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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juillet 2015

Chapitre 4

— Tu sais, tu devrais vraiment penser à t’acheter une voiture, marmonna Elysia tout en rendant son casque à Josh. Le magazine te paye quand même assez pour, non ?

— Et subir les embouteillages ? Non merci, rétorqua Josh en faisant vrombir le moteur de son scooter gris.

Elysia, qui s’était penchée devant l’un des rétroviseurs de manière à pouvoir se recoiffer, plissa des yeux face au nuage de pollution produit. Josh lui offrit un sourire penaud.

— Admets quand même que tu aurais mis plus de temps en voiture, ou en taxi...

— C’est vrai, reconnut Elysia, avant de le taquiner. Et puis, j’ai pu voir que tu étais bien plus musclé que tu en avais l’air. Il doit en effet marcher, ce petit déjeuner des champions !

Le visage de Josh vira aussitôt au cramoisi et il marmonna un faible « euh... j’ai... euh... à tout à l’heure » avant d’abaisser son casque et de s’engager sur la route, ignorant le rire d’Elysia qui résonnait derrière lui.

Elle prit la direction du garage et vit aussitôt Kat en sortir, son marcel et son jean déchiré légèrement recouverts de cambouis.

Son regard s’attarda un instant sur les muscles visibles de ses avant-bras avant de poursuivre leur route le long de son corps et un sourire se dessina sur ses lèvres. Chloé passait son temps à la surnommer « Sexy », et Elysia dut bien s’avouer qu’elle ne pouvait qu’aller dans son sens sur ce point. Non pas qu’elle était en désaccord avec Chloé sur le reste, mais elle avait l’impression de sentir son cœur se serrer à chaque fois qu’elle pensait à la jeune femme, même si elle n’en comprenait pas la raison. Cette sensation lui était bien trop désagréable pour qu’elle s’y attarde.

Kat l’aperçut finalement et Elysia s’approcha, un sourire sur les lèvres.

— Mon petit doigt m’a dit que ma voiture était enfin prête, taquina-t-elle.

— Juste le temps de déposer ça et je suis à toi. Tu peux m’attendre à l’intérieur si tu veux.

Elysia remarqua alors les deux gros pneus qu’elle semblait n’avoir aucune difficulté à porter et acquiesça, mais s’arrêta au moment où Kat passait à côté d’elle.

— Ne me fais pas attendre, Super Girl, dit-elle en la chatouillant légèrement au niveau du ventre. Sinon, tu découvriras combien les rédactrices en chef peuvent être redoutables, taquina-t-elle.

Son geste prit visiblement Kat par surprise mais cette dernière se reprit rapidement, même si Elysia nota aisément la légère coloration qui vint recouvrir progressivement ses joues.

Kat haussa les sourcils avant qu’un sourire n’apparaisse à son tour sur ses lèvres et qu’elle ne secoue légèrement la tête.

— À tout de suite, répondit-elle.

💕

A l’intérieur, le rock d’Elvis résonnait en fond sonore, la voix du King se répercutant contre les murs recouvert d’outils. Kat adorait écouter de vieilles chansons à plein tube à chaque fois qu’elle travaillait sur sa voiture ce qui, selon Elysia, avait quelque chose d’extrêmement agréable. Surtout lorsque Kat se mettait à se trémousser en rythme, emportée par le tempo endiablé du best-of de Presley. Penchée au-dessus du moteur, les mains dansant avec cette aisance que conférait l’habitude, elle chantonnait désormais et Elysia avait bien du mal à se retenir de rire.

— Alors ? demanda-t-elle finalement pour la troisième fois.

Kat prit appui contre le pare-chocs de sa voiture.

— J’ai jamais vu quelqu’un d’aussi impatient, répondit-elle en écartant une mèche rebelle de son visage d’un revers de main, laissant par la même occasion une trace de cambouis sur sa joue. Tu as un rendez-vous galant, ou quoi ?

— Un rendez-vous galant ? s’étonna Elysia avant de sourire, venant essuyer la joue de Kat à l’aide d’un torchon propre. Ouais, avec mon magazine.

Kat lâcha un rire.

— Ah ces rédac’ chef, ils travaillent même le samedi pour nous prouver qu’ils font bien quelque chose là-haut, dans leur tour d’ivoire.

Son commentaire lui valut une belle tape sur les fesses et elle sursauta, se cognant la tête contre le capot.

— Ouch !

Elysia écarquilla aussitôt les yeux.

— Oh merde, ça va ? demanda-t-elle, inquiète.

— Mis à part que j’ai dû perdre quelques neurones..., marmonna Kat tout en retirant ses gants.

Elle s’apprêta à porter une main à sa tête mais Elysia lui donna une petite tape.

— Hé ! s’exclama-t-elle aussitôt. C’est une nouvelle manie de me taper dessus ?

— Non, bêta, rit Elysia. Mais même avec tes gants, tes mains sont pleines de cambouis. Baisse-toi.

Kat marmonna quelque chose qu’Elysia ne parvint pas à déchiffrer avant de légèrement plier les genoux. Leur taille étant presque identique, elle n’avait pas à descendre de beaucoup. Elysia écarta ses cheveux avant de remarquer une légère rougeur, et au vu de l’enflure, elle ne mit pas bien longtemps avant de conclure que Kat allait avoir une petite bosse.

— Tu as de la glace ici ? Ou quelque chose de frais ?

— Il y a un distributeur, mais je ne me vois pas me trimbaler avec une canette sur la tête pendant le reste de la journée.

Elysia rit doucement.

— Avec la chaleur qu’il fait, elle ne restera pas fraîche bien longtemps, de toute façon. Bon, ben, aux grands maux, les grands remèdes.

Et elle l’embrassa sa tête dans une infinie douceur.

— C’était quoi, ça ? demanda Kat alors qu’un doux frisson parcourait son corps.

— Un bisou magique, sourit Elysia.

Kat se redressa et secoua légèrement la tête.

— Tu es unique, tu le sais ça ? répondit-elle tout en refermant le capot de la voiture.

Elysia fut prise de court. Elle s’était attendue à de l’humour, mais voilà que Kat lui offrait une réponse emprise d’une sincérité à lui en faire oublier comment on respire. Une douce chaleur recouvra progressivement ses joues, et elle se retrouva à balbutier un « merci » à peine audible.

— J’ai terminé, mademoiselle l’impatiente, taquina finalement Kat tout en s’emparant d’un chiffon avec lequel elle tenta vainement d’effacer les marques de son labeur, sans grand succès. Et ta voiture ne nécessite aucune autre réparation, comme je m’en étais doutée, puisqu’elle est neuve.

— Tu étais censée te contenter de remplacer une pièce, accusa Elysia en croisant les bras sur sa poitrine. Pas me faire une révision complète.

Kat afficha un air taquin.

— J’avais peut-être envie d’un gros chèque.

Elysia haussa les sourcils.

— Oh ? Et qu’est-ce qui te fait croire que mon métier paye si bien ?

— Je t’en prie, cette voiture crie le compte en banque bien rempli, et ta tenue va dans le même sens.

Elysia haussa les sourcils avant d’abaisser son regard vers son corps.

— Je suis en jean ! s’exclama-t-elle.

— Avec des talons Jimmy Choo, un sac à main Gucci et une veste tailleur... hmm, Chanel ?

Elysia afficha un air faussement outré.

— Mais c’est qu’elle s’y connaît en matière de mode, taquina-t-elle.

Kat croisa les bras sur sa poitrine, les yeux plissés.

— Rien que pour ça, tu vas me le signer, ce gros chèque.

— Non, j’ai mieux, sourit Elysia. Que dirais-tu d’un bon petit déjeuner sur le compte du magazine avant d’embaucher ?

Kat jeta un œil à sa montre. Il était déjà pas loin de huit heures.

— J’avais prévu de retrouver un ami à la cafeteria, mais tu peux te joindre à nous si tu veux ?

Elysia fronça les sourcils. Seuls les employés du magazine avaient accès à la cafétéria, alors il y avait de grandes chances pour qu’elle le connaisse.

— Un ami... ?

— Tu comprendras quand tu le rencontreras, sourit mystérieusement Kat.

Oh ?

— O.K., allons-y alors.

💕

Elysia passait pour la énième fois la salle du réfectoire en revue lorsqu’un léger coup de coude attira son attention, et elle croisa aussitôt un regard noisette amusé.

— Tu cherches quelque chose ? taquina Kat tandis qu’elles cherchaient une table, leurs plateaux-repas entre les mains.

Elysia rougit légèrement.

— Je me demandais juste qui était cet ami dont tu parlais. S’il travaille ici, je devrais le connaître. Sinon, il vient de l’extérieur et alors je me demande comment tu as fait pour le faire entrer.

— À chacun ses petits secrets, rétorqua Kat, conspiratrice. Pourquoi ? Tu as peur d’agrandir ton fan-club ?

Elysia haussa aussitôt les sourcils de surprise.

— Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

— C’est un secret pour personne que tu fais tourner toutes les têtes, répondit Kat, retenant difficilement un sourire amusé. J’ai même cru que Luke allait baver sur tes œufs et ton bacon quand il t’a tendu ton assiette.

Elysia l’observa, sceptique, mais un homme se dressant soudainement devant elle lui fit ravaler toute réponse. Son t-shirt moulant ne faisait rien pour cacher des pectoraux ultra développés, et Elysia leva les yeux vers un visage charismatique dont les traits fins faisaient de lui un homme extrêmement séduisant. Et ce regard ! Elysia avait du mal à s’en détacher. Des yeux sombres si captivants qu’ils rendaient sa beauté des plus attirantes.

La voix de Kat, qui déposait son plateau sur la table et prenait place, la ramena au présent :

— Tawny, je te présente Elysia, la rédactrice en chef du magazine pour lequel je travaille. Elysia, je te présente mon meilleur ami depuis toujours, Tawny, spécialiste en ingénierie climatique.

— Oh. Bon sang, si on m’avait dit un jour que j’allais rencontrer un véritable adonis, je n’y aurais jamais cru ! s’exclama Elysia tout en tendant une main. Enchantée.

— Il est surtout très marié, ricana Kat lorsqu’elle vit Tawny rougir.

Elysia fit la moue.

— Mouais, de toute façon, c’est toujours comme ça, soit ils sont casés, soit ils sont gays.

Tawny haussa un sourcil tandis que Kat riait doucement.

— Vous déjeunez tous les jours ici ? demanda Elysia en s’asseyant.

— Je supervise les travaux d’installation de la climatisation réversible dans les offices trois étages en dessous des vôtres, répondit Tawny en regagnant sa chaise. On a pris l’habitude de se rejoindre à chaque pause-déjeuner avec Kat.

Une femme apparaissant soudainement derrière lui l’embrassa sur le dessus de la tête avant de s’installer à ses côtés et Elysia remarqua pour la première fois qu’un deuxième plateau reposait sur la table, à côté de Tawny.

— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Kat dès que la jeune femme se fut assise.

— Je commence plus tard ce matin, alors que je me suis dit que j’allais manger avec mon homme et ma meilleure amie, expliqua Lyna dans un sourire avant de pointer son couteau vers Kat et de plisser les yeux. Bien que cela n’ait pas l’air de faire plaisir à cette dernière.

Kat secoua aussitôt la tête.

— Non, c’est pas ça. Je me demandais juste comment tu avais fait pour entrer.

— Oh, répondit Lyna avant d’afficher un regard brillant. Tu serais surprise de ce qu’on arrive à faire quand on est avocate.

Kat se mit aussitôt à rire.

— Tu es folle.

— Ça fait longtemps que c’est plus à prouver, renchérit aussitôt Lyna avant de porter son regard sur Elysia. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais en compagnie de la rédactrice en chef du magazine pour lequel tu travailles ?

Même si la question était dirigée vers Kat, Elysia se sentit légèrement rougir.

— Je ne savais pas que j’étais si célèbre, sourit-elle en tendant une main. Elysia Lasheras. Ravie de rencontrer la magnifique femme de ce charmant Adonis, taquina-t-elle dans un clin d’œil.

Lyna s’empara de sa main dans un sourire.

— Bien pensé, le double compliment, ça m’évite de sortir les griffes. Enchantée, moi, c’est Lyna.

— On revient tout juste du garage, déclara Kat, après avoir pris une gorgée de jus d’orange, revenant à la question de Lyna. Elysia a eu quelques soucis avec sa voiture, alors j’y ai jeté un petit coup d’œil.

— Oh. C’est gentil de ta part. Et la Chevrolet, ça avance ?

— Ça irait plus vite si t’accordais un peu plus de temps libre à ton époux, feignit de menacer Kat.

Lyna prit aussitôt un air innocent.

— Pourquoi est-ce que ce serait automatiquement de ma faute ? Je te l’ai dit, il a simplement peur de finir (elle chuchota le mot) émasculé si ça tourne mal, et pour tout te dire, moi aussi.

Elysia ne sut dire ce qui l’amusa le plus, les paroles de Lyna ou la façon dont Tawny roulait des yeux, mais elle éclata de rire, bien vite suivie par les autres.

Son regard s’arrêta cependant sur l’horloge murale et elle grimaça avant d’afficher un air désolé.

— Je suis désolée mais je suis totalement débordée en ce moment, s’excusa-t-elle en se redressant. Alors mon déjeuner et moi allons gentiment retourner nous ensevelir sous mes dossiers et vous souhaiter une excellente fin de repas.

— Vous voulez dire, passer votre temps à dessiner de petits personnages dans les marges de vos documents, taquina aussitôt Lyna dans un sourire.

Elysia rit de nouveau.

— Ça commence comme ça, répondit-elle, mais malheureusement, ça ne dure pas.

— Hmm, je comprends, répondit Lyna. Je suis avocate, et les raisons pour lesquelles je me suis orientée vers cette profession sont elles aussi entachée d’une pile de paperasse.

— Ouf, ravie de voir que je ne suis pas la seule à trouver ça chiant, répondit Elysia dans un soulagement feint, provoquant aussitôt une nouvelle tournée de rire. Avocate donc ?

Elle prit un air pensif tout en se tournant vers Kat.

— L’un pourrait déjà me rendre service pour la climatisation, et maintenant, je peux même me permettre des démêlés avec la justice, dit-elle avant de sourire fièrement. J’adore tes amis.

Kat secoua la tête, amusée.

— Fais attention, connaissant Lyna, elle te demandera des numéros gratuits en échange, taquina-t-elle.

— Ah ces femmes, toujours difficiles en affaires, feignit de soupirer Elysia avant de sourire. Bon, je vous souhaite un bon appétit. À tout à l’heure, ajouta-t-elle en direction de Kat tout en lui faisant un clin d’œil.

Kat hocha la tête et après un dernier sourire et un signe de la main, Elysia s’éloigna, la laissant seule avec deux paires d’yeux émeraude fixées sur elle.

— Quoi ? demanda-t-elle, craintive.

— Si tu ne l’invites pas à sortir, je te la pique, répondit Lyna en pointant son couteau vers elle.

Kat haussa les sourcils alors que Tawny avalait de travers.

— Hé ! s’exclama-t-il une fois la toux passée.

— Je plaisantais amour, sourit Lyna en l’embrassant sur l’épaule tout en lui tapotant doucement le dos. Allez Kat, elle est canon, et visiblement marrante en plus d’être intelligente.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? sourit aussitôt Tawny, amusé.

Lyna haussa les épaules.

— Bah, je suppose qu’il faut un minimum de matière grise pour être rédactrice en chef, non ? sourit-elle avant de lui murmurer d’un air conspirateur tout en observant Kat. Mais avoue qu’elle et Kat formeraient un couple parfait, en plus d’être super sexy.

Elle ajouta lorsque Kat se contenta de secouer la tête :

— Tawn’ ?

— Elle est jolie, acquiesça son époux, haussant les épaules.

— Jolie ? s’exclama aussitôt Lyna en tournant la tête vers lui. Elle a un physique à tomber oui ! Je me sens limite complexée à côté.

Tawny vint aussitôt l’embrasser derrière l’oreille où Kat l’entendit clairement murmurer : « Tcht... elle fait bien pâle figure à côté de toi. »

Lyna leva aussitôt les yeux au ciel, un sourire amusé néanmoins présent sur ses lèvres.

— Beau parleur, le taquina-t-elle avant de regarder Kat à nouveau. Je comprends mieux pourquoi tu n’as pas hésité avant d’accepter cette proposition à dîner l’autre soir, en tout cas, dit-elle, le regard brillant de malice.

— Lyna..., soupira Kat. Ça n’a rien à voir.

— Ah non ? rétorqua Lyna, un sourcil haussé avant de remuer sa fourchette dans sa direction. Allez Kat, elle remonte à quand, ta dernière relation ? Je suis sûre que ça doit prendre la poussière par-là..., poursuit-elle en descendant son regard le long de son corps.

Kat haussa un sourcil avant de décider de jouer à son tour.

— Justement..., commença-t-elle en lui offrant un regard appuyé, ...c’est bien plus récent que tu ne te l’imagines.

 Lyna l’observa, essayant de discerner si elle disait vrai, mais elle n’eut pas le temps de répondre que Tawny reprit la parole. 

— Reste que Lyn’ a raison, tu devrais foncer.

Kat secoua la tête, incrédule.

— Vous avez perdu la tête, ma parole, dit-elle en reportant son attention sur ses œufs et son bacon.

Leurs petits sourires lui parvinrent du coin de l’œil et elle soupira tout en portant la fourchette à sa bouche.

Je savais que cette rencontre était une mauvaise idée.

💕

— J’ai l’impression de faire l’école buissonnière, grimaça Elysia quelques heures plus tard. Regarde-moi ça, avec ma capeline, j’ai tout de la fautive qui cherche à passer inaperçu !

Kat éclata de rire et elle lui tira la langue avant d’avancer d’une place dans la file.

— Détends-toi, répondit Kat, avant de la raisonner. Tu t’accordes juste une pause histoire de souffler un peu. Et puis, t’es la rédac’ chef, qui irait te le reprocher ?

— Moi ? grimaça Elysia, s’écartant légèrement quand une petite fille passa à côté d’elles avec deux cornets de glace.

Elle retint cependant difficilement un rire lorsque Kat bondit aussitôt hors de portée.

— Qu’est-ce tu prendras ? demanda Kat une fois arrivée au comptoir du camion de glaces.

— Pistache choco. Pourquoi est-ce que tu les évites comme ça ? ajouta-t-elle en chuchotant.

— Qui ? répondit Kat, fouillant dans ses poches avant d’en sortir quelques billets roulés en boule.

Elysia désigna les gamins qui s’éloignaient déjà le long de la rue et Kat grimaça tout en attrapant leurs cornets.

— À cet âge, ils ont toujours les mains sales, à mettre leurs doigts partout là... Encore plus lorsqu’ils mangent des glaces. Mes vêtements sont propres, je tiens à ce qu’ils le restent.

Elysia haussa les sourcils avant d’éclater de rire et Kat s’arrêta, surprise.

— Quoi ? demanda-t-elle, légèrement sur la défensive alors qu’elle lui tendait son cornet.

— Merci, répondit Elysia plus ou moins calmée. Rien, rien, juste, venant d’une femme qui passe son temps à être recouverte de cambouis...

Le regard de Kat s’assombrit ostensiblement et Elysia ne put se retenir de rire à nouveau.

— En plus, continua-t-elle, les yeux humides. Ils ont quoi ? Dix ans ? J’ose espérer qu’ils savent être propres à cet âge-là.

Kat marmonna entre ses dents avant de soudainement partir devant et Elysia tenta tant bien que mal de se calmer avant de la rejoindre. Quelque chose lui disait que Kat n’aimait pas trop être taquinée comme ça.

— Hé, appela-t-elle une fois arrivée à sa hauteur.

— C’est bon, t’es calmée ? demanda Kat en l’observant du coin de l’œil.

Elysia hocha frénétiquement la tête.

— Promis, répondit-elle. Tu boudes pas, hein ?

Kat porta sa glace à ses lèvres tout en haussant les épaules.

— Si je dis que si, qu’est-ce que tu fais ?

— Je sais pas, sourit Elysia, amusée. Il paraît que le mieux, c’est d’ignorer, comme ça l’enfant finit par se lasser, et hop, affaire oubliée, taquina-t-elle.

Kat fit la moue et Elysia ne put s’empêcher de rire à nouveau avant de lâcher un cri quand un bras l’encercla soudainement par la taille et qu’une glace apparut à quelques centimètres de son visage.

— Tu disais ? lui souffla Kat, à l’oreille.

Elysia frissonna.

— Moi ? feignit-elle innocemment. Rien du tout.

Kat la relâcha avant de passer devant elle.

— Bien, sourit-elle avant de lui mettre un coup de glace sur le nez, puis détaler en courant.

Elysia haussa les sourcils avant de partir après elle à son tour.

— Oh Kat, tu vas me le payer !

💕

Une demi-heure plus tard, elles flânaient tranquillement le long des allées du parc, leurs glaces désormais terminées, lorsque des bruits de ballon rebondissant sur le bitume attirèrent leur attention.

Comme tous les samedis à quatre heures de l’après-midi, le terrain de basket était bien évidemment occupé et Elysia reconnut aussitôt la plupart des joueuses. Ces filles venaient du quartier chaud de la ville qui se trouvait à quelques rues d’ici. Elles étaient toutes étudiantes, et enchaînaient les heures au Burger Palace du coin pour subvenir à leurs besoins, ainsi qu’à ceux de leurs familles. Et chaque weekend, elles se réunissaient ici pour décompresser.

Kat, grande sportive dans l’âme, avait l’habitude de jouer avec elles de temps à autre et au vu de ses mains profondément enfoncées dans les poches avant de son jean et de sa façon de se balancer d’avant en arrière tout en les regardant, Elysia sut qu’elle mourait d’envie de les rejoindre.

— Tu peux y aller, tu sais, dit-elle d’un ton nonchalant.

Le sourire qui étendit les lèvres de Kat la rendit soudainement si attirante qu’Elysia en oublia de respirer.

— C’est vrai ?

— Hein ?

Kat fronça les sourcils et Elysia secoua légèrement la tête pour retrouver ses esprits. Oh bon sang, c’était quoi ça ?

— Euh, je veux dire, oui, oui. Je vais m’assoir juste-là, dit-elle en désignant l’un des bancs qui entourait le terrain. Mais gagne pour moi, d’accord ? taquina-t-elle.

Kat regarda sa montre.

— O.K., cinq minutes alors, dit-elle, réunissant sa longue chevelure brune en une queue de cheval haute grâce à un élastique qu’elle gardait toujours à son poignet. Mais tu peux venir aussi, tu sais. Je les connais bien, ça ne les dérangera pas.

Elysia secoua la tête.

— Non, le sport et moi n’avons jamais été amis, souris-je. Je préfère te regarder. File.

Kat s’éloigna aussitôt après un « merci ! » empli d’enthousiasme et trottina vers les joueuses réunies au milieu du terrain. Après toute une série de high-five échangés, Kat s’arrêta devant celle qui tenait le ballon et la joueuse posa aussitôt une main sur son épaule afin de venir lui murmurer quelque chose à l’oreille, probablement la tactique de jeu adopté pour le match.

— Elles sont obligées d’être aussi proches ? marmonna Elysia pour elle-même, sa bonne humeur s’évaporant soudainement.

Un soupir s’échappa de ses lèvres et elle prit place sur un banc situé à proximité de l’entrée du terrain, sur la gauche. Un arbre la protégeait du soleil et elle avait vue sur l’ensemble de la surface de jeu depuis sa position.

Après quelques paroles, la partie commença enfin, et Elysia ne put s’empêcher de sourire. La fluidité du jeu prouvait une fois de plus combien elles avaient l’habitude de jouer ensemble, mais surtout Kat semblait s’amuser et ça lui faisait plaisir.

— Vous êtes fan ?

La voix la fit sursauter et Elysia tourna aussitôt la tête, surprise de voir qu’un jeune homme avait pris place à côté d’elle, le bras en appui contre le dossier du banc et une jambe recroquevillée sous lui. Il est venu quand, celui-là ?

— Pardon ?

Il la regarda de la tête aux pieds un sourire étrange sur les lèvres avant de désigner le terrain.

— Basket, vous êtes fan ?

— Oh. Fan est peut-être un peu fort mais... j’aime bien. Et vous ?

Elle posa surtout la question par simple politesse. Sa tenue décontractée et son jeune âge — vingt-cinq, vingt-six ans peut-être ? — lui donnaient un air engageant, mais Elysia ne se laissa pas duper. Les traits de son visage étaient tendus et elle était presque certaine qu’il avait bu.

Il hocha la tête mais resta silencieux, et Elysia reporta son regard sur le match dans l’espoir qu’il la laisse tranquille et décide de partir, mais son haleine fétide mêlant cigarette et alcool lui parvint aussitôt.

— Vous savez que vous êtes bandante...

Sa main sur sa cuisse la fit sursauter et elle s’écarta aussitôt.

— Non mais vous êtes malade ! s’exclama-t-elle.

— Oh allez, je sais que t’en as envie avec ta p’tite jupe là...

Il s’approcha à nouveau et Elysia se leva d’un bon, plaquant inconsciemment ses mains sur le tissu de sa jupe comme pour s’assurer qu’il n’y avait pas accès. Le regard de l’homme repéra aussitôt son geste et son visage s’assombrit aussitôt.

— Quoi ? cracha-t-il en se levant à son tour. Ça s'habille comme une petite salope, ça joue à l'allumeuse et ça ne voudrait pas se faire toucher ? dit-il en se rapprochant dangereusement. Je vais te montrer ce qui arrive aux petites salopes comme toi qui jouent à faire la putain...

Elysia commença à se reculer mais les mains de l’homme vinrent soudainement s’emparer de ses biceps, ses doigts puissants s’enfonçant dans sa peau alors qu’il la rapprochait violemment de lui. Un cri de surprise s’échappa de ses lèvres mais s’éteignit bien vite lorsqu’il resserra encore plus son étreinte. La douleur était insupportable, ses pieds touchaient à peine le sol et son corps était en contact avec le sien de tout son long, les effluves d’alcool qui lui parvenaient lui donnant la nausée.

Du mouvement attira cependant son attention du coin de l’œil, et elle comprit aussitôt.  Une silhouette vêtue de noir, la même qui s’était trouvée sur le toit de l’immeuble ce jour-là, les observait du coin d’un immeuble. Son regard étrangement familier lui donna une fois de plus froid dans le dos, et Elysia était prête à parier qu’elle souriait.

Espèce de Targa de —

La pression que l’homme exerçait sur ses bras la ramena au présent et elle le regarda de nouveau tout en tentant d’échapper à son étreinte, mais il était beaucoup trop fort pour elle. Elle avait tellement mal qu’elle n’arrivait pas à coordonner ses jambes comme elle le voudrait.

— C'est ça, débats-toi, petite chienne, sourit-il. Ça me fait bander encore plus ! Vous êtes toutes pareilles... vous ne demandez qu'à vous faire baiser...

Ses lèvres s’approchèrent d’Elysia et elle sentit la panique mêlée au dégoût s’emparer d’elle. La peur la poussa alors à fermer les yeux et elle inclina la tête vers l’arrière avant de la faire venir s’écraser violemment contre le visage de son tourmenteur, visant son nez. Un crac ! puissant résonna aussitôt et il s’écrasa sur le sol en grognant, l’entraînant avec lui dans sa chute. Elysia ne put se retenir de gémir tellement la douleur était forte. Sa tête tournait, pulsant au même rythme que son cœur, et la seule chose qu’elle arriva à faire, ce fut de rester assise sur ses fesses et cligner des yeux afin de pouvoir identifier le décor qui l’entourait.

— Ouch merde, souffla-t-elle en prenant sa tête entre ses mains.

Le type fut le premier à se remettre debout et il l’observa de toute sa hauteur, le regard meurtrier tandis que du sang dégoulinait de son nez qui formait désormais un angle disgracieux. Sa bouche se déforma par la rage.

— Salope ! Tu vas payer pour ça !

— Hé !

La voix vint de quelque part derrière lui et à l’instant même où il tourna la tête, un ballon de basket vint le heurter en plein visage à une vitesse impressionnante. L’impact le fit aussitôt décoller du sol et il atterrit sur son dos dans un bruit sourd, l’air s’échappant de ses poumons. Elysia eut à peine le temps de réagir que des mains chaudes vinrent encadrer son visage et caresser ses joues.

— Ely regarde-moi, ça va ? demanda la voix qu’elle devina soucieuse.

Elysia cligna des yeux à plusieurs reprises tandis que Kat frottait ses mains engourdies. Sa vue s’éclaircit enfin et ses lèvres s’étirèrent en un sourire quand elle remarqua les rayons du soleil filtrant à travers les branches qui venaient se refléter sur le visage de Kat, conférant à ses cheveux des reflets naturels.

— Hé, Sexy.

Kat s’agenouilla devant elle et Elysia remarqua enfin combien elle semblait agacée, ses mains effleurant gentiment son corps afin de s’assurer qu’elle n’était pas blessée. Puis ses yeux se posèrent sur son front, et ses traits se durcirent aussitôt.

Elysia lâcha pour sa part un soupir de soulagement.

— Je suis contente de te voir, tu sais ?

— Tu ne devrais pas l’être, répondit aussitôt Kat d’un ton dur qui s’adoucit cependant rapidement. Je perds toujours notion du monde extérieur lorsque je joue, je suis vraiment désolée. Si j’avais prêté plus attention...

— C’est pas grave, la rassura Elysia en s’emparant de sa main à nouveau. Tu as gagné ?

Kat l’observa, surprise.

— Quoi ? Bon sang Elysia, j’en sais rien ! On s’en fout !

Elle souleva doucement le menton d’Elysia avant de faire glisser ses doigts sur son front et de grimacer. Un bruit aigu leur parvint et elles tournèrent simultanément la tête vers le type allongé derrière Kat. Ses mains cachaient son visage et il gémissait tout en se balançant légèrement d’avant en arrière.

— Tu lui as brisé le nez avec ta tête ? s’exclama aussitôt Kat, visiblement surprise.

Elysia acquiesça mais s’interrompit bien vite face à la sensation désagréable qui lui parvint aussitôt ; elle avait l’impression que son crâne allait exploser. Elle remarqua cependant l’étincelle de fierté qui transparut dans le regard Kat, et elle se sentit rougir.

— Dis-moi que ce n’est pas si terrible que ça en a l’air, dit-elle en désignant son front.

— Laisse-moi voir.

Kat vérifia sa bosse puis ses pupilles afin de s’assurer qu’elles étaient de la même taille. Puis, à la surprise d’Elysia, elle l’encercla dans une étreinte inattendue.

— Tu as une belle bosse, mais tu restes la plus jolie fille du terrain.

Le cœur d’Elysia s’arrêta face à ses mots mais les lèvres de Kat s’approchant de son oreille l’empêchèrent de réagir.

— Tu te sens nauséeuse ? Envie de vomir ?

Elysia réfléchit un instant avant de secouer négativement la tête. Elle avait juste mal au crâne.

— Non. Rien de tout ça.

Kat relâcha un profond soupir.

— Alors je pense que tu as juste été un peu sonnée. On peut toujours aller à l’hôpital pour s’en assurer, mais je pense vraiment que tu n’as rien de grave.

— Non, ça va. Désolée d’avoir gâché la partie.

— Sshhh... il a gâché la partie. Mais t’inquiète pas, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée lors d’un match de basket. 

Elysia ne put retenir un rire et resserra son étreinte autour de Kat. Un sifflement s’échappa cependant de ses lèvres lorsqu’une douleur aiguë se propagea dans ses bras et elle se figea instinctivement.

Merde, j’avais oublié ça.

— Je t’ai fait mal ? demanda aussitôt Kat d’un ton inquiet tout en se reculant.

Elysia secoua négativement la tête avant de se reculer légèrement et de retirer le faible gilet qu’elle portait. Kat la regarda d’un air confus avant de serrer la mâchoire lorsque la peau de ses bras apparut. Des marques de doigts étaient clairement visibles et des bleus étaient déjà apparents.

— Quel fils de...

— Elle est stupide cette insulte, pourquoi insulter sa mère ? Elle n’a rien à voir là-dedans.

Kat soupira aussitôt.

— Ely... c’est pas le moment de faire des plaisanteries, l’admonesta-t-elle tout en étudiant ses bras tour à tour.

— Ce ne sont que des bleus Kat, ça partira...

Elysia écarta doucement les mains de Kat et regagna sa position au creux de ses bras, profitant de son étreinte protectrice le plus longtemps possible.

Kat ne la déçut pas quand elle resserra ses bras autour d’elle.

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Commentaires
E
Ça se précise !! Ça se précise !!!
M
Elle est marrante Elysia à ne pas comprendre ce qu'elle ressent ! Et j'aime beaucoup la tournure que prend les choses. :)
M
Je crois que j'ai été trop patiente. Avril -> Juillet.<br /> <br /> Merci pour ce récit qui s'annonce super bon.
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