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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 5

Dimanche 28 Septembre 2003.

En appui contre le rebord de la fenêtre, elle pouvait apercevoir le ballet de berlines sombres déversant au compte-gouttes les passagers en tenue d'apparat au pied de l’immense escalier de marbre. Issus de la noblesse, de lignées séculaires ou de grandes fortunes, ils allaient bientôt être plus de deux cents à faire swinguer robes à paillettes et costumes-cravates au rythme de l’orchestre. Et dans quelques semaines, au plus, ils se retrouveront à d'autres soirées tout aussi somptueuses.

Mais elle n’y sera pas. Elle n’y sera plus.

Délaissant la fenêtre pour venir prendre place devant son grand miroir, elle ajouta la touche finale qui allait parfaire sa tenue de soirée ; un rouge à lèvre assez sombre, mais pas trop non plus, qu’elle appliqua délicatement sur ses lèvres. Sobrement maquillée, elle avait relevé ses cheveux en un chignon lâche et les quelques mèches qui s’en échappaient ici et là lui donnaient un air légèrement sauvage. Sa tenue quant à elle était tout ce qu’il y avait de plus simple, et pourtant, elle lui donnait un air incroyablement sexy, faisant ressortir sa peau crémeuse et mettant ses formes en valeur. Exactement comme elle l’avait voulu.

Après tout, quoi de mieux qu’un ensemble noir et une paire de talons hauts pour jouer la carte de la provocation ? 

Un dernier coup d’œil à son reflet et elle hocha la tête d’un air satisfait avant de se diriger vers la porte, ignorant la robe de soirée qui avait été soigneusement préparée pour elle.

L’escalier lui apparut et elle commença sa descente d’un pas qu’elle voulut assuré, la musique et l’odeur de tabac gagnant en intensité au fur et à mesure qu’elle avançait. Les rires et éclats de voix se firent rapidement entendre eux aussi, et lorsqu’elle approcha enfin le grand salon, elle réalisa une fois encore que la pièce avait été, comme à chaque soirée, entièrement réaménagée pour recevoir les invités.

Et que la fête commence…, pensa-t-elle alors qu’elle se joignait aux festivités à son tour.

Au début, personne ne lui prêta attention. Puis, alors qu’elle s’éloignait légèrement des doubles portes et pénétrait un peu plus dans la pièce, les convives commencèrent à tourner la tête dans sa direction. Elle ne fut qu’à moitié surprise de voir la gent masculine l’observer attentivement, les doigts fébriles tirant légèrement sur leur col tandis qu’ils lui offraient un regard appréciateur, le teint légèrement rouge et les yeux brillants.

Tous des pervers…

Leurs épouses quant à elles, se contentèrent d’écarquiller les yeux, l’éventail devant la bouche afin de masquer leur effarement et leur mal-être.

…et toutes des petites bourgeoises coincées.

Pourtant personne ne s’était arrêté, certains dansant toujours au rythme de l’orchestre tandis que d’autres conversaient, le cigare ou la coupe de champagne à la main. Les coups d’œil désapprobateurs de certains et emplis de désirs des autres ne laissaient néanmoins aucun doute sur le fait qu’ils parlaient d’elle désormais.

Bien. 

Un rictus au coin des lèvres, la tête haute, la démarche élégante, elle poursuivit sa route, s’emparant d’une coupe de champagne et d’un amuse-bouche au passage. La sensation d’être observée la poussa cependant à tourner la tête, et elle sentit aussitôt son ventre se serrer lorsqu’elle se retrouva prisonnière de deux yeux noisette identiques aux siens. Un bruit de verre brisé résonna dans la pièce mais elle eut à peine le temps de s’y attarder qu’une main empoigna fermement son bras, la poussant presque à laisser échapper son verre.

– Tu m’expliques à quoi tu joues là ? siffla l’homme entre ses dents, ses yeux bleus irradiant de colère.

La réponse fut accompagnée d’une posture défiante et d’un sourire insolent :

– Un problème, père ?

Charles de Lonay cligna un instant des paupières, l’odeur venant lui chatouiller désagréablement les narines lui étant bien trop familière pour qu’il ne la reconnaisse pas :

– Tu as bu ?! s’exclama-t-il, sa colère gagnant d’un cran.

– Oh je te rassure, pas autant que toi, lui répondit aussitôt sa fille d’un ton sarcastique. Des restes du déjeuner, ou d’hier, ou d’avant-hier, je ne sais plus…

Charles de Lonay se contenta de resserrer sa prise autour de son bras et de la forcer à le suivre, le pas pressé. La rage qui l’habitait l’empêchait de penser clairement et il l’entraîna jusqu’à un couloir sombre, ne s’arrêtant qu’une fois sûr qu’ils étaient à l’abri des regards.

Il se retourna pour lui faire face :

– Tu m’expliques ton petit numéro là ? Tu as vu dans quel état tu as mis ta mère ?

– Oh je t’en prie, des verres en cristal elle en a en veux-tu en voilà ! ironisa aussitôt Kate, sachant pertinemment que ce n’était pas du tout ce à quoi il faisait référence. Et puis, je croyais que ma présence était, comment dis-tu déjà ? Oh oui, indispensable. Je n’ai fait que t’obéir, gronda-t-elle.

– Ne joue pas sur les mots avec moi Katherine, tu as perdu l’esprit ? Te présenter dans cette… tenue devant tous nos invités ! 

– Quoi ? Elle ne te plaît pas ? feignit de s’étonner Kate. C’est pourtant, chic, élégant… et tu noteras que le haut est assorti au bas en plus, ajouta-t-elle d’un ton amusé.

– Ton insolence ne te mènera nulle part, jeune fille, lâcha Charles, rouge de colère. Monte te changer et ne reviens pas avant d’avoir enfilé une tenue appropriée. Pour le reste, tu peux être sûre qu'on en reparlera plus tard.

Kate l’observa, incrédule :

– Plus appropriée ? Certaines de tes invitées ont un décolleté encore plus plongeant que le mien, si c’était possible !

Une main s’abattit violemment sur sa joue avant de fermement empoigner son menton.

– Tu ne comprends donc pas que tu es en train de gâcher ta vie ? grogna Charles.

– Gâcher ma vie ? répliqua Kate, incrédule. Tu l’as déjà gâché, tu as tout gâché il y a deux jours ! J’ai plus rien ici, tu m’as enlevé la seule chose que j’avais ! hurla-t-elle avant de se dégager et monter rejoindre sa chambre.

Claquant la porte derrière elle, elle s’effondra sur son lit et laissa les larmes prendre à nouveau possession d’elle pour la énième fois en 48 heures, dévastée par le chagrin, la colère, et la solitude.

 

Un bruit sourd la ramena soudainement à la réalité et Kate se frotta les yeux d’un air absent, priant aux vestiges de ses sombres souvenirs de bien vouloir disparaître. En réalité, elle n’avait pas repensé à cet évènement de sa vie depuis... eh bien depuis qu’elle l’avait enfermé à double tour là quelque part dans un coin de sa tête avant de jeter la clé, se promettant par la même occasion de ne plus jamais, jamais le laisser la hanter à nouveau.

C’était beaucoup trop douloureux.

Elle se demanda un instant ce qui avait bien pu le ramener sur le devant de la scène comme ça avant de soudainement se rappeler le bruit qui avait interrompu le cours de ses pensées. Fidèle au souvenir qu’elle en avait avant que ses pensées ne la submergent, Emma était assise à même le sol juste à côté, ses affaires de cours éparpillées sur la table du salon tandis qu’elle travaillait.

La scène n’avait rien de surprenant, à l’exception peut-être de la tête d’Emma qui reposait désormais contre la surface en verre.

Kate tendit une main hésitante vers l’épaule située à proximité.

– Emma ? chuchota-t-elle. Tu dors ?

Un léger hochement de tête lui répondit et Kate se mordit la lèvre :

– Ça va ?

– Si on écarte le fait que j’ai l’impression d’être en train de mourir ? Oh ouais, je pète la forme…

Si elle n’avait pas été aussi inquiète, Kate aurait probablement rit et elle décroisa ses jambes afin de s’agenouiller au côté d’Emma. Elle souleva légèrement son visage afin de pouvoir poser une main sur son front.

– Hmm, tu n’as pas l’air d’avoir de la fièvre, remarqua-t-elle. Comment va ta tête ? Ton ventre ?  

– Je me sens barbouillée, j’ai des vertiges.

Kate en fut aussitôt alarmée :

– T’as pas envie de vomir hein ? s’empressa-t-elle de demander tout en se reculant instinctivement. Parce que je peux supporter beaucoup de choses, mais pas ça, alors si tu ne veux pas que ça finisse version l’exorciste..., grimaça-t-elle.

Malgré son état, Emma parvint néanmoins à produire un sourire, même s’il fut faible :

– Non, répondit-elle, avant d’ajouter, hésitante. Enfin, je crois pas. Je pense que ça ira si je bouge pas.

– Mouais, sauf qu’on ne peut pas te laisser passer la nuit au beau milieu du salon, tu vois, répondit Kate, pince-sans-rire. Tu penses pouvoir marcher ? Que je te conduise jusqu’à la chambre.

Emma prit aussitôt un ton alarmé :

– Non ! s’exclama-t-elle avec panique avant de porter ses mains à son visage et grimacer. Oh… c’est moi où la pièce tourne là ? gémit-elle d’un ton plaintif.

– Si tu évitais de faire des gestes brusques aussi..., la réprimanda Kate avant de s’installer derrière elle et lui masser gentiment les épaules, fronçant les sourcils lorsqu’elle remarqua combien elle était tendue. Crois-moi, tu seras beaucoup mieux dans ton lit. Je vois pas pourquoi tu veux pertinemment rester ici.

Distraite par les mains de Kate qui lui procuraient le plus grand bien, Emma manqua presque la question et elle se racla légèrement la gorge afin de reprendre pied avec la réalité :

– C’est parce que je dois finir ça, répondit-elle en désignant tout un tas de feuilles autrefois agrafées ensemble. Si je vais au lit maintenant, je le ferais jamais.

– Et alors ? rétorqua Kate. T’es malade, ça peut attendre !

Emma secoua la tête, regrettant aussitôt le geste.

– Non, gémit-elle en portant une main à son front. C’est pour demain, je dois le rendre demain…

Kate jeta un œil par-dessus son épaule et elle sentit aussitôt ses sourcils grimper sur son front lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait d’un devoir maison de mathématique et que le sujet à lui seul s’étendait sur plusieurs pages.

– Et tu ne le fais que maintenant ?! s’exclama-t-elle.

Emma grimaça avant de péniblement tourner la tête dans sa direction, un sourcil haussé en signe d’incrédulité :

– Tu me grondes ?

Kate rougit légèrement, un sourire s’étirant néanmoins sur ses lèvres :

– Nan, mais pour une intello, tu laisses à désirer, taquina-t-elle.

Emma se figea aussitôt avant de détourner le regard :

– Les maths et moi, on a jamais été amis, répondit-elle, le ton soudainement morose. Je comprends absolument rien à ce que le prof demande alors j’ai repoussé encore et encore et… bref, tu connais la suite.

Kate hocha la tête d’un air entendu, secrètement intriguée par le soudain changement d’humeur chez sa colocataire. J’ai rien dit de mal, si ?

– Bon, répondit-elle en se redressant. Je vais t’emmener jusqu’à la chambre et ensuite je reviendrai ici me charger de ton devoir.

Emma qui s’était elle aussi redressée se figea aussitôt :

– Quoi ? lâcha-t-elle en levant les yeux vers Kate. C’est hors de question. Je me lèverai plus tôt demain...

Kate croisa les bras sous sa poitrine tout en soupirant.

– Parce que tu crois que ça va marcher peut-être ? T’as trois pages d’énoncés à répondre je te rappelle.

Emma détourna le regard et Kate se passa une main sur le visage avant de reprendre plus calmement :

– Ecoute, t’es visiblement pas d’attaque pour faire quoi que ce soit d’autre que te reposer, alors file et laisse-moi m’en occuper, d’accord ? demanda-t-elle sincèrement avant d’ajouter, légèrement taquine : et puis, crois-le ou non, mais les mathématiques sont justement mon point fort, alors ce sera très loin d’être un fardeau.

Emma lui sourit et Kate décida d’ajouter lorsqu’elle la vit néanmoins hésiter :

– Tu avais du temps pour le faire, tu peux être sûre qu’ils n’accepteront pas le moindre retard. Tu as envie d’être sanctionnée ?

Emma se mordit aussitôt la lèvre, l’air coupable :

– Non…

– C’est bien ce que je pensais, alors je m’en occupe. On peut y aller maintenant ?

– Attends. Et s’ils le découvrent ?

Kate lui offrit aussitôt un regard appuyé :

– Emma. C’est un devoir de maths, pas une dissertation. Ils ne remarqueront rien.

– Ben… je n’ai pas de très bons résultats dans cette matière alors… si tu pouvais…

Cette fois-ci Kate ne se priva pas et elle afficha franchement un sourire amusé :

– Faire quelques erreurs par-ci par-là ? proposa-t-elle un sourcil haussé.

Pour toute réponse, Emma se contenta de hocher timidement la tête.

– Considère ça fait, répondit Kate.

Puis sans crier gare, elle glissa un bras sous les genoux d’Emma et un autre au milieu de son dos puis la souleva afin de la porter jusqu’à la chambre. Se sentant décoller de terre, Emma écarquilla les yeux.

– Kate, mais, mais arrête ! Qu’est-ce que tu fabriques ?!

– Ben je te mets au lit, sourit Kate, avant de s’interrompre. Gros bébé.

Emma lui donna aussitôt une petite tape sur l’épaule avant de plisser des yeux lorsqu’elle remarqua le rictus amusé qui étirait les lèvres de Kate :

– Tu y prends un malin plaisir en plus, hein ?

– Absolument... pas du tout, mentit Kate avant de la déposer sur son lit puis la recouvrir d’une couverture. Heureusement que tu es déjà en pyjama, il aurait fallu que je te change aussi sinon, taquina-t-elle à nouveau.

Emma ne put s’empêcher de rougir malgré son état de plus en plus comateux :

– Euh... ouais, balbutia-t-elle en positionnant la couverture autour d’elle. Et ça, ça aurait été super embarrassant !

Kate s’assit à ses côtés avant de porter une main sur son front, et elle fut soulagée de voir que la fièvre n’avait toujours pas fait son apparition :

– Ça va mieux ? demanda-t-elle sérieusement.

– Mieux, oui, acquiesça Emma. Ma tête me lance encore un peu, et je me sens toujours barbouillée mais c’est moins fort que tout à l’heure.

– Hmm. Je vais t’apporter ce qu’il faut pour la douleur. Et une bassine, au cas où, ajouta-t-elle après réflexion. Je reviens tout de suite.

Emma eut à peine le temps de regonfler son oreiller et se positionner plus confortablement que Kate était déjà de retour, un verre d’eau dans une main et une boîte de comprimés dans l’autre.

Elle en libéra un avant de le tendre à Emma :

– Tiens, prends ça.

Emma obtempéra puis déposa le verre sur sa table de chevet avant de s’allonger, ses paupières devenaient de plus en plus lourdes et elle avait du mal à rester éveillée.

– Si ça ne va pas mieux demain, j’irais chercher l’infirmière, d’accord ?

Emma acquiesça puis céda à son envie et ferma les yeux, persuadée d’avoir senti une légère caresse sur sa joue avant de plonger dans un sommeil profond.

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Commentaires
M
J'aime j'aime j'aime ! :D<br /> <br /> Mais j'ai un problème ! J'ai des trucs à faire, mais je ne sais pas comment m'arrêter de lire ! :D
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