveux, souffla-t-elle d’un air ébahi. Elle en a tout plein.

— J’espère qu’elle aura tes yeux, répondit aussitôt Liv’ en venant l’embrasser furtivement avant de grimacer. La contraction arrive.

— Fais comme tout à l’heure, répondit Morgane. Doucement, d’accord ? Tout doucement. 

Liv’ hocha la tête puis poussa et souffla en même temps, sentant aussitôt le bébé qui arrivait, ainsi que les encouragements que Tess lui soufflait à l’oreille.

— Urgh ça fait mal, gémit-elle soudainement tout en s’arrêtant. Ça brûle.

— Elle arrive, répondit Morgane en lui caressant le genou. Allez Liv’, pousse une dernière fois, et elle sera dans tes bras, d’accord ?

Liv’ hocha la tête et avant de pousser lorsqu’elle sentit la contraction arriver.

— C’est bien, encouragea doucement Morgane avant de sourire. La tête est sortie. Allez les filles, encore un peu et elle sera là.

Liv’ utilisa ses dernières forces avant de sentir la poche des eaux éclater et le reste du petit corps suivre tout seul. Elle se laissa retomber contre Tess avant de commencer à pleurer lorsqu’elle entendit Sophia prendre sa première respiration puis pleurer à son tour, lui faisant aussitôt oublier toute la douleur par laquelle elle venait de passer. Mon bébé. Notre bébé...

— Elle est là Liv’, murmura aussitôt Tess d’un ton stupéfait alors qu’elle se redressait légèrement pouvoir la voir, ses mains caressant le ventre arrondit en des cercles apaisants.

— Et oui, elle est là, sourit Morgane en venant la déposer sur le ventre de Liv’ avant de venir les couvrir avec des serviettes et une grosse couette. Je vous présente Sophia Tassandra Sanchez Chevalier, née le 30 septembre à 20h17.

— Elle est magnifique Tess, renifla Liv’ en venant embrasser le dessus de la petite tête recouverte de vernix gris beige. Parfaite.

Chaude, gluante et gigotante, Sophia bougonna un peu, cria juste assez pour dire qu'elle allait bien, puis les regarda Tess et Liv’ avec ses grands yeux d’un bleu profond, très alerte.

Tess vint embrasser Liv’ dans le cou tout en caressant légèrement la joue de Sophia d’un doigt tremblant d’émoi.

— Tu as été merveilleuse, et incroyablement courageuse, lui dit-elle d’un ton mêlant admiration et émotion. Elle a tes oreilles, et ton petit nez aussi, oh et cette mini fossette que tu as sur le menton.

— Tess, rit aussitôt Liv’ en venant l’embrasser sur la tempe. Arrête de dire des bêtises, ajouta-t-elle en venant s’essuyer les yeux.

— Ce ne sont pas des bêtises..., répondit Tess en observant Sophia. Elle est juste magnifique, comme toi.

Liv’ s’empara doucement de son menton pour venir l’embrasser.

— Je t’aime, souffla-t-elle contre ses lèvres, soudainement incroyablement sereine.

Tess déposa un baiser sur le bout de son nez tout en venant essuyer ses larmes de son pouce.

— Et je t’aime, sourit-elle avant de tourner la tête lorsqu’elle perçut du mouvement du coin de l’œil.

— Désolée d’interrompre ce petit moment, mais j’aurais besoin de toi Tess, sourit Morgane en haussant un sourcil. Le cordon ? Il a fini de battre, tu peux le couper maintenant.

Tess se désengagea aussitôt de l’étreinte de Liv’ et s’empara du ciseau chirurgical que lui tendait Morgane.

— Coupe entre les deux pinces, lui indiqua la sage-femme. Parfait. Liv’ ? appela-t-elle en relevant la tête. Tu veux bien essayer de lui donner le sein ? J’ai besoin que les contractions reviennent pour aider ton placenta à sortir. N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin d’aide.

Liv’ hocha la tête avant de porter Sophia vers son sein avec l’aide de Tess. Après plusieurs essais infructueux, Liv’ commença à légèrement paniquer.

— Morgane ? Ça ne marche pas... elle s’endort.

— Chatouille-lui les pieds, vint la réponse, distraite.

Liv’ et Tess échangèrent aussitôt un regard confus.

— Pardon ? demanda Tess, les sourcils haussés.

Morgane releva la tête de sa tâche et leur afficha un petit sourire.

— Chatouille lui les pieds, reprit-elle doucement. Je suis sérieuse, essaye.

Tess jeta un rapide coup d’œil à Liv’ avant d’hausser les épaules et soulever la couverture. Les petits pieds de Sophia lui apparurent et elle vint les frôler légèrement de ses doigts avant de relever la tête, soulagée de voir cette dernière ouvrir aussitôt les yeux. Liv’ en profita  pour l’approcher de son sein et, caressée, stimulée et encouragée par les paroles maternelle, Sophia tourna la tête et chercha de ses lèvres et de son nez le téton avant d’enfin commencer la tétée.

— Ça a marché, souffla Liv’ d’une voix émue en observant Sophia accrochée à son sein, tétant avec une force surprenante. C’est... magique.

— Elle a l’air affamée, sourit Tess en ne lâchant pas non plus sa fille des yeux. En même temps, ce n’est pas moi qui irais l’en plaindre, ajouta-t-elle d’un ton malicieux tout en observant la poitrine de Liv’ d’un air gourmand.

- Tess..., rit légèrement Liv’ avant de lever les yeux vers Morgane. La contraction arrive, prévint-elle.

— Pousse doucement, comme tout à l’heure, lui répondit aussitôt la sage-femme. Et... voilà, c’est fait, sourit-elle en relevant la tête. Tu as eu mal ?

Liv’ secoua la tête.

— Non, au contraire, répondit-elle. C'était tout chaud comme sensation, tout doux. Je me sens surtout libérée.

— Hmm, acquiesça Morgane avant de s’approcher après avoir examiné le placenta. Et voilà la petite maison que Sophia a habité durant les neufs derniers mois, ajouta-t-elle avant de leur expliquer ce qu’elles avaient sous les yeux et dépliant les membranes qui entouraient le fœtus.

— On peut voir la forme de son corps, nota Tess d’un ton ébahi en s’approchant avant de, tout comme Liv’, tendre une main pour le toucher. Woah, c'est incroyable comme c’est doux, s’étonna-t-elle.

— Et chaud, acquiesça Liv’. L’odeur est douce aussi.

— Ca sent le caramel.

Morgane et Liv’ dévisagèrent aussitôt Tess d’incrédulité avant de se mettre à rire.

— Tu veux le manger aussi ? taquina Morgane.

Tess se recula aussitôt alors que le sang quittait soudainement son visage.

— Non merci, frissonna-t-elle avant de leur tirer la langue lorsqu’elles se mirent à rire à nouveau.

— Je m’en doutais, ricana Morgane avant de s’éloigner, son regard ne lâchant pas celui de Liv’ lorsqu’elle poursuivit : les saignements sont normaux, ton périnée est intact, pas de déchirure contrairement à ce que j’avais craint, juste deux toutes petites éraillures de rien du tout.

— Génial, sourit Liv’ de soulagement avant de sursauter de surprise lorsque Sophia fit son premier pipi et sa première selle sur elle. Et ben on se gêne pas, rit-elle en venant caresser la petite joue avant de tourner la tête vers Tess. Sur ce coup là, elle tient de toi, taquina-t-elle.

Tess afficha aussitôt un air outré.

— Et pourquoi ça ? questionna-t-elle, les bras croisés sous sa poitrine.

Liv’ haussa les épaules, un petit sourire sur les lèvres.

— Ta mère m’a raconté cette histoire oh combien intéressante d’une certaine petite Tassandra qui aurait uriné sur les genoux de sa tante lors du mariage de ses parents...

Tess se sentit aussitôt rougir, encore plus lorsque le rire de Morgane résonna dans la pièce :

— Je veux absolument avoir les détails de cette histoire, taquina la sage-femme en s’approchant d’elles. Mais avant, il faut que l’on s’occupe de ce petit amour. 

Elle s’empara de Sophia avec l’aide de Liv’ et les minutes suivantes furent consacrée aux soins, tous fait aux côtés de Liv’ et avec l’aide de Tess dans une douceur et une tendresse inégalable.

 💕

— Et ça nous fait un 10/10 aux tests d’Apgar, sourit Morgane après avoir réalisé le test pour la quatrième fois.

— Une future première de la classe, comme sa maman, taquina Tess en venant embrasser son épouse.

Liv’ secoua la tête, néanmoins amusée, mais répondit volontiers au baiser offert.

— Que diriez-vous d’aller prendre un bain avec votre petite princesse pendant que je m’occupe de tout par ici ? poursuivit Morgane en déposant de nouveau Sophia dans les bras de Liv’.

Liv’ hocha aussitôt la tête et se rendit dans la salle de bain pendant que Morgane et Tess s’occupaient de tout nettoyer et refaire un lit propre pour qu’elles puissent passer une bonne nuit avec Sophia. Après une légère appréhension à se retrouver soudainement seule avec sa fille, Liv’ fut rassurée de voir que son instinct maternel prenait naturellement le dessus et elle se glissa doucement dans l’eau tiède une fois celle-ci prête. Quelques minutes plus tard, elle fut ravie de voir Tess les rejoindre et elle se détendit contre le rebord de la baignoire pendant que Sophia venait téter à nouveau.

— Ça va ? souffla Tess en s’accroupissant à leurs côtés avant de venir passer un linge humide sur le visage de son épouse.

— C’est parfait, sourit aussitôt Liv’. Et toi ?

— Je suis contente que tu ne souffres plus, frissonna Tess tout en affichant un air déconfit. C’était flippant, et je ne me suis jamais sentie aussi désemparée.

— C’est fini maintenant, la rassura Liv’ en venant l’embrasser sur la joue. Et je n’aurais jamais pu faire tout ça sans ta présence, tu n’imagines même pas à quel point ça m’a aidé.

Tess se mordit la lèvre.

— C’est vrai ? hésita-t-elle.

— Bien sûr que c’est vrai, répondit aussitôt Liv’ en l’observant comme si elle était devenue folle. Ne va certainement pas en douter, l’admonesta-t-elle avant de venir tirer sur son haut. Maintenant, enlève-moi ça et rejoins-nous.

Tess lâcha un petit rire.

— Non, je suis bien ici, dit-elle en venant doucement caresser Sophia. Je peux vous voir toutes les deux comme ça, ajouta-t-elle en venant embrasser Liv’.

L’air légèrement déçu de Liv’ ne lui échappa pas et elle hésita un instant, regardant autour d’elle avant de se redresser et entrer à son tour dans la baignoire.

Liv’ haussa aussitôt les sourcils alors qu’elle laissait Tess soulever légèrement ses jambes et les passer de chaque côté de sa taille pour qu’elle puisse être toute proche d’elle et Sophia, en face d’elles. Tess afficha aussitôt un petit sourire satisfait tout en venant embrasser la petite tête de Sophia — à peine perturbée par son entrée dans le bain — et les lèvres de Liv’.

— Tu me voulais avec vous, non ? dit-elle, un sourcil haussé devant l’air surpris de Liv’.

— Euh... oui, mais..., balbutia Liv’ avant de secouer la tête. On ne t’a jamais dit qu’il fallait retirer tes vêtements, avant ?

— Trop long, répondit Tess en secouant une main dans les airs. Et puis, les vêtements mouillés, c’est sexy aussi, ajouta-t-elle dans un sourire ravageur.

Liv’ éclata aussitôt de rire avant de s’interrompre subitement lorsque Sophia se mit à pleurer.

— Oh non, grimaça Liv’ alors que les pleurs gagnaient rapidement en intensité. Tout va bien, tout va bien, dit-elle en serrant Sophia un peu plus contre elle. Shhh, calme-toi.

Tess vint caresser le petit ventre et Sophia leva aussitôt ses yeux humides vers elle, ses pleures s’interrompant subitement.

— Je suppose qu’elle m’aime bien, sourit doucement Tess alors qu’elle observait elle aussi Sophia avec avidité.

— Bien sûr qu’elle t’aime, murmura Liv’ en venant l’embrasser légèrement. Le contraire aurait été tout simplement impossible.

Tess se contenta de lui offrir un lumineux sourire avant qu’ensemble, elles ne viennent se perdre dans les yeux bleus nuits situés sous elles.

 💕

— Prête à savoir son poids et sa taille ? demanda Morgane alors qu’elles pénétraient de nouveau dans la chambre.

Liv’ acquiesça tout en s’installant de nouveau contre les oreillers, sa tête venant reposer contre l’épaule de Tess qui encercla aussitôt sa taille de ses bras. Elle observa avec un intérêt non dissimulé Morgane installer Sophia dans une sorte de hamac en tissu qui ne tarda pas à annoncer le verdict :

— 3,230 kg, annonça Morgane avant de venir allonger la petite sur le lit.

— Vraiment ? s’étonna Liv’ en se penchant légèrement pour attraper une petite main, souriant lorsque Tess eut la même idée qu’elle. Je m’attendais à moins vu son tout petit gabarit, elle paraît si fragile...

— La taille du nouveau-né impressionne toujours, acquiesça Morgane en s’emparant de son mètre. Mais elle est en pleine forme, et grandira bien assez vite, sourit-elle en mesurant Sophia. Et... 49 centimètres. Ça nous fait un magnifique bébé ça, hein ? dit-elle en venant chatouiller le petit ventre.

Elle releva la tête vers Tess et Liv’. 

— Tess, tu veux la prendre ? demanda-t-elle. Il est primordial que vous fassiez connaissance maintenant, quand les hormones sont en ébullition, sourit-elle dans un clin d’œil. Et on ouvre le peignoir, le contact se fait peau à peau.

Tess hocha la tête et rougit légèrement d’embarras lorsque Morgane dut l’aider à plier les bras pour qu'elle puisse enfin y déposer Sophia.

— Ne sois pas gênée, lui murmura la sage-femme. C'est la première fois que tu es maman, ça arrive. 

Tess lui sourit son remerciement avant de se mordre la lèvre :

— J’ai cinq neveux, c’est juste que c’est la première fois que je tiens ma fille dans mes bras.

Sa phrase à peine terminée, elle sentit le sang quitter soudainement son visage alors que la réalisation la frappait soudainement.

— Oh merde.

— Tess ? s’inquiéta aussitôt Liv’ alors que Morgane reposait ses mains sur Sophia, au cas où.

Tess cligna des paupières à plusieurs reprises avant de tourner son visage vers Liv’.

— Ma fille..., je suis maman maintenant, soupira-t-elle d’un ton ahuri.

Liv’ relâcha un rire de soulagement alors qu’elle venait caresser son visage.

— Eh bien, tu avais neuf mois pour le réaliser, mais mieux vaut tard que jamais, sourit-elle, amusée.

— J’arrive pas à y croire, murmura Tess en secouant la tête. On l’a fait Liv’, on est maman, poursuivit-elle d’une voix emplie de fierté.

— Et oui, on l’a fait, acquiesça Liv’ en venant appuyer son front contre la tempe de Tess, réalisant pour la première fois que Morgane s’était éloignée afin de leur offrir un moment d’intimité. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, répondit aussitôt Tess en embrassant ses cheveux. On l’habille ?

Liv’ acquiesça et Tess s’empara aussitôt de la petite pile de vêtement qu’elle avait préparée sur la table de chevet pendant que Liv’ et Sophia prenaient un bain, et à deux, elles commencèrent à vêtir Sophia pendant que Morgane remplissait les papiers de naissance depuis sa place sur le fauteuil.

Après quelques minutes, Tess s’installa de nouveau contre les oreillers, Sophia entre ses bras, désormais emmitouflée dans ses habits, un drap et une couverture. Elle s’apprêtait à reprendre la parole lorsque Sophia bailla en formant un adorable 'O'.

— Aww…, firent-elles en même temps.

Liv’ vint embrasser la joue de Tess.

— Elle est superbe, je peux déjà voir les mecs tomber à ses pieds, taquina-t-elle en venant chatouiller une petite main.

— Oh non, ma fille va rester loin des garçons et ce pour longtemps, répondit Tess en secouant frénétiquement la tête.

Liv’ rit doucement avant de venir embrasser le front de Sophia, son nez puis son menton avant de relever la tête lorsqu’elle perçut un flash.

— Mince, et moi qui croyait qu’elle était sage-femme, taquina-t-elle en venant se taper sur le front. C’est une paparazzi en fait !

— Hmm, acquiesça Tess avant de froncer les sourcils. D’ailleurs, pendant que j’y pense, c’est marrant ça d’être sage-femme sans être passée par la case « bébé » soit même.

Morgane posa aussitôt une main sur sa hanche tout en haussant un sourcil.

— Parce que tu crois que tous les gynécologues ont des attributs féminins ?

Tess baissa aussitôt la tête de dépit tandis que Liv’ éclatait de rire.

— Tu l’as cherché, mon amour, charria-t-elle en venant embrasser la peau douce derrière l’oreille de Tess.

Tess marmonna quelque chose d’intelligible avant de relever la tête lorsque Morgane le lui demanda. Les minutes suivantes furent consacrées aux photos souvenirs, puis Morgane les laissa à nouveau tranquille afin de commencer à réunir ses affaires. 

— Tu pars déjà ? demanda Tess avant de jeter un œil au réveil. Oh, 23h30 déjà ? s’étonna-t-elle.

— Et oui, le temps passe vite quand le bébé est enfin arrivé, hein ? sourit Morgane en venant voler un petit bisou à Sophia.

Liv’ rit doucement.

— Ce n’est pas moi qui irais te contredire, dit-elle avant de reprendre son sérieux. Merci pour tout Morgane, de nous avoir aussi bien écoutées, épaulées, rassurées, supportées, aidées durant toute ma grossesse, pendant et surtout après l’accouchement. Tu as été formidable.

Morgane secoua une main dans les airs avant de l’embrasser sur la joue.

— Je te l’ai dit, c’est mon travail, répondit-elle dans un clin d’œil avant de venir embrasser Tess. Et ta vraie héroïne est ici, Tess a été parfaite.

— Non, répondit Liv’ en venant s’emparer de la main de Tess. Elle a été bien mieux que ça.

Tess rougit légèrement avant de venir l’embrasser.

— Tout comme toi, souffla-t-elle contre ses lèvres. C’est le meilleur cadeau que tu ne nous aies jamais fait, je t’aime Liv’.

— Je t’aime aussi, murmura Liv’ en l’embrassant à son tour avant de se rappeler de la présence de Morgane.

Elle se racla maladroitement la gorge tout en offrant un air désolé.

— Pardon, dit-elle en se frottant la joue.

— Il n’y a pas de mal, rit Morgane en glissant son sac sur son épaule. Ca fait plutôt plaisir à voir une belle petite famille comme ça.

— Tu reviens nous voir bientôt ? demanda Tess en se redressant légèrement.

Morgane lui offrit un regard perplexe.

— Bien sûr, vous allez devoir me supporter tous les jours pendant une semaine pour le suivit de votre petite princesse. 

— Non, la coupa Tess. Je voulais dire, après tout ça ? En tant qu’amie ? Et emmène ton Jule aussi, ajouta-t-elle dans un sourire malicieux.

Morgane lâcha un rire tout en acquiesçant.

— D’accord, répondit-elle avant de se diriger vers la sortie. Reposez-vous les filles, vous l’avez mérité. Mais avant, toi, ajouta-t-elle en pointant Tess du doigt, la cuisine t’attend, ta moitié doit impérativement reprendre des forces. 

— Et moi alors ? gémit aussitôt Tess en remuant ses doigts. J’ai souffert aussi hein.

Liv’ plissa des yeux, n'arrivant pas à croire pas ce qu'elle venait d'entendre après ce qu'elle venait d’endurer pendant toute la journée lorsqu’elle remarqua la main de Tess.

— Oh mon dieu ! s’exclama-t-elle en s’emparant doucement des doigts légèrement rougis et bleuis par endroits. On devrait peut-être aller à l’hôpital finalement, ajouta-t-elle d’une voix paniquée.

Morgane s’approcha et fronça légèrement les sourcils tout en vérifiant les doigts de Tess un a un.

— Non, rien de casser, rassura-t-elle. Mais je te conseille quand même de mettre de la glace. Et de la pommade, grimaça-t-elle. On verra demain si ça empire.

Liv’ se mordit la lèvre tout en offrant un regard d’excuse à Tess.

— Je suis vraiment, vraiment, vraiment dés —

Elle fut coupée par des lèvres sur les siennes.

— C’est rien, lui assura Tess. Surtout après ce que tu as enduré, tu me les aurais cassé que ça n’aurait même pas représenté un dixième de ce que tu as dû traverser.

— Mais c’était pas une raison pour te faire mal ! gémit de nouveau Liv’ en venant lui embrasser doucement les doigts. 

 Morgane s’assit sur le rebord du lit, à côté d’elle.

— Liv’, détend toi, ses doigts vont bien, la rassura-t-elle avant de sourire lorsqu’elle baissa les yeux vers Sophia. En tout cas, votre fille vous trouve intéressantes, son regard ne cesse de passer de l’une de vous deux, à l’autre.

Liv’ et Tess observèrent à leur tour leur fille et sourirent aussitôt.

— Elle est adorable, murmura cette dernière avant de tourner la tête vers Liv’. Qu’est-ce que tu veux manger ?

— Hmm, des pâtes. A la carbonara. Avec un yaourt au chocolat ?

— Ce sera tout ? sourit Tess.

Liv’ rougit légèrement tout en hochant la tête.

— Oh, non. Un verre de jus d’orange aussi, s’il te plaît ?

Tess rit légèrement tout en lui passant Sophia, elle avait depuis longtemps cessé de s’interroger sur les étranges envies alimentaires de Liv’ depuis que sa grossesse avait commencé. Et surtout de s’attarder sur les mélanges... particuliers.

— Considère ça fait, dit-elle en se redressant.

— Et moi, je vous laisse, sourit Morgane en se levant à son tour elle aussi. Je vous vois demain, ajouta-t-elle en les embrassant tour à tour avant de finir par Sophia. Bon appétit, mais surtout, reposez-vous bien, finit-elle dans un clin d’œil avant de quitter la chambre.

 

Tess sourit. En réalité, elles n’avaient pas dormi de la nuit, préférant regarder leur petit cœur... Elle reprit pied avec la réalité :

— Eh bien, commença-t-elle en se frottant le sourcil. C’est vrai que mettre un enfant au monde, c’est loin d’être une partie de plaisir, vu les râles que tu laissais échapper, et les larmes qui ne s’arrêtaient plus sur la fin, et...

— Continue comme ça, et ce sera la fin de l’humanité, ricana Liv’ en enfouissant son visage dans le cou de son épouse. Plus personne ne voudra avoir d’enfant.

 

Tess leva les yeux au ciel avant de rire à son tour.

— O.K., O.K., admit-elle avant de reprendre. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a aussi — enfin, surtout, de bons côtés. Je n’imaginerai pas notre vie sans Sophia aujourd’hui, et si ça demande de passer par tout ça... le jeu en vaut largement la chandelle, non ?

Liv’ leva la tête et vint l’embrasser doucement sur les lèvres.

— Absolument, murmura-t-elle avant de sourire. Enfin ça, ça reste de la supposition pour toi, taquina-t-elle.

Elle fut surprise par le silence étonnant que sa phrase reçut.

— Tess ? appela-t-elle, intriguée et légèrement inquiète. 

Tess se racla maladroitement la gorge tout en se réinstallant contre les oreillers.

— Tu avais parlé d’une sieste ? dit-elle en évitant son regard.

Liv’ haussa les sourcils avant de secouer légèrement la tête.

— Tess..., ne me fais pas ça s’il te plaît, soupira-t-elle en se redressant. Je peux supporter l’humour, mais pas la fuite.

Le ton blessé lui parvint aisément et Tess sentit aussitôt la culpabilité s’abattre sur elle, en plus de son embarras qui s’accentua considérablement.

— Désolée, admit-elle dans un sourire penaud. Je n’avais simplement pas de blagues sous la main.

Malgré la vexation qu’elle ressentait, Liv’ ne put retenir un petit sourire amusé et vint l’embrasser pendant plusieurs secondes avant d’appuyer son front contre le sien.

— Tu peux tout me dire, Tess, murmura-t-elle sincèrement. Toujours.

— Je sais, répondit aussitôt Tess en venant entourer la taille fine au-dessus d’elle. C’est juste un peu embarrassant.

— Dis-moi, la pressa doucement Liv’ en plongeant son regard dans le sien. Qu’est-ce qu’il y a ?

Tess avala difficilement avant de lâcher :

— Qu’est-ce que tu dirais si je te disais que j’aimerai avoir un bébé moi aussi ? Demanda-t-elle, hésitante.

Liv’ cligna plusieurs fois des paupières, surprise par l’admission inattendue.

— Oh. Eh bien..., je... hum, c’est ce que tu veux ? parvint-elle finalement à prononcer.

— Je crois, enfin, oui, répondit Tess en hochant la tête. Il m’arrivait de vraiment t’envier de pouvoir sentir Sophia bouger à l’intérieur de toi, avant même que je ne puisse la sentir moi-même. De donner la vie, de...

Elle s’interrompit avant de secouer la tête.

— J’ai juste envie d’avoir un autre enfant, et de pouvoir offrir à Sophia un petit frère, ou une petite sœur. J’ai eu la chance d’avoir deux frères, et, aussi chiants qu’ils aient pu être parfois, sourit-elle légèrement, j’ai envie que Sophia puisse bénéficier de ce bonheur elle aussi. Mais, si tu n’es pas pour...

— Non, la coupa aussitôt Liv’ en secouant la tête. Je veux d’autres enfants aussi, enfin, au moins un, sourit-elle timidement. Et si c’est ce que tu veux, je suis derrière toi à cent pour cent, finit-elle en venant l’embrasser.

Tess soupira de bien être lorsqu’elle sentit Liv’ rompre soudainement le baiser et se reculer.

— Huh ? demanda-t-elle, confuse.

— Oh bon sang, j’ai hâte de te voir enceinte maintenant, répondit Liv’ les yeux brillants.

Tess lâcha aussitôt un rire avant de venir l’embrasser à nouveau.

— T’es pas possible, sourit-elle. Mais ce n’est pas pour tout de suite, d’accord ? demanda-t-elle en étudiant les traits devant elle.

— Dis-moi juste quand tu es prête... et je te suis, murmura Liv’ contre ses lèvres, sa main venant caresser la douceur d’une joue.

Tess la fit doucement basculer afin de venir s’allonger sur elle.

— D’accord, répondit-elle avant d’afficher un sourire espiègle. Mais on peut toujours commencer à essayer maintenant, non ? finit-elle en remuant ses hanches de façon suggestive.

Liv’ lâcha aussitôt un rire tout en venant entourer le cou au-dessus d’elle.

— Et la sieste alors ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

— Plus tard, répondit Tess en venant embrasser la peau douce du cou situé juste sous elle. Allez Liv’... les six semaines sont passées, on peut faire un câlin maintenant, hein ?

Pour toute réponse, Liv’ éclata de rire.

Mon Dieu, qu’est-ce que je l’aime.

 

 

- FIN - 

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !

Publicité
Publicité
1 juin 2012

Episode 5 : En attendant bébé...

— Attachés ou détachés ?

Debout devant le miroir de la salle de bain, l’élastique entre ses dents, Tess réunit ses longs cheveux blonds en une queue de cheval haute à l’aide de sa main. Elle opta finalement pour les attacher puis vint lisser son débardeur bleu ciel en un geste nerveux alors qu’elle s’observait d’un regard critique. Oh bon sang, pensa-t-elle nerveusement. Pas étonnant que tu t’occupes toujours de ce genre de chose Liv’, je suis complétement angoissée. Et avec la chance que j’aie, je vais répondre ‘oui’ quand je penserai ‘non’ et me retrouver avec une facture astronomique et une pile mirobolante d’articles. Elle soupira. C’est ridicule, on croirait que j’assiste à mon premier entretien d’embauche, je suis la propriétaire d’une boîte pour l’amour du ciel !

Après un dernier coup d’œil dans le miroir, elle quitta la salle de bain et hésita un instant avant d’opter pour ses tongs. Étant début Juillet, les températures étaient de toute façon trop étouffantes pour qu’elle puisse enfiler autre chose.

La sonnette de l’appartement retentit et elle observa aussitôt la porte, un air indécis prenant place sur ses traits avant qu’elle ne lève les yeux au ciel et ne court dans sa chambre s’emparer d’une légère chemise blanche à manches courtes. Elle l’enfila sur le chemin du retour vers l’entrée et trébucha presque lorsque le chat choisit ce moment précis pour s’insinuer entre ses jambes.

— Ah Maly, reste pas là ! protesta-t-elle dans un murmure tout enjambant le magnifique chat mi-angora.

Il l’ignora, ronronnant fortement alors qu’il zigzaguait entre ses jambes et Tess soupira tout en s’emparant de lui et le déposant sur le fauteuil non loin. Elle s’essuya ensuite ses mains moites sur ses cuisses avant de s’arrêter lorsqu’elle remarqua son jean déchiré. Oh merde, se figea-t-elle avant d’hausser les épaules tout en grimaçant. Bah, c’est trop tard maintenant.

Elle s’approcha de l’entrée et inspira un bon coup avant d’ouvrir la porte puis afficher un lumineux sourire à la jeune femme qui lui apparut aussitôt.

— Bonjour ! la salua cette dernière avec un enthousiasme non dissimulé tout en lui tendant une main. Vous devez être Tassandra Chevalier, c’est bien ça ?

— C’est exact, répondit Tess en s’emparant de la main offerte. Et vous devez être Jessica Sanchez ? Ajouta-t-elle alors qu’elle s’écartait et faisait signe à la jeune femme d’entrer.

Jessica regarda autour d’elle avant de reporter son attention sur Tess et hocher la tête, ses boucles auburn dansant autour de son visage fin et ovale.

— C’est ça, sourit-elle à son tour. C’est très mignon chez vous, très moderne tout en restant typiquement sudiste.

Elle s’interrompit avant d’ajouter d’un air conspirateur :

— J’avoue vous envier la plage à seulement cinq minutes à pied..., dit-elle dans un clin d’œil.

— Merci, rit Tess tout en les dirigeant vers le salon. On a emménagé il y a peu. Nous sommes du centre-ville de Porto-Vecchio à l’origine mais on recherchait quelque chose de plus grand, alors on s’est rapprochée de la côte lorsque l’on s’est rendues compte que l’on ne trouverait pas notre bonheur là-bas. Et mis à part une ou deux pièces que l’on a envie de changer, j’avoue qu’en effet, on a été plutôt chanceuse sur ce coup, finit-elle en glissant ses mains dans les poches de son jean avant de se basculer légèrement d’avant en arrière une fois arrivée devant le canapé.  

Jessica lui sourit avant de froncer les sourcils lorsqu’elle la détailla de la tête au pied, et Tess sentit aussitôt son cœur se mettre à battre plus fort. C’est la tenue, je le savais, j’aurais dû opter pour quelque chose de plus officiel ! Comment pourrait-elle me prendre au sérieux avec un jean comportant plus de trous que de tissu ? Oh bon sang, je vais tout gâcher.

— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle, la gorge soudainement sèche.

— Non. Non, répondit Jessica en secouant la tête. Vous me semblez juste... stressée, expliqua-t-elle avant d’afficher un petit sourire en coin. Je suis spécialisée dans les baby showers, pas dans les services sociaux, vous savez ?

Le ton taquin ne lui échappa pas et Tess relâcha aussitôt un rire, la tension quittant peu à peu son corps.

— Je suis désolée, s’excusa-t-elle en se frottant maladroitement le sourcil. C’est juste que c’est une première et...

— Ne vous en faites pas, je comprends, la rassura la jeune femme rousse. L’inconnu appréhende souvent.

Tess lui désigna le fauteuil libre de la main tandis qu’elle prenait la direction de la cuisine.

— Vous dites ça pour me rassurer, ou vous avez déjà expérimenté ce genre de chose ? demanda-t-elle par-dessus son épaule alors qu’elle ouvrait la porte du réfrigérateur.

Jessica prit place sur le fauteuil et déposa son sac sur ses genoux tout en l’observant depuis sa place, la cuisine n’étant séparée du salon que par un bar américain encadré de hauts tabourets.

— Les deux, répondit-elle dans un sourire avant de s’emparer d’un bloc-notes. 

— D’accord, rit doucement Tess. Du thé glacé, ça vous irait ?

— C’est parfait.

Tess s’empara du pichet en verre qu’elle avait préparé un peu plus tôt dans la journée et le plaça sur un plateau avant de l’accompagner de deux verres qu’elle remplit de quelques glaçons. Elle rejoignit le salon après s’être assurée que Maly dormait toujours sur le second fauteuil. Manquerait plus qu’il me fasse tomber devant elle, pensa-t-elle dans un frisson. Ça, ce serait définitivement la honte.

— Et voilà, dit-elle en déposant le tout sur la table basse.

Elle remplit les deux verres puis en tendit un à Jessica avant de venir s’installer sur le canapé.

La jeune femme lui sourit son remerciement puis observa Tess d’un air pensif, son stylo faisant des « tap tap » régulier contre la surface en papier de son bloc-notes avant que finalement, elle ne croise ses bras sur ses genoux et ne se penche légèrement vers l’avant.

— Dites, ne le prenez pas mal, sourit-elle doucement, mais vous avez un peu trop la ligne pour être enceinte.

Tess haussa les sourcils avant de baisser les yeux vers son ventre plat qu’elle devait uniquement à de nombreuses heures de basket en club et lâcher un rire.

— Je suis désolée, dit-elle en relevant la tête et se grattant le sourcil. Je pensais pourtant avoir...

— Vous m’avez donné les prénoms, acquiesça Jessica avant qu’elle n’ait pu terminer. Mais ne m’avez pas précisé laquelle de vous deux portait l’enfant.

Tess se passa une main sur le visage tout en soupirant.

— Je savais bien que j’oublierais quelque chose, répondit-elle d’un air dépité.

— Ce n’est pas bien grave, lui répondit aussitôt Jessica dans un sourire rassurant. Mais en général, j’ai toujours à faire à celle qui est enceinte.

Tess nota que le terme « future maman » était évité et elle apprécia. Car après tout, elle était elle aussi sur le point de devenir une maman, non ? Elle prit une gorgée de son verre avant de répondre.

— C’est une surprise, elle n’est au courant de rien.

— Oh, s’étonna Jessica avant de sourire. Je vois. Vous la voulez pour quand ?

— Eh bien, Liv’ vient tout juste d’entamer son septième mois alors... j’avais pensé, dans le mois prochain ?

— Vous vous y prenez tôt, sourit aussitôt la rouquine alors qu’elle prenait quelques notes.

Tess lui offrit un petit sourire embarrassé.

— Liv’ est vraiment difficile à surprendre, répondit-elle avant de froncer les sourcils. Enfin, je crois.

— Vous croyez ? s’étonna Jessica en relevant la tête.

— Elle est toujours celle qui fait les surprises, en général, expliqua Tess alors que la réalisation la frappait soudainement. Mince, vous pensez que ça craint ? commença-t-elle à paniquer.

Jessica haussa les sourcils avant de sourire.

— Je suis spécialisée dans les baby-shower, pas conseillère matrimoniale, vous vous souvenez ? Rappela-t-elle gentiment. Mais si vous voulez mon avis... elle s’en est plainte ?

— Non, répondit aussitôt Tess. Enfin, je n’en ai pas souvenir.

— Alors ne vous torturez pas l’esprit, répondit la jeune femme avant de désigner la pièce. Vous comptez faire ça ici ?

Tess regarda autour d’elle avant d’hocher la tête.

— La pièce est spacieuse et lumineuse, c’est parfait, poursuivit Jessica en prenant de nouvelles notes. En ce qui concerne le thème, vous y avez déjà réfléchis ?

Tess lui offrit un regard confus.

— Il existe des thèmes différents pour une baby shower ?

— Vous êtes vraiment novice, hein ? la taquina Jessica avant de sortir un prospectus de son sac et le lui tendre. Tout dépend de vos goûts et de vos envies, mais oui, il existe de nombreux thèmes ; saisonnier, festif, féérique, gourmand... les plus courant sont bien évidement les thèmes de couleur, avec le rose pour une petite fille, bleu pour un garçon, mais —

— Non, coupa Tess en secouant la tête, les yeux toujours rivé sur la brochure. Pas de couleur en fonction du sexe du bébé. J’ai horreur de ça, voulut-elle ajouter, mais elle s’abstint.

— Si vous ne m’aviez pas coupée..., reprit Jessica d’un ton légèrement espiègle, ...j’allais justement vous dire que les couleurs pouvaient varier.

Tess afficha de nouveau un sourire embarrassé.

— Pardon, dit-elle avant de se passer une main dans les cheveux tout en soupirant. Ça semble aussi compliqué que l’organisation d’un mariage.

— J’avoue, répondit Jessica en hochant la tête. Le thème de la baby shower est à décliner depuis les invitations jusqu’à la décoration,  en passant par les activités, les jeux et même le buffet. Mais je suis là pour ça, ajouta-t-elle dans un clin d’œil.

— Justement..., commença Tess d’un ton hésitant avant de se lever. J’aimerai vous montrer quelque chose.

Jessica l’observa, à la fois surprise et confuse.

— Hum... d’accord, répondit-elle finalement en se levant à son tour.

Elle suivit Tess le long d’un petit couloir puis pénétra dans ce qu’elle devina être la chambre d’ami, tant la pièce était dénuée d’effets personnels. Elle fut cependant surprise d’y découvrir tout un assortiment de décorations, de ballons et autres guirlandes en tous genres. Elle observa la pièce, interdite avant de se tourner de nouveau vers Tess.

— Pourquoi avoir eu recours à mes services si vous avez déjà tout acheté ? S’enquit-elle, perplexe.

Tess lui sourit maladroitement.

— J’ai besoin de votre aide pour l’organisation de la pièce, les activités, et tout ce qui en fait une baby shower, répondit-elle. Mais j’aimerai votre avis concernant les décorations, car comme vous pouvez le constater...

— Vous en avez acheté de chaque sorte.

Tess rougit légèrement.

— Je n’ai aucune idée desquelles seraient les mieux, ou...

Elle s’interrompit lorsqu’elle sentit une main sur son bras.

— Je crains de ne pouvoir vous aidez à ce sujet, lui dit Jessica d’un air désolé. Il n’y a pas de mieux ou moins bien, c’est juste une question de goût. Et je ne peux malheureusement pas deviner ceux de votre épouse pour vous.

Tess afficha un air déconfit.

— La surprise tombe à l’eau, alors ?

— Eh bien..., commença Jessica d’un ton indulgent. La baby-shower est une étape incontournable de la grossesse. C’est pour beaucoup le premier pas sur la dernière ligne droite avant l’accouchement. Certaines choisissent d’ailleurs de faire leur baby shower après l'accouchement en cas de grossesse difficile ou simplement par superstitions.

— Vous pensez que Liv’ voudrait ça ? La coupa aussitôt Tess, sentant la panique monter en elle.

Jessica lui offrit un sourire rassurant.

— Je ne connais pas votre épouse, lui rappela-t-elle gentiment. Ce que je veux dire, c’est qu’elle désirera peut-être s’y investir. Mais découvrir que vous y avez pensé sera déjà une bonne surprise en soit.

— Sauf si elle n’en veut pas, marmonna Tess.

Jessica retint un rire.

— Je pense que si vous avez eu cette idée, c’est que vous savez que si, la rassura-t-elle. Et puis, quelle femme n’aime pas être chouchoutée et couverte de cadeaux ?

Tess retrouva aussitôt son sourire.

— Vous me conseillez de la mettre au parfum alors ?

— Je ne peux pas décider pour vous, mais je pense que vous devriez l’envisager, oui. Et puis, il est toujours possible qu’elle accepte de vous laisser les commandes ; vous pourrez donc toujours la surprendre en aménageant la pièce et organisant les activités.

Tess se mordit la lèvre.

— Je crois que je vais vous raccompagner à la porte, dans ce cas, grimaça-t-elle.

Sa réponse déclencha aussitôt un rire.

— Je trouverais la sortie moi-même, ne vous embêtez pas, répondit Jessica en lui tendant de nouveau une main. Et concernant votre épouse, ne vous inquiétez pas, votre geste lui fera plaisir. Qu’elle soit intéressée ou non, c’est l’intention qui compte, non ?

— Merci, répondit Tess en s’emparant de la main offerte. Je vous tiendrais informée, quelle que soit la réponse — si elle partante — on aura besoin de vos services.

— Pas de soucis, acquiesça Jessica avant de s’éloigner. Et détendez-vous, tout ira bien, ajouta-t-elle par-dessus son épaule.

Tess secoua la tête, un sourire amusé sur les lèvres. Je suis aussi facile à lire qu’un livre ouvert, pensa-t-elle alors qu’elle retournait dans le salon. Elle s’empara de son verre avant de remettre le pichet au frigo et nettoyer celui de Jessica. Une fois satisfaite, elle regarda un instant autour d’elle, indécise, avant de reprendre la direction de la chambre d’amis. Quitte à avoir du temps libre, autant l’utiliser à bon escient.

Elle déposa son verre sur la table de chevet puis s’empara de son ordinateur portable et s’installa sur le rebord du lit. Une fois la machine mise en route, elle commença à surfer sur le net à la recherche d’idées pour les cartes d’invitation. Elle n’avait certes pas encore le thème, mais le contenu ne devait pas varier quel que soit ce qu’elles choisissaient, non ?

Après plusieurs pages de visionnées, elle commença cependant à rapidement désespérer, les résultats prouvant bien que la baby shower était un évènement importé puisque les résultats étaient tous en anglais. Elle les trouvait de toute façon trop formelles, la plupart contenant simplement le nom du futur bébé, l’heure et le lieu de rendez-vous. C’est à se demander s’ils sont vraiment motivés...

Dépitée, elle décida finalement d’abandonner et ouvrit un document word qu’elle nomma aussitôt « En attendant bébé... » ; ses propres idées allaient devoir faire l’affaire.

Outre les particularités évidentes, à savoir, la douche pour qui, quand l'événement se produirait, où il aurait lieu, Tess tenait à faire quelque chose d’amusant, ajouter un petit texte en faisant comme si c’était le bébé qui parlait, par exemple. Elle avait ensuite l’intention d’insérer les cartes d’invitation dans des biberons en plastique garnis de papier coloré et autres goodies puis les faire livrer aux invités.

Enfin, ça, c’était si Liv’ était partante, bien sûr.

Le bruit de la porte d’entrée lui parvint et elle s’immobilisa soudainement, ses doigts interrompant leur danse sur le clavier.

— Tess ? appela Liv’. Je suis rentrée !

Tess sourit aussitôt. Hmm, j’adore cette phrase.

— Je suis dans la chambre d’ami ! hurla-t-elle à son tour tout en prenant place au milieu du lit. Bon, je suppose que le moment de vérité est arrivé.

Elle regonfla l’un des nombreux oreillers situé dans son dos puis attendit, le cœur battant. Elle savait que si elle fermait les yeux, elle pourrait aisément visualiser Liv’, la voir refermer la porte derrière elle à l’aide de son pied, déposer les clés dans le vide poche de l’entrée, puis accrocher son sac à main sur le porte manteau. Elle savait même le nombre de pas qu’elle allait parcourir avant d’apparaitre dans la chambre. Sept. Six, cinq, quatre, trois, deux... Un.

Liv’ apparut aussitôt et Tess la trouva définitivement craquante dans sa salopette en jean s’arrêtant à mi-cuisses et son t-shirt à manche courte. Ses cheveux bruns étaient réunis à l’arrière de sa tête à l’aide d’une pince à cheveux et quelques mèches encadraient son visage, accentuant son air décontracté. Tess s’attarda un instant sur le ventre arrondit avant de remonter sur le visage de Liv’, lui-même penché sur le ticket de caisse qu’elle tenait entre ses mains.

— Dis amour, commença Liv’ d’une voix concentrée. On a plus de deux cents euros sur la carte du magasin, tu penses qu’on pourrait les utiliser pour...

Elle releva la tête et sa voix diminua pour finalement s’éteindre. Elle cligna des paupières avant de regarder tout autour d’elle d’un air ébahi. Son regard se porta finalement sur un assemblage de ballons flottant dans les airs situés juste à côté d’elle et elle tira légèrement sur la ficèle pour pouvoir y jeter un œil de plus près. Son visage s’illumina aussitôt.

— Une baby shower, murmura-t-elle avant de tourner la tête vers Tess. Tu es vraiment la meilleure femme du monde.

Tess rougit légèrement face au compliment inattendu et elle tendit une main dans sa direction.

— Viens ici... et tu seras la meilleure femme du monde toi aussi.

Liv’ n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois et s’approcha aussitôt, allant aussi vite que son ventre le lui permit. Elle grimpa sur le lit et s’installa entre les jambes de Tess avant de venir lui voler un baiser qui les laissa rapidement à bout de souffle.

— Hmm, murmura Tess en se passant la langue sur les lèvres. Je suppose que la surprise te plaît, alors ?

— J’adore, répondit aussitôt Liv’ en observant de nouveau la pièce. Mais pourquoi t’être arrêtée en si bon chemin ?

Tess la serra un peu plus contre elle avant d’appuyer sa joue contre la tempe de son épouse.

— J’avais prévu de te faire la surprise, mais la personne que j’ai contactée pour m’aider m’a dit que pour certaines femmes enceintes, c’était une étape indispensable, alors... si jamais tu as envie de mettre la main à la pâte toi aussi, je te laisse choisir les décorations que tu préfères.

— Et si je veux tout ? taquina aussitôt Liv’.

Tess vint l’embrasser dans le cou ; Liv’ oubliait toujours qu’elle pouvait jouer aussi.

— Eh bien..., commença-t-elle. Tu disais que l’on avait combien sur la carte du magasin, déjà ?

— Tcht, l’admonesta aussitôt Liv’ avant de prendre un air boudeur. T’es pas drôle.

— Oh si, et tu le sais, rit Tess avant de glisser sa main sous la salopette et caresser le ventre arrondi. Choisis ce que tu veux, je veux que ce jour soit parfait pour toi.

Liv’ soupira d’aise tout en recouvrant la main de Tess de la sienne. Tess avait pris l’habitude d’avoir ce genre de geste à chaque fois qu’elle le pouvait, et Liv’ soupçonnait fortement que c’était pour elle un moyen de se connecter avec leur fille, n’ayant pas la possibilité de la sentir évoluer en elle. Mais, aussi étrange et impossible que cela puisse paraître, Liv’ se sentait également encore plus proche de Tess lorsqu’elle faisait ça, si bien qu’elle en raffolait.

Elle leva légèrement la tête.

— Et toi ? Je veux que ce soit parfait pour toi aussi, c’est autant ta fille que la mienne.

Tess sourit alors qu’elle sentait de petits coups contre la paroi du ventre de Liv’, comme si on frappait à la porte à une allure soutenue.

— Il me suffit de te voir heureuse pour que ce soit parfait pour moi, murmura-t-elle à l’oreille à proximité.

Liv’ se sentit aussitôt fondre.

— Tu dis vraiment les plus belles choses, murmura-t-elle en venant caresser la lèvre inférieure de Tess.

Tess embrassa le bout de son index avant de froncer les sourcils.

— Tu étais où au fait ? s’enquit-elle avant de repenser au ticket de caisse. Tu n’as pas fait les courses au moins, hein ?

— Ça veut dire que tu m’absous de la corvée ? répondit aussitôt Liv’, pleine d’espoir.

Tess rit en la chatouillant légèrement. Tout comme elle, Liv’ avait horreur des courses de la semaine. Elles n’avaient d’autres choix que de les faire le samedi, et c’était toujours bondé de monde. Elle devait bien s’avouer que seule la présence de l’autre les empêchait de devenir folles.

— Non, on les fait ensemble, comme toujours, dit-elle en déposant de petits baiser le long de la nuque de Liv’. Rappelle-toi ce que le médecin a dit en plus, l’exercice est très bon pour les femmes enceintes, ça facilite l’accouchement.

Elle sentit Liv’ frissonner aussitôt et elle se gifla intérieurement pour avoir parlé sans réfléchir. Liv’ ayant tout juste entamé son septième mois de grossesse, elles avaient assisté à la première des huit séances de préparation à la naissance, et la surprise avait été de taille lorsqu’elles avaient découvert que l’introduction consistait à visionner des vidéos d’accouchement. Depuis, Liv’ était plus qu’appréhensive d’arriver à terme. Et je ne peux pas l’en blâmer, pensa Tess en frissonnant à son tour.

— Ça va aller, murmura-t-elle à son oreille. Promis, je te laisserais me briser les doigts sans rien dire.

Liv’ lâcha aussitôt un rire et Tess en profita pour l’éloigner de ses sombres pensées.

— Alors, où étais-tu ?

— Mais on est curieuse, ma parole, taquina Liv’ en venant l’embrasser furtivement. Tu sais, si j’étais avec ma maîtresse, je ne te le dirai pas, hein.

— Très drôle, marmonna aussitôt Tess en plissant des yeux.

— Oh ça, elle l’est, sourit Liv’, amusée. Ouh j’ai définitivement réveillé le côté jaloux et possessif de mon amour. Elle est aussi incroyablement sexy, en plus d’être intelligente et terriblement attentionnée.

Tess croisa ses bras sous sa poitrine tout en se laissant retomber contre les oreillers. Elle haussa un sourcil interrogateur.

— Et elle a nom, cette maîtresse ?

Liv’ retint un rire tout en venant caresser la longueur d’un biceps d’un ongle parfaitement manucuré alors qu’elle prenait appui sur son autre main.

— Tu veux dire, en plus de ses magnifiques yeux bleus, ses longs cheveux blonds, et son corps de rêve ?

Tess sourit, charmée.

— En plus de tout ça, oui, répondit-elle en venant l’entourer à nouveau de ses bras.

— Hmm, je me plais à l’appeler mon amour, mais son prénom est le reflet parfait de la beauté qu’elle dégage.

Elle s’approcha de l’oreille de Tess pour souffler :

— Tassandra.

Tess l’embrassa aussitôt sur le bout du nez.

— Ne la laisse surtout pas s’enfuir, alors.

— Je n’en avais pas l’intention, répondit Liv’ en frottant son nez contre le cou de Tess. Mais merci de me laisser avoir une maîtresse.

Tess rit aussitôt. Cette femme est folle, mais qu’est-ce que j’aime ça.

— Je t’aime, dit-elle en venant embrasser ses cheveux.

— Moi aussi, répondit Liv’ en tripotant la couture du débardeur de Tess. Et pour répondre à ta question, je suis allée acheter une bouteille de gaz puis j’ai fait un tour dans la grande surface.

Tess sentit aussitôt le sang quitter son visage.

— Tu ne l’as pas soulevée toi-même au moins ?

— Tess..., répondit Liv’ en levant les yeux au ciel. Bien sûr que non, le vendeur l’a fait pour moi, précisa-t-elle en venant chatouiller le nombril de cette dernière. Maman poule.

— Je ne suis pas une maman poule, marmonna aussitôt Tess dans un air renfrogné.

Liv’ sourit.

— Non, tu es juste ultra protectrice.

Tess se mordit la lèvre.

— Et c’est mal ? demanda-t-elle d’un ton hésitant.

Liv’ secoua légèrement la tête tout en venant l’embrasser légèrement à nouveau.

— Non, j’adore ça, murmura-t-elle en venant se perdre dans les yeux turquoise. Ça me rend encore plus folle de toi, aussi impossible que cela puisse paraître.

Le sourire de Tess se ragrandit aussitôt.

— Continue comme ça et je vais te sauter dessus, ronronna-t-elle d’un ton empli de désir.

Liv’ sentit sa bouche s’assécher aussitôt et le léger rictus que  Tess afficha lui fit comprendre que cette dernière n’eut aucun mal à déchiffrer l’état dans lequel elle se trouvait. Elle se racla la gorge.

— La bouteille de gaz t’attend dans le coffre de la voiture avant ça, sourit-elle en lui tapotant le ventre, riant légèrement lorsque Tess grogna. J’ai acheté un truc dans la grande surface aussi, j’aimerai ton avis.

Tess eut à peine le temps de réagir que Liv’ descendait déjà du lit puis disparaissait de la chambre. Elle fut de retour quelques secondes plus tard, un grand carton d’environ soixante centimètres sur soixante dans les mains et Tess croisa les bras sous sa poitrine, un sourcil haussé.

— Et ça alors ? Tu l’as transporté toi-même, non ?

Liv’ soupira tout en montant à nouveau sur le lit.

— C’est léger comme une plume Tess, répondit-elle d’un ton indulgent. Tiens, regarde.

Tess lui offrit un regard sceptique avant d’afficher un air embarrassé lorsqu’elle réalisa qu’en effet, le paquet ne pesait pas bien lourd. Elle l’ouvrit soigneusement, souriant lorsque le Liv’ soupira d’impatience, puis sortit ce qu’il contenait à l’intérieur. Un cadre lui apparut, et elle sentit sa respiration se couper lorsqu’elle reconnut la photo qu’il abritait ; un cliché d’elle et de Liv’ lors de leur mariage non officiel avec leurs proches deux ans plus tôt. Son regard descendit un peu et elle remarqua la phrase inscrite à même le bois sur le rebord du bas : « Home is where the heart is. »

— C’est magnifique, souffla-t-elle en effleurant le bois verni, presque noir.

— J’avais pensé que l’on pourrait remplacer la photo par l’une de nous deux avec Sophia après sa naissance, répondit Liv’ d’une voix douce. Et l’accrocher dans le salon.

Tess hocha doucement la tête avant de venir l’embrasser.

— J’adore, répondit-elle en caressant sa joue. C’est superbe.

Liv’ afficha un grand sourire.

— J’ai envie de mettre celle-ci dans la salle à manger, dit-elle en caressant le visage de Tess sur la photo. C’est ma préférée de toutes celles qu’on a prises, tu es magnifique dessus.

— C’est ma favorite aussi, acquiesça Tess. Les cheveux ondulés te vont vraiment bien, comme lors de notre premier rendez-vous.

Sa phrase à peine terminée, elle baissa la tête de dépit, la réalisation la frappant soudainement en plein visage.

— D’accord, c’était calculé, c’est ça ? demanda-t-elle, n’arrivant pas à croire qu’elle n’avait pas fait le lien plus tôt ; c’était les deux seules fois où Liv’ s’était légèrement frisée les cheveux. 

Liv’ lâcha un rire tout en écartant le cadre et reprenant sa place entre les jambes de Tess.

— C’était effectivement un clin d’œil, affirma-t-elle en posant sa tête contre son épaule. Oh, ton frère t’a appelé au fait ? demanda-t-elle soudainement en se redressant.

Tess haussa les sourcils, surprise.

— Hmm non, pourquoi ? Qu’est-ce que mon frère vient faire là-dedans ?

— Ils veulent monter —

— Descendre, Liv’, la coupa aussitôt Tess. Ajaccio est plus haut que Porto-Vecchio.

Liv’ leva les yeux au ciel.

— Ils veulent descendre pour les vacances, il voulait savoir quand serait le mieux pour nous. Oh, et il parait qu’Emilien est malade aussi, gastro.

— Oh le pauvre, frissonna Tess. Et avec les températures que l’on a en ce moment, ça doit être encore pire pour lui en plus.

— Hmm, acquiesça Liv’. Ton frère s’est acheté un t-shirt Superman, il parait qu’il l’appelle son super héros depuis.

Tess rit légèrement, entre son neveu de six ans et son frère de trente-quatre, elle ne savait dire lequel était le plus enfantin. Le ton soudainement sérieux de Liv’ la ramena cependant subitement au présent.

— Dis Tess... tu crois que Sophia souffrira du fait de ne pas avoir d’image paternelle ?

Tess resta un instant interdite, prise de court à la fois par la question, que par le ton incertain qu’elle avait décelé. Elle choisit de répondre à Liv’ avant de donner voix à ses inquiétudes.

— Liv’, commença-t-elle doucement. Tout comme la science a prouvé que l’homosexualité n’était pas une maladie ou tout autre problème mental, un enfant élevé par deux femmes n'aura pas de développement psychosocial différent de celui d’un enfant issu d’un couple hétérosexuel, de même en ce qui concerne son identité, sa personnalité, ou son intelligence.

Elle s’interrompit avant d’ajouter :

— Mais si ça t’inquiète vraiment, elle aura des figures masculines autour d’elle, telle que mon père, mes frères, et ses cousins. Sans compter nos amis.

Liv’ hocha doucement la tête mais resta silencieuse, et Tess se mordit la lèvre avant de murmurer, le cœur tambourinant et les larmes non loin :

— Tu regrettes ?

Liv’ fronça les sourcils avant que la question ne s’enregistre pleinement dans son esprit. Elle me demande si je regrette... d’avoir voulu ce bébé avec elle ? Sa poitrine se contracta douloureusement et elle se redressa aussitôt pour faire face à Tess :

— Non. Bien sûr que non Tess, s’exclama-t-elle en encadrant le visage inquiet de ses mains. Jamais.

Tess avala à travers la boule logée dans sa gorge tout en hochant frénétiquement la tête.

— D’accord, d’accord, souffla-t-elle dans un rire de soulagement. Qu’est-ce qui t’angoisse alors ?

— Rien, répondit Liv’ avant de répondre plus assurément lorsqu’elle vit l’air perplexe de Tess. Je te promets Tess, il n’y a rien. Ce sont juste ces fichues hormones qui me font tourner en bourrique. Je crois que c’est surtout l’appréhension de l’accouchement qui me fait flipper sur tout le reste.

Elle baissa les yeux avant d’ajouter :

— C’est bête, je sais.

— Bête ? s’exclama aussitôt Tess en la serrant contre elle. Bon sang, c’était encore plus flippant que la première version de l’exorciste ! Et pourtant, dieu sait que j’ai flippé pour celui-là.

Liv’ rit tout en venant enfouir son visage dans le cou de sa moitié.

— Duh Tess, c’est ta façon de me remonter le moral ? gémit-elle.

— Non, répondit Tess d’une voix incroyablement douce. Je supporterais la douleur à ta place si je le pouvais.

Liv’ sentit ses yeux se brouiller aussitôt face à la sincérité transpirant clairement à travers les mots, et ne put les retenir lorsque Tess prononça les suivants :

— Mais on sait aussi bien l’une que l’autre que ce n’est pas ça qui te fait peur.

— Comment fais-tu pour lire en moi comme dans un livre ouvert ? souffla Liv’.

Tess sourit doucement.

— C’est facile, je t’aime.

Liv’ soupira d’aise face aux mots aimants avant de fermer les yeux, sa prise se resserrant sur le t-shirt de Tess.

— Je ne me le pardonnerais jamais s’il arrivait quelque chose, lâcha-t-elle d’une voix difficilement maîtrisée.

Tess resserra légèrement son étreinte alors que l’émotion la gagnait elle aussi. A la différence de Liv’, elle n’avait pas uniquement pensé à Sophia, mais à sa femme aussi. Perdre l’une serait insupportable, perdre les deux était tout simplement inimaginable.

— Tout se passera bien Liv’, répondit-elle en l’embrassant sur les cheveux. Je te le promets.

Elle entendit Liv’ renifler et elle se balança légèrement d’avant en arrière tout en choisissant de changer de sujet afin d’éloigner Liv’ de ses idées noires. Stupides hormones. Stupides hormones. Stupides hormones.

— Tu es d’accord pour me laisser tout organiser alors ? Il paraît que la baby shower est une étape importante pour la future maman...

— Eh bien..., commença Liv’ alors qu’elle remerciait intérieurement Tess pour la distraction. J’ai toujours préféré profiter de la fête plutôt que de m’occuper de son organisation, sourit-elle avant de rire. Et puis, vu les réactions que tu as parfois, j’ai l’impression que c’est toi la femme enceinte de nous deux.

Tess lui tira la langue et elle rit encore plus avant de reprendre son sérieux.

— Et puis... tu es une future maman aussi, dit-elle doucement en caressant la longueur d’un bras. Amuse-toi, et surprend moi, ajouta-t-elle dans un sourire.

— D’accord, acquiesça Tess, ravie. J’ai juste une question, les hommes seront de la partie ou non ?

— Oh mon dieu, je crois que tes frères ne se sont pas encore remis des baby shower de leurs épouses, tu veux les achever ?

Tess sentit un sourire narquois s’étendre sur ses lèvres alors qu’elle revoyait ses frères ainés entre les mains de leurs femmes, obligé de participer aux activités et subir les divers accoutrements que ces dernières leurs soumettaient. Elle n’avait jamais autant ri à leurs dépens, une vengeance personnelle d’avoir été la cadette de deux garçons. Même si elle avait rapidement appris à se défendre.

— C’est pour leur bien, répondit-elle. Leurs épouses ont porté leurs enfants pendant neuf mois, ils pouvaient bien souffrir pendant une journée, non ?

Elle regretta aussitôt ses paroles lorsque Liv’ se redressa et l’observa, un sourcil haussé.

— ... et je ne porte pas l’enfant non plus, finit-elle d’un ton désabusé. T’es sûre de la vouloir, cette baby shower ?

Liv’ rit tout en venant enfouir son visage dans son cou.

— Tu es la meilleure épouse du monde, et je sais que tu es encore plus flippée que moi même si tu cherches à le cacher pour me rassurer, dit-elle en venant embrasser la peau douce. Je ne vais pas te martyriser, bien au contraire.

Une lueur malicieuse apparut dans son regard :

— Et puis, j’ai déjà la vague impression que tu souffriras bien assez lorsque mes hormones se déchaineront vers la fin de la grossesse.

Tess grogna et elle rit encore plus.

— Je ferais tout mon possible pour y aller doucement, promis, poursuivit-elle en caressant le ventre de Tess. Oh bon sang, faite que je ne sois pas trop dure avec elle.

— Merci, répondit Tess en venant l’embrasser sur le front.

Un silence confortable s’installa entre elles et elle caressa le dos de Liv’ en des cercles apaisants, souriant lorsqu’elle sentit cette dernière soupirer de bien-être et se détendre contre elle. Elle réalisa soudainement que le soleil commençait à descendre plus bas dans le ciel, et jetant un œil à l’horloge, elle nota qu’il était 17h49. Elle s’interrompit avant de sourire, aucune d’elles n'avait bougé pendant plus d’une demi-heure, simplement coupées du monde extérieur, dans leur bulle. Elle s’apprêtait à prendre la parole lorsque le ventre de Liv’ se mit finalement à gargouiller sévèrement et elle ne put s’empêcher d’éclater de rire, encore plus lorsqu’elle entendit Liv’ grogner de mécontentement.

— On a faim à ce que je vois, la taquina-t-elle finalement.

— Je n'y peux rien, se défendit Liv’. Ma petite femme à fait à manger ce matin et, comment dire, ses talents de cuisinière laissent à désirer.

— Ah oui ? répondit Tess, faussement outrée.

Liv’ s’installa plus confortablement contre l’épaule de Tess.

— Eh bien, elle sait faire de délicieux petits déjeuners, quand elle se lève, bien sûr. Hé ! couina-t-elle alors que Tess venait de la pincer au niveau des côtes. Mais les gaufres ne sont décidément pas son domaine, rit-elle.

— Vilaine, répondit Tess d’un air faussement boudeur, sentant aussitôt Liv’ sourire contre son cou.

— Tu n’as pas idée, taquina sa douce avant de se redresser.

Son regard accrocha celui de Tess et elle dut se rappeler de respirer, tant la tendresse qui y transparaissait était déconcertante. Comment peut-elle me troubler à ce point d’un simple regard ? Et ce après tant d’années ? Se rapprochant légèrement, elle l'embrassa chastement sur les lèvres avant de poser son front contre le sien.

— C’est tout ? demanda Tess, la moue boudeuse.

— Tess…, gémit Liv’ en caressant légèrement ses lèvres. Ce n’est pas parce que tu sais que je ne te résiste jamais quand tu fais cette tête-là que tu dois en profiter.

— J’en profite pas du tout, mentit Tess dans un sourire.

Liv’ secoua la tête, amusée, avant de l'embrasser à nouveau, avec plus de passion qu'elle ne l'avait fait précédemment. Elle sentit les mains de Tess glisser sous son haut pour venir caresser sa peau, avant de lentement remonter vers sa poitrine. Elle se dégagea, légèrement essoufflée.

— J’en connais une qui aurait bien envie d’un câlin, taquina-t-elle, levant légèrement la tête lorsque Tess vint l’embrasser dans le cou.

— Tu crois ? sourit Tess contre sa peau. En même temps, tu ne peux pas me blâmer, la dernière fois remonte à si loin que je n’arrive même pas à m’en souvenir.

Liv’ ricana aussitôt tout en lui donnant une petite tape.

— Tess je t’en prie, elle remonte à trois jours.

Tess se redressa, feignant un air outré.

— Trois jours ?! Pas étonnant que je ne m’en rappelle pas, dit-elle en venant se taper sur le front. Et puis, je n’ai pas souvenir que nous ayons passé aussi longtemps sans faire l’amour.

Liv’ haussa un sourcil. Cette femme devrait être Marseillaise, il faut toujours qu’elle exagère.

— Au moins une fois par mois, mon cœur, ricana-t-elle.

— Je parlais en dehors de nos périodes de règles, répondit aussitôt Tess en plissant des yeux.

Liv’ prit un air songeur.

— Possible, admit-elle avant d’afficher un regard brillant. Mais ça, c’est uniquement parce que tu es une véritable hédoniste.

— Et toi alors, dit Tess en venant l’embrasser. Il faut être deux pour danser un tango, mon amour,  ajouta-t-elle en remuant ses sourcils de façon suggestive. Allez Liv’, même Tommy finit par prendre la poussière.

— Oh Tess, gémit aussitôt Liv’ en se couvrant le visage de ses mains.

Tess perçut aussitôt la rougeur familière qui recouvrit progressivement les traits de Liv’, comme à chaque fois qu’elle mentionnait l’un de leurs jouets intimes, et elle soupçonna très fortement cette dernière de simplement repenser à la première fois qu’elles y avaient eu recours, et qui avait en quelque sorte été le moment le plus embarrassant de leurs vies.

 

Liv’ guida finalement le visage de Tess vers le sien et l’embrassa dans un baiser à la fois doux et profond tandis que les battements de son cœur reprenaient petit à petit un battement régulier.

— C’était… incroyable, murmura-t-elle finalement contre les lèvres de son amoureuse alors que ses yeux s’ouvraient enfin.

Elle écarta quelques mèches blondes du visage de Tess, souriant à son tour lorsqu’elle les glissa derrière son oreille. Tess s’empara de sa main et embrassa doucement son poignet avant de lui voler un baiser puis s’écarter soudainement.

Liv’ haussa les sourcils avant de frissonner malgré elle lorsque l’air de la climatisation vint frôler sa peau humide.

— Ou est-ce que tu vas encore ? gémit-elle alors qu’elle regardait Tess sauter du lit et se diriger vers l’armoire.

Tess sourit tout en regardant par-dessus son épaule.

— Tout à l’heure je suis également allée quelque part..., dit-elle en fixant une zone bien spécifique de l’anatomie de Liv’,... et tu ne t’en es absolument pas plainte.

— C’est vrai, acquiesça Liv’ dans un sourire dévastateur tandis que son regard fiévreux lui brulait littéralement la peau.

Tess eut du mal à déglutir, autant le côté légèrement timide que Liv’ avait parfois la faisait littéralement craquer, son côté sûre d’elle et décidée l’excitait terriblement.

— Mais là, reprit Liv’, je suis sur le lit et tu es à l’autre bout de la pièce ; ça ne va pas du tout.

Tess se mit à rire alors qu’elle farfouillait rapidement dans son armoire avant de finalement trouver l’objet de sa convoitise.

— J’aimerai essayer quelque chose, expliqua-t-elle en soulevant plusieurs piles de vêtements.

Ayant des neveux et nièces ayant tendance à s’immiscer partout où ils le pouvaient, elle avait pris grand soin à bien le cacher. Je n’ose même pas imaginer la réaction de leurs parents s’il l’un deux était tombé dessus, frissonna-t-elle intérieurement alors qu’elle s’emparait de la boîte en carton.

Elle referma le battant puis revint s’assoir en tailleur aux côtés de Liv’.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda cette dernière les sourcils froncés avant de se sentir rougir furieusement lorsqu’elle perçut le gode-ceinture encore enfermé dans son emballage d’origine. Oh. Woah. Hum, je n’ai jamais..., je n’ai jamais utilisé ça, avant, balbutia-t-elle maladroitement en jetant un rapide coup d’œil à Tess avant de laisser son regard retomber sur la boîte.

Tess se mordit la lèvre alors que l’assurance qui l’avait habitée commençait à s’effacer peu à peu.

— Moi non plus, admit-elle. Mais je me suis dit que...

Elle vit Liv’ s’assoir et ramener ses genoux vers elle avant de les entourer de ses bras puis tirer sur le drap afin de se couvrir, son regard ne quittant pas la boîte des yeux. Tess s’arrêta, la panique commençant sérieusement à s’emparer d’elle alors qu’elle se sentait soudainement vulnérable à être découverte ainsi face à Liv’ qui lui avait désormais cachée sa nudité. Elle s’empara de la boîte et la déposa sur la table de chevet avant de se racler maladroitement la gorge.

— Écoute Liv’, si je me suis trompée...

— C’est une histoire de domination ?

Tess cligna des yeux avant d’hausser les sourcils, surprise.

— Quoi ? De domination ?

Liv’ évita son regard tout en remontant encore un peu plus le drap contre elle.

— Hum, rien, oublie, balbutia-t-elle. Je ferais mieux d’y aller, j’ai... le travail, tu sais, poursuivit-elle en se rapprochant du rebord du lit.

Tess l’observa, figée, alors qu’une boule obstruait de plus en plus sa gorge.

— Liv’, attends, commença-t-elle maladroitement alors qu’elle luttait contre l’envie de se couvrir de ses bras. Je suis désolée si je me suis trompée, enfin, je pensais que tu aurais été partante pour essayer et... bref, je suis désolée. Bon sang, il y a une semaine, on se disait « je t’aime » pour la première fois, et maintenant, je fous tout en l’air pour un fantasme sexuel, pensa-t-elle d’un air dépité. Je suis vraiment trop stupide.

Liv’ se contenta d’hocher la tête alors qu’elle calait le drap autour de son corps puis réunissait ses vêtements éparpillés à travers la pièce.

— C’est rien, c’est rien, répondit-elle rapidement tout en regardant autour d’elle.

— Ta culotte est ici, lui indiqua maladroitement Tess en désignant la table de nuit.

Liv’ tourna à contrecœur la tête dans sa direction et nota qu’effectivement, sa culotte en dentelle avait atterrit sur la lampe de chevet.

— Merci, balbutia-t-elle en s’approchant avant de tendre une main légèrement tremblante lorsque Tess lui tendit le morceau de tissu. Merci, marmonna-t-elle à nouveau en s’emparant rapidement du vêtement.

— De rien, murmura Tess avant de laisser ses mains retomber sur ses cuisses.

Elle vit le regard de Liv’ s’arrêter une fois de plus sur la boîte et elle se frotta maladroitement le sourcil.

— Tu penses que... tu penses que c’est de la domination ? demanda-t-elle, incapable de la regarder à son tour.

Liv’ posa aussitôt ses yeux sur elle et elle remarqua pour la première fois combien Tess paraissait aussi embarrassée qu’elle. Elle se mordit la lèvre, hésitante, avant de venir prendre place à ses côtés, sur le lit.

— Je ne sais pas, admit-elle timidement. Je me demandais juste si pour toi... enfin... tu sais, il y a ces gens qui ont ce trip, dominant/dominé et...

— Non, répondit aussitôt Tess en secouant la tête avant de relâcher un rire nerveux. Non, pas du tout. Domination, SM, scatophilie, zoophilie, nécrophilie... promis, je ne suis rien tout ça.

Liv’ lâcha à son tour un rire nerveux alors qu’elle tendait une main peu assurée vers la boîte et la positionnait de nouveau entre elles.

— J’ai paniqué grave, dit-elle dans un sourire penaud. Je suis désolée.

Tess l’observa un instant, pensive, avant de se lever et ramasser à son tour ses affaires.

— Habille-toi, dit-elle en faisant le tour du lit pour récupérer son soutien-gorge qui avait étrangement atterrit sur la poignée de la porte.

— Quoi ? s’étonna Liv’, le cœur battant. Elle me demande de partir ? pensa-t-elle. Tess je..., j’ai paniqué, c’est tout. Je suis désolée, je ne voulais pas...

— Shhh, murmura aussitôt Tess en venant encadrer son visage de ses mains avant de l’embrasser doucement. Ça va, je veux juste te montrer quelque chose, ajouta-t-elle en se redressant à nouveau. Dépêche-toi, il se fait tard et j’aimerais y arriver avant la fermeture.

Liv’ l’observa, confuse, avant de finalement descendre du lit et récupérer le reste de ses affaires. Une fois fait, elle se tourna de nouveau vers Tess et l’observa, hésitante.

— Je sais que le temps presse mais... on ferait peut-être mieux de prendre une douche avant, non ?

Tess rit doucement tout en venant la serrer contre elle. Elle l’embrassa dans le cou.

— Pourquoi ? Je sens mauvais ? taquina-t-elle.

Liv’ tourna légèrement son visage de manière à glisser son nez dans la chevelure claire de Tess et elle inspira profondément.

— Hmm, non, c’est plutôt tout le contraire, ronronna-t-elle. Mais si on sort comme ça, les gens n’auront aucune difficulté à deviner ce que l’on a passé notre journée à faire.

— Tu as raison, sourit Tess d’un air aguichant. Je ne veux pas rendre les autres jaloux.

Liv’ lâcha aussitôt un rire tout en les dirigeant vers la salle de bain.

💕

— 1969 curiosités désirables, lut Liv’, les yeux rivés sur l’enseigne. Hmm, très recherché pour un love shop.

Tess leva les yeux au ciel tout en la tirant légèrement par la main, ignorant les regards curieux des quelques gens qui passaient dans la rue déserte.

— C’est toujours mieux que « Top Sexy » ou « Naughty Store »  non ? demanda-t-elle en lui tenant la porte.

Liv’ lâcha un rire alors qu’elle entrait dans la boutique.

— Naughty Store, sérieusement ?

— Hmm, acquiesça Tess. Tu serais surprise des noms que certaines personnes peuvent donner à leur boutique.

Liv’ haussa un sourcil alors que son regard s’arrêtait sur un vibromasseur vert fluo surmonté d'une petite tête rigolote qui souriait.

— Quand on voit ce qu’ils peuvent vendre..., dit-elle en s’approchant de l’objet en question, ..., je ne suis pas sûre qu’ils arriveraient à me surprendre. Non mais franchement Tess, il existe vraiment des gens qui utilisent ce genre de chose ? Dit-elle en s’emparant de l’objet et le remuant sous le nez de sa moitié. Parce que moi, si tu me ramènes un truc comme ça, j’éclate de rire plus qu’autre chose.

Tess ricana tout en le lui retirant des mains.

— C’est le plaisir qu’il procure qui intéresse.

— Mouais, répondit Liv’ en regardant autour d’elle. Qu’est-ce qu’il y a par-là ? demanda-t-elle en désignant le fond de la boutique.

— Les vidéos.

— Oh. Beurk, frissonna-t-elle. Et là-bas ? poursuivit-elle et pointant du doigt vers la droite.

— La lingerie et les déguisements.

Liv’ frissonna à nouveau.

— Déguisement hein ? grimaça-t-elle avant de plisser des yeux. Tu es venue combien de fois pour connaître aussi bien l’endroit ?

— Liv’..., soupira Tess. C’est un sex shop, pas le musée d’histoires naturelles. Une visite suffit pour retenir l’organisation des lieux.

Liv’ l’observa un instant, dubitative, avant d’écarquiller les yeux.

— Oh merde, Maddie ! s’exclama-t-elle en tirant Tess dans le rayon suivant. Vite ! Vite ! Vite !

— Vraiment ? répondit Tess une fois la surprise passée. Ou ça ? Poursuivit-elle en regardant frénétiquement autour d’elle.

— Shhh, murmura Liv’ en lui faisant signe de baisser d’un ton. Elle est passée devant la vitrine. Viens, je n’ai pas envie qu’elle nous voit.

Tess secoua aussitôt la tête.

— Oh non, non, non, répondit-elle dans un sourire. J’ai envie de savoir si elle va entrer dans le love shop.

— Pour pouvoir la perturber encore plus ? s’exclama Liv’ en tirant sur son bras. Je vois ça d’ici : « L’autre jour, j’ai croisé ma patronne et sa copine dans un sex shop, je me suis retrouvée à devoir lui faire la bise entre une paire de menotte et une combinaison SM. » Vous allez faire la première page de Vie De Merde avec ça !

Tess éclata aussitôt de rire avant de se retrouver avec une main sur la bouche.

— T’es géniale, mon amour, renifla-t-elle en s’essuyant les yeux une fois calmée. Et je ne la perturbe pas, c’est elle qui se monte la tête toute seule simplement parce que je suis sa boss.

Liv’ leva les yeux au ciel avant d’écarquiller de nouveau les yeux.

— Oh merde ! Elle se tape la vendeuse en plus ! dit-elle alors que les deux femmes s’embrassaient.

— Hmm, ronronna Tess d’un ton appréciateur. Leurs nuits doivent être mouvementées.

— Hédoniste, répondit aussitôt Liv’ en lui mettant une tape sur le ventre.

— Exactement, sourit fièrement Tess avant de venir l’enlacer par derrière. Et justement, si on en revenait au sujet en question ? ajouta-t-elle en l’embrassant juste derrière l’oreille.

Liv’ jeta un dernier coup d’œil vers la caisse, s’assurant que Maddie ne risquait pas de les voir, avant d’hocher la tête et reporter son attention sur le rayon lui faisant face. Elle perçut l’une des vendeuses se diriger dans leur direction du coin de l’œil et elle fut soulagée de voir Tess secouer légèrement la tête afin de lui faire comprendre qu’elles n’avaient pas besoin d’aide.

— Merci, lui murmura aussitôt Liv’ en l’embrassant sur la joue.

— De rien, sourit Tess. Vu ta réaction tout à l’heure, je me suis dit qu’entrer dans ce genre de boutique n’allait pas te mettre très à l’aise. Avoir à subir les explications de la vendeuse encore moins.

— Pas faux, acquiesça timidement Liv’. Bien qu’avec ta présence, ce n’est pas si terrible.

— Tant mieux, répondit Tess en resserrant son étreinte, laissant ses mains reposer sur son ventre.

Liv’ soupira d’aise tout en se collant plus encore contre le corps de Tess alors que ses yeux parcouraient les rayons de vibromasseurs et autres sex-toys. Elle devait bien avouer être plutôt surprise tant le choix était impressionnant mais était surtout un peu angoissée, loin de se douter que les gens utilisaient autant d'accessoires différents sous les draps.

— Ça va ? souffla Tess à son oreille.

— Mis à part que je ne me sens pas vraiment à ma place dans cette boutique ? demanda Liv’, provoquant aussitôt le rire de Tess. Les vibromasseurs ne me dérangent pas tant que ça, bizarrement, mais le gode ceinture me met mal à l'aise, pour une raison que j’ignore.

— Surement parce que la première chose à laquelle beaucoup pensent, c’est qu’une femme qui le porte aimerait être un homme. Et que celle qui aime se le voir utiliser sur elle préfèrerait les hommes en réalité.

Liv’ se mordit la lèvre, pensive.

— Peut-être... mais toi, qu'est-ce que ça t'inspire, au fond ? demanda-t-elle en tournant légèrement la tête afin de croiser le regard de Tess.

— Eh bien, pour moi, le gode ceinture n'est pas un "substitut" du pénis, c'est juste l'objet d'un fantasme partagé, d'une ouverture sur de nouveaux plaisirs. Je ne joue pas aux hétéros, et cet objet ne me fait absolument pas sentir moins femme. Je pense simplement que c'est une question de goût. Chacun ses fantasmes, ses envies...

— Je pense que c’est le fait qu’ils aient généralement la forme d’un phallus qui laisse à penser ça, répondit Liv’ en s’emparant d’un. Ils les font même couleur chair.

— Ça a surtout les dimensions requises et la forme la plus pratique, répondit Tess en appuyant son menton contre l’épaule devant elle. Et oui, il se trouve que ça ressemble au sexe masculin. Mais ce n'est pas pour autant que cela veut dire que l'on a envie d'un homme, ou d’en être un. C’est un préjugé bien dommage. Ça permet simplement des choses que notre corps n'autorise pas, avoir une simulation vaginale, tout en ayant les mains libres, et les deux corps l'un contre l'autre.

Liv’ reposa l’objet avant de se retourner dans l’étreinte de Tess de manière à lui faire face.

— Avoir une simulation vaginale, tout en ayant les mains libres, et les deux corps l'un contre l'autre, hein ? sourit-elle doucement.

Tess sentit un sourire apparaître à son tour sur son visage.

— Si j’avais su que cette simple phrase allait te convaincre, je l’aurais sortie plus tôt, taquina-t-elle, provoquant aussitôt le rire de Liv’. C’est juste une histoire d’avoir envie de mettre un peu de piment et de nouveauté dans une vie sexuelle.

— Du piment..., répéta Liv’ d’une voix pensive. Notre vie sexuelle ne te convient pas comme elle est ? poursuivit-elle d’un ton incertain.

Tess vint l’embrasser sur le bout du nez avant de coller son front contre le sien.

— Je n’ai jamais dit ça, répondit-elle doucement en caressant la taille qu’elle entourait de ses pouces. Elle me convient parfaitement. Mais c’est simplement comme... une douche à deux où le jet d'eau devient un accessoire intéressant, ou... un thé glacé où le glaçon finit par être utilisé pour frissonner de plaisir ou encore... la taie d'oreiller pour bander les yeux... Tu vois ? Le gode ceinture n’est pas différent, c’est simplement un moyen de varier les plaisirs.

Elle laissa un sourire malicieux prendre place sur ses lèvres.

— Mais personnellement, j’ai un faible pour le champagne dans le nombril, dit-elle en taquinant l’endroit en question.

Liv’ attrapa aussitôt les doigts baladeurs alors qu’un rire s’échappait de ses lèvres.

— D’accord, d’accord, répondit-elle en lui volant un baiser. J’ai compris.

— Tant mieux, murmura Tess contre ses lèvres. Parce que l'important, c’est de donner du bonheur et du plaisir à celle que l'on aime. Alors si tu n’es pas pour, ce n’est pas grave, parce que tu me rends heureuse, et que pour le second... ce n’est plus à prouver, non ?

Liv’ rougit légèrement tout en secouant la tête.

— Non, souffla-t-elle à son tour. Et justement... on a un... certain objet à essayer.

Tess haussa un sourcil avant de regarder autour d’elle.

— Juste un ?

Liv’ suivit son regard et se mit à sourire d’un air amusé.

— Qu’est-ce que tu as en tête, ma petite hédoniste ? taquina-t-elle en venant chatouiller son ventre à son tour.

Tess sourit aussitôt, amusée.

— Ils ont des accessoires pour le bain dans le rayon suivant, pour les préliminaires.

— Ah ? répondit Liv’ en jetant un coup d’œil vers l’endroit en question. D’accord, mais... tu payes, ajouta-t-elle en poussant Tess pour qu’elle passe devant.

Tess éclata de rire alors qu’elle tendait une main derrière elle pour attirer Liv’ à elle. Sa timidité sur le sujet allait prendre du temps avant qu’elle ne lui lâche du lest. Mais peu l’importait, elle trouvait ça infiniment craquant.

 

Depuis ce jour, le petit canard ne restait jamais longtemps sur le bord quand elles plongeaient ensemble dans la baignoire.

— Tu ne vas jamais t’en remettre, hein ? sourit Tess en retirant doucement les mains de Liv’ de son visage.

Liv’ lui offrit un regard appuyé.

— Bien sûr que non. J’étais là, à t’attendre, et toi, tu reviens avec un god-ceint —

— Tommy, coupa Tess.

Un gode-ceinture en forme de phallus, gronda Liv’ les dents serrées. On n’appelle un chat, un chat, arrête d’appeler ce machin Tommy !

Tess afficha un air nonchalant.

— Tu t’appelles Olivia, pourtant, tout le monde t’appelle Liv’.

Liv’ laissa retomba sa tête contre l’épaule de Tess et lâcha un grognement qui se transforma rapidement en un rire dépité.

— Il faut toujours que tu ais le dernier mot, hein ?

— Comme toi, sourit Tess d’un air satisfait en embrassant le dessus de sa tête.

Liv’ répéta le même geste sur l’épaule contre laquelle elle reposait avant de venir se rallonger contre les oreillers.

— Tu me masses les pieds ? demanda-t-elle d’un ton plein d’espoir.

Tess lui offrit un regard perplexe.

— C’est un nouveau jeu sexuel ?

— Hein ? s’étonna Liv’ en clignant des yeux avant d’éclater de rire. Oh bon sang Tess, tes hormones sont beaucoup trop actives parfois, dit-elle en s’essuyant les yeux. Non, ils me font juste atrocement souffrir, ajouta-t-elle en désignant les membres en question, contente de pouvoir au moins les voir lorsqu’elle était en position assise.

— Trop active, marmonna Tess en ouvrant le tiroir de la table de chevet. Tu ne t’en es jamais plainte, hein.

Liv’ se mit à rire à nouveau avant de lâcher un gémissement de bonheur lorsqu’elle vit Tess s’emparer de l’huile végétale relaxante qu’elles utilisaient toujours pour les massages.

— Oh Tess, tu es géniale, soupira-t-elle en observant chacun de ses gestes.

— Je sais, sourit Tess en plaçant l’un des pieds de Liv’ sur ses cuisses.

Elle versa une noisette d’huile au creux de sa paume, puis frotta ses mains entre elles afin de la chauffer légèrement avant de venir enduire la plante du pied de Liv’. Elle relaxa ensuite la cheville, puis vint toucher ses orteils un par un d’un geste tendre mais décidé, de la base jusqu’à leur extrémité.

À en juger par les légers soupirs d'aise que Liv’ laissait parfois échapper, Tess savait qu’elle appréciait son massage et elle parcouru le dessus puis le dessous de ses orteils avant de leurs faire faire des petits tours sur eux même dans les deux sens tout en tirant très légèrement. Puis, comme un chat avec ses pattes, elle maintint le pied de Liv’ à deux mains puis appliqua la pulpe de ses pouces sur les coussinets en dessous des orteils en faisant de lentes pressions alternatives.

Liv’ lâcha un gémissement plus fort que les précédents et elle dut s’essuyer le front tout en remuant sur place, bien consciente que les bruits de son amoureuse étaient très loin de la laisser insensible.

— Liv’, souffla-t-elle tout en glissant lentement ses pouces de l’intérieur vers l’extérieur du creux du pied de Liv’. Arrête, tu es en train de me rendre folle.

Liv’ ouvrit ses yeux qui s’étaient fermés d’eux même et afficha aussitôt un air mêlant fierté et amusement.

— C’est vrai ? sourit-elle.

Tess lui offrit un air appuyé accompagné d’un sourcil haussé.

— Ne va certainement pas en jouer, la prévint-elle.

Liv’ s’apprêtait à simuler un gémissement avant de refermer sa bouche d’un coup sec quand Tess menaça d’arrêter son massage.

— D’accord, j’arrête, promit-elle en levant les mains en signe d’apaisement. Fais mon autre pied... et je verrais pour le câlin en question, ajouta-t-elle en remuant ses orteils.

Tess se déplaça si rapidement qu’elle dut cligner des yeux lorsque son visage se retrouva soudainement si proche du sien.

— Je veux une réponse sûre..., souffla Tess contre ses lèvres,... ou j’arrête tout de suite.

— Oh, du chantage, hein ? sourit Liv’ alors qu’un frisson familier se répandait dans tout son corps face à la proximité de sa moitié. C’est un mauvais exemple pour ta fille ça, tu sais, ajouta-t-elle d’un ton nonchalant.

Tess se recula légèrement tout en haussant un sourcil.

— Oh je vois, tu comptes l’utiliser pour arriver à tes fins, c’est ça ?

— Dixit la fille qui a recours au chantage dans son couple, rétorqua Liv’ en lui tirant la langue.

— Parce que son épouse ne veut pas lui faire de câlin ! s’exclama aussitôt Tess en la pointant du doigt. Tu sais, il y a un type qui a été condamné à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à son épouse parce qu’il ne remplissait plus son devoir conjugal, hein, poursuivit-elle en utilisant à son tour un ton nonchalant.

Liv’ plissa des yeux tout en croisant les bras sous sa poitrine.

— Ce simple commentaire te vaudrait de passer la nuit sur le canapé, mademoiselle Tassandra Chevalier.

Tess frissonna et regagna aussitôt le pied du lit afin de reprendre son massage des pieds de Liv’.

— L’abstinence a du bon parfois, répondit-elle en secouant frénétiquement la tête. C’est... ça permet de faire d’autres choses, poursuivit-elle en essayant de se convaincre elle-même.

Elle eut à peine terminé sa phrase que Liv’ éclata de rire au point d’en avoir les larmes aux yeux. Tess lui offrit un regard noir et elle se sentit partir à nouveau, perdant sa respiration dans un éclat de rire tellement bruyant que même son ventre contracté finissait par devenir douloureux, ainsi que ses muscles faciaux.

— Oh mon dieu Tess..., renifla-t-elle finalement alors qu’un rire s’échappait à nouveau de ses lèvres de temps à autre. Tu n’es pas possible. J’ai hâte de te voir avec Sophia, tu sais.

Le ton était taquin mais le regard de Liv’ reflétait sans aucun doute possible la sincérité de ses propos. Tess se rapprocha à nouveau, déposant un baiser sur son ventre à travers le tissu puis sur ses lèvres une fois arrivée à sa hauteur.

— Moi aussi, sourit-elle. Et j’ai hâte de vous voir toutes les deux ensembles aussi. Tu vas être une maman du tonnerre.

Liv’ rougit légèrement avant de soupirer.

— J’ai surtout hâte de ne plus être aussi énorme, dit-elle en tirant sur sa salopette. Regarde-moi ça, on dirait une baleine habillée comme un sac. T’es sûre que tu me désires toujours ? gémit-elle en levant les yeux vers Tess.

Tess cligna des paupières, abasourdie, avant de se mordre la lèvre, indécise. Toutes ses belles sœurs étaient passées par là, et elle devait bien s’avouer que pour les premières naissances, ses frères n’avaient pas vraiment assurés. L’humour faisant partie intégrante de leurs caractères, ils y avaient eu recourt au grand dam de leurs épouses, et bien que Tess opérait elle aussi de la même façon, elle devait bien reconnaitre qu’ils n’avaient pas été futé du tout sur le coup. Son frère ainé, le second de la famille, s’était élancé dans une série de surnom partant de « ma baleine » en passant par « mon cachalot, mon petit bibendum, mon pachyderme » pour finir par « mon mammouth rien qu'à moi. » dans l’espoir d’effacer l’air misérable du visage de sa femme et la faire sourire. Il avait dû finir la nuit chez elles tellement son épouse avait été hors d’elle. Tess ne l’en blâmait pas, au contraire, et elle et Liv’ lui avaient fait passé un mauvais quart d’heure avant de le laisser dormir sur le canapé.

Notant combien Liv’ était sérieuse, Tess n’eut aucune envie de se cacher derrière l’humour comme elle le faisait généralement lorsqu’un sujet sérieux ou délicat était abordé. Elle ouvrit la bouche, mais n’arriva qu’à balbutier des mots incohérents. Agacée contre elle-même de ne pas réussir à former une simple phrase, elle se redressa sur ses genoux, défit l’attache de son jean, baissa la fermeture éclair et s’empara de la main de Liv’ qu’elle glissa à l’intérieur.

— Ça répond à ta question ? demanda-t-elle, la respiration légèrement saccadée de sentir les doigts de Liv’ évoluer contre son intimité humide.

  Liv’ haussa les sourcils alors que sa bouche s’asséchait subitement.

— Bon sang Tess, tu es...

— Trempée ? souffla cette dernière dans un sourire. Ça t’apprendra à gémir quand je te masse les pieds.

Elle leva un doigt lorsque Liv’ voulu l’interrompre.

— Et à être toujours aussi sexy même à sept mois de grossesse.

— Tess..., commença Liv’ en retirant sa main.

Tess se mordit la lèvre afin de retenir un grognement face à la perte de contact et s’assit contre Liv’, tournant légèrement son visage pour la regarder dans les yeux.

— C’est vrai, répondit-elle sincèrement. Tu es magnifique, mon amour. Tu n’es pas grosse, tu portes notre fille ; c’est complètement différent. Je serais plutôt du genre à t’en vouloir si tu étais restée fidèle à celle que tu étais avant d’être enceinte, car ça voudrait dire que tu ne prends pas soin de toi, ni de notre petite princesse. Et tu es très loin d’être un sac. En fait..., elle se mordit la lèvre,..., tu n’imagines même pas ce que ça me fait de te voir dans cette salopette.

Liv’ rougit légèrement avant d’hausser un sourcil.

— Je crois que si, dit-elle en désignant l’entrejambe de Tess du regard.

— Oups, j’avais oublié, sourit malicieusement Tess avant de reprendre son sérieux. Tu es magnifique Liv’, je te le promets. Par contre, en ce qui concerne les câlins, je suis désolée. Ce n’était rien de plus que des taquineries, si, sans le vouloir, je t’ai mis la pression —

Elle fut interrompue par une main sur ses lèvres.

— Tu ne me mets jamais la pression, Tess, répondit sincèrement Liv’ en venant frôler sa joue du bout de ses doigts. Si je n’en avais pas envie, tu le saurais, car me forcer ne serait bénéfique ni pour toi, ni pour moi, et ce n’est de toute façon pas mon genre.

— Je sais, murmura Tess en venant embrasser son poignet. Tu veux que je reprenne le massage de tes pieds ?

— Non, répondit Liv’ en secouant légèrement la tête. Aussi fou que cela puisse paraître, je crois que ma libido est la seule chose que ces fichues hormones laissent tranquille. J’ai envie de prendre un bain, avec toi.

Elle se redressa et afficha un sourire langoureux :

— Et un certain jouet qui ne reste jamais bien longtemps sur le rebord de la baignoire.

Tess grogna aussitôt tout en sautant du lit.

— Tu as toujours les meilleures idées, dit-elle en tendant une main afin d’aider Liv’ à descendre avant de l’attirer à elle. T’ai-je déjà dit que c’était pour cela que je t’aimais ?

— Hmm, une fois ou deux, peut-être, taquina Liv’ en venant l’embrasser dans le cou.

Tess approcha ses lèvres de son oreille.

— Alors laisse-moi te le rappeler pendant... disons... les deux prochaines heures ?

Liv’ sentit aussitôt ses paupières se fermer alors qu’une douce chaleur familière se répandait au creux de ses reins.

Mon Dieu, qu’est-ce que je l’aime.

— Ouvre la voie, mon amour, je te suis, sourit-elle avant de venir l’embrasser tendrement.

Tess fut plus que ravie d’obtempérer.

 

- FIN -

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !

Publicité