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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 14

Le couloir était désert et sombre, à l’exception des petites veilleuses indiquant les sorties de secours, ainsi que du halo de la lampe qui zigzaguait en un va-et-vient incessant. Les sens en éveil, la sombre silhouette avançait d’un pas tranquille, ses chaussures résonnant légèrement sur le sol fraîchement lavé.

Son regard s’arrêta sur une porte située un peu plus avant et elle fut surprise de devoir résister à l’envie de laisser tomber son tour de garde et… un sourire se dessina automatiquement sur ses lèvres. Et finir la nuit d’une façon définitivement plus agréable.

Elle secoua légèrement la tête. Je suppose que je vais devoir attendre pour ça, soupira-t-elle intérieurement avant qu’un sourire malicieux n’apparaisse à nouveau sur son visage. Je pourrais emmener des fraises, avec du chocolat fondu… Son sourire s’agrandit lorsqu’elle repensa à une précédente soirée où le miel qu’elle avait apporté avait finalement servi à des fins bien plus agréables qu’un simple ajout dans leurs tasses de lait chaud.

Elle hocha distraitement la tête. Ou rapporter du miel.

Un bruit attira soudainement son attention et elle sursauta légèrement avant de s’arrêter, surprise de l’entendre continuer alors que ses pieds étaient immobiles. Perplexe, elle balaya le couloir de sa lampe avant de se retourner pour effectuer la même opération de l’autre côté, désormais persuadée de ne plus être seule.

Une main se posa aussitôt sur ses lèvres et elle dut se retenir pour ne pas crier, éclairant à la place le visage de son assaillant qui porta aussitôt ses mains à son visage dans un grognement incompréhensible.

– Arg Eva ! C’est moi bon sang !

Eva haussa aussitôt les sourcils avant de chuchoter, incrédule :

– Kate ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! Tu m’as foutu les jetons, en plus !

Kate se frotta un instant les yeux avant de se rapprocher et Eva remarqua aussitôt qu’elle était vêtue de noir de la tête aux pieds, un bonnet qu’elle ne lui connaissait pas recouvrant même le dessus de sa tête. Oh bon sang, elle ne fait jamais les choses à moitié, pensa-t-elle intérieurement, tiraillée entre l’envie de rire et de secouer la tête de dépit.

– Ils ont augmenté la surveillance ou quoi ? C’est quoi ces spots qui parcourent l’ensemble de la propriété ? On se croirait à Supermax.

– Ouais bien ils se sont peut-être aperçu que certains élèves s’amusaient à sortir pendant la nuit, rétorqua aussitôt Eva en lui offrant un regard appuyé.

Kate eut au moins la décence de légèrement rougir.

– Bon, qu’est-ce que tu fais là sinon ? reprit Eva. Je croyais que tu avais arrêté tes sorties nocturnes l’année dernière.

– C’est le cas, admit Kate avant de se mordre l’intérieur de la joue. Mais cette fois-ci, j’ai pas vraiment eu le choix.

– Pas vraiment eu le choix ? répéta Eva, sceptique, avant de soupirer. Bon sang Kate, si ça n’avait pas été moi, tu aurais pu t’attirer des ennuis. Tu sais bien qu’une fois le couvre-feu passé, vous n’avez pas le droit de sortir de vos logements.

– Je sais, rétorqua aussitôt Kate avant de lui offrir un regarda appuyé. Mais je sais aussi que tu ne me dénonceras pas.

Un soupir accompagna la réponse :

– Rappelle-moi pourquoi je te laisse me faire du chantage déjà ?

– Parce que les relations surveillante/élève sont interdites et que tu pourrais perdre beaucoup si ça venait à se savoir, répondit Kate d’un ton détaché. Tout comme elle. Comment ça se passe entre vous d’ailleurs ?

Eva ne put s’empêcher de rire :

– Tu es incroyable, tu le sais ça ? Tu me menaces pour ensuite me demander comment ça va entre nous, ajouta-t-elle en secouant la tête.

Kate se contenta de hausser les épaules, un léger sourire sur les lèvres. Un an auparavant, quelques jours seulement après son arrivée à La Lumeda, elle était sortie pendant la nuit afin de rejoindre une chambre située à l’étage inférieur. Mais à peine avait-elle tourné au coin du couloir qu’elle s’était aussitôt figée sur place, surprise de voir la surveillante principale de la pension embrasser l’une de ses camarades de classe à pleine bouche et ce au beau milieu du corridor.

Son hoquet d’incrédulité l’avait trahie, et les deux jeunes femmes avaient aussitôt tourné la tête dans sa direction, la peur et l’embarras se dessinant sur leurs visages. Puis, réalisant qu’elles avaient toutes, chacune à leur façon, désobéit au règlement intérieur, elles avaient fini par se mettre d’accord et promettre à l’autre de ne jamais prononcer le moindre mot sur ce qu’elle avait bien pu bien faire cette nuit-là.

Mais bien vite, à force de se croiser au détour de ce même couloir, elles en avaient fini par devenir amies et fermaient simplement les yeux, se protégeant les unes les autres. 

– Bon, qu’est-ce que tu veux? reprit la jeune surveillante.

– J’ai besoin d’un double de clés.

Eva secoua aussitôt la tête :

– Hors de question.

– Ouais, je m’en doutais, soupira Kate avant de supplier. Bon, ouvre-moi la porte toi-même alors ?

– Kate... et puis pourquoi est-ce que tu ne frapperais pas, tout simplement ?

Un rire sans humour accompagna la réponse :

– Je peux pas, c’est une visite surprise.

– Cassie ?

Kate secoua négativement la tête :

– Non, suis-moi, répondit-elle avant d’être aussitôt retenue par le bras.

– Kate, si tu avais des ennuis, tu me le dirais, pas vrai ? s’inquiéta Eva.

Kate la considéra un moment avant de légèrement sourire :

– Je sais que je peux compter sur toi, et je te remercie sincèrement pour ça, répondit-t-elle en prenant sa main dans la sienne et en la serrant légèrement. Mais ça va, je m’en occupe. Tu viens ?

Eva hésita un instant avant de hocher la tête et elles s’enfoncèrent dans l’obscurité du couloir.

💕

Une fois arrivée dans la chambre plongée dans l’obscurité, Kate s’empara de l’une des chaises de bureau qu’elle positionna silencieusement entre les deux lits, avant de l’enjamber et poser ses avant-bras contre le dossier. Avec sa tenue entièrement composée de noir, et le bonnet encore présent sur sa tête, elle se doutait fortement de l’effet qu’elle allait produire et elle alluma la lampe torche qu’Eva lui avait prêtée dans un petit rictus amusé.

La réaction qu’elle attendait ne mit pas bien longtemps à arriver, et Kate prit bien soin de positionner le halo de lumière droit devant elle afin de ne pas être tout de suite reconnue lorsque les deux adolescentes ouvrirent péniblement les yeux.

Mélanie fut la première à se redresser d’un bon, l’appréhension clairement visible sur son visage :

– Qu-qui... qu-qu’est-ce que... qu’est-ce vous voulez ? balbutia-t-elle en portant une main à son visage afin de se protéger de la lumière. E-et comment vous êtes entré d’abord ?

Kate lui offrit aussitôt un regard appuyé, même si elle savait pertinemment que Mélanie ne pouvait la voir :

– Y a pas besoin d’être MacGyver pour savoir forcer une serrure, mentit-elle. Après, j’admets... c’est peut-être pas aussi impressionnant que votre petit coup d’état dans la laverie tout à l’heure... mais ça a son petit effet, hein ? sourit-elle froidement.

Mélanie jeta un coup d’œil peu rassuré en direction de sa sœur avant de demander :

– Qu’est-ce que tu veux ? hésita-t-elle, ayant aisément reconnu la voix de Kate.

– Ce que je veux ? répéta Kate, pensive avant de se redresser et appuyer sur l’interrupteur afin d’illuminer la pièce. Plusieurs choses, mais on va commencer par quitter la chambre et aller s’installer dans la cuisine. Car quitte à discuter, autant le faire de façon civilisée, hein ? Pas comme vous avez pu le faire ce soir.

Ses dernières paroles claquèrent dans le silence de la chambre et deux hochements de tête dociles lui répondirent, la poussant à quitter la pièce pour rejoindre la cuisine qu’elle alluma aussitôt. Après un rapide coup d’œil dans les placards, elle s’affaira à préparer trois tasses de thé avant de prendre place autour du bar et reprendre là où elle s’était arrêtée :

– Bon, je vais pas tourner autour du pot alors... qu’est-ce qu’elle vous offre ?

Deux regards confus lui répondirent avant que Julia ne demande, ses cheveux roux légèrement en bataille face au peu de sommeil auquel elle avait eu droit :

– Comment ça « qu’est-ce qu’elle nous offre » ?

– Soit vous avez vous aussi une dent contre Emma pour une raison que j’ignore, soit elle vous fait du chantage pour obtenir de vous tout ce qu’elle veut. Alors ?

Leurs regards presque aussi verts que celui d’Emma se croisèrent et Kate fut un instant distraite par cette étrange façon qu’elles avaient de toujours parvenir à discuter sans même prononcer le moindre mot, avant de se passer une main sur le visage et soupirer :

– Dites-moi ce que c’est, je l’utiliserai pas contre vous. C’est promis.

– Après ce qu’on vient de faire ce soir, tu crois sérieusement qu’on va gober ça ? répondit aussitôt Mélanie, sceptique.

Kate haussa les épaules puis prit une gorgée de son thé à l’orange avant de répondre :

– C’est pas contre vous que j’en ai, même si j’hésiterai pas à vous faire tomber si vous continuez.

– Faudrait déjà que tu puisses prouver que c’est nous.

– Peut-être que je le peux déjà, répondit Kate en la regardant droit dans les yeux avant de déposer un objet noir sur le bar. T’as même pas pris soin de la nettoyer avant de la ranger dans tes affaires.

Julia sentit aussitôt son visage pâlir et elle déglutit difficilement avant de relever les yeux vers Kate :

– D’accord, mais si on te dit tout, tu dois nous promettre de ne jamais nous dénoncer.

– Julia ! s’exclama aussitôt Mélanie. Si on la suit elle, c’est Cassie qui va nous faire tomber, gronda-t-elle.

Kate haussa un sourcil avant de croiser les bras sur sa poitrine et afficher un sourire satisfait :

– Alors elle vous tient en effet par le bout de la b..., grimaça-t-elle avant de remuer une main dans les airs. Bref, vous avez saisi l’idée. Comment elle s’y est prise ?

– Elle nous fournit les corrigés avant chaque examen.

– Julia !

Julia ignora sa sœur pour poursuivre :

– On n’est pas du genre très studieuse alors... Mais elle s’est rapidement arrangée pour que ce soit nous seules qui tombions si on arrêtait soudainement de la suivre.

– Comment ? s’étonna aussitôt Kate. Et puis comment est-ce qu’elle se les procure ?

Julia lui offrit un regard sarcastique :

– T’es pas la seule à t’avoir mis Eva dans la poche je te signale.

– Eva ne ferait jamais ça, gronda aussitôt Kate en se penchant dangereusement vers elle.

– T’es sûre ? la défia aussitôt Julia à son tour. Cassie passe plus de temps dans son bureau que n’importe quel autre élève. Et puis c’est pas comme si elle était irréprochable, elle se tape une élève après –

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Kate l’empoigna soudainement par le col de son t-shirt avant de la regarder droit dans les yeux :

– J’en suis certaine, énonça-t-elle clairement, les dents serrées, avant de soudainement la relâcher. Alors laisse-là en dehors de ça.

– Y a forcément quelqu’un qui l’aide, remarqua Mélanie, son regard dévoilant clairement qu’elle n’avait pas apprécié ce qui venait de se passer.

Kate hocha la tête :

– Celui-là même qui a appris à Cassie qu’Emma n’avait jamais connu son père, j’imagine. Et rien ne dit que c’est un surveillant. Ça pourrait tout aussi bien être un prof.

Elle prit un air pensif avant de reporter son attention sur les jumelles :

– Aucune idée de qui ça pourrait être ?

– Certains profs ont des rubriques au sein du journal, proposa Mélanie. Elle aurait pu tisser des liens là. Mais à mon avis, je penche plus pour un surveillant. Ils ont accès à la salle des profs après tout.

– Je mettrai Eva sur le coup, répondit Kate, défiant Julia du regard de l’interrompre. Et en ce qui vous concerne, je ne dirais rien à personne. Que ce soit ce qu’il s’est passé ce soir, ou cette histoire avec Cassie. Mais en contrepartie, vous laissez Emma tranquille. Et si j’apprends que vous avez posé ne serait-ce qu’un regard sur elle...

Elle récupéra la tondeuse avant d’hausser un sourcil :

– J’ai pas besoin de continuer le fil de ma pensée, hmm ?

– On avait déjà décidé d’arrêter hier soir, marmonna Julia en croisant les bras sous sa poitrine. Cassie nous avait dit qu’elle voulait simplement lui faire peur, pas qu’elle passerait réellement à l’acte. 

Kate fit la moue :

– Ouais ben ça vous a pas empêché de l’aider quand même.

Julia détourna le regard, mal à l’aise :

– Elle a dit qu’elle voulait simplement te faire passer un message.

– Eh bien la prochaine fois, elle viendra me le dire elle-même, coupa aussitôt Kate, sa curiosité néanmoins piquée. En attendant, si j’étais vous, je ferais profil bas la concernant.

Mélanie eut un rire dénué d’humour :

– Ça va pas être évident de lui dire sans arrêt « non » si on veut pas qu’elle nous dénonce en retour.

Kate se mordit l’intérieur de la joue avant de soudainement sourire :

– Elle est pas censée savoir que j’ai récupéré la tondeuse. A vous de faire jouer ça en votre faveur. Je compte m’occuper d’elle très bientôt de toute façon.

Les jumelles échangèrent un regard avant de sourire à leur tour :

– Je crois bien qu’elle a sous-estimé à qui elle avait à faire, en tout cas, répondit Julia en levant les yeux vers Kate. T’es aussi machiavélique qu’elle.

Kate se contenta d’afficher un sourire en coin avant de se redresser puis glisser la tondeuse dans la poche arrière de son jean.

Elle avait définitivement l’intention de prendre ça comme un compliment.

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