Epilogue : Six mois, dix heures et quarante-deux minutes.
Sarah marchait prestement le long du couloir, ses cheveux blonds volant légèrement derrière elle tandis qu’elle saluait d’un faible signe de tête et d’un léger sourire les quelques employés qu’elle croisait ici et là. Le jour J était enfin arrivé, et elle tenait à tout prix à trouver Maena.
Les doubles portes menant aux cuisines lui apparurent enfin et elle les ouvrit avec empressement, regardant aussitôt autour d’elle dans l’espoir d’y trouver celle qu’elle était venue y chercher.
La déception ne mit pas bien longtemps à arriver.
– Dehors, lui parvint soudainement une voix sur la gauche.
Sarah tourna la tête et sourit aussitôt lorsqu’elle vit Amy, avant d’hausser les sourcils.
– De-dehors ? balbutia-t-elle, déviant son regard vers l’horloge murale et notant qu’il était 10h42. Elle est dehors ?
Sarah eut du mal à masquer sa surprise. Maena était bien évidemment sortie à plusieurs reprises durant ces derniers mois, mais ces occasions restaient rares et se comptaient aisément sur les doigts de la main. Et surtout, elles avaient toujours eu lieu en présence de Sarah.
– Depuis quelques minutes déjà, acquiesça Amy en s’essuyant les mains à l’aide d’un torchon. Et si j’étais vous, je m’habillerai chaudement, ajouta-t-elle, les yeux légèrement brillants.
Sarah plissa les yeux avant de faire la moue, pensive. Après des mois d’insistance, Maena avait finalement accepté de réhabiliter plusieurs pièces de la demeure de ses fenêtres – l’aile Ouest surtout, celle qu’elle visitait le moins – mais Sarah n’avait pas encore eu l’occasion d’y passer afin de se faire une idée du temps qu’il faisait dehors aujourd’hui.
– Il neige ? demanda-t-elle, un sourcil haussé.
Amy hocha la tête et Sarah ressentit aussitôt une certaine excitation prendre place dans le creux de son ventre ; elle adorait la neige, ça lui rappelait toujours son enfance.
– Je comprends mieux pourquoi Maena n’a pas pu résister, sourit-elle avant de faire demi-tour. Merci Amy ! salua-t-elle en poussant les doubles portes.
Elle regagna sa chambre en vitesse afin de troquer son pantalon en flanelle et sa veste de jogging pour quelque chose de plus chaud, puis redescendit tout aussi rapidement afin de retrouver Maena. Elle fut aussitôt émerveillée par la quantité de neige qu’elle vit à travers les grandes baies vitrées lorsqu’elle pénétra dans la véranda ; à vue d’œil, elle arrivait facilement à mi-mollet et Sarah laissa son regard courir sur ce magnifique manteau blanc avant de repérer la silhouette qui y avait pris place en son milieu.
Un sourire étira aussitôt ses lèvres et elle tira légèrement la vitre afin de sortir à son tour. La neige craqua aussitôt sous ses pieds et elle se sentit sourire plus encore, avant de fermer les yeux lorsqu’elle reconnut ce parfum si mystérieux mais pourtant connu de tous. L’odeur de la neige.
Elle leva les yeux vers le ciel gris et cotonneux, avant de suivre du regard les quelques flocons timides et délicats qui tombaient encore, puis avança prudemment jusqu’au petit bassin recouvert de glace, là où Maena attendait.
– Heureusement qu’on les a déplacé dans la chambre, je ne pense pas qu’ils auraient apprécié de terminer en poissons surgelés sinon, dit-elle en baissant les yeux vers la petite étendue d’eau gelée.
Elle entendit Maena rire doucement à côté d’elle et elle leva les yeux afin de la regarder. Contrairement à d’habitude, son visage était complétement dégagé, et le cœur de Sarah manqua un battement lorsqu’elle vit que, comme à chaque fois qu’elle sortait à l’extérieur, Maena avait revêtue ses lunettes anti-UV afin d’éviter des dommages irréversibles. Et même si cette dernière ne voulait rien entendre, Sarah la trouvait carrément sexy comme ça.
En plus, elles étaient transparentes, alors elle avait un accès total à ses magnifiques yeux bleus.
– Tu ne m’as pas attendue pour sortir cette fois-ci, j’en conclu que tu n’as plus besoin de moi ? déclara-t-elle, feignant d’être blessée.
Elle sentit aussitôt un bras venir entourer sa taille et la rapprocher contre un corps chaud et confortable.
– Jamais, lui assura Maena au creux de l’oreille. J’avais juste besoin de me retrouver un peu seule avec moi-même. Et réfléchir.
– Oh, répondit Sarah, désormais embarrassée. Je vais te laisser alors, je suis désolée si –
Elle fut coupée par un doigt sur ses lèvres.
– Tu ne me déranges pas, sourit légèrement Maena. Je suis d’ailleurs contente que tu m’aies rejoint. J’ai... reçu ça, ce matin, ajouta-t-elle en sortant un papier plié en quatre de la poche de son manteau.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda Sarah tout en le dépliant.
Elle le parcourut un instant avant de lever les yeux vers Maena.
– Ça vient de Granny.
Maena hocha doucement la tête.
– Ça fait six mois aujourd’hui. Le jour même où toute cette histoire est censée prendre fin, et où nous sommes enfin supposées ne plus rien avoir à faire l’une avec l’autre.
Sarah l’observa, confuse.
– Elle explique pourquoi elle a fait tout ça dans cette lettre ?
– Hmm, lis-la.
Sarah hésita un instant avant de l’observer à nouveau.
– Tu n’as pas l’air en colère, ou déçue, ou...
– Sarah, sourit légèrement Maena, indulgente. Lis la lettre.
Sarah hésita une dernière fois avant de s’emparer de la main de Maena et la lui rendre.
– Non, répondit-elle en secouant la tête. J’ai pas envie de savoir.
Maena haussa les sourcils de surprise :
– Sarah, ce n’est qu’une lettre, tempéra-t-elle. On dirait que tu viens de recevoir les résultats de mes examens trimestriels.
– Ouais et j’imagine toujours le pire dans ces cas-là, répondit aussitôt Sarah avant de détourner le regard d’embarras lorsqu’elle réalisa qu’elle avait parlé sans réfléchir.
La réponse, à peine murmurée, la surprit cependant :
– Je sais. Et je suis désolée pour ça.
Sarah leva aussitôt les yeux au ciel.
– C’est pas de faute Maena, répondit-elle sincèrement. C’est juste... je tiens à toi alors oui, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter.
Maena baissa les yeux vers elle avant de sourire faiblement.
– Je sais, répéta-t-elle avant de désigner la lettre. Mais je te promets que cette fois-ci, tu n’as aucune inquiétude à avoir.
Sarah se mordit l’intérieur de la joue avant de soupirer :
– Lis la moi alors.
– Tu es sûre ? demanda Maena tout en lissant le papier.
Sarah hocha la tête et Maena se racla légèrement la gorge avant d’opter pour une toute autre tactique. Repliant la lettre, elle lui raconta simplement l’histoire.
Deux ans plus tôt.
– Tu devrais avoir honte de toi.
Granny détourna son regard de la baie vitrée – et du charmant jeune homme qui s’affairait à les faire briller – avant de cligner innocemment des paupières en direction d’Amy.
– Pourquoi donc ?
Amy lui offrit un regard appuyé avant de déposer son plateau sur la petite table puis prendre place dans le second fauteuil.
– Tu m’étonnes que ton cœur ait du mal à suivre, à convoiter de jeunes loups comme cela...
Granny lâcha aussitôt un rire :
– Je ne convoite rien du tout, ces choses-là ne sont plus de mon âge depuis bien longtemps, mais rien n’a jamais empêcher le plaisir des yeux.
– Ça expliquerait son absence de t-shirt, acquiesça Amy en hochant la tête d’un air entendu.
– Il veut simplement une augmentation.
Elles échangèrent un regard avant d’éclater de rire, puis Granny leva les yeux en direction du garçon :
– John ? Laissez-nous s’il vous plaît.
Le jeune homme hocha aussitôt la tête dans sa direction avant de récupérer ses ustensiles et son escabeau puis quitter la pièce. Granny s’empara ensuite de la pochette qui reposait entre elles, sur la petite table.
– J’aimerais que tu jettes un œil à ceci, dit-elle en tendant une feuille à Amy.
Amy l’observa, confuse.
– Qu’est-ce que c’est ? répondit-elle en s’emparant du bout de papier.
Elle le parcourut un moment avant de relever les yeux vers Granny :
– Tu n’es pas sérieuse ?
Granny sourit faiblement :
– Il va falloir que tu précises ta pensée. Sur quoi, le testament, où son contenu ?
– Je peux comprendre le testament, répondit Amy, même si comme à chaque fois que l’état de santé de Granny était mentionné, elle ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur se serrer. Mais le reste...
Granny dévia son regard vers les baies vitrées, admirant le manteau neigeux qui élisait domicile chaque année et dont elle ne se lassait jamais, avant de répondre :
– Alison vient de nous quitter, tes enfants sont partis depuis un moment maintenant, et quoi qu’on en dise, mes jours sont désormais comptés. Je ne veux pas que Maena se retrouve seule.
Amy lui offrit aussitôt un regard désapprobateur.
– Elle ne sera jamais seule.
– Je sais, sourit aussitôt Granny. Mais soyons honnête, à part toi... de qui d’autres Maena choisira-t-elle de s’entourer ? Ce ne sera pas simple, et la connaissant, elle ne fera même pas l’effort.
Elle observa la neige qui tombait avant d’ajouter :
– Elle n’est pas heureuse. Et je sais qu’elle se laissera abattre si je ne fais rien pour l’en empêcher.
– Ça relève tout de même de l’extrême...
– Tu crois aux âmes-sœurs, Amy ?
Amy cligna plusieurs fois des paupières, surprise par la question inattendue.
– Je... peut-être, je ne sais pas.
– Moi, je pense que ça existe. Je pense qu’il y a des gens pour lesquels, quand ils se rencontrent, ils ressentent ce quelque chose de fort, de viscéral qui les fait se sentir enfin entier. J’ai peut-être tort, mais si jamais c’est le cas, je veux que Maena ait au moins cette chance. Celle de rencontrer sa moitié, son alter égo, et qu’elle se sente enfin complète.
– Et tu penses que cette femme, cette... Sarah, tu penses que c’est son âme-sœur ?
Granny prit une gorgée de son thé avant de répondre :
– Ça, Dieu seul le sait, sourit-elle malicieusement avant de reprendre son sérieux. Maena ne l’a croisée que deux fois dans sa vie, mais tu aurais vu sa réaction ces deux fois... elle était comme subjuguée. Le monde aurait pu disparaître autour d’elle, je suis sûre qu’elle n’aurait rien remarqué. Et puis cette énergie qui irradiait...
– Elle semble sous le charme.
Granny hocha la tête d’un air entendu :
– Je pense qu’elle l’est, mais qu’elle n’en a pas la moindre idée.
– Hmm. Mais rien ne dit que cette Sarah partagera le même sentiment...
Granny lui jeta un coup d’œil avant de s’emparer de la pochette qui reposait entre elles, sur la petite table. Elle en sortit une feuille qu’elle tendit aussitôt à Amy.
– C’est pour cela que j’ai écrit deux testaments. Je ne veux pas que Maena soit forcée dans quelque chose qu’elle ne veut pas, ni priver cette jeune demoiselle de sa liberté. Sans compter qu’il est hors de question que cette demeure sorte de la famille.
– Alors le premier testament n’est qu’un leurre ?
– En quelque sorte, sourit Granny avant de reprendre son sérieux. Et c’est justement là que tu entres en jeu, je veux que tu aies toutes les cartes en main, Amy. Je veux que tu sois les yeux et les oreilles de cette demeure, et que tu décides de quand et si il est bon de mettre fin à toute cette mascarade. Je veux qu’elle soit heureuse, pas à deux doigts de réduire en miettes tout ce qui l’entoure.
Amy rit doucement :
– C’est vrai qu’elle sait faire preuve de caractère quand elle le veut, admit-elle avant de retrouver son calme. Si ton plan ne marche pas, et même s’il marche d’ailleurs, Maena risque de beaucoup t’en vouloir. Tu en as conscience ?
– Si ça marche, elle m’en voudra peut-être, mais ça ne durera pas. Et si ça ne marche pas... je suis sûre qu’elle finira par comprendre mes motivations et me pardonner.
Elle fit une pause avant d’ajouter :
– Je lui ai écrit une lettre, j’aimerais que tu la lui remettes une fois toute cette histoire terminée, quelle qu’en soit l’issue.
Amy l’observa un moment avant de se redresser et avancer jusqu’aux baies vitrées.
– Je suppose que ta décision est prise et que tu n’accepteras pas de refus ?
– C’est ce que tu veux, refuser ?
Amy soupira avant de lui faire à nouveau face :
– Toi et moi savons de quoi il en retourne, Maena pensera que tu la mets au pied du mur et que si elle ne t’obéît pas à la lettre, elle perdra la dernière chose qui la rattache à sa famille, à toi.
– Et en contrepartie, elle pourrait enfin être heureuse, répondit Granny avant d’ajouter lorsqu’elle vit Amy secouer la tête de désaccord : Je sais que tu arrêteras tout si tu sens que ça ne marche pas.
– Il ne me reste plus qu’à dire oui alors, hein ?
Granny sourit faiblement avant d’abaisser le regard :
– A vrai dire, je crois bien que c’est ma dernière volonté.
Amy sentit aussitôt le début de larmes la piquer à nouveau :
– Calliope...
– J’ai passé ma vie à aider les autres, la coupa Granny en relevant les yeux vers elle, pourtant, j’ai l’impression de ne jamais avoir réussi à vraiment l’aider elle, alors qu’elle est celle qui compte le plus pour moi. Je veux qu’elle soit heureuse, et je n’hésiterai pas à te supplier si cela peut enfin lui apporter celle qui lui rendra la vie plus belle.
Amy sentit ses joues s’humidifier de plus en plus et elle les essuya d’une main irritée avant d’hocher la tête :
– D’accord, d’accord je vais le faire, renifla-t-elle. Mais arrête de dire des trucs déprimants, tu veux ?
Granny lâcha un rire avant d’hocher la tête :
– Promis.
– Amy était au courant ? s’exclama Sarah une fois que Maena eut terminé.
– C’est elle-même qui m’a donné la lettre, je crois qu’elle s’est sentit obligée de se justifier par la même occasion.
Sarah hocha doucement la tête, encore légèrement secouée par ce qu’elle venait d’apprendre.
– La lettre dit quoi alors au final ?
Maena haussa un sourcil :
– Tu n’as plus peur de savoir maintenant ?
Sarah détourna le regard, légèrement embarrassée.
– Non, marmonna-t-elle.
Maena rit doucement avant de lui répondre :
– Ma grand-mère me dit qu’elle m’aime, qu’elle est désolée, qu’elle espère que je comprends, et surtout, que je suis heureuse. Tout ça, sur six pages et demi.
– Et ? demanda aussitôt Sarah, inquisitrice.
Maena fit mine de réfléchir :
– Eh bien... je l’aime aussi, je ne lui en veux pas, je comprends et..., elle sourit avant d’ajouter : je pense pouvoir dire avec certitude que je suis heureuse.
Sarah afficha aussitôt un sourire ravi :
– Elle n’a pas eu une si mauvaise idée que ça alors, hein ?
– Non, rit aussitôt Maena avant de soupirer. Même si j’aurais aimé qu’elle soit toujours là pour le voir.
Sarah prit l’une de ses mains dans la sienne :
– Je suis sûre qu’elle est bien là où elle est, répondit-elle avant de lever les yeux vers le ciel. Et qu’elle voit tout ce qui se passe ici.
– Tu penses ? demanda Maena avant de suivre son regard.
Sarah haussa les épaules :
– Elle a passé les trente-trois dernières années à être ton ange gardien, tu penses vraiment qu’elle se serait arrêtée en si bon chemin ?
– Je ne sais pas... mais l’idée me plaît assez bien, répondit Maena en l’observant à nouveau.
Sarah sourit avant de froncer les sourcils lorsqu’une image lui revint soudainement en mémoire, d’épais rideaux bleus marine recouvrant les murs, une table ronde située au centre de la pièce, et une voyante, brune aux yeux perçants. Elle vous dit de ne pas résister, et d’écouter votre cœur. Il n’y a que comme ça que tout se passera bien.
– Elle m’a dit d’écouter mon cœur...
– Quoi ?
La voix de Maena lui parvint et Sarah cligna des yeux, reprenant pied avec la réalité :
– La voyante. Je suis allée voir une voyante juste avant d’arriver ici, et c’est ce qu’elle m’a dit, d’écouter mon cœur. Enfin, quelqu’un lui aurait dit de me dire ça.
Maena haussa un sourcil :
– Et tu y as cru ?
Sarah sortit son portable de la poche arrière de son jean avant de répondre :
– Non, ou peut-être que si, inconsciemment, dit-elle en cliquant sur « répertoire » avant de faire défiler les numéros.
– Hmm, et elle t’a dit qui c’était ?
Sarah secoua négativement la tête :
– Non, mais on ne devrait pas tarder à le savoir, répondit-elle en désignant le téléphone avant de le porter à son oreille. Je savais bien que j’avais bien fait d’enregistrer son numéro.
Elle attendit une sonnerie, puis deux, puis trois avant qu’on ne décroche :
– Madame Leick ? C’est –
– Sarah. Je ne m’attendais pas à avoir de vos nouvelles. Enfin, jusqu’à il y a cinq minutes du moins.
Sarah ne put retenir un sourire d’avoir été si vite démasquée, avant de légèrement secouer la tête :
– Oui je sais, écoutez, ça va peut-être vous paraître étrange mais lorsque vous avez lu les lignes de ma main, vous m’avez dit –
– D’écouter votre cœur, l’interrompit à nouveau la voyante. Je me souviens. Que voulez-vous savoir ?
Sarah leva les yeux vers Maena avant de demander :
– La personne qui vous a dit ça... vous savez qui c’était ?
Il y eut un léger silence avant que la réponse n’arrive :
– Calliope. Calliope Beauregard.
Sarah sentit aussitôt son souffle se couper.
– Mer-merci madame Leick, balbutia-t-elle, stupéfaite. Bonne journée.
Maena, qui avait observé l’échange en silence, sentit aussitôt l’inquiétude monter en elle :
– Ça va ? demanda-t-elle en encadrant le visage de Sarah de ses mains.
Sarah hocha frénétiquement la tête avant de sourire :
– Tu t’es trouvée un sacré ange gardien en la personne de ta grand-mère, Maena.
– C’était elle ? s’étonna aussitôt Maena.
– C’était elle, assura aussitôt Sarah en venant légèrement l’embrasser. Enfin, si on peut croire une voyante, bien sûr.
Maena rit légèrement :
– Ça peut peut-être paraître absurde, mais je crois que c’est exactement ce que je vais faire.
– Moi aussi, sourit Sarah. Et maintenant que cette histoire est terminée, que voulez-vous faire, chère âme sœur ?
Ce fut au tour de Maena de sourire :
– Hmm... danser. Avant de passer le reste de la journée à te faire l’amour.
Sarah haussa aussitôt les sourcils avant de soudainement s’emparer du manteau de Maena à pleines mains.
– Oublie la danse, passons tout de suite à la deuxième étape ! répondit-elle tout en la poussant afin qu’elle s’allonge à même le manteau neigeux.
Les pieds de Maena glissèrent sous elle et elles s’étalèrent lamentablement sur le sol, leurs rires résonnant dans les airs tandis que la neige les cachait presque du monde extérieur.
– Je suis désolée, rit Sarah tout en relevant péniblement la tête. Ça va ?
Maena s’apprêtait à hocher la tête mais elle s’interrompit pour faire la moue à la place :
– Eh bien, maintenant que tu le demandes, c’est vrai que ça fait un petit peu mal, feignit-elle dans un air innocent. Je suis sûre qu’avec un bisou, ça irait mieux.
Sarah l’observa, totalement amusée.
– Oh, un bisou hein ? sourit-elle avant d’obtempérer et embrasser la joue de Maena. Mieux ?
– Mieux, sourit Maena. Mais un autre ne serait pas de refus, tu sais, au cas où... on est jamais trop prudent.
Sarah retint difficilement un rire et elle tendit une main vers les lunettes de Maena.
– Ferme les yeux, murmura-t-elle avant de les retirer.
Elle se pencha et posa ses lèvres sur les yeux fermés, puis descendit jusqu’à ses lèvres où elle l’embrassa tout en exerçant une pression légère, souriant lorsque Maena y répondit avec amour tout en la serrant contre elle.
Elle se recula légèrement afin de la regarder :
– Maena ? murmura-t-elle.
– Hmmm ?
– Je t’aime.
Maena afficha aussitôt l’un de ses rares sourires, ceux qui éclairent son visage et lui offraient une sorte de jeunesse éternelle, avant de murmurer à son tour :
– Je t’aime aussi.