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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

3 septembre 2015

Chapitre 21

Les images défilèrent devant ses yeux. Des souvenirs par dizaines, à la fois joyeux et malheureux, résumant son passage sur Terre : ses parents lors de l’un des premiers halloweens auquel elle avait assisté, déguisés eux aussi après l’un de ses caprices ; son premier béguin qui fut également son premier chagrin d’amour ; sa passion pour la danse ; sa rencontre avec Dean, visiblement éméché, tout comme elle se soupçonnait de l’être elle aussi vu le côté assez trouble du souvenir ; son premier travail, puis les images s’accélérèrent encore avant de ralentir soudainement, lui dévoilant des scènes dont elle n’avait pas le moindre souvenir, mais qui comprenaient toutes la seule et même personne.

Kat.

La première dépeignait l’ambiance d’une boîte de nuit, d’une danse rapidement suivie par un tête à tête dans une chambre d’hôtel qui la fit aussitôt rougir malgré la furtivité du passage. S’ensuivit ensuite une succession de baisers, de sourires, de mains tenues tandis que les saisons défilaient en arrière-plan, lui faisant comprendre que leur histoire avait duré un moment. Puis les images ralentirent à nouveau, prenant une tonalité différente, plus sombre, plus étouffante et elle ne put retenir le frisson qui la parcourut. Le noir dominait, il était omniprésent. La peur, la tristesse, la solitude. Les cris qui retentissaient, le bruit du métal qui se tordait, l’eau qui montait, encore et encore. Puis il y avait la panique, la lutte, la peur, avant de laisser place aux forces qui s’amenuisaient, à la résignation, puis au noir total.

Elle était morte.

La prise de conscience eut à peine le temps de se frayer un chemin dans son esprit que les images reprirent, insupportables. Le manque, la peine, la douleur sur les visages de ses proches. La vision lui fut tellement insupportable qu’elle se roula aussitôt en boule. Mais les images ne s’arrêtèrent pas là, elles continuèrent, plus cruelles encore. Le vide, l’eau à nouveau, les cendres, et lorsqu’un visage lui apparut enfin, elle ne put retenir un gémissement. C’était Kat, elle parlait, mais Elysia ne l’entendait pas. Puis elle s’avançait, encore et encore, jusqu’à disparaître sous les vagues, rendant presque son dernier souffle et Elysia supplia quiconque lui faisant subir ces horreurs d’arrêter, que s’en était trop, qu’elle ne le supportait plus.

Des hurlements lui parvinrent, comme étouffés, et elle réalisa avec stupeur qu’ils venaient d’elle, qu’elle pleurait à chaudes larmes et qu’on la secouait frénétiquement. Ses yeux s’ouvrirent d’un coup, et il lui fallut un instant pour réaliser où elle se trouvait. Sa chambre lui apparut, plongée dans une semi-obscurité. Les draps étaient éparpillés sur le sol et elle était complétement nue, recroquevillée sur elle-même. Des mains enserraient douloureusement ses bras et lorsqu’elle tourna la tête, elle se retrouva aussitôt happée par des yeux bruns emplis d’inquiétude, de confusion et de crainte.

Et puis, tout lui revint. Elysia, sa mission, sa vie en tant que Lucy, ces souvenirs qu’on avait volontairement effacé de sa mémoire, Kat...

Kat.

Ses mains vinrent encadrer son visage, hésitante, tandis qu’une nouvelle vague de larmes s’emparait d’elle :

— Tu as tenté de te suicider, lâcha-t-elle dans un hoquet, la poitrine serrée face à la douleur que lui procurait le simple fait de prononcer ces paroles.

Kat se figea, puis baissa les yeux, comme si elle avait honte. Son visage se déforma en une grimace où se mélangeait douleur et chagrin avant qu’elle ne lâche dans une voix emplie de désespoir :

— Et tu es morte.

Ses paroles, de même que ses sanglots, transpercèrent Lucy de toute part et elle se sentit incapable de quoi que ce soit d’autre que de la serrer fort contre elle et lui murmurer des mots de réconfort au creux de l’oreille. Elle ne sut combien de temps elles restèrent ainsi, mais ni l’une ni l’autre ne s’éloigna une fois que Kat eut retrouvé un semblant de calme. Puis, un murmure, trop faible pour qu’Elysia ne puisse le comprendre, lui parvint et elle fronça les sourcils, confuse.

— Qu’est-ce que tu as dit ? demanda-t-elle en relevant doucement le visage de Kat afin de croiser son regard.

La crainte qu’elle y avait perçue tout à l’heure était de nouveau présente et elle caressa ses joues dans l’espoir de la faire disparaître.

— Prouve-moi... prouve-moi que c’est bien toi, répéta Kat, un peu plus fort.

Elle a peur que je disparaisse à nouveau alors qu’elle vient tout juste de me retrouver, réalisa soudainement Lucy avec horreur, priant aux larmes qu’elle sentait de nouveau monter de bien vouloir disparaître. Quelques secondes s’écoulèrent et elle se racla légèrement la gorge avant de l’observer à nouveau.

— Mon apparence ne te suffit pas ? sourit-elle doucement dans l’espoir d’alléger l’atmosphère.

Kat secoua légèrement la tête.

— On ne... on ne se métamorphose pas comme ça..., ça n’existe pas, murmura-t-elle, les yeux dans le vague, l’air si perdu que Lucy la serra aussitôt de nouveau contre elle.

— D’accord, laisse-moi réfléchir cinq secondes alors...

Elle chercha parmi les souvenirs qu’elles avaient en commun, essayant d’en trouver un qui prouverait non seulement à Kat que c’était bien elle, mais qui surtout lui enlèverait cet air si perdu et apeuré qui ne semblait pas vouloir la quitter.

— O.K., j’ai trouvé, déclara-t-elle finalement en se redressant légèrement de manière à pouvoir voir son visage. Tu te souviens de notre rencontre ?

Lucy savait que cela devrait la rassurer, il n’y avait eu qu’elles, et personne d’autre ne pouvait en avoir connaissance.

— Dans la bibliothèque ?

Lucy fronça aussitôt les sourcils, confuse.

— Non... je pensais à la boîte de nuit, répondit-elle, avant de réaliser que Kat se jouait d’elle.

Elle sourit.

— Je vois, tu me testes ?

Une légère coloration remonta progressivement le long de ses joues et Kat baissa les yeux avant de l’observer à nouveau.

— Excuse-moi, c’est juste que toute cette histoire est tellement...

— Je sais, la rassura Lucy en posant un doigt sur ses lèvres qu’elle caressa légèrement. Je comprends.

La douceur de sa peau détourna son attention un instant et ce fut seulement lorsqu’elle vit Kat sourire qu’elle se souvint que son petit récit était attendu. Elle se racla maladroitement la gorge, rougissant à son tour.

— Hum, alors, mon souvenir de ce soir-là, c’est que tu m’as emmenée à l’hôtel, commença-t-elle en lui offrant un regard taquin, ravie de voir un sourire à la fois amusé et embarrassé apparaître sur les lèvres de Kat. Et que nous avons fait l'amour pendant presque toute la nuit.

Sa rougeur s’accentua et Lucy déposa un petit baiser sur son nez avant de poursuivre.

— Puis je t’ai murmuré une phrase à l’oreille.

Kat releva soudainement la tête et Lucy sut aussitôt qu’elle se souvenait très bien de ce à quoi elle faisait référence, et qu’elle avait toute son attention. Alors, comme cette nuit sept ans plus tôt, elle se pencha légèrement vers son visage, jusqu’à appuyer sa joue contre la sienne, et lui souffla :

— Dis-moi comment il t'a fait du mal, et je te le ferai oublier.

Un hoquet lui parvint aussitôt et Lucy se recula légèrement de manière à appuyer son front contre celui de Kat, et plonger son regard dans ses yeux humides.

— Tu as tout d’abord refusé, sourit-elle doucement. Me divulguer de si horribles détails t’était inimaginable. Mais je t’avais offert un plaisir tel qu’il t’avait rapidement semblé inutile de me cacher quoi que ce soit. Alors, tout doucement, tu as commencé à me murmurer tes aveux, et, à chaque fois, je répétais exactement les actes et gestes qui t’avaient tant bouleversé. Mais avec moi, tout était différent. Ce qui, sous les mains de cette brute, n'avait été qu'une punition humiliante, était devenu avec moi un plaisir infini. Tu me murmurais un détail, puis un autre, et j’effaçais l'immonde souvenir, te caressant jusqu'à ce que ton corps oublie les gestes qui t’avaient offensé — et ne se rappelle plus que les miens.

Ses yeux se fermèrent et Lucy garda pour elle le plaisir qu’elle avait ressenti à simplement la regarder, à la toucher, à lui faire l’amour. Mais ce qui avait fait redoubler d’intensité le feu qui avait brûlé en elle, c’était lorsque la sensualité ouverte et naturelle de Kat était de nouveau apparue, la rendant à son tour heureuse de l’attention qu’elle lui portait, de la sentir aussi absorbée par la texture de sa peau, la rondeur de ses seins, la fermeté de son ventre avant de l’explorer de haut en bas et la noyer sous un plaisir sans cesse renouvelé.

— Je t’aimais déjà, ce soir-là.

Son murmure lui parvint et Lucy rouvrit aussitôt les paupières, peu sûre d’avoir bien compris.

— Quoi ? chuchota-t-elle à son tour, comme si elle avait peur de briser la magie de l’instant en haussant la voix.

— Je le sais maintenant, à l’instant même où tu es entrée dans cette boîte de nuit et m’a accordé cette danse, je suis tombée amoureuse de toi. J’ai ressenti ton essence même, ta force et ta douceur avant même d’avoir la chance de voir ce à quoi tu ressemblais réellement. Je sais que cette nuit a créé un lien entre nous, un lien de chair bien plus intense que ce que je n’aurais jamais pu imaginer. Mais même avant ça, je ressentais déjà quelque chose. Si tu avais été quelqu’un d’autre, jamais je ne t’aurais demandé une faveur aussi intime.

Ses mains vinrent à son tour encadrer le visage de Lucy et un air réfléchi prit place sur ses traits, formant une petite ride entre ses sourcils. Puis, aussi rapidement qu’il était apparu, il disparut pour laisser place à quelque chose de plus posé, plus serein. Paisible.

— Je te dois la vie, et t’en serais pour toujours reconnaissante. Même si je ne comprends absolument pas ce qui est en train de se passer.

Un rire s’échappa des lèvres de Lucy malgré la vague d’émotion qui venait soudainement de s’emparer d’elle face à ses paroles, et elle l’embrassa longuement sur le front avant de la serrer contre elle.

— Je sais que ça doit te semble surréaliste, mais tu dois me faire confiance, Kat. Je te promets que tout ira bien.

— Je t’aime.

Lucy sourit. Ce n’était sûrement pas la réponse à laquelle elle s’était attendue, mais elle n’allait certainement pas s’en plaindre.

— Je t’aime aussi.

— Et Elysia ? Qui... où...

Sa question la prit de court et Lucy réfléchit un instant, avant d’opter pour une réponse simple.

— C’était moi, sans tous mes souvenirs de nous.

Pour toute réponse, Kat l’embrassa avec amour, des larmes de joie coulant le long de ses paupières.

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Commentaires
E
Wouah !!! Énorme !!!! Je suis plus que scotchée !!!
L
J etais pas dispo ces temps mais tout ce que j ai a dire c est wow..aie aie aie...et c est vraiment bien...
M
Pfff !!! Moi j'aurais gérer la situation de la même façon. Un peu étonné par la métamorphose, hein ! Normal. Ensuite j’enchaîne sur une conversation réfléchie avec la cho...personne en face de moi. Rien de plus normale. Et on fini par un câlin ;) à l'horizontal comme si de rien était. <br /> <br /> OU ALORS, ou alors, je serais encore et toujours en train de courir en criant et balançant mes bras dans tous les sens.<br /> <br /> <br /> <br /> Très merci beaucoup Kelsey pour cette suite émouvante (encore une). Mon cœur de pierre se fissure. Et je dois dire que je n'aime pas trop ça :/
M
Eh ben ! Elle le prend super bien Kat ! O.O Situation totalement surréaliste. "Et tu es morte." mais on discute comme si de rien n'était. XD <br /> <br /> Très touchant cependant. Lucy évoque un souvenir touchant et très beau. Elle a effacé les souvenirs douloureux de Kat. C'est ... émouvant.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant je me demande comment ça va se passer avec les autres ! Est-ce que Lucy restera Elysia pour les autres ou redeviendra Lucy pour tout le monde ?<br /> <br /> <br /> <br /> (Sinon, tu as un peu oublié de signaler que le chapitre 21 était en ligne.)
E
Oh Ma Doué... il fallait y penser... il fallait la faire... et notre auteur l'a fait !!!<br /> <br /> Très fort... ce retour à la vie entre " "...<br /> <br /> Perso... je serais Kat, je lui poserais un milliard de question... je me demanderais d'abord comment cela est-ce possible...<br /> <br /> Hein !? Quoi !? Je suis trop curieuse !!!!<br /> <br /> Viiiii, je suis une femme lol.<br /> <br /> <br /> <br /> Félicitations... encore un chapitre très bien fait... vivement la suite !!!!
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