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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 8

Mercredi 05 Novembre 2003.

Kate finissait tout juste la crinière de son cheval en trois dimensions lorsque la sonnerie retentit, et elle s’empressa de récupérer ses affaires avant de suivre tout le monde vers la sortie. S’il y avait bien une chose pour laquelle elle était reconnaissante, c’était son talent pour le dessin. Un intérêt que ses parents n’avaient jamais compris, et lui avaient interdit d’envisager comme études, mais qui lui était bien utile quand elle s’ennuyait. Comme dans ce cours où je ne comprends rien, soupira-t-elle, néanmoins soulagée qu’il soit enfin arrivé à sa fin.

Pressée d’être le plus loin possible, elle accélérait tout juste le pas afin de passer la porte lorsqu’une voix grave résonna derrière elle :

– Mademoiselle De Lonay ?

Merde, Kate jura intérieurement et plaqua aussitôt un faux sourire sur ses lèvres avant de lui faire face, un sourcil haussé en signe d’interrogation :

– Mr Granger ?

Nonchalamment assis sur le rebord de son bureau, les mains croisées sur un livre qui reposait sur ses cuisses, l’homme lui fit signe du doigt de bien vouloir s’approcher, et attendit patiemment que Kate ait obtempéré avant de demander :

– Vous pourriez me rappeler le sujet du cours, s’il vous plaît ?

– Le sujet du cours ? répéta Kate, grimaçant intérieurement. Euh, bien sûr, c’était… hmm…

Un léger coup d’œil sur la droite, vers le tableau qui portait encore les traces de l’heure écoulée, lui donna aussitôt la réponse et elle récita consciencieusement :

– L’étude d’un extrait de « The Ballad of the Sad Café » de Carson McCullers. Eh, Dieu est peut-être une femme finalement, rit-elle intérieurement.

Son enseignant eut un sourire ironique.

– Vous vous croyez maline, n’est-ce pas, mademoiselle De Lonay ? répondit-il en penchant légèrement la tête sur le côté. Vos notes sont en chute libre depuis le début de l’année, vous pouvez m’expliquer ça ?

Kate se sentit aussitôt grimacer. J’aime pas l’Anglais ? J’aime pas votre façon de l’enseigner ? Erf, je ne peux pas répondre ça. Bon ben…

– J’ai accumulé beaucoup de lacunes au fil des années alors forcément... ça finit par se faire ressentir.

– Oh vraiment ? répondit l’enseignant, le ton de sa voix démontrant clairement qu’il n’y croyait pas du tout. Vous ne pensez pas plutôt que ça a quelque chose à voir avec votre manie de rêvasser pendant les cours ?  

Kate se contenta de le fixer en silence. Elle pourrait bien sûr dire qu’elle ne rêvassait pas mais qu’elle dessinait. Seulement, elle doutait fortement que ce genre de propos n’arrange ses affaires.

– Bon, je vais en discuter avec mes collègues et on verra ce qu’on peut faire pour vous, reprit l’enseignant en lui donnant un léger coup de livre sur l’épaule.

Kate ne put s’empêcher de tressaillir intérieurement. Beuh ça sent les cours de soutien ça.

– Allez filez, je vous ai assez vu pour aujourd’hui.

– Moi aussi, marmonna Kate entre ses dents avant d’ajouter, plus haut : Au revoir.

Elle eut à peine passé le pas de la porte que l’enseignant l’interpella cependant à nouveau :

– Oh une dernière chose.

Bon sang, il le fait exprès ou quoi ? Kate lui fit de nouveau face, un sourcil haussé.

– Oui ?

Il désigna son haut du menton.

– Très intéressant, votre t-shirt.

Kate l’étudia un instant avant de laisser un léger sourire apparaître sur ses lèvres lorsqu’elle aperçut son regard vert légèrement brillant.

– Merci.

– Mais de rien, je suis ravi de voir que la langue de Shakespeare ne vous est pas totalement étrangère finalement, ironisa l’enseignant avant de reprendre plus sérieusement. Estimez-vous heureuse d’avoir une attitude irréprochable et de bons résultats dans les autres matières, car avec vos résultats en anglais, j’aurais pu avoir un comportement beaucoup moins clément.

Kate se contenta de hocher la tête d’un air entendu avant de s’éloigner le long du couloir, jetant aussitôt un œil satisfait à son t-shirt. De couleur blanche, légèrement décolleté, il portait l’inscription rouge sang « My best subjects » suivit d’une liste de matières scolaires dont une seule était entourée : « Play truant ».

Rien que pour ça, il faisait partie de ses préférés.

Kate poussa finalement la lourde porte en métal avant de pénétrer dans la cour extérieure, et elle grimaça aussitôt lorsqu’elle réalisa, trop tard, qu’il pleuvait à torrent. Resserrant sa veste autour d’elle, elle traversa la cour aussi vite que possible, le tout en essayant d’éviter les flaques d’eau, puis monta les marches deux par deux afin de se mettre à l’abri dans le hall du bâtiment des dortoirs.

Des bribes de musiques et de conversations lui parvinrent et elle arrangea tant bien que mal ses cheveux avant de pénétrer dans le foyer, jetant aussitôt un œil alentour. Nonchalamment appuyée contre la fenêtre à l’autre bout de la pièce, Kate ne mit pas bien longtemps à la repérer, et elle conclut aussitôt qu’elle avait très certainement choisi d’occuper cette place-là afin de pouvoir observer toute la salle sans difficultés.

Elle s’empara d’un jeu de carte avant de venir s’assoir en face d’elle :

– Hé comment va ma BFF en cette journée merveilleusement ensoleillée ? taquina aussitôt Eva en tendant une main afin d’écarter une mèche rebelle du visage de Kate.

– Merci, répondit aussitôt Kate avant de grimacer. Et justement, je sors tout juste du cours d’anglais où je viens de me faire magistralement remonter les bretelles.

La jeune surveillante haussa les sourcils avant de poser ses avant-bras sur la table et plisser les yeux :

– Raconte. Qu’est-ce Mister Power Ranger Orange a fait à ma petite protégée ?

– Orange ? ricana aussitôt Kate. Pourquoi orange ?

Eva haussa les épaules :

– Il a les cheveux roux. Alors ?

Kate secoua la tête, amusée avant de soupirer :

– Mes résultats sont catastrophiques en anglais, je crois qu’il va m’obliger à suivre des cours de soutien.

– Ah, répondit Eva, avant de s’emparer du jeu de cartes que Kate tenait toujours entre ses mains. Qu’est-ce que tu comptes faire si c’est ça ? Accepter ou faire comme l’an dernier et leur dire d’aller se faire voir ?

Kate eut la décence de rougir légèrement :

– Bataille ? demanda-t-elle lorsqu’Eva déposa un tas de cartes devant elle, avant d’ajouter lorsqu’elle acquiesça : je sais pas, Emma a déjà proposé de m’aider alors...

– Ah ouais ? s’étonna aussitôt Eva avant de sourire. C’est une bonne nouvelle ça, elle cartonne pas mal en anglais.

– Elle cartonne partout, corrigea Kate, déposant une première carte sur la table. Sauf en maths, mais j’ai proposé de l’aider moi aussi.

Eva hocha la tête d’un air appréciateur :

– C’est bien ça, je suis contente que vous vous entendiez bien comme ça toutes les deux.

– Moi aussi, acquiesça Kate, avant d’hésiter. Et justement, en parlant de ça... j’aurais besoin de ton aide.

Eva leva aussitôt les yeux vers elle avant de sourire légèrement :

– Je me disais bien qu’il y avait quelque chose, je viens de te piquer deux rois et t’as toujours pas fait la moue.

– Je fais pas la moue ! protesta aussitôt Kate avant de tirer la langue lorsqu’Eva lui offrit aussitôt un regard appuyé. Merde.

– Bon, alors explique-moi, reprit plus sérieusement Eva. Tu as des ennuis ?

Kate secoua négativement la tête :

– Pas moi.

– Emma ? s’alarma aussitôt Eva.  

– En quelque sorte, admit Kate. Je t’avais dit au début de l’année que Cassie avait eu des remarques déplacées envers elle, tu te souviens ?

Eva hocha positivement la tête et elle poursuivit :

– Eh bien, elle a recommencé, des paroles blessantes, encore. Je suis allée la voir mais…

– Tu as peur qu’elle recommence.

– Oui.

– Et tu viens me voir pour savoir si je ne pourrais pas faire quelque chose.

– Oui.

La jeune surveillante soupira :

– Crois-moi Kate, j’aimerai bien, mais ça va être difficile. Même si je demandais aux autres surveillants de garder un œil sur elle, il est difficile de déterminer le genre de conversation que les jeunes peuvent avoir au beau milieu d’un couloir. Elle pourrait déposer une plainte mais honnêtement…

– Oui ?

– Avec son profil, et je suis désolée de le dire, mais elle ne sera pas prise au sérieux. Sans compter que Cassie est une élève exemplaire qui s’investit dans la vie de l’établissement.

Kate serra des dents avant de demander :

– Bon, et si j’appuyais sa plainte ? J’étais présente, après tout.

– Elle n’aurait rien de plus qu’un avertissement. Je suis désolée, Kate.

Kate hocha légèrement la tête :

– C’est rien, je m’en doutais. Mais merci quand même.

Le jeu reprit entre elles mais au vu du silence qui s’éternisait et de la façon dont Kate se mordillait nerveusement l’ongle du pouce, Eva devina qu’il y avait plus, et que ce quelque chose tracassait grandement la jeune adolescente.

– Bon, et si tu crachais le morceau avant que ton pouce ne finisse par disparaître ? demanda-t-elle, un léger sourire sur ses lèvres.

Kate l'observa quelques secondes, indécise, avant de laisser son regard retomber sur ses cartes qu’elle tournait entre ses mains et Eva haussa les sourcils de surprise. Ce genre de comportement ne ressemblait pas, mais alors pas du tout à la Kate qu’elle connaissait, et elle passa les cinq minutes suivantes à chercher de quoi il pouvait bien s’agir avant de soudainement relever la tête.

– Laisse-moi deviner, commença-t-elle d’un ton prudent. Emma n’a aucune idée de ce qui te lie à Cassie, c’est ça ?

Kate lui jeta un rapide coup d’œil avant de hocher la tête. 

– Et tu as peur de sa réaction quand elle l’apprendra.

Un nouveau hochement de tête lui répondit et Eva tendit une main afin de la poser sur le bras de Kate, un air empli de compassion se dessinant sur ses traits :

– Qu’est-ce que tu comptes faire ?

– Je sais pas. J’ose même pas imaginer sa réaction, Cassie est la fille qu’elle déteste le plus au monde !

– Tu ne peux pas décider pour elle de la réaction qu’elle aura, Kate, tempéra calmement Eva. De quoi as-tu peur ?

Il y eut un long silence avant que la réponse n’arrive.

– Qu’elle fasse comme mes parents, murmura Kate.

– Tes parents sont des imbéciles, coupa Eva d’un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu.

Elle poursuivit, le ton plus doux.

– Ecoute-moi Kate, Emma n’est pas tes parents, et pour le peu que j’en ai vu, c’est une jeune femme intelligente. Et je ne parle pas de ses résultats scolaires, précisa-t-elle dans un léger sourire. Tu penses sincèrement qu’elle aurait la même réaction ?

– Je… je crois pas, hésita Kate avant de relever un regard perdu vers elle. J’espère pas.

Eva soupira. De toutes les personnes présentes à La Lumeda, elle était la seule – en dehors de Madame L’Impératrice et de Cassie – à connaître la véritable raison de la présence de Kate au sein de l’établissement et elle était également la seule auprès de qui elle se confiait. La Kate qui apparaissait désormais devant elle faisait montre d’une vulnérabilité déchirante qu’Eva n’avait pas vue depuis bien longtemps. D’un côté, et même si cela était complètement paradoxal, elle en était contente car cela montrait que Kate s’était enfin liée d’amitié avec quelqu’un, elle qui avait toujours été seule depuis son arrivée à La Lumeda. Mais d’un autre côté, cela prouvait également qu’elle avait été profondément marquée par le comportement de ses parents à son égard, et que malgré le temps qui passait, la plaie avait visiblement beaucoup du mal à cicatriser.

Eva ne connaissait pas ses parents, mais elle les détestait sérieusement pour ça.

– J’ai jamais eu de vrais amis tu sais, reprit Kate, le regard lointain. Enfin, disons qu’on les choisissait pour moi. Emma… Emma m’apprécie pour qui je suis réellement, pas parce que je suis la fille du célèbre Charles De Lonay.

Elle fit une pause avant d’ajouter :

– J’ai pas envie de perdre ça.

Eva jeta un œil alentour avant de prendre discrètement la main de Kate dans la sienne et la serrer légèrement :

– Je suis sincèrement contente d’entendre ça tu sais, il était temps que tu trouves quelqu’un qui compte vraiment.

– Tu comptes aussi –

– Je sais, sourit aussitôt Eva. Mais Kate, ma belle, fais lui un peu confiance tu veux ?

Kate hésita avant de hocher légèrement la tête :

– J’ai envie de lui faire confiance, mais... c’est pas toujours évident, tu sais ?

– « Dupe-moi une fois, honte à toi. Dupe-moi deux fois, honte à moi. » hein ? sourit Eva. Je sais bien ma belle, quand on a été blessé comme tu as pu l’être, c’est pas évident d’accorder sa confiance à nouveau.

Kate serra la main d’Eva à son tour, rassurée de voir qu’elle comprenait, avant de récupérer ses cartes et reprendre la partie.

– Il y a autre chose, poursuivit-elle après avoir déposé un quatre de cœur qu’Eva lui vola aussitôt.

– Ah ?

– Hmm. Il y a eu des fuites auprès des surveillants, Cassie a eu accès à des informations qu’elle n’aurait jamais dû savoir.

Eva releva aussitôt les yeux vers elle, les sourcils haussés :

– Concernant Emma je présume ?

– Oui.

La jeune surveillante réfléchit un instant avant de reporter son attention sur Kate :

– J’ai ma petite idée sur qui aurait pu vendre la mèche, je m’en occupe.

– Merci, t’es géniale Eva, répondit aussitôt Kate en exerçant une légère pression sur son bras. Bon, maintenant que je t’ai dit tout ce que j’avais à te dire, que dirais-tu d’une véritable partie maintenant ? demanda-t-elle en désignant le jeu de carte. Poisson ?

– Et comment, mademoiselle la buissonnière, répondit aussitôt Eva, les yeux brillants.

Kate lâcha un léger rire avant de redistribuer les cartes.

Parfois, il n’y avait rien de mieux que de passer un bon moment en compagnie d’une très bonne amie, aussi fofolle soit-elle.

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