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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 18

Lundi 1er Mars 2004.

– Bon, tu n’aimes pas tourner autour du pot, alors je vais aller droit au but. Tu l’aimes toujours ?

Kate resta un instant silencieuse avant de répondre. Assise à même le dossier d’un banc en marbre, les bras en appui sur les cuisses, elle observait d’un air absent le lac animé de canards sauvages et de cygnes noirs qui ébrouaient leurs ailes et nageaient tranquillement devant elle. Dans son dos, le soleil la chauffait doucement et elle pouvait entendre les oiseaux chantonner au loin, interrompus de temps à autre par les conversations des étudiants qui passaient près d’elles.

– Elle me manque, parfois, admit-elle finalement. L’amitié qu’on avait, il m’arrive d’avoir envie de retrouver ça.

– Mais tu n’es plus amoureuse, hasarda Eva en levant les yeux vers elle, un coude en appui contre le dossier du banc.

Kate secoua légèrement la tête :

– Notre histoire est terminée depuis un an, j’ai tourné la page. Ça n’a pas été facile... mais c’est comme ça.

– Hmm, acquiesça Eva. Et puis il y a Emma maintenant.

Kate tourna aussitôt la tête dans sa direction et la jeune surveillante leva aussitôt les yeux au ciel :

– Je t’en prie Kate, je te connais à force, répondit-elle en lui offrant un regard appuyé avant de laisser son visage s’adoucir. Ça fait longtemps qu’elle est plus qu’une simple amie pour toi ?

– Un petit moment, répondit Kate avant de soupirer. Mais ça sert à rien de toute façon parce qu’elle est pas lesbienne.

Eva haussa aussitôt les sourcils :

– Elle te l’a dit ?

– Non. Mais quand je lui ai dit que moi je l’étais, elle me l’aurait dit si elle l’était aussi, non ?

– Pas si tu lui plais aussi, sourit malicieusement Eva. Et puis, même si elle ne l’est pas, qu’est-ce qui l’empêcherait de tomber sous ton charme ?

Kate secoua aussitôt la tête :

– Eva…

– Ben quoi ? C’est vrai. Il faut peut-être juste qu’elle se découvre. Et rien n’empêche une hétéro de tomber amoureuse d’une femme, ajouta Eva en remuant un doigt vers Kate qui lâcha aussitôt un rire.

– C’est vrai que tu parles en connaissance de cause, taquina l’adolescente en lui faisant un clin d’œil.

Eva rougit légèrement :

– Je te raconte beaucoup trop de choses, répondit-t-elle en feignant l’exaspération. Quoi qu’il en soit, arrête d’être si défaitiste, t’en sais rien. Il se pourrait bien qu’elle te surprenne, qui sait ?

– Humpf, répondit Kate en faisant la moue. Quoi qu’il en soit, elle va m’en vouloir d’être allée voir Cassie et de ne pas le lui avoir dit tout de suite, alors…

Eva grimaça :

– Ça fait combien de temps ?

– Deux semaines aujourd’hui, répondit Kate en grimaçant à son tour.

– Aïe… et qu’est-ce qui te retient de le lui dire ?

Kate laissa son regard retomber sur ses mains avant de répondre :

– Je sais pas trop. Elle ne va pas aimer apprendre que Cassie aimerait qu’on redevienne amie. Et que je l’envisage moi aussi. Et si elle ne voulait plus me parler après ça ?

Eva haussa les sourcils, surprise par la vulnérabilité soudaine de Kate, avant de se rappeler une fois encore combien le rejet de ses parents lui avait laissé des marques indélébiles.

Elle posa une main sur le bras de Kate et y exerça une légère pression avant de répondre :

– Kate, ma belle, tu es allée voir Cassie pour lui dire de la laisser tranquille, tu penses vraiment qu’elle t’en tiendra rigueur ? Bon, c’est sûr que cette histoire d’amitié ne va pas lui faire plaisir, mais tu penses sincèrement qu’elle te tournerait le dos ?

– Elle le fait bien avec toi, non ? rétorqua aussitôt Kate, craintive.

Eva remua une main dans les airs :

– Moi c’est différent, elle ne me connait qu’en tant que surveillante. Ça ne change rien pour elle. Toi tu es son amie, une très bonne amie à ce que j’ai cru comprendre alors... donne-lui un peu de crédit, tu veux?

Kate l’étudia un instant avant de hocher la tête puis reporter son attention sur le lac. Eva avait probablement raison, Emma avait prouvé à plusieurs reprises qu’elle la considérait comme une amie, que le lien qu’elles partageaient était important pour elle. Mais quand elle repensait à la réaction qu’Emma avait eue ce jour-là, juste après les avoir surprises à la bibliothèque...

Kate savait qu’elle ne pourrait pas supporter de se faire abandonner une fois de plus.

– Et puis tu sais, reprit finalement Eva, interrompant le cours de ses pensées. Je pense que s’il y a bien une personne à qui Emma doit vraiment en vouloir, c’est moi.

Surprise autant par les propos que par le ton utilisé, Kate tourna aussitôt la tête dans sa direction, les sourcils haussés :

– Quoi ?

Eva se racla maladroitement la gorge :

– J’ai pris la décision de l’installer dans ta chambre, poursuivit-elle. J’étais persuadée qu’avec toi, elle ne risquerait rien ; tu n’aurais jamais eu les propos que Cassie a pu avoir envers elle. Mais au final, c’est tout le contraire qui s’est produit. Elle qui avait déjà connu l’enfer dans son ancien lycée souffre encore par ma faute et...

– Quoi ?

Eva soupira :

– Kate, s’il te plaît, tu sais que c’est vrai. Si je n’avais pas –

– Non, attend, l’interrompit Kate, confuse. Je t’ai demandé au début de l’année si tu savais pour quelle raison Emma s’était inscrite ici, tu m’as simplement répondu que certains de ses professeurs lui reprochaient sa timidité et son manque d’intégration.

Elle dévisagea Eva un instant avant d’ajouter :

– Tu sais pourquoi elle est ici, et tu ne me l’as pas dit, accusa-t-elle, blessée.

– Si mes souvenirs sont bons, je t’ai répondu que seule l’intéressée pouvait répondre à tes questions. Il s’agit de sa vie privée Kate, si quelqu’un doit décider d’en parler ou non, c’est elle, et personne d’autre. Ça fait partie de mon travail de garder le silence sur certaines choses.

Kate sentit la tension qui l’avait soudainement habitée quitter son corps et elle hocha la tête de manière compréhensive avant de répondre :

– Tu as raison, excuse-moi. Mais te sens pas coupable, la seule responsable, c’est Cassie. Et moi, pour avoir refusé de voir ce qu’il y avait sous mes yeux. Mais certainement pas toi. En plus, si tu ne l’avais pas placée avec moi, je ne l’aurais probablement jamais connue. Alors chut.

Eva ne put retenir un faible rire :

– D’accord, d’accord, j’arrête de me plaindre. Merci d’essayer de me remonter le moral en tout cas, mais ça ne risque pas de marcher si tu le fais à tes dépens, finit-elle dans un clin d’œil. 

Kate rougit légèrement :

– Bon eh bien arrêtons de nous blâmer alors, sourit-elle. Ce qui est fait est fait après tout, ça servirait pas à grand-chose, mis à part nous faire culpabiliser davantage. 

– Dixit la fille qui repousse sans cesse la discussion qu’elle doit avoir avec sa colocataire, taquina aussitôt Eva.

Kate eut un rire dénué d’humour :

– Bon sang, pendant une minute, j’ai détesté l’idée que tu aies pu me mentir. J’imagine même pas la réaction d’Emma quand elle va apprendre que ça fait deux semaines que je lui cache quelque chose.

– Bah Kate, tu me donnes mal à l’estomac à stresser comme ça, gémit Eva en se redressant. Ecoute, vois déjà ce que ça donne lorsque tu lui diras, raconte-lui simplement ce qu’il s’est passé, discutez-en, et occupe-toi de Cassie plus tard. Que tu veuilles retrouver ton amitié avec elle ou non, vous aurez de toute façon besoin de temps, alors fais comme ça, d’accord ?

Kate hésita avant de hocher la tête et Eva lui donna un léger coup sur la cuisse :

– Allez file, et dis-lui tout.

Kate descendit du banc avant de poser un regard incertain sur elle :

– Elle est en cours jusqu’à midi.

– C’était une façon de parler, Kate, rit Eva avant de passer un bras autour de son cou et l’embrasser sur la tempe. Arrête d’attendre et de te torturer l’esprit, d’accord ?

– D’accord, répondit Kate en l’embrassant à son tour avant de commencer à s’éloigner. Souhaite-moi bonne chance.

– Je croise les doigts, répondit Eva en lui faisant un clin d’œil. Oh, et Kate ?

Kate s’interrompit pour lui faire de nouveau face :

– Hmm ?

– Les photos, tu oublies, d’accord ? Cassie restera sage.

Kate haussa les sourcils :

– Comment… ? demanda-t-elle en se rapprochant.

– Elle m’en a parlé. Ça a été dur pour elle aussi, tu sais ? Votre rupture ?

Kate sentit son visage se fermer :

– Je croyais qu’elle te disait rien.

– C’était le cas, acquiesça aussitôt Eva. Jusqu’à ce que je puisse enfin mettre la main sur elle et lui passer un savon pour la tondeuse. Elle se tiendra tranquille.

Kate hocha légèrement la tête :

– Je sais, je le pense aussi. Je l’espère fortement, du moins. Elle t’a parlé de la fuite ou pas ?

– Non, répondit Eva en secouant la tête. Elle s’est aussitôt refermée comme une huître quand j’ai voulu aborder le sujet. Mais je pense qu’avec un peu de temps... elle finira par lâcher le morceau. Ta visite a déjà ouvert une sacrée brèche, elle est en train de clairement réaliser qu’elle s’est laissé dépasser par les évènements et qu’elle renferme beaucoup de peine au fond d’elle.

Eva s’interrompit avant de regarder Kate droit dans les yeux :

– Mais Kate, les photos… poubelle, d’accord ? J’ai vraiment vu rouge quand j’ai appris ce que tu comptais faire. Et avoir recours à la violence ? Bon sang, Kate...

– Je voulais juste –

– Je sais, la coupa gentiment Eva. Protéger les gens auxquels on tient, c’est un très beau sentiment, Kate. Seulement, le revers de la médaille est parfois très douloureux. Tu te serais attiré de gros ennuis, et Emma se serait retrouvée seule. Alors je ne vais te le demander qu’une seule fois : ne refais plus jamais ça, d’accord ?

Eva attendit que Kate ait acquiescé avant d’ajouter :

– Demander de l’aide, c’est pas une honte. Si tu as des problèmes, n’hésite pas à en faire part à ceux qui t’entourent. Pas seulement pour t’escorter, mais pour en discuter et trouver une solution. Ensemble.

Le véritable sens de ses paroles pénétra son esprit et Kate hocha légèrement la tête, ses yeux s’humidifiant légèrement. Eva lui faisait comprendre, d’une façon légèrement détournée, qu’elle n’était pas uniquement là pour protéger ses arrières ou simplement passer du bon temps avec elle, mais qu’elle était surtout une amie sur qui elle pouvait s’appuyer, demander conseil, trouver du réconfort à chaque fois que le besoin s’en faisait ressentir.

Elle se racla maladroitement la gorge avant de murmurer :

– Je le ferais plus, c’est promis.

– Brave fille, répondit aussitôt Eva dans un sourire avant de se mordre l’intérieur de la joue et grimacer. Bon, ça ressemblait à un bon remontage de bretelles ça, hein ? Allez, viens, ajouta-t-elle en écartant les bras. Je déteste quand tu es triste comme ça.

Kate s’essuya les yeux d’un revers de main avant de jeter un coup d’œil autour d’elle :

– Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, renifla-t-elle.

– Les amis ont bien le droit de se faire des câlins, non ? rétorqua Eva en haussant les épaules. Et les surveillants de consoler les élèves quand ça ne va pas fort. Surtout quand c’est de ma faute, grimaça-t-elle à nouveau.

Kate lâcha un léger rire avant de venir se réfugier dans ses bras, puis exercer une légère pression qu’elle se vit aussitôt retournée.

– C’est rien, t’as eu raison, assura-t-elle avant de s’écarter. Je suis désolée.

– Bah, retiens juste la leçon, d’accord ? taquina Eva en lui mettant une légère tape sur le bout du nez. Allez, file. Et tiens-moi au courant.

Kate hocha la tête avant de l’embrasser sur la joue :

– Merci, Eva. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

La jeune surveillante se contenta de lui faire un clin d’œil avant de l’observer s’éloigner, priant intérieurement pour que l’état dans lequel elle avait retrouvé Kate un an plus tôt, en pleure au beau milieu de ce couloir sombre, ne se reproduise pas cette année.

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