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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juillet 2012

Chapitre 3 : Révélations... surprenantes.

- On dirait que l’on a raté la soirée du siècle, marmonna Liz en feuilletant le programme télé. Oh hé, l’émission de ce soir sur la Une, c’est « sept ans : couples en crise ». Elle leva les yeux et poursuivit : on sait au moins ce que l’on n’aura pas besoin de regarder.

Eva tiqua aussitôt sur ses propos, mais resta silencieuse. La dernière chose dont elle avait besoin en ce moment, c’était une dispute à coup de paroles blessantes. Elle savait qu’elle avait sa part de responsabilité dans les tensions qui habitaient son couple dernièrement. Elle pensait d’ailleurs en être en grande partie responsable, mais concernant les conflits, elle avait donné sa part. Sans compter que cela faisait partie des rares choses qu’elle avait vraiment en horreur, autant pour la peine que cela lui infligeait, que pour celle qu’elle savait susciter chez l’autre parti. 

Kate, pour sa part, lui offrit un regard appuyé.

- Dis-le si je t’ennuie, provoqua-t-elle d’un ton sarcastique.

Liz soupira tout en refermant le programme.

- Non, mais, je ne sais pas, toute personne normale irait droit au but. A ce rythme-là, on n’est pas près d’arriver au bout, et lorsque tu en auras enfin terminé, Emma sera déjà casée avec une autre.

- Liz, gronda aussitôt Eva en se redressant depuis sa place aux côtés de Kate. On est supposée l’aider, tu te souviens ?

Liz se leva et balança le programme sur la table basse avant de prendre la direction de la cuisine.

- Je sais, jeta-t-elle par-dessus son épaule avant d’ajouter d’un ton caustique : ce n’est pas comme si on n’avait pas déjà beaucoup à régler nous aussi.

Eva la regarda disparaître à travers la porte avant d’appuyer ses mains sur ses tempes tout en soupirant.

- Et merde.

- Je ferais peut-être mieux de partir, proposa Kate dont le regard ne cessait de faire des va-et-vient entre Eva et la cuisine.

Eva releva aussitôt la tête et appuya une main sur le torse de la jeune femme pour la repousser fermement contre les oreillers.

- Oh non Kate, tu restes ici, et tu ne bouges pas, commanda-t-elle sérieusement en pointant un index vers son visage. Tu ne quitteras cet appartement que lorsque cette histoire sera réglée et que toi et Emma retournerez chez vous main dans la main. Compris ?

Kate hésita et Eva soupira à nouveau tout en se passant une main sur le visage.

- Ma vie est merdique, Kate, commença-t-elle d’une voix fatiguée. En ce moment, ma vie est... merdique. Je passe mes journées allongée sur mon lit à me demander comment elle serait si...

Kate s’empara aussitôt de sa main et la serra entre les siennes.

- Ca va, je reste. Promis.

- Si j’avais su, je t’aurais prise par les sentiments un peu plus tôt, sourit tristement Eva avant de reprendre son sérieux. J’ai besoin de régler ça, Kate, s’il te plaît. J’ai besoin de réussir au moins une chose.

Kate hocha frénétiquement la tête avant de jeter un œil en direction de la cuisine.

- Tout va bien ? Entre vous deux ?

Eva détourna son regard de Kate pour le porter vers la cuisine.

- Elle est forte, pour nous deux. Moi... disons qu’il est grand temps que je me reprenne en main. Je n’ai pas été très facile à vivre ces dernier temps, ajouta-t-elle dans un sourire triste. Tu sais, je suis contente que l’on ait rien acheté, ni aménagé la chambre, ou même choisi un prénom... (Elle secoua la tête.) Je n’aurais pas pu supporter ça.

- Eva...

Eva leva les deux mains pour l’interrompre.

- Non, Kate. J’en ai marre de ce tabou qu’il y a autour de tout ça. J’ai fait une fausse couche. C’est dur. Je ne peux plus garder tout ça au fond de moi, il faut que ça sorte.

Sa gorge se contracta et elle fit une pause avant de poursuivre :

- J’en ai marre de ces gens qui portent sans arrêt un regard empli de compassion sur moi, ou qui détournent la tête à chaque fois que ce qui m’est arrivé, ce qui nous est arrivé, ajouta-t-elle en reportant son regard sur la cuisine, est mentionné.

Elle fit une pause avant de plonger son regard dans celui de Kate et ajouter :

- J’ai besoin d’avancer, ou sinon, non seulement ma santé en payera le prix, mais mon couple aussi. Je ne laisserai certainement pas ça arriver.

Kate se redressa et passa un bras autour des épaules de sa grande sœur avant de l’embrasser sur la tempe. Elle avait eu beaucoup de mal à retenir ses larmes lorsque que Liz lui avait annoncé qu’Eva avait perdu l’enfant qu’elles attendaient, mais elle avait fait tout son possible pour les retenir ; elles allaient avoir besoin de son soutien, pas de sa peine. Alors, après une profonde inspiration, elle était finalement entrée dans la chambre d’hôpital, et l’état d’Eva l’avait aussitôt inquiétée : elle était si pâle que sa peau se confondait presque avec le drap qui la recouvrait, et sa poitrine se soulevait à peine, même si régulièrement. Le médecin lui avait assuré que physiquement, Eva allait se remettre très rapidement, et pourrait avoir d’autres enfants, mais Kate n’avait pu s’empêcher de se demander combien de temps allait être nécessaire à sa sœur pour qu’elle se remette d’une telle perte. 

Elle eut un triste sourire. Peu après sa sortie de l’hôpital, Eva s’était enfermée dans un mutisme complet, et ce pendant plusieurs semaines. Elle refusait continuellement de s’alimenter et maigrissait de jour en jour ; son état physique commençant même à alarmer les médecins. Et lorsqu’enfin elle avait accepté de goûter à un plat que Liz lui avait préparé, son favori, elle s’était laissé faire docilement comme une enfant, mais avec son esprit à des lieues de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Kate avait appris plus tard que Liz l’avait aidé à manger puis, ne parvenant plus à supporter ce manque de réaction, elle avait fini par se lever et quitter la chambre, qu’Eva ne quittait plus, pour se réfugier dans la cuisine afin de pleurer sans être entendue.

Ne sachant dire laquelle des deux était la plus malheureuse, Kate en avait décidé que c’en était trop, et après une longue conversation avec Emma, elle avait pris la décision d’intervenir. Elle s’était alors rendue à leur appartement puis était entrée sans frapper une fois Liz partie pour le travail.

Comme toujours, Eva se trouvait dans sa chambre, allongée sur le lit à observer le plafond sans le voir. Kate avait d’abord commencé par la forcer à se lever, sourde à ses protestations, avant de la pousser en direction de la salle de bain et lui intimer de prendre une douche. Eva en était ressortie plusieurs minutes plus tard, et Kate lui avait aussitôt fait signe de venir s’assoir sur la chaise faisant face à la coiffeuse.

Elle avait alors pris la parole sans se départir de sa patience :

 

- Ecoute Eva, ça ne peut plus continuer comme ça, commença-t-elle doucement en croisant le regard noisette dans le miroir, alors qu’elle séchait les cheveux blonds à l’aide d’une serviette de bain. Je sais que les jours qui viennent de s’écouler ont été... très éprouvants à vivre, mais tu dois cesser de te renfermer sur toi-même, et infliger ça à ton entourage.

Elle se tut quelques instants, redoutant d’avoir été trop franche, mais après avoir vu Liz multiplier les tentatives pour venir en aide à sa femme, elle était arrivée à la conclusion que seule une prise de conscience brutale pouvait faire sortir Eva de son mutisme et de son découragement. Elle guetta une réaction chez la femme qu’elle considérait comme sa sœur et nota avec soulagement qu’Eva avait entendu ses propos et semblait les méditer. Elle sentit une petite vague de soulagement s’emparer d’elle, c’était un progrès considérable par rapport à l’absence de réaction à laquelle elle avait habitué tout le monde depuis sa fausse couche.

- Eva, poursuivit-elle en glissant doucement ses doigts dans les mèches blondes afin de les démêler. Te renfermer dans la douleur ne t’aidera pas, ça te paraît peut-être plus simple mais –

Elle fut surprise d’être interrompue par un rire dénué d’humour.

-  Ce n’est pas parce que c’est plus simple, lâcha Eva en secouant légèrement la tête.

Kate s’immobilisa un instant, prise de court par la réponse de sa sœur. Elle s’était préparée à devoir faire un long discours pour la convaincre avant de venir, certainement pas à ce qu’elle réagisse aussi rapidement. Incertaine, elle hésita un instant avant de s’emparer de la brosse à cheveux, et décider de garder le silence pour qu’Eva puisse poursuivre le fond de sa pensée.

- Ce n’est pas parce que c’est plus simple, Kate, reprit Eva en l’observant d’un regard humide. Je n’ai simplement pas le choix.

- Si, tu l’as, coupa aussitôt Kate en relevant les yeux de sa tâche et la regardant à son tour. Tu peux choisir d’en parler, de laisser les autres t’aider.

Eva secoua la tête.

- Personne ne peut m’aider, murmura-t-elle finalement.

Kate reposa la brosse sur la table basse et vint s’agenouiller à ses côtés avant de prendre ses mains dans les siennes.

- Tu as tort, Eva, répondit-elle sérieusement. Je sais que tu souffres mais tu ne peux pas t’en sortir seule. Laisse-nous t’aider... s’il te plaît...

Eva ferma les yeux, les larmes qui avaient brouillé sa vue coulant librement le long de ses joues avant qu’elle ne les rouvre. L’émotion lui était si forte que sa gorge se contractait douloureusement, et elle dut avaler à plusieurs reprises avant de pouvoir répondre.

- C’est tellement dur Kate, renifla-t-elle finalement avant d’ajouter d’une voix tremblante : la  douleur est si forte.

Kate accentua la pression sur les mains qu’elle tenait entre les siennes, intérieurement soulagée qu’Eva ait cessé de regarder dans le vide. Mais la douleur qui transparaissait dans le regard chocolat poussa sa gorge à se nouer et elle dut lutter contre les larmes aussi fort qu’elle le put lorsque cette dernière poursuivit :

- J’ai perdu un enfant, Kate, murmura Eva avant de lever la tête vers le ciel, essayant tant bien que mal de reprendre un ascendant sur ses émotions. Ça a été horrible. J’ai cru perdre une partie de moi-même. Elle abaissa la tête et regarda de nouveau Kate, son visage trahissant l’agonie qui l’habitait : j’ai perdu une partie de moi-même ; c’est dur, Kate ; c’est tellement dur... D’abord Gaëlle, et maintenant...

Kate se redressa et la prit aussitôt dans ses bras, embrassant sa tête alors que sa main caressait son dos en un rythme réconfortant. Voir sa sœur ainsi lui déchirait littéralement le cœur, et elle ne put s’empêcher de penser qu’elle donnerait n’importe quoi pour supporter la douleur à sa place.

- Je suis là, je te tiens, murmura-t-elle fervemment. Je ne te dirai pas que je sais ce que tu ressens, puisque l’on sait toutes les deux que ce serait un mensonge ; je ne peux que l’imaginer. Mais... il faut que tu trouves la force de continuer à vivre, Eva. Tu ne peux pas lâcher prise, te renfermer sur toi-même et repousser tous ceux qui tentent de te venir en aide.

Elle se recula et encadra le visage d’Eva de ses mains avant d’ajouter :

- Liz a besoin de toi. Elle s’interrompit, puis reprit : j’ai besoin de toi.

Les sanglots s’emparèrent d’Eva et elle cessa de lutter, se laissant simplement aller dans les bras de Kate, le ton suppliant de cette dernière ayant brisé ses dernières défenses. Après de longues minutes, elle murmura :

- Comment je fais ?

- Un jour de douleur à la fois.

A ces mots, Eva ne put retenir de nouvelles larmes.

- Je ne sais pas… je ne sais pas si j’y arriverai.

- Tu es plus forte que tu ne le penses, Eva. Et tu n’es pas seule. Mais ne te détournes pas de Liz. Elle souffre aussi, tu sais. Différemment peut-être, mais te voir ainsi... rend les choses encore plus difficiles pour elle.

- C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à…

- Je sais, l’interrompit doucement Kate. Mais elle a besoin de toi tout comme tu as besoin d’elle. Je sais que tu l’aimes profondément et je sais aussi à quel point elle tient à toi. Vous ne surmonterez cette épreuve qu’ensemble, ne t’isole pas au moment où vous avez plus que jamais besoin l’une de l’autre.

Eva s’écarta légèrement afin de s’emparer d’un mouchoir en papier et s’essuyer les joues.

- J’ai tellement peur qu’elle m’en veuille… C’était mon rôle de protéger notre enfant.

- C’était un accident, Eva, lui répondit Kate en posant ses mains sur ses genoux et les caressant de ses pouces. Et Liz le sait. Vous pourrez en avoir d’autres et je suis sûre que vous serez merveilleuses avec eux. N’aie aucun doute là-dessus.

- Mais… et si je fais à nouveau une fausse couche ?

Le ton empli de désespoir et de souffrance lui parvint aisément et Kate détourna un instant le regard avant de l’observer à nouveau.

- C’est une possibilité, admit-elle doucement, ne voulant pas mentir. Mais ne perds pas de vue que tu as toutes les chances de ton côté pour que ta prochaine grossesse se déroule à merveille. Tu es jeune et en bonne santé. Mais pour l’instant, tu dois faire le deuil de l’enfant que vous venez de perdre et accepter l’idée que tu n’es pas responsable de ce qui est arrivé. Je ne dis pas que ce sera simple, ça prendra du temps. Mais tu verras, au fil des jours, tu apprendras à vivre avec. Et tu pourras aller de l’avant à nouveau. Il faut juste que tu ne baisses pas les bras, Eva. Et accepte notre aide.

Eva ne répondit pas, les sourcils légèrement froncés alors que les paroles de Kate se frayaient un chemin dans son esprit, mais elle prenait surtout conscience du comportement qu’elle avait eu ces derniers jours. Elle avait refusé le soutien de ses parents, ignoré Kate, Emma et tant d’autres. Et puis Liz... ses mots de réconfort et ses caresses lui revinrent en mémoire et elle sentit soudainement nauséeuse face au regard empli de tristesse, de désarroi de son épouse chaque fois que cette dernière réalisait combien elle s’éloignait chaque jour davantage.

- Il faut que je voie…

- Elle ne devrait plus tarder, la coupa aussitôt Kate qui avait deviné ce à quoi elle avait pensé.

- J’ai été horrible avec elle, hein ? demanda Eva en croisant son regard. Ne m’épargne pas, Kate, s’il-te-plaît, ajouta-t-elle lorsqu’elle vit la jeune femme détourner les yeux.

Kate eut un petit sourire coupable avant de venir l’embrasser sur la joue.

- Tu n’es pas horrible ; tu traverses une épreuve horrible, c’est complètement différent, précisa-t-elle en prenant sa main dans la sienne. Personne ne t’en veut. Et Liz t’accueillera à bras ouverts, je le sais.

Eva resserra son étreinte sur les doigts de Kate avant de la prendre dans ses bras.

- Merci, souffla-t-elle contre son oreille. Je ne sais pas si sans toi, j’aurais réussi à comprendre tout ça.

- Tu n’as pas à me remercier, murmura Kate en caressant son dos. Je déteste te savoir malheureuse.

Eva lui sourit faiblement, pour la première fois depuis qu’elle avait perdu son bébé.

💕

- Je suis contente de t’entendre avoir ses paroles, répondit Kate en prenant la main d’Eva dans la sienne avant de se reculer légèrement. Ma conversation a porté ses fruits alors, hein ?

Eva resserra son étreinte sur les doigts de Kate tout en souriant faiblement.

- Elle m’a été bien utile, en effet, admit-elle. Même si j’ai encore du boulot...

- Je suis sûre que ça va aller, répondit Kate en accentuant sa pression sur sa main. On va toutes t’aider pour ça, c’est promis, ajouta-t-elle.

Eva acquiesça avant de lever la tête lorsque Liz refit son apparition avec un plateau entre les mains, elle l’observa le déposer sur la table basse puis tendre une tasse de thé fumante à chacune.

- C’est du thé rouge, ça devrait nous détendre.

Liz sentit le regard d’Eva et Kate sur elle et elle soupira.

- D’accord, d’accord, ça devrait me détendre, dit-elle avant d’afficher un air désolé. Je suis un peu à cran, en ce moment, ajouta-t-elle, reprenant consciemment les mots que Kate avait prononcés un peu plus tôt.

Malgré la culpabilité qui l’envahit, Eva lui souffla néanmoins un « merci » du bout des lèvres auquel Liz répondit d’un faible sourire qui lui réchauffa tout de même le cœur.

- Alors, reprit Eva en reportant son attention sur sa sœur. La suite de la soirée ?

Kate hocha la tête avant de se replonger moins de vingt-quatre heures en arrière.

💕

- J’ai l’impression que tout le monde me regarde, grimaça Kate en prenant appui contre le mur.

Comme promis, sa tante les avait rejointes une demi-heure plus tôt et leur avait fait faire le tour des invités afin d’être présentées à plusieurs personnalité importante du Groupe, voir du pays et de certains états avoisinant. Kate avait aisément joué le jeu, comme à l’époque, mais maintenant qu’elle et Emma avaient regagné leur place près de deux doubles portes, elle pouvait sentir les regards sur elle.

- Tu as déserté la Haute Bourgeoisie pendant plus de six années si on compte ton temps passé à La Lumeda, commença Emma en dégustant un petit four qu’elle avait attrapé au passage, entre deux présentations. Bien sûr que ça les intrigue de te voir réapparaître subitement.

Kate se mordit la lèvre.

- Je crois surtout que la plupart n’apprécient pas de me voir de nouveau ici après mon départ remarqué.

Emma releva les yeux vers elle et elle sentit son visage se fermer subitement lorsque la réalisation la frappa.

- Tous ces gens t’ont vu en sous-vêtement ? demanda-t-elle observant les invités.

- Pas tous, mais... Le regard de Kate tomba sur Emma et elle sentit un petit sourire étirer ses lèvres :  tu es jalouse ?

- Quoi ? s’exclama Emma en tournant de nouveau la tête vers elle. Non, bien sûr que non, sourit-elle nerveusement. C’est... ce serait... ridicule...

Kate rit légèrement tout en s’emparant de sa main afin de l’attirer légèrement à elle.

- Tu n’as pas à l’être, murmura-t-elle en venant l’embrasser sur la joue. Ça remonte à des années, je ne suis même pas sûre qu’ils s’en souviennent. Enfin, pas en détail, je veux dire.

Emma grogna et elle ne put s’empêcher de rire encore plus avant de s’arrêter subitement lorsqu’une figure au combien familière apparut dans son champ de vision. Les cheveux réunis à l’arrière de la tête, une robe noire épousant ses formes, les mettant en valeur tout en accentuant la longueur de ses jambes par une fine ouverture remontant jusqu’à mi-cuisse, c’était dans une élégance époustouflante que Léonora de Lonay avait choisi de se présenter à l’une des soirées les plus importantes du Groupe dont elle était la vice-présidente. Sa beauté n’était plus un secret pour personne, et à tout juste cinquante ans, Kate devait bien admettre qu’elle était toujours aussi sublime. Dommage pour elle que Jessie occupe la première place, pensa-t-elle dans un sourire satisfait.

- Tu sembles heureuse de la voir, remarqua Emma, confuse.

- Hmm ? demanda Kate alors qu’elle reprenait pied avec la réalité. Oh. Non, je me disais juste que peu importe les efforts qu’elle pouvait faire, ma tante sera toujours la plus belle femme du Groupe.

Emma leva aussitôt les yeux au ciel, un air mi-incrédule, mi-amusé se peignant sur ses traits. Kate et Jessie savaient vraiment être impossibles, parfois.

- Enlève-moi cet air satisfait de ton visage, l’admonesta-t-elle dans un sourire. Je jure que ta tante fait ressortir ton côté sale gosse.

- Ouch, merci Emma, feignit Jessie d’un air blessé alors qu’elles les rejoignaient.

Emma se sentit aussitôt rougir furieusement de n’avoir pas fait attention à son entourage avant de parler et elle se gratta maladroitement le sourcil.

- Hum, je suis désolée, ce n’était pas...

- Je sais, la rassura Jessie en posant une main sur son épaule. Il n’y a pas de mal, ne t’en fais pas. En fait..., je prendrais plutôt cela comme un compliment, ajouta-t-elle dans un sourire espiègle.

Emma afficha un air désespéré qui provoqua à nouveau le rire de son épouse. Kate s’interrompit cependant rapidement lorsqu’elle perçut l’air contrarié de sa tante.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Eh bien, commença Jessie, visiblement désolée. Ta mère aimerait s’entretenir avec toi, seule à seule.

Kate haussa les sourcils, surprise, avant d’afficher un air désapprobateur.

- Soit elle nous voit ensemble, dit-elle en s’emparant de la main d’Emma. Soit elle ne me voit pas du tout ; c’est non négociable.

- Elle m’a dit qu’Emma avait déjà donné son accord, répondit Jessie, confuse avant de se tourner légèrement lorsqu’un homme en costume la tapota sur l’épaule.

Après quelques paroles échangées, Jessie leur fit de nouveau face.

- Le devoir m’appelle, s’excusa-t-elle. Je vous vois plus tard. Oh, et Kate, ne te force pas si tu t’en as pas envie, d’accord ?

Kate hocha aussitôt la tête avant de l’observer s’éloigner.

- Je vois que les choses n’ont pas changé ici, commenta-t-elle d’un ton amer. Les mensonges sont toujours monnaie courante lorsqu’ils veulent obtenir quelque chose.

Elle sentit Emma retirer sa main de la sienne et elle tourna les yeux vers elle, aussitôt surprise de voir combien son visage était soudainement pâle.

- Emma ? appela-t-elle, inquiète, cherchant aussitôt une chaise du regard au cas où elle allait s’évanouir.

Une main sur l’épaule l’interrompit cependant et elle vit Emma se racler légèrement la gorge avant d’affronter son regard.

- Je n’ai jamais donné mon accord.

Kate fronça les sourcils, confuse.

- Bien sûr que tu n’as jamais donné ton accord, répondit-elle automatiquement.

Pourquoi Emma prenait-elle la peine de se justifier ? Elle réalisa alors que son épouse était toujours aussi mal-à-l’aise et la compréhension se fraya petit à petit un chemin dans son esprit. Son estomac se noua.

- Mais ? demanda-t-elle malgré elle.  

Emma baissa les yeux sur ses mains liées devant elle.

- Mais... elle me l’a demandé.

Kate fronça les sourcils, confuse.

- Je ne comprends pas. Quand ?

Emma se tortilla nerveusement les doigts avant de l’observer à nouveau.

- Le coup de fil de ce soir...

- Attends, attends, l’arrêta Kate en levant les mains. Oh mon dieu, je sens que je vais être malade. Je croyais que c’était une de tes élèves ?

Elle sentit son cœur sombrer lorsqu’Emma ne répondit pas.

- C’était la première fois ? demanda-t-elle d’un ton mal maîtrisé.

- Non, répondit Emma, à contrecœur. Elle appelait de temps à autres.

Elle sentit Kate se tendre et elle se pressa d’expliquer :

- Je lui ai dit de te contacter ; à chaque fois qu’elle appelait, je lui disais qu’elle ferait mieux de te parler à toi. Mais... elle refusait toujours. Elle était persuadée que tu n’accepterais jamais.

Kate secoua la tête, incrédule. Je dois être en train de rêver.

- Et ça dure depuis combien de temps ?

Emma baissa la tête et refusa totalement de croiser son regard. Lorsqu’elle répondit enfin, sa voix était tremblante et à peine plus haute qu’un murmure :

- Six ans.

Kate porta aussitôt une main à ses lèvres tout en la dévisageant. Son cœur se serra dans sa poitrine, et elle réalisa soudainement la terrible ampleur de la situation actuelle. Elle avait la douloureuse impression de revenir à la case départ. Comme si quelqu’un, là-haut, se jouait d’elle, et qu’elle avait de nouveau perdu la partie.

Trahie par une ex, trahie de nouveau. A la douleur d’avoir été délibérément gardée dans l’ombre à répétition se mêla aussi l’humiliation de n’avoir rien vu. Et, bouleversée, elle ne parvint à reprendre pied que lorsque la faible voix d’Emma s’éleva de nouveau dans les airs.

- Le premier coup de fil remonte à peu de temps après notre emménagement ensemble, poursuivit péniblement la jeune femme dans un regard fuyant. Elle appelait à chacun de tes anniversaires, pour noël, ou lors d’évènements importants, comme un diplôme ou... notre mariage.

- Six ans..., murmura Kate, incrédule.

Emma fit un pas vers l’avant pour la toucher mais Kate se recula aussitôt.

- Tu ne m’as jamais rien dit, accusa-t-elle, le ton dur. Pour une personne qui déteste les mensonges, tu sembles pourtant en mériter la palme, cracha-t-elle de colère, ignorant les larmes qu’elle provoquait sur le visage d’Emma. Six ans... tu réalises ce que ça représente ? Tu m’as menti pendant toute la durée de notre relation. Elle écarta les bras avant d’ajouter : alors voilà. Notre histoire, c’est ça : du mensonge pur et simple.

- Kate..., renifla Emma en essayant de s’approcher à nouveau.

Kate leva les mains.

- Non, vraiment. Pour l’instant, j’ai juste envie que tu disparaisses.

Elle vit Emma porter aussitôt sa main à ses lèvres afin d’étouffer un sanglot, et elle se retourna afin de quitter l’endroit le plus rapidement possible. Sa colère était si forte qu’elle pouvait sentir ses membres trembler et la chauffer. Mais elle ne chercha pas à se détendre, au contraire. Pas avant d’avoir quitté l’endroit. Car elle savait qu’une fois que cette énergie aurait quitté son corps, elle s’effondrerait.

Venir ici était vraiment une mauvaise idée. Voilà qu’elle laissait à peine ses parents entrer de nouveau dans son existence que son couple volait en éclat avant même qu’elle n’ait eu le temps de poser ses yeux sur eux.

Elle pressa le pas et poussa les doubles portes en verre donnant sur le hall d’un geste brusque. Son énergie était telle qu’elle pouvait sentir son cœur battre dans ses oreilles et son sang pulser dans ses veines. Elle était énervée, et en colère, si bien que lorsque que quelqu’un attrapa son bras pour la retourner, sa main partit toute seule.

La respiration saccadée, Kate resta un instant interdite à observer sa paume déjà rougie avant de dévier son regard sur la seule et unique personne dont elle aurait préférée être battue à mort plutôt que de lever la main sur elle.

Emma tourna doucement la tête dans sa direction tout en portant une main à sa joue et Kate sentit la nausée s’emparer d’elle face au geste qu’elle venait de commettre.

- Je...

- Katherine ?

Son regard accrocha celui d’Emma et Kate se retrouva figée sur place. Elle n’avait pas entendue cette voix depuis six longues années. Elle l’avait même fuie. Et voilà que maintenant, elle se trouvait à quelques mètres d’elle et demandait son attention.

- Kate...

La voix d’Emma la sortit soudainement de sa paralysie et elle ferma les paupières, prenant une profonde inspiration qu’elle expira doucement avant de rouvrir les yeux.

- Ma mère m’appelle, lâcha-t-elle d’un ton dénué d’émotion, avant de s’éloigner.

Emma se contenta de l’observer, les bras ballants de chaque côté de son corps, sa lèvre inférieure fermement coincée entre ses dents pour ne pas craquer à nouveau.

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Commentaires
K
Ça partait quand même d'un bon sentiment pour Emma, mais c'est vrai, la pilule est dure à avaler ! <br /> <br /> <br /> <br /> Merci Milie ;)
M
Encore une fois, que d'émotion dans ce chapitre ! :)<br /> <br /> D'abord Eva ... d'ailleurs, dans le chapitre précédent, c'était dit il me semble que cela faisait 3 semaines qu'elle était sortie de l'hôpital, mais là, j'ai l'impression que ça fait beaucoup plus longtemps que ça. <br /> <br /> Et ensuite ... la trahison de Emma. J'ai toujours du mal à concevoir qu'elle ait pu ne rien dire pendant 6 ans !!! Et puis la gifle. J'ai eu mal !
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