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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 25

Vendredi 16 Avril 2004

Emma observa le soleil se refléter sur le lac d’un air absent, la main caressant ses cheveux poussant ses yeux à se fermer d’eux-mêmes. Le bras situé autour de sa taille resserra légèrement son étreinte, et lorsqu’elle sentit deux lèvres se poser sur le dessus de sa tête, Emma sourit légèrement avant de relâcher un soupir de bien-être.

– Fais attention à ne pas t’endormir..., taquina la voix au-dessus d’elle. Car je ne garantis pas de quoi tu aurais l’air si je devais traverser la cour et te ramener jusqu’à ta chambre dans cet état.

– Tu pourrais simplement me réveiller, répondit Emma en se réinstallant un peu plus confortablement contre elle.

– En te jetant dans le lac ? Hmm oui, tu as raison.

Emma afficha aussitôt un air outré :

– Maman ! s’exclama-t-elle, s’écartant légèrement afin de pouvoir tourner la tête vers la femme dont elle possédait les mêmes traits, dix-sept années en moins. T’as pas intérêt, feignit-elle de menacer.

Isabelle lâcha un rire avant de l’embrasser sur le nez :

– Je t’aime.

– Moi aussi, répondit aussitôt en regagnant sa place au creux du cou maternel. Tu repars à quelle heure déjà ?

– Emma... je t’ai dit que je restais pour le weekend.

Emma afficha un petit sourire :

– Je sais, mais c’était juste pour te l’entendre dire.

Elle eut à peine le temps de finir sa phrase que sa mère la chatouilla au niveau des côtes et elle lâcha un cri aigu qui se transforma rapidement en rire hystérique.

– Stop ! Stop ! Je retire ! supplia-t-elle tout en tentant vainement de se débattre sous les assauts.

Isabelle arrêta aussitôt tout mouvement pour attirer de nouveau Emma contre elle :

– Je suis contente de rester aussi, sourit-elle en appuyant sa joue contre la tête d’Emma.

Elle attendit qu’Emma ait retrouvé son souffle avant d’ajouter plus sérieusement :

– Et je suis encore plus contente que tu te sois confiée auprès de moi.

– Vraiment ? répondit Emma en levant timidement les yeux vers elle.

Isabelle lui offrit un air confus :

– Bien sûr. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? Je t’ai déjà donné l’impression du contraire ?

– Non, non bien sûr que non, répondit aussitôt Emma en secouant légèrement la tête. C’est juste que... je pensais que tu serais peut-être fâchée ou...

Isabelle dévia son regard vers le lac ainsi que le décor qui les entourait avant de soupirer :

– Contre lui ? Certainement. Je suis même plus que fâchée. Je suis...

Elle secoua légèrement la tête avant d’afficher un triste sourire :

– Je crois bien qu’il n’y aurait pas assez d’adjectif pour définir ce que je suis, en fait, admit-elle avant de prendre la main d’Emma dans la sienne. Mais contre toi ? Jamais. J’aurais juste aimé que les circonstances soient différentes, et que tu n’aies pas eu à souffrir autant. Mais pour être complètement honnête, je crois surtout que je m’en veux pour n’avoir rien vu du tout, termina-t-elle, les yeux légèrement humides.

Emma se redressa aussitôt de manière à pouvoir lui faire face. Elle avait appelé sa mère une semaine auparavant afin de lui demander si elle pouvait se rendre à La Lumeda dans les plus brefs délais, mais Isabelle étant la gérante d’une auberge, elle n’avait malheureusement pas pu se libérer plus tôt. Emma avait alors attendu, comptant les jours avec impatience et appréhension, avant de finalement sentir un poids se libérer de ses épaules lorsque sa mère était finalement apparue au pas de sa porte le matin même.

Incapable de patienter une seconde de plus, Emma avait organisé un déjeuner improvisé avant de la prendre par la main afin qu’elles aillent s’installer au bord du lac. Les températures étaient encore assez fraîches mais avec le soleil qui les surplombait, elles s’étaient senties étrangement à l’aise. Isabelle avait alors pris appui contre le dossier d’un banc en marbre, et Emma était aussitôt venue se réfugier entre ses bras, avant de lui raconter en détail la véritable raison de sa venue à La Lumeda et tout ce qui lui était arrivé par la suite.

Il y avait eu des larmes, du soulagement, mais aussi beaucoup de reconnaissance et compréhension, et à peine Emma avait-elle terminé son histoire qu’elle s’était aussitôt sentie mieux. La personne qui comptait le plus dans sa vie, celle qui habituellement connaissait tout sur elle, venait enfin d’apprendre l’horreur qu’avait vécue Emma dans son ancien lycée, et ce simple fait suffisait à ce qu’Emma se sente plus légère. Mais elle savait aussi que les choses n’étaient pas aussi simples pour autant. En refusant de se confier, Emma avait chamboulé ce qui faisait de leur relation quelque chose d’unique et de spécial. Elle avait gardé ce terrible secret entre elles pendant près d’un an, et Emma pouvait déjà en ressentir les conséquences. Sa mère se remettait en question, elle remettait leur relation en question, et, pire que tout, elle se sentait visiblement responsable.

– J’ai choisi de ne rien dire, maman, répondit Emma en prenant ses mains dans les siennes. C’était à peine arrivé que j’ai aussitôt essayé de l’effacer de ma mémoire, parce que c’était trop dur à supporter. Je ne voyais pas comment faire autrement pour ne pas m’effondrer et laisser tout ça m’atteindre. Je pensais que si je t’en parlais, je ne me relèverais jamais. C’était trop douloureux... Mais je sais maintenant que j’ai eu tort. Si je l’avais fait, je n’aurais pas mis ce fossé entre nous, et mes vieux démons ne viendraient pas me hanter aujourd’hui.

– Oh Emma...

Emma remua légèrement la tête, levant une main afin de l’interrompre :

– Je t’ai dit que Lukas et moi avions rompu, c’est tout ce que tu savais. Tu n’aurais jamais pu deviner ce qui s’était réellement passé. Alors s’il te plaît... te sens pas responsable, maman. C’est moi qui ai choisi de ne rien dire.

– Mais on s’est toujours tout dit justement, répondit Isabelle en s’essuyant les yeux. J’ai bien dû faire quelque chose pour que tu ne viennes pas vers moi cette fois-ci.

Emma se mordit l’intérieur de la joue, luttant contre les larmes elle aussi :

– Non, tu n’as absolument rien fait de mal justement. C’est moi. Je me sentais sale, et tellement stupide... j’avais pas envie que tu me vois comme ça, que tu sois déçue...

– Emma arrête, la coupa aussitôt Isabelle en l’attirant à elle. Je ne suis certainement pas déçue, juste profondément en colère contre ceux qui t’ont fait subir tout ça. Tu es ma fille Emma, tu ne pourras jamais me décevoir.

Emma hocha la tête, les sanglots s’emparant d’elle lui rendant la tâche difficile pour répondre :

– Je sais, renifla-t-elle. Je le sais maintenant, mais avant...

– Shh je comprends, répondit Isabelle en l’embrassant sur le dessus de la tête, de nouvelles larmes inondant son visage. Je comprends mon cœur, t’en fais pas. 

Emma se contenta de resserrer son étreinte autour d’Isabelle et elles restèrent ainsi, étroitement enlacées l’une autour de l’autre le temps qu’Emma regagne son calme et que leurs larmes se tarissent.

Emma releva finalement la tête :

– Je suis désolée, je te promets de tout faire pour ne plus jamais rien te cacher désormais.

Isabelle lui essuya gentiment les joues de ses pouces :

– Qu’est-ce que tu dirais de ça, proposa-t-elle. Tu me promets de ne pas te sentir responsable, je te promets la même chose, et on fait en sorte d’être toujours là l’une pour l’autre, comme avant. D’accord ?

– D’accord, répondit aussitôt Emma en hochant frénétiquement la tête. On signe où ?

Sa réplique provoqua aussitôt un rire :

– Pas besoin de papier, je te fais une confiance aveugle, lui assura Isabelle dans un clin d’œil.

– Ouf, répondit Emma, feignant un air soulagé avant de reposer sa tête contre l’épaule maternelle.

Elle joua un instant avec une mèche de cheveux aussi blonds que les siens avant d’ajouter, l’air pensif :

– Maman ?

– Hmm ?

– Il y a autre chose, mais je suis pas encore prête à te l’annoncer.

Il y eut un léger silence avant que la réponse ne lui parvienne :

– Rien de grave j’espère ?

La question avait été posée sur un ton taquin, mais l’inquiétude sous-jacente qui y régnait n’était pas passée inaperçue aux oreilles d’Emma. Elle leva légèrement la tête afin d’embrasser Isabelle sur la joue.

– Non. Au contraire, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. J’espère juste que tu le verras de la même façon.

– J’ai hâte de savoir ce que c’est alors, répondit Isabelle en l’embrassant à son tour. Je peux espérer avoir un indice ?

Emma secoua négativement la tête :

– Et si on le prenait ce petit déjeuner maintenant ? demanda-t-elle dans l’espoir de changer de sujet. Encore une question et je sais que je vais finir par lâcher le morceau, sauf que je suis encore très loin d’être prête à faire mon coming out !

– Tu as raison, je suis affamée, répondit Isabelle en tendant une main vers le sac qu’Emma avait préparé.

Emma se libéra de son étreinte avant de se redresser :

– J’ai pas pris de boissons chaudes, dit-elle en fouillant dans sa poche afin d’en retirer de la monnaie. Café ? 

– Ce serait parfait, sourit Isabelle en dépliant la nappe afin de l’éteindre sur le sol.

– Considère ça fait, répondit Emma en prenant la direction des dortoirs.

Elle monta les marches deux par deux avant de pénétrer dans le hall puis prendre la direction du foyer. Le coin cafétéria était désert, et elle prit aussitôt appui contre le comptoir puis attendit que la serveuse tourne la tête dans sa direction.

Emma fut aussitôt surprise de se retrouver nez à nez avec un regard bleu perçant désormais familier.

– Hé, salut Emma, sourit Liz. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

Emma cligna plusieurs fois des paupières avant de se racler maladroitement la gorge :

– Euh... hum, je ne savais pas qu’ils embauchaient des élèves pour faire le service. Oh bon sang, je ne peux quand même pas passer ma commande auprès de la fille de la première ministre du pays ! Si ?

Liz rougit légèrement, même si sa peau hâlée le masquait plutôt bien :

– Non, c’est une punition. Un genre de travail d’intérêt général pour la pension, si tu veux. J’ai, hum, j’ai giflé un surveillant.

Emma ne sut ce qui la surprit le plus, que Liz l’admette aussi ouvertement ou qu’elle le fasse auprès d’elle.

– Tu as quoi ?! balbutia-t-elle.

– Il passait son temps à reluquer ma copine, chuchota Liz en haussant les épaules. Il aurait dû le voir venir.

– Mais il n’est pas censé le savoir pour toi et Eva...

Liz haussa de nouveau les épaules, un sourire diabolique sur les lèvres :

– C’est pas mon problème. Alors ? Qu’est-ce que tu prendras ?

– Hein ? Oh. Euh un café avec un peu de crème et deux sucres, et un thé aux agrumes s’il te plaît.

– Je te prépare ça tout de suite.

Emma l’observa se mettre à la tâche, encore légèrement perplexe, avant de tourner légèrement la tête pour voir Eva et Cassie qui s’approchaient, leurs rires résonnant dans la pièce.

– Hé salut Emma, s’exclama Eva, le sourire aux lèvres. Tu tombes bien, j’ai justement quelque chose pour toi.

– Ah ? répondit Emma, un sourcil haussé. Qu’est-ce que c’est ?

Eva sortit une enveloppe de son sac à main dans laquelle elle fouilla un instant :

– Harrison... Harrison... ah ! Emma Harrison, tiens, répondit-elle en lui tendant un papier cartonné. Ce sont les cartons d’invitation pour le bal de fin d’année, tu as celle de Kate aussi.

– Le bal de fin d’année ? s’étonna Emma avant de relever les yeux vers Eva. Mais je ne me suis pas inscrite.

– Eh bien visiblement, il y en a une qui l’a fait pour toi, taquina Eva dans un clin d’œil. J’accompagnais justement Cassie choisir sa robe, tu veux venir avec nous ?

Emma les observa tour à tour, surprise :

– Déjà ? s’exclama-t-elle avant de baisser les yeux vers les invitations. Mais le bal n’a lieu que le 3 juillet.

– Certes, mais ils ne vont pas les coudre la veille, ma belle, rit légèrement Eva. Vous avez jusqu’au 15 mai dernier délai.

– Oh.

Emma reporta son attention sur l’invitation avant de se frotter maladroitement la nuque et secouer la tête :

– Non, c’est... c’était très gentil de la part de Kate, mais ce sera sans moi, répondit-elle en rendant son invitation à Eva. Amusez-vous bien en tout cas.

Elle offrit un faible sourire à Eva, suivit d’un rapide regard en direction de Cassie avant de reporter son attention sur Liz qui déposait tout juste ses boissons chaudes devant elle, priant intérieurement pour la jeune surveillante n’insiste pas et la laisse tranquille.

Ce fut aussi peine perdue lorsqu’elle sentit Eva prendre place à côté d’elle :

– Emma... Kate n’a rien payé du tout si c’est ce qui te tracasse, le financement de ton inscription au bal de fin d’année est compris dans ta bourse d’études. Elle s’est juste chargée de t’inscrire.

Emma relâcha un soupir avant de regarder autour d’elles, soulagée de voir que Cassie et Liz s’étaient éloignées afin de leur offrir un semblant d’intimité.

– J’ai pas de robe de soirée, et je ne peux certainement pas me permettre d’en financer une, admit-elle finalement, profondément embarrassée. Encore moins si elle est visiblement faite sur mesure. 

– Mais tu as envie de venir, pas vrai ? demanda gentiment Eva, un sourcil haussé.

Emma fit tourner ses pièces entre ses doigts avant de faiblement hocher la tête :

– Oui.

– Tant mieux, répondit Eva en récupérant délicatement les deux invitations avant de les montrer à Emma. Parce que tu ne remarques pas une petite différence là, entre ton invitation et celle de Kate ?

Emma fronça les sourcils avant de repérer la petite ligne qui avait été ajoutée sur la sienne.

Tenue offerte par l’établissement.

Elle haussa les sourcils en direction d’Eva :

– Pourquoi ça ?

– Emma, que tu le veuilles ou non, tu ne viens pas du même milieu social que tes camarades, commença Eva, un air compatissant sur le visage. Et même si la raison en est abjecte, ce serait mal vu pour l’établissement que tu sois mise à l’écart à cause de ça.

Emma hocha légèrement la tête :

– Hmm, alors l’école me vient en aide simplement pour ne pas ternir son image, hein ? ironisa-t-elle, visiblement blessée. C’est marrant, mais je n’ai plus tellement envie d’y aller à présent.

– Tcht, pas de ça, feignit de l’admonester Eva. Il est hors de question que je sois la seule représentante des classes moyennes à y aller, j’ai besoin de Jennifer Cavalleri avec moi.

Emma haussa les sourcils avant de sourire :

– Tu viens vraiment de faire référence au film « Love Story » là ?

– Possible, taquina Eva. Mais c’est vrai, tu es la Jennifer Cavalleri des temps modernes, et Kate, c’est ton Oliver Barrett, ton Roméo. Et Roméo n’irait certainement pas au bal de fin d’année sans sa Juliette, finit-elle dans un regard appuyé tout en remuant un doigt vers Emma. Alors t’as pas le choix, tu dois y aller.

Emma rit légèrement avant de secouer la tête :

– D’accord, d’accord, j’irais, promit-elle. Et merci pour ce que tu viens de me dire, ça fait du bien de ne plus se savoir aussi seule.

– De rien, répondit Eva en exerçant une légère pression sur son bras. Je me rends surtout compte que j’aurais dû t’en faire part plus tôt. Mais dans tous les cas, ne te pose pas trop de questions pour la robe, il te reste deux mois avant la fin de l’année, alors ignore les « pourquoi » et profite simplement du moment présent avec ceux qui en valent la peine, d’accord ? La vie est beaucoup trop courte pour que tu perdes ton temps à te soucier de ce qui n’en vaut pas la peine.

Elle se pencha légèrement afin de chuchoter, conspiratrice :

– Et si j’étais toi, j’en profiterais justement pour choisir la plus chère.

Emma lâcha un rire avant de hocher la tête :

– Tu as raison. Je vais choisir ma robe, et profiter du bal de fin d’année avec Kate sans me soucier du reste.

– Voilà, c’est mieux, taquina Eva. Bon, j’imagine que si je te redemande si tu veux venir avec Cassie et moi, la réponse sera toujours non ?

Emma dévia son regard vers Cassie qui discutait toujours avec Liz avant de reporter son attention sur Eva :

– Ma mère m’attend à l’extérieur, j’étais simplement venue lui chercher un café.

– Oh, ah oui le weekend en famille, acquiesça Eva. Je ne te retiens pas plus longtemps alors. Mais la prochaine fois, j’attends un « oui ». Parce que vous allez finir par me vexer toutes les deux à toujours refuser quand j’essaye de vous rapprocher, ajouta-t-elle en feignant un air boudeur.

Emma afficha un faible sourire avant de se frotter la nuque :

– Je ne suis pas sûre d’être encore prête pour ça.

Eva afficha aussitôt un sourire :

– C’est pour ça que tu as absolument le droit de refuser à chaque fois, répondit-elle dans un clin d’œil, ravie de provoquer le rire d’Emma. Allez, je te laisse. Rappelle à Kate que vous n’avez que jusqu’au 15 Mai pour les robes, d’accord ? 

Emma hocha la tête puis déposa ses pièces sur le bar avant de sortir à l’extérieur. Elle eut à peine le temps de descendre les marches qu’elle remarqua aussitôt que Kate avait pris place aux côtés de sa mère et elle ne put empêcher un sourire de venir étirer ses lèvres.

Elle ne savait pas encore comment Isabelle allait réagir lorsqu’elle se sentirait enfin prête à lui annoncer sa relation avec Kate, mais le simple fait qu’elles s’entendaient aussi bien représentait déjà beaucoup pour Emma. Sa mère était sa meilleure amie, et Kate... Kate était celle qui faisait battre son cœur. Elle ne pouvait pas vivre avec l’une sans l’autre désormais, alors savoir qu’elles s’appréciaient suffisamment pour passer du temps ensemble sans elle, Emma se sentait comme sur un petit nuage.

– Hé, salua-t-elle une fois arrivée à leur hauteur. C’est pas ma part ça ? demanda-t-elle, désignant le morceau de croissant que Kate enfournait dans sa bouche.

Elle vit aussitôt cette dernière se figer tel le lapin prit entre les phares d’une voiture.

– Euh...

Le rire d’Isabelle résonna à côté d’elles :

– Elle te fait marcher, Kate. On a de quoi nourrir tout un bataillon dans le sac.  

Kate se dépêcha d’avaler avant de tirer la langue en direction d’Emma :

– Vilaine.

– Je sais, taquina Emma en tendant le café qu’elle tenait à sa mère. Kate, tu as soif ? Je peux y retourner si tu veux quelque chose.

Kate secoua négativement la tête :

– Merci c’est gentil, mais je passais juste en coup de vent. J’étais simplement venue vous dire que vous alliez avoir l’appartement pour vous toutes seules ce weekend, je dormirais avec Eva.

Emma leva aussitôt les yeux vers elle et Kate se sentit aussitôt rougir :

– Chez Eva, je veux dire, reprit-elle. Dans son appartement. Elle est en déplacement pour le weekend.

En déplacement ? Emma fronça les sourcils de confusion avant de comprendre lorsque Kate lui offrit un regard appuyé. Oh, en déplacement chez Liz. O.K.

– Tu es sûre ? demanda Isabelle, interrompant sans le savoir leur conversation silencieuse. C’est ton appartement autant que celui d’Emma. Je n’ai pas envie que tu aies l’impression d’être mise à la porte ou...

– J’en suis certaine, l’interrompit Kate, se redressant afin qu’Emma puisse reprendre sa place. Et ça ne me dérange pas du tout, au contraire. Emma était impatiente de vous...

Un léger raclement de gorge la rappela à l’ordre et elle reprit, les joues rougies :

– ...te voir et passer du temps avec toi. J’ai plein de devoirs à faire de toute façon.

Isabelle afficha un air hésitant qui poussa Emma à intervenir :

– Elle dormira juste là-bas maman, je lui ai ordonné de revenir à l’appartement pendant la journée, taquina-t-elle en direction de Kate. En fait, je lui ai ordonné de rester la nuit aussi, mais comme elle refuse que je lui laisse mon lit pour prendre le canapé...

– D’accord, répondit Isabelle, visiblement amusée. Et personne ne s’est dit que moi, je pouvais prendre le canapé ?

Emma et Kate s’insurgèrent aussitôt :

– Non !

Isabelle sursauta avant de lever les mains en signe d’apaisement :

– D’accord... mais pour information, j’ai 34 ans, pas 50. Je peux très bien dormir sur un canapé. 

– T’es l’invitée maman, répondit Emma en lui offrant un regard appuyé. J’aurais l’air de quoi à laisser ma mère dormir sur le canapé quand on a deux lits super confortables dans la chambre juste à côté ?

– La même chose que moi si je prenais ton lit et te laissais dormir dans le salon, rétorqua aussitôt Isabelle, une lueur de malice brillant dans ses yeux verts émeraudes.

Emma leva les yeux au ciel avant de supplier Kate du regard.

Kate secoua aussitôt la tête :

– Vous êtes toutes seules sur ce coup-là, moi je dors chez Eva !

La seconde suivante, elle était partie.

– Ses élans de couardise me surprendront toujours, s’étonna Emma en la regardant s’éloigner avant de sourire en direction d’Isabelle. Mais je me garderai bien de le lui faire savoir.

Isabelle lâcha aussitôt un rire :

– Bon, on dort dans la même chambre alors ?

– On dort dans la même chambre, acquiesça Emma. Mais avant, on prend le petit déjeuner parce qu’après une matinée aussi forte en émotion, je suis littéralement affamée.

Isabelle se serait contenté d’acquiescer si son ventre n’avait pas répondu à sa place.

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Commentaires
K
Hâte de savoir ce que tu penses d'Eaux Troubles alors ! <br /> <br /> <br /> <br /> C'est mon préféré entre mes trois récits, je le préfère même beaucoup plus que La Lumeda. L'inspiration m'est venue très vite et j'ai pris un grand plaisir à l'écrire :) Tout comme "An Clair de la Lune" qui viendra dès que possible. <br /> <br /> <br /> <br /> Et envahis mon blog, je t'en prie ! :D
K
Ooooh Chan, je ne sais plus où me mettre ! <br /> <br /> <br /> <br /> Un ÉNORME merci pour ce magnifique commentaire qui me touche au plus haut point. Tu as mis le doigt sur ce qui en effet me tient à cœur dans un récit, le côté réaliste et une écriture la plus "parfaite" possible. J'ai un petit côté perfectionniste :D<br /> <br /> <br /> <br /> Quant au passé toujours présent, c'est vrai, mais Faulkner ne disait-il pas "Le passé ne meurt jamais. Il ne passe même pas." ? :D Disons que mon propre passé m'a hanté pendant un moment moi aussi, alors forcément, ça a dû se répercuter dans mes écrits :)<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, pour le reste, j'avoue que c'est ce qui ressort beaucoup de cette histoire ; des personnages très attachants qu'on a pas envie de voir souffrir. Une bande d'amie à laquelle on s'associe pendant un temps... :) <br /> <br /> <br /> <br /> Merci encore pour ces magnifiques compliments Chan, j'espère que la suite te plaira tout autant ! :)
C
J'aime ton style d'écriture, très prenant, nous poussant à lire le mot suivant.<br /> <br /> Les mystères sont présents sans non plus être pesant, l'évolution des relations se fait en douceur, ne brûlant pas d'étapes, tout en étant mouvementée et complexe. Nous voyons parfaitement que, bien que le récit de l'histoire commence à l'arrivée d'un personnage sur le lieu principal de l'action, ce dernier et les autres qui l'entourent ont un passé encore très présent qu'ils ne peuvent oublier d'un simple coup de baguette. Cette fiction est très réaliste, et cela manque à beaucoup des autres fictions de ce type. D'autant plus que tu écris vraiment bien, les fautes d'orthographes sont très rares et les tournures de phrases sont parfaitement correctes, nous comprenons donc sans difficultés l'histoire. <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, j'ai adoré cette fiction . Elle est de très bonne qualité, nous nous attachons vraiment aux personnages. Je t'avouerai même qu'il m'est arrivé de ressentir un véritable pincement au coeur certaines fois. Il m'est même arrivé de devoir "prendre mon courage à deux mains" pour lire la suite, de peur que cette dernière soit emplit de mauvaises nouvelles ou autres ! J'ai totalement plongé dans cette histoire, m'abreuvant de chaque mot, et je te suis reconnaissante d'avoir pris le temps de l'écrire, de la penser, et de la poster ! Car rares sont les histoires si bien écrites, drôles, intrigantes, émouvantes et réalistes ! <br /> <br /> <br /> <br /> Et bien, merci encore pour cette fiction, tu as un véritable talent pour l'écriture !
J
bon ben voila, j'ai lu la deuxième histoire et comme pour la première je me suis vraiment régalée... J'aime les histoires longues, qui s'installent doucement et qui se développent de façon cohérentes... L'évolution des personnages et des relations ne se fait ni trop vite ni trop lentement... c'est tout simplement parfait^^. Et les personnages sont adorablement attachants^^. Je ne me lasserais jamais de lire des fictions de si bonne qualité... et à mon grand desespoir, il est rare d'en trouver... alors merci beaucoup de faire partager tes écrits^^... Je vais de ce pas découvrir la suite^^
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