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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

14 octobre 2015

Epilogue

Juin 2015

Assise sur la balancelle de la terrasse de Lyna, Lucy se pencha légèrement vers l’avant — prenant bien soin de ne pas trop appuyer sur son ventre rebondi — et baissa les yeux vers Kat et Tawny qui travaillaient de pair dans l’allée, sur la voiture de ce dernier.

— Elle est vraiment sexy comme ça, hein ? dit-elle, admirant la façon dont les mains de Kat se déplaçaient avec confiance et précision au-dessus du moteur.

Lyna masqua son sourire derrière sa citronnelle.

— Du calme, ma belle.

Lucy roula des yeux, mais serra néanmoins les cuisses tout en essayant de ne pas trop remuer sur la balancelle.

— Sérieusement, dis-moi qu’elle n'est pas la mécano la plus sexy que tu n’aies jamais vu ?

Lyna prétendit y réfléchir.

— Peut-être, taquina-t-elle enfin en l’observant du coin de l’œil.

Lucy lui offrit aussitôt un regard appuyé.

— Elle l’est totalement et tu le sais, dit-elle avant de sourire malicieusement. Elle t’attirait au lycée, après tout.

Pour toute réponse, Lyna lui lança une tige de citronnelle que Lucy évita dans un rire. Elle baissa les yeux et observa Kat s’essuyer les mains sur un torchon recouvert de cambouis qu’elle glissa ensuite dans sa poche arrière, et elle remua légèrement sur la balancelle.

— Bon sang, j’ai envie d’elle.

Lyna ricana et Lucy écarquilla les yeux quand elle réalisa qu’elle avait parlé tout haut.

— Oh bon sang, j’arrive pas à croire que je viens de dire ça, dit-elle en plaquant une main sur sa bouche.

— On m’avait dit que c’était l’un des aléas de la grossesse, sourit Lyna, caressant son propre ventre. Mais je n’y aurais jamais cru si je n’étais pas en train de le voir de mes propres yeux.

Lucy se laissa retomber contre le dossier de la balancelle, un soupir s’échappant de ses lèvres.

— Ça ne m’était jamais arrivé avant. Je parie que c’est parce que c’est un garçon, accusa-t-elle en fusillant son ventre du regard.

Lyna explosa à nouveau de rire et elle ne put s’empêcher de la rejoindre cette fois-ci.

— Bon, et toi alors ? demanda-t-elle une fois calmée. Pas de libido exacerbée à cause du petit Kaden ?

Lyna haussa les épaules.

— Si, un peu.

Lucy haussa les sourcils puis laissa retomber sa tête contre le dossier.

— Eh bien, je ne sais pas comment tu fais. Depuis que j’ai atteint le deuxième semestre, je ne pense littéralement qu’à ça.

Lyna se mordit la lèvre pour ne pas rire de nouveau. Elle haussa les épaules.

— Je sais pas, Tawny parvient peut-être mieux à me satisfaire ? taquina-t-elle.

Lucy sentit aussitôt sa mâchoire s’affaisser.

— Kat me satisfait très bien ! dit-elle, plus fort qu’elle ne l’aurait voulu.

— On est ravi de l’apprendre, ironisa Mathilde en s’asseyant à côté d’elle. Au passage, vous feriez bien d’accoucher fissa, c’est dégouttant une citronnelle sans alcool, dit-elle en grimaçant au-dessus de son verre.

Lucy afficha un sourire amusé.

— Mathilde, t’es pas obligée de suivre notre « régime ».

— Tu déconnes ? Avec les deux zigotos là en bas, y a pas une goutte d’alcool dans cette maison ! À croire que quand les bébés seront là, ils voudront eux aussi leur donner le sein, marmonna-t-elle.

Lucy et Lyna se regardèrent puis éclatèrent de rire.

— Kat le pourrait peut-être, mais j’aimerais bien voir Tawny essayer, s’exclama Lucy en s’essuyant les yeux.

Mathilde sourit puis leva son verre.

— Un toast à mes futurs neveux.

Les verres s’entrechoquèrent accompagnés de « tchins » puis elles burent chacune une gorgée.

— Sur ce, je ferais bien d’aller vérifier comment ma petite puce s’en sort, fit remarquer Lucy en se redressant. Puisque je n’ai pas le droit de jouer avec la plus grande, ajouta-t-elle en plissant des yeux vers Lyna.

Cette dernière haussa les épaules.

— Désolée ma belle, mais on n’a pas préparé toute cette nourriture pour rien, dit-elle avant de la taquiner. Ça va devoir attendre ce soir.

Mathilde grimaça.

— J’ai vraiment hâte de pouvoir dire « attention à vos paroles, y a des enfants dans la pièce... », dit-elle, provoquant de nouveau le rire de Lyna et Lucy.

💕

Arrivée au niveau des baies vitrées, Lucy sentit aussitôt un sourire venir illuminer son visage ; Ashley, sa fille de six ans, était allongée sur le ventre dans la piscine creusée. Un air concentré sur le visage, elle écoutait visiblement avec attention ce que lui disait sa nouvelle baby-sitter, qui la maintenait à flot grâce ses avant-bras placés sous son torse et sous sa taille, visiblement aux aguets. Malgré son âge, Ashley ne savait toujours pas nager ; comme Lucy depuis son accident, elle faisait preuve d’une phobie de l’eau qu’elle avait du mal à surmonter. Alors la voir ainsi, même si elle flottait simplement, lui faisait chaud au cœur.

Elle vit Chloé lui parler à l’oreille puis sourit quand Ashley se mit à remuer jambes et bras. Sur les encouragements de sa baby-sitter, elle se mit à avancer progressivement, un peu difficilement au début, puis avec plus de facilité, et Lucy ne put s’empêcher de ressentir un sentiment de fierté de voir Ashley progresser aussi rapidement.

— Elle nage ?

La question murmurée à son oreille ainsi que les bras qui encerclèrent sa taille firent sursauter Lucy et elle porta une main à sa poitrine.

— Bon sang, Kat !

— Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur, grimaça Kat, l’embrassant furtivement sur la joue avant de la serrer contre elle. Je n’arrive pas à croire qu’elle nage, il y a encore une semaine, elle était complètement terrorisée.

Lucy se recula légèrement afin de profiter d’avantage de son étreinte.

— Je sais, acquiesça-t-elle en recouvrant les avant-bras de Kat de ses mains. C’est sa nouvelle baby-sitter, elle fait des miracles.

Kat prétendit rouler des yeux.

— Tout ça parce que c’est toi qui l’as trouvée, taquina-t-elle.

Lucy sourit.

— Qu’est-ce que tu crois ? Je n’embauche pas n’importe qui dans mon magazine.

Sa phrase à peine terminée, elle sentit Kat sourire contre son cou.

— T’es sûre ? J’ai souvenir d’une designer graphiste au look gothique qui s’était teint les cheveux en rose, et qui arborait un piercing à la fois au nez et à la lèvre inférieure.

— Tcht. Kim fait de l’excellent travail, et crois-moi, ce n’est pas notre baby-sitter qui dirait le contraire, taquina Lucy tout en se tournant dans son étreinte.

Kat haussa un sourcil.

— Elles sortent ensemble ? s’étonna-t-elle, ses mains venant naturellement reposer contre les reins de Lucy.

— Eh bien, si j’en crois les tenues dépareillées qu’elles arboraient l’autre jour et leurs cheveux légèrement décoiffés, je dirais que... oui.

Kat secoua la tête, un sourire sur les lèvres.

— T’es sûre que c’est sur des bandes dessinées que vous travaillez dans ton magazine ? taquina-t-elle.

— Vilaine ! s’exclama Lucy en la pinçant légèrement au niveau du ventre.

Kat l’embrassa furtivement en réponse et Lucy lui sourit avant de s’écarter quand elle entendit la baie vitrée glisser derrière elle.

— Maman ! s’exclama Ashley en bondissant sur place, ses longs cheveux châtains plaqués autour de son visage. J’ai réussi, j’ai réussi, j’ai réussi !

Elle voulut poser un pied à l’intérieur mais Lucy l’attrapa sous les aisselles et l’emmena de nouveau à l’extérieur.

— Hop, hop, hop jeune fille, Lyna ne va pas être contente si tu inondes tout son intérieur, hein ? l’admonesta-t-elle dans un sourire avant de silencieusement remercier Chloé pour la serviette qu’elle lui tendait.

— Mais je sais nager maman ! s’exclama Ashley en claquant des dents, et Lucy se dépêcha de l’envelopper dans la serviette. Et sans brassards en plus, sourit-elle fièrement.

— Oh c’est génial ça mon cœur, répondit aussitôt Lucy en essuyant la petite goutte sur le bout de son nez. Je suis fière de toi, tu sais ?

Le sourire d’Ashley s’agrandit et elle leva subitement ses yeux bleus vers Kat.

— On peut manger maintenant ?

— Ben dis-donc, c’est des manières ça ? la taquina Kat en venant lui chatouiller le ventre tandis que Lucy et Chloé riaient derrière elle.

— Mais j’ai faim moi..., bouda Ashley en la regardant avec son air de chien battu.

— File te changer, on verra, sourit Kat dans un clin d’œil, avant de l’embrasser sur le sommet du crâne.

Rabattant la serviette sur sa tête, Ashley détala aussitôt vers le petit chalet faisant face à la piscine et Lucy secoua la tête d’amusement en se redressant.

— Elle ne s’arrête jamais, dit-elle avant d’offrir un air désolé à Chloé. Je suis désolée, elle demande beaucoup d’énergie parfois.

— C’est pas grave, répondit aussitôt Chloé et s’essuyant les cheveux. Elle est géniale, je n’ai vraiment pas de quoi me plaindre.

Lucy hocha la tête et ferma brièvement les yeux quand Kat referma ses bras autour d’elle.

— Merci beaucoup pour aujourd’hui en tout cas, répondit sincèrement Kat. Ashley a toujours eu la phobie de l’eau, et entre moi et le garage, et Lucy et le magazine, on n’a jamais vraiment eu le temps de lui accorder le temps nécessaire. Je crois qu’on commençait vraiment à désespérer.

— Elle avait juste besoin de temps, répondit Chloé, avant de sourire. Mais je crois surtout qu’elle tenait à vous faire plaisir.

Lucy haussa les sourcils.

— Comment ça ?

Chloé haussa les épaules.

— Qui n’a jamais eu envie de rendre ses parents fiers de soi ? sourit-elle avant de s’éloigner à son tour vers le petit chalet. À tout de suite.

— À tout de suite, répondit Lucy d’un air absent avant de se tourner vers Kat. Notre fille vient d’apprendre à nager pour nous faire plaisir, non mais tu y crois toi ?

Kat sourit tout en la serrant contre elle.

— Je crois surtout qu’on fait tout pour lui faire plaisir, alors pourquoi est-ce que ça ne marcherait pas dans les deux sens ?

— Hmm c’est vrai, tu crois que notre petit bonhomme fera la même chose ? demanda Lucy en levant un regard brillant vers elle ; Kat la dépassait de quelques centimètres.

Kat caressa ses hanches de ses pouces.

— Non, ça, je le sais, sourit-elle.

Amusée, Lucy lui souffla un « je t’aime » avant de l’embrasser... pour se voir interrompue par une main sur les lèvres.

Confuse, elle tourna la tête pour tomber nez à nez avec Lyna qui arborait un air malicieux.

— À table j’ai dit, sourit cette dernière en entraînant Kat avec elle.

Lucy l’observa, incrédule, avant de lever les mains au ciel.

— Lyna, je voulais juste un bisou !

— Faudra t’en passer parce qu’on passe à table j’ai dit ! répondit cette dernière en traînant une Kat désolée avec elle.

Lucy s’apprêtait à répondre quand deux bras vinrent encercler sa taille par derrière.

— Je peux t’en donner un bisou moi, sourit Ashley, provoquant le rire de ceux qui étaient déjà installés à table quelques mètres plus loin, dans la cour, à l’abri des arbres.

Lucy se sentit aussitôt rougir, à la fois attendrie et embarrassée.

— C’est gentil mon cœur, mais je ne parlais de ce genre de bisou là, sourit-elle en s’emparant de la petite main d’Ashley.

Un air confus se peignit sur le visage d’Ashley et Lucy lui souffla un « oublie » à l’oreille avant de l’aider à prendre place autour de la table.

Il s’écoula quelques secondes avant qu’Ashley ne demande :

— Et Chloé ? dit-elle en levant les yeux vers Lucy. Elle peut te donner le bisou que tu veux elle ?

Une nouvelle tournée de rire résonna aussitôt et Lucy offrit un regard empli d’excuse à la concernée, avant de plisser des yeux quand elle vit que cette dernière était aussi amusée que le reste de l’assemblée.

— Ashley ? dit-elle, prenant la main de sa fille dans la sienne.

— Oui, maman ?

— Je t’aime mon cœur, dit-elle en embrassant ses doigts. Mais chut, d’accord ? Maman t’expliquera tout à la maison.

Ashley hocha la tête d’un air entendu et Lucy fusilla le reste des convives du regard, toujours écroulés de rire. Puis elle sentit Kat l’embrasser sur la joue, l’entendit lui murmurer quelque chose à l’oreille, et elle sourit.

Kat avait raison, il n’y avait rien de mieux que de passer un dimanche de plus en famille, entourées des gens qu’elles aimaient.

 

- FIN -

 

 

N'hésitez pas à nourir l'auteure, faites-lui savoir ce que vous avez pensé de son histoire !  

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12 octobre 2015

Chapitre 23

Une légère brume apparut autour d’elle et Elysia leva les yeux de la boule de cristal pour voir le Conseil des Trois l’entourer.

Une fois encore, leurs phoenikis de couleur pourpre et blanc l’empêchaient de voir leurs visages, et elle ressentit le respect, l’admiration et la crainte qu’ils inspiraient. 

Le regard fixé sur la boule de cristal, ils s’adressèrent à elle par télépathie.

« Votre mission a été un succès. »

« L’ennemie a été éliminée. »

« Katlyn Harper est désormais hors de danger. »

Un léger silence s’installa avant que le premier membre ne reprenne la parole :

« Le sujet éprouve cependant des sentiments pour sa protégée. »

« Le sujet n’est plus digne de notre confiance. »

Leurs visages se détachèrent de la boule de cristal pour se tourner vers elle.

« Le sujet doit être réinitialisé. »

Leurs visages se tournèrent de nouveau vers la boule de cristal et, de la même façon qu’il était apparu, le Conseil disparut.

Emportant Elysia avec lui.

💕

Elysia ouvrit les yeux et les referma aussitôt, aveuglée par la lumière du plafonnier. Un bip incessant raisonnait au-dessus d’elle et une gêne insupportable l’irritait au niveau de la gorge. Elle attendit un peu, puis quand enfin sa vue s'accoutuma à la lumière ambiante, elle réalisa qu’elle se trouvait dans une chambre d’hôpital. Allongée dans un lit, un drap blanc la recouvrait jusqu’au nombril et une perfusion était plantée dans son bras gauche, la faisant légèrement grimacer. Elle se sentait fatiguée, mais c’était surtout sa gorge qui lui faisait mal.

Elle allait tendre une main vers la table de chevet, où reposait un verre en plastique, quand son regard s’arrêta sur le téléviseur. Il était allumé, rediffusant un vieux film des années 1960 et elle se demanda soudainement combien de jours elle était restée inconsciente. Elle s’empara de la télécommande qui reposait elle aussi sur la table de chevet et appuya sur la touche « info », cherchant un instant l’écran avant de cligner les yeux à plusieurs reprises.

Ils étaient le mercredi 11 Juillet 2007.

Elysia porta une main à ses lèvres, sous le choc. 2007 ? Comment... ? Elle regarda autour d’elle, comme si l’explication allait se manifester d’elle-même, puis elle se rappela à quoi la date correspondait.

C’est le jour où je suis morte.

Elle secoua la tête.

Non, le jour où Lucy est morte. Où le bateau de croisière sur lequel elle se trouvait a été heurté par un vraquier.

Elysia reporta son attention sur l’écran de télévision. Mais comment était-ce possible ? Pourquoi se retrouvait-elle là aujourd’hui ? Était-elle Lucy, ou Elysia ? Humaine ou Daï-Natha ? Je ne peux pas être Lucy si je me souviens encore de tout.

Elle laissa retomber sa tête contre son oreiller, un grognement de frustration s’échappant de ses lèvres. Elle n’y comprenait rien. Lucy ne s’était jamais trouvée à l’hôpital ; elle avait tout simplement disparue en mer. Quant à Elysia, elle était presque sûre qu’elle devrait être morte à l’heure qu’il est. 

Elysia se passa une main sur le visage tout en soupirant. Si seulement Mysa était là pour...

Elle se redressa soudainement.

— Mysa ? tenta-t-elle. Il doit forcément savoir ce qu’il se passe, et si je veux obtenir des réponses, lui seul peut me les fournir.

Une réponse lui parvint, mais ce ne fut pas celle qu’elle attendait. La porte de la chambre s’ouvrit doucement, hésitante, avant de dévoiler Kat, un air exténué sur le visage, et Elysia sentit aussitôt les larmes lui monter aux yeux. Elle avait les cheveux légèrement plus courts, et plus ondulés aussi. Sa peau était bronzée, et Elysia se souvint qu’elle avait passé les derniers jours à Miami en compagnie de sa sœur en attendant que Lucy revienne. 

Le regard de Kat parcourut la pièce avant de s’arrêter sur Elysia et elle se figea quand elle réalisa que cette dernière était réveillée.

— Hé, tigresse, sourit Elysia, la voix rendue rauque par le sommeil et l’eau salée de l’océan.

Elle tendit une main et les yeux de Kat s’humidifièrent aussitôt. Elle lâcha la porte, qui se referma silencieusement derrière elle, et s’approcha doucement, comme en transe, avant d’accélérer sur les derniers mètres et serrer Elysia fort contre elle, enfouissant son visage dans son épaule.

— J’arrive pas à croire... je croyais que tu étais...

Les sanglots la submergèrent et Elysia la serra contre elle, lui murmurant des paroles réconfortantes à l’oreille tandis que les pleurs la gagnaient elle aussi. Les circonstances étaient peut-être différentes, mais chacune pensait avoir perdu l’autre.

Du mouvement sur la gauche, vers la fenêtre, attira le regard d’Elysia et elle fut soulagée d’y voir Mysa. Elle haussa cependant les sourcils quand ce dernier lui fit signe du doigt de rester silencieuse. Il prononça dans sa tête :

« Vous formez un joli tableau. »

Elysia leva aussitôt les yeux au ciel. « On est en train de pleurer, Mysa. » Elle reprit, craintive : « Tu n’es pas là pour me ramener, pas vrai ? »

Un sourire étira les lèvres de Mysa tandis qu’il secouait la tête. « Non. »

« Que s’est-il passé ? »

Mysa dévia son regard vers la fenêtre, l’air concentré, avant de la regarder à nouveau. « Tu n’as pas encore compris, n’est-ce pas ? »

« Compris quoi ? », demanda aussitôt Elysia, confuse. « Je me souviens de tout ce qu’il s’est passé, Mysa. Moi... Elyana... J’étais censée mourir. Qu’est-ce que je fabrique ici ? »

Puis elle se souvint de ce qui s’était passé avant son réveil.

« Le Conseil m’a... »

« Réinitialisée. Ou plutôt, a commencé à te réinitialiser. Je suis là pour finir le travail. »

Elysia se contenta de l’observer bêtement. « Je n’ai absolument rien compris de ce que tu viens de dire. Qu’est-ce que c’est censé signifier ? »

Mysa afficha un léger sourire. « Réinitialiser : rétablir dans son état initial. Ce qui pour Elysia était... »

« Lucy », termina Elysia, avant de froncer les sourcils. « Mais pourquoi ? Ça n’a aucun sens. Pourquoi revenir dans le passé et changer le cours des choses ? »

« Parce qu’il y a une chose que tu ne sais pas », dit Mysa en enfonçant les mains dans les poches de son jean. « Avant d’être ta protégée,Kat était surtout ton âme-sœur. Le Conseil a pensé qu’en faisant de toi sa Daï-Natha, Kat maintiendrait son équilibre spirituel. Le problème, c’est qu’il n’avait pas envisagé que cela vous rendrait également plus puissantes, toi et...

« ...Elyana », réalisa Elysia, le cœur battant. « C’est pour ça qu’elle est parvenue à s’échapper. »

Mysa hocha la tête. « La particularité des âmes-sœurs, c’est qu’elles sont unies par un lien très fort, un lien énergétique très puissant. Là où il était censé nourrir Kat, c’est Elyana qu’il a alimenté. »

Elysia remua légèrement la tête, secouée par ce qu’elle venait d’apprendre. « Je ne savais même pas que les âmes sœurs existaient », dit-elle bêtement avant de fusiller Mysa du regard quand il se mit à rire. « Mais toi, tu le savais », accusa-t-elle. « Ça te dérangerait de m’expliquer pourquoi tu m’as caché tout ça ? », ajouta-t-elle, un sourcil haussé.

« Disons simplement que tu n’étais pas la seule à avoir une mission personnelle à accomplir », sourit Mysa, le regard taquin. « Je savais que tu parviendrais à rendre Kat heureuse. À lui redonner le goût de vivre et à la rapprocher de ses amis, de sa sœur. Mais quand tu as commencé à éprouver des sentiments pour elle, je me suis posé des questions. Ça aurait bien évidemment pu venir de ton humanité, mais tu t’es retrouvée si rapidement tellement investie, que je n’ai pu m’empêcher de trouver ça étrange. Alors j’ai mené ma petite enquête. »

Elysia haussa aussitôt les sourcils. « Donc, tu savais qui j’étais dès le début ? », s’exclama-t-elle avant de se reprendre. « Bien sûr que tu le savais depuis le début, tu m’as carrément poussée dans ses bras. »

Mysa sourit, puis son regard son teinta de tristesse. « Je cherchais simplement à vous donner une seconde chance. Ça m’était inimaginable de vous voir toutes les deux réunies et de devoir passer mon temps à vous tenir émotionnellement éloignées l’une de l’autre. Je ne suis même pas sûr que j’aurais réussi », ajouta-t-il, légèrement taquin.

Elysia rougit légèrement. « Mais ça n’explique pas mon retour ici. »

« Ce n’est qu’un juste retour des choses. Si je vous réunissais, ce n’était pas pour que ce soit temporaire. Je voulais que ce soit pour de bon. »

« Et tu as fait ça... comment ? »

Mysa se passa une main sur la nuque. « Il est possible que j’ai légèrement menacé le Conseil de révéler notre existence à l’humanité toute entière s’ils ne te rendaient pas ta vie... »

Elysia haussa les sourcils. « Tu as quoi ? », balbutia-t-elle, ouvrant et fermant la bouche à plusieurs reprises. Elle secoua finalement la tête. « Mysa, tu réalises qu’ils auraient pu tout simplement te tuer, quand même ? »

Mysa haussa les épaules. « C’est un risque que j’étais prêt à courir. »

Elysia sentit une boule se former dans sa gorge face à ses paroles, et elle cligna des yeux quand ces derniers s’humidifièrent. « Et le Conseil a accepté parce que... ? »

« Parce qu’en faisant de toi la Daï-Natha de Kat, ils ont non seulement failli vous mener à votre perte, mais aussi à celle de l’humanité toute entière. »

« Alors... ils me donnent une seconde chance ? »

Mysa afficha un faible sourire. « Tu peux voir ça comme ça. Je dirais plutôt qu’ils réparent enfin l’erreur qu’ils ont commise. La vie reprend simplement son cours, comme elle aurait dû le faire la première fois. »

Elysia laissa de nouveau retomber sa tête contre l’oreiller, un long soupir s’échappant de ses lèvres. « Et dire que j’étais persuadée qu’ils avaient décidés de me sacrifier », dit-elle, encore dépassée par la situation.

Mysa hocha la tête, un air renfrogné sur le visage. « Ils auraient pu. »

Elysia tourna la tête vers lui. « Mais ils ne l’ont pas fait, parce qu’une fois encore, tu as été là pour moi », dit-elle, son regard véhiculant combien elle lui était reconnaissante. « Je suis vraiment désolée d’avoir douté de toi à un moment, Mysa. »

Mysa remua une main dans les airs. « C’est oublié ».

Elysia lui adressa un sourire, puis fronça les sourcils quand une pensée lui traversa l’esprit. « Et Elyana ? Que lui est-il arrivé ? »

« Elle est juste devant moi. »

Elysia regarda presque par-dessus son épaule par réflexe, puis se ressaisit. Elyana était morte. Elle l’observa, confuse, avant de soudainement écarquiller les yeux. « Elle est moi ?! », s’exclama-t-elle, incrédule.

Mysa rit doucement. « Elle n’est pas toi, elle fait partie de toi. Elysia et Elyana représentent les bipolarités fondamentales de Lucy. »

« Oh génial, ravie de savoir que je suis à moitié psychopathe, » ironisa Elysia. « T’as d’autres bonnes nouvelles comme ça en rayon ? »

Mysa rit à nouveau avant de s’approcher d’elle, puis poser ses mains de chaque côté de son visage. « Qu’est-ce que tu dirais d’avoir la possibilité de définitivement retrouver ta vie d’avant ? »

Elysia baissa les yeux vers Kat qui observait ses doigts aller et venir le long de sa gorge avant de reporter son attention sur Mysa.

« Impatiente », répondit-elle sincèrement avant de prendre un air inquiet. « Mais je ne te reverrai plus alors ? »

Mysa secoua légèrement la tête. « Tu ne te souviendras pas de moi, mais je serais toujours là, quelque part... J’ai gagné deux protégées de plus », finit-il dans un clin d’œil tout en les regardant elle et Kat.

« Je t’aime, Mysa », lui répondit simplement Elysia. « Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. Pour nous. »

 Le sourire de Mysa s’agrandit et il approcha ses doigts de ses tempes. « Je t’aime aussi, aies une longue et heureuse vie pour moi, d’accord ? »

Elysia hocha la tête puis ferma les yeux quand ses doigts entrèrent en contact avec sa peau. Des images s’infiltrèrent aussitôt dans son esprit, défilant à une allure folle, puis tout devint noir.

💕

Des arabesques dessinées sur son ventre tirèrent Lucy de son sommeil et elle ouvrit péniblement les yeux, grimaçant face à la lumière aveuglante. Il lui fallut un moment pour se souvenir où elle se trouvait, puis elle sourit quand elle vit Kat, sa tête reposant juste au-dessus de sa hanche.

— Hé tigresse, murmura-t-elle. Ça va ?

Kat leva les yeux vers elle et secoua négativement la tête, les larmes lui montant à nouveau aux yeux. Elle relâcha un soupir tremblant.

— J’ai peur de te voir disparaître si je ferme les yeux.

— Oh Kat, murmura aussitôt Lucy en tendant une main. Viens par ici, tu veux ?

Kat obtempéra et Lucy encadra aussitôt son visage de ses mains, essuyant ses joues de ses pouces.

— Je suis là maintenant, tout va bien.

Kat hocha la tête tout en reniflant, puis porta une main à la gorge de Lucy, visiblement inquiète.

— Ta voix est tellement rauque. Ça fait mal ?

— Un peu, murmura Lucy tout en caressant les joues de Kat, détaillant minutieusement ses traits.

Elle avait envie de l’observer pendant des heures tellement elle était heureuse de la retrouver, mais elle fut rapidement coupée court, car les yeux de Kat s’embuèrent à nouveau et elle vint enfouir sa tête dans le creux de son cou avant de la serrer fort contre elle. Lucy l’entoura aussitôt de ses bras et elle les balança doucement d’avant en arrière tout en lui murmurant des paroles réconfortantes à l’oreille, luttant elle aussi contre les larmes.

— J’ai eu peur, renifla soudainement Kat à son oreille. J’ai cru que tu n’allais jamais te réveiller.

— Shh, je suis là maintenant, la rassura Lucy tout en lui caressant le dos. Tout va bien, je te le promets.

— La prochaine fois, je viens avec toi, d’accord ?

Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale de Lucy. Après ce qu’il venait de se passer, elle ne retournerait pas en mer si elle pouvait l’éviter.

— Promis, murmura-t-elle néanmoins en venant embrasser Kat sur le front. 

— Les dernières vingt-quatre heures ont été horribles, j’étais persuadée que tu étais...

Lucy sentit sa gorge se serrer à ces simples paroles et elle encadra fermement le visage de Kat avant d’appuyer son front contre le sien.

— Tout va bien maintenant, murmura-t-elle avec conviction. Laissons le passé là où il est, et concentrons-nous sur le présent, d’accord ? La vie vient de me donner une seconde chance, crois-moi, je compte bien en profiter et ne pas te lâcher d’une semelle, taquina-t-elle.

Kat l’observa un instant avant de hocher la tête.

— Je t’aime, sourit-elle faiblement.

— Moi aussi, répondit Lucy avant de l’embrasser avec amour.

Quelque part au-dessus d’elles, les yeux rivés sur sa boule de cristal, Mysa les observait. S'il avait été humain, il aurait probablement souri. En tant que Daï-Natha, il passa simplement au visionnage suivant, celui de son troisième protégé, persuadé que maintenant qu’elles étaient réunies, le bonheur allait de nouveau leur ouvrir les bras.

9 octobre 2015

Chapitre 22

La sensation d’un regard posé sur elle poussa Elysia à ouvrir les yeux, et elle s’étira lentement avant de se figer lorsqu’elle remarqua qu’une silhouette l’observait depuis le seuil de la porte.

Si la nuit avait été marquée par le bonheur de leurs retrouvailles, cette visite inattendue mit aussitôt Elysia de mauvaise humeur et elle rejeta les couvertures d’un geste brusque — tout en prenant soin de ne pas réveiller Kat —, poussa Mysa dans le couloir, referma doucement la porte derrière elle avant de lui asséner une gifle magistrale.

— Je croyais que j’étais « exactement celle que j’étais avant », dit-elle en le pointant du doigt. Que la seule différence, c’était que je n’en avais aucun souvenir. Quelle belle paire de mensonges Mysa ! Parce que non seulement je ne suis absolument pas celle que j’étais avant, mais en plus, je suis différente aussi bien physiquement, que mentalement ! Je croyais que j’étais supposée me souvenir de tout ?

Mysa se massa la joue avant de soupirer.

— Il ne fallait pas qu’elle te reconnaisse, tu devais lui être inconnue. Quant à tes souvenirs, ils auraient simplement tout compliqué. Tu n’aurais jamais voulu revenir si tu avais su qui tu étais exactement.

— Tu as raison, admit aussitôt Elysia, le ton calme. Je n’ai aucune envie de revenir.

Un expression alarmée passa sur le visage de Mysa et il demanda avec hésitation :

— Tu sais pourtant qu’il faut, pas vrai ?

— Je sais, murmura Elysia, sa gorge se serrant douloureusement. 

Quelques secondes de silence s’écoulèrent durant lesquelles elle sembla essayer de reprendre le contrôle de ses émotions.

Finalement, elle prit une profonde inspiration et dit :

— Bon, maintenant que Kat m’a reconnue et que je suis redevenue celle que j’étais avant de mourir, j’imagine que le risque est beaucoup trop grand. Quel est le verdict, cher messager ?

Mysa ne put retenir un sourire face au surnom utilisé.

— Eh bien, nos supérieurs sont hors d’eux mais ils ne peuvent pas réellement t’en tenir rigueur ; ton inconscient t’a poussé à reproduire ce tatouage. Ce qu’ils pourraient te reprocher en revanche, c’est de t’être engagé dans une relation avec ta protégée... Mais là encore, il est possible que ton inconscient t’ait de nouveau joué des tours.

— Alors ils me laissent tranquille, c’est ça ?

Mysa haussa les épaules.

— Une fois tes pouvoirs retrouvés...

— ... j’oublierai complétement les sentiments que j’ai pour elle, finit Elysia, ignorant la détresse qui s’abattit une nouvelle fois sur elle. Bien sûr, nous ne savons pas ce que c’est que d’être amoureux, ironisa-t-elle. C’est pour ça qu’ils me laissent faire ?

— Kat ne sait pas qui tu es réellement, ni d’où tu viens, c’est la seule limite à ne pas franchir. Tant que tu t’en tiens à ta mission et que tu respectes ça... le reste dépend de toi.

Elysia se passa une main sur le visage.

— Elle va me poser des questions. Je lui ai dit de me faire confiance, mais son ex vient de soudainement être ramenée à la vie. Elle va finir par demander des explications.

— On n’a plus qu’à espérer capturer Elyana avant, alors.

Elysia lâcha un rire dénué d’humour.

— Ouais, justement, en parlant de ça. Je n’ai pas fait grand-chose jusqu’à maintenant. Les évènements passés n’ont cessés de me détourner de mon objectif.

— Elysia, je t’en prie, répondit aussitôt Mysa en lui offrant un regard appuyé. Si tu penses que je n’ai toujours pas compris que tu avais d’autres projets en tête pour Kat que ceux que tu as énoncés dès le début, tu te mets le doigt dans l’œil, poursuivit-il dans un sourire. Et ceux-là, tu n’as cessé d’y travailler. Kat est au meilleur de sa forme grâce à toi.

Elysia détourna le regard, embarrassée.

— C’est aussi mon devoir en tant que Daï-Natha, marmonna-t-elle.

— C’est vrai, admit Mysa. Mais tu as profité de l’absence d’Elyana pour parvenir à tes fins. D’ailleurs, en ce qui la concerne, sois prudente. Elle commence à perdre patience.

Elysia hocha la tête.

— Je me doute. Elle est restée silencieuse trop longtemps pour que ce soit rassurant. Qu’est-ce que tu proposes ?

— Je me charge de trouver une solution pour Elyana, et toi, tu poursuis ta mission.

— Ce qui veut dire qu’Elysia doit revenir parmi nous ?

Mysa sourit légèrement.

— Elle n’est jamais partie. Kat te voit telle que tu es vraiment, mais pour le reste du monde, tu es restée telle que tu l’étais avant que vous n’alliez vous coucher.

Elysia hocha la tête.

— Parfait alors.

— À très vite, lui répondit Mysa en se volatilisant.

Elysia tenta de retrouver la joie qu’elle avait ressentie la nuit passée, quand elle avait découvert qui elle était réellement, mais elle était désormais teintée de tristesse.

Elle avait déjà passé plus de temps que prévu sur Terre, et sa mission personnelle venait juste d’être remplie. Tout ce qui lui restait à faire, c’était d’attendre qu’Elyana se manifeste, puis elle regagnerait sa position de Daï-Natha, où elle observerait Kat depuis sa boule de cristal.

C’est pour le mieux, pensa-t-elle. C'est ainsi que doivent être les choses. Kat serait ici, sur Terre, et elle la guiderait de là-haut, s’assurant de son bonheur.

Sa gorge se serra, et elle sut qu’elle était en train de se mentir. Elle n’avait pas la moindre envie de partir, mais comme elle l’avait dit à Mysa, elle le ferait. Elle profiterait juste à fond des jours qu’il lui restait avec Kat en attendant. Et éviterait de penser à leur future séparation.

Prenant une profonde inspiration pour se donner du courage, elle ouvrit la porte de la chambre et se figea aussitôt.

Étendue sur le lit, entièrement nue, se trouvait Kat, tandis qu’au-dessus d’elle, celle qui ressemblait trait pour trait à Elysia la chevauchait, leurs lèvres unies dans un baiser enfiévré.

💕

Hors d’elle, Elysia parcourut la pièce en trois enjambées, passa un bras autour de la taille d’Elyana et la plaqua contre le mur, mains sur les épaules.

— J’aurais dû savoir que tu en profiterais dès que j’aurais le dos tourné.

Elyana parcourut son corps du regard avant de remonter vers son visage.

— Je t’en prie, Lucy, avec toute cette nudité... comment aurais-je pu résister ? ironisa-t-elle, rictus en place. Mais rassure-toi, je suis certaine que Kat a aimé aussi, pas vrai, Kat ?

Cette dernière les observa tour à tour avec confusion puis, à la surprise d’Elysia, son visage fut déformé par la colère et elle bondit sur Elyana, refermant ses mains autour de son cou.

Loin de la surprendre, le geste amusa grandement Elyana et elle prit un malin plaisir à se mordre la lèvre inférieure.

— Et elle est encore plus délicieuse quand elle est en colère..., ronronna-t-elle.

Furieuse, Kat accentua sa prise autour de son cou et Elysia tendit aussitôt une main afin de l’arrêter, mais une sensation étrange l’empêcha de prononcer le moindre mot. Elle pouvait sentir comme une pression contre sa gorge. Ses oreilles bourdonnaient, et bien vite, elle ne sentit plus rien à l'exception des battements de son cœur qui réclamait de l'oxygène.

Elle tenta de déglutir, sans succès et comprit alors qu’elle ressentait exactement ce qu’Elyana était en train d’éprouver. 

Elle leva les yeux, paniquée.

— Kat, lâcha-t-elle d'une voix étranglée. Kat, arrête.

— Pourquoi ? répondit Kat sans même la regarder. Pour qu’elle puisse continuer ? Non merci, on a déjà abusé de moi par le passé, je ne laisserai personne recommencer, gronda-t-elle en raffermissant sa prise.

La douleur fut si intense qu’Elysia crut qu’elle allait s’évanouir. Du coin de l’œil, elle remarqua la teinte bleue qu’avait pris le visage d’Elyana, et elle tenta, une dernière fois.

— Kat, souffla-t-elle, à peine audible. Tu ne peux pas la tuer.

— Et pourquoi pas ? Parce que crois-moi, c’est pas l’envie qui m’en manque.

Elysia vit son double commencer à perdre connaissance et elle se pressa d’ajouter, la peur au ventre :

— Parce que si elle meurt, je meurs aussi.

Kat tourna la tête vers elle, confuse, et elle relâcha aussitôt sa prise autour du cou d’Elyana quand elle remarqua l’état dans lequel se trouvait Elysia.

— Elysia ! s’écria-t-elle, encerclant son visage, les mains tremblantes.

La pression contre son cou se relâcha brusquement, aussitôt remplacée par une sensation de froid et Elysia aspira une énorme goulée d'air qui lui incendia aussitôt la gorge. Elle toussa à plusieurs reprises et s’agenouilla au côté d’Elyana afin de s’assurer qu’elle respirait toujours.

Elle relâcha un soupir de soulagement avant de lever les yeux vers Kat.

— Merci.

Kat se contenta de la regarder, le visage pâle.

— Je n’ai... pas la moindre idée... de ce qui vient de se passer.

Persuadée qu’elle allait s’évanouir à son tour, Elysia l’aida à s’assoir contre le mur avant de tendre une main vers la table de chevet et attraper la bouteille d’eau que Kat gardait toujours à côté d’elle la nuit. Elle attendit quelques minutes que Kat ait retrouvé des couleurs avant de demander :

— Comment tu te sens ?

Kat haussa les épaules, le regard perdu. Puis elle reporta son attention sur Elysia, visiblement tourmentée.

— J’allais la tuer. Je veux dire, j’avais envie de la tuer.

Elysia secoua négativement la tête.

— Non. Elle voulait que tu la tues.

Kat fronça les sourcils.

— Ça change quelque chose ?

Elysia haussa les sourcils.

— Ça change tout, dit-elle en se redressant afin d’aller récupérer le peignoir de Kat. Tu n’as pas une once de méchanceté en toi, Kat. Je peux te l’assurer.

Le regard de Kat tomba sur Elyana, toujours inconsciente à côté d’elle, et elle rapprocha ses jambes contre sa poitrine avant de les entourer de ses bras, comme si elle cherchait à se protéger.

— Je croyais que c’était toi. Que tu t’étais... que la nuit dernière n’avait été qu’un rêve. Comment... qui... ?

Elysia s’agenouilla de nouveau face à elle et l’aida à enfiler son peignoir avant de se passer une main dans le cou.

— Elyana et moi... c’est une longue histoire. Je ne suis pas sûre que tu comprendrais.

Kat haussa les sourcils avant de lâcher un rire frôlant l’hystérie.

— D’abord, tu te transformes, ou réapparaîs, ou je ne sais quoi. Puis ton dou — le double d’Elysia veut que je la tue, tu manques de mourir par la même occasion et tu me dis que je risque de ne pas comprendre ? Ouais, il y a en effet tout un tas de choses que je ne pige pas. Ça te dérangerait de m’expliquer ?

Elysia soupira, les paroles de Mysa repassant dans sa tête. Kat ne sait pas qui tu es réellement, ni d’où tu viens, c’est la seule limite à ne pas franchir. Mais Elyana était là, désormais. Et quoi qu’il advienne, elle ne quitterait cette chambre que pour retourner parmi les siens. Alors...

— Elyana et moi, nous faisons partie de toi. Sans nous, tu n’existerais pas. Sans toi, nous n’existerions pas non plus.

Kat l’observa, confuse.

— Je ne suis pas sûre de comprendre.

— Je me doute, soupira Elysia tout en se passant de nouveau une main sur le visage. Je vais essayer de t’expliquer, mais Kat... j’ai vraiment, vraiment besoin que tu fasses preuve d’ouverture d’esprit, d’accord ? Ce que je vais te raconter... crois-moi, tu n’auras jamais rien entendu de semblable avant. Je peux déjà te dire avec certitude que tu vas trouver ça insensé.

Kat posa une main sur la sienne.

— Je suis déjà obligée de te regarder toutes les cinq minutes pour être sûre que je n’ai pas rêvé la nuit dernière, sans compter ton double que je viens presque de... Bref, je t’en prie, explique-moi.

Elysia hésita une dernière fois avant de se lancer.

— Dans la mythologie antique, certaines divinités avaient le pouvoir d’influer sur la destinée d’une personne. Elles avaient pour fonction d’être le guide de l’individu dont elles symbolisaient l'être spirituel, de protéger sa destinée, tout en veillant à ce qu’elle se réalise sans encombre.

Elle s’interrompit avant de relever les yeux vers Kat, qui la regardait avec intensité.

— Alors... je suis ton Daï-Natha. 

Elle se mordit la lèvre avant de préciser :

— Ton Génie.

Kat se contenta de l’observer, les sourcils haussés.

💕

— Mon... quoi ?

Elysia se leva et arpenta la pièce tout en soupirant.

— Je t’avais demandé de faire preuve d’ouverture d’esprit, reprocha-t-elle en se grattant le front. 

— Je sais, et crois-moi, j’essaye, assura Kat les mains levées en signe d’apaisement, avant de grimacer. Mais admets que c’est...

— Dingue ? Totalement insensé ? proposa Elysia. Eh bien devine quoi ? Je te l’avais dit !

Kat ouvrit la bouche avant de la refermer et Elysia soupira de frustration. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Pour n’importe quel humain, ce qu’elle était en train de lui raconter était insensé, mais après cette nuit... et ce matin... Kat devait bien y croire un peu quand même, non ?

Elysia s’approcha d’elle et encadra son visage de ses mains.

— Tu m’as vue réapparaître sous tes yeux. Tu sais mieux que personne que je suis bel et bien réelle. Je t’en prie, Kat. J’ai besoin que tu y crois.

Elle vit Kat l’observer avec hésitation, puis fut surprise de voir ses yeux se remplir de larmes.

— Tu ne peux pas me demander ça, répondit Kat d’une voix tremblante.

Elysia l’observa, confuse.

— Pourquoi ? demanda-t-elle.

— Parce qu’y croire voudrait dire tirer un trait sur nous deux. Parce que tu es morte, et qu’on ne revient pas à la vie comme ça. Que tu sois une espèce de génie censé me protéger et me guider dans ma destinée ou non, une fois cette histoire terminée... 

Elysia laissa retomber ses mains. Kat n’avait pas besoin de terminer sa phrase ; elles savaient toutes les deux quelle en serait l’issue.

— Je serais toujours avec toi.

Kat secoua la tête.

— Là-haut, où je ne sais où, peut-être. Mais pas ici.

Elysia dut se mordre la lèvre pour lutter contre les sanglots.

— J’ai fait ça pour que tu sois heureuse, Kat. J’ai vraiment fait tout ça pour ça.

— Mais tu vas partir, répondit Kat, une larme coulant le long de sa joue. Encore.

Elysia hocha la tête, mais ne répondit pas. La façon dont Kat la regardait, anéantie, lui faisait plus mal que tout ce qu’elle avait connu jusqu’à présent et elle passa les quelques minutes suivantes à tenter de repousser la boule qui s’était formée dans sa gorge.

Quand enfin elle se sentit prête à parler, une voix, tellement semblable à la sienne, la devança :

— Oh regardez-moi ça, elles sont en train de pleurer, ronronna Elyana, moqueuse. Pour une Daï-Natha, y a du potentiel finalement. Encore un peu et je n’aurais plus rien à faire !

— La ferme ! s’exclama Kat tout en lui assénant un violant coup de coude au visage, l’assommant de nouveau.

— Kat ! s’exclama Elysia, tendant une main afin de s’assurer qu’Elyana allait bien. Bon sang, il faut vraiment que je vous éloigne toutes les deux l’une de l’autre.

— Elle ne m’a pas forcé à faire à quoi que ce soit, cette fois-ci, répondit Kat en se massant le coude.

Elysia s’empara de l’une de ses mains et l’entraîna avec elle jusqu’à ce qu’elle soit assise sur le lit.

— Elle n’a pas besoin. Le simple fait d’être en sa présence t’incite à te montrer violente.

Elle poursuivit quand Kat l’observa avec confusion :

— Disons que chaque être humain est dualité. Il a besoin de polarités négatives et positives pour fonctionner, de principes opposés qui se complètent et s’affrontent afin de maintenir un équilibre indispensable à son bien-être. C’est que ce que nous sommes pour toi. Génie du Bien... Génie du Malin.

— Mais tu es là, toi aussi, répondit Kat, les sourcils froncés. Alors pourquoi parvient-elle à... m’influencer aussi facilement ?

— C’est plus compliqué que ça, soupira Elysia. Elyana et moi venons d’une dimension parallèle à la tienne. Nous pouvons te voir, mais nous avons interdiction d’entrer en contact avec toi. Cela nous est interdit. Seulement, Elyana est parvenue à s’échapper il y a plusieurs mois. Comment, je ne sais pas, mais je lui soupçonne d’avoir réussi à remonter un passage provenant de la Terre. Quoi qu’il en soit, sa fuite a tout compliqué. Ton équilibre était perturbé. Nous n’avions plus la même influence sur toi. De par mes pouvoirs, la mienne était trop grande. Alors j’ai décidé de rejoindre ta planète à mon tour. Il fallait absolument garder l’équilibre. Seulement... parce qu’elle s’est échappée, Elyana est restée totalement maître de ses pouvoir, contrairement à moi qui suis revenue sous forme humaine. Ainsi, trop de temps passé en sa présence peut te porter préjudice. Les sentiments que tu ressens peuvent prendre des proportions énormes si c’est ce qu’elle désire, puisque je ne suis plus là pour les contrebalancer.

Kat réfléchit un instant avant de baisser les yeux vers Elyana.

— C’est ce qu’elle a fait tout à l’heure, quand j’ai manqué de l’étrangler.

— C’est ça, répondit Elysia.

— Tu m’as aussi dit que si elle mourait, toi aussi.

Elysia hocha la tête.

— La lumière ne peut exister sans l’ombre. Sans elle, je meurs. Et tu te retrouverais sans Génies.

Kat se passa les mains dans les cheveux.

— Donc... la seule solution, c’est de la renvoyer d’où elle vient.

Elysia acquiesça de nouveau avant de tourner la tête quand Mysa apparut soudainement dans la pièce, poussant Kat à faire un bon de trois mètres.

— Justement... en parlant de ça, dit-il en se frottant la nuque. Je crois qu’on a un problème

— Comment ça ? s’alarma aussitôt Elysia.

Mysa ouvrit la bouche puis la referma quand il remarqua la tête que faisait Kat.

— Elle va bien ? demanda-t-il en la désignant du doigt.

Elysia suivit son regard et retint difficilement un rire quand elle remarqua l’air ahuri de Kat. Elle referma gentiment sa bouche de son doigt.

— Kat, je te présente Mysa. Comme moi, c’est un Daï-Natha. Nous possédons également le pouvoir de téléportation.

Kat se contenta de hocher lentement la tête.

— Tu disais ? demanda Elysia, reportant son attention sur Mysa.

— Le Conseil ne veut rien avoir à faire avec elle, dit-il en désignant Elyana.

Elysia cligna des yeux à plusieurs reprises, peu sûre d’avoir bien entendu.

— Excuse-moi ? Comment ça, ils ne veulent « rien avoir à faire avec elle » ? Le but de cette mission est de nous débarrasser d’elle !

— Je t’en prie, Elysia, tempéra Mysa dans l’espoir de la calmer. Ce n’est pas si surprenant. Les Daï-Natha et les Targa n’ont jamais rien voulu avoir à faire l’un avec l’autre.

— Je sais. Mais visiblement, les Targa se fichent également de son sort. Et elle ne rentrera jamais d’elle-même, Mysa. Alors quoi ? Ils s’attendent à ce qu’on la ramène nous-même ?

— Pas « on », répondit Mysa en secouant la tête. Je vais la ramener.

Elysia lâcha un rire, puis sentit le sang quitter son visage quand Mysa ne réagit pas.

— Tu es sérieux ? Mysa, tu ne peux pas y aller. Si tu y vas, tu ne reviendras jamais.

— Je serais prudent, répondit Mysa en se frottant la nuque.

Elysia haussa les sourcils.

— Parce que ça y changera quelque chose, peut-être ? s’exclama-t-elle avant de désigner Elyana. Ils se contrefichent de son sort, ils espèrent probablement même qu’elle mettra le désordre ici avant de m’éliminer. Que crois-tu qu’ils vont faire de toi une fois que tu auras mis les pieds chez eux, hein ? Il y a une raison pour laquelle l’accès à notre monde leur est interdit et vice et versa. Si l’un d’entre nous élimine l’autre... ce sera la fin de l’équilibre mondial. Nous périrons tous.

Mysa croisa les bras sur sa poitrine.

— Très bien, qu’est-ce que tu proposes alors ?

— Je ne sais pas, mais il doit y avoir une autre solution, commença Elysia en réfléchissant. Les Targa refusent de la ramener de force. Notre Conseil refuse de s’investir...

Elle fronça les sourcils avant de comprendre soudainement.

— Ils n’ont jamais envisagé de me faire revenir, murmura-t-elle, abasourdie.

Elle leva les yeux vers Mysa.

— C’est pour ça qu’ils ont acceptés de me rendre ma vie ; sans Elyana, je ne leur suis plus d’aucune utilité. Ça leur permettait de se débarrasser de moi plus facilement.

Elle secoua la tête de dépit avant de poser un regard blessé sur Mysa.

— Tu le savais, pas vrai ?

Mysa évita son regard.

— J’ai eu des soupçons dès le début, répondit-il. Leur désintérêt récent n’a fait que les confirmer. Vous sacrifier toutes les deux...

— ...est le seul moyen d’éviter le chaos. Alors quoi ? On reste tranquillement ici en attendant de voir laquelle éliminera l’autre en premier ?

Elyana gémit soudainement et Elysia baissa les yeux vers elle.

— Quoi ? soupira-t-elle d’impatience.

— Rien, rien... oh si, bienvenue dans mon monde ! répondit aussitôt Elyana, visiblement ravie même si elle se tenait la tête d’une main. L’histoire prend enfin un tournant... intéressant. Alors, qui commence ? sourit-elle, le regard brillant.

Elysia lui offrit un regard désabusé avant de se laisser tomber sur le lit.

— Et Kat ? demanda-t-elle tout en s’emparant de la main de cette dernière.

— Elle deviendra la responsabilité de quelqu’un d’autre la seconde même où tu... disparaîtras.

— Alors c’est tout ? s’exclama Kat qui jusque-là les avait observés en silence, totalement dépassée par la situation. Tu es coincée ici avec un double maléfique qui rêve de te faire la peau et la seule chose à laquelle tu penses, c’est de remplir ta mission ? Elle te tuera à la première occasion !

Elysia détourna le regard.

— J’étais sensée partir de toute façon.

— Pour redevenir mon Génie, gronda Kat. Comment peux-tu prendre ça aussi calmement ?

— Parce qu’on n’a pas d’autres choix, Kat, répondit Elysia en levant un regard calme vers elle. Notre rôle est de faire en sorte que tu gardes ton équilibre. Si on doit mourir pour ça, très bien. Il en sera ainsi.

Kat serra des dents, la vue brouillée.

— Je pourrais t’emmener loin d’ici. Loin d’elle, dit-elle en désignant Elyana. On pourrait vivre heureuses.

Elysia l’embrassa sur le front avant de venir caresser ses joues, le regard compatissant.

— Elle nous retrouvait, Kat. On est liée l’une à l’autre. Elle est liée à toi aussi. Sans compter qu’elle aurait juste à s’éliminer pour m’éliminer aussi.

Kat s’écarta soudainement, comme si elle venait d’être brulée. Elle s’essuya les yeux d’une main irritée.

— Ça ne peut pas se finir comme ça, gémit-elle, la voix tremblante. Ils... peu importe qui ils sont, ils ne peuvent pas faire ça. Il doit bien y avoir un moyen, non ? Et si... et si... peut-être qu’elle peut changer ? Peut-être qu’avec le temps... elle changera et...

Elysia l’interrompit d’un doigt sur les lèvres avant de glisser fermement ses bras autour de sa taille.

— C’est dans sa nature Kat, rien ni personne ne pourra changer ça.

— Alors tu baisses les bras.

Elysia détourna les yeux. Même si elle savait que pour elle, tout s’arrêterait là, l’idée lui était quand même insupportable. Kat était la femme qu’elle aimait, elle faisait partie d’elle, et le simple fait de savoir qu’elle devait la laisser à nouveau alors qu’elle venait tout juste de la retrouver... elle avait l’impression qu’on venait de lui arracher le cœur à mains nues pour le piétiner à même le sol.

Mais elle savait aussi qu’elle avait une mission à remplir. Son rôle était d’aider Kat, et même si son corps tout entier lui hurlait de rester, c’était ce qu’elle comptait faire. Peu importe où elle atterrirait, elle veillerait sur Kat à chaque instant dans l’espoir de rendre sa vie un peu plus belle jour après jour. 

C’était sa priorité.

— J’ai juste choisi d’accepter l’inévitable, répondit-elle en venant caresser doucement la joue de Kat, les yeux humides. J’ai besoin que tu fasses pareil, Kat.

— Non, renifla Kat en secouant frénétiquement la tête. J’ai besoin de toi... ici... auprès de moi. Qu’est-ce que je vais devenir si tu n’es plus là ?

Des larmes coulèrent le long de ses joues et Elysia se mordit l’intérieur de la lèvre dans l’espoir de refouler le sanglot qu’elle sentait monter en elle. Elle relâcha finalement un soupir tremblant.

— Tu vivras, et tu seras heureuse. Comme tu aurais dû l’être dès le début. J’y veillerai.

— Ce sont des conneries et tu le sais aussi bien que moi ! s’énerva Kat. Ce qu’on a partagé ces derniers jours, ça ne signifie rien pour toi ?

Elysia cligna des yeux, surprise par la question inattendue.

— Quoi ? souffla-t-elle. Si, bien sûr que si.

— Pourquoi est-ce que tu fais ça, alors ? demanda Kat tandis que la colère la quittait pour simplement laisser place au vide et à la douleur. Pourquoi est-ce que tu baisses les bras comme ça ?

Elysia secoua frénétiquement la tête.

— Parce que même si ça me fait du mal de le dire, on n’a pas le choix, Kat. Tu ne seras jamais en sécurité tant qu’Elyana sera en vie.

— Tu as dit que tu avais fait tout ça pour me rendre heureuse, répondit Kat d’une voix douloureuse. Je ne le serais jamais si tu pars.

Elysia s’essuya les joues.

— Si, tu le seras, assura-t-elle en reniflant. Tu te souviendras de moi. De nous. Et de tous les bons moments qu’on a passés ensemble. Mais tu ne seras jamais triste. Au contraire. Parce que tu sauras, au fond, que même si je ne suis plus à tes côtés, je serais toujours dans ton cœur. Je n’ai peut-être plus mes pouvoirs, mais j’ai tout fait pour t’offrir au moins ça. Tu mérites d’être heureuse, Kat. Et tu le seras. Avec ta sœur, tes amis, et moi, ajouta-t-elle en posant une main sur la poitrine de Kat.

Kat secoua la tête, puis encadra son visage de ses mains et plongea son regard dans des yeux pers emplis d’intelligence, de vie, et d’une incroyable sagesse.

— Mais je ne veux pas vivre à travers des souvenirs, Ely. Je te veux toi. La vraie toi.

Elysia ferma les yeux avant de murmurer douloureusement.

— C’est impossible.

Kat se rapprocha jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent.

— Si, s’il te plaît, Ely, supplia-t-elle. Reste avec moi.

Elysia sentit ses dernières résistances céder et elle plongea sur ses lèvres, l’embrassant avec urgence et désespoir. Du coin de l’œil, elle supplia Mysa de faire ce qui devait être fait puis ralentit progressivement le baiser pour simplement coller son front contre celui de Kat. Des mains étrangement familières vinrent encercler son cou par derrière et elle ouvrit les yeux pour les plonger dans ceux de Kat, un sourire paisible étirant ses lèvres malgré la tristesse qui l’habitait.

— Je t’ai aimée, Kat. De tout mon cœur. Ne l’oublie jamais.

Elle l’embrassa une dernière fois avant d’ajouter.

— Sois heureuse. Tu le mérites.

Les mains resserrèrent leurs étreintes autour de sa nuque et elle supplia silencieusement Kat de lui pardonner du regard. Un craquement sec retentit, et Kat observa, horrifiée, le corps inerte d’Elysia s’affaisser sur le sol, levant des yeux ébahit vers une Elyana au sourire démoniaque sur les lèvres.

Sous le choc, Kat se laissa simplement tomber à genoux avant d’attirer le corps d’Elysia contre elle. Une main sur sa poitrine lui fit comprendre que son cœur ne battait plus et elle gémit aussitôt de douleur, ses mains la secouant frénétiquement dans l’espoir de la voir se réveiller d’une minute à l’autre.

Elle n’entendit pas les railleries qui s’élevaient au-dessus d’elle, ne sentit pas les doigts qui entrèrent en contact avec ses tempes.

Progressivement, Mysa effaça de son esprit chacune des révélations qu’Elysia lui avait faites sur leur monde.

Et progressivement, Elysia et son double maléfique disparurent.

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