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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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  ❂
εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

3 décembre 2014

Chapitre 13

Tegan s’assura que Mathis dormait confortablement sur le canapé avant de rejoindre Tawny dans la cuisine et de l’enlacer. Collée tout contre son dos, elle entendit aussitôt sa voix résonner contre son oreille.

– Les autres ne sont pas encore debout ?

– Neva est sur le toit, Skye et Mia dorment encore et les triplés sont dans la chambre. Jack a l’air d’aller mieux. 

Tawny hocha légèrement la tête.

– Et June ?

– Partie faire un tour, comme toujours, soupira Tegan.

Le comportement de June l’inquiétait.

– Hmm. Ils ne risqueront pas de nous prendre par surprise une seconde fois, au moins.

– Elle veut juste s’assurer qu’on est en sécurité, tempéra Tegan. C’est dur pour elle aussi, tu sais. Elle gère comme elle peut.

Tawny se tourna afin de pouvoir l’enlacer à son tour.

– Je sais, murmura-t-il simplement en l’embrassant sur la tempe. 

💕

Dans la chambre, étroitement enlacées sur le lit, Skye et Mia se perdaient dans la douce odeur de l’autre dans l’espoir d’oublier les horreurs qu’elles venaient de vivre. Le silence, uniquement brisé par le ronronnement sourd, presque inaudible, qu’émettait Skye enveloppait Mia de bien-être, apaisant les larmes qui la rongeaient tout en lui apportant chaleur et réconfort.

Les derniers rayons du soleil disparaissaient dans la chambre lorsqu’elle sentit Skye poser sa main sur son poignet, suivie de ses doigts qui remontèrent lentement le long de son avant-bras, s’attardant un instant à la saignée du coude avant de retourner à leur point de départ. Elle fit un effort conscient pour respirer lentement et se détendre. Elle pouvait sentir le souffle tiède de Skye tout contre sa joue et lorsqu’elle tourna légèrement la tête, Skye posa ses lèvres sur sa tempe, sur l’arête de son nez, puis demeura parfaitement immobile, le regard soudé au sien. Skye avait les yeux d’un bleu/vert magnifique, si clair que Mia ne pouvait s’empêcher de venir s’y perdre. Et même si ses iris trahissaient à présent l’inquiétude qui habitait Skye, Mia ne pouvait penser à rien d’autre que la proximité de leurs corps, la chaleur qui émanait de Skye, son souffle chaud tout contre ses lèvres. Il lui suffirait de s’avancer juste un peu pour l’embrasser...

Skye tourna la tête au dernier moment.

– Mia... on ne devrait pas.

Mia ravala difficilement sa déception et hocha légèrement la tête avant de s’écarter. Elle observa le plafond, les yeux humides.

– Toujours trop jeune, hein ? ironisa-t-elle amèrement.

– Mia...

– Non, ça va. Un rejet par jour me suffit largement.

Skye s’allongea sur elle lorsque Mia chercha à sortir du lit et cette dernière inspira soudainement, trop surprise pour se débattre.

– J’ai jamais dit que je ne voulais pas ça, répliqua Skye, désignant leurs corps allongés l’un sur l’autre. J’ai jamais dit que je ne te voulais pas... toi.

– Je suis juste trop jeune, rétorqua Mia, tournant la tête sur le côté.

Skye soupira avant de venir l’embrasser sur la tempe.

– Une part de moi pense que oui, admit-elle en se redressant et en prenant place sur le bord du lit. Mais ce n’est pas l’unique raison.

Mia se hissa sur ses coudes, un air confus sur le visage.

– Comment ça ?

Skye l’observa et lorsque Mia remarqua son air désemparé, elle sut aussitôt qu’elle allait avoir droit à une révélation importante. Elle se redressa, dans l’expectative. 

– Il n’a jamais été prévu qu’on reste, Mia, expliqua finalement Skye, un air peiné sur le visage. Le plan était de venir ici... de trouver la « Reine des Glaces », et la ramener avec nous.

Elle hésita avant d’ajouter :

– Elle et elle seule.

Mia se contenta de l’observer, interdite.

💕

Neva était assise sur le toit à observer la brume matinale qui s’étendait progressivement sur la ville lorsque June la rejoignit. A mesure qu’elle s’approchait, June ne put dire qui paraissait le plus triste entre Neva et le ciel gris qui les entourait.

Elle prit place à ses côtés, sur le petit muret, et ramena l’une de ses jambes contre sa poitrine avant de l’entourer de ses bras.

– Hé.

Neva inspira profondément avant de la regarder à son tour.

– Hé.

– Comment tu te sens ?

Neva haussa les épaules.

– Vide, répondit-elle, baissant les yeux vers ses mains posées sur ses cuisses. Fatiguée. Lasse de ne rien faire d’autre que de pleurer. Toi ?

– J’ai connu mieux, admit June, tandis qu’elle regardait au loin. Mais on n’a pas réellement le temps de s’attarder sur ça pour l’instant. Tu as réfléchi à ce que tu comptes faire ?

– Trouver un nouvel endroit où vivre, pour commencer, acquiesça Neva en se grattant le sourcil. Rester serait beaucoup trop dangereux, et puis, entrer dans la cuisine tout en sachant que Mama y a perdu la vie...

Elle prit une profonde inspiration avant d’ajouter, les yeux humides :

– Je pense que ce serait mieux pour tout le monde.

– Les garçons en disent quoi ?

Neva haussa les épaules.

– Ils attendent sûrement que je prenne une décision. Tout est arrivé si vite... je ne pense pas qu’ils soient capables de décider de quoi que ce soit pour l’instant. Et on ne peut pas vraiment dire que Jack soit en état.

June repensa à Jack étendu sur le lit de Mama, une profonde entaille barrant son front et ses côtes bleuies.

– Il sera bientôt à nouveau sur pied, répondit-elle avec sympathie.

– Je sais, murmura Neva en s’essuyant la joue. Mais ce n’est pas son état physique qui m’inquiète. C’est son cœur. Mon Dieu, comment pourra-t-il me pardonner la perte de Mama ?

June n’eut aucun mal à lire ce qu’elle venait de penser sur son visage.

– C'est pas de ta faute, répondit-elle, désireuse d’être crue.

– Vraiment ? rétorqua Neva, ironique. Elle était sous ma protection, j'étais censée la protéger... ils auraient raison de m’en vouloir, finit-elle en secouant la tête.

– Ça m’étonnerait, rétorqua June avant de regarder autour d’elle, son souffle formant une volute blanche dans l'air glacé. Ils sont probablement bien trop occupés à se sentir responsable pour ça.

Elle laissa passer un temps avant d’ajouter, le regard fixé sur Neva :

– On se sent tous responsables, parce qu’aucun de nous n’a envie d’accepter ce qui est arrivé. Quelque part, elle était une mère pour chacun d’entre nous. On est tous tristes de l’avoir perdue, mais pas au point de porter injustement le blâme sur quelqu’un. Ce n’est pas ça qui rendra sa disparition moins douloureuse, on le sait tous.

Elle hésita avant de poser une main sur celles de Neva.

– Elle ne voudrait pas que tu te sentes coupable comme ça, répondit-elle sincèrement. Mais plutôt que tu te souviennes d’elle sous son meilleur jour.

La vue de Neva se brouilla et elle prit plusieurs inspirations tremblantes avant de hocher la tête.

– Je crois que c’est la première fois que tu me dis quelque chose qui ne soit ni un ordre, ni un reproche, plaisanta-t-elle.

Elle fut ravie de voir June lâcher un léger rire.

– Je ne suis pas si facile à vivre que ça, hein ? répondit-elle, avant de poursuivre, plus sérieusement. Je n’ai jamais eu l’intention de te rendre la vie impossible, mais quand je vois ce que vous avez ici, et comment ça se passe sur les routes... Ce qui arrivé à Mama n’est qu’un infime exemple de ce qui se passe sans cesse là-dehors. Il fallait que je te bouscule, que je te fasse comprendre que tu étais capable de bien plus.

Neva hocha légèrement la tête.

– Je sais, répondit-elle simplement.

Vraiment ? pensa June avant de demander :

– Où étais-tu quand l’insurrection a éclaté ?

Prise de court par la question inattendue, Neva l’observa avant de se racler la gorge.

– A Jana, une petite ville située à une centaine de kilomètres d’ici, à l’est.

– Tu as participé aux combats ?

– Non, répondit faiblement Neva en baissant les yeux. Mes parents sont morts peu après le début des hostilités, j’ai aussitôt pris la fuite.

June hocha la tête, compréhensive.

– J’ai pris part à la rébellion avec quelques amis, répondit-elle à son tour. Pour défendre nos droits, puis pour venger nos proches, abattus juste sous nos yeux par les forces de l’Elite. Les rues étaient à feu et à sang, les gens hurlaient, couraient de toute part... C’était comme si l’Enfer avait élu domicile sur Terre. Et puis j’ai fini par les voir. Ils opéraient discrètement mais ils étaient là, tout autour de nous. Certains couraient plus vite, d’autres étaient visiblement plus forts, d’autres encore parvenaient à mettre à mal les chars d’assaut ennemis sans même bouger le moindre petit doigt.

Un sourire nostalgique apparut sur ses lèvres.

– Tu aurais dû les voir Neva... on pouvait sentir la victoire à portée de main. Plus les heures passaient, plus ils battaient en retraite. C’était... magique.

– Qu’est-ce qui a changé ? demanda Neva d’une voix douce, comme si elle avait peur de briser la transe dans laquelle June se trouvait.

June baissa les yeux avant de hausser les épaules.

– Ils ont réuni leurs meilleurs chercheurs, et ils ont fini par trouver notre point faible, répondit-elle simplement. Ils ont tué certains d’entre nous, mais pour la plupart, ils ont tout fait pour nous attraper vivant. Et quand ils ont estimé qu’ils en avaient suffisamment, ils ont plié bagages et passé les années suivantes à chasser le reste d’entre nous grâce à leurs soldats et leurs androïdes.

Notre point faible ? pensa Neva, avant de porter une main à son cou.

– La pierre de zéolithe, murmura-t-elle, avant de lever les yeux vers June. C’est pour ça que tu as un tatouage, réalisa-t-elle soudainement. Ils t’ont attrapée toi aussi, pas vrai ?

June l’observa un instant avant de hocher imperceptiblement la tête. Elle entama son récit, les yeux dans le vide.

 

Les bras en appui contre le mur, June fixait d’un regard las les traits qu’elle y avait gravés. Cela faisait exactement onze jours qu’elle était enfermée dans une cellule de cinq mètres sur six, autorisée à sortir seulement pour prendre une douche et les trois repas de la journée.

Ou subir toute une série de tests, pensa-t-elle, passant une main dans son cou et grimaçant lorsqu’elle rencontra son tatouage encore douloureux.

Autour d’elle, tout n’était que pierre de zéolithe, du sommier du lit à la petite table, en passant par les murs et la grille, ce qui l’empêchait systématiquement d’utiliser ses pouvoirs. L’absence de fenêtre donnant sur l’extérieur la privait quant à elle de toute distraction, et elle se demanda sincèrement combien de temps encore elle allait bien pouvoir tenir.

Un soupir de résignation s’échappa de ses lèvres et elle se mit de nouveau à faire les cent pas, ignorant tant bien que mal les complaintes des détenus qu’elle pouvait entendre autour d’elle.

Lentement, l’air se fit plus chaud, premier signe que le soleil était en train de monter dans le ciel et que le service allait bientôt commencer. Des bruits de voix choisirent justement ce moment pour se faire entendre, et alors qu’elle s’approchait des barreaux dans l’espoir de voir quelque chose, une jeune femme apparût soudainement et elle fit un bond en arrière, surprise.

– Hé, désolée, je voulais pas te faire peur, j’attendais simplement que le garde se décide à changer d’aile, déclara l’inconnue, visiblement irritée.

Elle passa une main entre les barreaux et la tendit dans sa direction.

– Je m’appelle Tegan, et toi ?

June hésita, jaugeant la jeune femme d’un regard méfiant. Sa tenue en papier était d’une couleur plus sombre de la sienne, signe qu’elle venait d’une aile différente, et son numéro d’immatriculation était bien plus long que le sien, signe qu’elle était aussi arrivée bien avant elle.

Lorsqu’elle reporta son attention sur son visage, June réalisa qu’elle était plus grande qu’elle, et semblait plus âgée aussi. Dix-neuf, vingt-ans peut-être. Même si ses traits tirés incitaient à lui donner encore un peu plus. Allez, détends-toi, elle n’est rien de plus qu’une détenue, comme toi, pensa-t-elle.

Elle serra finalement la main offerte.

– June, répondit-elle avant de jeter un coup d’œil dans le couloir. Comment t’as fait pour venir jusqu’ici ?

– Je suis plutôt rapide, sourit Tegan dans un clin d’œil avant de prendre un air concerné. Comment tu te sens ?

June l’observa, surprise, avait de hausser les épaules. Un peu de bienveillance lui faisait du bien.

– Comme un lion en cage.

– Hmm, bienvenue au club, soupira Tegan avant de se passer une main nerveuse dans les cheveux. Ecoute, j’aurais aimé avoir plus de temps pour te dire ça, mais ils ont déjà choisi ton partenaire. A l’heure qu’il est, il est probablement déjà mort maintenant qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient de lui, ironisa-t-elle avant de prendre un air intense. Mais il est primordial, vraiment primordial, que tu les laisses faire quand ils viendront te chercher. Tu m’entends, June ?

L’adolescente l’observa, interdite. Dans sa poitrine, elle pouvait sentir son cœur battre à tout rompre. Elle avait entendu des rumeurs, vu des choses, mais ce que lui disait Tegan lui donnait simplement envie de se rouler en boule, de se cacher, de hurler, et de marteler le sol à coups de poing jusqu'à le faire voler en éclats.

– Qu’est-ce que... qu’est-ce qu’ils comptent me faire ? demanda-t-elle, la voix peu assurée, la gorge sèche.

Tegan soupira tout en lui offrant un air compatissant.

– Une insémination artificielle, répondit-elle simplement avant de se coller contre les barreaux lorsqu’elle vit June se reculer aussitôt tout en serrant ses bras autour d’elle. June, écoute-moi, tu ne risqueras rien tant que tu leur seras utile, c’est pour ça que tu dois les laisser faire. Je sais que c’est injuste, et si je pouvais l’empêcher, crois-moi, je le ferais, mais c’est la seule chose à faire pour le moment.

– Et si je refuse ?

Ils recommenceront.

– Ils recommenceront.

June renifla tout en s’essuyant les yeux d’un revers de main.

– J’ai quinze ans, j’ai pas envie d’être enceinte à quinze ans. Pourquoi est-ce qu’ils me font ça ? J’ai rien demandé moi...

– Ouais ben va dire ça à toutes ces gamines de l’ancienne Afrique, rétorqua Tegan, irritée par le temps qui passait trop vite. Je ne peux pas partir avant de l’avoir convaincue, soupira-t-elle intérieurement.

Elle s’expliqua lorsque June l’observa avec confusion.

– Des rumeurs courent. Il paraît que l’insurrection aurait largement dépassé nos frontières. Les gens d’ici viennent de partout, le monde entier serait touché. 

– Il y a plus d’espoir alors, hein ? ironisa June en se passant les mains dans les cheveux.

Tegan se mordit l’intérieur de la joue avant de hausser les épaules.

– On n’en sait rien, répondit-elle avant de lui offrir un air appuyé. Mais si tu veux vivre, tu suivras mes conseils. Je repasserai te voir dès que possible.

La seconde suivante, elle était partie, laissant June observer bêtement l’endroit où elle se trouvait. 

 

– Le tatouage leur permet simplement de nous marquer comme du bétail, reprit June en se concentrant à nouveau sur le présent. C’est leur façon de nous faire savoir qu’on leur appartient, et qu’ainsi, on ne pourra plus jamais cacher notre différence.

Elle regarda Neva droit dans les yeux.

 – Ils s’en prennent à chacun d’entre nous là-dehors, Neva. Et ils payeraient le prix fort pour mettre la main sur nous. Sur toi, sur moi... sur Mia. On a besoin de ton aide pour les en empêcher. 

Neva l’observa, figée. Tout s’entrechoquait tellement dans sa tête qu’elle se retrouvait dans l’impossibilité totale de rassembler ses pensées, la laissant là, à regarder June sans pouvoir s’exprimer.

Des bruits de pas résonnant derrière elle lui firent recouvrer ses esprits, et elle tourna la tête pour voir Tegan apparaître sur le toit. Cette dernière les observa tour à tour avant de lâcher, essoufflée :

– June, c’est Mia.

Elle hésita avant d’ajouter :

– Elle est en feu.

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