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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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Claire-em

1 septembre 2011

Chapitre 28 : Let’s get this show on the road! (partie 1)

Vendredi 09 juillet 2004

Décontracté. Le mot d’ordre était décontracté, autant dans l’esprit que dans la tenue vestimentaire, et alors qu’elle laçait ses converses, Eva devait bien s’avouer qu’elle était plutôt contente de sa décision. Un jean moulant et un haut noir, légèrement décolleté et pourvu de légères ouvertures sur les côtés, complétaient sa tenue et elle se sentait définitivement à l’aise. Une chose qu’elle appréciait tout particulièrement lorsqu’elle avait pour projet de passer la soirée à s’amuser et à faire la fête.

La question qu’elle se posait cependant désormais, c’était pourquoi Liz mettait-elle autant de temps dans la salle de bains ? Apparaître décontractée ne demande pas autant d’effort, si ?

– C’est une fille, lui parvint la voix sur sa gauche.

Eva haussa les sourcils avant de tourner la tête :

– Tu lis dans les pensées, toi, maintenant ?

Cassie laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres alors qu’elle tournait une nouvelle page de son magazine.

– Seulement quand elles sont écrites sur le visage des gens, taquina-t-elle.

– Humpf, merci pour l’explication Sherlock, répondit Eva en glissant ses jambes sous elle et s’installant plus confortablement sur le canapé.

Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure tout en cherchant un instant de quoi s’occuper pour passer le temps avant de s’emparer de la télécommande de la télévision. Les appartements des surveillants étaient en tout point semblables à ceux des étudiants, mais eux n’avaient pas à souffrir des chaînes cryptées, surtout lorsqu’ils s’appelaient Eva Andreone et qu’ils étaient appréciés par Madame l’Impératrice.

Elle sourit diaboliquement avant qu’un léger raclement de gorge n’attire son attention.

– Dis, Eva, commença Cassie d’un ton hésitant. Tu trouves que... tu trouves que je parle souvent de Kate ?

La jeune surveillante haussa les sourcils de surprise :

– Hmm... non, je dirais même que c’est plutôt le contraire. Pourquoi cette question ? demanda-t-elle, intriguée.

– L’article que je viens de lire, ça m’a fait réfléchir.

Eva se pencha légèrement afin de lire le nom du magazine et lâcha un rire lorsqu’elle l’aperçut :

– « Femme actuelle ». Je ne te voyais pas lire ce genre de chose, et je n’aurais jamais cru qu’ils pouvaient pousser leurs lecteurs à la réflexion, rit-elle encore plus. De quoi ça parle ?

Cassie plissa des yeux :

– De un, je ne lis pas ce genre de chose. J’attendais que la conseillère d’orientation termine sa conversation téléphonique.

– Tu as trouvé ça, dit Eva en s’emparant d’un coin du magazine du bout des doigts. Chez la conseillère d’orientation ? s’étonna-t-elle.

– Hmm, je pense que c’était le sien. C’était sur son bureau, elle ne m’a même pas vu le prendre. Je crois qu’elle était en pleine conversation avec son conjoint, ou amant... ou... bref, tu vois. Trop concentrée pour faire attention à moi. Et –

– Mais pourquoi est-ce que tu l’as gardé ? l’interrompit Eva, un sourcil haussé.

Cassie remua légèrement, mal à l’aise :

– Il y a des jeux à la fin, marmonna-t-elle.

– Ah, les jeux..., répondit Eva en retenant un rire. Bon, alors, le sujet de l’article ?

– L’Ex de référence.

Eva fronça les sourcils :

– L’Ex de référence ? Hmm... mais encore ?

– Eh bien, on aurait tous, ou la plupart d’entre nous du moins, un ou une ex pour qui on pourrait tout lâcher, celui ou celle autour de qui tout tourne, dont on parle sans arrêt, et qui nous donne un pincement au cœur dès que quelque chose nous le ou la rappelle. L’Ex de référence.

– Ah, répondit Eva en hochant la tête. Mais ça reste un magazine Cassie, très loin d’être culturel en plus.

Cassie haussa les épaules :

– Tu as eu des relations avant Liz... aucune d’entre elles ne te manque ou, je ne sais pas, te rend nostalgique ?

Eva eut un petit sourire :

– Je crois que si ça t’arrive, c’est qu’il y a un problème quelque part. Et puis, je ne suis pas un bon exemple, Liz est la première dont je suis tombée amoureuse. Et j’espère très sincèrement qu’elle sera la dernière. Le reste... c’était simplement du bon temps. Je ne me souviens même pas du prénom de la plupart d’entre eux, ajouta-t-elle en se mordillant légèrement l’ongle du pouce, pensive.

Cassie retint un rire.

– C’est réellement cet article qui t’a poussé à la réflexion, ou la soirée de ce soir ? reprit Eva d’un ton sérieux.

Cassie grimaça :

– Ce soir. Kate est mon Ex de référence. Je n’ai pas envie de passer ma vie à fuir, m’empêcher d’aller à tel ou tel endroit parce qu’elle est là, mais en contrepartie... j’ai peur de faire ou dire une bêtise.

Elle laissa échapper un soupir légèrement tremblant.

– C’est pas toujours facile, Eva.

La jeune surveillante prit sa main dans la sienne et la serra doucement :

– Je sais. Hmm, qu’est-ce tu penses de ça, tu viens avec nous, et si tu ne sens pas bien... je te ramène à La Lumeda et on fêtera ton diplôme entre nous un autre jour, d’accord ?

Cassie se mordilla la lèvre inférieure avant de hocher la tête :

– D’accord. Merci, t’es géniale.

– De rien, répondit Eva en lui faisant un clin d’œil. Mais ça, ajouta-t-elle en s’emparant du magazine et le jetant sur la table basse. Stop. Si tu tiens à lire quelque chose, la bibliothèque est juste là, dit-elle en faisant un signe de la main derrière elle. Ou mieux encore, je peux te raconter toute une série de blagues que je connais concernant les ex, taquina-t-elle dans un sourire diabolique.

– Ah ? Raconte, sourit Cassie.

Eva savait vraiment être amusante quand elle le voulait.

Eva fit mine de réfléchir quelques instants avant de commencer :

– Un beau jour, Romain, un jeune homme d’une trentaine d’années, invite sa toute dernière conquête à son appartement. Il lui fait faire le tour du propriétaire Eh bien vite, la jeune demoiselle remarque le superbe canapé qui orne son salon. Romain, tout content, répond que c’est Jocelyne, son ex, qui le lui a offert pour son anniversaire il y a trois ans.

Cassie grimaça :

– Oh non... et puis c’est quoi ce prénom, Jocelyne ?

Eva plissa des yeux :

– Je choisis les prénoms que je veux, et puis ce n’est pas le plus important dans l’histoire !

Cassie lâcha un rire :

– D’accord, d’accord, répondit-elle en levant les mains en signe de défaite. Vas-y, continue, je t’écoute.

– Bon. La jeune demoiselle préfère ne pas relever et opte pour l’amabilité, le complimentant pour les tableaux qui ornent ses murs. Romain, de nouveau tout content qu’elle ait noté un nouvel élément de sa déco qu’il affectionne, répond aussitôt qu’ils viennent d’une ex, Indra, qui est peintre.

– Oh le bouffon...

– Ouais, sourit Eva. Ils poursuivent la visite de l’appartement, et arrivés dans la cuisine, elle déclare qu’elle aime beaucoup le design qu’il a choisi.

– Laisse-moi deviner, une ex qui travaillait dans la déco ?

– Exactement, sourit Eva. Le tour se poursuit, direction la chambre à coucher. Prenant cette fois-ci les devants, elle lui dit qu’elle est persuadée que l’ameublement de la pièce vient d’une ex. Surpris, il s’exclame qu’elle a bien deviné et que c'est Géraldine qui a acheté le lit et l'armoire.

Cassie se cacha les yeux d’une main :

– Il est vraiment trop con ton Romain, ricana-t-elle. Et la fille bien trop patiente, j’aurais déjà sorti la gifle.

– Tcht, répondit Eva en lui mettant une petite tape sur la cuisse. Ce n’est pas mon Romain, et l‘histoire n’est pas encore finie. Donc justement, arrivée à bout, elle lui administre une énorme gifle et se dirige vers la porte de l'appartement, criant par-dessus son épaule que c’est fini entre eux, et qu’elle n’a rien à faire avec un castor.

– Hein ? répondit aussitôt Cassie en relevant la tête. Un castor ? Elle n’a rien trouvé de mieux comme insulte ?

Eva laissa un sourire se dessiner doucement sur ses lèvres :

– Réfléchis deux minutes et donne-moi une définition de Castor...

Cassie fronça les sourcils :

– Hmm, un animal qui bâtit son habitat avec sa queue ?

Le double sens de sa phrase la frappa soudainement en plein visage et elle écarquilla légèrement les yeux avant d’éclater de rire.

– Oh mon Dieu, merci Eva, j’avais vraiment besoin de ça !

Eva se contenta de sourire, fière d’elle.

– Alors, elle était bien mon histoire, hein ?

– Oui, vraiment bien trouvée, répondit Cassie en s’essuyant les yeux. C’est cru, mais la chute est parfaite.

– Tant mieux, c’était le but, répondit Eva en exerçant une pression sur le genou de l’adolescente avant de se lever. Bon, je vais aller voir ce que Liz fabrique et ensuite –

– Oh non, non, non, non, non, s’exclama aussitôt Cassie en s’emparant de son bras et la forçant à se rasseoir. Je vais aller voir ce qu’elle fabrique, car si tu y vas, on n’est pas prêtes de partir d’ici. Il faut toujours que vous sautiez l’une sur l’autre à chaque fois que vous vous retrouvez seules dans une pièce.

– Hé ! s’exclama aussitôt Eva. Même pas vrai d’abord, marmonna-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine.

Cassie posa ses mains sur ses hanches.

– Tu veux parier ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

Eva resta silencieuse un instant avant de marmonner :

– Vilaine.

– J’en étais sûre, répondit l’adolescente dans un rire alors qu’elle se dirigeait vers la salle de bains. Liz !!! hurla-t-elle tout en martelant la porte de ses points.

Un juron leur parvint avant que Liz ne hurle à son tour.

– Eva ! Sors cette folle de l’appartement, j’ai du mascara partout maintenant !

La jeune surveillante ne put s’empêcher de rire, la soirée promettait d’être mémorable.

💕

– Let’s get this show on the road, huh?

Kate plissa le t-shirt qu’elle venait d’enfiler avant de lever la tête, croisant le regard d’Emma à travers le miroir de la salle de bains.

– Plutôt bien trouvé, non ? répondit-elle dans un sourire diabolique.

Emma lâcha un rire.

– Comment fais-tu pour toujours dégotter le t-shirt adéquat, peu importe la situation ? Je n’avais jamais vu celui-là d’ailleurs, il sort d’où ? ajouta-t-elle, les sourcils légèrement froncés tandis qu’elle se débattait avec ses cheveux.

– Laisse, répondit Kate en s’emparant d’un élastique et en poursuivant la natte qu’Emma avait commencée. Ma tante. Je lui dis la couleur, l’inscription, le dessin parfois, et elle s’occupe de tout, puis elle me l’envoie ici.

– Oh. Et elle compte nous emmener dans quel restaurant Eva avant d’aller en boîte ? Ce serait dommage que tu sois recalée à l’entrée à cause de ta tenue vestimentaire, taquina Emma.

Kate feignit un air outré.

– Et qu’est-ce qu’elle a, ma tenue vestimentaire ?

Emma sourit. En plus de son t-shirt à manches courtes et légèrement décolleté, Kate avait opté pour un jean noir définitivement moulant accompagné de bottes en cuir. Ses cheveux reposaient librement sur ses épaules et Emma devait bien avouer qu’elle dégageait un air sauvage qui la faisait littéralement craquer. Bon sang, s’il n’en tenait qu’à moi, on resterait enfermées dans la chambre et passerait notre temps à faire des choses définitivement plus... intéressantes.

Elle secoua légèrement la tête.

– Hum, rien, elle est parfaite, répondit-elle tout en priant pour que les pensées qu’elle venait d’avoir ne soient pas visibles sur son visage.

Kate croisa son regard dans le miroir et lui offrit un sourire sincère.

– Merci. Eva a opté pour un restaurant qui fait aussi pizzeria, rien d’extravagant.

Elle s’approcha de son oreille et murmura :

– Mais entre nous, je préfère largement ta tenue, pointa-t-elle avant de l’embrasser dans le cou.

Emma sentit la chaleur lui monter aux joues alors que les lèvres de Kate contre sa peau envoyaient un frisson familier le long de sa colonne vertébrale puis dans son corps tout entier. Elle avait pour sa part opté pour quelque chose de plus féminin, un haut à bretelle légèrement décolleté, d’une couleur épousant celle de ses yeux, et une jupe noire s’arrêtant juste au-dessus de genou. Le tout complété par de légers talons.

– Merci, répondit-elle avant de baisser les yeux vers sa montre. Mais on ferait bien de s’activer si on ne veut pas être en retard, grimaça-t-elle.

– Non, on a encore le temps, Liz n’est jamais à l’heure, sourit Kate. Encore moins si Eva est dans les parages, rit-elle intérieurement. Voilà, ajouta-t-elle en relâchant la natte. C’est fait.

Elle encercla Emma de ses bras et l’embrassa sur la joue.

– Tu devrais t’attacher les cheveux plus souvent, tu es magnifique comme ça, remarqua-t-elle avant de s’interrompre subitement. Enfin, ce n’est pas que tu ne l’es pas autrement, au contraire, se pressa-t-elle d’ajouter, provoquant le rire d’Emma.

– Tu t’es bien rattrapée, taquina l’adolescente. Mais je vois ce que tu veux dire, je préfère aussi. Et puis, c’est plus pratique.

Plus pratique ? Kate haussa les sourcils avant de laisser une lueur malicieuse apparaître dans son regard chocolat.

– Hmm, tu as raison, acquiesça-t-elle. Ça permet de faire ça...

Elle l’embrassa dans le cou.

– ... et ça...

Elle mordilla légèrement la peau douce.

– ... et...

– Stop ! s’exclama Emma en se retournant, la respiration légèrement plus rapide. Tiens-toi tranquille, ajouta-t-elle en plissant les yeux et en remuant un doigt vers Kate.

Kate lâcha un rire avant de s’emparer du dit doigt et l’embrasser furtivement.

– Toujours, répondit-elle dans un clin d’œil avant de se diriger vers la chambre.

 Emma l’observa s’éloigner avant que son regard ne descende le long de ses courbes et ne s’arrête sur ses fesses, la poussant à retenir un grognement. Celui qui a conçu ce jean veut ma mort, c’est certain, soupira-t-elle intérieurement. Bon sang, ça devrait être illégal d’être aussi sexy, je serais chanceuse si je vois autre chose de la soirée.

Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure.

Quoique, même si je ne vois que ça, ce n’est pas moi qui irais m’en plaindre, pensa-t-elle, un petit sourire faisant son apparition. Que la soirée commence, en effet. Car plus tôt elle débute, plus tôt elle se termine, et... Le sourire d’Emma s’agrandit. ...les après-soirées sont toujours plus intéressantes.

Elle croisa de nouveau son regard dans le miroir et, s’apercevant qu’il était le reflet parfait des pensées qu’elle venait d’avoir, elle soupira.

– Kate ? appela-t-elle.

– Hmm ?

– Je crois que mes hormones contrôlent ma vie, répondit-elle d’un ton désabusé.

Le rire de Kate lui parvint aussitôt et elle grimaça avant de la joindre.

Quoi qu’il arrive, je n’ai certainement pas envie qu’elle change. Je l’aime définitivement comme elle est.

💕

Eva enclencha le frein à main une fois arrivée devant la discothèque, puis coupa le moteur avant de porter son attention sur ses passagères. Comme à son habitude, Liz avait pris place à ses côtés, ce qui laissait Cassie, Kate et Emma sur la banquette arrière.

– Les filles, je vous présente l’Afrodisiack, l’une des discothèques les plus réputées du pays.

– Oh merde, mais c’est gay ! s’exclama aussitôt Emma après avoir observé l’établissement à travers la vitre.

L’arc-en-ciel multicolore et les quelques couples qui s’embrassaient – voire plus – devant l’établissement offraient en effet une indication on ne peut plus évidente.

Quatre paires d’yeux surpris se tournèrent aussitôt vers elle.

– En voilà une qui a oublié que sa copine est une fille, rit doucement Cassie avant de s’interrompre lorsqu’elle croisa le regard froid que lui lança aussitôt Emma. Je taquinais, ajouta-t-elle, sur la défensive.

Emma détourna le regard, gênée de s’être emportée contre elle aussi subitement et sans raison. Elle sentit Kate resserrer son étreinte autour de ses doigts, puis caresser sa peau de son pouce et elle releva finalement la tête lorsqu’elle entendit Eva se racler légèrement la gorge.

– Je me suis dit qu’une fin de soirée dans un lieu où l’on ne risquait pas d’être dévisagées, ou plus, était une bonne idée, expliqua-t-elle.

– Oui, bien sûr, répondit aussitôt Emma. Je suis désolée. C’est juste que... c’est nouveau pour moi, tout ça.

Eva eut un sourire indulgent :

– Ça viendra vite, répondit-elle en lui lançant un clin d’œil. Bon, on y va ?

– On y va, répondit aussitôt Cassie en sortant du véhicule, laissant Emma observer bêtement sa place désormais vide.

Kate attendit que Liz et Eva descendent à leur tour avant de poser une main sous le menton d’Emma afin que leurs regards se croisent.

– Ça va ? demanda-t-elle avec inquiétude.

Le son de sa voix parvint faiblement à ses oreilles et Emma secoua légèrement la tête afin de reprendre pied avec la réalité.

– Oui, je... elle plaisantait vraiment, tu crois ?

Kate tendit la main afin d’ouvrir la porte et lui permettre de descendre du véhicule. Elle descendit à son tour puis attendit qu’Eva enclenche la fermeture centralisée avant de lui faire signe de partir devant.

Eva leva aussitôt les yeux au ciel :

– Traînez pas trop, répondit-elle avant de rejoindre Liz et glisser sa main dans la sienne.

Après un « promis » bien vite avalé par le volume sonore provenant de la discothèque, Kate passa un bras autour de la taille d’Emma et la serra contre elle, l’embrassant sur la tempe avant de répondre.

– J’en suis certaine, assura-t-elle. Elle sait qu’Eva tient à ce que cette soirée se passe bien, et puis la situation n’est pas évidente pour elle non plus, elle doit avoir autant de mal que toi à se comporter de façon amicale. La présence d’Eva doit l’y aider, et peut-être la pousser à faire plus d’efforts.

– Hmm, répondit Emma en hochant la tête, glissant sa main sous le haut de Kate et caressant la peau douce. Tu dois avoir raison, je sais pas trop ce qui m’a pris... je ferais plus attention.

– Elle t’a blessée, et ce à plusieurs reprises, alors c’est normal que tu sois constamment sur tes gardes, tempéra Kate. Mais t’en fais pas, je serais là pour te protéger quoi qu’il arrive de toute façon, taquina-t-elle.

Emma rit légèrement avant de lever la tête lorsque Kate se pencha pour l’embrasser.

– Je t’aime.

Emma sentit aussitôt un grand sourire illuminer son visage.

– Tu devrais le dire plus souvent.

– Ah ? répondit Kate, un sourcil haussé.

– Hmm, et tu sais, ce truc que tu viens de faire avec tes lèvres..., poursuivit Emma en caressant l’endroit du bout du doigt. Tu devrais le faire plus souvent aussi.

Kate retint difficilement un rire. Elle fit mine de réfléchir :

– Hmm, je crois qu’il va falloir que tu me rafraîchisses la mémoire, parce que je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, répondit-elle, une lueur malicieuse brillant dans ses yeux couleur chocolat.

– Ah mince, tu as déjà fait ton tour de bocal ? rétorqua aussitôt Emma, feignant un air triste.

Kate la pinça aussitôt au niveau des côtes.

– Hé ! couina Emma alors qu’un rire s’échappait de ses lèvres. D’accord, d’accord, se rendit-elle tout en encadrant le visage de Kate de ses mains. Je parlais de ça...

Elle termina sa phrase en posant ses lèvres sur celles de Kate, les caressant doucement avant de s’éloigner, puis revenir lorsqu’elle aperçut le regard brillant de Kate. Comme toujours, son cœur ne mit pas bien longtemps à s’emballer et elle entrouvrit doucement les lèvres, sentant aussitôt l’adolescente répondre à son invitation alors que ses yeux se fermaient à nouveau.

Une idée germa dans sa tête et Kate laissa ses mains descendre un peu plus bas alors que la langue d’Emma venait à la rencontre de la sienne, la caressant dans une infinie douceur. Elle savoura un instant les sensations que lui procurait le baiser qu’elles échangeaient, son cœur manquant quelques battements tellement l’amour qu’il contenait ne lui passa pas inaperçu, puis laissa ses mains descendre encore un peu avant de finalement venir s’arrêter sur les fesses d’Emma et les empoigner légèrement, attendant simplement la réaction qu’elle savait venir.

Elle ne fût pas déçue lorsqu’elle sentit aussitôt Emma détacher ses lèvres des siennes.

– Kate, on est en public ! s’exclama Emma dans un murmure alors qu’elle jetait des coups d’œil à droite et à gauche, son visage, déjà légèrement rougi par le baiser qu’elles venaient d’échanger, prenant une teinte encore plus soutenue.

– Et ? demanda Kate en haussant un sourcil. Je croyais que mon côté joueur t’amusait, ajouta-t-elle, le regard brillant.

Elle avait bien vite deviné qu’Emma allait avoir besoin de temps afin de s’habituer au monde extérieur et au regard des autres, mais, bien loin de la déranger, elle trouvait au contraire cela définitivement adorable et amusant.

Emma laissa sa tête retomber contre la clavicule de Kate, priant pour que la rougeur disparaisse.

– Vilaine, répondit-elle d’un air qu’elle voulut contrarié, mais elle échoua bien vite lorsqu’un rire monta le long de sa gorge. Je devrais te priver de baisers rien que pour ça.

– Et voilà, tout de suite les menaces, taquina Kate dans un soupir tout en levant les yeux au ciel.

Un mouvement sur sa droite attira son attention et elle aperçut Eva, Liz et Cassie commencer à faire la queue afin d’entrer à l’intérieur.

– Viens, ajouta-t-elle en prenant la main d’Emma dans la sienne, allons fêter nos examens.

Emma se contenta d’obtempérer, un léger sourire sur les lèvres. Kate allait payer pour ce qu’elle venait de lui faire, c’était sûr.

– Hé, Kate ? appela-t-elle néanmoins en tirant légèrement sur le t-shirt de l’adolescente.

– Hmm ?

– Je t’aime aussi.

Kate resserra son étreinte autour de sa taille et l’embrassa sur la tempe avant de glisser ses lèvres vers son oreille et lui chantonner les paroles exactes d’une chanson qu’elles avaient écoutée l’après-midi même, allongées dans les bras l’une de l’autre :

– I like the feel of your name on my lips… I like the sound of your sweet gentle kiss… The way that your fingers run through my hair… and how your scent lingers… even when you're not there. I love the way you love me… Strong and wild, slow and easy… Heart and soul, so completely…

Elle embrassa la peau douce juste derrière l’oreille d’Emma avant de susurrer :

– I love you, too.

Emma tourna la tête dans sa direction et ouvrit les yeux afin de les plonger dans ceux de Kate, ses paupières s’étant fermées d’elles-mêmes à la seconde même où Kate avait commencé à chuchoter les paroles au creux de son oreille. 

– Tu ne cesseras jamais de me surprendre, taquina-t-elle.

Kate eut un petit sourire.

– En bien, j’espère ?

– Définitivement en bien, assura Emma alors que leurs lèvres se scellaient à nouveau.

💕

– Emma... arrête de dévisager les gens comme ça, ne put s’empêcher de rire Liz alors qu’elles attendaient leur deuxième tournée de boissons auprès du bar.

Emma rougit légèrement avant de caler un verre contre son ventre puis s’emparer des deux suivants :

– Je suis désolée, j’arrive pas à m’en empêcher, répondit-elle dans une grimace. C’est juste que... j’ai passé tellement de temps à faire attention à La Lumeda, à retenir chacun de mes gestes...

– Pas facile de quitter le placard et aller là où tout le monde s’affiche ouvertement, hein ? sourit légèrement Liz en récupérant les deux dernières boissons.

– C’est ça, acquiesça Emma alors qu’elle la suivait au milieu des gens qui dansaient. Je sais que c’est ridicule de réagir comme ça, surtout dans un lieu fréquenté par des homosexuels, mais...

– C’est pas ridicule, contra Liz en lui donnant un coup de hanche amical. Ça demande juste un petit peu de temps avant d’y être habitué. Mais ça ira, tu verras.

Emma lui offrit un sourire :

– Je sais, répondit-elle alors qu’elles atteignaient la table et regagnaient leurs places. Mais merci de me dire ça.

– Dire quoi ? demanda aussitôt Kate alors qu’elle s’emparait de son verre.

Emma l’embrassa sur la joue :

– Tu es trop curieuse, taquina-t-elle.

– Seulement lorsque ça te concerne, rétorqua Kate en glissant un bras autour de sa taille afin de la rapprocher d’elle.

Emma s’apprêtait à répondre lorsque la main qui passa devant son visage à plusieurs reprises la poussa à se reculer instinctivement et elle en renversa presque son verre.

– Chut, l’interrompit Eva. C’est pas bientôt fini toutes les deux ? Vous aurez bien le temps de retourner sur votre petit nuage une fois la soirée terminée, charria-t-elle.

Kate lui tira la langue et Liz leva les yeux au ciel lorsqu’Eva lui répondit aussitôt par une grimace de son cru.

– Et ça y est, elles recommencent, soupira-t-elle, un sourire néanmoins accroché à ses lèvres tandis qu’elle se redressait. Et si toi tu arrêtais tes gamineries pour aller éliminer quelques calories à la place, hein ? ajouta-t-elle en s’emparant de la main d’Eva. Parce que moi, j’ai envie de danser.

– D’accord, mais si tu veux mon avis, je connais une danse bien plus intéressante et qui élimine plus de calories que ce que tu as en tête, mon amour, répondit Eva, le regard brillant.

Liz posa ses mains sur ses hanches.

– Kate ? demanda-t-elle sans détourner les yeux d’Eva. On a besoin d’un rafraîchissement par ici, tu voudrais bien, je sais pas moi, lui jeter le contenu de ton verre ?

– Hé ! s’exclama aussitôt Eva, outrée. T’es trop vilaine avec moi, ajouta-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine et en plissant des yeux.

Liz éclata de rire avant de glisser ses index dans la ceinture de son jean et l’attirer contre elle :

– C’est pour ça que tu m’aimes, répondit-elle avant de lui voler un baiser et l’entraîner vers la piste de danse.

 Les trois adolescentes les regardèrent s’éloigner, visiblement amusées, avant que leurs sourires ne laissent place à un air gêné et qu’elles ne s’évitent du regard.

– Hum, vous pouvez y allez aussi si vous voulez, je garde la table, répondit Cassie dans une tentative d’humour avant d’abaisser son regard vers le mélangeur qu’elle faisait tourner entre ses doigts.

Kate et Emma échangèrent un regard avant de finalement hocher la tête d’un air entendu.

– Non, j’aime pas cette chanson, répondit Emma d’un ton indifférent.

– Et il faut que j’aille aux toilettes, j’en ai pour cinq minutes, ajouta Kate avant d’embrasser Emma sur la joue et s’éclipser.

Cassie haussa les sourcils, observant Kate jusqu’à ce qu’elle ait disparu avant de secouer la tête.

– C’est ridicule, vous devriez profiter de la soirée au lieu de me prendre en pitié.

Emma qui portait son verre à ses lèvres s’arrêta subitement et elle leva les yeux vers Cassie avant de le reposer dans une lenteur exagérée.

– C’est une belle estime de nous que tu as là, répondit-elle avec ironie avant de se mordre la langue. Oh bon sang Cassie, fais un effort toi aussi sinon on ne va jamais s’en sortir. Le but de la soirée et que l’on passe un bon moment, toutes, sinon ça n’a aucun intérêt. Et puis, on dansera plus tard, c’est pas le plus important.

Cassie laissa son regard courir un instant dans la pièce avant de revenir sur Emma. Elle se mordit l’intérieur de la joue avant de soupirer :

– Tu as raison, je suis désolée.

Emma hocha la tête d’un air entendu avant de se racler légèrement la gorge :

– Justement..., répondit-elle. En parlant d’excuse, je le suis aussi. Pour tout à l’heure, dans la voiture, ajouta-t-elle devant l’air perplexe de Cassie.

– Ah, oui, mon humour ne marche pas à tous les coups, acquiesça Cassie dans un faible sourire.

Emma but une gorgée de son verre avant de répondre :

– C’est pas ça... c’est juste, je ne sais pas sur quel pied danser avec toi. Tu as passé la moitié de l’année à me martyriser et la suivante à être... gentille, amicale... voire même taquine parfois. C’est dur pour moi de trouver mon équilibre dans tout ça. 

– Je sais, répondit simplement Cassie.

Un silence pesant s’installa entre elles et Emma finit sérieusement par se demander si Kate ne s’était pas perdue. Ou alors elle est en train de nous observer, là, quelque part. Emma plissa des yeux en scrutant la salle avant de sursauter légèrement lorsque Cassie reprit la parole.

– Il y a toujours la queue dans les toilettes des boîtes de nuit, répondit l’adolescente, légèrement amusée.

Emma se sentit rougir légèrement. Elle t’a grillé ma vieille ! Elle se racla légèrement la gorge avant de répondre :

– Justement, vu que Kate n’est pas là, je me demandais... tu le pensais vraiment ce que tu m’as dit sur ma condition sociale ? Tu sais, au début de l’année, et après, quand tu m’as rasé...

Elle vit Cassie tiquer sur ses propos et elle fit en sorte que son visage montre que sa question n’était que le fruit d’une curiosité profonde, et rien d’autre.

– Ecoute Emma, répondit Cassie en remuant maladroitement sur son siège avant de poser ses avant-bras sur la table et se pencher vers elle. Les propos et le comportement que j’ai eu envers toi cette année n’avaient qu’un seul et unique but ; que tu partes de La Lumeda le plus tôt possible et ce, de façon définitive.

Elle fit une pause avant de plonger son regard dans celui d’Emma :

– Je ne pensais pas ce que je t’ai dit, aussi bien concernant ta condition sociale, que tout le reste. Je voulais juste te pousser à bout, et que tu décides de partir. C’est tout.

Elle hésita un instant avant de tendre la main et la poser sur celle d’Emma, la retirant presque lorsqu’elle sentit cette dernière se figer avant de changer d’avis lorsqu’elle la sentit finalement se détendre. Un peu.

– J’ai réagi stupidement, et je m’en excuse. Je sais que tu restes sur tes gardes, et je le comprends, mais tu n’auras plus à souffrir de ce genre de mesquinerie de ma part. Ça vaut ce que ça vaut mais... je t’en fais la promesse.

Emma n’eut pas le temps de réagir qu’un mouvement sur leur gauche attira leurs regards et elles tournèrent simultanément la tête pour trouver Kate debout à l’extrémité de la table, son regard passant de l’une à l’autre avant de s’arrêter sur leurs mains toujours liées.

– J’interromps quelque chose ? demanda-t-elle finalement.

Le son de sa voix fut comme un déclic et les deux adolescentes retirèrent brusquement leurs mains, comme si elles avaient été brûlées.

– Euh, hum, non, non, pas du tout, balbutia Emma alors qu’elle scrutait son visage, essayant de deviner ce que Kate pouvait bien penser.

– On discutait juste, ajouta Cassie en s’emparant de nouveau de son mélangeur. Et merde, manquerait plus que je mette la pagaille dans leur couple, grimaça-t-elle. Eva me tuerait pour ça, c’est certain.

 Kate reprit sa place et s’empara aussitôt de la main d’Emma sous la table.

– Ça va ? lui demanda-t-elle d’un air concerné.

Emma hocha la tête, visiblement soulagée. Il n’aurait manqué plus que ça qu’elle se fasse des idées.

– Oui, on discutait juste, répondit-elle en reprenant les termes exacts de Cassie, attendant de croiser le regard de cette dernière avant d’ajouter : ça vaut ce que ça vaut mais... j’ai décidé de lui faire confiance.

Kate se mit aussitôt à tousser à plusieurs reprises, recrachant presque la gorgée qu’elle venait de prendre, et elle grimaça lorsque le liquide lui remonta dans le nez et lui brûla les sinus et la gorge par la même occasion. Hein ? Mais je ne suis partie que cinq minutes ! 

– Lui faire confiance ? toussota-t-elle finalement alors que la réponse de Cassie était un petit sourire.

– Oui, acquiesça Emma en lui caressant le dos. Elle m’a fait une promesse, et j’ai décidé de lui faire confiance.

Les sourcils de Kate grimpèrent sur son front et elle interrogea Cassie du regard, avant de reporter son attention sur Emma lorsque cette dernière secoua simplement la tête.

– Tu ne sauras rien de plus, taquina Emma en se levant et lui tendant la main, notant du coin de l’œil qu’Eva et Liz s’approchaient. J’ai envie de danser, tu viens ?

Kate se contenta de hocher la tête avant de la suivre, persuadée qu’elle pourrait bien être en train de vivre la soirée la plus étrange de toute sa vie.

Mais qu’ont-elles bien pu se dire en cinq minutes ?

💕

Le tempo de la musique changea lorsqu’elles arrivèrent sur la piste, laissant place à « You can leave your hat on » de Joe Cocker, et Emma ne put retenir un sourire. Oh, si Dieu il y a, il doit être avec moi ce soir, se réjouit-elle intérieurement avant de faire face à Kate.

Elle avait aussitôt décidé d’avoir sa revanche lorsqu’elle avait demandé à Kate de danser et elle était bien décidée à mettre son plan à exécution. Alors, une fois à quelques centimètres seulement l’une de l’autre, Emma posa ses mains sur les hanches de Kate et l’attira à elle afin que leurs corps puissent se fondre l’un dans l’autre. Le regard noisette situé au-dessus d’elle s’assombrit aussitôt et Emma n’eut aucune difficulté à deviner que Kate aimait beaucoup la proximité qu’elles partageaient désormais.

Elle sentit son sourire s’agrandir. Si seulement elle savait qu’elle allait recevoir la monnaie de sa pièce. Kate oubliait trop souvent que les autres savaient jouer aussi.

Elle remonta ses mains le long des bras de Kate, appréciant au passage la fine musculature qui glissait sous ses doigts, avant de frotter son corps contre le sien tel un chat, cambrant son dos et effleurant la peau de son cou de ses lèvres.

Elle sentit aussitôt Kate prendre une profonde inspiration avant que sa voix ne lui parvienne.

– Hum, euh, E-Emma ?

Emma releva la tête afin de plonger son regard dans les yeux couleur chocolat qu’elle affectionnait tant, et elle se réjouit aussitôt de l’excitation naissante qu’ils dégageaient clairement.

– Oui ? répondit-elle d’une voix innocente.

Elle sentit les mains de Kate se resserrer et se détendre à plusieurs reprises autour de ses hanches avant qu’elle ne demande, la voix tremblante :

– Je... hum, qu’est-ce que tu fais ?

La main d’Emma descendit dans son dos avant de venir se glisser sous son haut, bien vite suivit par ses lèvres qui partirent de nouveau à la découverte de son cou, et Kate ne put s’empêcher de déglutir de manière audible face à son souffle chaud, sa langue, humide et soyeuse, ainsi que ses dents et ses lèvres qui la pinçaient doucement. C’était comme si une douce chaleur se répandait à travers son corps tout entier, avant de venir trouver refuge entre ses jambes qui menaçaient de céder sous elle.

– Emma...

Emma sourit et secoua lentement la tête lorsque Kate essaya de la repousser, sa cuisse trouvant son chemin entre ses cuisses et entamant un mouvement en synchronisation avec la musique. Elle sentit aussitôt Kate trembler entre ses bras et elle s’approcha plus encore, collant sa joue contre la sienne :

– Moi ? répondit-elle finalement. Mais rien, je ne vois pas de quoi tu parles, ajouta-t-elle, l’air malicieux.

– Emma..., gémit à nouveau Kate alors qu’elle n’entendait plus que les battements de son cœur résonner dans ses oreilles, ses mains resserrant d’elles-mêmes leur prise autour des hanches d’Emma.

Le laser se dirigea dans leur direction et elle remarqua les regards appréciateurs des quelques personnes qui dansaient autour d’elle, la poussant à lever intérieurement les yeux au ciel. Forcément, il faut que l’on soit le centre d’attention, en plus. Elle tenta de se dégager mais Emma la tira de nouveau vers elle, et la main qu’elle posa sur ses fesses augmenta aussitôt la pression sur son entre-jambe.

– Emma ! gémit-elle de nouveau, tremblante. Si elle continue, c’est la combustion instantanée qui m’attend là !

Son regard croisa de nouveau celui de l’adolescente et elle se mordilla la lèvre inférieure. La vilaine, elle le sait en plus ! s’exclama-t-elle intérieurement lorsqu’elle vit dans les yeux vert émeraude que c’était exactement ce qu’Emma comptait faire. Et même si je le voulais, je suis incapable de l'arrêter, grommela-t-elle contre elle-même.

Elle vit la bouche d’Emma s’approcher et elle tendit l’oreille :

– La prochaine fois Kate... laisse mon derrière tranquille lorsqu’on est en public, d’accord ?

Emma termina sa phrase en relâchant doucement sa prise autour de Kate et cette dernière se recula aussitôt, la mâchoire pendante. Elle resta un instant interdite avant de faire brusquement demi-tour et rejoindre la table où elle vida son verre d’une traite avant de prendre la direction des toilettes, le pas pressé.

Emma ne put retenir un rire alors qu’elle la regardait partir. Oh je sais que c’est mal mais..., je l’ai vraiment bien eue sur ce coup-là ! Mais je me rattraperais quand même plus tard, grimaça-t-elle, ne pouvant empêcher la culpabilité de s’emparer d’elle. J’aurais détesté qu’elle me fasse ça.

– Oh, voilà une facette de ta personnalité que l’on ne soupçonnait pas, taquina Eva alors qu’elle reprenait sa place.

– Tu es... diabolique, ajouta Liz dans un sourire malicieux.

– Hmm, et le mot d’ordre était pourtant « décontracté », pas « décadence », renchérit Eva.

Emma, persuadée d’être cramoisie, cacha son visage entre ses mains.

– Je ne pensais pas que l’on aurait des spectateurs, gémit-elle.

– Vous étiez au beau milieu d’une piste de danse d’une discothèque pleine à craquer, ma belle, bien sûr que vous avez eu des spectateurs, rit Eva en lui retirant ses mains de son visage.

Emma se frotta maladroitement la joue.

– Je ne parlais pas des autres, mais de vous, précisa-t-elle, rassurée de voir que Cassie était, elle aussi, amusée par la situation lorsqu’elle lui jeta un rapide coup d’œil.

– Il fallait y penser avant qu’on choisisse une table donnant vue sur la piste de danse, sourit Cassie. Je vais aux toilettes, à tout de suite.

L’unique réponse d’Emma fut un grognement mécontent avant qu’elle n’enfouisse son visage entre ses bras.

Telle fut prise qui croyait prendre.

Beuh.

💕

Lorsqu’elle entra dans les toilettes des femmes, le regard de Cassie tomba aussitôt sur un groupe de filles qui discutait tout en se remaquillant et elle leva les yeux au ciel. Elle n’avait jamais compris que les gens puissent se mettre sur leur trente-et-un pour sortir en discothèque. D’une part, parce que l’obscurité y régnait en grande partie, et d’autre part, parce que danser avec des talons de dix centimètres sur une piste pleine à craquer et n’offrant presque pas d’espaces libres, c’était mission impossible, au risque de se retrouver avec une entorse ou des ennuis si le talon en question venait à entrer en contact avec les chaussures environnantes.

La seule chose sur laquelle elle était néanmoins reconnaissante, c’était ces gens qui abusaient du déodorant et autres parfums. Là où elle en avait horreur dans la vie de tous les jours, elle avait presque envie de les remercier d’agir ainsi lorsqu’ils sortaient en boite de nuit. Car depuis l’interdiction de la consommation du tabac, l’odeur de la transpiration devenait parfois rapidement insupportable.  

Elle plissa du nez avant de secouer la tête, repérant finalement Kate, la moitié de son corps penché au-dessus du dernier lavabo tandis qu’elle se passait frénétiquement de l’eau fraîche sur le visage.

– Elle t’a définitivement bien eue, lâcha-t-elle d’un ton amusé une fois arrivée à sa hauteur, prenant appui sur le lavabo d’à côté.

Kate s’empara d’une serviette propre et s’essuya le visage avant de répondre.

– Contente qu’elle ait au moins amusé la galerie, marmonna-t-elle.

– Oh Kate, je t’en prie, répondit Cassie en levant les yeux au ciel. Tu as enfin trouvé quelqu’un à ta hauteur, tu ne vas pas t’en plaindre, si ?

– Redemande-moi ça lorsque ma température corporelle aura retrouvé un niveau normal, lâcha l’adolescente tout en jetant la serviette dans la panière jouxtant la porte.

Cassie ricana :

– Je retire ce que j’ai dit, elle n’est pas à ta hauteur. Elle te dépasse largement !

Kate posa ses mains sur ses hanches :

– Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Parce que si c’est simplement pour en rajouter une couche, tu peux faire demi-tour.

– Non, je venais juste utiliser les toilettes. Mais pour une fois que tu es mise à mal par les taquineries de quelqu’un d’autre, je ne pouvais vraiment pas passer à côté.

Kate secoua la tête, un sourire apparaissant néanmoins sur ses lèvres :

– Tu savais très bien te défendre toi aussi, répondit-elle.

– Hmm, pas aussi bien. Et puis, tu trouvais toujours un moyen pour m’avoir à nouveau juste après.

– Ah ? feignit de s’étonner Kate avant de s’approcher d’elle. Bon, assez discuté, pendant que tu es là...

Elle défit le bouton de son jean.

– ...tu pourrais peut-être me soulager, non ? ajouta-t-elle en s’attaquant au deuxième bouton tout en lui jetant un regard qui en disait long sur ses intentions.

Cassie écarquilla les yeux alors que sa mâchoire se décrochait.

Littéralement.

– Je crois bien que tu as raison, j’arrive toujours à t’avoir d’une façon ou d’une autre, reprit Kate en laissant un sourire diabolique se dessiner sur ses lèvres.

– Je... tu... mais... bon sang, Kate ! s’exclama finalement Cassie en lui lançant la première serviette qui lui tomba sous la main. T’es pas possible !

Le rire de Kate résonna dans la pièce, poussant les quelques personnes présentes à tourner la tête dans leur direction, mais elle les ignora.

– Je sais, sourit-elle, fière de sa bêtise. Ça t’apprendra à venir en rajouter une couche lorsque je souffre déjà le martyre, ajouta-t-elle en se rhabillant.

– Le martyre, ricana Cassie. Attends de sortir d’ici et d’affronter Eva et Liz, là tu pourras parler de martyre. Elles ne vont pas te lâcher avant un moment avec ça.

Le sourire de Kate s’effaça aussitôt :

– Oh non, gémit-elle tout en portant une main à son visage avant de sourire à nouveau. Nan, Eva ne fera rien, j’ai cette histoire de placard et d’amusement en solitaire en réserve si jamais elle me cherche.

Cassie ricana aussitôt :

– Je t’en prie, fais-toi plaisir. Rien ne pourrait plus nous amuser que si vous vous lanciez toutes les deux dans ce genre de chamailleries, taquina-t-elle. Je me demande qui gagnerait... étant donné qu’il n’y en a pas une pour récupérer l’autre.

Kate lui tira la langue avant de se diriger vers la porte :

– J’imagine qu’on ne le saura jamais, sourit-elle dans un clin d’œil avant de se tourner pour sortir.

Elle hésita cependant un instant avant de lui faire de nouveau face.

– Cassie ?

– Hmm ? demanda l’adolescente qui s’était dirigée vers une cabine.

Kate s’approcha légèrement :

– Je suis contente de retrouver ma meilleure amie.

 La fin de sa phrase comprenait néanmoins une note interrogative et Cassie l’observa longuement avant de laisser un sourire ému apparaître sur son visage, et elle ne put retenir les larmes lorsque Kate s’approcha afin de la prendre dans ses bras.

– Moi aussi, répondit-elle sincèrement, retournant l’étreinte. Maintenant file, ajouta-t-elle en se reculant, s’essuyant les yeux d’un revers de main. Laisse pas Emma subir leurs taquineries toute seule trop longtemps, Dieu sait de quoi elles sont capables.

– Oui, tu as raison, grimaça Kate avant de venir tripoter nerveusement le bas de son t-shirt. Mais avant, je voulais te remercier pour elle aussi. Je me doute que ça ne doit pas être évident pour toi non plus. Alors... merci de faire en sorte qu’elle soit à l’aise.

Cassie soupira avant de venir prendre appui sur l’un des éviers qui jouxtait l’entrée :

– C’est bien pour ça que tu m’as menacée, non ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

Kate se figea.

– Alors tout ça n’est rien d’autre que le fruit de ma mise en garde ? demanda-t-elle d’un ton incrédule.

Le visage de Cassie s’adoucit visiblement :

– Non. Simplement, je sais que j’ai fait beaucoup d’erreurs, me montrer sympathique envers elle... je lui dois au moins ça. Même si, crois le ou non, c’est pas si difficile à réaliser, ajouta-t-elle dans un faible sourire. C’est quelqu’un de bien.

– Elle l’est, acquiesça Kate. Et ce soir, elle a la chance de voir que tu l’es aussi.

Cassie sentit aussitôt sa vue se brouiller et elle secoua légèrement la tête :

– Kate..., souffla-t-elle d’une voix tremblante. Me dis pas des choses comme ça, s’il te plaît.

– Pourquoi pas ? demanda aussitôt Kate, confuse. C’est la vérité pourtant.

– Quelqu’un de bien n’aurait pas fait ce que j’ai pu faire cette dernière année. Bon sang Kate, je lui ai quasiment rasé la tête ! s’exclama-t-elle alors que quelques larmes coulaient librement le long de ses joues. Et merde, lâcha-t-elle en s’essuyant les yeux d’une main irritée.

Les quelques personnes présentes autour d’elles tournèrent la tête dans leurs directions et Kate posa aussitôt ses mains sur ses hanches, la posture défiante.

– Un problème ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.

Elle attendit que les regards se détournent avant de s’approcher et prendre à nouveau Cassie dans ses bras, sa main caressant son dos en un geste de réconfort.

– Personne n’est parfait. Regarde-moi, menacer mon ex d’exclusion par la publication de photos compromettantes qui auraient non seulement mené à son renvoi, mais aussi très certainement à l’impossibilité de réaliser de nombreux projets. J’étais à deux doigts d’anéantir ta vie.

– Je le méritais, Kate..., renifla Cassie, son visage enfoui dans son cou.

– C’est n’importe quoi, et tu le sais, lâcha aussitôt Kate, poussant Cassie à sursauter légèrement.

– Kate...

– Non, personne ne mérite ce genre de chose, poursuivit l’adolescente. Et je n’avais pas à répondre comme j’ai pu le faire. C’est comme si tu m’avais giflée et que je t’avais rendu la pareille. C’était juste puéril, et je suis sincèrement désolée pour ça.

Cassie eut un rire nerveux alors qu’elle relevait légèrement son visage de manière à croiser le regard de Kate.

– Je crois que si on avait voulu faire plus ironique, on n’aurait pas pu. Tu n’as pas à t’excuser, Kate. Toi, au moins, tu n’es pas passée à l’action, ajouta-t-elle plus faiblement.

– Parce que tu m’en as empêché.

Cassie haussa les sourcils, son visage mêlant surprise et confusion.

– Comment ça ? demanda-t-elle.

– Tu as été honnête avec moi ce soir-là. Tu m’as dit pourquoi tu avais fait tout ça, ce que tu ressentais... Disons que ça m’a fait ouvrir les yeux sur ce que je m’apprêtais à faire. Alors oui, je m’excuse, parce que je ne vaux pas mieux.

Cassie secoua légèrement la tête alors qu’elle finissait de s’essuyer les yeux.

– Il y a une différence entre vouloir faire du mal pour faire du mal, et vouloir blesser dans le but de se venger.

– Alors quoi, l’un est plus excusable que l’autre ? demanda Kate, incrédule. Je ne crois pas, non. Les deux sont impardonnables, à moins que la personne ne prenne conscience de ses actes, demande pardon, et fasse tout son possible pour se racheter.

Elle prit la main de Cassie dans la sienne et poursuivit d’un ton plus doux :

– Tout le monde t’a pardonné, Cass’. Il est grand temps pour toi de te pardonner aussi.

Cassie détourna la tête un instant, la gorge nouée, avant de laisser son regard retomber sur le sol.

– Même Emma ? demanda-t-elle finalement.

Elle sentit une main se poser sous son menton et lui relever doucement la tête afin de croiser deux yeux couleur chocolat.

– Je ne peux pas répondre à sa place,  mais je pense la connaître un minimum maintenant, répondit Kate dans un petit sourire. Et si c’est pas déjà le cas, ça ne saurait tarder, ajouta-t-elle sincèrement.

Cassie prit une profonde inspiration avant de la relâcher doucement.

– D’accord, je vais y travailler alors, répondit-elle dans un triste sourire. Mais à une condition.

Kate leva les yeux ciel.

– Forcément, le contraire m’aurait étonnée, taquina-t-elle. Faire dans la simplicité n’a jamais été ton truc.

Cassie sourit.

– Tu me connais bien, répondit-elle avant de reprendre son sérieux. Promets-moi de te pardonner toi aussi.

Kate haussa un sourcil avant de secouer la tête, un léger rire s’échappant de ses lèvres.

– D’accord, répondit-elle. Je vais y travailler, ajouta-t-elle dans un sourire.

– Merci, répondit sincèrement Cassie en exerçant une légère pression sur la main de Kate. Bon, une certaine partie de mon anatomie commence désespérément à s’impatienter, et Emma doit t’attendre.

– Elles doivent toutes nous attendre, rectifia Kate. Rejoins-nous vite.

Cassie se contenta de hocher la tête, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres.

Les soirées prenaient parfois des tournures complètement inattendues. Mais elle n’allait pas certainement s’en plaindre.

Elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis longtemps.

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