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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 7

Mardi 04 Novembre 2003.

– Hmm oh, et qu’est-ce que tu penses de celle-là : « Quelle est la capitale de la Lituanie ? »

– Vilnius.

Kate soupira. Novembre venant tout juste d’arriver et les températures baissant de plus en plus, elles avaient trouvé refuge dans l’un des longs couloirs chauffés du troisième étage afin d’attendre patiemment que la sonnerie retentisse afin qu’elles puissent retourner en cours. Et pour passer le temps, elles avaient choisi de se lancer dans un quiz mêlant plusieurs catégories de culture générale. Seulement, au grand malheur de Kate, Emma ne cessait de répondre du tac au tac et jusqu’à présent, elle avait fait un sans-faute.

– Bon d’accord, elle était facile, concéda Kate. Mais qu’est-ce tu dis de celle-ci : « Combien de faces un icosaèdre possède-t-il ? »

– Vingt.

Kate tourna aussitôt la tête dans sa direction, incrédule :

– Je croyais que tu étais nulle en maths !

Emma ne put s’empêcher de rire.

– Bien sûr que je suis nulle en maths, concéda-t-elle. Mais je connais tout de même mes cours. C’est juste que, je sais pas, les chiffres n’ont jamais eu aucune logique pour moi. Suivante ?

Kate l’observa, sceptique, avant de reporter son attention sur le livre :

– Comment s’appelle aujourd’hui l’ancienne mer Erythrée ?

– La Mer rouge.

– L’autre nom du Pic Uhuru ?

– Le Kilimandjaro.

– Néron a succédé à ?

– Claude.

– Quel mammifère chicote ?

– La souris.

– Combien de joueur au cricket ?

– Onze.

Kate referma le livre dans un bruit sourd avant de poser sa tête contre le mur et soupirer.

– J’abandonne. Pas une seule mauvaise réponse.

Elle se passa une main sur le visage avant de tourner la tête en direction d’Emma et plisser les yeux :

– Avoue, t’as appris l’encyclopédie par cœur, accusa-t-elle.

– Non, rit Emma. Je lis beaucoup et j’ai une bonne mémoire, c’est tout. C’est quoi ce bouquin d’ailleurs ?

– « Trivial Pursuit en 365 jours pour tester sa culture générale. »

– Comment ça se fait que tu aies ça ? demanda Emma en s’emparant du livre et en feuilletant quelques pages.

Kate haussa les épaules.

– J’en avais marre de perdre, répondit-elle en faisant la moue, ce qui fit sourire Emma. Alors je me suis dit que ça allait m’être utile. Sauf que j’ai baissé les bras dès la seconde page.

– Hmm, tu retiens mieux quand il y a un contexte en général. Là, ce ne sont que des données, c’est pas évident.

– Tu as surement raison. J’ai tout de même appris qu’il y avait des oiseaux qui volaient en reculant, dingue hein ?

– Ouaip, le colibri.

Kate laissa sa tête retomber entre ses mains tandis qu’un grognement échappait ses lèvres, et Emma lui tapota l’épaule avec compassion, un sourire amusé sur le visage. Ce n’était pas qu’elle prenait un malin plaisir à battre Kate à plate couture, même si gagner avait évidemment quelque chose d’assez plaisant, elle n’allait pas le nier, mais elle trouvait la moue que Kate produisait à chaque défaite terriblement adorable ; un air renfrogné qui se traduisait par sa lèvre inférieure qui ressortait légèrement et ses sourcils qui se fronçaient et Emma ne pouvait s’empêcher de vouloir la revoir encore et encore

La sonnerie retentit au-dessus d’elles et Kate récupéra aussitôt son livre afin de le ranger dans son sac.

– Tu as quoi ? demanda-t-elle tandis qu’elle se redressait et frottait son manteau.

– Rien, répondit Emma en se levant à son tour. Je vais surement aller en permanence, j’ai une dissertation à faire sur le Marxisme pour le cours d’éco. Toi ?

– Cours d’Histoire à la bibliothèque ou comment devenir incollable en matière de bibliographie pour nos futurs devoirs à rendre, répondit Kate, sarcastique. Je te vois tout à l’heure à l’appartement ?

Emma hocha la tête puis l’observa s’éloigner le long du couloir avant de faire demi-tour et prendre la direction opposée. Le sujet de sa dissertation lui revint soudainement en mémoire et elle hésita un instant avant de finalement revenir sur ses pas et suivre Kate, elle allait avoir besoin d’emprunter quelques livres pour approfondir ses recherches et trouver des exemples concrets à intégrer à son travail après tout.

Elle aperçut aussitôt Kate devant elle au bout du couloir, et elle s’apprêtait à l’appeler pour lui demander de l’attendre lorsqu’elle fut soudainement poussée contre les casiers puis violemment empoignée par le col de son manteau.

– Mélanie arrête, t’es complètement malade ! siffla soudainement une voix sur sa gauche. Je t’ai dit de l’arrêter, pas de la fracasser contre le mur !

Emma sentit la pression contre son cou se relâcher et elle se redressa péniblement avant de tourner la tête vers la personne qui venait de parler, reconnaissant aussitôt de qui il s’agissait au regard bleu azur qui s’arrêta aussitôt sur elle.

Une main l’empoigna au niveau du menton avant de légèrement tourner son visage sur la gauche puis sur la droite.

– Bon, elle n’a pas l’air endommagée, remarqua Cassie, avant de hausser les épaules. Rien qui soit visible en tout cas, et c’est tout ce qui nous importe, sourit-elle finalement.

Emma se dégagea de son emprise en un geste brusque avant de récupérer son sac et le glisser à nouveau sur son épaule :

– Je peux savoir ce que tu veux ? lâcha-t-elle enfin, son regard s’arrêtant sur chaque personne qui passait dans l’espoir que le prochain soit un surveillant ou un prof. 

– Ce que je veux ? répéta Cassie avant de prendre un air pensif, son avant-bras venant trouver appui sur l’épaule d’Emma. Hmm pas grand-chose, juste envie de passer du bon temps avec une veille copine, tout ça.

Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle avant d’ajouter :

– D’ailleurs, ça me fait penser, Julia me racontait à l’instant qu’elle avait lu un article très intéressant dans le journal ce matin. Figure-toi qu’un incendie destructeur a éclaté dans une grande surface d’une ville voisine. Les pompiers sont rapidement intervenus mais il y a malheureusement eu un mort, un homme qui laisse derrière lui deux enfants en bas âges.

Elle s’interrompit, feignant un air triste :

– Les pauvres, tu t’imagines ce que ça doit être de vivre sans son papa chéri ? demanda-t-elle en portant une main sur son cœur avant de sourire. Oh mais suis-je bête, tu dois bien en avoir une petite idée… non ?

Les yeux d’Emma s'assombrirent aussitôt et elle serra les dents avec une telle force que pendant un instant, elle fut presque sûre qu’elles allaient se mettre à grincer.

– Alors dis-moi, que s’est-il passé ? Ta chère maman n’a pas su le garder ? Ou peut-être qu’il a trouvé mieux ailleurs ? Ou alors…

– La ferme.

Le ton sec poussa aussitôt Cassie à hausser les sourcils et elle sentit un sourire ravi s’étirer sur ses lèvres lorsqu’elle remarqua la colère qui émanait d’Emma par vagues ainsi que ses yeux qui s’humidifiaient.

– Mais c’est qu’elle a du caractère, s’exclama-t-elle d’un air appréciateur. Par contre, tu m’excuseras, mais je ne crois pas avoir bien entendu ce que tu viens de dire… Répète nous un peu ça, Emma ? provoqua-t-elle.

La scène lui donna une étrange impression de déjà vu et Emma la regarda droit dans les yeux avant de prononcer, les dents serrées :

– J’ai dit : la ferme.

Elle n’attendit pas de réponse et la bouscula violemment avant de se précipiter vers les toilettes les plus proches. Elle pouvait sentir les larmes lui monter aux yeux, et elle fit tout son possible pour qu’elles ne coulent pas avant qu’elle soit enfermée dans une cabine, en sécurité et à l’abri des regards.

– Laisse, coupa Cassie lorsque Mélanie voulut partir à sa suite. Je crois que j’ai touché un point sensible, ça devrait l’occuper pour le restant de la journée, rit-elle légèrement avant de leur faire signe d’avancer afin qu’elles rejoignent leur prochain cours.

Un rapide coup d’œil au bout du couloir lui aurait appris qu’un regard noisette, légèrement assombrit par la colère, avait observé toute la scène et peut-être alors n’aurait-elle pas pris les choses avec autant de légèreté.

Peut-être.

💕

De toute la propriété, la bibliothèque était très certainement l’édifice possédant la plus grande superficie. Très ancienne, sa construction remontait au début du XVème siècle, et elle tirait elle aussi son inspiration de la Renaissance Italienne. D’immenses fenêtres permettaient d’inonder l’endroit de lumière naturelle, et chacune d’entre elles était séparée par de magnifiques tapisseries qui recouvraient les murs ici et là. Les chaises et tables étaient quant à elles composées d’un bois méticuleusement sculpté et le tout baignait dans une douce odeur de bois ciré et de cuir qui embaumait l’air.

Kate avançait d’un pas tranquille à travers les rayonnages, ses doigts effleurant les diverses rangées de livres tandis que son regard lui restait fixé sur la table autour de laquelle elle ne cessait de tourner. Une bonne demi-heure s’était déjà écoulée et alors qu’elle commençait à se faire à l’idée qu’elle ne pourrait pas mettre son plan à exécution, Julia se leva enfin pour rejoindre sa sœur dans ses recherches.

Un rapide coup d’œil alentour lui apprit que l’enseignant n’était pas dans les parages lui non plus et elle sortit de sa cachette afin de venir prendre place sur la chaise désormais libre.

Apercevant du mouvement du coin de l’œil, Cassie délaissa les différents ouvrages étalés devant elle pour poser son regard sur la personne qui venait de s’assoir devant elle et un sourire se dessina aussitôt sur ses lèvres. 

– Kate. Pour une surprise, c’est une surprise. La dernière fois que tu es venue me voir remonte à bien longtemps.

Kate se pencha légèrement vers l’avant afin de prendre appui sur ses avant-bras, et elle prononça d’une voix à peine plus haute qu’un murmure :

– Intéressant ton petit manège dans le couloir tout à l’heure.

Sa réplique lui valut un haussement de sourcils avant de laisser place à un sourire satisfait :

– Ah. Je ne savais pas que l’on avait une spectatrice. Ça t’a plu j’espère ?

Kate la dévisagea un instant avant de poser ses mains sur la table et se pencher un peu plus vers elle, le visage dénué de toute trace d'émotion. Elle attendit que Cassie imite ses gestes avant de répondre :

– Je sais à quoi tu joues, Cassie, et ce que tu cherches, murmura-t-elle. Mais ça ne marchera pas. Tu as tout gâché, tu te souviens ?

Pendant un instant, les traits de son visage laissèrent place à quelque chose de différent. Un air que Kate ne lui avait pas vu depuis longtemps, très longtemps. A tel point qu’elle en fut légèrement déstabilisée. Mais la seconde d’après, le masque était de nouveau présent, froid, imperturbable et elle pencha légèrement la tête sur le côté avant d’ajouter : 

– Reste loin d’elle, Cassie. Compris ?

– Sinon quoi ? rétorqua aussitôt Cassie, venimeuse. Tu comptes me dénoncer pour… harcèlement ? Personne ne te croira.

Kate esquissa un sourire.

– Oh non, j’ai mieux que ça. Tu sembles oublier, paradoxalement d’ailleurs, que je connais ton petit secret. Ce serait dommage qu’il soit… révélé, tu ne crois pas ? Je vois déjà ce que ça donnerait d’ici, parce que ce serait bien évidemment avec preuves à l’appui, tu sais bien que je ne fais jamais les choses à moitié.

Cassie sentit le sang quitter son visage et elle regarda rapidement autour d’elle avant de murmurer :

– Tu ne ferais pas ça.

– Oh, tu crois ? rétorqua aussitôt Kate, un sourcil haussé. Tu veux parier ?

– Si tu le dis, ils sauront pour toi aussi.

Kate haussa les épaules.

– Ça m’est égal.

– Tu plaisantes ? s’exclama aussitôt Cassie, incrédule. Tu pourrais perdre beaucoup si ça venait à s’apprendre !

– Oh je t’en prie Cassie ! soupira Kate. Perdre quoi ? Je n’attends plus rien de ce milieu. 

Une main douce et chaude se posa sur la sienne et des images lui revinrent malgré elle en mémoire, des souvenirs d’une époque à laquelle elle s’était promis de ne jamais repenser et elle essaya tant bien que mal de les repousser.

– Tes parents ont des projets pour toi Kate, tu as un avenir tout tracé. Seulement, à vouloir le beurre et l’argent du beurre, tu perdras forcément l’un des deux. Réfléchis bien à ce que tu fais.

Kate resta un instant silencieuse avant de murmurer :

– Marrant, fut un temps, tu désirais la même chose que moi, dit-elle en secouant légèrement la tête. Mais comme tous les autres, tu t’es laissé avoir par l’argent et l’apparence.

Elle eut un rire désabusé avant de murmurer à nouveau, le ton sérieux :

– Je n’ai pas perdu l’un, je l’ai délibérément délaissé et je ne le regrette pas.

Cassie secoua la tête :

– Mon Dieu Kate, tu t’entends ? Cette garce t’a monté la tête ou quoi ?

Kate s’empara brusquement de la main qui recouvrait la sienne et la serra jusqu’à ce que Cassie se mette à grimacer :

– Laisse Emma en dehors de ça, et en ce qui concerne mes choix, je dirais plutôt que c’est toi qui m’as ouvert les yeux. C’est bien là la seule et unique chose pour laquelle je peux te dire merci.

S’approchant encore un peu, sa voix descendit pour n’être plus qu’un grondement :

– Reste loin d’elle Cassie. Ou sinon… je pense t’avoir donné une bonne idée de ce que tu risques, hum ? 

Cassie haussa un sourcil, imperturbable :

– Chantage. Tu vois, tu as beau prétendre le contraire, tu n’es pas si différente que nous.

Kate n’eut pas le temps de répondre qu’un bruit résonnant dans toute la bibliothèque les fit légèrement sursauter et elle tourna la tête pour voir Emma qui les observait, des livres à ses pieds, et un air d’incompréhension sur le visage. Elle secoua finalement la tête avant de les ramasser en vitesse puis partir sans le moindre regard en arrière.

– Et merde ! pesta Kate avant d’écarter sa chaise et partir à sa suite, ignorant le rire de Cassie qui se délectait visiblement de la situation.

💕

Elle venait tout juste de lever le nez du livre qu’elle avait sélectionné dans le rayon lorsqu’elle avait vu sa colocataire en compagnie de celle-là même qui avait décidé, pour une raison qu’elle ignorait, de faire d’elle son souffre-douleur. Elles étaient assises l’une en face de l’autre et leur position, étonnamment proche, avait tout de suite retenu son attention. Sa gorge s’était serrée devant cette connivence qu’elles dégageaient et elle s’était tout de suite sentie mal à l’aise. Puis Kate avait croisé son regard et elle était partie en courant sans un regard en arrière.

Le chemin du retour était passé dans un flash et maintenant qu’elle se trouvait à l’appartement, Emma le regretta aussitôt. L’endroit respirait Kate, de ses affaires qui trainaient sur la table basse, aux post-it multicolores qui parsemaient la porte du frigo, et pour une raison qu’elle ne sut s’expliquer, ces petits détails l’énervèrent plus encore.

Irritée, elle se laissa retomber sur le canapé et replia ses jambes sous elle avant de zapper dans l’espoir de trouver un programme qui l’aiderait à extérioriser cette tension qui l’habitait. L’ongle de son pouce vint trouver refuge entre ses dents, et elle s’apprêtait à abandonner l’idée lorsque la porte de l’appartement s’ouvrit et Kate pénétra à l’intérieur, légèrement essoufflée.

Emma tourna la tête dans sa direction et l’observa un moment avant de reporter son attention sur l’écran :

– Je croyais que tu avais cours, remarqua-t-elle, le ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu.

Kate haussa les sourcils, surprise par le ton employé, et elle hésita un instant avant de venir prendre place à ses côtés sur le canapé :

– Je voulais m’assurer que tu allais bien, t’es partie assez rapidement alors...  

– Et la réponse t’intéresse, ou tu me le demandes par simple politesse ?

Kate la dévisagea, incrédule :

– Bien sûr que ça m’intéresse. C’est quoi cette question ?

Emma garda le silence, le regard fixé sur l’émission culinaire qui passait à l’écran. En réalité, l’arrivée de Kate n’avait fait qu’attiser la colère qui l’habitait et elle luttait contre l’envie qu’elle avait de lui dire d’aller se faire voir et de la laisser tranquille. Pourtant, elle savait que son attitude n’était pas juste, que Kate ne méritait pas qu’elle passe ses nerfs sur elle, mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher.

Ce qu’elle avait surpris l’avait blessé, et ce qui l’énervait encore plus, c’est qu’elle ne savait pas pourquoi exactement.

Voyant qu’elle n’obtiendrait pas de réponse, Kate poursuivit :

– Ecoute, ce que tu as vu... c’est pas ce que tu crois.

– Pourquoi est-ce que tu la fréquentes ? l’interrompit soudainement Emma, le regard toujours fixé sur l’écran. Je croyais que tu la détestais.

– Je la fréquente pas, et tu le sais.

Sa réponse lui valut aussitôt un regard dubitatif.

– D’accord, laisse-moi reformuler ça alors, reprit Emma, sarcastique. Pourquoi est-ce qu’un jour, tu menaces de la gifler, pour la prendre littéralement dans tes bras le lendemain ?

– Je ne l’ai pas –

– Je sais ce que j’ai vu à la Bibliothèque, Kate.

Kate serra des dents et quand aucune réponse ne vint, Emma explosa :

– Tu sais quoi ? J’arrive pas à comprendre ce que tu peux foutre avec une nana aussi superficielle, vaine et égocentrique, qui ne pense qu’à son image et n’agit qu’en fonction de son profit ! Je pensais vraiment que tu valais beaucoup mieux que ça.

Kate croisa les bras sous sa poitrine avant de lui répondre d’une voix incroyablement calme. Le plus calme qu’elle réussit à produire, du moins car son instinct premier était de lui répondre à son tour, d’un ton pas spécialement amical, mais elle savait que cette réaction ne les mènerait nulle part mis à part envenimer les choses.

– Tu as terminé ?

Emma se renfonça dans le canapé, le regard de nouveau fixé sur l’écran, avant de répondre :

– Oui.

– Bien. Alors comme je l’ai déjà dit, je ne la fréquente pas. Et si je suis allée la voir, c’était certainement pas pour la serrer dans mes bras, mais pour lui dire de te laisser tranquille.

Les mots lui parvinrent et Emma se figea un instant avant de détacher son regard de l’écran pour le poser sur Kate, et elle remarqua aussitôt qu’elle était sérieuse vu l’air qui habitait son visage.

Un voile de culpabilité s’abattit sur elle et elle réalisa soudainement qu’elle s’était sentie trahie de voir Kate aussi proche de Cassie quand cette dernière ne cessait de faire de sa vie un enfer. Et si elle était totalement honnête avec elle-même, elle admettrait qu’elle se sentait également en danger. Dans sa ville… dans sa ville, elle n’avait plus personne et elle prit subitement conscience que sa plus grande peur était de perdre la seule amie qu’elle était parvenue à se faire ici, de perdre ce lien qui les liait l’une à l’autre. Un lien bien trop rare dans sa vie et qu’elle chérissait énormément. 

Seulement, elle n’avait aucun droit sur Kate, et elle sentit aussitôt le rouge lui monter aux joues quand elle repensa à la façon dont elle venait de la traiter.

– Mais pourquoi ? demanda-t-elle finalement, gênée.

Kate haussa les épaules.

– Tu es ma colocataire. Tu es mon amie. Ce sont des raisons suffisantes, non ?

Emma reposa aussitôt la télécommande qu’elle tenait entre ses mains avant de venir la prendre dans ses bras et la serrer fort contre elle. Elle sentit Kate la serrer en retour et elle déposa un baiser sur sa joue avant de se reculer, prenant ses mains dans les siennes :

– Je suis vraiment, vraiment désolée d’avoir réagi comme ça, s’excusa-t-elle sincèrement. Tu ne le méritais absolument pas, et… tu n’avais pas à aller la voir mais… merci. Ça me touche beaucoup.

Kate lui offrit un faible sourire :

– De rien, et c’est oublié, répondit-elle en serrant légèrement les mains qu’elle tenait dans les siennes. Enfin... à une condition.

– Laquelle ? s’inquiéta aussitôt Emma.

Kate fouilla un instant dans son sac avant d’en sortir son livre sur le Trivial Pursuit et elle le brandit aussitôt avant de sourire :

– Je veux ma revanche, s’exclama-t-elle, les yeux brillants.

Emma eut un vestige de sourire aux lèvres et elle secoua la tête, amusée :

– On a l’esprit de compétition à ce que je vois, dommage que tu n’aies aucune chance, taquina-t-elle.

Pour toute réponse, Kate se contenta de lui tirer la langue et choisir la première question, ignorant la petite voix dans sa tête qui ne cessait de lui répéter qu’elle n’avait pas été entièrement honnête concernant les raisons de sa petite visite auprès de Cassie...

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Commentaires
M
Toujours différent du souvenir que j'en ai, et toujours mieux ! :D
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