Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
⚢ Fictions lesbiennes ⚥
Mises à jour !

Nouveauté :
  FTF, STF ou TTF ? MPLC ! (One-shot bonus Le Bunker) de Claire_em

Projets en cours :
  ❂ Errance en co-écriture avec Claire_em (20% - 90 pages).
  ❂
εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

Publicité
⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

4 juillet 2013

Chapitre 9

Sarah regretta aussitôt le déplacement lorsqu’elle remarqua la forme recroquevillée contre la fenêtre du salon quand elle pénétra dans son appartement. Elle avait décidé la veille, après sa dispute avec Maena, qu’un peu de temps passé dans son chez soi lui ferait le plus grand bien, et qu’elle pourrait par la même occasion rapporter quelques affaires dont elle avait besoin. Mais maintenant qu’elle y était, elle n’était plus si sûre que sa décision ait été une si bonne idée que cela finalement...

La porte se refermant derrière elle poussa enfin Gwen à tourner la tête dans sa direction et Sarah ne put s’empêcher de tiquer face à la tristesse qui habitait son visage. Ses yeux gris étaient humides, rouges et bouffis, et ses cheveux couleur chocolat partaient dans toutes les directions à force d’y avoir trop passé la main. Un bras enserrait sa taille et son autre main était plaquée contre sa bouche, un mouchoir déjà bien humide entre les doigts.

Sarah se surprit à tendre une main lorsque Gwen se leva pour passer devant elle.

– Gwen...

– Ravie de voir que tu es toujours en vie, la coupa aussitôt Gwen en pénétrant dans la cuisine.

Sarah jura intérieurement avant de la suivre, une nouvelle dispute en moins de vingt-quatre heures était la dernière chose dont elle avait besoin.

– Gwen écoute c’est –

La gifle la prit par surprise et Sarah porta aussitôt une main à sa joue, incapable de dire ce qui lui fit le plus mal entre le geste et la peine qui émanait de Gwen par vagues.

– Sarah je te jure que si tu me dis que ce n’est pas ce que je crois, c’est pas une gifle que tu recevras, mais mon poing, renifla Gwen.

Elle secoua la tête, et se mordit la lèvre pour retenir les larmes avant d’ajouter :

– J’arrive pas à croire que tu aies pu nous faire ça Sarah. C’était plus fort que toi, il a fallu que tu renvoies la pareille, hein ?

Sarah serra des dents mais ne chercha pas à répondre, prenant à la place la direction de la chambre. Elle s’empara aussitôt de la valise qu’elle avait calée en haut de l’armoire avant de la balancer sur le lit et y jeter pêle-mêle tous les vêtements qui lui tombaient sous la main. Elle ne releva pas la tête lorsqu’elle vit Gwen prendre appui contre le chambranle de la porte du coin de l’œil.

– Qu’est-ce que tu fais ? lui demanda finalement Gwen, la voix rendue rauque par les pleurs.

Sarah soupira avant de répondre :

– Ça se voit pas ? Je m’en vais.

Un rire dénué d’humour lui parvint et Sarah serra à nouveau des dents, encore plus lorsque les paroles suivantes lui parvinrent :

– Bien sûr, question stupide. J’espère qu’elle est au courant de mon existence au moins, ce serait con de mettre fin à un mariage qui vient à peine de commencer pour cause d’adultère. 

Sarah referma la fermeture éclair de sa valise d’un coup sec avant de la déposer à ses pieds. Elle releva les yeux vers Gwendoline qui n’avait pas bougé et elle sentit la colère qui était monté en elle s’évaporer aussitôt lorsqu’elle vit la tristesse et la douleur qui habitait le visage qu’elle chérissait il y avait encore quelques mois.

Une part d’elle eut soudainement envie de lui dire que tout n’était que mascarade, qu’elle ne lui ferait jamais une chose pareille. Bon sang, elle ne le souhaitait même pas à son pire ennemi. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas faire ça à Maena. Rien ne garantissait que Gwen garderait le secret, et vu la rancœur qui l’habitait aujourd’hui, Sarah en doutait fortement.

Son regard suivit une larme qui coula le long de la joue de Gwen et pendant une seconde, Sarah voulu la prendre dans ses bras et la rassurer, lui dire que tout allait bien. Lui montrer qu’elle était là pour elle, comme avant. Avant...

Mais le problème, c’était qu’avant n’était plus.

– Tu m’as trompée Gwen, commença-t-elle d’une voix lasse, le sujet ayant déjà été évoqué tant de fois. J’ai plus confiance en toi, en moi. J’ai..., elle écarta les bras avant de lâcher simplement : quelque chose c’est fissuré en moi. Et j’ai besoin d’être loin d’ici, de toi, de tout ça, pour aller mieux.

Elle leva une main lorsque Gwen voulut reprendre la parole :

– Et ça n’a rien à voir avec Maena, ni même le mariage. Ça fait des mois que notre histoire est terminée Gwen, il est temps de tourner la page.

Les mots s’échappaient de ses lèvres, mais Sarah savait cependant avec certitude qu’elle se souviendrait toujours du moment où Gwen s’était plantée devant elle et avait déclaré qu’elle avait eu une aventure. Mais plus elle parlait, plus Sarah avait entendu sa voix comme dans un écho, tandis que son cerveau moulinait une seule information : l’amour de sa vie, celle avec qui elle partageait tout, avait fait l’amour à une autre. Elle l’avait trompée alors qu’elles avaient décidé de construire quelque chose ensemble. Au bout de vingt ans, que Gwen donne un coup de canif dans le contrat, Sarah aurait pu le mettre sur le compte de la lassitude, ça lui aurait peut-être fait moins mal. Mais là, c’était au début, Gwen était amoureuse, et Sarah n’avait même pas été capable de la retenir.

L’insupportable avait été de savoir que L’autre avait joui et désiré ailleurs. Sarah avait alors eu l’impression de ne plus exister pour elle. La rivale avait alors hanté son espace vital, consumé son air, depuis que, même pour un instant seulement, elle l’avait remplacée auprès de Gwen.

Elle a pris ma place, elle incarnait ma peau, elle jouait mon rôle, avait alors pensé Sarah, effondrée. Et comme pour ne rien arranger, la ressemblance physique entre elles deux était si frappante qu’elle était le double parfait, donnant à Sarah le sentiment d’être effacée, d’être tuée…

– Vu le nombre de fois que tu as ramené Vincent ici dernièrement, tu ne dois pas aller si mal.

La voix de Gwen la ramena soudainement au présent, et Sarah cligna des yeux à plusieurs reprises face au ton ironique, notant néanmoins la note douloureuse sous-jacente. Plusieurs répliques acerbes lui montèrent à la bouche, mais Sarah s’abstint.

Elles souffraient bien assez comme ça.

– Je sais, répondit-elle simplement. Mais j'ai réalisé que ce n'était pas en couchant avec la première personne qui me tombait sous la main que j’allais t'oublier. Ni en faisant comme s’il n’y avait jamais rien eu entre nous.

Une boule se forma dans sa gorge, et Sarah inspira profondément avant de poursuivre :

– On s'est vraiment aimées, toutes les deux. Et puis tu m'as brisé le cœur. J'ai fait tout ce qui était possible pour me convaincre du contraire, mais ça marche pas comme ça.

Une larme s’échappa de son œil et elle l’essuya rapidement avant d’ajouter :

– Tu sais, la dernière fois que Vincent est venu, je me suis promis que la prochaine personne que j'embrasserai, je le ferais pour moi, pas par simple désir de t’oublier. Ne vois pas Maena comme un besoin pour moi de me venger de toi.

Ses paroles prononcées, elle ignora volontairement la nouvelle vague de larmes qu’elle venait de provoquer chez Gwen et s’empara de sa valise avant de quitter la chambre. Arrivée à la porte d’entrée, elle s’interrompit néanmoins :

– On dit que dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l'autre.

Elle haussa les épaules avant de regarder Gwen à nouveau.

– J'aurais simplement préféré que ce ne soit pas moi.

Là-dessus, elle franchit le seuil de la porte avant de la refermer doucement derrière elle, puis dégringola l’escalier à toutes jambes.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité