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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juin 2012

Episode 6 : Et de trois...

Le matelas qui remuait sous elle, suivit d’exclamations de joie difficilement contenues poussèrent ses yeux à s’ouvrirent malgré elle. Les rayons du soleil filtrants à travers les stores baissés à moitié lui firent légèrement cligner des paupières, et elle se demanda un instant où elle se trouvait avant d’afficher inconsciemment un sourire sur ses lèvres lorsqu’elle perçut Sophia, assise entre les jambes de Tess, ses yeux bleu sombre grand ouverts afin de ne pas louper une miette de ce qui se passait à l’écran.

Liv’ retint un rire ; les enfants vous faisaient faire n’importe quoi, parfois. Trois mois déjà que Sophia avait enfin fait son entrée parmi le monde des vivants, et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait surpris Tess à déformer son visage ou faire des bruits plus invraisemblables les uns que les autres dans l’unique but de la faire rire.

Mais, cette fois-ci, ce qui amusait Liv’, c’était le fait que Tess avait revêtu Sophia d’un t-shirt à l’effigie de son équipe de basket préférée alors qu’elles regardaient le match en direct. Liv’ secoua la tête, Tess avait insisté pour que Sophia possède son propre t-shirt fait sur mesure — tout comme elle —, avec son prénom inscrit dans le dos, ainsi que le numéro 30 pour rappeler le jour de sa naissance. Liv’ pouvait encore voir la tête du vendeur lorsque sa moitié s’était lancée dans cette demande détaillée, et elle avait littéralement éclaté de rire, au grand dam de Tess pour qui le sujet était on ne peut plus sérieux.

Reprenant pied avec le présent, Liv’ tira légèrement sur le maillot noir et gris de Tess, puis attendit que cette dernière tourne la tête dans sa direction avant de prendre la parole.

— Dis donc, commença-t-elle en prenant appui sur un coude. C’est pas fini tout ce raffut ?

Tess afficha aussitôt un petit sourire coupable.

— Désolée, s’excusa-t-elle avant de prendre Sophia dans ses bras et la tourner vers Liv’. Hé mon cœur, regarde qui vient de rejoindre le monde des vivants. On lui dit bonjour, hein ?

Elle l’embrassa la petite joue arrondie avant de s’emparer du bras de Sophia et le remuer légèrement en direction de Liv’.

— Bonjour maman, chantonna-t-elle, ravie de voir Liv’ leur sourire franchement en retour.

Liv’ porta une main au ventre de Sophia qu’elle caressa doucement tout en venant l’embrasser sur le front.

— Bonjour mon cœur, souffla-t-elle avant de venir embrasser Tess. Et bonjour mon amour, aussi folle sois-tu, taquina-t-elle.

Tess lui tira la langue avant de venir lui voler un second baiser.

— Tu as bien dormi ? demanda-t-elle en reposant Sophia sur ses cuisses avant de venir lui chatouiller un petit pied.

Liv’ perçut son geste et haussa un sourcil.

— Tu es sûre que c’est à moi que tu poses la question ?

Tess leva les yeux au ciel avant de venir l’embrasser sur le bout du nez.

— Tu as bien dormi ? redemanda-t-elle doucement, à quelques centimètres de son visage.

— Hmm, comme un bébé, répondit Liv’ en venant frotter son nez contre celui de Tess. Elle a mangé ? ajouta-t-elle reportant son attention sur Sophia.

Tess acquiesça de la tête.

— Le biberon est d’ailleurs partit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, sourit-elle avant de poursuivre, le ton émerveillé, ses yeux turquoise brillant légèrement alors qu’ils plongeaient dans ceux de Liv’. J’adore la façon dont elle s’accroche à toi lorsqu’elle se nourrit, elle était toute lovée contre moi. C’est... indescriptible.

— Je suis contente que tu puisses le vivre toi aussi, répondit sincèrement Liv’ en glissant une main dans la sienne et entrelaçant leurs doigts tout en se recouchant contre les oreillers. Même si ce n’est pas complétement.

— Je t’enviais surtout quand elle était dans ton ventre, et que tu as pu la sentir des semaines avant moi, répondit Tess d’un air boudeur.

— Oh Tess..., souffla Liv’ avant de sourire. Hé, dis-toi au moins que tu as évité les douleurs dorsales, l’envie continuelle d’aller aux toilettes... oh, et, j’ai déjà mentionné le fait d’avoir l’impression d’être une baleine échouée sur un banc de sable ?

Tess rit doucement.

— D’accord, d’accord, je ne me plaindrai plus ! répondit-elle en levant les yeux au ciel. On partage au moins la fatigue, on n’a pas eu une nuit complète de sommeil depuis que cette petite chipie est arrivée, dit-elle en chatouillant le ventre de Sophia pour se voir aussitôt attraper les doigts. Ça m’étonnera toujours la force qu’elle a dans les mains, ajouta-t-elle d’un air surpris.

— Tu devrais pourtant le savoir, elle te mettait déjà des coups dans le nez avant même d’avoir fait son apparition, la taquina Liv’.

Tess lui tira la langue avant de venir embrasser la tête de Sophia.

— Je suis contente qu’elle ait tes cheveux, en tout cas, reprit-elle doucement. J’espère qu’elle aura tes yeux aussi.

— Non, murmura Liv’ en secouant la tête. Brune aux yeux bleus, elle va faire tourner les cœurs.

— Hmm, bah, peu importe, sourit Tess. Parce qu’elle sera magnifique, comme sa maman.

Liv’ haussa un sourcil.

— Laquelle ?

— Moi, bien sûr, taquina Tess avant de sursauter légèrement lorsque Liv’ la pinça au niveau des côtes. Hé, tiens-toi tranquille, la prévint-elle en plissant des yeux.

— Narcissique, répondit Liv’ en s’allongeant sur le dos.

— Jalouse, rétorqua aussitôt Tess.

Elles se mirent à rire avant de s’interrompre lorsque Sophia se mit à bailler furieusement.

— Oups, il est temps d’aller au dodo pour notre petite princesse, dit Tess en la tournant vers elle avant de se redresser. Je te donnerai les résultats du match lorsque tu te réveilleras, ajouta-t-elle dans un murmure complice.

— Tess..., rit aussitôt Liv’. Elle est bien trop jeune pour comprendre quoi que ce soit à ces... San Antonio machin truc et...

— Les San Antonio Spurs Liv’, la coupa Tess en soupirant, s’arrêtant à ses côtés pour que cette dernière puisse embrasser Sophia avant qu’elle ne l’installe confortablement dans son lit de bébé. Et les Boston Celtics. Mais eux, tu peux les oublier, précisa-t-elle dans un sourire carnassier en prenant soin de bien remonter la couverture avant d’embrasser Sophia à son tour.

Elle rejoignit Liv’ sur le lit et, à peine installée contre les oreillers, cette dernière vint aussitôt se glisser dans ses bras avant de s’emparer de la télécommande qui reposait non loin d’elles et éteindre le téléviseur.

— Liv’ ! s’exclama aussitôt Tess d’un ton outré.  C’était les San Antonio Spurs !

Liv’ leva les yeux au ciel avant de venir lui voler un baiser.

— Non, lui répondit-elle d’un ton ferme mais néanmoins doux. Tu devrais faire une sieste toi aussi, Tess, expliqua-t-elle en retraçant des cernes d’un doigt léger. Tu as l’air exténué. Et je sais que tu enregistres le match.

— Mais ce n’est pas pareil quand ce n’est pas en direct, bouda Tess. Et je ne suis pas fatig —, poursuivit-elle avant de lâcher un gros bâillement. Et merde, rit-elle. Piégée hein ?

Liv’ hocha la tête tout en ricanant.

— Exactement, dit-elle avant de reprendre son sérieux, son index venant caresser une lèvre inférieure. Dors Tess, Sophia semble partie pour quelques heures au moins, et demain, boulot...

— Humpf, stupide société que ne m’a pas accordé de congé maternité..., marmonna Tess en se frottant les yeux. T’as eu trois mois toi en plus, bouda-t-elle à nouveau.

— Et encore une semaine, la charia Liv’ en s’installant plus confortablement contre elle.

— Mais arrêteuh, gémit Tess en accentuant son air boudeur.

Liv’ rit doucement avant de venir lui voler un autre baiser.

— D’accord, d’accord, s’inclina-t-elle. Mais tu viens d’avoir une semaine pour noël et le nouvel an, et je ne crois pas que tu sois jalouse de ce par quoi j’ai dû passer pour mettre Sophia au monde...

Tess afficha un petit sourire en coin alors que les images repassaient dans son esprit.

 

Liv’ se réveilla subitement tout en portant ses mains à son ventre.

— Tess ? appela-t-elle tout en jetant un œil au réveil.

4h56. Elle grogna intérieurement. Elle va me détester.

— Tess ? appela-t-elle à nouveau en venant doucement caresser le visage endormi lorsqu’aucune réaction ne lui parvint.

La forme ensommeillée remua légèrement avant de lâcher un bref « Hmm ? » tout en se réinstallant plus confortablement contre l’oreiller. Liv’ leva les yeux au ciel avant de la secouer un peu plus brusquement.

— Tess, réveille-toi s’il te plaît, murmura-t-elle dans un ton d’urgence.

— ‘kay, ‘kay, répondit finalement Tess d’une voix rendue rauque par le sommeil. Qu’ess’ quisse passe ?

Liv’ soupira de soulagement avant de se mordre la lèvre.

— Un contraction, elle m’a réveillée.

— C’est vrai ? s’exclama aussitôt Tess en s’asseyant, clignant des yeux face au vertige qu’elle ressentit à s’être redresser aussi brusquement. Mais on n’est même pas au mois d’Octobre!

Liv’ haussa les sourcils devant son air affolé avant de laisser sa tête retomber contre son épaule.

— Tess..., rit-elle nerveusement en venant glisser ses mains dans le cou au-dessus d’elle. S’il te plaît amour, si tu paniques toi aussi, je ne vais jamais m’en sortir.

Tess l’entoura aussitôt de ses bras afin de la serrer plus contre elle.

— Désolée, souffla-t-elle en embrassant les cheveux bruns. Qu’est-ce qu’on fait ? On appelle Morgane ?

— Non, on attend, soupira Liv’. Elle a dit qu’il n’y avait aucune raison de la prévenir avant que les contractions ne soient espacées de huit minutes ; c’est peut-être une fausse alerte.

— Tu crois ? demanda Tess tout en se mordant la lèvre.

Liv’ se recula légèrement et tendit une main afin d’allumer la lampe de chevet. Elles clignèrent un instant des yeux avant de s’habituer enfin à la nouvelle luminosité.

— Je ne sais pas, même si je sens que depuis hier, ça travaille.

— Je sais, répondit simplement Tess en venant caresser son ventre.

— Tu sais ? s’étonna Liv’.

Tess lui sourit doucement.

— Je sais que je suis la pipelette du couple, dit-elle en venant lui voler un baiser. Mais tu étais étonnement silencieuse hier, ça ne te ressemble pas.

Liv’ lui offrit un sourire penaud avant de prendre une soudaine inspiration.

— Ça va ? s’inquiéta aussitôt Tess.

— Oui, répondit Liv’ en hochant la tête. Elles sont gérables, ça va.

— La première a eu lieu à quelle heure ?

Liv’ jeta un œil au réveil avant de répondre.

— Il y a onze minutes, dit-elle avant de venir l’embrasser chastement. Tu peux te recoucher si tu veux, je vais prendre une douche.

Tess haussa aussitôt les sourcils.

— Me recoucher ? s’exclama-t-elle. Tu vas peut-être accoucher d’une minute à l’autre, la dernière chose que j’ai envie de faire c’est dormir !

Liv’ lâcha un rire alors qu’elle descendait du lit et s’approchait de l’armoire.

— Ça peut prendre des heures pour un premier enfant Tess, dit-elle en sélectionnant des vêtements propres. Et puis, je ne sais pas, je sens que ce n’est pas pour tout de suite. Elles sont espacées et peu douloureuses.

— Humpf, répondit Tess en sautant du lit avant de venir la prendre dans ses bras. Peu importe, on s’est promis de faire ce voyage à deux, alors je ne te lâche pas d’une semelle.

Liv’ haussa un sourcil et Tess grimaça aussitôt, se rappelant soudainement qu’elle pouvait y perdre la vie si elle ne faisait pas attention à ses paroles. Stupides hormones. Stupides hormones. Stupides hormones.

— Enfin, façon de parler, précisa-t-elle. File prendre ta douche, je vais nous préparer le petit déjeuner.

Liv’ lui sourit tout en venant l’embrasser.

— C’est mieux, merci mon cœur.

 💕

— Ça n’avance pas, hein ? soupira Tess depuis sa place sur le lit, ses doigts frôlant légèrement le ventre de Liv’.

Une fois la douche et le petit déjeuner terminé, elles s’étaient bien vite trouvées à tourner en rond. Les contractions étaient toujours là mais irrégulières et peu douloureuses, ou du moins, Liv’ déclarait les supporter facilement. Elles avaient alors décidé de retourner se coucher histoire de récupérer le manque de sommeil du matin même, seulement, après cette petite sieste, il ne se passait rien de nouveau.

— Elle va venir Tess, la rassura Liv’ en passant une main dans les cheveux clairs. Il faut juste être un peu patiente.

— Humpf, je ne sais pas comment tu fais, marmonna Tess d’un air boudeur.

Liv’ rit doucement avant de reposer le journal du matin qu’elle était en train de lire. Tess paraissait comme une petite fille la veille de noël, elle trouvait ça adorable.

— Surement parce que je redoute un peu l’accouchement, et que je sais que de toute façon, elle sera là dans les jours prochains quoi qu’il arrive. Ça viendra vite.

Tess lui sourit avant de venir l’embrasser.

— Et les contractions, ça va mieux ?

— Eh bien... elles semblent disparaître dès que je suis assise ou allongée sur le côté.

Tess lui offrit un regard perplexe.

— Et... c’est normal ?

— Tess..., gémit aussitôt Liv’. Ne viens pas me faire plus flipper que nécessaire.

— Désolée, grimaça Tess avant de porter une main sur son ventre.

Son visage s’illumina aussitôt.

— Hé, elle est active ce matin ! s’exclama-t-elle alors qu’elle sentait la petite vie bouger sous ses doigts.

— Hmm, acquiesça Liv’ dans un sourire. Elle s’est réveillée il y a peu.

Elle tendit une main vers la table de chevet et s’empara de son iPhone qu’elle passa à Tess.

— Tu veux bien appeler Morgane et lui parler de cette histoire de contraction qui s’arrête ? demanda-t-elle tout en se redressant. J’ai envie d’aller marcher un peu aussi, ça fera peut-être avancer le travail.

Tess chercha aussitôt le numéro dans le carnet d’adresse tout en la suivant à son tour.

 💕

— Oh j’en ai marre ! s’exclama Liv’ en portant ses mains à son visage après une nouvelle contraction. Deux heures sans rien, et voilà qu’elles reviennent de nul part et me font un mal de chien, gémit-elle.

Tess lui tendit un grand verre de lait avant de s’assoir à ses côtés sur le canapé. Sa lèvre inférieure coincée entre ses dents, elle posa ses mains sur le ventre arrondi et le massa doucement dans l’espoir de soulager Liv’.

— Je peux faire quelque chose ? demanda-t-elle, désemparée.

— Non, soupira Liv’ en portant le verre à son front après en avoir pris une gorgée. Enfin si, tu veux bien rappeler Morgane et lui expliquer ?

Tess hocha la tête avant de s’emparer du téléphone et effectuer l’appel dans la cuisine afin d’offrir un peu de repos à Liv’. Elle revint auprès d’elle une dizaine de minutes plus tard et s’empara aussitôt de sa main avant de la porter à ses lèvres.

— Elle a décidé de venir à la maison pour faire le point, lui dit-elle doucement tout en embrassant ses doigts.

— Vraiment ? s’étonna Liv’. Oh non, c’est dimanche Tess, je suis sûre que c’est rien en plus et...

— Shhh, l’interrompit Tess en caressant la paume de son pouce. Elle a insisté pour venir, t’en fais pas.

— D’accord, soupira Liv’ avant de se mordre la lèvre, observant Tess d’un air hésitant.

Elle prit finalement une profonde inspiration avant de donner voix à ses pensées :

— Tu crois que c’est une mauvaise idée ?

Tess fronça les sourcils, confuse.

— De quoi ?

— De vouloir accoucher ici...

Tess vint aussitôt l’embrasser doucement sur les lèvres dans l’espoir de faire disparaitre son air incertain. Lorsque Liv’ lui avait fait part de son envie d’accoucher à domicile quelques jours après avoir appris qu’elles étaient enceintes, Tess avait été catégorique ; c’était « non », et il n’y avait pas à discuter. Après tout, pourquoi "prendre des risques" alors que les hôpitaux étaient proches, nombreux, et que tout y était prévu pour que les accouchements se passent dans des conditions maximales de sécurité, pour la mère et pour l'enfant ? Pourquoi vouloir à tout prix refuser les bienfaits de la médecine ?

La dispute qui s’en était suivie, l’une des plus grosses qu’elles n’avaient jamais connues, lui avait un instant fait regretter ses paroles, avant qu’elle ne reste fermement sur sa décision. Accoucher à domicile était beaucoup trop dangereux, et ce même s’il y avait présence d’une sage-femme. Car même si elle se refusait d’y penser, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de se dire que le risque zéro n’existait pas, et que si quelque chose tournait mal... un accouchement à domicile n’apportait pas la sécurité qu’un hôpital pouvait fournir en réagissant vite, avec les outils nécessaires.

Le sujet s’était alors tari, jusqu’à ce qu’elle découvre Liv’ assise sur le lit un matin où elle rentrait du travail, son ordinateur portable sur ses genoux et tout un tas de papiers éparpillés autour d’elle. Tess avait d’abord été surprise, avant de soupirer de lassitude, puis finalement laisser Liv’ s’expliquer sur pourquoi elle avait fait ce choix. Après des heures de lecture et de discussion, Tess s’était finalement laissé convaincre... à rencontrer la sage-femme qui s’occuperait d’elles si elle acceptait la demande de son épouse.

Tess sourit, elle avait donné son accord juste après leur premier rendez-vous. Là où certaines femmes étaient rassurées par la médicalisation qui entourait leur accouchement, elle avait fini par comprendre que Liv’ l’était par un accouchement vécu dans un lieu familier, entourée de personnes connues et aimées. Liv’ lui avait ensuite expliqué qu’elle désirait participer activement à la naissance, et non avoir la sensation d’être juste passive, ce qu’elle ressentirait dans un hôpital. Elle pensait également que Tess trouverait sa véritable place lors de la  naissance, puisqu’elle serait pleinement impliquée dans la préparation et l’arrivée de leur enfant.

De plus en plus persuadée, Tess devait tout de même avouer que ce qui l’avait définitivement convaincue à mettre ses appréhensions dans un tiroir et suivre les envies de Liv’ avaient été les quelques études qui avaient été faites à ce sujet. L’accouchement à domicile n’était pas plus dangereux qu’à l’hôpital, et le nombre de dépressions post-partum avaient d’ailleurs tendance à être inférieur. La sage-femme lui avait ensuite assurée que l’accouchement à domicile ne pouvait se faire que si la naissance ne présentait aucun risque particulier connu, et qu’elle viendrait avec un kit de réanimation pour l’enfant et la mère au cas où, un appareil de monitoring portatif permettant de suivre l’état cardiaque du bébé au cours de la naissance, ainsi que des produits de perfusion permettant de faire face aux principales complications possibles. Sans compter l’ambulance qui serait prête à intervenir le jour de l’accouchement.

— Je trouve que c’est une merveilleuse idée, souffla finalement Tess contre les lèvres de Liv’ avant de venir caresser sa joue. Mais si tu veux changer d’avis, ce n’est pas grave, on peut toujours le faire.

Liv’ secoua frénétiquement la tête.

— Non, répondit-elle. Je vais juste avoir besoin de toi lorsque le moment fatidique arrivera. Il est possible que je sois complètement flippée, ou que je te reproche tout, jusqu’à la mort de John Lennon. (Elle grimaça.) Je suis désolée d’avance.

Tess rit doucement avant de venir l’embrasser sur le front.

— Je te laisserai faire sans me plaindre, promis.

Liv’ s’apprêtait à répondre lorsqu’une nouvelle contraction la poussa à serrer la main qu’elle tenait dans la sienne.

— Oh bon sang, soupira-t-elle une fois la douleur passée.

— Dix-sept secondes, grimaça Tess. Et elles ont l’air d’être de plus en plus douloureuses. Bon sang, j’ai déjà mal aux doigts, qu’est-ce que ça va être pendant l’accouchement ? Pensa-t-elle avant de grimacer. Bien sûr, ce ne sera rien par rapport à ce que Liv’ devra supporter.

 💕

— Son cœur bat très bien, répondit Morgane, les sourcils légèrement froncés de concentration avant de leur sourire. 

Elle retira doucement la ceinture dotée des deux capteurs puis rangea l’appareil de monitoring avant de se déplacer aux pieds du lit. Elle enfila une paire de gant puis écarta doucement les jambes de Liv’ afin de lui faire un toucher vaginal.

— Hmm, les contractions ont commencées il y a combien de temps exactement ? demanda-t-elle en jetant un rapide coup d’œil à Liv’ avant de se reconcentrer sur le col.

Tess jeta un rapide coup d’œil au réveil.

— Dix heures maintenant.

— Et elles vont crescendo en ce qui concerne l'intensité de la douleur, ajouta Liv’ en se grattant le front avant de légèrement replacer son peignoir.

Morgane hocha la tête tout en se redressant.

— Le col est complètement effacé, ouvert à trois. Et la poche des eaux est bien bombée.

— Alors pourquoi est-ce que ce fichu monitoring ne montre rien ? soupira Liv’ alors que ses yeux s’embuaient.

Tess vint aussitôt glisser une main dans ses cheveux alors qu’elle observait elle aussi Morgane dans l’attente.

— On n’insulte pas mon matériel, madame, taquina cette dernière en se redressant et retirant ses gants. Je n'ai pas besoin du monito pour voir que le travail a commencé et que tu as bien des contractions, le col le montre.

Elle s’assit sur le bord du lit et posa sa main sur le bras de Liv’ qu’elle caressa doucement.

— Les capteurs ne discernent pas toujours les contractions, ça arrive, poursuivit-elle d’un ton plus doux. Tout se déroule comme prévu, ne t’en fais pas.

Liv’ lui offrit un faible sourire avant d’afficher un air appréhensif lorsqu’elle vit Morgane les observer elle et Tess à tour de rôle.

— Quoi ? demanda-t-elle en se redressant.

— Sa tête est encore haute, alors...

Liv’ se laissa aussitôt retomber contre les oreillers.

— Alors ça risque de durer encore longtemps, soupira-t-elle en se couvrant les yeux d’un bras.

— C’est possible, mais tu es bel et bien en début de travail. Par contre, les contractions vont être plus douloureuses maintenant.

Tess vint se frotter le menton de sa main libre.

— Tu n’as pas d’autres bonnes nouvelles ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

— Hé, répondit Morgane en lui mettant une petite tape sur le bras. Votre fille sera là ce soir, ou demain matin au plus tard, c’est pas une bonne nouvelle ça ?

— Demain ?! s’exclama aussitôt Liv’ en se dégageant les yeux. Et après, il y en a qui disent que la nature est bien faite. Oh bon sang, j’en ai déjà marre de souffrir.

Morgane se redressa et rassembla ses affaires qu’elle déposa dans un coin de la chambre avant de leur faire à nouveau face.

— Je ne pense pas qu’il faudra attendre aussi longtemps, dit-elle en venant libérer ses longs cheveux châtains de leur élastique. Assis toi en tailleur, marche, ça aide à accélérer l’ouverture du col. Sinon, je suis désolée, mais tu n’as d’autres choix que d’attendre. 

Liv’ soupira tout en récupérant le journal qu’elle avait laissé sur la table de nuit.

— Super.

 💕

— Ça fait combien de temps là ? gémit Liv’ après une contraction bien douloureuse.

— Tu veux dire, depuis la dernière fois que tu me l’as demandé ? demanda Tess en pliant et dépliant ses doigts douloureux.

Liv’ lui jeta aussitôt un regard noir et elle se mordit la langue pour ne pas avoir fait attention à ses paroles. Elle s’apprêtait à rectifier le tir lorsque le rire de Morgane l’interrompit, la sage-femme entrant de nouveau dans la chambre un verre d’eau dans la main.

— Tiens, dit-elle en le passant à Liv’. Et ça fait une heure que j’ai vérifié ton col.

Liv’ soupira.

— Bon, au moins, heureusement qu’elles sont espacées ces fichus contractions..., dit-elle avant de se repositionner pour que Morgane puisse de nouveau lui faire un touché. Alors ? demanda-t-elle, les doigts croisés.

La réponse lui parvint après quelques secondes :

— Quatre centimètres, et la tête est un peu descendue.

— Un centimètre en une heure..., je vais mourir, gémit aussitôt Liv’ en se couvrant le visage des mains.

Tess vint l’embrasser sur le front avant de venir murmurer à son oreille :

— Ça va aller mon amour, tu t’en sors à merveille.

Liv’ remua de nouveau de manière à ce que sa tête repose sur les cuisses de Tess et elle retira ses mains pour les poser sur son ventre rond.

— Désolée pour tout à l’heure, dit-elle d’un air penaud. Je ne peux pas m’en empêcher, et j’ai l’impression que ça va être de pire en pire. Je crois que tu vas vouloir divorcer une fois que tout ça sera terminé.

Tess rit doucement avant de venir l’embrasser de nouveau sur le front.

— Jamais, souffla-t-elle avant de venir glisser ses doigts dans les mèches brunes.

Liv’ ferma automatiquement les yeux avant de les rouvrir et afficher un tout petit sourire.

— Merci pour les bougies et la musique douce, souffla-t-elle du bout des lèvres.

Tess sourit. Les lumières tamisées procuraient une sensation d’intimité qui avait quelque chose d’à la fois harmonieux mais surtout rassurant. Juste notre petite famille, et rien d’autre, pensa-t-elle d’un air satisfait.

— Tu aimes ? demanda-t-elle, un sourcil haussé alors qu’elle connaissait déjà la réponse.

— C’est parfait, murmura Liv’ avant de dévier son regard vers leur sage-femme qui avait pris place dans le fauteuil faisant le coin, juste à côté de la fenêtre. Désolée Morgane de t’avoir fait déplacer un dimanche, et de te faire poiroter... alors que si ça se trouve, j’accoucherai demain.

 Morgane reposa son livre de mots croisés avant de venir prendre place sur le rebord du lit, à côté d’elle.

— C’est mon travail, t’en fais pas, dit-elle en posant une main sur la sienne. Et puis..., je règlerai mes comptes avec Sophia une fois qu’elle aura pointé le bout de son nez, taquina-t-elle dans un clin d’œil.

Liv’ lâcha aussitôt un rire avant serrer soudainement des dents tout en s’emparant à nouveau de la main de Tess.

— Souffle, lui murmura aussitôt Tess en caressant ses cheveux. Souffle, voilà... 

— Elles sont plus rapprochées maintenant, nota Morgane après un rapide coup d’œil à sa montre.

— Et vraiment plus douloureuses, gémit Liv’ en reprenant son souffle. Elles me font très mal.

Tess offrit un regard désemparé à Morgane qui se leva du lit et s’empara du ballon qu’elle installa au milieu de la pièce. Elle revint ensuite vers le lit et avec l’aide de Tess, elles aidèrent Liv’ à se lever pour venir s’y assoir.

— Tu es bien installée ? demanda Morgane.

Liv’ hocha la tête et elle vint l’embrasser sur la tempe.

— Allez ma belle, c’est la dernière ligne droite. Souviens-toi, on fait la petite bougie et la bascule du bassin...

Liv’ parvint à trouver un faible sourire au milieu de la douleur et commença le rituel qu’elle avait appris lors des nombreux cours de préparation à la naissance, soulagée de voir aussitôt Tess s’installer devant elle. Liv’ lui serra les mains durant chaque contraction pendant que Morgane lui massait le dos.

— Tu t’en sors comme une reine, mon amour, lui murmura Tess alors qu’elle venait embrasser ses doigts.

— Ah ? souffla Liv’. Je commence surtout à me dire que si j’avais su, je t’aurais laissé la porter, moi, lâcha-t-elle dans une tentative d’humour tout en continuant à se concentrer afin de supporter la douleur.

Tess et Morgane se mirent aussitôt à rire.

— C’est quoi cette odeur ? demanda Liv’ après quelques minutes d’un confortable silence.

— De l’huile de rose, répondit Morgane alors qu’elle continuait son massage. Ta femme est définitivement romantique.

— Elle l’est, sourit Liv’ avant de fermer les yeux et inspirer profondément.

Morgane fronça légèrement les sourcils avant d’ajouter :

— Tu préfères peut-être qu’elle te masse ?

— Non, répondit aussitôt Liv’ en secouant la tête. J’ai besoin qu’elle reste là, devant moi.

Tess répondit par un baiser sur la main qu’elle tenait dans la sienne avant de sourire lorsqu’elle croisa les yeux verts émeraude, soufflant un « je t’aime » qui lui fut aussitôt répondu.

— D’accord, sourit Morgane avant d’accentuer un peu plus la  pression sur le dos de Liv’. Et on n’hésite pas à être bruyante, mademoiselle, ça facilite l’oxygénation du bébé et l’ouverture du col.

— Ah ça, elle sait faire, être bruyante, taquina Tess dans un regard empli de sous-entendus avant de fermer brusquement la bouche, appréhensive.

Elle fut rassurée et attendrie de voir Liv’ simplement rougir furieusement, la trouvant une fois de plus terriblement craquante dans son embarras.

— Je n’ai pas envie de savoir ce genre de chose, Tess, rit Morgane en poursuivant son massage. Et d’ailleurs, ça marche encore mieux lorsque la moitié s’y met elle aussi, ajouta-t-elle dans un regard appuyé. Alors Tess, prête à nous faire découvrir ta jolie voix ?

— Ah ça, elle sait faire, être bruyante, répondit à son tour Liv’ dans un regard suggestif.

Tess marmonna quelque chose d’incompréhensible avant d’obtempérer, une légère rougeur se répandant sur ses traits à son tour.

 💕

— Oh bon sang, j’ai trop mal, renifla Liv’, les joues couvertes de larmes. C'est pas possible, j'y arriverai jamais, Tess...

— Shhh, répondit Tess en passant le jet d’eau chaude sur son ventre puis dans son dos. Bien sûr que si tu peux le faire, ça va aller, je te le promets, poursuivit-elle alors qu’elle sentait sa gorge se nouer.

Les contractions s’étaient rapprochées pour finir par s'enchaîner désormais, et Liv’ les ressentait à présent dans le ventre et dans les reins pour la première fois. Tess n’avait pas besoin d’être un génie pour deviner que la douleur était insupportable, tant Liv’ ne cessait de pleurer depuis tout en poussant des râles de temps à autres. Elle ne s’était jamais sentie aussi démunie de toute sa vie.

— Le lit est prêt et le chauffage est en route, déclara Morgane en entrant à nouveau dans la salle de bain.

— J’y arriverai pas Morgane, pleura de nouveau Liv’ depuis sa position à quatre patte. J'ai trop mal, peu importe comment je me mets, ça fait trop mal... je n’y arriverai jamais, je n’ai plus de force.

Morgane vint s’agenouiller aux côtés de Tess et encadra le visage de Liv’ de ses mains, caressant ses joues de ses pousses.

— Tu peux le faire, Liv’, lui dit-elle fermement en la regardant droit dans les yeux. Après tout ce travail, il ne te reste plus que cette étape pour finir de la mettre au monde. C’est bientôt terminé, juste encore un peu d’effort, et ensuite, tu pourras enfin tenir votre fille dans tes bras, d’accord ?

Liv’ se passa une main sur le visage avant de relâcher un soupir tremblant.

— Je suis tellement fatiguée... j'ai faim, et je veux que ça se termine, vite.

— Je sais, répondit Morgane d’un air compatissant. Allez viens, on va t’installer sur le lit.

Liv’ hocha la tête avant de se redresser péniblement, soulagée de voir Tess lui donner de nouveau ses doigts qu’elle broya allègrement à chaque contraction. Malgré le nuage de douleur dans lequel elle flottait, elle pouvait néanmoins dire que cette dernière était stressée, Tess ne le lui montrait pas, mais Liv’ la connaissait. Elle buvait chacune de ses paroles sans savoir quoi y répondre, mis à part des « je t'aime » et des « tu es courageuse, mon amour, c'est bientôt terminé. » Prenant une profonde inspiration, elle glissa une main sous le menton de Tess afin de lui faire relever la tête. Tess, qui était en train de l’essuyer à l’aide d’une serviette de bain lui offrit aussitôt un air inquiet.

— On va y arriver, d’accord ?

A peine eut-elle terminée sa phrase qu’elle se demanda si elle cherchait réellement à rassurer Tess ou à se rassurer elle-même. Tess se redressa aussitôt et vint la prendre dans ses bras avant de l’embrasser sur le front.

— Bien sûr que l’on va y arriver, murmura-t-elle d’un ton résolu. Ensemble.

— Ensemble, répéta Liv’ d’une voix tremblante. Je ne pourrais rien faire sans toi, Tess. Je ne serais pas là sans toi, renifla-t-elle. Je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui si je n’avais pas débarqué dans ce nouveau lycée il y a dix-sept ans.

Tess relâcha un rire empli d’émotion et l’embrassa légèrement.

— Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui non plus si je ne t’avais pas rencontré ce jour-là, Liv’, murmura-t-elle sincèrement au creux de son oreille tout en les dirigeant doucement vers la chambre. Tu as changé ma vie, tu l’as rendue parfaite. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, souffla Liv’ avant de s’arrêter de nouveau lorsqu’une nouvelle contraction fit son apparition.

Le reste du chemin fut tout aussi pénible, Tess lui murmurant des paroles réconfortantes tout en lui apportant son soutien total. Après de longues minutes, Liv’ put enfin s’allonger sur le lit et elle ne put retenir de nouvelles larmes tant elle n’eut plus aucun répit.

— Elles ne s’arrêtent plus Tess, gémit-elle en serrant des dents. Oh bon sang, j'ai mal, j’ai tellement mal au dos...

Tess commença à masser la partie en question, mais vu les râles de Liv’ qui allaient crescendo, elle sut aussitôt que son intention était futile.

— Continue, lui dit Morgane alors qu’elle s’apprêtait à arrêter. La douleur ne partira plus mais le frottement lui fera quand même un peu de bien.

Tess hésita mais poursuivit lorsqu’elle vit Liv’ hocher frénétiquement la tête. Elle s’écarta un instant lorsque Morgane mit de nouveau en place le monitoring afin de pouvoir suivre l’état cardiaque du bébé ainsi que les contractions désormais visibles, puis observa la sage-femme dans l’attente lorsque cette dernière ausculta de nouveau de Liv’.

— Le col est ouvert à huit.

— Et ? demanda Liv’ alors qu’elle haletait désormais comme un petit chien. Je dois pousser Morgane, je n’arrive pas à m’en empêcher.

— D’accord, dit Morgane en s’agenouillant entre ses jambes. Je peux percer la poche des eaux...

— Non, la coupa aussitôt Liv’ en secouant frénétiquement la tête. Fais le uniquement si c’est indispensable, je veux un accouchement entièrement naturel.

— D’accord, acquiesça Morgane. Mais si tu as vraiment besoin de pousser, je n’ai d’autres choix que de devoir venir t’aider à terminer l’ouverture ton col.

Liv’ prit une profonde inspiration et serra un peu plus la main de Tess avant d’hocher la tête. Morgane inséra aussitôt sa main quasi entière et Liv’ serra des dents avant de lâcher une plainte venue du fond de ses entrailles, poussant aussitôt Tess à s’inquiéter plus encore alors que son estomac se nouait d’avantage.  

— Désolée, grimaça aussitôt Morgane. Bien, maintenant, je veux que tu pousses tout doucement, d’accord ?

Liv’ hocha la tête avant de se laisser retomber contre les oreillers, un long soupir s’échappant de ses lèvres.

— Oh bon sang de merde, dit-elle en se passant une main sur le visage.

Tess haussa aussitôt les sourcils, son regard passant alternativement de Liv’ a Morgane.

— Liv’ ? appela-t-elle, la panique montant en elle.

— Les contractions viennent de s'arrêter, expliqua Liv’ alors qu’elle reprenait sa respiration, son pouce caressant la main de Tess en des cercles rassurant.

— Et c’est normal ? demanda aussitôt Tess en déviant son regard vers Morgane.

Morgane hocha la tête tout en caressant les jambes de Liv’ en des allées et venues régulières.

— C’est même très bon signe, répondit-elle. Son corps veut qu’elle veut se repose avant la délivrance. C’est grâce à cette pause qu’elle va pouvoir reprendre des forces.

— Je crois bien que je vais m’endormir, marmonna Liv’ alors qu’elle sentait des gouttes énormes couler de son front, dans son dos. J’ai plus de force, je suis toute molle.

Tess s’empara d’un linge humide qui reposait dans une bassine sur la table de chevet et le passa doucement sur le visage de Liv’, cette dernière soupirant aussitôt d’aise.

— Oh merci, ronronna-t-elle de bonheur. Je commençais à avoir tellement chaud que j’ai l’impression d’être en train de cuir.

Morgane sourit avant d’hausser un sourcil.

— Tu as toujours envie de pousser ?

Liv’ hocha la tête tout en se redressant et Tess se positionna aussitôt derrière elle avant de prendre ses mains dans les siennes. 

— D’accord, reprit Morgane. A partir de maintenant, tu vas devoir gérer les contractions différemment, je veux que tu visualises le chemin que doit prendre Sophia et que tu concentres ton expiration sur sa sortie.

— O.K., soupira Liv’ en hochant la tête.

— Bien, sourit Morgane avant de jeter un œil au monitoring pour savoir quand la contraction allait arriver. Je veux que vous poussiez doucement..., maintenant.

Liv’ inspira profondément, puis retint sa respiration et commença à pousser avec l’aide de Tess, leurs visages si proches que cette dernière pouvait sentir la peau humide contre la sienne, et les inspirations rapides que Liv’ prenait une fois qu’elle n’avait plus la force de pousser.

— Ça va ? souffla-t-elle aussitôt à son oreille.

— Oui, répondit Liv’ en hochant la tête alors qu’elle reprenait sa respiration. Je sens la tête qui descend, ça soulage.

— J’imagine, sourit Morgane en caressant les jambes tremblantes à sa portée. C’était parfait Liv’, je veux que tu continues comme ça pour les suivantes, d’accord ? On peut apercevoir ses cheveux, ajouta-t-elle en s’emparant du miroir pour qu’elles puissent voir à leur tour.

Tess sentit aussitôt l’émotion la gagner, aussi bien à la vue qu’au moment de calme et d'intimité.

— Elle a tes cheveux, souffla-t-elle d’un air ébahi. Elle en a tout plein.

— J’espère qu’elle aura tes yeux, répondit aussitôt Liv’ en venant l’embrasser furtivement avant de grimacer. La contraction arrive.

— Fais comme tout à l’heure, répondit Morgane. Doucement, d’accord ? Tout doucement. 

Liv’ hocha la tête puis poussa et souffla en même temps, sentant aussitôt le bébé qui arrivait, ainsi que les encouragements que Tess lui soufflait à l’oreille.

— Urgh ça fait mal, gémit-elle soudainement tout en s’arrêtant. Ça brûle.

— Elle arrive, répondit Morgane en lui caressant le genou. Allez Liv’, pousse une dernière fois, et elle sera dans tes bras, d’accord ?

Liv’ hocha la tête et avant de pousser lorsqu’elle sentit la contraction arriver.

— C’est bien, encouragea doucement Morgane avant de sourire. La tête est sortie. Allez les filles, encore un peu et elle sera là.

Liv’ utilisa ses dernières forces avant de sentir la poche des eaux éclater et le reste du petit corps suivre tout seul. Elle se laissa retomber contre Tess avant de commencer à pleurer lorsqu’elle entendit Sophia prendre sa première respiration puis pleurer à son tour, lui faisant aussitôt oublier toute la douleur par laquelle elle venait de passer. Mon bébé. Notre bébé...

— Elle est là Liv’, murmura aussitôt Tess d’un ton stupéfait alors qu’elle se redressait légèrement pouvoir la voir, ses mains caressant le ventre arrondit en des cercles apaisants.

— Et oui, elle est là, sourit Morgane en venant la déposer sur le ventre de Liv’ avant de venir les couvrir avec des serviettes et une grosse couette. Je vous présente Sophia Tassandra Sanchez Chevalier, née le 30 septembre à 20h17.

— Elle est magnifique Tess, renifla Liv’ en venant embrasser le dessus de la petite tête recouverte de vernix gris beige. Parfaite.

Chaude, gluante et gigotante, Sophia bougonna un peu, cria juste assez pour dire qu'elle allait bien, puis les regarda Tess et Liv’ avec ses grands yeux d’un bleu profond, très alerte.

Tess vint embrasser Liv’ dans le cou tout en caressant légèrement la joue de Sophia d’un doigt tremblant d’émoi.

— Tu as été merveilleuse, et incroyablement courageuse, lui dit-elle d’un ton mêlant admiration et émotion. Elle a tes oreilles, et ton petit nez aussi, oh et cette mini fossette que tu as sur le menton.

— Tess, rit aussitôt Liv’ en venant l’embrasser sur la tempe. Arrête de dire des bêtises, ajouta-t-elle en venant s’essuyer les yeux.

— Ce ne sont pas des bêtises..., répondit Tess en observant Sophia. Elle est juste magnifique, comme toi.

Liv’ s’empara doucement de son menton pour venir l’embrasser.

— Je t’aime, souffla-t-elle contre ses lèvres, soudainement incroyablement sereine.

Tess déposa un baiser sur le bout de son nez tout en venant essuyer ses larmes de son pouce.

— Et je t’aime, sourit-elle avant de tourner la tête lorsqu’elle perçut du mouvement du coin de l’œil.

— Désolée d’interrompre ce petit moment, mais j’aurais besoin de toi Tess, sourit Morgane en haussant un sourcil. Le cordon ? Il a fini de battre, tu peux le couper maintenant.

Tess se désengagea aussitôt de l’étreinte de Liv’ et s’empara du ciseau chirurgical que lui tendait Morgane.

— Coupe entre les deux pinces, lui indiqua la sage-femme. Parfait. Liv’ ? appela-t-elle en relevant la tête. Tu veux bien essayer de lui donner le sein ? J’ai besoin que les contractions reviennent pour aider ton placenta à sortir. N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin d’aide.

Liv’ hocha la tête avant de porter Sophia vers son sein avec l’aide de Tess. Après plusieurs essais infructueux, Liv’ commença à légèrement paniquer.

— Morgane ? Ça ne marche pas... elle s’endort.

— Chatouille-lui les pieds, vint la réponse, distraite.

Liv’ et Tess échangèrent aussitôt un regard confus.

— Pardon ? demanda Tess, les sourcils haussés.

Morgane releva la tête de sa tâche et leur afficha un petit sourire.

— Chatouille lui les pieds, reprit-elle doucement. Je suis sérieuse, essaye.

Tess jeta un rapide coup d’œil à Liv’ avant d’hausser les épaules et soulever la couverture. Les petits pieds de Sophia lui apparurent et elle vint les frôler légèrement de ses doigts avant de relever la tête, soulagée de voir cette dernière ouvrir aussitôt les yeux. Liv’ en profita  pour l’approcher de son sein et, caressée, stimulée et encouragée par les paroles maternelle, Sophia tourna la tête et chercha de ses lèvres et de son nez le téton avant d’enfin commencer la tétée.

— Ça a marché, souffla Liv’ d’une voix émue en observant Sophia accrochée à son sein, tétant avec une force surprenante. C’est... magique.

— Elle a l’air affamée, sourit Tess en ne lâchant pas non plus sa fille des yeux. En même temps, ce n’est pas moi qui irais l’en plaindre, ajouta-t-elle d’un ton malicieux tout en observant la poitrine de Liv’ d’un air gourmand.

- Tess..., rit légèrement Liv’ avant de lever les yeux vers Morgane. La contraction arrive, prévint-elle.

— Pousse doucement, comme tout à l’heure, lui répondit aussitôt la sage-femme. Et... voilà, c’est fait, sourit-elle en relevant la tête. Tu as eu mal ?

Liv’ secoua la tête.

— Non, au contraire, répondit-elle. C'était tout chaud comme sensation, tout doux. Je me sens surtout libérée.

— Hmm, acquiesça Morgane avant de s’approcher après avoir examiné le placenta. Et voilà la petite maison que Sophia a habité durant les neufs derniers mois, ajouta-t-elle avant de leur expliquer ce qu’elles avaient sous les yeux et dépliant les membranes qui entouraient le fœtus.

— On peut voir la forme de son corps, nota Tess d’un ton ébahi en s’approchant avant de, tout comme Liv’, tendre une main pour le toucher. Woah, c'est incroyable comme c’est doux, s’étonna-t-elle.

— Et chaud, acquiesça Liv’. L’odeur est douce aussi.

— Ca sent le caramel.

Morgane et Liv’ dévisagèrent aussitôt Tess d’incrédulité avant de se mettre à rire.

— Tu veux le manger aussi ? taquina Morgane.

Tess se recula aussitôt alors que le sang quittait soudainement son visage.

— Non merci, frissonna-t-elle avant de leur tirer la langue lorsqu’elles se mirent à rire à nouveau.

— Je m’en doutais, ricana Morgane avant de s’éloigner, son regard ne lâchant pas celui de Liv’ lorsqu’elle poursuivit : les saignements sont normaux, ton périnée est intact, pas de déchirure contrairement à ce que j’avais craint, juste deux toutes petites éraillures de rien du tout.

— Génial, sourit Liv’ de soulagement avant de sursauter de surprise lorsque Sophia fit son premier pipi et sa première selle sur elle. Et ben on se gêne pas, rit-elle en venant caresser la petite joue avant de tourner la tête vers Tess. Sur ce coup là, elle tient de toi, taquina-t-elle.

Tess afficha aussitôt un air outré.

— Et pourquoi ça ? questionna-t-elle, les bras croisés sous sa poitrine.

Liv’ haussa les épaules, un petit sourire sur les lèvres.

— Ta mère m’a raconté cette histoire oh combien intéressante d’une certaine petite Tassandra qui aurait uriné sur les genoux de sa tante lors du mariage de ses parents...

Tess se sentit aussitôt rougir, encore plus lorsque le rire de Morgane résonna dans la pièce :

— Je veux absolument avoir les détails de cette histoire, taquina la sage-femme en s’approchant d’elles. Mais avant, il faut que l’on s’occupe de ce petit amour. 

Elle s’empara de Sophia avec l’aide de Liv’ et les minutes suivantes furent consacrée aux soins, tous fait aux côtés de Liv’ et avec l’aide de Tess dans une douceur et une tendresse inégalable.

 💕

— Et ça nous fait un 10/10 aux tests d’Apgar, sourit Morgane après avoir réalisé le test pour la quatrième fois.

— Une future première de la classe, comme sa maman, taquina Tess en venant embrasser son épouse.

Liv’ secoua la tête, néanmoins amusée, mais répondit volontiers au baiser offert.

— Que diriez-vous d’aller prendre un bain avec votre petite princesse pendant que je m’occupe de tout par ici ? poursuivit Morgane en déposant de nouveau Sophia dans les bras de Liv’.

Liv’ hocha aussitôt la tête et se rendit dans la salle de bain pendant que Morgane et Tess s’occupaient de tout nettoyer et refaire un lit propre pour qu’elles puissent passer une bonne nuit avec Sophia. Après une légère appréhension à se retrouver soudainement seule avec sa fille, Liv’ fut rassurée de voir que son instinct maternel prenait naturellement le dessus et elle se glissa doucement dans l’eau tiède une fois celle-ci prête. Quelques minutes plus tard, elle fut ravie de voir Tess les rejoindre et elle se détendit contre le rebord de la baignoire pendant que Sophia venait téter à nouveau.

— Ça va ? souffla Tess en s’accroupissant à leurs côtés avant de venir passer un linge humide sur le visage de son épouse.

— C’est parfait, sourit aussitôt Liv’. Et toi ?

— Je suis contente que tu ne souffres plus, frissonna Tess tout en affichant un air déconfit. C’était flippant, et je ne me suis jamais sentie aussi désemparée.

— C’est fini maintenant, la rassura Liv’ en venant l’embrasser sur la joue. Et je n’aurais jamais pu faire tout ça sans ta présence, tu n’imagines même pas à quel point ça m’a aidé.

Tess se mordit la lèvre.

— C’est vrai ? hésita-t-elle.

— Bien sûr que c’est vrai, répondit aussitôt Liv’ en l’observant comme si elle était devenue folle. Ne va certainement pas en douter, l’admonesta-t-elle avant de venir tirer sur son haut. Maintenant, enlève-moi ça et rejoins-nous.

Tess lâcha un petit rire.

— Non, je suis bien ici, dit-elle en venant doucement caresser Sophia. Je peux vous voir toutes les deux comme ça, ajouta-t-elle en venant embrasser Liv’.

L’air légèrement déçu de Liv’ ne lui échappa pas et elle hésita un instant, regardant autour d’elle avant de se redresser et entrer à son tour dans la baignoire.

Liv’ haussa aussitôt les sourcils alors qu’elle laissait Tess soulever légèrement ses jambes et les passer de chaque côté de sa taille pour qu’elle puisse être toute proche d’elle et Sophia, en face d’elles. Tess afficha aussitôt un petit sourire satisfait tout en venant embrasser la petite tête de Sophia — à peine perturbée par son entrée dans le bain — et les lèvres de Liv’.

— Tu me voulais avec vous, non ? dit-elle, un sourcil haussé devant l’air surpris de Liv’.

— Euh... oui, mais..., balbutia Liv’ avant de secouer la tête. On ne t’a jamais dit qu’il fallait retirer tes vêtements, avant ?

— Trop long, répondit Tess en secouant une main dans les airs. Et puis, les vêtements mouillés, c’est sexy aussi, ajouta-t-elle dans un sourire ravageur.

Liv’ éclata aussitôt de rire avant de s’interrompre subitement lorsque Sophia se mit à pleurer.

— Oh non, grimaça Liv’ alors que les pleurs gagnaient rapidement en intensité. Tout va bien, tout va bien, dit-elle en serrant Sophia un peu plus contre elle. Shhh, calme-toi.

Tess vint caresser le petit ventre et Sophia leva aussitôt ses yeux humides vers elle, ses pleures s’interrompant subitement.

— Je suppose qu’elle m’aime bien, sourit doucement Tess alors qu’elle observait elle aussi Sophia avec avidité.

— Bien sûr qu’elle t’aime, murmura Liv’ en venant l’embrasser légèrement. Le contraire aurait été tout simplement impossible.

Tess se contenta de lui offrir un lumineux sourire avant qu’ensemble, elles ne viennent se perdre dans les yeux bleus nuits situés sous elles.

 💕

— Prête à savoir son poids et sa taille ? demanda Morgane alors qu’elles pénétraient de nouveau dans la chambre.

Liv’ acquiesça tout en s’installant de nouveau contre les oreillers, sa tête venant reposer contre l’épaule de Tess qui encercla aussitôt sa taille de ses bras. Elle observa avec un intérêt non dissimulé Morgane installer Sophia dans une sorte de hamac en tissu qui ne tarda pas à annoncer le verdict :

— 3,230 kg, annonça Morgane avant de venir allonger la petite sur le lit.

— Vraiment ? s’étonna Liv’ en se penchant légèrement pour attraper une petite main, souriant lorsque Tess eut la même idée qu’elle. Je m’attendais à moins vu son tout petit gabarit, elle paraît si fragile...

— La taille du nouveau-né impressionne toujours, acquiesça Morgane en s’emparant de son mètre. Mais elle est en pleine forme, et grandira bien assez vite, sourit-elle en mesurant Sophia. Et... 49 centimètres. Ça nous fait un magnifique bébé ça, hein ? dit-elle en venant chatouiller le petit ventre.

Elle releva la tête vers Tess et Liv’. 

— Tess, tu veux la prendre ? demanda-t-elle. Il est primordial que vous fassiez connaissance maintenant, quand les hormones sont en ébullition, sourit-elle dans un clin d’œil. Et on ouvre le peignoir, le contact se fait peau à peau.

Tess hocha la tête et rougit légèrement d’embarras lorsque Morgane dut l’aider à plier les bras pour qu'elle puisse enfin y déposer Sophia.

— Ne sois pas gênée, lui murmura la sage-femme. C'est la première fois que tu es maman, ça arrive. 

Tess lui sourit son remerciement avant de se mordre la lèvre :

— J’ai cinq neveux, c’est juste que c’est la première fois que je tiens ma fille dans mes bras.

Sa phrase à peine terminée, elle sentit le sang quitter soudainement son visage alors que la réalisation la frappait soudainement.

— Oh merde.

— Tess ? s’inquiéta aussitôt Liv’ alors que Morgane reposait ses mains sur Sophia, au cas où.

Tess cligna des paupières à plusieurs reprises avant de tourner son visage vers Liv’.

— Ma fille..., je suis maman maintenant, soupira-t-elle d’un ton ahuri.

Liv’ relâcha un rire de soulagement alors qu’elle venait caresser son visage.

— Eh bien, tu avais neuf mois pour le réaliser, mais mieux vaut tard que jamais, sourit-elle, amusée.

— J’arrive pas à y croire, murmura Tess en secouant la tête. On l’a fait Liv’, on est maman, poursuivit-elle d’une voix emplie de fierté.

— Et oui, on l’a fait, acquiesça Liv’ en venant appuyer son front contre la tempe de Tess, réalisant pour la première fois que Morgane s’était éloignée afin de leur offrir un moment d’intimité. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, répondit aussitôt Tess en embrassant ses cheveux. On l’habille ?

Liv’ acquiesça et Tess s’empara aussitôt de la petite pile de vêtement qu’elle avait préparée sur la table de chevet pendant que Liv’ et Sophia prenaient un bain, et à deux, elles commencèrent à vêtir Sophia pendant que Morgane remplissait les papiers de naissance depuis sa place sur le fauteuil.

Après quelques minutes, Tess s’installa de nouveau contre les oreillers, Sophia entre ses bras, désormais emmitouflée dans ses habits, un drap et une couverture. Elle s’apprêtait à reprendre la parole lorsque Sophia bailla en formant un adorable 'O'.

— Aww…, firent-elles en même temps.

Liv’ vint embrasser la joue de Tess.

— Elle est superbe, je peux déjà voir les mecs tomber à ses pieds, taquina-t-elle en venant chatouiller une petite main.

— Oh non, ma fille va rester loin des garçons et ce pour longtemps, répondit Tess en secouant frénétiquement la tête.

Liv’ rit doucement avant de venir embrasser le front de Sophia, son nez puis son menton avant de relever la tête lorsqu’elle perçut un flash.

— Mince, et moi qui croyait qu’elle était sage-femme, taquina-t-elle en venant se taper sur le front. C’est une paparazzi en fait !

— Hmm, acquiesça Tess avant de froncer les sourcils. D’ailleurs, pendant que j’y pense, c’est marrant ça d’être sage-femme sans être passée par la case « bébé » soit même.

Morgane posa aussitôt une main sur sa hanche tout en haussant un sourcil.

— Parce que tu crois que tous les gynécologues ont des attributs féminins ?

Tess baissa aussitôt la tête de dépit tandis que Liv’ éclatait de rire.

— Tu l’as cherché, mon amour, charria-t-elle en venant embrasser la peau douce derrière l’oreille de Tess.

Tess marmonna quelque chose d’intelligible avant de relever la tête lorsque Morgane le lui demanda. Les minutes suivantes furent consacrées aux photos souvenirs, puis Morgane les laissa à nouveau tranquille afin de commencer à réunir ses affaires. 

— Tu pars déjà ? demanda Tess avant de jeter un œil au réveil. Oh, 23h30 déjà ? s’étonna-t-elle.

— Et oui, le temps passe vite quand le bébé est enfin arrivé, hein ? sourit Morgane en venant voler un petit bisou à Sophia.

Liv’ rit doucement.

— Ce n’est pas moi qui irais te contredire, dit-elle avant de reprendre son sérieux. Merci pour tout Morgane, de nous avoir aussi bien écoutées, épaulées, rassurées, supportées, aidées durant toute ma grossesse, pendant et surtout après l’accouchement. Tu as été formidable.

Morgane secoua une main dans les airs avant de l’embrasser sur la joue.

— Je te l’ai dit, c’est mon travail, répondit-elle dans un clin d’œil avant de venir embrasser Tess. Et ta vraie héroïne est ici, Tess a été parfaite.

— Non, répondit Liv’ en venant s’emparer de la main de Tess. Elle a été bien mieux que ça.

Tess rougit légèrement avant de venir l’embrasser.

— Tout comme toi, souffla-t-elle contre ses lèvres. C’est le meilleur cadeau que tu ne nous aies jamais fait, je t’aime Liv’.

— Je t’aime aussi, murmura Liv’ en l’embrassant à son tour avant de se rappeler de la présence de Morgane.

Elle se racla maladroitement la gorge tout en offrant un air désolé.

— Pardon, dit-elle en se frottant la joue.

— Il n’y a pas de mal, rit Morgane en glissant son sac sur son épaule. Ca fait plutôt plaisir à voir une belle petite famille comme ça.

— Tu reviens nous voir bientôt ? demanda Tess en se redressant légèrement.

Morgane lui offrit un regard perplexe.

— Bien sûr, vous allez devoir me supporter tous les jours pendant une semaine pour le suivit de votre petite princesse. 

— Non, la coupa Tess. Je voulais dire, après tout ça ? En tant qu’amie ? Et emmène ton Jule aussi, ajouta-t-elle dans un sourire malicieux.

Morgane lâcha un rire tout en acquiesçant.

— D’accord, répondit-elle avant de se diriger vers la sortie. Reposez-vous les filles, vous l’avez mérité. Mais avant, toi, ajouta-t-elle en pointant Tess du doigt, la cuisine t’attend, ta moitié doit impérativement reprendre des forces. 

— Et moi alors ? gémit aussitôt Tess en remuant ses doigts. J’ai souffert aussi hein.

Liv’ plissa des yeux, n'arrivant pas à croire pas ce qu'elle venait d'entendre après ce qu'elle venait d’endurer pendant toute la journée lorsqu’elle remarqua la main de Tess.

— Oh mon dieu ! s’exclama-t-elle en s’emparant doucement des doigts légèrement rougis et bleuis par endroits. On devrait peut-être aller à l’hôpital finalement, ajouta-t-elle d’une voix paniquée.

Morgane s’approcha et fronça légèrement les sourcils tout en vérifiant les doigts de Tess un a un.

— Non, rien de casser, rassura-t-elle. Mais je te conseille quand même de mettre de la glace. Et de la pommade, grimaça-t-elle. On verra demain si ça empire.

Liv’ se mordit la lèvre tout en offrant un regard d’excuse à Tess.

— Je suis vraiment, vraiment, vraiment dés —

Elle fut coupée par des lèvres sur les siennes.

— C’est rien, lui assura Tess. Surtout après ce que tu as enduré, tu me les aurais cassé que ça n’aurait même pas représenté un dixième de ce que tu as dû traverser.

— Mais c’était pas une raison pour te faire mal ! gémit de nouveau Liv’ en venant lui embrasser doucement les doigts. 

 Morgane s’assit sur le rebord du lit, à côté d’elle.

— Liv’, détend toi, ses doigts vont bien, la rassura-t-elle avant de sourire lorsqu’elle baissa les yeux vers Sophia. En tout cas, votre fille vous trouve intéressantes, son regard ne cesse de passer de l’une de vous deux, à l’autre.

Liv’ et Tess observèrent à leur tour leur fille et sourirent aussitôt.

— Elle est adorable, murmura cette dernière avant de tourner la tête vers Liv’. Qu’est-ce que tu veux manger ?

— Hmm, des pâtes. A la carbonara. Avec un yaourt au chocolat ?

— Ce sera tout ? sourit Tess.

Liv’ rougit légèrement tout en hochant la tête.

— Oh, non. Un verre de jus d’orange aussi, s’il te plaît ?

Tess rit légèrement tout en lui passant Sophia, elle avait depuis longtemps cessé de s’interroger sur les étranges envies alimentaires de Liv’ depuis que sa grossesse avait commencé. Et surtout de s’attarder sur les mélanges... particuliers.

— Considère ça fait, dit-elle en se redressant.

— Et moi, je vous laisse, sourit Morgane en se levant à son tour elle aussi. Je vous vois demain, ajouta-t-elle en les embrassant tour à tour avant de finir par Sophia. Bon appétit, mais surtout, reposez-vous bien, finit-elle dans un clin d’œil avant de quitter la chambre.

 

Tess sourit. En réalité, elles n’avaient pas dormi de la nuit, préférant regarder leur petit cœur... Elle reprit pied avec la réalité :

— Eh bien, commença-t-elle en se frottant le sourcil. C’est vrai que mettre un enfant au monde, c’est loin d’être une partie de plaisir, vu les râles que tu laissais échapper, et les larmes qui ne s’arrêtaient plus sur la fin, et...

— Continue comme ça, et ce sera la fin de l’humanité, ricana Liv’ en enfouissant son visage dans le cou de son épouse. Plus personne ne voudra avoir d’enfant.

 

Tess leva les yeux au ciel avant de rire à son tour.

— O.K., O.K., admit-elle avant de reprendre. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a aussi — enfin, surtout, de bons côtés. Je n’imaginerai pas notre vie sans Sophia aujourd’hui, et si ça demande de passer par tout ça... le jeu en vaut largement la chandelle, non ?

Liv’ leva la tête et vint l’embrasser doucement sur les lèvres.

— Absolument, murmura-t-elle avant de sourire. Enfin ça, ça reste de la supposition pour toi, taquina-t-elle.

Elle fut surprise par le silence étonnant que sa phrase reçut.

— Tess ? appela-t-elle, intriguée et légèrement inquiète. 

Tess se racla maladroitement la gorge tout en se réinstallant contre les oreillers.

— Tu avais parlé d’une sieste ? dit-elle en évitant son regard.

Liv’ haussa les sourcils avant de secouer légèrement la tête.

— Tess..., ne me fais pas ça s’il te plaît, soupira-t-elle en se redressant. Je peux supporter l’humour, mais pas la fuite.

Le ton blessé lui parvint aisément et Tess sentit aussitôt la culpabilité s’abattre sur elle, en plus de son embarras qui s’accentua considérablement.

— Désolée, admit-elle dans un sourire penaud. Je n’avais simplement pas de blagues sous la main.

Malgré la vexation qu’elle ressentait, Liv’ ne put retenir un petit sourire amusé et vint l’embrasser pendant plusieurs secondes avant d’appuyer son front contre le sien.

— Tu peux tout me dire, Tess, murmura-t-elle sincèrement. Toujours.

— Je sais, répondit aussitôt Tess en venant entourer la taille fine au-dessus d’elle. C’est juste un peu embarrassant.

— Dis-moi, la pressa doucement Liv’ en plongeant son regard dans le sien. Qu’est-ce qu’il y a ?

Tess avala difficilement avant de lâcher :

— Qu’est-ce que tu dirais si je te disais que j’aimerai avoir un bébé moi aussi ? Demanda-t-elle, hésitante.

Liv’ cligna plusieurs fois des paupières, surprise par l’admission inattendue.

— Oh. Eh bien..., je... hum, c’est ce que tu veux ? parvint-elle finalement à prononcer.

— Je crois, enfin, oui, répondit Tess en hochant la tête. Il m’arrivait de vraiment t’envier de pouvoir sentir Sophia bouger à l’intérieur de toi, avant même que je ne puisse la sentir moi-même. De donner la vie, de...

Elle s’interrompit avant de secouer la tête.

— J’ai juste envie d’avoir un autre enfant, et de pouvoir offrir à Sophia un petit frère, ou une petite sœur. J’ai eu la chance d’avoir deux frères, et, aussi chiants qu’ils aient pu être parfois, sourit-elle légèrement, j’ai envie que Sophia puisse bénéficier de ce bonheur elle aussi. Mais, si tu n’es pas pour...

— Non, la coupa aussitôt Liv’ en secouant la tête. Je veux d’autres enfants aussi, enfin, au moins un, sourit-elle timidement. Et si c’est ce que tu veux, je suis derrière toi à cent pour cent, finit-elle en venant l’embrasser.

Tess soupira de bien être lorsqu’elle sentit Liv’ rompre soudainement le baiser et se reculer.

— Huh ? demanda-t-elle, confuse.

— Oh bon sang, j’ai hâte de te voir enceinte maintenant, répondit Liv’ les yeux brillants.

Tess lâcha aussitôt un rire avant de venir l’embrasser à nouveau.

— T’es pas possible, sourit-elle. Mais ce n’est pas pour tout de suite, d’accord ? demanda-t-elle en étudiant les traits devant elle.

— Dis-moi juste quand tu es prête... et je te suis, murmura Liv’ contre ses lèvres, sa main venant caresser la douceur d’une joue.

Tess la fit doucement basculer afin de venir s’allonger sur elle.

— D’accord, répondit-elle avant d’afficher un sourire espiègle. Mais on peut toujours commencer à essayer maintenant, non ? finit-elle en remuant ses hanches de façon suggestive.

Liv’ lâcha aussitôt un rire tout en venant entourer le cou au-dessus d’elle.

— Et la sieste alors ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

— Plus tard, répondit Tess en venant embrasser la peau douce du cou situé juste sous elle. Allez Liv’... les six semaines sont passées, on peut faire un câlin maintenant, hein ?

Pour toute réponse, Liv’ éclata de rire.

Mon Dieu, qu’est-ce que je l’aime.

 

 

- FIN - 

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !

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