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⚢ Fictions lesbiennes ⚥
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εξέγερση - L’Insurrection des Arcans (Troisième et dernière partie).

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⚢ Fictions lesbiennes ⚥

Claire-em

1 juillet 2011

Chapitre 6

Un an et demi plus tard.

L’hiver était arrivé et avec lui son vent glacial. Emmitouflée dans son long manteau, le col remonté jusqu'au menton, les mains profondément enfoncées dans ses poches, elle parcourait doucement les vastes allées recouvertes d’une robe de neige blanche, le silence emplissant l'espace d’une présence étonnante.

Au bout de quelques minutes, Jordan s’agenouilla et posa ses mains sur le marbre froid. D’un blanc impersonnel, la tombe était décorée de multiples plantes et ses yeux se fixèrent sur l’inscription, semblant se perdre dans le vide tandis que des larmes coulaient silencieusement le long de ses joues.

Elle inspira un grand coup, appréciant l'air frais avant d’essuyer ses yeux et joues humides d’un revers de manche.   

— Bonjour Mathéo, souffla-t-elle doucement.    

La gorge nouée, le cœur serré, elle sentit de chaudes larmes commencer à couler à nouveau.

— Je sais que c’est la première fois que je te rends visite. J’ai repoussé ce moment encore et encore… Je savais que ce serait dur, mais je n’imaginais pas à quel point.

Elle s’interrompit.

— Je n’ai jamais été douée pour les grands discours, toi mieux que personne le savais, sourit-elle tristement. Tu me manques Mat’, tu nous manques, tellement. C’est… c'est tellement dur. J’ai tellement de regrets, de questions que j'aurais aimé te poser, de choses que j’aurais aimé pouvoir te dire encore et encore. J'aurais voulu te serrer dans mes bras plus souvent. J'aurais… j’aurais voulu être là, j’aurais voulu essayer d'éviter ça, ne pas laisser cette saleté de voiture t'écraser.

Elle secoua la tête, les larmes roulant le long de ses joues.      

— Je t'aime, c'est fou à quel point je t’aime et à quel point tu me manques, poursuivit-elle. J'aimerais tellement te serrer contre moi, écouter ta voix, te voir sourire… Tu ne quittes pas un seul instant mes pensées, tu sais.       

Lentement, elle s'avança jusqu'au sommet de la tombe et caressa du bout des doigts, dans un geste empli d’amour, les lettres dorées de son prénom ainsi que son portrait.

— J’ai… j’ai envie de croire que tu es là quelque part, ça m'aide à supporter cette lourde et longue absence. Je ne t’oublierais jamais Mat’, tu seras toujours dans mon cœur.

Elle ferma les yeux et frissonna lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule en un geste simple empli de compassion. Regagnant son calme, elle se retourna pour lui faire face et leurs regards se croisèrent, s'accrochèrent, avant qu'Emmanuelle ne finisse par baisser les yeux un instant, déroutée par la souffrance qu'elle venait de lire dans les yeux d’un noir profond. Son malaise était plus que palpable dans l'air frais de l’hiver qui les entourait, elle cherchait quoi lui dire, mais aucun mot, aucun geste ne pourrait apaiser le tourment qui brûlait sa poitrine.

La jeune policière s'agenouilla finalement à ses côtés et posa sa main sur sa joue, tendre, protectrice, essuyant les larmes qui coulaient sur sa figure. 

— Mon amour…, lui murmura-t-elle, les bras grands ouverts, son regard l’appelant.

Son cœur eut un sursaut dans sa poitrine tandis que deux bras se drapaient autour d’elle, la serrant plus près, lui offrant un confort familier et Jordan se laissa aller ses sanglots alors que des mains aimantes frottaient son dos.          

— C’est bon Jordan. Je suis là. Je te tiens, murmura Emmanuelle contre son oreille.          

Jordan blottit sa tête au creux de son cou tandis que la jeune policière lui murmurait des mots de réconfort, lui laissant savoir que tout irait mieux, qu’elle la tenait et qu’elle était à l’abri. Qu’elle ne la laisserait pas.

Ses mots l’aidèrent à reprendre le contrôle mais Jordan refusa de la laisser partir lorsqu'Emmanuelle s’écarta légèrement et prit son visage entre ses mains. D’un ton grave, la jeune policière lui demanda :

— Ça va aller ?         

Jordan hocha la tête.

— J’avais juste besoin de le voir avant qu’on ne parte, je ne pensais pas que ce serait aussi difficile, mais ça va. 

— Jordan, on reviendra tu sais, lui répondit doucement Emmanuelle.          

— Je sais, mais j’avais besoin de le faire avant de commencer ma vie là-bas. Enfin, notre vie là-bas, sourit doucement la jeune photographe.

Emmanuelle l’embrassa doucement sur le bout du nez.           

— Tu veux rester encore un peu ?          

— Non, ça va, répondit Jordan en secouant légèrement la tête. Je n’ai pas besoin d’être ici pour lui parler.

— D'accord. Viens, on va rentrer se mettre au chaud.  

Se redressant, Emmanuelle passa un bras autour de sa taille et la tint serrée contre elle alors qu'elles se dirigeaient vers la sortie d'un pas tranquille, seul le bruit de leurs chaussures contre la neige brisant le silence qui les entourait. Un silence empli de bien-être.

💕

Jordan haussa les sourcils alors qu'elle regardait autour d'elle.         

— Se mettre au chaud... dans un ascenseur ?     

— Pas n’importe quel ascenseur, répondit Emmanuelle alors tandis que les portes se refermaient sur elles.

La jeune femme blonde se tourna pour lui faire face, mais elle n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot que l’ascenseur eut un soubresaut avant de s’immobiliser. Écarquillant les yeux, elle s’écria :          

— Oh, non, non, non ! C’est pas vrai ! Dis-moi que c’est une blague ?           

Pour toute réponse, la jeune policière éclata de rire.    

— Manue ça n’a rien de drôle ! s'exclama-t-elle aussitôt avant de porter ses mains à son visage. Bon sang, on a la poisse ou quoi ?        

Parvenant tant bien que mal à reprendre son souffle, Emmanuelle la rassura :

— J’ai appuyé sur le bouton « stop » Jordan, calme-toi, répondit-elle en glissant ses mains dans les siennes et en entrelaçant leurs doigts.     

— Oh. Mais pourquoi ? Tu as un truc pour les ascenseurs maintenant ?      

Elle fut tue par des lèvres se posant sur les siennes.    

— Si tu me laissais parler, tu comprendrais, murmura Emmanuelle à quelques millimètres de ses lèvres.

— Hmm, si tu fais ça... je ne vais certainement pas te laisser parler, répondit Jordan en rouvrant doucement les yeux, un air malicieux sur le visage. Bon vas-y, je t’écoute, ajouta-t-elle devant le faux air boudeur d’Emmanuelle.     

— Merci, répondit la policière en se redressant, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Si je nous ai fait revenir ici, c’est parce qu’il y a un an et demi, tu es de nouveau rentrée dans ma vie, exactement dans cette cabine. 

Jordan fronça les sourcils. 

— Plus exactement, c’était au commissariat, et puis chez toi aussi. Oh oui définitivement chez toi, ajouta-t-elle en secouant la tête, le regard malicieux.    

— Jordan…, soupira la jeune policière.    

— D’accord, d’accord, j’arrête, continue, capitula la jeune photographe en l’embrassant furtivement sur les lèvres.      

Emmanuelle sourit. 

— Je sais que l’on a décidé de poursuivre notre vie au Canada, mais je te tenais à faire quelque chose ici avant.        

Elle parcourut la cabine du regard un instant, puis reporta son attention sur la jeune femme blonde. Posant un genou à terre, elle ne put empêcher son sourire de s'agrandir lorsqu’elle vit Jordan ouvrir de grands yeux. D’une voix douce, elle poursuivit :      

— Dans exactement une semaine, on sera à plus de 5 000 km d’ici. Mais je tiens à ce que tu saches que je n’oublierais jamais ton retour dans ma vie, les quelques heures que l’on a passées dans cette cabine sont à jamais gravées dans ma mémoire. Je n’y croyais plus, et une fois encore, tu as réussis à me surprendre, sourit-elle doucement.

Elle fit une pause, puis plongeant son regard dans celui de la jeune femme blonde, elle poursuivit, la voix teintée d’émotion :

— Je t’aime Jordan, tu es mon amour, ma vie, mon étoile, mon sourire, ma joie de vivre. Alors, je te demande, mademoiselle Jordan Miller, veux-tu m’épouser ?   

Jordan haussa les sourcils d’une manière qui aurait été particulièrement drôle si les circonstances avaient été différentes. Oh. Mon. Dieu.     

— Tu me demandes en mariage ? souffla-t-elle enfin.  

La jeune policière hocha la tête.   

— Dans une cabine d’ascenseur ?

La jeune policière hocha de nouveau la tête, incertaine cette fois-ci. 

— Oui, enfin ce n’est pas n’importe quelle cabin -         

Elle fut interrompue par deux lèvres se posant sur les siennes. Jordan l’embrassa avec toute la passion et l’amour qu’elle avait pour elle, passant une main autour de son cou tandis que l’autre se perdait dans sa chevelure sombre. Les battements de leurs cœurs s'accélérèrent et elle sentit les bras de la jeune policière l'enlacer avant qu'une langue chaude ne se glisse entre ses lèvres, approfondissant leur baiser, un baiser plein de promesses auquel elle répondit avec tout autant d'ardeur que sa douce. Un gémissement s'échappa de sa gorge lorsque sa poitrine se pressa contre celle d’Emmanuelle et, prenant le visage de la jeune femme entre ses mains, elle l'embrassa plus doucement, tendrement, puis s’écarta juste assez pour pouvoir plonger son regard dans le sien. À bout de souffle, elle répondit, le sourire aux lèvres :          

— Oui.

— Oui ?         

Jordan hocha la tête.

— Oui. Oui ! Oui ! répéta-t-elle, les yeux brillants.

Immédiatement, elle sentit une larme, puis une autre, encore une autre, couler le long de ses joues, tandis qu'un petit rire montait dans sa gorge. Elle prit le visage de la jeune policière entre ses mains et l'embrassa avec toute la douceur dont elle se savait capable. Les larmes piquaient ses yeux, mais peu importait. En continuant à embrasser Emmanuelle, elle chuchota :

— Oui… Oui, je veux t'épouser, Emmanuelle Cahill… Je le veux… 

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