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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 28 : Let’s get this show on the road! (partie 2)

– C’est impressionnant comme il peut faire chaud dans ce genre d’endroit, remarqua Emma, l’air frais de la nuit caressant son visage de manière agréable tandis que ses jambes se balançaient en un va-et-vient incessant contre le petit muret sur lequel elle était assise.

Eva prit appui contre l’aile de sa voiture avant de tourner la tête dans sa direction, le visage rendu rose sous l’éclairage des néons de l’Afrodisiack qui se reflétait sur le parking.

Elle lui offrit un regard brillant :

– Il est vrai que tu sais faire monter la température, taquina-t-elle.

Emma sentit aussitôt la chaleur lui monter aux joues et elle cacha son visage entre ses mains.

– Hungh, vous n’allez jamais me laisser tranquille avec cette histoire, hein ? gémit-elle.

Eva posa un doigt sur son menton et fit mine de réfléchir :

– Hmm... non, c’est beaucoup trop amusant pour que je te lâche la grappe aussi facilement, sourit-elle avant de lever yeux vers les étoiles étonnamment visibles dans le ciel et soupirer. Mais je peux te promettre d’arrêter si tu m’assures que tu m’en voudras pas pour ce que je vais t’annoncer d’ici peu.

Si Emma n’avait pas vu l’expression soudainement si sérieuse qui habitait désormais le visage d’Eva, elle l’aurait vite deviné par le son de sa voix qui véhiculait clairement le même sentiment.

Elle sentit aussi l’inquiétude monter en elle.

– Comment ça ? demanda-t-elle.

Eva lui jeta un rapide coup d’œil avant de commencer :

– Ne prends pas ce que je vais dire dans le mauvais sens, mais au fond de moi, j’ai toujours espéré que Cassie et Kate se remettraient ensemble.

Malgré le fait que son visage se trouvait dans l’obscurité, la discothèque se trouvant juste derrière elle, Eva n’eut aucun mal à voir Emma tiquer sur ses propos et elle se pressa de poursuivre.

– Lorsque j’ai trouvé Kate en pleurs au beau milieu de ce couloir sombre cette nuit-là, lorsqu’elles ont rompu, je me suis promis de ne plus jamais laisser qui que ce soit, ou quoi que ce soit la faire souffrir de la sorte. Son bonheur est primordial, pour moi.

– Pour moi aussi, se pressa d’indiquer Emma.

– Je sais, sourit Eva, tendant le bras afin de prendre la main de l’adolescente dans la sienne. Mais depuis cette nuit-là, Kate a fait tout son possible pour se construire cette bulle de solitude afin de ne plus souffrir à nouveau. Elle sait être très rancunière et têtue lorsqu’elle le désire.

Elle vit Emma ouvrir la bouche et elle se pressa d’ajouter :

– Je ne dis pas qu’elle a eu tort d’agir ainsi, Dieu sait qu’il lui manquait des pièces du puzzle, des pièces indispensables, même. Mais j’ai longtemps pensé qu’elles étaient faites l’une pour l’autre, malgré tout, et qu’elles se retrouveraient.

Emma laissa son regard  retomber sur ses mains croisées sur ses cuisses avant de demander :

– Et maintenant ?

Les mots lui parvinrent faiblement et Eva grimaça avant de poser un doigt sous le menton de l’adolescente et relever son visage afin de croiser son regard.

– Emma, ma belle, je ne te dis pas tout ça afin de soulever des insécurités, bien au contraire. Laisse-moi finir mon histoire, d’accord ?

Emma se contenta de hocher la tête.

– J’ai donc continué à espérer qu’elles se remettent ensemble un jour, en étant là l’une pour l’autre en attendant. Seulement, plus le temps passait, plus Kate s’éloignait de ceux qui l’entouraient.

Elle eut un sourire dénué d’humour.

– Elle n’est amie avec Liz que depuis peu, tu sais ? Même elle, elle ne voulait pas l’approcher. Bien sûr, il y a eu cette histoire de baiser entre elle et moi, mais même sans ça, je sais que Kate n’aurait pas fait le moindre effort. Alors... j’ai décidé d’intervenir et changer le peu que je pouvais modifier.

Elle prit une profonde inspiration et tourna la tête vers Emma afin de la regarder.

– Je lui ai attribué une colocataire en espérant qu’elle tisse des liens d’amitié avec elle. Et je pense que de ce côté-là, j’ai plutôt bien réussi, hein ? sourit-elle.

Emma ne put empêcher la rougeur qui lui monta aux joues, ainsi que le petit sourire qui étira ses lèvres, et elle hocha frénétiquement la tête. Eva lâcha un léger rire avant de poursuivre :

– Seulement, je n’ai pas pris tous les détails en considération. Et j’en suis sincèrement désolée, Emma. Si j’avais su... Si j’avais su ce que tu allais endurer, ce que cette colocation allait te coûter, jamais je n’aurais pris cette décision. J’aurais dû me douter que Cassie...

– Eva arrête, l’interrompit Emma en levant une main avant de la porter à son visage et secouer la tête. Ce n’est pas étonnant que Kate et toi vous vous considériez comme des sœurs, vous êtes littéralement indissociables sur certains points.

Eva lui lança un regard mêlant perplexité et interrogation :

– Hein ?

– Kate passe son temps à se sentir responsable de tout ce qui peut bien m’arriver de négatif, et tu es en train de faire exactement la même chose, expliqua Emma dans un léger sourire.

– Emma...

– Non, c’est la vérité Eva, et tu le sais. Personne n’aurait pu prévoir la réaction que Cassie allait avoir, et aucune d’entre nous n’en est responsable. Si ce n’est Cassie. Même si... même si je peux arriver à comprendre pourquoi elle a fait tout ça. Elle a beaucoup souffert, elle aussi.

Elle se leva et se posta devant Eva afin de prendre ses mains dans les siennes.

– Avant de venir à La Lumeda, je n’avais plus rien. Il m’avait pris le peu que j’avais. Grâce à toi, j’ai trouvé l’amour, le vrai, sincère et unique, et des amies en or que j’espère sincèrement garder pendant très, très, très longtemps. Tu m’as rendu ma vie, Eva. Alors s’il te plaît..., ne regrette pas un seul instant la décision que tu as prise, car je ne te remercierais jamais assez pour ça.

Eva se contenta de hocher imperceptiblement la tête, les larmes aux yeux, avant de prendre Emma dans ses bras et la serrer fort contre elle.

– Je suis vraiment contente que Kate t’ait trouvée, tu sais, déclara-t-elle avant de se reculer et reprendre les mains d’Emma dans les siennes. Je pense qu’on sait assez bien toutes les deux combien Kate peut parfois être... volcanique, sourit-elle. Tu lui permets de trouver son équilibre, j’espère que tu en as conscience.

Emma haussa les sourcils.

– Je... hmm, je ne sais pas, je n’y avais jamais pensé, en fait.

– Fais-moi confiance, répondit Eva en lui faisant un clin d’œil. Et puis, ne va pas croire que je ne sais pas ce que signifie ton nom de famille.

La mâchoire d’Emma se décrocha.

– Tu le sais ? s’étonna-t-elle.

– Hmm, sérénité, tranquillité, calme. C’est bien ça ?

Elle vit Emma hocher la tête, médusée.

– Il te va bien, ajouta-t-elle sincèrement.

L’adolescente se frotta maladroitement la joue.

– Merci. Pour les Japonais, il est la représentation de la femme jalouse, alors les significations, tu sais..., grimaça-t-elle.

Eva lâcha un rire :

– Hmm, mais là, il s’agit du nom, pointa-t-elle. Et il te va comme un gant.

– Arrête d’essayer de me faire rougir, répondit Emma en lui mettant un coup amical dans les côtes.

Eva cligna des paupières, feignant un air innocent.

– J’ai jamais dit que c’était ce que j’essayais de faire, rétorqua-t-elle, retenant difficilement un sourire. Mais pour en revenir à nos moutons, je disais donc que je pensais que Kate et Cassie étaient faites pour être ensemble. J’avoue, je suis loin d’avoir toujours raison, taquina-t-elle. Mais... elles partagent quelque chose de fort toutes les deux, tu sais.

Emma hocha légèrement la tête :

– Je sais, admit-elle. Elles sont très proches.

– Hmm, acquiesça Eva. Et je pense qu’elles veulent vraiment retrouver cette amitié qu’elles ont perdue cette dernière année, et que ça leur ferait du bien.

Emma leva aussitôt les yeux vers elle, l’étudiant un instant. Ça sent la grande sœur qui donne une leçon de moralité tout ça...

– C’est le moment où tu me dis de soutenir Kate et de ravaler toute jalousie ou insécurité ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

– Non, pas vraiment, répondit Eva en secouant la tête. Je n’ai certainement pas à te dicter ta conduite, et je ne le ferai pas. C’est juste que, quelle que soit la décision de Kate vis-à-vis de Cassie, tu n’as pas à te sentir menacée. Elle t’a dans la peau, ma petite sœur, tu peux être sûre de ça, sourit-elle.

Emma se sentit sourire à son tour :

– Tant mieux, parce que moi aussi.

– Non, vraiment ? Heureusement que tu me le dis parce que je n’avais pas remarqué, taquina Eva en la chatouillant légèrement au niveau du ventre. Une dernière chose, pendant que j’y pense. En ce qui concerne Cassie, libre à toi de lui faire confiance ou non, je sais combien ça peut être difficile après s’être vu traitée de la sorte. Mais... ne la déteste pas, Emma, d’accord ? La seule chose que ça t’apporterait, c’est que ça te rabaisserait, et tu es bien trop précieuse pour ça, ajouta-t-elle dans un clin d’œil.

 Emma se gratta maladroitement le sourcil.

– Merci, répondit-elle sincèrement. Cassie m’a promis de ne plus me faire souffrir, j’ai choisi de la croire.

Eva hocha légèrement la tête, les yeux brillants, et elle s’essuya aussitôt les joues lorsque les larmes débordèrent.

– Eva ? s’inquiéta aussitôt Emma en essayant de croiser son regard. J’ai dit quelque chose de mal ?

Eva secoua négativement la tête avant de venir l’embrasser sur la joue.

– Ce sont des larmes de soulagement, t’inquiète pas, la rassura-t-elle avant de sourire. Et vous, poursuivit-elle en mettant une légère tape sur le nez d’Emma, vous êtes bien trop intelligente pour votre bien, mademoiselle Harrison.

Emma se sentit rougir.

– Je vous retourne le compliment, mademoiselle Andreone. Il a quelle signification ton nom d’ailleurs ? demanda-t-elle soudainement.

– Hmm, je pense ne rien t’apprendre en te disant qu’il est d’origine Italienne, répondit Eva en passant un bras autour des épaules d'Emma et en commençant à marcher doucement vers la discothèque.

– En effet, sourit Emma.

– Eh bien, il signifie le courage, la beauté et...

Emma dut tendre l’oreille pour entendre le dernier mot et elle haussa aussitôt les sourcils lorsqu’il lui parvint. Elle retint difficilement un rire.

– J’ai bien entendu ce que j’ai entendu ? demanda-t-elle.

– Emma...

– Non, non, redis-moi ça plus haut.

Eva plissa des yeux avant de marmonner à nouveau :

– La virilité.

Emma éclata de rire avant de se forcer au calme lorsqu’elle vit qu’Eva s’était arrêtée, les bras croisés sous sa poitrine et un air renfrogné sur le visage.

– Excuse-moi, lâcha-t-elle en s’essuyant les yeux et se rapprochant d’elle. Mais avoue que c’est quand même quelque chose.

Eva plissa des yeux.

– Bon, bon, reprit Emma en levant les mains en signe d’apaisement. Dis-toi que le prénom importe plus, et de ce côté-là, tu n’as pas à te plaindre.

Source de vie. Eva se sentit sourire.

– C’est vrai, admit-elle, sa bonne humeur restaurée. Et Emma ?

– Origine germanique, signification hébraïque : Dieu est avec nous. Si c’est pas ironique ça, pour une agnostique, hein ?

Ce fut au tour d’Eva de lâcher un rire avant de glisser de nouveau son bras autour des épaules d’Emma tandis que l’adolescente faisait de même autour de sa taille.

– Disons qu’on fait la paire, comme ça, répondit-elle. Rien de plus ironique qu’un nom signifiant « virilité » quand tu es une femme, ajouta-t-elle en secouant la tête.

Emma retint le rire qu’elle montait de nouveau en elle.

– Ouais, sourit-elle. Je me demande si « Kate » signifie volcanique...

Elle échangea un regard en coin avec Eva avant qu’un fou rire ne s’empare d’elles à nouveau.

💕

Eva reposa son verre après en avoir pris une gorgée.

– Bon, il y a une petite chose qu’il faut que je vous dise..., commença-t-elle en adoptant un air mystérieux. J’aime lorsqu’une soirée se termine dans la bonne humeur, alors histoire de rire un peu, j'aimerais que chacune d’entre nous partage l’un des moments les plus embarrassants de sa vie, finit-elle dans un grand sourire.

Kate haussa aussitôt un sourcil :

– Rire des autres, c’est comme ça que tu conçois le fait de finir la soirée dans la bonne humeur ? taquina-t-elle, le regard brillant.

Eva se contenta de lui tirer la langue.

– Dans tous les cas, poursuivit Cassie, amusée. On connaît déjà ton histoire, mademoiselle je m’adonne au plaisir en solitaire dans l’un des placards de La Lumeda, sourit-elle diaboliquement. 

Eva se sentit rougir avant de sourire à son tour :

– Tout comme on connaît la tienne, mademoiselle je me fais surprendre par les beaux-parents la tête entre les jambes de ma moitié.

Son propre prénom, prononcé dans un ton empli d’incrédulité par Kate, et le visage de Cassie qui pâlit subitement lui firent soudainement prendre conscience de ce qu’elle venait de dire et elle porta une main à son visage avant de souffler :

– Oh merde. Emma... je...

L’adolescente, dont le regard passait alternativement de Cassie à Kate, tourna finalement la tête dans sa direction.

– C’est rien, ça va, répondit-elle en haussant les épaules d’un air qu’elle voulut indifférent. On sait tous qu’elles ont un passé commun, ajouta-t-elle plus faiblement tout en redessinant du bout du doigt le cercle de condensation que son verre avait laissé sur la table.

Eva secoua la tête.

– Ça n’excuse rien, je n’aurais pas dû dire ça, insista-t-elle en tendant la main pour la poser sur celle d’Emma. Je suis sincèrement désolée, ajouta-t-elle en lui faisant une légère pression avant de porter son attention sur Kate puis Cassie, priant pour que son regard véhicule clairement combien elle était sincère.

– Ça va, assura de nouveau Emma avant qu’un petit sourire ne se dessine sur ses lèvres. Je commence à te connaître à force, je sais que tu ne me voudrais jamais de mal. Mais... évite les bourdes de ce genre à l’avenir, d’accord ? grimaça-t-elle. Je suis pas sûre qu’elles me fassent rire de si tôt.

– Promis, répondit aussitôt Eva en secouant frénétiquement la tête.

Elle s’apprêtait à poursuivre lorsque Liz la prit de court, se penchant légèrement vers l’avant en prenant appui sur ses avant-bras, son regard plongé dans celui d’Emma.

– Je peux la laisser dormir sur le canapé, si tu veux, proposa-t-elle malicieusement tout en lui faisant un clin d’œil.

La réaction qu’elle attendait ne mit pas bien longtemps à parvenir à ses oreilles.

– Hé ! s’exclama aussitôt Eva. Alors là, non, il est hors de question que mon petit postérieur et moi passions la nuit sur ce fichu canapé ! s’indigna-t-elle avant de porter son attention sur Emma. Emma, je t’en prie, je suis vraiment désolée. Mais le canapé..., gémit-elle. Tu ne peux pas me faire ça, hein ? ajouta-t-elle d’une voix suppliante.

Emma ne put retenir un rire devant le désarroi d’Eva.

– T’en fais pas, je ne suis pas si cruelle, taquina-t-elle. Et puis, je connaissais déjà l’histoire, Kate m’avait mis au parfum lorsqu’elle m’avait raconté la raison de sa venue à La Lumeda. Disons simplement qu’elle a eu la délicatesse de ne pas entrer dans les détails, ajouta-t-elle en embrassant l’adolescente sur la joue, un sourire se dessinant sur ses lèvres lorsque Kate lui vola aussitôt un baiser. Mais pour te punir, ajouta-t-elle en regardant de nouveau Eva. Tu seras la première à raconter ton histoire.

Eva nota la petite lueur qui brillait dans le regard de l’adolescente et elle relâcha un soupir de soulagement.

– D’accord, répondit-elle en hochant la tête. Ça me paraît assez juste, sourit-elle à son tour.

Elle réfléchit quelques instants avant de hocher la tête :

– Oh je sais. A l’époque, j’avais 19 ans et j’étais en première année d’études pour devenir architecte. Ces dernières étant assez onéreuses, j’avais opté pour un logement en résidence universitaire. Ça me permettait de vivre assez confortablement et d’être à proximité des bâtiments où avaient lieu mes cours. L’immeuble dans lequel je vivais possédait quatre étages, j’étais au troisième et chaque midi, j’avais pris l’habitude de descendre dans le hall de l’immeuble pour aller chercher mon courrier. L’endroit étant plutôt sûr, je connaissais assez bien mes voisins, je laissais toujours ma porte entrouverte. Descendre dans le hall puis remonter ne me prenait jamais plus de cinq minutes.

Elle prit une gorgée de son verre avant de poursuivre.

– Ce jour-là, je descends donc comme à mon habitude, récupère mon courrier puis remonte. Seulement, lorsque je tourne au coin du couloir, je m’aperçois que la porte de mon appartement est fermée. Sur le coup, je me dis que c’est peut-être simplement dû à quelqu’un qui passait par là, ou bien un simple courant d’air, mais quand j’ouvre, il fait nuit noire à l’intérieur et certains de mes meubles ont été déplacés. Surprise, j’allume aussitôt l’interrupteur afin de rechercher le coupable et lui faire part de ma façon de penser lorsque j’entends une voix en provenance de mon clic-clac dans le salon.

Eva secoua la tête, visiblement amusée.

– J’ai à peine le temps de faire un pas que ce type débarque, vêtu uniquement d’un caleçon, et me fixe comme si j’avais eu une deuxième tête qui aurait poussé durant la nuit. Je lui demande ce qu’il fout là, au beau milieu de mon salon, avant de finalement réaliser... que je me suis trompée d’appart et que j’habite en fait à l’étage au-dessus.

Elle eut à peine terminé sa phrase que les adolescentes éclatèrent de rire avant de se moquer gentiment d’elle.

– Eva..., lâcha Kate en s’essuyant les yeux. T’es pas possible.

– J’y peux rien, tous les étages se ressemblaient ! tenta vainement de se défendre Eva. Le pauvre, j’ai pas pu m’empêcher de rire à chaque fois qu’il m’arrivait de le croiser sur le campus, mais heureusement pour moi, il a fini lui aussi par trouver la situation amusante.

Elle prit une gorgée de son verre avant de remuer son index vers Emma.

– A toi, taquina-t-elle.

– D’accord, acquiesça Emma avant de prendre un air pensif. Hmm, le pire moment de ma vie est arrivé un matin alors que je me rendais au lycée. J’étais en seconde et ma mère travaillant, je prenais le bus scolaire qui était toujours bondé. L'été approchant, j’avais mis une petite jupe et à peine montée dans le bus, je me suis aussitôt aperçue que les regards étaient tournés vers moi et que la plupart des passagers avaient le sourire aux lèvres. Sur le coup, j’ai répondu à leurs sourires sans vraiment me poser de questions. Sauf qu'au bout d'un moment, une fille de mon âge, m'ayant sûrement prise en pitié, s’est approchée de moi et m’a dit que ma jupe était coincée dans ma culotte à l’arrière...

– Oh non, répondit Liz en écarquillant les yeux alors que Kate se couvrait le visage d’une main et qu’Eva et Cassie se retenant tant bien que mal de rire.

– Et si, rit Emma. J’étais assez loin du lycée, mais ça m’était égal, j’ai remis ma jupe en place en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et je suis descendue au prochain arrêt qui était aussitôt arrivé. J’ai bien mis plusieurs mois avant de remettre une jupe, et depuis, je passe la majorité de mon temps à vérifier que tout est toujours bien en place, rit-elle à nouveau.

Une nouvelle vague de rire fit le tour de la table avant que Liz ne prenne la parole.

– Bon, c’est mon tour, dit-elle en s’installant plus confortablement, posant ses coudes sur la table. Juste avant de débarquer à La Lumeda, je sortais avec un mec depuis quelque temps.

– Humpf, grogna aussitôt Eva.

Liz lâcha un rire avant de l’embrasser sur la joue.

– Et un weekend, poursuivit-elle en reportant son attention sur les adolescentes. Je décide de l’inviter chez mon père qui vit dans le sud du pays, à Mandy, pour passer la journée. Chez mon père et son petit-ami d’ailleurs, précisa-t-elle. Arr –

– Ton père est gay ? l’interrompit Emma, les sourcils haussés.

Liz l’observa un instant avant de baisser les yeux vers son verre qu’elle faisait tourner entre ses doigts. Son visage prit une expression lointaine et, sans réellement en avoir conscience, les images de ce jour qui avait vu sa vie prendre un tournant décisif défilèrent devant ses yeux.

A l’époque, ses parents étaient partis ensemble en vacances aux Antilles – la laissant elle et son frère aux soins de leurs grands-parents – et à sa plus grande surprise, leur mère était revenue seule trois jours plus tard et leur apprenait que son cher papa les avait laissé tomber pour le stéréotype même du surfeur. Elle n’avait alors que 13 ans, et elle lui en avait énormément voulu. Si bien qu’à chaque fois qu’il avait tenté de l’approcher, elle s’était non seulement montrée agressive, mais aussi infiniment blessante.

Après ça, elle avait simplement suivi la mauvaise pente, fréquentant des gens pas fréquentables, et passant de justesse à côté de l’école de redressement pour terminer à La Lumeda grâce aux relations de sa mère. La cause de son internement au sein de la pension concernait une sombre histoire de trafic de drogue, où elle s’était principalement trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment.

A partir de là, elle avait tant bien que mal essayé de remonter la pente et redevenir, si ce n’était totalement, une proche version de la petite fille qu’elle avait été avant ce jour qui avait changé sa vie. Celle qui respirait la joie et l’innocence.

Mais les choses n’avaient pas été simples pour autant ;  là où elle en voulait à son père d’avoir brisé sa famille, elle lui reprochait constamment son homosexualité. Le fait qu’il soit avec un homme n’était pas le problème... le problème, c’était qu’il avait brisé un rêve, celui d’une famille heureuse et unie. L’homosexualité n’avait été qu’un prétexte pour déverser sa souffrance.

Et puis il y avait eu Eva, sur qui elle s’était déchaînée aussi lorsqu’elle avait découvert ses préférences. C’était comme si elle avait dressé un parallèle indissociable entre l’homosexualité et la douleur ; une part d’elle était persuadée que la jeune surveillante finirait elle aussi par lui faire du mal d’une façon ou d’une autre. Mais comme toujours, Eva avait su trouver les bons mots, là où elle était persuadée ne mériter rien de plus qu’une bonne paire de gifles.

Soutenue par sa moitié, elle avait alors repris contact avec son père et avait été aussitôt surprise de voir la vitesse à laquelle il lui avait pardonné son comportement. Les choses étaient donc bien vite rentrées dans l’ordre, Eva lui assurant que l’amour de sa famille et le temps l’aideraient à se pardonner elle-même.

Elle sentit Eva resserrer sa prise autour de sa taille et elle releva les yeux pour découvrir trois adolescentes accrochées à ses lèvres, un air intrigué sur le visage. Elle se racla la gorge et secoua légèrement la tête afin de reprendre connexion avec le présent et laisser le passé là où il avait sa place.

– Oui, mon père est gay, acquiesça-t-elle finalement dans un petit sourire. C’est bien la seule chose que les médias n’ont pas réussi à dégotter sur ma mère, ajouta-t-elle en secouant la tête à nouveau. Quoi qu’il en soit, pour en revenir à nos moutons, j’ai donc invité mon petit ami du moment chez mon père, et vu nos relation à l’époque, c’était rien de plus que du profit venant de ma part. Mais, fidèle à lui-même, mon père nous a accueillis à bras ouverts. On a donc pris le petit déjeuner tous ensemble, puis on est allés se poser tranquillement dans ma chambre. Guillaume s’est installé sur le lit, mais lorsque j’ai voulu le rejoindre, on s’est aussitôt senti partir à la renverse pour finir étalés sur le sol, les quatre fers en l’air.

Elle lâcha un rire.

– Honnêtement, je ne sais pas comment c’est arrivé, je dois faire cinquante kilos à tout casser, il n’en pesait guère plus. Alertés par le bruit, mon père et son compagnon n’ont bien évidemment pas mis bien longtemps avant de pénétrer dans la pièce, et lorsqu’il a vu la position dans laquelle on se trouvait, mon père a aussitôt lâché un truc du genre : « On vous rachète un lit, ou le sol fera l’affaire ? » Le tout accompagné d’un petit sourire qui ne laissait aucun doute sur ce qu’il pouvait bien penser.

Elle secoua légèrement la tête.

– Je suis sûre que je suis devenue aussi rouge que le haut que je portais ce jour-là, sans compter ma libido qui en a pris un sacré coup.

– Et c’est pas plus mal, marmonna Eva, provoquant une nouvelle tournée de rire qui la poussa à se renfrogner plus encore.

Liz lui vola un baiser avant de lui souffler à l’oreille :

– T’es adorable quand t’es jalouse, sourit-elle en lui caressant la joue.

Eva se contenta de plisser des yeux dans sa direction avant de porter son attention sur Kate.

– A toi, mademoiselle je m’emporte en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, sourit-elle malicieusement.

– Mais bien sûr, mademoiselle je devrais tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, renchérit aussitôt Kate.

Eva haussa un sourcil.

– Oh mais ne t’en fais pas, elle tourne..., répondit-elle dans un regard qui en disait long. Mis à part que ce n’est pas toujours dans ma bouch –

– On a compris, l’interrompit Liz en posant une main sur ses lèvres, une légère rougeur recouvrant progressivement ses traits. Il faut toujours que ça dérape lorsque vous vous retrouvez toutes les deux dans la même pièce, c’est pas possible, ajouta-t-elle en cachant son visage dans l’épaule d’Eva.

La jeune surveillante l’embrassa au niveau de la tempe avant de sourire.

– Je serais tentée de dire que c’est Kate qui a commencé, mais je vais passer mon tour pour cette fois, taquina-t-elle.

– Hé ! s’exclama aussitôt Kate avant de se retrouver elle aussi interrompue par la main d’Emma.

Liz lâcha un soupir de soulagement.

– Merci Emma, répondit-elle en lui faisant un clin d’œil. Kate, je t’en prie, lance-toi avant que vous ne finissiez vraiment la nuit sur le canapé.

Kate haussa les sourcils avant de tourner la tête vers Emma et un air déconfit apparut aussitôt sur ses traits lorsqu’elle réalisa que l’adolescente n’avait aucune intention de contredire les paroles de Liz.

– D’accord, je me lance, capitula-t-elle, ses doigts dessinant des arabesques inconscientes sur la hanche d’Emma. En ce qui me concerne, je devais avoir 16 ans, et comme chaque été, on avait décidé de passer la journée autour d’un lac non loin de chez mes parents avec quelques amis. Seulement, la plage, bien que magnifique, était surtout réputée pour son sable « marécageux » par endroit.

Son regard croisa celui de Cassie et elle ne put s’empêcher de lâcher un rire.

– On a donc déposé nos affaires, puis on a décidé de marcher un peu histoire de profiter du paysage. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que lorsque Gizmo met le nez dehors, la dernière chose qu’il a envie de faire, c’est de se la couler douce.

Emma recracha presque la gorgée qu’elle venait de prendre :

– Gizmo ? toussota-t-elle, ses yeux s’humidifiant.

Kate qui s’apprêtait à poursuivre tourna la tête dans sa direction et lui tapota gentiment le dos.

– Je suis une grande fan des Gremlins, alors oui, Gizmo, taquina-t-elle.

Elle entendit Emma ricaner et elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel avant de reprendre.

– On a donc commencé notre petit tour et comme à son habitude, Giz s’est élancé vers l’eau tout en m’entraînant dans sa course. J’ai toujours fait de l’athlétisme, alors m’adapter à sa vitesse ne m’a pas été bien difficile, mais bien vite, je me suis rendu compte que je commençais à m’enfoncer dans le sable et que je penchais de plus en plus vers l’avant.

– Oh oh..., sourit Eva, se couvrant les yeux.

– Shhh, répondit Kate en secouant une main. Giz’ ne ralentissant pas d’un poil, ce qui devait arriver... a fini par arriver. J’ai senti mes pieds quitter la terre ferme et la seconde suivante, je me retrouvais affalée sur le sable, tête la première, la laisse coincée au poignet et mon chien qui tirait toujours dessus...

De nouveaux éclats de rire firent le tour de la table avant que Cassie n’enchaîne :

– Et j’ai les photos à l’appui ! taquina-t-elle, le regard brillant.

– Ooooh je veux voir ça, répondit aussitôt Emma avant de se retrouver à son tour avec une main sur les lèvres.

– Oh non, non, non, l’interrompit Kate en secouant frénétiquement la tête. Hors de question.

– Tcht, et libère là, répondit Cassie en lui mettant une tape sur l’épaule. Je te passerai ça, ajouta-t-elle à l’intention d’Emma.

– Merci ! s’exclama aussitôt l’adolescente, son sourire s’agrandissant plus encore lorsqu’elle entendit Kate lâcher un grognement.

Cassie prit une gorgée de son verre avant de préciser :

– Bon, ce qu’il faut savoir, reprit-elle, c’est qu’elle s’est tout de même déboîté le poignet et n’a rien dit à personne, madame-je-joue-les-dures-à-cuire.

– Oh la vilaine fille, taquina aussitôt Liz en cachant un sourire.

– Hmm, acquiesça Emma, feignant un air désapprobateur. Qu’est-ce qui t’a fait cracher le morceau ?

Kate marmonna quelque chose d’inintelligible et Cassie leva les yeux au ciel avant de répondre à sa place :

– Gizmo. On était sur le chemin du retour et comme toujours, il tirait sur la laisse  afin de courir à nouveau. Elle a été forcé d’utiliser les deux mains pour le calmer et le cri qu’elle a aussitôt lâché nous a bien vite fait comprendre que quelque chose n’allait pas. Elle est restée plusieurs heures à prétendre que tout allait bien alors qu’elle souffrait le martyre, bien que ça, elle ne l’avouera jamais, ajouta-t-elle dans un sourire à la fois amusé et désabusé. Quoi qu’il en soit, elle a eu de la chance qu’il n’y ait pas de complications ou dommages irréversibles.

Emma s’empara du poignet de Kate et l’observa un instant avant de l’embrasser :

– C’est pas une dure à cuire, c’est une casse-cou, nuance, taquina-t-elle. Une casse-cou qui va désormais se tenir parfaitement à carreau au risque de passer la nuit sur un certain canapé...

– Promis, répondit aussitôt Kate, hochant frénétiquement la tête.

Emma lâcha un rire avant de l’embrasser furtivement :

– Merci. A toi, Cassie, ajouta-t-elle en posant son regard sur l’adolescente.

– Hmm... la pire honte de toute ma vie... Oh je sais, à l’époque, ma relation avec Kate en était tout à ses débuts, commença-t-elle, interrogeant Emma du regard afin de savoir si elle pouvait continuer.

Elle poursuivit lorsque cette dernière acquiesça :

– Et croyez-le ou non, malgré le fait que l’on se connaisse depuis toujours, mis à part ses parents, je ne connaissais pas le reste de sa famille, excepté ce qu’elle m’en disait et les rares fois où je les apercevais lors des soirées mondaines. Ce jour-là, on était donc tranquillement installées sur les transats autour de la piscine de ses parents lorsque Maria est arrivée et m'a informée que mon père avait téléphoné et qu’il voulait me parler sur-le-champ.

Elle remua une main dans les airs.

– Honnêtement, je ne me souviens plus quel était le sujet de la conversation, mais c’est pas le plus important. Lorsque je suis ressortie du bureau, j’ai retrouvé Kate dans l’entrée mais ce qui a retenu mon attention, c’était qu’elle était désormais vêtue d’un jean et d’un débardeur. Sur le coup, je ne me suis pas trop posée de questions, on avait passé une bonne partie de la journée dehors, il était possible qu’elle en ait eu assez. Alors je me suis approchée d’elle par-derrière et je lui ai pincé amoureusement – comprenez généreusement

– Très généreusement, interrompit Kate dans un sourire.

– Arrête ! la gronda aussitôt Cassie en lui mettant une tape sur le bras. Je lui ai donc pincé généreusement les fesses avant de lui glisser à l’oreille : "coucou mon p’tit cul, je suis revenue". Ma « victime » s’est aussitôt retournée et là, l'horreur! C’était pas Kate mais sa tante que je n’avais absolument jamais rencontrée, rit-elle en se cachant le visage entre les mains

– Mais comment est-ce que tu as pu les confondre ? s’étonna Emma tandis que de nouveaux rires résonnaient autour d’elle.

Cassie se frotta maladroitement la joue.

– Elles se ressemblent beaucoup, je dirais même littéralement indissociables de dos, répondit-elle en faisant la moue.

Kate ricana :

– Ce qu’il faut savoir, c’est que j’étais juste derrière Cass’ quand c’est arrivé. Je m’étais absentée deux minutes afin d’aller chercher un jus de fruit pour ma tante avant qu’on ne retourne autour de la piscine, et quand Cass’ a réalisé qu’elle avait fait erreur sur la personne, elle est devenue aussi rouge qu’un homard, avant de murmurer un : « pardon, je me suis trompée » et vite tourner les talons pour tomber sur moi.

Cassie acquiesça de la tête avant de prendre la relève :

– Mais j’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit que sa tante m’a aussitôt demandé : «  Ah ? Mais si tu t’es trompée... c’est qu’il y avait bien une personne visée, alors ? » Mon Dieu, je ne me suis jamais sentie aussi embarrassée, et Kate s’amusait comme une folle à me voir dans cet état. Sa tante ne savait pas pour nous, mais je pense qu’elle l’a immédiatement deviné à ce moment précis.

– Et elle l’a bien pris ? demanda soudainement Emma.

Elle savait mieux que personne, mise à part Cassie peut-être, combien la tante de Kate occupait une place importante dans le cœur de l’adolescente et elle redoutait d’apprendre que cette dernière n’acceptait peut-être pas sa nièce à part entière. 

– Elle l’a mieux que bien pris, répondit Cassie. Elle s’est même amusé à éparpiller tout un tas d’indices afin de faire comprendre à Kate qu’elle avait déjà tout compris depuis le début. Et je suis même sûre qu’elle t’aime déjà, pas vrai, Kate ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

Kate se sentit rougir et elle se racla légèrement la gorge avant de plonger son regard dans celui d’Emma.

– Ma tante sait tout de ma vie, alors... hum, je lui ai déjà parlé de toi.

– C’est vrai ? répondit Emma, aussitôt charmée par l’air soudainement timide de Kate.

– Oui, et disons que Cassie n’a pas entièrement tort, sourit-elle avant qu’une lueur malicieuse n’apparaisse dans son regard lorsqu’elle reporta son attention sur l’adolescente. Et moi qui pensais que tu allais leur parler de cette fâcheuse habitude que tu avais à courir partout en tenue d’Eve, un pistolet à eau entre les mains, le tout en criant à tout-va « à l'attaque, à l'attaque ! »

Cassie écarquilla aussitôt les yeux.

– Kate ! J’avais trois ans ! s’exclama-t-elle, le visage cramoisi.

– Ah bon ? répondit Kate, feignant un air innocent. T’es sûre ?

– Kate... tu veux la jouer comme ça alors, hein ? Très bien..., j’ai du dossier sur toi aussi, ma belle, répondit Cassie en arborant à son tour un air diabolique.

Kate se figea aussitôt.

– Cass’...

– Je suis tout ouïe, la coupa aussitôt Emma tout en se penchant légèrement vers l’avant afin de ne pas en louper une miette. Balance tout ce que tu as, sourit-elle fièrement.

– Dans les moindres détails, ajouta Liz en se rapprochant à son tour.

Les sourcils de Kate grimpèrent sur son front, un « hé ! » incrédule s’échappant de ses lèvres alors que Cassie éclatait de rire, bien vite suivi par Emma et Liz.

A l’autre bout de la table, le regard d’Eva s’attarda sur les quatre adolescentes qui discutaient et riaient ensemble et elle ne put s’empêcher de laisser un sourire satisfait venir se dessiner sur ses lèvres. Si elles s’étaient trouvées dans un film, elle aurait sans hésiter lancé le générique de fin à cet instant précis. Non pas pour clore l’histoire, mais au contraire pour en annoncer le début. Car c’était bien ce dont il s’agissait selon elle pour ces quatre adolescentes ; la fin d’un chapitre, pour le début d’une vie emplie de promesses.

Elle sentit Liz la chatouiller légèrement au niveau des côtes et elle tourna la tête dans sa direction, l’air interrogateur.

– A quoi tu penses ? demanda Liz, un léger sourire étirant ses lèvres.

– Je pense... que cette soirée était vraiment une bonne idée, répondit Eva. Merci de me l’avoir soufflée.

Liz s’approcha afin de l’embrasser chastement.

– Je n’ai fait que te devancer, car on sait aussi bien l’une que l’autre que tu y aurais pensé aussi, taquina-t-elle. Quant au reste... tout le mérite te revient, Ma magicienne.

Eva haussa les sourcils avant de secouer la tête.

– Je n’ai rien d’une magicienne, Liz, répondit-elle.

– Ah ? Et comment expliques-tu ça, alors ? Il y a encore peu, elles s’entendaient comme chien et chat. Et maintenant... bon, elles ne sont pas encore les meilleures amies du monde, mais avoue que la situation a pris un tournant inattendu.

Elle plongea son regard dans celui d’Eva.

– Grâce à toi.

– Liz...

– Non, l’interrompit aussitôt Liz en posant une main sur ses lèvres. La modestie est un beau sentiment, mais il faut aussi savoir reconnaître certains de nos actes lorsqu’ils méritent vraiment attention. Sans toi... sans toi, aucune d’entre nous ne serait là, ce soir. Aucune. Et tu le sais.

Elle laissa son regard courir un instant autour de la table avant de le porter de nouveau sur Eva, ses doigts venant frôler sa joue dans une caresse aussi légère qu’une plume :

– Tu as influencé chacune de nos existences, et ce de la meilleure façon possible. Mais tu as raison, tu n’es pas une magicienne, sourit-elle doucement. « Ange gardien » te conviendrait définitivement mieux.

Eva sentit ses yeux s’humidifier, autant par les paroles de Liz qui véhiculaient clairement l’amour et l’admiration qu’elle ressentait, que par sa façon de la regarder ; une tendresse qui lui coupa momentanément le souffle.

Elle répondit, reprenant tant bien que mal ses esprits :

– Liz...

– Contredis-moi et tu finiras vraiment la nuit sur le canapé, la coupa aussitôt l’adolescente dans un sourire taquin.

Sa phrase détendit aussitôt l’atmosphère chargée en émotion et Eva lâcha un rire empli de soulagement.

– Le chantage ne te mènera nulle part, jeune fille, répondit-elle sur le même ton avant de reprendre son sérieux. Mais si vous êtes ici aujourd’hui, c’est parce qu’au fond, chacune d’entre vous l’avez voulu. J’ai simplement donné un petit coup de pouce. Vous avez fait le plus dur.

Liz secoua la tête, amusée.

– T’es vraiment têtue, hein ? répondit-elle. Mais je vais accepter cette réponse, pour cette fois.

Eva eut un sourire fier avant de venir s’emparer de ses lèvres dans un baiser empli de douceur.

– Je t’aime, souffla-t-elle, aussitôt surprise de voir Liz couvrir son visage de ses mains alors qu’un rire s’échappait de ses lèvres. Hmm, je ne sais pas trop comment je dois prendre ça..., ajouta-t-elle en fronçant les sourcils.

– Non ! Non, c’est... J’ai repensé à une chanson que j’avais apprise lorsque j’étais petite : « Les filles quand ça dit «je t'aime», c'est comme un second baptême, ça leur donne un cœur tout neuf, comme au sortir de son œuf », chantonna-t-elle tout en redessinant les traits du visage d’Eva du bout du doigt.

Elle secoua la tête avant de laisser ses mains retomber sur ses cuisses.

– C’est ridicule, je sais.

– Non, répondit Eva en glissant ses mains dans les siennes et en entrecroisant leurs doigts. C’est mignon.

– Eva...

– C’est vrai, assura la jeune surveillante en l’embrassant furtivement. Mais... tu as appris cette chanson étant petite ?

Liz lâcha un rire embarrassé.

– Je sais, les paroles sont... particulières. Mais quand tu es gamine, tu as tendance à répéter ce que tu entends sans prêter attention au sens. Il a suffi qu’elle passe une fois à la radio et ma petite caboche l’a aussitôt retenue, dit-elle en tapotant son front du bout du doigt. Ma mère frôlait la crise cardiaque à chaque fois qu’elle m’entendait la chantonner.

– J’imagine bien, oui, sourit Eva.

– Mais bref, ce que je voulais dire... c’est que je t’aime aussi, répondit-elle, caressant légèrement sa joue avant de venir l’embrasser à son tour.

Ça leur donne un cœur tout neuf, comme au sortir de son œuf... Eva se sentit sourire. Oh bon sang, qu’est-ce que je l’aime.

💕

Allongée sur le lit aux côtés d’Emma, Kate caressait la courbe du sein situé juste devant de son visage d’un air paresseux. Les allées et venues de la main d’Emma le long de son avant-bras lui indiquaient qu’elle ne dormait pas encore malgré le fait que ses yeux soient fermés, mais même sans cet indice, Kate l’aurait facilement deviné, ayant passé un nombre de nuit assez conséquent à ses côtés pour reconnaître les signes.

Les premiers rayons du soleil filtrant par la fenêtre recouvraient leurs corps aussi nus que le jour de leur naissance, et Kate poussa un soupir de bien-être avant d’embrasser Emma sur la clavicule puis de basculer sur elle, prenant soin de soutenir une partie de son poids à l’aide de ses avant-bras.

– Ça va ? demanda-t-elle tout en l’embrassant sur le bout du nez.

Emma laissa glisser ses mains dans le dos de Kate et commença à dessiner des arabesques du bout de ses doigts, se délectant de la peau nue encore couverte d’une légère couche de sueur due à leurs récents ébats amoureux.

– Hmm, mieux maintenant, répondit-elle dans un sourire, laissant apparaître un regard brillant. J’adore la sensation de ta peau contre la mienne.

Elle baissa les yeux vers un endroit bien particulier.

– Et de certaines parties de ton anatomie contre les miennes...

Kate lâcha un rire.

– Je vais finir par croire que tu es devenue une véritable petite hédoniste, répondit-elle en l’embrassant sur le menton.

– J’ai un bon professeur, rétorqua aussitôt Emma.

Kate frotta son nez contre le sien, amusée, alors que les images de leur première fois, remontant à une semaine auparavant seulement, repassaient dans son esprit malgré elle.

 

– Je t’aime…

Réalisant qu’elles venaient d’avoir les mêmes paroles, au même moment, leurs sourires s’intensifièrent avant qu’Emma ne ferme les yeux, les larmes qui avaient petit à petit brouillé sa vue glissant librement le long de ses joues.

– Ça fait du bien de finalement le dire, hein ? demanda-t-elle en rouvrant les paupières, se délectant du toucher des mains de Kate sur ses joues.

– Eh bien, j’avais un peu triché avec ton amulette mais... oui, énormément de bien, sourit Kate alors qu’elle essuyait ses yeux à son tour.

Emma resserra son étreinte autour de sa taille avant de glisser son visage dans le cou de Kate, inhalant son odeur avant de soupirer doucement.

– J’ai pas souvenir de m’être sentie aussi bien de toute ma vie, murmura-t-elle.

Kate se sentit sourire à nouveau.

– Moi non plus, répondit-elle, embrassant les cheveux blonds avant de se reculer légèrement. Et si on enlevait nos robes ? On sera plus à l’aise.

Emma se gratta maladroitement la joue alors qu’une légère rougeur faisait son apparition et elle se contenta de hocher légèrement la tête, priant à ses mains de bien vouloir arrêter de trembler lorsque Kate lui présenta son dos et qu’elle s’empara de la fermeture éclair. Elle la baissa doucement, laissant son regard s’attarder plus que de raison sur la peau qu’elle savait aussi douce que celle d’un nouveau-né, avant de détourner le regard lorsque Kate laissa la robe tomber à ses pieds et la jeta en direction de la salle de bains.

Elle glissa ensuite ses mains dans son dos afin de se débarrasser de sa propre robe et s’interrompit lorsqu’elle sentit Kate prendre ses doigts entre les siens et les embrasser tour à tour avant de défaire lentement la fermeture. Arrivée au bas de son dos, elle sentit le souffle chaud de Kate contre son cou, bientôt suivit par ses lèvres alors que ses mains faisaient doucement glisser les bretelles de ses épaules. La robe tomba bien vite à ses pieds et elle se retrouva seulement vêtue de ses sous-vêtements devant Kate pour la première fois. Mais à son plus grand soulagement, elle n’eut pas le temps de s’attarder sur cette pensée que Kate réapparut dans son champ de vision et l’embrassa sur la tempe avant de lui offrir un doux sourire, son regard brillant d’une tendresse qui lui coupa une fois de plus la respiration.

– Viens, murmura Kate en s’emparant de sa main et se dirigeant vers le lit.

Elle s’allongea la première et serra Emma tout contre elle, l’embrassant sur le front lorsque l’adolescente la rejoignit. Enlacées l’une contre l’autre, ne formant quasiment plus qu’une, elles laissèrent le silence paisible les entourer un long moment afin de se délecter de cette nouvelle sensation qu’offrait leurs corps presque nus collés l’un contre l’autre. Embrassant de nouveau son front, Kate s’apprêtait à prendre la parole lorsque sa respiration se coupa, la main d’Emma glissant sur son ventre et y dessinant quelques arabesques avant de descendre plus bas, ses doigts frôlant l’élastique de son sous-vêtement en un va-et-vient hésitant, un geste que Kate n’eut aucun mal à deviner comme nerveux.

– Emma ? appela-t-elle dans un murmure, comme si elle avait peur de déranger.

L’adolescente releva aussitôt la tête et révéla deux yeux émeraude emplis de nervosité qui poussèrent aussitôt Kate à resserrer sa prise autour d’elle.

– Hé, ça va ? demanda-t-elle d’un ton concerné.

– Oui, je... c’est ridicule, mais... Je sais qu’on en joue beaucoup, qu’on se taquine pas mal à ce sujet, et que notre premier baiser nous avait déjà menées jusqu’à... un certain point, sourit timidement Emma. Mais... je ne sais pas ce que je dois faire, admit-elle d’une voix à la fois embarrassée et coupable.

Kate lui offrit un sourire qu’elle voulut rassurant, la trouvant irrémédiablement adorable.

– Viens là, murmura-t-elle en l’attirant contre elle, se tournant de manière à ce qu’elles soient l’une en face de l’autre puis l’embrassant sur le front avant de toucher son nez avec le sien. Ce n’est absolument pas ridicule, répondit-elle en caressant sa joue du bout des doigts. Qu’est-ce tu as envie de faire ?

Emma sentit aussitôt la chaleur lui monter aux joues.

– Kate..., se plaignit-elle.

Kate retint un rire qui aurait été très mal venu et lui vola un baiser.

– C'est juste moi, Emma, répondit-elle en encadrant son visage de ses mains et en caressant ses joues. Tu n’as pas à être gênée. Il n'y a rien, absolument rien, qui pourrait changer ce que je ressens pour toi.

Elle l’embrassa furtivement à nouveau.

– Je t’aime.

Emma se sentit aussitôt sourire avant de pousser un profond soupir.

– C'est un peu embarrassant à dire, admit-elle timidement. Je... j'ai jamais ressenti ces choses... pour une femme auparavant. J'ai jamais voulu... hum, toucher une femme avant, et je suppose que je suis un peu nerveuse à ce sujet.

Kate hocha la tête d’un air compréhensif.

– Tu as envie de me toucher ?

Emma sentit sa respiration s'accélérer, la question la prenant par surprise. Elle avala avec difficulté, puis hocha légèrement la tête sans dire un mot. Elle sentit aussitôt Kate prendre sa main dans la sienne et porter sa paume à ses lèvres, l'embrassant légèrement, avant de la porter sur son sein de façon délibérée.

– Touche-moi, Emma, chuchota Kate, couvrant sa main de la sienne.

Le cœur battant, Emma déplaça doucement sa main sur le tissu du soutien-gorge de Kate, ressentant chaque courbe tandis que son regard ne quittait jamais le visage de Kate.

– Ça va ? demanda Kate qui pouvait à peine respirer. Est-ce que ça te va comme ça ?

Emma hocha la tête, sa main poursuivant son geste.

– Oui. Toi ?

– Super, souffla Kate, lui arrachant un sourire. Tu sais, je crois qu’il y a une chose que je dois t’avouer, poursuivit-elle difficilement.

– Ah ? demanda Emma.

Kate ferma un instant les yeux avant de l’observer à nouveau.

– Je pense que je suis aussi nerveuse que toi.

La main d’Emma arrêta son mouvement et elle l’observa un instant.

– C’est vrai ? murmura-t-elle, comme si elle avait peur d’être entendue.

Kate hocha la tête et elle poursuivit :

– Mais pourquoi ? Je veux dire, ce n’est pas la première fois que tu as... enfin il y a déjà eu... tu sais.

Kate eut un sourire indulgent et lui vola un nouveau baiser.

– Je t’aime, voilà pourquoi, répondit-elle en redessinant son sourcil. J’ai envie que ce moment soit parfait pour toi.

Pour toute réponse, Emma prit une de ses mains dans la sienne et la posa sur son soutien-gorge, imitant le geste que Kate avait eu plus tôt.

– C’est déjà parfait. Tant que tu es là, c’est toujours parfait, souffla-t-elle avant que sa respiration ne se coupe lorsqu’elle sentit la main de Kate caresser son sein à travers le tissu de soutien-gorge, l’explorer en douceur.

Kate se sentit fondre comme neige au soleil alors que les paroles d’Emma réchauffaient son cœur comme jamais auparavant.

– Ça va toujours ? demanda-t-elle, sa main continuant son voyage.

Emma se contenta de hocher la tête, incapable de parler de façon cohérente.

– Tu veux arrêter?

– Non, répondit aussitôt Emma avant de rougir, provoquant le sourire de Kate. Non, reprit-elle plus doucement en continuant ses propres explorations du corps de l’adolescente.

Elle sentit le souffle de Kate contre sa peau et elle pencha légèrement la tête avant de s’abandonner à ses lèvres, leurs mains parcourant le corps de l’autre, recouvrant le plus de peau possible. Emma sentit la bouche de Kate descendre dans son cou et embrasser la peau douce, ses doigts partant à la découverte de son ventre nu et elle vit ses propres mains se glisser dans les cheveux sombres, la maintenant plus près encore.

– Emma ? marmonna soudainement Kate contre sa peau.

– Hmm ?

C’était la seule réponse que l’adolescente pouvait à présent fournir.

– On peut... on peut arrêter si tu... si tu veux..., souffla-t-elle difficilement entre deux baisers.

Emma ouvrit les yeux, surprise, et glissa ses mains le long du cou de Kate afin de lui faire relever la tête et croiser son regard. Deux yeux noisette emplis de désir se plongèrent dans les siens et elle dut se rappeler de respirer. Elle secoua légèrement la tête.

– Kate, si tu arrêtes maintenant... je me verrais dans l’obligation de te trucider.

Kate haussa les sourcils avant de soupirer.

– Merci mon Dieu, parce que c’est exactement la réponse que j’attendais, lâcha-t-elle, provoquant le rire d’Emma. 

Cette dernière la tira vers elle et l’embrassa doucement avant de se reculer légèrement et plonger son regard vert émeraude dans le sien.

– Le fait est que... je veux être avec toi... dans tous les sens imaginables, murmura-t-elle alors que sa main remontait le long du dos de Kate et dégrafait son soutien-gorge.

Kate sentit son souffle s’accélérer.

– Alors non... je n’ai aucune envie d’arrêter, poursuivit-elle en aidant Kate à se débarrasser de son vêtement.

– On est sur la même longueur d’onde alors, mon amour, souffla Kate avant de s’emparer de nouveau de ses lèvres.

 

Il avait fallu un certain temps avant qu’Emma ne se laisse vraiment aller et ne se sente complètement à l’aise, mais elle y était parvenue, et aujourd’hui, cette petite gêne qui l’avait habitée pendant quelque temps avait complètement disparu. Mais Kate n’en avait pas été embêtée, au contraire, Emma l’avait fait littéralement fondre dans ses hésitations et incertitudes, un côté fragile qu’elle savait être la seule à avoir eu la chance de découvrir.

Elle sourit. Les émotions qui s’étaient bousculées en elle face à cet aspect d’Emma avaient été tellement forte que c’était comme si elle était tombée amoureuse une seconde fois. Et puis, bien sûr, l’assurance avait fini par se faufiler un chemin et s’installer, mais Kate n’en était pas déçue. C’était simplement différent, une nouvelle facette d’Emma qui la faisait tout aussi craquer.

– J’en conclus que tu as passé une bonne soirée, alors ? demanda-t-elle finalement, reprenant pied avec le présent.

– Je ne sais pas si une sortie qui se termine à 6h du matin peut être appelée une soirée mais... oui, excellente même, sourit Emma.

Kate lui vola un baiser, souriant à son tour. Eva ne ratait jamais le petit déjeuner lorsqu’elle sortait en boîte, un petit bonus offert par l’établissement dès cinq heures du matin, alors elles avaient passé une nuit blanche à s’amuser, danser, et passer de vraiment bons moments ensemble, pour finir par un déjeuner copieux avant de chacune regagner leur appartement.

– Tant mieux, murmura-t-elle avant de l’embrasser avec douceur.

Emma laissa ses doigts courir le long de ses côtes, frôlant la peau douce.

– Tu sais, j’espère vraiment qu’on restera en contact avec Eva et Liz et... Cassie.

Kate se figea avant de lever les yeux vers le visage d’Emma :

– Cassie ? s’étonna-t-elle. Bon sang, je ne me suis absentée que cinq minutes ! De quoi ont-elles parlé pour que tout change comme ça ?

– Hmm, acquiesça Emma. Je crois qu’on a tous droit à une seconde chance... non ? demanda-t-elle en observant Kate d’un air incertain.

Kate l’embrassa sur le front.

– Hmm. Et tu es la personne la plus adorable que je n’ai jamais rencontrée, dit-elle en caressant sa joue. C’était quoi cette promesse, d’ailleurs ?

Emma sourit :

– Tu es trop curieuse.

– Seulement quand ça te concerne, je te l’ai déjà dit, répondit Kate en lui mettant une petite tape sur le bout du nez.

– Hmm, ça me convient. Elle m’a promis qu’elle ne me ferait plus souffrir comme elle a pu le faire.

– Oh.

Le silence les entoura un instant et Emma remua légèrement, mal à l’aise.

– Kate ? J’ai dit quelque chose de mal ?

– Quoi ? Non, non. Je pensais juste à quelque chose...

– Oui ? demanda Emma, intriguée.

Kate se racla maladroitement la gorge.

– Lorsque je suis revenue des toilettes, et que vous n’étiez que toutes les deux, avec vos mains... liées l’une à l’autre.

– Ah, grimaça Emma. Je savais qu’elle n’avait pas apprécié. Kate...

Elle fut interrompue par deux lèvres se posant sur les siennes.

– Laisse-moi finir, pipelette, taquina Kate. Lorsque je vous ai vu, enfin, lorsque j’ai vu vos mains liées, j’ai ressenti quelque chose au creux de mon ventre, un sentiment très désagréable que je n’ai pas aimé du tout. Je sais que c’est ridicule, que je n’avais aucune raison de ressentir ça, mais ça m’a fait prendre conscience de ce que Cassie doit ressentir lorsqu’elle nous voit ensemble.

Emma hocha légèrement la tête :

– Hmm, je sais. Mais, où veux-tu en venir ?

– Eh bien, tu parlais de rester en contact, et concernant Eva et Liz, il n’y a aucun doute là-dessus ; elles ont littéralement tatoué leurs numéros de téléphone et adresses mail sur ma peau, rit-elle. Mais concernant Cassie... je crois qu’il vaut mieux la laisser libre décider de ce qu’elle veut faire, et agir en conséquence. Tu ne crois pas ?

Emma l’observa un instant avant de hocher la tête :

– Oui, tu as raison. Si elle accepte... je pense qu’elle pourrait devenir une bonne amie, elle était sympathique, ce soir.

– Hmm, elle l’est, répondit Kate avant qu’une lueur malicieuse n’apparaisse dans son regard. Emma ?

– Oui ?

– On peut arrêter de parler maintenant ? demanda-t-elle en s’installant plus confortablement et en rapprochant ses lèvres des siennes.

Emma lâcha un rire.

– Tu es insatiable.

– Dixit la fille qui m’a chauffée au beau milieu d’une discothèque pleine à craquer.

Emma se sentir rougir à nouveau et cacha son visage entre ses mains.

– Kaaaaaaaaaaaaate ! gémit-elle alors que le rire de l’adolescente résonnait dans la pièce.

Mais peu importait, car tout ce dont Emma pouvait penser pour l’instant, c’était qu’elle venait de passer lameilleure soirée de toute sa vie.

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