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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juin 2012

Episode 5 : En attendant bébé...

— Attachés ou détachés ?

Debout devant le miroir de la salle de bain, l’élastique entre ses dents, Tess réunit ses longs cheveux blonds en une queue de cheval haute à l’aide de sa main. Elle opta finalement pour les attacher puis vint lisser son débardeur bleu ciel en un geste nerveux alors qu’elle s’observait d’un regard critique. Oh bon sang, pensa-t-elle nerveusement. Pas étonnant que tu t’occupes toujours de ce genre de chose Liv’, je suis complétement angoissée. Et avec la chance que j’aie, je vais répondre ‘oui’ quand je penserai ‘non’ et me retrouver avec une facture astronomique et une pile mirobolante d’articles. Elle soupira. C’est ridicule, on croirait que j’assiste à mon premier entretien d’embauche, je suis la propriétaire d’une boîte pour l’amour du ciel !

Après un dernier coup d’œil dans le miroir, elle quitta la salle de bain et hésita un instant avant d’opter pour ses tongs. Étant début Juillet, les températures étaient de toute façon trop étouffantes pour qu’elle puisse enfiler autre chose.

La sonnette de l’appartement retentit et elle observa aussitôt la porte, un air indécis prenant place sur ses traits avant qu’elle ne lève les yeux au ciel et ne court dans sa chambre s’emparer d’une légère chemise blanche à manches courtes. Elle l’enfila sur le chemin du retour vers l’entrée et trébucha presque lorsque le chat choisit ce moment précis pour s’insinuer entre ses jambes.

— Ah Maly, reste pas là ! protesta-t-elle dans un murmure tout enjambant le magnifique chat mi-angora.

Il l’ignora, ronronnant fortement alors qu’il zigzaguait entre ses jambes et Tess soupira tout en s’emparant de lui et le déposant sur le fauteuil non loin. Elle s’essuya ensuite ses mains moites sur ses cuisses avant de s’arrêter lorsqu’elle remarqua son jean déchiré. Oh merde, se figea-t-elle avant d’hausser les épaules tout en grimaçant. Bah, c’est trop tard maintenant.

Elle s’approcha de l’entrée et inspira un bon coup avant d’ouvrir la porte puis afficher un lumineux sourire à la jeune femme qui lui apparut aussitôt.

— Bonjour ! la salua cette dernière avec un enthousiasme non dissimulé tout en lui tendant une main. Vous devez être Tassandra Chevalier, c’est bien ça ?

— C’est exact, répondit Tess en s’emparant de la main offerte. Et vous devez être Jessica Sanchez ? Ajouta-t-elle alors qu’elle s’écartait et faisait signe à la jeune femme d’entrer.

Jessica regarda autour d’elle avant de reporter son attention sur Tess et hocher la tête, ses boucles auburn dansant autour de son visage fin et ovale.

— C’est ça, sourit-elle à son tour. C’est très mignon chez vous, très moderne tout en restant typiquement sudiste.

Elle s’interrompit avant d’ajouter d’un air conspirateur :

— J’avoue vous envier la plage à seulement cinq minutes à pied..., dit-elle dans un clin d’œil.

— Merci, rit Tess tout en les dirigeant vers le salon. On a emménagé il y a peu. Nous sommes du centre-ville de Porto-Vecchio à l’origine mais on recherchait quelque chose de plus grand, alors on s’est rapprochée de la côte lorsque l’on s’est rendues compte que l’on ne trouverait pas notre bonheur là-bas. Et mis à part une ou deux pièces que l’on a envie de changer, j’avoue qu’en effet, on a été plutôt chanceuse sur ce coup, finit-elle en glissant ses mains dans les poches de son jean avant de se basculer légèrement d’avant en arrière une fois arrivée devant le canapé.  

Jessica lui sourit avant de froncer les sourcils lorsqu’elle la détailla de la tête au pied, et Tess sentit aussitôt son cœur se mettre à battre plus fort. C’est la tenue, je le savais, j’aurais dû opter pour quelque chose de plus officiel ! Comment pourrait-elle me prendre au sérieux avec un jean comportant plus de trous que de tissu ? Oh bon sang, je vais tout gâcher.

— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle, la gorge soudainement sèche.

— Non. Non, répondit Jessica en secouant la tête. Vous me semblez juste... stressée, expliqua-t-elle avant d’afficher un petit sourire en coin. Je suis spécialisée dans les baby showers, pas dans les services sociaux, vous savez ?

Le ton taquin ne lui échappa pas et Tess relâcha aussitôt un rire, la tension quittant peu à peu son corps.

— Je suis désolée, s’excusa-t-elle en se frottant maladroitement le sourcil. C’est juste que c’est une première et...

— Ne vous en faites pas, je comprends, la rassura la jeune femme rousse. L’inconnu appréhende souvent.

Tess lui désigna le fauteuil libre de la main tandis qu’elle prenait la direction de la cuisine.

— Vous dites ça pour me rassurer, ou vous avez déjà expérimenté ce genre de chose ? demanda-t-elle par-dessus son épaule alors qu’elle ouvrait la porte du réfrigérateur.

Jessica prit place sur le fauteuil et déposa son sac sur ses genoux tout en l’observant depuis sa place, la cuisine n’étant séparée du salon que par un bar américain encadré de hauts tabourets.

— Les deux, répondit-elle dans un sourire avant de s’emparer d’un bloc-notes. 

— D’accord, rit doucement Tess. Du thé glacé, ça vous irait ?

— C’est parfait.

Tess s’empara du pichet en verre qu’elle avait préparé un peu plus tôt dans la journée et le plaça sur un plateau avant de l’accompagner de deux verres qu’elle remplit de quelques glaçons. Elle rejoignit le salon après s’être assurée que Maly dormait toujours sur le second fauteuil. Manquerait plus qu’il me fasse tomber devant elle, pensa-t-elle dans un frisson. Ça, ce serait définitivement la honte.

— Et voilà, dit-elle en déposant le tout sur la table basse.

Elle remplit les deux verres puis en tendit un à Jessica avant de venir s’installer sur le canapé.

La jeune femme lui sourit son remerciement puis observa Tess d’un air pensif, son stylo faisant des « tap tap » régulier contre la surface en papier de son bloc-notes avant que finalement, elle ne croise ses bras sur ses genoux et ne se penche légèrement vers l’avant.

— Dites, ne le prenez pas mal, sourit-elle doucement, mais vous avez un peu trop la ligne pour être enceinte.

Tess haussa les sourcils avant de baisser les yeux vers son ventre plat qu’elle devait uniquement à de nombreuses heures de basket en club et lâcher un rire.

— Je suis désolée, dit-elle en relevant la tête et se grattant le sourcil. Je pensais pourtant avoir...

— Vous m’avez donné les prénoms, acquiesça Jessica avant qu’elle n’ait pu terminer. Mais ne m’avez pas précisé laquelle de vous deux portait l’enfant.

Tess se passa une main sur le visage tout en soupirant.

— Je savais bien que j’oublierais quelque chose, répondit-elle d’un air dépité.

— Ce n’est pas bien grave, lui répondit aussitôt Jessica dans un sourire rassurant. Mais en général, j’ai toujours à faire à celle qui est enceinte.

Tess nota que le terme « future maman » était évité et elle apprécia. Car après tout, elle était elle aussi sur le point de devenir une maman, non ? Elle prit une gorgée de son verre avant de répondre.

— C’est une surprise, elle n’est au courant de rien.

— Oh, s’étonna Jessica avant de sourire. Je vois. Vous la voulez pour quand ?

— Eh bien, Liv’ vient tout juste d’entamer son septième mois alors... j’avais pensé, dans le mois prochain ?

— Vous vous y prenez tôt, sourit aussitôt la rouquine alors qu’elle prenait quelques notes.

Tess lui offrit un petit sourire embarrassé.

— Liv’ est vraiment difficile à surprendre, répondit-elle avant de froncer les sourcils. Enfin, je crois.

— Vous croyez ? s’étonna Jessica en relevant la tête.

— Elle est toujours celle qui fait les surprises, en général, expliqua Tess alors que la réalisation la frappait soudainement. Mince, vous pensez que ça craint ? commença-t-elle à paniquer.

Jessica haussa les sourcils avant de sourire.

— Je suis spécialisée dans les baby-shower, pas conseillère matrimoniale, vous vous souvenez ? Rappela-t-elle gentiment. Mais si vous voulez mon avis... elle s’en est plainte ?

— Non, répondit aussitôt Tess. Enfin, je n’en ai pas souvenir.

— Alors ne vous torturez pas l’esprit, répondit la jeune femme avant de désigner la pièce. Vous comptez faire ça ici ?

Tess regarda autour d’elle avant d’hocher la tête.

— La pièce est spacieuse et lumineuse, c’est parfait, poursuivit Jessica en prenant de nouvelles notes. En ce qui concerne le thème, vous y avez déjà réfléchis ?

Tess lui offrit un regard confus.

— Il existe des thèmes différents pour une baby shower ?

— Vous êtes vraiment novice, hein ? la taquina Jessica avant de sortir un prospectus de son sac et le lui tendre. Tout dépend de vos goûts et de vos envies, mais oui, il existe de nombreux thèmes ; saisonnier, festif, féérique, gourmand... les plus courant sont bien évidement les thèmes de couleur, avec le rose pour une petite fille, bleu pour un garçon, mais —

— Non, coupa Tess en secouant la tête, les yeux toujours rivé sur la brochure. Pas de couleur en fonction du sexe du bébé. J’ai horreur de ça, voulut-elle ajouter, mais elle s’abstint.

— Si vous ne m’aviez pas coupée..., reprit Jessica d’un ton légèrement espiègle, ...j’allais justement vous dire que les couleurs pouvaient varier.

Tess afficha de nouveau un sourire embarrassé.

— Pardon, dit-elle avant de se passer une main dans les cheveux tout en soupirant. Ça semble aussi compliqué que l’organisation d’un mariage.

— J’avoue, répondit Jessica en hochant la tête. Le thème de la baby shower est à décliner depuis les invitations jusqu’à la décoration,  en passant par les activités, les jeux et même le buffet. Mais je suis là pour ça, ajouta-t-elle dans un clin d’œil.

— Justement..., commença Tess d’un ton hésitant avant de se lever. J’aimerai vous montrer quelque chose.

Jessica l’observa, à la fois surprise et confuse.

— Hum... d’accord, répondit-elle finalement en se levant à son tour.

Elle suivit Tess le long d’un petit couloir puis pénétra dans ce qu’elle devina être la chambre d’ami, tant la pièce était dénuée d’effets personnels. Elle fut cependant surprise d’y découvrir tout un assortiment de décorations, de ballons et autres guirlandes en tous genres. Elle observa la pièce, interdite avant de se tourner de nouveau vers Tess.

— Pourquoi avoir eu recours à mes services si vous avez déjà tout acheté ? S’enquit-elle, perplexe.

Tess lui sourit maladroitement.

— J’ai besoin de votre aide pour l’organisation de la pièce, les activités, et tout ce qui en fait une baby shower, répondit-elle. Mais j’aimerai votre avis concernant les décorations, car comme vous pouvez le constater...

— Vous en avez acheté de chaque sorte.

Tess rougit légèrement.

— Je n’ai aucune idée desquelles seraient les mieux, ou...

Elle s’interrompit lorsqu’elle sentit une main sur son bras.

— Je crains de ne pouvoir vous aidez à ce sujet, lui dit Jessica d’un air désolé. Il n’y a pas de mieux ou moins bien, c’est juste une question de goût. Et je ne peux malheureusement pas deviner ceux de votre épouse pour vous.

Tess afficha un air déconfit.

— La surprise tombe à l’eau, alors ?

— Eh bien..., commença Jessica d’un ton indulgent. La baby-shower est une étape incontournable de la grossesse. C’est pour beaucoup le premier pas sur la dernière ligne droite avant l’accouchement. Certaines choisissent d’ailleurs de faire leur baby shower après l'accouchement en cas de grossesse difficile ou simplement par superstitions.

— Vous pensez que Liv’ voudrait ça ? La coupa aussitôt Tess, sentant la panique monter en elle.

Jessica lui offrit un sourire rassurant.

— Je ne connais pas votre épouse, lui rappela-t-elle gentiment. Ce que je veux dire, c’est qu’elle désirera peut-être s’y investir. Mais découvrir que vous y avez pensé sera déjà une bonne surprise en soit.

— Sauf si elle n’en veut pas, marmonna Tess.

Jessica retint un rire.

— Je pense que si vous avez eu cette idée, c’est que vous savez que si, la rassura-t-elle. Et puis, quelle femme n’aime pas être chouchoutée et couverte de cadeaux ?

Tess retrouva aussitôt son sourire.

— Vous me conseillez de la mettre au parfum alors ?

— Je ne peux pas décider pour vous, mais je pense que vous devriez l’envisager, oui. Et puis, il est toujours possible qu’elle accepte de vous laisser les commandes ; vous pourrez donc toujours la surprendre en aménageant la pièce et organisant les activités.

Tess se mordit la lèvre.

— Je crois que je vais vous raccompagner à la porte, dans ce cas, grimaça-t-elle.

Sa réponse déclencha aussitôt un rire.

— Je trouverais la sortie moi-même, ne vous embêtez pas, répondit Jessica en lui tendant de nouveau une main. Et concernant votre épouse, ne vous inquiétez pas, votre geste lui fera plaisir. Qu’elle soit intéressée ou non, c’est l’intention qui compte, non ?

— Merci, répondit Tess en s’emparant de la main offerte. Je vous tiendrais informée, quelle que soit la réponse — si elle partante — on aura besoin de vos services.

— Pas de soucis, acquiesça Jessica avant de s’éloigner. Et détendez-vous, tout ira bien, ajouta-t-elle par-dessus son épaule.

Tess secoua la tête, un sourire amusé sur les lèvres. Je suis aussi facile à lire qu’un livre ouvert, pensa-t-elle alors qu’elle retournait dans le salon. Elle s’empara de son verre avant de remettre le pichet au frigo et nettoyer celui de Jessica. Une fois satisfaite, elle regarda un instant autour d’elle, indécise, avant de reprendre la direction de la chambre d’amis. Quitte à avoir du temps libre, autant l’utiliser à bon escient.

Elle déposa son verre sur la table de chevet puis s’empara de son ordinateur portable et s’installa sur le rebord du lit. Une fois la machine mise en route, elle commença à surfer sur le net à la recherche d’idées pour les cartes d’invitation. Elle n’avait certes pas encore le thème, mais le contenu ne devait pas varier quel que soit ce qu’elles choisissaient, non ?

Après plusieurs pages de visionnées, elle commença cependant à rapidement désespérer, les résultats prouvant bien que la baby shower était un évènement importé puisque les résultats étaient tous en anglais. Elle les trouvait de toute façon trop formelles, la plupart contenant simplement le nom du futur bébé, l’heure et le lieu de rendez-vous. C’est à se demander s’ils sont vraiment motivés...

Dépitée, elle décida finalement d’abandonner et ouvrit un document word qu’elle nomma aussitôt « En attendant bébé... » ; ses propres idées allaient devoir faire l’affaire.

Outre les particularités évidentes, à savoir, la douche pour qui, quand l'événement se produirait, où il aurait lieu, Tess tenait à faire quelque chose d’amusant, ajouter un petit texte en faisant comme si c’était le bébé qui parlait, par exemple. Elle avait ensuite l’intention d’insérer les cartes d’invitation dans des biberons en plastique garnis de papier coloré et autres goodies puis les faire livrer aux invités.

Enfin, ça, c’était si Liv’ était partante, bien sûr.

Le bruit de la porte d’entrée lui parvint et elle s’immobilisa soudainement, ses doigts interrompant leur danse sur le clavier.

— Tess ? appela Liv’. Je suis rentrée !

Tess sourit aussitôt. Hmm, j’adore cette phrase.

— Je suis dans la chambre d’ami ! hurla-t-elle à son tour tout en prenant place au milieu du lit. Bon, je suppose que le moment de vérité est arrivé.

Elle regonfla l’un des nombreux oreillers situé dans son dos puis attendit, le cœur battant. Elle savait que si elle fermait les yeux, elle pourrait aisément visualiser Liv’, la voir refermer la porte derrière elle à l’aide de son pied, déposer les clés dans le vide poche de l’entrée, puis accrocher son sac à main sur le porte manteau. Elle savait même le nombre de pas qu’elle allait parcourir avant d’apparaitre dans la chambre. Sept. Six, cinq, quatre, trois, deux... Un.

Liv’ apparut aussitôt et Tess la trouva définitivement craquante dans sa salopette en jean s’arrêtant à mi-cuisses et son t-shirt à manche courte. Ses cheveux bruns étaient réunis à l’arrière de sa tête à l’aide d’une pince à cheveux et quelques mèches encadraient son visage, accentuant son air décontracté. Tess s’attarda un instant sur le ventre arrondit avant de remonter sur le visage de Liv’, lui-même penché sur le ticket de caisse qu’elle tenait entre ses mains.

— Dis amour, commença Liv’ d’une voix concentrée. On a plus de deux cents euros sur la carte du magasin, tu penses qu’on pourrait les utiliser pour...

Elle releva la tête et sa voix diminua pour finalement s’éteindre. Elle cligna des paupières avant de regarder tout autour d’elle d’un air ébahi. Son regard se porta finalement sur un assemblage de ballons flottant dans les airs situés juste à côté d’elle et elle tira légèrement sur la ficèle pour pouvoir y jeter un œil de plus près. Son visage s’illumina aussitôt.

— Une baby shower, murmura-t-elle avant de tourner la tête vers Tess. Tu es vraiment la meilleure femme du monde.

Tess rougit légèrement face au compliment inattendu et elle tendit une main dans sa direction.

— Viens ici... et tu seras la meilleure femme du monde toi aussi.

Liv’ n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois et s’approcha aussitôt, allant aussi vite que son ventre le lui permit. Elle grimpa sur le lit et s’installa entre les jambes de Tess avant de venir lui voler un baiser qui les laissa rapidement à bout de souffle.

— Hmm, murmura Tess en se passant la langue sur les lèvres. Je suppose que la surprise te plaît, alors ?

— J’adore, répondit aussitôt Liv’ en observant de nouveau la pièce. Mais pourquoi t’être arrêtée en si bon chemin ?

Tess la serra un peu plus contre elle avant d’appuyer sa joue contre la tempe de son épouse.

— J’avais prévu de te faire la surprise, mais la personne que j’ai contactée pour m’aider m’a dit que pour certaines femmes enceintes, c’était une étape indispensable, alors... si jamais tu as envie de mettre la main à la pâte toi aussi, je te laisse choisir les décorations que tu préfères.

— Et si je veux tout ? taquina aussitôt Liv’.

Tess vint l’embrasser dans le cou ; Liv’ oubliait toujours qu’elle pouvait jouer aussi.

— Eh bien..., commença-t-elle. Tu disais que l’on avait combien sur la carte du magasin, déjà ?

— Tcht, l’admonesta aussitôt Liv’ avant de prendre un air boudeur. T’es pas drôle.

— Oh si, et tu le sais, rit Tess avant de glisser sa main sous la salopette et caresser le ventre arrondi. Choisis ce que tu veux, je veux que ce jour soit parfait pour toi.

Liv’ soupira d’aise tout en recouvrant la main de Tess de la sienne. Tess avait pris l’habitude d’avoir ce genre de geste à chaque fois qu’elle le pouvait, et Liv’ soupçonnait fortement que c’était pour elle un moyen de se connecter avec leur fille, n’ayant pas la possibilité de la sentir évoluer en elle. Mais, aussi étrange et impossible que cela puisse paraître, Liv’ se sentait également encore plus proche de Tess lorsqu’elle faisait ça, si bien qu’elle en raffolait.

Elle leva légèrement la tête.

— Et toi ? Je veux que ce soit parfait pour toi aussi, c’est autant ta fille que la mienne.

Tess sourit alors qu’elle sentait de petits coups contre la paroi du ventre de Liv’, comme si on frappait à la porte à une allure soutenue.

— Il me suffit de te voir heureuse pour que ce soit parfait pour moi, murmura-t-elle à l’oreille à proximité.

Liv’ se sentit aussitôt fondre.

— Tu dis vraiment les plus belles choses, murmura-t-elle en venant caresser la lèvre inférieure de Tess.

Tess embrassa le bout de son index avant de froncer les sourcils.

— Tu étais où au fait ? s’enquit-elle avant de repenser au ticket de caisse. Tu n’as pas fait les courses au moins, hein ?

— Ça veut dire que tu m’absous de la corvée ? répondit aussitôt Liv’, pleine d’espoir.

Tess rit en la chatouillant légèrement. Tout comme elle, Liv’ avait horreur des courses de la semaine. Elles n’avaient d’autres choix que de les faire le samedi, et c’était toujours bondé de monde. Elle devait bien s’avouer que seule la présence de l’autre les empêchait de devenir folles.

— Non, on les fait ensemble, comme toujours, dit-elle en déposant de petits baiser le long de la nuque de Liv’. Rappelle-toi ce que le médecin a dit en plus, l’exercice est très bon pour les femmes enceintes, ça facilite l’accouchement.

Elle sentit Liv’ frissonner aussitôt et elle se gifla intérieurement pour avoir parlé sans réfléchir. Liv’ ayant tout juste entamé son septième mois de grossesse, elles avaient assisté à la première des huit séances de préparation à la naissance, et la surprise avait été de taille lorsqu’elles avaient découvert que l’introduction consistait à visionner des vidéos d’accouchement. Depuis, Liv’ était plus qu’appréhensive d’arriver à terme. Et je ne peux pas l’en blâmer, pensa Tess en frissonnant à son tour.

— Ça va aller, murmura-t-elle à son oreille. Promis, je te laisserais me briser les doigts sans rien dire.

Liv’ lâcha aussitôt un rire et Tess en profita pour l’éloigner de ses sombres pensées.

— Alors, où étais-tu ?

— Mais on est curieuse, ma parole, taquina Liv’ en venant l’embrasser furtivement. Tu sais, si j’étais avec ma maîtresse, je ne te le dirai pas, hein.

— Très drôle, marmonna aussitôt Tess en plissant des yeux.

— Oh ça, elle l’est, sourit Liv’, amusée. Ouh j’ai définitivement réveillé le côté jaloux et possessif de mon amour. Elle est aussi incroyablement sexy, en plus d’être intelligente et terriblement attentionnée.

Tess croisa ses bras sous sa poitrine tout en se laissant retomber contre les oreillers. Elle haussa un sourcil interrogateur.

— Et elle a nom, cette maîtresse ?

Liv’ retint un rire tout en venant caresser la longueur d’un biceps d’un ongle parfaitement manucuré alors qu’elle prenait appui sur son autre main.

— Tu veux dire, en plus de ses magnifiques yeux bleus, ses longs cheveux blonds, et son corps de rêve ?

Tess sourit, charmée.

— En plus de tout ça, oui, répondit-elle en venant l’entourer à nouveau de ses bras.

— Hmm, je me plais à l’appeler mon amour, mais son prénom est le reflet parfait de la beauté qu’elle dégage.

Elle s’approcha de l’oreille de Tess pour souffler :

— Tassandra.

Tess l’embrassa aussitôt sur le bout du nez.

— Ne la laisse surtout pas s’enfuir, alors.

— Je n’en avais pas l’intention, répondit Liv’ en frottant son nez contre le cou de Tess. Mais merci de me laisser avoir une maîtresse.

Tess rit aussitôt. Cette femme est folle, mais qu’est-ce que j’aime ça.

— Je t’aime, dit-elle en venant embrasser ses cheveux.

— Moi aussi, répondit Liv’ en tripotant la couture du débardeur de Tess. Et pour répondre à ta question, je suis allée acheter une bouteille de gaz puis j’ai fait un tour dans la grande surface.

Tess sentit aussitôt le sang quitter son visage.

— Tu ne l’as pas soulevée toi-même au moins ?

— Tess..., répondit Liv’ en levant les yeux au ciel. Bien sûr que non, le vendeur l’a fait pour moi, précisa-t-elle en venant chatouiller le nombril de cette dernière. Maman poule.

— Je ne suis pas une maman poule, marmonna aussitôt Tess dans un air renfrogné.

Liv’ sourit.

— Non, tu es juste ultra protectrice.

Tess se mordit la lèvre.

— Et c’est mal ? demanda-t-elle d’un ton hésitant.

Liv’ secoua légèrement la tête tout en venant l’embrasser légèrement à nouveau.

— Non, j’adore ça, murmura-t-elle en venant se perdre dans les yeux turquoise. Ça me rend encore plus folle de toi, aussi impossible que cela puisse paraître.

Le sourire de Tess se ragrandit aussitôt.

— Continue comme ça et je vais te sauter dessus, ronronna-t-elle d’un ton empli de désir.

Liv’ sentit sa bouche s’assécher aussitôt et le léger rictus que  Tess afficha lui fit comprendre que cette dernière n’eut aucun mal à déchiffrer l’état dans lequel elle se trouvait. Elle se racla la gorge.

— La bouteille de gaz t’attend dans le coffre de la voiture avant ça, sourit-elle en lui tapotant le ventre, riant légèrement lorsque Tess grogna. J’ai acheté un truc dans la grande surface aussi, j’aimerai ton avis.

Tess eut à peine le temps de réagir que Liv’ descendait déjà du lit puis disparaissait de la chambre. Elle fut de retour quelques secondes plus tard, un grand carton d’environ soixante centimètres sur soixante dans les mains et Tess croisa les bras sous sa poitrine, un sourcil haussé.

— Et ça alors ? Tu l’as transporté toi-même, non ?

Liv’ soupira tout en montant à nouveau sur le lit.

— C’est léger comme une plume Tess, répondit-elle d’un ton indulgent. Tiens, regarde.

Tess lui offrit un regard sceptique avant d’afficher un air embarrassé lorsqu’elle réalisa qu’en effet, le paquet ne pesait pas bien lourd. Elle l’ouvrit soigneusement, souriant lorsque le Liv’ soupira d’impatience, puis sortit ce qu’il contenait à l’intérieur. Un cadre lui apparut, et elle sentit sa respiration se couper lorsqu’elle reconnut la photo qu’il abritait ; un cliché d’elle et de Liv’ lors de leur mariage non officiel avec leurs proches deux ans plus tôt. Son regard descendit un peu et elle remarqua la phrase inscrite à même le bois sur le rebord du bas : « Home is where the heart is. »

— C’est magnifique, souffla-t-elle en effleurant le bois verni, presque noir.

— J’avais pensé que l’on pourrait remplacer la photo par l’une de nous deux avec Sophia après sa naissance, répondit Liv’ d’une voix douce. Et l’accrocher dans le salon.

Tess hocha doucement la tête avant de venir l’embrasser.

— J’adore, répondit-elle en caressant sa joue. C’est superbe.

Liv’ afficha un grand sourire.

— J’ai envie de mettre celle-ci dans la salle à manger, dit-elle en caressant le visage de Tess sur la photo. C’est ma préférée de toutes celles qu’on a prises, tu es magnifique dessus.

— C’est ma favorite aussi, acquiesça Tess. Les cheveux ondulés te vont vraiment bien, comme lors de notre premier rendez-vous.

Sa phrase à peine terminée, elle baissa la tête de dépit, la réalisation la frappant soudainement en plein visage.

— D’accord, c’était calculé, c’est ça ? demanda-t-elle, n’arrivant pas à croire qu’elle n’avait pas fait le lien plus tôt ; c’était les deux seules fois où Liv’ s’était légèrement frisée les cheveux. 

Liv’ lâcha un rire tout en écartant le cadre et reprenant sa place entre les jambes de Tess.

— C’était effectivement un clin d’œil, affirma-t-elle en posant sa tête contre son épaule. Oh, ton frère t’a appelé au fait ? demanda-t-elle soudainement en se redressant.

Tess haussa les sourcils, surprise.

— Hmm non, pourquoi ? Qu’est-ce que mon frère vient faire là-dedans ?

— Ils veulent monter —

— Descendre, Liv’, la coupa aussitôt Tess. Ajaccio est plus haut que Porto-Vecchio.

Liv’ leva les yeux au ciel.

— Ils veulent descendre pour les vacances, il voulait savoir quand serait le mieux pour nous. Oh, et il parait qu’Emilien est malade aussi, gastro.

— Oh le pauvre, frissonna Tess. Et avec les températures que l’on a en ce moment, ça doit être encore pire pour lui en plus.

— Hmm, acquiesça Liv’. Ton frère s’est acheté un t-shirt Superman, il parait qu’il l’appelle son super héros depuis.

Tess rit légèrement, entre son neveu de six ans et son frère de trente-quatre, elle ne savait dire lequel était le plus enfantin. Le ton soudainement sérieux de Liv’ la ramena cependant subitement au présent.

— Dis Tess... tu crois que Sophia souffrira du fait de ne pas avoir d’image paternelle ?

Tess resta un instant interdite, prise de court à la fois par la question, que par le ton incertain qu’elle avait décelé. Elle choisit de répondre à Liv’ avant de donner voix à ses inquiétudes.

— Liv’, commença-t-elle doucement. Tout comme la science a prouvé que l’homosexualité n’était pas une maladie ou tout autre problème mental, un enfant élevé par deux femmes n'aura pas de développement psychosocial différent de celui d’un enfant issu d’un couple hétérosexuel, de même en ce qui concerne son identité, sa personnalité, ou son intelligence.

Elle s’interrompit avant d’ajouter :

— Mais si ça t’inquiète vraiment, elle aura des figures masculines autour d’elle, telle que mon père, mes frères, et ses cousins. Sans compter nos amis.

Liv’ hocha doucement la tête mais resta silencieuse, et Tess se mordit la lèvre avant de murmurer, le cœur tambourinant et les larmes non loin :

— Tu regrettes ?

Liv’ fronça les sourcils avant que la question ne s’enregistre pleinement dans son esprit. Elle me demande si je regrette... d’avoir voulu ce bébé avec elle ? Sa poitrine se contracta douloureusement et elle se redressa aussitôt pour faire face à Tess :

— Non. Bien sûr que non Tess, s’exclama-t-elle en encadrant le visage inquiet de ses mains. Jamais.

Tess avala à travers la boule logée dans sa gorge tout en hochant frénétiquement la tête.

— D’accord, d’accord, souffla-t-elle dans un rire de soulagement. Qu’est-ce qui t’angoisse alors ?

— Rien, répondit Liv’ avant de répondre plus assurément lorsqu’elle vit l’air perplexe de Tess. Je te promets Tess, il n’y a rien. Ce sont juste ces fichues hormones qui me font tourner en bourrique. Je crois que c’est surtout l’appréhension de l’accouchement qui me fait flipper sur tout le reste.

Elle baissa les yeux avant d’ajouter :

— C’est bête, je sais.

— Bête ? s’exclama aussitôt Tess en la serrant contre elle. Bon sang, c’était encore plus flippant que la première version de l’exorciste ! Et pourtant, dieu sait que j’ai flippé pour celui-là.

Liv’ rit tout en venant enfouir son visage dans le cou de sa moitié.

— Duh Tess, c’est ta façon de me remonter le moral ? gémit-elle.

— Non, répondit Tess d’une voix incroyablement douce. Je supporterais la douleur à ta place si je le pouvais.

Liv’ sentit ses yeux se brouiller aussitôt face à la sincérité transpirant clairement à travers les mots, et ne put les retenir lorsque Tess prononça les suivants :

— Mais on sait aussi bien l’une que l’autre que ce n’est pas ça qui te fait peur.

— Comment fais-tu pour lire en moi comme dans un livre ouvert ? souffla Liv’.

Tess sourit doucement.

— C’est facile, je t’aime.

Liv’ soupira d’aise face aux mots aimants avant de fermer les yeux, sa prise se resserrant sur le t-shirt de Tess.

— Je ne me le pardonnerais jamais s’il arrivait quelque chose, lâcha-t-elle d’une voix difficilement maîtrisée.

Tess resserra légèrement son étreinte alors que l’émotion la gagnait elle aussi. A la différence de Liv’, elle n’avait pas uniquement pensé à Sophia, mais à sa femme aussi. Perdre l’une serait insupportable, perdre les deux était tout simplement inimaginable.

— Tout se passera bien Liv’, répondit-elle en l’embrassant sur les cheveux. Je te le promets.

Elle entendit Liv’ renifler et elle se balança légèrement d’avant en arrière tout en choisissant de changer de sujet afin d’éloigner Liv’ de ses idées noires. Stupides hormones. Stupides hormones. Stupides hormones.

— Tu es d’accord pour me laisser tout organiser alors ? Il paraît que la baby shower est une étape importante pour la future maman...

— Eh bien..., commença Liv’ alors qu’elle remerciait intérieurement Tess pour la distraction. J’ai toujours préféré profiter de la fête plutôt que de m’occuper de son organisation, sourit-elle avant de rire. Et puis, vu les réactions que tu as parfois, j’ai l’impression que c’est toi la femme enceinte de nous deux.

Tess lui tira la langue et elle rit encore plus avant de reprendre son sérieux.

— Et puis... tu es une future maman aussi, dit-elle doucement en caressant la longueur d’un bras. Amuse-toi, et surprend moi, ajouta-t-elle dans un sourire.

— D’accord, acquiesça Tess, ravie. J’ai juste une question, les hommes seront de la partie ou non ?

— Oh mon dieu, je crois que tes frères ne se sont pas encore remis des baby shower de leurs épouses, tu veux les achever ?

Tess sentit un sourire narquois s’étendre sur ses lèvres alors qu’elle revoyait ses frères ainés entre les mains de leurs femmes, obligé de participer aux activités et subir les divers accoutrements que ces dernières leurs soumettaient. Elle n’avait jamais autant ri à leurs dépens, une vengeance personnelle d’avoir été la cadette de deux garçons. Même si elle avait rapidement appris à se défendre.

— C’est pour leur bien, répondit-elle. Leurs épouses ont porté leurs enfants pendant neuf mois, ils pouvaient bien souffrir pendant une journée, non ?

Elle regretta aussitôt ses paroles lorsque Liv’ se redressa et l’observa, un sourcil haussé.

— ... et je ne porte pas l’enfant non plus, finit-elle d’un ton désabusé. T’es sûre de la vouloir, cette baby shower ?

Liv’ rit tout en venant enfouir son visage dans son cou.

— Tu es la meilleure épouse du monde, et je sais que tu es encore plus flippée que moi même si tu cherches à le cacher pour me rassurer, dit-elle en venant embrasser la peau douce. Je ne vais pas te martyriser, bien au contraire.

Une lueur malicieuse apparut dans son regard :

— Et puis, j’ai déjà la vague impression que tu souffriras bien assez lorsque mes hormones se déchaineront vers la fin de la grossesse.

Tess grogna et elle rit encore plus.

— Je ferais tout mon possible pour y aller doucement, promis, poursuivit-elle en caressant le ventre de Tess. Oh bon sang, faite que je ne sois pas trop dure avec elle.

— Merci, répondit Tess en venant l’embrasser sur le front.

Un silence confortable s’installa entre elles et elle caressa le dos de Liv’ en des cercles apaisants, souriant lorsqu’elle sentit cette dernière soupirer de bien-être et se détendre contre elle. Elle réalisa soudainement que le soleil commençait à descendre plus bas dans le ciel, et jetant un œil à l’horloge, elle nota qu’il était 17h49. Elle s’interrompit avant de sourire, aucune d’elles n'avait bougé pendant plus d’une demi-heure, simplement coupées du monde extérieur, dans leur bulle. Elle s’apprêtait à prendre la parole lorsque le ventre de Liv’ se mit finalement à gargouiller sévèrement et elle ne put s’empêcher d’éclater de rire, encore plus lorsqu’elle entendit Liv’ grogner de mécontentement.

— On a faim à ce que je vois, la taquina-t-elle finalement.

— Je n'y peux rien, se défendit Liv’. Ma petite femme à fait à manger ce matin et, comment dire, ses talents de cuisinière laissent à désirer.

— Ah oui ? répondit Tess, faussement outrée.

Liv’ s’installa plus confortablement contre l’épaule de Tess.

— Eh bien, elle sait faire de délicieux petits déjeuners, quand elle se lève, bien sûr. Hé ! couina-t-elle alors que Tess venait de la pincer au niveau des côtes. Mais les gaufres ne sont décidément pas son domaine, rit-elle.

— Vilaine, répondit Tess d’un air faussement boudeur, sentant aussitôt Liv’ sourire contre son cou.

— Tu n’as pas idée, taquina sa douce avant de se redresser.

Son regard accrocha celui de Tess et elle dut se rappeler de respirer, tant la tendresse qui y transparaissait était déconcertante. Comment peut-elle me troubler à ce point d’un simple regard ? Et ce après tant d’années ? Se rapprochant légèrement, elle l'embrassa chastement sur les lèvres avant de poser son front contre le sien.

— C’est tout ? demanda Tess, la moue boudeuse.

— Tess…, gémit Liv’ en caressant légèrement ses lèvres. Ce n’est pas parce que tu sais que je ne te résiste jamais quand tu fais cette tête-là que tu dois en profiter.

— J’en profite pas du tout, mentit Tess dans un sourire.

Liv’ secoua la tête, amusée, avant de l'embrasser à nouveau, avec plus de passion qu'elle ne l'avait fait précédemment. Elle sentit les mains de Tess glisser sous son haut pour venir caresser sa peau, avant de lentement remonter vers sa poitrine. Elle se dégagea, légèrement essoufflée.

— J’en connais une qui aurait bien envie d’un câlin, taquina-t-elle, levant légèrement la tête lorsque Tess vint l’embrasser dans le cou.

— Tu crois ? sourit Tess contre sa peau. En même temps, tu ne peux pas me blâmer, la dernière fois remonte à si loin que je n’arrive même pas à m’en souvenir.

Liv’ ricana aussitôt tout en lui donnant une petite tape.

— Tess je t’en prie, elle remonte à trois jours.

Tess se redressa, feignant un air outré.

— Trois jours ?! Pas étonnant que je ne m’en rappelle pas, dit-elle en venant se taper sur le front. Et puis, je n’ai pas souvenir que nous ayons passé aussi longtemps sans faire l’amour.

Liv’ haussa un sourcil. Cette femme devrait être Marseillaise, il faut toujours qu’elle exagère.

— Au moins une fois par mois, mon cœur, ricana-t-elle.

— Je parlais en dehors de nos périodes de règles, répondit aussitôt Tess en plissant des yeux.

Liv’ prit un air songeur.

— Possible, admit-elle avant d’afficher un regard brillant. Mais ça, c’est uniquement parce que tu es une véritable hédoniste.

— Et toi alors, dit Tess en venant l’embrasser. Il faut être deux pour danser un tango, mon amour,  ajouta-t-elle en remuant ses sourcils de façon suggestive. Allez Liv’, même Tommy finit par prendre la poussière.

— Oh Tess, gémit aussitôt Liv’ en se couvrant le visage de ses mains.

Tess perçut aussitôt la rougeur familière qui recouvrit progressivement les traits de Liv’, comme à chaque fois qu’elle mentionnait l’un de leurs jouets intimes, et elle soupçonna très fortement cette dernière de simplement repenser à la première fois qu’elles y avaient eu recours, et qui avait en quelque sorte été le moment le plus embarrassant de leurs vies.

 

Liv’ guida finalement le visage de Tess vers le sien et l’embrassa dans un baiser à la fois doux et profond tandis que les battements de son cœur reprenaient petit à petit un battement régulier.

— C’était… incroyable, murmura-t-elle finalement contre les lèvres de son amoureuse alors que ses yeux s’ouvraient enfin.

Elle écarta quelques mèches blondes du visage de Tess, souriant à son tour lorsqu’elle les glissa derrière son oreille. Tess s’empara de sa main et embrassa doucement son poignet avant de lui voler un baiser puis s’écarter soudainement.

Liv’ haussa les sourcils avant de frissonner malgré elle lorsque l’air de la climatisation vint frôler sa peau humide.

— Ou est-ce que tu vas encore ? gémit-elle alors qu’elle regardait Tess sauter du lit et se diriger vers l’armoire.

Tess sourit tout en regardant par-dessus son épaule.

— Tout à l’heure je suis également allée quelque part..., dit-elle en fixant une zone bien spécifique de l’anatomie de Liv’,... et tu ne t’en es absolument pas plainte.

— C’est vrai, acquiesça Liv’ dans un sourire dévastateur tandis que son regard fiévreux lui brulait littéralement la peau.

Tess eut du mal à déglutir, autant le côté légèrement timide que Liv’ avait parfois la faisait littéralement craquer, son côté sûre d’elle et décidée l’excitait terriblement.

— Mais là, reprit Liv’, je suis sur le lit et tu es à l’autre bout de la pièce ; ça ne va pas du tout.

Tess se mit à rire alors qu’elle farfouillait rapidement dans son armoire avant de finalement trouver l’objet de sa convoitise.

— J’aimerai essayer quelque chose, expliqua-t-elle en soulevant plusieurs piles de vêtements.

Ayant des neveux et nièces ayant tendance à s’immiscer partout où ils le pouvaient, elle avait pris grand soin à bien le cacher. Je n’ose même pas imaginer la réaction de leurs parents s’il l’un deux était tombé dessus, frissonna-t-elle intérieurement alors qu’elle s’emparait de la boîte en carton.

Elle referma le battant puis revint s’assoir en tailleur aux côtés de Liv’.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda cette dernière les sourcils froncés avant de se sentir rougir furieusement lorsqu’elle perçut le gode-ceinture encore enfermé dans son emballage d’origine. Oh. Woah. Hum, je n’ai jamais..., je n’ai jamais utilisé ça, avant, balbutia-t-elle maladroitement en jetant un rapide coup d’œil à Tess avant de laisser son regard retomber sur la boîte.

Tess se mordit la lèvre alors que l’assurance qui l’avait habitée commençait à s’effacer peu à peu.

— Moi non plus, admit-elle. Mais je me suis dit que...

Elle vit Liv’ s’assoir et ramener ses genoux vers elle avant de les entourer de ses bras puis tirer sur le drap afin de se couvrir, son regard ne quittant pas la boîte des yeux. Tess s’arrêta, la panique commençant sérieusement à s’emparer d’elle alors qu’elle se sentait soudainement vulnérable à être découverte ainsi face à Liv’ qui lui avait désormais cachée sa nudité. Elle s’empara de la boîte et la déposa sur la table de chevet avant de se racler maladroitement la gorge.

— Écoute Liv’, si je me suis trompée...

— C’est une histoire de domination ?

Tess cligna des yeux avant d’hausser les sourcils, surprise.

— Quoi ? De domination ?

Liv’ évita son regard tout en remontant encore un peu plus le drap contre elle.

— Hum, rien, oublie, balbutia-t-elle. Je ferais mieux d’y aller, j’ai... le travail, tu sais, poursuivit-elle en se rapprochant du rebord du lit.

Tess l’observa, figée, alors qu’une boule obstruait de plus en plus sa gorge.

— Liv’, attends, commença-t-elle maladroitement alors qu’elle luttait contre l’envie de se couvrir de ses bras. Je suis désolée si je me suis trompée, enfin, je pensais que tu aurais été partante pour essayer et... bref, je suis désolée. Bon sang, il y a une semaine, on se disait « je t’aime » pour la première fois, et maintenant, je fous tout en l’air pour un fantasme sexuel, pensa-t-elle d’un air dépité. Je suis vraiment trop stupide.

Liv’ se contenta d’hocher la tête alors qu’elle calait le drap autour de son corps puis réunissait ses vêtements éparpillés à travers la pièce.

— C’est rien, c’est rien, répondit-elle rapidement tout en regardant autour d’elle.

— Ta culotte est ici, lui indiqua maladroitement Tess en désignant la table de nuit.

Liv’ tourna à contrecœur la tête dans sa direction et nota qu’effectivement, sa culotte en dentelle avait atterrit sur la lampe de chevet.

— Merci, balbutia-t-elle en s’approchant avant de tendre une main légèrement tremblante lorsque Tess lui tendit le morceau de tissu. Merci, marmonna-t-elle à nouveau en s’emparant rapidement du vêtement.

— De rien, murmura Tess avant de laisser ses mains retomber sur ses cuisses.

Elle vit le regard de Liv’ s’arrêter une fois de plus sur la boîte et elle se frotta maladroitement le sourcil.

— Tu penses que... tu penses que c’est de la domination ? demanda-t-elle, incapable de la regarder à son tour.

Liv’ posa aussitôt ses yeux sur elle et elle remarqua pour la première fois combien Tess paraissait aussi embarrassée qu’elle. Elle se mordit la lèvre, hésitante, avant de venir prendre place à ses côtés, sur le lit.

— Je ne sais pas, admit-elle timidement. Je me demandais juste si pour toi... enfin... tu sais, il y a ces gens qui ont ce trip, dominant/dominé et...

— Non, répondit aussitôt Tess en secouant la tête avant de relâcher un rire nerveux. Non, pas du tout. Domination, SM, scatophilie, zoophilie, nécrophilie... promis, je ne suis rien tout ça.

Liv’ lâcha à son tour un rire nerveux alors qu’elle tendait une main peu assurée vers la boîte et la positionnait de nouveau entre elles.

— J’ai paniqué grave, dit-elle dans un sourire penaud. Je suis désolée.

Tess l’observa un instant, pensive, avant de se lever et ramasser à son tour ses affaires.

— Habille-toi, dit-elle en faisant le tour du lit pour récupérer son soutien-gorge qui avait étrangement atterrit sur la poignée de la porte.

— Quoi ? s’étonna Liv’, le cœur battant. Elle me demande de partir ? pensa-t-elle. Tess je..., j’ai paniqué, c’est tout. Je suis désolée, je ne voulais pas...

— Shhh, murmura aussitôt Tess en venant encadrer son visage de ses mains avant de l’embrasser doucement. Ça va, je veux juste te montrer quelque chose, ajouta-t-elle en se redressant à nouveau. Dépêche-toi, il se fait tard et j’aimerais y arriver avant la fermeture.

Liv’ l’observa, confuse, avant de finalement descendre du lit et récupérer le reste de ses affaires. Une fois fait, elle se tourna de nouveau vers Tess et l’observa, hésitante.

— Je sais que le temps presse mais... on ferait peut-être mieux de prendre une douche avant, non ?

Tess rit doucement tout en venant la serrer contre elle. Elle l’embrassa dans le cou.

— Pourquoi ? Je sens mauvais ? taquina-t-elle.

Liv’ tourna légèrement son visage de manière à glisser son nez dans la chevelure claire de Tess et elle inspira profondément.

— Hmm, non, c’est plutôt tout le contraire, ronronna-t-elle. Mais si on sort comme ça, les gens n’auront aucune difficulté à deviner ce que l’on a passé notre journée à faire.

— Tu as raison, sourit Tess d’un air aguichant. Je ne veux pas rendre les autres jaloux.

Liv’ lâcha aussitôt un rire tout en les dirigeant vers la salle de bain.

💕

— 1969 curiosités désirables, lut Liv’, les yeux rivés sur l’enseigne. Hmm, très recherché pour un love shop.

Tess leva les yeux au ciel tout en la tirant légèrement par la main, ignorant les regards curieux des quelques gens qui passaient dans la rue déserte.

— C’est toujours mieux que « Top Sexy » ou « Naughty Store »  non ? demanda-t-elle en lui tenant la porte.

Liv’ lâcha un rire alors qu’elle entrait dans la boutique.

— Naughty Store, sérieusement ?

— Hmm, acquiesça Tess. Tu serais surprise des noms que certaines personnes peuvent donner à leur boutique.

Liv’ haussa un sourcil alors que son regard s’arrêtait sur un vibromasseur vert fluo surmonté d'une petite tête rigolote qui souriait.

— Quand on voit ce qu’ils peuvent vendre..., dit-elle en s’approchant de l’objet en question, ..., je ne suis pas sûre qu’ils arriveraient à me surprendre. Non mais franchement Tess, il existe vraiment des gens qui utilisent ce genre de chose ? Dit-elle en s’emparant de l’objet et le remuant sous le nez de sa moitié. Parce que moi, si tu me ramènes un truc comme ça, j’éclate de rire plus qu’autre chose.

Tess ricana tout en le lui retirant des mains.

— C’est le plaisir qu’il procure qui intéresse.

— Mouais, répondit Liv’ en regardant autour d’elle. Qu’est-ce qu’il y a par-là ? demanda-t-elle en désignant le fond de la boutique.

— Les vidéos.

— Oh. Beurk, frissonna-t-elle. Et là-bas ? poursuivit-elle et pointant du doigt vers la droite.

— La lingerie et les déguisements.

Liv’ frissonna à nouveau.

— Déguisement hein ? grimaça-t-elle avant de plisser des yeux. Tu es venue combien de fois pour connaître aussi bien l’endroit ?

— Liv’..., soupira Tess. C’est un sex shop, pas le musée d’histoires naturelles. Une visite suffit pour retenir l’organisation des lieux.

Liv’ l’observa un instant, dubitative, avant d’écarquiller les yeux.

— Oh merde, Maddie ! s’exclama-t-elle en tirant Tess dans le rayon suivant. Vite ! Vite ! Vite !

— Vraiment ? répondit Tess une fois la surprise passée. Ou ça ? Poursuivit-elle en regardant frénétiquement autour d’elle.

— Shhh, murmura Liv’ en lui faisant signe de baisser d’un ton. Elle est passée devant la vitrine. Viens, je n’ai pas envie qu’elle nous voit.

Tess secoua aussitôt la tête.

— Oh non, non, non, répondit-elle dans un sourire. J’ai envie de savoir si elle va entrer dans le love shop.

— Pour pouvoir la perturber encore plus ? s’exclama Liv’ en tirant sur son bras. Je vois ça d’ici : « L’autre jour, j’ai croisé ma patronne et sa copine dans un sex shop, je me suis retrouvée à devoir lui faire la bise entre une paire de menotte et une combinaison SM. » Vous allez faire la première page de Vie De Merde avec ça !

Tess éclata aussitôt de rire avant de se retrouver avec une main sur la bouche.

— T’es géniale, mon amour, renifla-t-elle en s’essuyant les yeux une fois calmée. Et je ne la perturbe pas, c’est elle qui se monte la tête toute seule simplement parce que je suis sa boss.

Liv’ leva les yeux au ciel avant d’écarquiller de nouveau les yeux.

— Oh merde ! Elle se tape la vendeuse en plus ! dit-elle alors que les deux femmes s’embrassaient.

— Hmm, ronronna Tess d’un ton appréciateur. Leurs nuits doivent être mouvementées.

— Hédoniste, répondit aussitôt Liv’ en lui mettant une tape sur le ventre.

— Exactement, sourit fièrement Tess avant de venir l’enlacer par derrière. Et justement, si on en revenait au sujet en question ? ajouta-t-elle en l’embrassant juste derrière l’oreille.

Liv’ jeta un dernier coup d’œil vers la caisse, s’assurant que Maddie ne risquait pas de les voir, avant d’hocher la tête et reporter son attention sur le rayon lui faisant face. Elle perçut l’une des vendeuses se diriger dans leur direction du coin de l’œil et elle fut soulagée de voir Tess secouer légèrement la tête afin de lui faire comprendre qu’elles n’avaient pas besoin d’aide.

— Merci, lui murmura aussitôt Liv’ en l’embrassant sur la joue.

— De rien, sourit Tess. Vu ta réaction tout à l’heure, je me suis dit qu’entrer dans ce genre de boutique n’allait pas te mettre très à l’aise. Avoir à subir les explications de la vendeuse encore moins.

— Pas faux, acquiesça timidement Liv’. Bien qu’avec ta présence, ce n’est pas si terrible.

— Tant mieux, répondit Tess en resserrant son étreinte, laissant ses mains reposer sur son ventre.

Liv’ soupira d’aise tout en se collant plus encore contre le corps de Tess alors que ses yeux parcouraient les rayons de vibromasseurs et autres sex-toys. Elle devait bien avouer être plutôt surprise tant le choix était impressionnant mais était surtout un peu angoissée, loin de se douter que les gens utilisaient autant d'accessoires différents sous les draps.

— Ça va ? souffla Tess à son oreille.

— Mis à part que je ne me sens pas vraiment à ma place dans cette boutique ? demanda Liv’, provoquant aussitôt le rire de Tess. Les vibromasseurs ne me dérangent pas tant que ça, bizarrement, mais le gode ceinture me met mal à l'aise, pour une raison que j’ignore.

— Surement parce que la première chose à laquelle beaucoup pensent, c’est qu’une femme qui le porte aimerait être un homme. Et que celle qui aime se le voir utiliser sur elle préfèrerait les hommes en réalité.

Liv’ se mordit la lèvre, pensive.

— Peut-être... mais toi, qu'est-ce que ça t'inspire, au fond ? demanda-t-elle en tournant légèrement la tête afin de croiser le regard de Tess.

— Eh bien, pour moi, le gode ceinture n'est pas un "substitut" du pénis, c'est juste l'objet d'un fantasme partagé, d'une ouverture sur de nouveaux plaisirs. Je ne joue pas aux hétéros, et cet objet ne me fait absolument pas sentir moins femme. Je pense simplement que c'est une question de goût. Chacun ses fantasmes, ses envies...

— Je pense que c’est le fait qu’ils aient généralement la forme d’un phallus qui laisse à penser ça, répondit Liv’ en s’emparant d’un. Ils les font même couleur chair.

— Ça a surtout les dimensions requises et la forme la plus pratique, répondit Tess en appuyant son menton contre l’épaule devant elle. Et oui, il se trouve que ça ressemble au sexe masculin. Mais ce n'est pas pour autant que cela veut dire que l'on a envie d'un homme, ou d’en être un. C’est un préjugé bien dommage. Ça permet simplement des choses que notre corps n'autorise pas, avoir une simulation vaginale, tout en ayant les mains libres, et les deux corps l'un contre l'autre.

Liv’ reposa l’objet avant de se retourner dans l’étreinte de Tess de manière à lui faire face.

— Avoir une simulation vaginale, tout en ayant les mains libres, et les deux corps l'un contre l'autre, hein ? sourit-elle doucement.

Tess sentit un sourire apparaître à son tour sur son visage.

— Si j’avais su que cette simple phrase allait te convaincre, je l’aurais sortie plus tôt, taquina-t-elle, provoquant aussitôt le rire de Liv’. C’est juste une histoire d’avoir envie de mettre un peu de piment et de nouveauté dans une vie sexuelle.

— Du piment..., répéta Liv’ d’une voix pensive. Notre vie sexuelle ne te convient pas comme elle est ? poursuivit-elle d’un ton incertain.

Tess vint l’embrasser sur le bout du nez avant de coller son front contre le sien.

— Je n’ai jamais dit ça, répondit-elle doucement en caressant la taille qu’elle entourait de ses pouces. Elle me convient parfaitement. Mais c’est simplement comme... une douche à deux où le jet d'eau devient un accessoire intéressant, ou... un thé glacé où le glaçon finit par être utilisé pour frissonner de plaisir ou encore... la taie d'oreiller pour bander les yeux... Tu vois ? Le gode ceinture n’est pas différent, c’est simplement un moyen de varier les plaisirs.

Elle laissa un sourire malicieux prendre place sur ses lèvres.

— Mais personnellement, j’ai un faible pour le champagne dans le nombril, dit-elle en taquinant l’endroit en question.

Liv’ attrapa aussitôt les doigts baladeurs alors qu’un rire s’échappait de ses lèvres.

— D’accord, d’accord, répondit-elle en lui volant un baiser. J’ai compris.

— Tant mieux, murmura Tess contre ses lèvres. Parce que l'important, c’est de donner du bonheur et du plaisir à celle que l'on aime. Alors si tu n’es pas pour, ce n’est pas grave, parce que tu me rends heureuse, et que pour le second... ce n’est plus à prouver, non ?

Liv’ rougit légèrement tout en secouant la tête.

— Non, souffla-t-elle à son tour. Et justement... on a un... certain objet à essayer.

Tess haussa un sourcil avant de regarder autour d’elle.

— Juste un ?

Liv’ suivit son regard et se mit à sourire d’un air amusé.

— Qu’est-ce que tu as en tête, ma petite hédoniste ? taquina-t-elle en venant chatouiller son ventre à son tour.

Tess sourit aussitôt, amusée.

— Ils ont des accessoires pour le bain dans le rayon suivant, pour les préliminaires.

— Ah ? répondit Liv’ en jetant un coup d’œil vers l’endroit en question. D’accord, mais... tu payes, ajouta-t-elle en poussant Tess pour qu’elle passe devant.

Tess éclata de rire alors qu’elle tendait une main derrière elle pour attirer Liv’ à elle. Sa timidité sur le sujet allait prendre du temps avant qu’elle ne lui lâche du lest. Mais peu l’importait, elle trouvait ça infiniment craquant.

 

Depuis ce jour, le petit canard ne restait jamais longtemps sur le bord quand elles plongeaient ensemble dans la baignoire.

— Tu ne vas jamais t’en remettre, hein ? sourit Tess en retirant doucement les mains de Liv’ de son visage.

Liv’ lui offrit un regard appuyé.

— Bien sûr que non. J’étais là, à t’attendre, et toi, tu reviens avec un god-ceint —

— Tommy, coupa Tess.

Un gode-ceinture en forme de phallus, gronda Liv’ les dents serrées. On n’appelle un chat, un chat, arrête d’appeler ce machin Tommy !

Tess afficha un air nonchalant.

— Tu t’appelles Olivia, pourtant, tout le monde t’appelle Liv’.

Liv’ laissa retomba sa tête contre l’épaule de Tess et lâcha un grognement qui se transforma rapidement en un rire dépité.

— Il faut toujours que tu ais le dernier mot, hein ?

— Comme toi, sourit Tess d’un air satisfait en embrassant le dessus de sa tête.

Liv’ répéta le même geste sur l’épaule contre laquelle elle reposait avant de venir se rallonger contre les oreillers.

— Tu me masses les pieds ? demanda-t-elle d’un ton plein d’espoir.

Tess lui offrit un regard perplexe.

— C’est un nouveau jeu sexuel ?

— Hein ? s’étonna Liv’ en clignant des yeux avant d’éclater de rire. Oh bon sang Tess, tes hormones sont beaucoup trop actives parfois, dit-elle en s’essuyant les yeux. Non, ils me font juste atrocement souffrir, ajouta-t-elle en désignant les membres en question, contente de pouvoir au moins les voir lorsqu’elle était en position assise.

— Trop active, marmonna Tess en ouvrant le tiroir de la table de chevet. Tu ne t’en es jamais plainte, hein.

Liv’ se mit à rire à nouveau avant de lâcher un gémissement de bonheur lorsqu’elle vit Tess s’emparer de l’huile végétale relaxante qu’elles utilisaient toujours pour les massages.

— Oh Tess, tu es géniale, soupira-t-elle en observant chacun de ses gestes.

— Je sais, sourit Tess en plaçant l’un des pieds de Liv’ sur ses cuisses.

Elle versa une noisette d’huile au creux de sa paume, puis frotta ses mains entre elles afin de la chauffer légèrement avant de venir enduire la plante du pied de Liv’. Elle relaxa ensuite la cheville, puis vint toucher ses orteils un par un d’un geste tendre mais décidé, de la base jusqu’à leur extrémité.

À en juger par les légers soupirs d'aise que Liv’ laissait parfois échapper, Tess savait qu’elle appréciait son massage et elle parcouru le dessus puis le dessous de ses orteils avant de leurs faire faire des petits tours sur eux même dans les deux sens tout en tirant très légèrement. Puis, comme un chat avec ses pattes, elle maintint le pied de Liv’ à deux mains puis appliqua la pulpe de ses pouces sur les coussinets en dessous des orteils en faisant de lentes pressions alternatives.

Liv’ lâcha un gémissement plus fort que les précédents et elle dut s’essuyer le front tout en remuant sur place, bien consciente que les bruits de son amoureuse étaient très loin de la laisser insensible.

— Liv’, souffla-t-elle tout en glissant lentement ses pouces de l’intérieur vers l’extérieur du creux du pied de Liv’. Arrête, tu es en train de me rendre folle.

Liv’ ouvrit ses yeux qui s’étaient fermés d’eux même et afficha aussitôt un air mêlant fierté et amusement.

— C’est vrai ? sourit-elle.

Tess lui offrit un air appuyé accompagné d’un sourcil haussé.

— Ne va certainement pas en jouer, la prévint-elle.

Liv’ s’apprêtait à simuler un gémissement avant de refermer sa bouche d’un coup sec quand Tess menaça d’arrêter son massage.

— D’accord, j’arrête, promit-elle en levant les mains en signe d’apaisement. Fais mon autre pied... et je verrais pour le câlin en question, ajouta-t-elle en remuant ses orteils.

Tess se déplaça si rapidement qu’elle dut cligner des yeux lorsque son visage se retrouva soudainement si proche du sien.

— Je veux une réponse sûre..., souffla Tess contre ses lèvres,... ou j’arrête tout de suite.

— Oh, du chantage, hein ? sourit Liv’ alors qu’un frisson familier se répandait dans tout son corps face à la proximité de sa moitié. C’est un mauvais exemple pour ta fille ça, tu sais, ajouta-t-elle d’un ton nonchalant.

Tess se recula légèrement tout en haussant un sourcil.

— Oh je vois, tu comptes l’utiliser pour arriver à tes fins, c’est ça ?

— Dixit la fille qui a recours au chantage dans son couple, rétorqua Liv’ en lui tirant la langue.

— Parce que son épouse ne veut pas lui faire de câlin ! s’exclama aussitôt Tess en la pointant du doigt. Tu sais, il y a un type qui a été condamné à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à son épouse parce qu’il ne remplissait plus son devoir conjugal, hein, poursuivit-elle en utilisant à son tour un ton nonchalant.

Liv’ plissa des yeux tout en croisant les bras sous sa poitrine.

— Ce simple commentaire te vaudrait de passer la nuit sur le canapé, mademoiselle Tassandra Chevalier.

Tess frissonna et regagna aussitôt le pied du lit afin de reprendre son massage des pieds de Liv’.

— L’abstinence a du bon parfois, répondit-elle en secouant frénétiquement la tête. C’est... ça permet de faire d’autres choses, poursuivit-elle en essayant de se convaincre elle-même.

Elle eut à peine terminé sa phrase que Liv’ éclata de rire au point d’en avoir les larmes aux yeux. Tess lui offrit un regard noir et elle se sentit partir à nouveau, perdant sa respiration dans un éclat de rire tellement bruyant que même son ventre contracté finissait par devenir douloureux, ainsi que ses muscles faciaux.

— Oh mon dieu Tess..., renifla-t-elle finalement alors qu’un rire s’échappait à nouveau de ses lèvres de temps à autre. Tu n’es pas possible. J’ai hâte de te voir avec Sophia, tu sais.

Le ton était taquin mais le regard de Liv’ reflétait sans aucun doute possible la sincérité de ses propos. Tess se rapprocha à nouveau, déposant un baiser sur son ventre à travers le tissu puis sur ses lèvres une fois arrivée à sa hauteur.

— Moi aussi, sourit-elle. Et j’ai hâte de vous voir toutes les deux ensembles aussi. Tu vas être une maman du tonnerre.

Liv’ rougit légèrement avant de soupirer.

— J’ai surtout hâte de ne plus être aussi énorme, dit-elle en tirant sur sa salopette. Regarde-moi ça, on dirait une baleine habillée comme un sac. T’es sûre que tu me désires toujours ? gémit-elle en levant les yeux vers Tess.

Tess cligna des paupières, abasourdie, avant de se mordre la lèvre, indécise. Toutes ses belles sœurs étaient passées par là, et elle devait bien s’avouer que pour les premières naissances, ses frères n’avaient pas vraiment assurés. L’humour faisant partie intégrante de leurs caractères, ils y avaient eu recourt au grand dam de leurs épouses, et bien que Tess opérait elle aussi de la même façon, elle devait bien reconnaitre qu’ils n’avaient pas été futé du tout sur le coup. Son frère ainé, le second de la famille, s’était élancé dans une série de surnom partant de « ma baleine » en passant par « mon cachalot, mon petit bibendum, mon pachyderme » pour finir par « mon mammouth rien qu'à moi. » dans l’espoir d’effacer l’air misérable du visage de sa femme et la faire sourire. Il avait dû finir la nuit chez elles tellement son épouse avait été hors d’elle. Tess ne l’en blâmait pas, au contraire, et elle et Liv’ lui avaient fait passé un mauvais quart d’heure avant de le laisser dormir sur le canapé.

Notant combien Liv’ était sérieuse, Tess n’eut aucune envie de se cacher derrière l’humour comme elle le faisait généralement lorsqu’un sujet sérieux ou délicat était abordé. Elle ouvrit la bouche, mais n’arriva qu’à balbutier des mots incohérents. Agacée contre elle-même de ne pas réussir à former une simple phrase, elle se redressa sur ses genoux, défit l’attache de son jean, baissa la fermeture éclair et s’empara de la main de Liv’ qu’elle glissa à l’intérieur.

— Ça répond à ta question ? demanda-t-elle, la respiration légèrement saccadée de sentir les doigts de Liv’ évoluer contre son intimité humide.

  Liv’ haussa les sourcils alors que sa bouche s’asséchait subitement.

— Bon sang Tess, tu es...

— Trempée ? souffla cette dernière dans un sourire. Ça t’apprendra à gémir quand je te masse les pieds.

Elle leva un doigt lorsque Liv’ voulu l’interrompre.

— Et à être toujours aussi sexy même à sept mois de grossesse.

— Tess..., commença Liv’ en retirant sa main.

Tess se mordit la lèvre afin de retenir un grognement face à la perte de contact et s’assit contre Liv’, tournant légèrement son visage pour la regarder dans les yeux.

— C’est vrai, répondit-elle sincèrement. Tu es magnifique, mon amour. Tu n’es pas grosse, tu portes notre fille ; c’est complètement différent. Je serais plutôt du genre à t’en vouloir si tu étais restée fidèle à celle que tu étais avant d’être enceinte, car ça voudrait dire que tu ne prends pas soin de toi, ni de notre petite princesse. Et tu es très loin d’être un sac. En fait..., elle se mordit la lèvre,..., tu n’imagines même pas ce que ça me fait de te voir dans cette salopette.

Liv’ rougit légèrement avant d’hausser un sourcil.

— Je crois que si, dit-elle en désignant l’entrejambe de Tess du regard.

— Oups, j’avais oublié, sourit malicieusement Tess avant de reprendre son sérieux. Tu es magnifique Liv’, je te le promets. Par contre, en ce qui concerne les câlins, je suis désolée. Ce n’était rien de plus que des taquineries, si, sans le vouloir, je t’ai mis la pression —

Elle fut interrompue par une main sur ses lèvres.

— Tu ne me mets jamais la pression, Tess, répondit sincèrement Liv’ en venant frôler sa joue du bout de ses doigts. Si je n’en avais pas envie, tu le saurais, car me forcer ne serait bénéfique ni pour toi, ni pour moi, et ce n’est de toute façon pas mon genre.

— Je sais, murmura Tess en venant embrasser son poignet. Tu veux que je reprenne le massage de tes pieds ?

— Non, répondit Liv’ en secouant légèrement la tête. Aussi fou que cela puisse paraître, je crois que ma libido est la seule chose que ces fichues hormones laissent tranquille. J’ai envie de prendre un bain, avec toi.

Elle se redressa et afficha un sourire langoureux :

— Et un certain jouet qui ne reste jamais bien longtemps sur le rebord de la baignoire.

Tess grogna aussitôt tout en sautant du lit.

— Tu as toujours les meilleures idées, dit-elle en tendant une main afin d’aider Liv’ à descendre avant de l’attirer à elle. T’ai-je déjà dit que c’était pour cela que je t’aimais ?

— Hmm, une fois ou deux, peut-être, taquina Liv’ en venant l’embrasser dans le cou.

Tess approcha ses lèvres de son oreille.

— Alors laisse-moi te le rappeler pendant... disons... les deux prochaines heures ?

Liv’ sentit aussitôt ses paupières se fermer alors qu’une douce chaleur familière se répandait au creux de ses reins.

Mon Dieu, qu’est-ce que je l’aime.

— Ouvre la voie, mon amour, je te suis, sourit-elle avant de venir l’embrasser tendrement.

Tess fut plus que ravie d’obtempérer.

 

- FIN -

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !

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