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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

24 juillet 2015

Chapitre 11

L'alarme tira Kat d’un sommeil sans rêves et elle tendit une main dans la direction générale du bruit, frappant plusieurs boutons avant que le signal sonore ne soit enfin réduit au silence.

— Ugh, grogna-t-elle avant d’enfouir sa tête sous l’oreiller.

— C’était l'alarme, hein ? marmonna Elysia depuis quelque part sous les couvertures.

« Humpf », fut la seule réponse que Kat parvint à produire, le reste de son énergie étant concentrée dans son déplacement vers Elysia. Elle se retourna et ne put retenir un sourire lorsqu’elle aperçut ses yeux fermés et son visage presque entièrement enfoui dans l'oreiller.

— Il est 6h30, tu commences à 8h00, c’est ça ?

— Hmm, répondit Elysia de façon presque incohérente tout en attirant Kat contre elle.

Kat sentit ses yeux se fermer d’eux-mêmes face à son corps doux et chaud et elle entremêla leurs jambes, savourant l’instant. Elle n’avait aucune envie de se lever, car après tout, qui aurait envie de quitter une étreinte aussi douce ?

— On peut avoir dix minutes de plus ? gémit Elysia tout en serrant Kat un peu plus contre elle, comme si elle sentait que son geste allait la convaincre.

— On pourrait..., répondit Kat, ses doigts dessinant inconsciemment des arabesques sur l’épaule d’Elysia. Sauf que ça nous vaudrait très certainement des coups de pied aux fesses.

Kat conclut qu’Elysia était un peu plus réveillée lorsqu’elle eut un petit rire et elle déposa un baiser sur son épaule, souriant quand Elysia ouvrit de petits yeux fatigués.

— Bonjour, dit-elle tout en venant redessiner sa lèvre inférieure du doigt. Bien dormi ?

Elysia hocha la tête tout en s’étirant.

— Comme un bébé, et toi ?

— Pareil, acquiesça Kat tout en venant l’embrasser juste au coin des lèvres. Tu sais, avec tes cheveux en bataille, tu as l'air bien trop sexy pour quelqu'un qui se réveille.

Elysia recouvrit aussitôt son visage de ses mains.

— Oh Kat, arrête, je dois avoir l’air terrible, grogna-t-elle.

Kat haussa un sourcil.

— Duh, qu’est-ce que tu dois penser de moi alors, ironisa-t-elle, taquine.

Elysia roula des yeux. Elle adorait déjà les cheveux de Kat au naturel, alors au réveil... ils lui donnaient une allure irrésistible. Elle se redressa afin de venir mordiller le lobe de son oreille.

— Ils te donnent un air sauvage terriblement séduisant, ronronna-t-elle d’une voix chaude.

Sa main vint légèrement griffer l’intérieur de la cuisse de Kat et elle sourit quand cette dernière prit une inspiration soudaine, puis ferma les yeux quand l’un de ses bras glissa autour de son ventre afin de l'attirer plus près encore.

Elle tourna légèrement la tête afin d’embrasser Kat au niveau de la clavicule, et sa main se mit à explorer sa peau. Aussi légers qu’une brise, ses doigts dérivèrent entre ses seins puis le long de ses côtes avant de voyager partout ; dans son dos puis sur son épaule pour finir par redessiner les contours de son ventre.

— Je t’aime, murmura-t-elle contre la peau brûlante.

— Je t’aime aussi, répondit Kat, la chaleur du désir se précipitant à nouveau dans ses veines.

Elysia l'embrassa, et Kat frissonna lorsque cette dernière tira légèrement sur sa lèvre inférieure. Sur son ventre, les doigts d’Elysia se faisaient plus insistants, et elle remarqua qu’à chaque fois qu’elle avait complété un circuit, sa main glissait un peu plus bas et réitérait le processus. Bien vite, ses doigts effleurèrent son triangle intime et la profonde inspiration qu’elle prit poussa Elysia à lever les yeux vers son visage.

— Ooooh on dirait que tu aimes ça, dit-elle, une lueur taquine dans le regard.

Pour toute réponse, Kat l’attira soudainement à elle, souriant quand Elysia lâcha un cri de surprise, avant de l’embrasser passionnément.

— Oh bon sang, Kat, souffla Elysia quand Kat délaissa ses lèvres pour venir embrasser son cou, puis sa poitrine.

Elle embrassait sa peau avec un tel désir, l’aspirait, la mordillait avec tant de plaisir qu’Elysia ne put empêcher plusieurs gémissements de passer la barrière de ses lèvres. Puis l’attention que Kat lui portait baissa progressivement en intensité, ses lèvres effleurant à peine sa peau, comme si elles la chérissaient.

Saisie par l’amour qu’elle ressentait dans ce simple geste, Elysia retira sa main des cheveux de Kat pour venir épouser la forme de sa joue qu’elle caressa doucement de son pouce.

— Ça va ? souffla-t-elle du bout des lèvres.

Kat l’embrassa une dernière fois avant de se lover contre elle, sa joue contre son ventre. Elle admira ses seins, si bien dessinés et dans la proportion du reste de son corps, avant de lui offrir un regard serein.

— Oui. Je savoure simplement le fait d’être enfin complète.

Elysia sentit aussitôt une boule lui obstruer la gorge face à ses paroles et elle entremêla les doigts de leurs mains avant de les porter à ses lèvres.

— Hier soir, c'était vraiment incroyable, Kat. C’était...

— Enivrant ? Magique ? Merveilleux ? N'importe lequel de ces adjectifs marche pour moi.

Elysia rougit légèrement.

— Oui. Ils marchent pour moi aussi.

Kat prit ses deux mains dans les siennes.

— Tant mieux, parce que pour moi, c’était... nouveau, ce qui est... surprenant. C'était comme si je n'avais jamais fait ce genre de chose avant. C’était magique et magnifique et... définitivement sexy, taquina-t-elle.

Elysia lâcha un rire, la chaleur qui habitait déjà son visage gagnant en intensité. Elle reprit cependant rapidement son sérieux.

— Tout ça, chaque seconde, c’est incroyable pour moi Kat, tu sais.

Kat l’observa sereinement.

— Je sais, répondit-elle en venant embrasser ses doigts. Je crois même qu’une part de moi n’arrive pas encore à y croire vraiment.

— Ça l’est pourtant, répondit Elysia en venant caresser l’un des sourcils de Kat. C’est bel et bien réel.

Leurs regards s’accrochèrent et c’est tout naturellement que les lèvres de Kat vinrent cueillir celles d’Elysia pour de paresseux baisers matinaux, l’émerveillant une fois de plus de leur incroyable douceur.

Elle finit cependant par s’écarter au bout de quelques minutes.

— On ferait mieux d’y aller, murmura-t-elle à contrecœur. Tu ne peux pas te permettre d’être en retard, et j’ai une tonne de boulot qui m’attend.

Kat secoua la tête.

— Non.

— Non ? sourit Elysia, amusée.

Kat attira de nouveau ses lèvres entre les siennes et un soupir s’échappa d’Elysia quand Kat se mit à caresser sa langue, la poussant à quitter de force son étreinte au risque de les mettre réellement en retard. Si ça ne tenait qu’à elle, elles resteraient ici, mais son absence au magazine lui attirerait d’inutiles ennuis.

Elle s’écarta à l’aide de ses bras et passa par-dessus Kat afin de descendre du lit, puis l’embrassa sur le nez quand cette dernière afficha aussitôt un air boudeur.

— Debout mon amour, plus vite la journée commence, plus vite elle se termine.

Elle récupéra ses vêtements éparpillés près de la porte avant de regarder par-dessus son épaule afin de surprendre Kat qui l’observait.

— Et plus vite on se retrouvera, termina-t-elle dans un clin d’œil. 

Elle éclata de rire lorsque Kat sauta aussitôt du lit et vint lui voler un baiser avant de courir s’enfermer dans la salle de bains.

C’était presque trop facile.

💕

Il faisait presque nuit lorsqu’Elysia rentra chez elle et elle regretta presque de n’avoir pas proposé à Kat de la rejoindre à son domicile, plutôt que de devoir préparer un sac d’affaires de rechange et de la retrouver à son appartement.

La simple pensée de passer une nouvelle soirée — et une nouvelle nuit — ensemble lui fit cependant oublier la fatigue qui pesait sur ses épaules et elle déverrouilla sa porte d’entrée dans un sourire.

Avant de s’arrêter sur le pas de la porte, figée.

Debout dans son salon, visiblement interrompu en pleine conversation, se trouvait Mysa en compagnie d’une femme. Femme qui ressemblait étrangement à Elysia... si cette dernière avait eu les cheveux frisés, soulignait ses yeux d'un épais trait d'eyeliner et portait une tenue en cuir.

L’air malfaisant qui flottait dans l’air fit aussitôt comprendre à Elysia de qui il s’agissait.

La Targa qui s’était échappée.

Celle qui tourmentait Kat.

— Qu’est-ce qu’elle fiche ici ? s’exclama-t-elle, elle-même surprise par la haine qui transpirait dans sa voix. Et qu’est-ce que tu fabriques avec elle ? ajouta-t-elle quand Mysa ouvrit la bouche.

— Elle était déjà là quand je suis arrivé, répondit ce dernier, levant les mains en signe d’apaisement.

Elysia haussa les sourcils.

— Oh, vraiment ? répliqua-t-elle, posant son sac à main sur le petit meuble de l’entrée dans un geste brusque. Tu es sûr ? Parce que j’ai du mal à y croire, tu vois. D’abord, tu me pousses littéralement dans les bras de Kat, ensuite, je découvre qu’on m’a volontairement caché des choses, et enfin, je rentre chez moi pour te trouver avec elle, dit-elle en désignant la concernée du doigt. Tu admettras que ça fait beaucoup.

Mysa l’observa avec confusion.

— Caché des choses ?

— Kat a une photo d’une ex chez elle, une certaine Lucy, répondit Elysia avant d’écarter les bras. Je ne sais même pas qui c’est !

Un rire résonna aussitôt dans la pièce et elle tourna la tête pour voir la Targa nonchalamment assise dans son fauteuil.

— Elle ne sait pas qui est Lucy ? s’étonna-t-elle, ricanant de plus belle. C’est la meilleure.

Mysa la fusilla du regard avant de reporter son attention sur Elysia.

— C’est une première, répondit-il, pensif. Peut-être que les souvenirs te reviendront plus tard ?

— Et ça, c’est censé m’aider à te faire confiance ? répliqua aussitôt Elysia, les poings serrés. Je te jure, Mysa —

Mysa tourna la tête en direction de la Targa.

Arrête ça tout de suite, gronda-t-il.

La jeune femme haussa un sourcil, un sourire provocateur sur les lèvres et Elysia comprit lorsqu’elle sentit l’air changer dans la pièce et sa colère s’amenuiser. La Targa avait utilisé la méfiance qu’Elysia ressentait envers Mysa et l’avait démultipliée, la poussant malgré elle à vouloir sauter à la gorge de Mysa.

Ce dernier reprit, plus calmement.

— Il est possible qu’ils aient voulu t’aider dans ta mission. Tu n’es pas censée la connaître, après tout.

Elysia se passa une main sur le visage, un soupir s’échappant de ses lèvres.

— Peut-être, j’en sais rien, répondit-elle en secouant la tête. Bon, et elle, qu’est-ce qu’elle fiche ici ?

La Targa se redressa.

— Elle, c’est Elyana, dit la concernée, quittant son fauteuil avec souplesse afin de s’approcher d’Elysia. Quant à la raison de ma présence ici... voyons, Elysia, il était grand temps qu’on se rencontre enfin, tu ne crois pas ? demanda-t-elle, un sourcil haussé tandis qu’elle enroulait une mèche de cheveux d’Elysia autour de son doigt.

— On s’est déjà rencontrées. Deux fois, rétorqua Elysia en se dégageant.

— Pour autant que tu le saches, acquiesça mystérieusement Elyana, passant derrière elle afin d’arpenter la pièce. Mais c’est vrai, tu as raison. Seulement, je me suis dit qu’il était temps de rendre les choses officielles. Après tout, nous sommes quand même les deux premières Targa et Daï-Natha à se rencontrer en chair et en os... Je ne sais pas toi, mais moi, je trouve ça... inspirant, sourit-elle. Bien sûr, jusqu’à maintenant, je ne me suis occupée que de Kat...

Elle laissa son sourire s’agrandir quand Elysia s’avança dangereusement avant d’être retenue par Mysa, et s’installa sur le canapé, les bras étendus contre le dossier.

— Tu sais, pour quelqu’un dont la mission est de la protéger de moi, tu passes sacrément de temps avec elle. J’en serais presque jalouse.

Elle relâcha un soupir dramatique qui laissa rapidement place à un air malicieux.

— Bien sûr, connaissant Kat, j’aurais probablement autant envie de rester auprès d’elle. Je veux dire, tu as vu ce corps ? Hmm... je me demande ce que ça ferait de la sentir si chaude, si humide, si... étroite sous mes doigts...

Elle vit Elysia lutter de nouveau contre Mysa et elle rejeta la tête en arrière, éclatant de rire.

— C’est trop facile, dit-elle avant de se redresser. Mais passons aux choses sérieuses.

Elle s’approcha d’Elysia et un simple coup d’œil en direction de Mysa suffit pour que ce dernier lui obéisse et raffermisse sa prise autour d’Elysia, privant cette dernière de toute échappatoire.

Elyana promena alors un doigt le long de la joue d’Elysia, et sourit quand cette dernière chercha à se reculer.

— Tu perds ton temps, Elysia, indiqua-t-elle. Tu n’es pas la seule à qui Kat appartient. Et j’ai de grands projets pour elle. Investir toute ton énergie à la rendre heureuse n’y changera... absolument... rien.

Elle leva le menton d’Elysia afin de la forcer à la regarder puis sourit avec amusement.

— Elle finira par être mienne, jusqu’à ce que je m’en lasse.

— Tu ne peux pas vivre sans elle, répliqua aussitôt Elysia, une peur soudaine lui nouant l’estomac. Si elle meurt, nous aussi.

Elysia porta une main à sa poitrine, feignant un air touché.

— Oh, Elysia... Mais c’est justement ce qui fait que nous sommes différentes. Je n’ai pas peur de mourir. Et j’ai hâte de sentir le moment où la vie de Kat s'écoulera entre mes doigts...

Elysia se débattit de nouveau mais Elyana l’ignora, étudiant ses ongles tandis qu’elle poursuivait.

— D’ailleurs, si j’étais toi, je lui rendrais une petite visite. Tu sais, juste pour être sûre, ajouta-t-elle dans un regard amusé.

Elysia sentit le sang quitter son visage et elle observa bêtement Elyana quitter la pièce, avant de se précipiter vers la porte quand Mysa relâcha enfin prise sur elle.

💕

Arrivée à destination, Elysia frappa frénétiquement contre la porte de l’appartement de Kat, soulagée lorsque cette dernière ouvrit après seulement quelques secondes.

L’air surprit de Kat laissa place à la confusion.

— Tu as couru ? demanda-t-elle.

Elysia la poussa légèrement afin de pouvoir entrer à l’intérieur et elle parcourut rapidement l’appartement du regard avant de reporter son attention sur Kat.

— Oui, non, enfin si mais..., ça va ? demanda-t-elle finalement, notant pour la première fois ses traits tirés. Bon sang, Elyana, que lui as-tu fait cette fois-ci ? bouillonna-t-elle intérieurement.

Kat porta la bouteille de bière qu’elle tenait à ses lèvres tout en haussant les épaules.

— Ça pourrait aller mieux, admit-elle en regagnant le salon.

Elysia la suivit aussitôt.

— Kat, comment ça, il s’est passé quelque chose ?

Kat s’installa sur le canapé avant de désigner la table basse du menton et Elysia remarqua qu’une photo en noir et blanc s’y trouvait. Floue, elle montrait deux femmes qui s’embrassaient dans une infirmerie et Elysia ferma les yeux, comprenant aussitôt pourquoi Kat était dans cet état.

— Tu l’as trouvée où ? demanda-t-elle calmement.

— Parmi mon courrier. D’abord, la coupure de journal, et maintenant ça..., dit Kat en se passant une main dans les cheveux. Ils ne mentent pas quand ils disent que ton passé finit toujours par te hanter, hein ? ajouta-t-elle dans un rire dénué d’humour.

Elysia s’assit à côté d’elle.

— Kat, c’est juste une mauvaise blague d’un... dégénéré qui n’a rien de mieux à faire de sa vie, répondit-elle en prenant l’une des mains de Kat dans les siennes. Le laisse pas t’atteindre comme ça.

Kat secoua la tête.

— Non, c’est différent. La coupure de journal, d’accord. Mais ça ? Les personnes qui sont au courant de ça se comptent sur les doigts de la main, quant au cliché, s’il en restait un exemplaire... il n’aurait jamais pu se retrouver dans la nature comme ça. La personne qui fait ça se donne beaucoup trop de mal pour être un simple dégénéré qui n’a rien de mieux à faire de sa vie.

— C’est beaucoup plus simple avec les ressources dont on dispose aujourd’hui, lui répondit Elysia, l’air compatissant.

— Je sais, mais...

Kat s’interrompit, avant de soupirer.

— Ouais, t’as peut-être raison. J’aimerais juste savoir qui est derrière tout ça, et qu’il arrête. La sécurité du magazine n’a rien trouvé ?

Elysia secoua la tête.

— Ils ne sont pas parvenu à retracer l’adresse IP utilisée.

— Ouais, et je doute que la police se montre utile, répondit Kat en secouant la tête.

— Kat, écoute-moi, dit Elysia en se tournant vers elle. La meilleure chose à faire dans ces cas-là, c’est d’ignorer. Je sais que c’est facile à dire, mais tu l’as dit toi-même, c’est le passé tout ça. Il n’est peut-être pas tout rose, mais il est derrière toi désormais. Ne laisse pas cette personne arriver à ses fins. Tu es heureuse aujourd’hui, c’est ce qui importe, non ?

Kat l’observa un instant avant de hocher la tête. Elysia avait raison. Elle était heureuse. Et la raison de son bonheur se trouvait juste à côté d’elle. Alors pourquoi ressasser le passé ?

Elle posa brièvement ses lèvres sur celles d’Elysia.

— Tu as raison. Je suis désolée.

— Non, dit Elysia en secouant la tête, posant sa tête contre l’épaule de Kat. Je réagirai sûrement de la même façon si mes vieux démons réapparaissaient sans prévenir.

Kat émit un « hmm » tout en s’emparant du cliché. Elle le détailla longuement du regard avant de lever les yeux vers Elysia.

— Tu ne dois pas y comprendre grand-chose, hein ? Pour toi, ce sont juste deux femmes qui s’embrassent.

— Dans un cadre militaire, si j’en crois leurs tenues, fit remarquer Elysia. Je pense pouvoir additionner deux et deux et me faire une petite idée de ce qui a pu se produire.

— Peu importe ce que tu t’imagines, crois-moi, c’est certainement pire que ça, ironisa Kat, les yeux rivés sur la photo. Tu penses qu’on s’est fait surprendre, et que je me suis fait renvoyer ? devina-t-elle.

Elysia haussa les épaules.

— Quelque chose comme ça, acquiesça-t-elle, même si, au fond, elle connaissait déjà la vérité.

Les paroles de Mysa lui revinrent alors en mémoire — Il est possible qu’ils aient voulu t’aider dans ta mission. Tu n’es pas censée la connaître, après tout — et elle dut reconnaître qu’une part d’elle aurait aimé ne pas être déjà au courant. Elle n’aurait pas eu à mentir à Kat comme ça. Mais cela aurait aussi voulu dire découvrir pour la première fois ce que Kat avait dû subir à cette époque, et elle n’était pas sûre qu’elle aurait pu le supporter. Même en le sachant déjà, une boule d'appréhension lui nouait l'estomac.

— Tu t’es enrôlée dans l’armée juste après le lycée, c’est ça ? demanda-t-elle, ses pouces allant et venant sur la main de Kat. Tu parais assez jeune sur les photos...

— C’est ça, acquiesça Kat. Je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais faire de ma vie et l’armée m’a toujours plus ou moins attirée, alors je me suis présentée. Lors du recrutement, l’un des agents m’a promis que les frais engendrés par mes études postsecondaires seraient couverts et que j’aurais l’occasion de voyager partout dans le monde. Moi qui n’avais jamais quitté ma ville natale, j’étais plus qu’intéressée. Alors j’ai passé les examens physiques et médicaux, ainsi que les tests d’aptitude. Un mois plus tard, j’ai rencontré le conseiller en orientation des services du programme d’entrée dans l’armée, et lui ai clairement fait comprendre que je ne voulais pas prendre part aux combats. Il m’a donc proposé un contrat de cinq ans en tant que mécanicienne, et je me suis enrôlée.

— Ton père a dû être fier, sourit doucement Elysia.

Kat hocha la tête, un sourire nostalgique sur les lèvres.

— Il était euphorique, répondit-elle. Même si je pense que c’était surtout le fait que je n’aille pas sur le terrain qui l’ait rassuré. Quoi qu’il en soit, mon contrat stipulait que je ne pouvais pas le rompre, que seule l’armée le pouvait et que je devais renoncer au statut « d’objecteur de conscience ». Je ne savais pas ce que cela signifiait, et lorsque j’ai posé la question, on m’a tout bonnement répondu que c’était pas important et que je devais simplement remplir les formulaires. À partir de là, tout s’est plus ou moins bien déroulé.

« Puis, en Octobre 2003, j’ai été envoyée à Fort Campbell, au Kentucky, où j’étais la seule mécanicienne du service d’entretien mécanique. À moins d’un an de la fin de mon contrat, les choses ont commencé à dégénérer. Retourner les propositions des hommes n’aide pas dans ce milieu, et en quatre ans, je n’en avais fréquenté aucun, ce qui n’a pas tourné en ma faveur. Ta réputation peut vite prendre des proportions énormes si tu ne fais pas attention.

Son regard prit un air lointain et Elysia accentua la pression sur sa main, appréhendant la suite même si elle la connaissait déjà.

Kat prit une profonde inspiration avant de continuer.

— Bien vite, les autres soldats ont commencé à me harceler, à m’insulter, à essayer de m’intimider. Je n’y prêtais pas attention, non pas parce que ça ne me touchait pas, mais parce qu’une part de moi n’arrivait pas à s’imaginer qu’ils puissent réellement passer à l’acte.

— Mais ils l’ont fait, murmura faiblement Elysia, le ventre noué.

Kat soupira avant de hocher la tête.

— La situation a basculé quand on m’a surprise en compagnie de l’infirmière en chef dans une position qui ne laissait aucun doute quant à la nature de notre relation. La nouvelle a rapidement fait le tour, mes supérieurs m’ont convoquée, m’informant que j’étais soumise à une investigation. J’ai voulu nier mais…

Elle désigna le cliché, un sourire dénué d’humour sur les lèvres.

— Ils avaient des photos, tout un tas de clichés retraçant nos rendez-vous secrets. Alors, ils ont lancé la procédure, et l’homosexualité étant interdite, je savais très bien quelle en serait l’issue. L’armée a réuni une cour martiale et en attendant leur décision finale, mes supérieurs ont commencé à me traiter durement et à me confier toute sorte de tâches. J’ai reçu des menaces d’agressions, de mort… et...

Sa poitrine se souleva soudainement et elle lâcha dans un souffle :

— Disons que j’ai été pas mal amochée. Puis j’ai été renvoyée.

Le silence retomba et Elysia posa leurs mains liées sur ses cuisses, serrant affectueusement les doigts entre les siens. Renvoyée. Pour avoir eu une relation avec une femme. Relation pour laquelle l’armée tout entière s’était retournée contre elle. Et Kat n’avait rien pu faire, tout ça parce qu’à son entrée dans l’armée, elle avait renoncé au statut « d’objecteur de conscience ». En signant un bout de papier, Kat avait, sans le savoir, accepté de ne pas accomplir certains actes allant à l'encontre d'impératifs établis par l’armée. Fréquenter une femme faisait partie de l’un d’entre eux. Elle avait donc désobéi aux lois, et pouvait de ce fait être légalement renvoyée.

Elysia ne sut dire ce qui, dans tout ça, la mettait le plus hors d’elle.

Elle porta la main de Kat à ses lèvres avant de murmurer.

— Je suis désolée que tu aies dû traverser tout ça.

— Moi aussi.

— Tawny et Lyna, ils savent...

Elle sentit Kat hocher la tête.

— Mathilde aussi, mon père est le seul à n’avoir rien su.

Elysia fronça les sourcils.

— Pourquoi ça ?

— Parce que..., commença Kat en se passant une main sur le visage, avant de soupirer. Mon père ne savait pas que je préférais les femmes. Je n’ai jamais pu lui dire. Ma mère est morte quand j'étais petite, je me souviens à peine d'elle, mais je savais qu’il espérait que je trouve quelqu'un comme ils se sont trouvés l’un l’autre. Il en parlait tout le temps ; à quel point il l'aimait, et combien il ne changerait rien, même s’il avait une seconde chance, et ce malgré le chagrin quotidien de l’avoir perdue. Il m'a toujours dit combien il espérait me voir vivre ça, rencontrer l’homme qui me compléterait, comme elle l’avait fait pour lui.

Kat s’interrompit avant de tourner la tête vers Elysia et lui offrir un regard empli de détresse.

— Je ne pouvais pas lui dire que sa propre fille, celle en qui il avait tant d’espoir, avait été renvoyée de l’armée pour comportement homosexuel, violée... et enceinte.

💕

Le dernier mot fut murmuré dans un souffle douloureux et Elysia se redressa aussitôt afin de la prendre dans ses bras, la serrant fort contre elle.

— Oh Kat, je suis désolée, dit-elle sa joue contre la tempe de Kat. Je suis tellement désolée.

Kat se détacha afin de la regarder dans les yeux. Elle secoua la tête.

— C’est pas de ta faute. Et puis, comme tu l’as dit, ça appartient au passé. Mieux vaut le laisser là où il est.

Elle eut à peine terminé sa phrase que les yeux d’Elysia s’embuèrent et elle sentit son cœur se serrer.

— Ely, non... ça sert à rien de pleurer pour ça, dit-elle en chassant les larmes qui s’échappaient de ses doigts. 

Elysia secoua la tête avant de finalement lever vers elle un regard humide.

— C’est pas ça, je suis juste... énervée.

- Enervée ? s’étonna Kat.

Elysia s’essuya les yeux d’un revers de manche avant de l’observer.

— Oui. Juste... Ça n’aurait jamais dû arriver Kat, lui expliqua-t-elle d’un ton infiniment triste. Et je suis juste... tellement en colère que ce soit arrivé. Mais surtout, surtout...

Elle s’empara de la main de Kat pour la poser sur son cœur et cette dernière vit ses yeux s’embuer à nouveau.

— J’ai mal à l’intérieur parce que je n’ai pas pu l’empêcher.

Ses paroles bousculèrent Kat plus qu’elle ne l’aurait cru possible et elle se retrouva à son tour à lutter contre les larmes.

— Elysia, tu ne l’aurais pas pu même si tu l’avais voulu, répondit-elle en encadrant son visage de ses mains, essuyant ses joues. Mais ça importe peu, parce que ce qui compte, c’est qu’aujourd’hui, je vais bien. Que je suis bien. Grâce à toi.

Elysia hocha la tête avant de venir l’embrasser chastement, et lorsque Kat referma ses bras autour d’elle, et que ses yeux se fermaient d’eux-mêmes, elle se fit une promesse.

Qu’elle ne laisserait jamais plus personne lui faire de mal.

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Commentaires
E
Bon bah je suis encore là 😀 et je ne regrette pas !!! Top !! Mais ça me fou en rogne ce qu’elle a vécu !!! Vraiment !!
M
Don't ask, don't tell ... Quelle tristesse ! :(<br /> <br /> C'est qui Mathilde ?
M
VENI, LEGAVI, DELECTAVI ! (Hé ouais ! Culture confiture maggle)<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour cette très belle suite. <br /> <br /> <br /> <br /> Quitte à m'attirer les foudres de certaines, je crois que j'aime bien Elyana :D<br /> <br /> <br /> <br /> EeeM je veux ma récompense. Je n'ai pas lu les commentaires.
L
Magnifique, ici on voit combien elles se font confiances.Emouvant...
E
Ne lis pas Minnie, risque de spoiler.<br /> <br /> <br /> <br /> J'adore comme toujours.<br /> <br /> <br /> <br /> Emouvant, le mystère se lève un peu, si peu... Hum la relation se poursuit... Confidences...<br /> <br /> <br /> <br /> La suite.... Arf il va falloir attendre lundi, pfff
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