Chapitre 20
Elysia salua une dernière fois ses invitées de la main puis referma la porte avant de prendre appui contre le battant, un profond soupir s’échappant de ses lèvres
— Bon sang, qui aurait pu imaginer qu’organiser une soirée entre filles pouvait demander autant d’énergie ? gémit-elle en se passant une main sur le visage.
Le sourire aux lèvres, Kat l’attira contre elle, un frisson la parcourant quand Elysia laissa courir ses ongles le long de son dos dans un contact taquin.
— Peut-être, mais au moins, tout est rentré dans l’ordre. Tu devrais être fière.
— Hmm, c’est vrai, admit Elysia, déposant un léger baiser dans le cou de Kat avant de relever la tête. Ça valait la peine de passer au travers de tout ça, pas vrai ?
— J’admets. Même si ça n’a pas forcément été facile, je suis quand même contente qu’on l’ait fait.
Le sourire d’Elysia s’agrandit et elle glissa ses mains dans les poches arrière du bermuda de Kat avant de déclarer d’un ton nonchalant :
— Mathilde est partie avec ta voiture et les clés de ton appartement.
Kat sourit, ayant une petite idée d’où Elysia voulait en venir.
— Exact.
— Alors... qu’est-ce que tu dirais d’aller se coucher maintenant et de ne pas quitter la chambre avant... disons... dimanche soir au plus tard ?
Pour toute réponse, Kat souleva délicatement Elysia dans ses bras et la porta jusqu’à la chambre.
— J’en dis que tu es une petite dévergondée, taquina-t-elle.
Elysia l’embrassa aussitôt au coin des lèvres.
— Et moi j’en dis que vu où tu me conduis, tu l’es tout autant que moi, dit-elle en lui mettant une petite tape sur le bout du nez.
Kat sourit, amusée.
— Possible.
La porte de la chambre lui apparut enfin et elle en profita pour voler un baiser à Elysia avant de la déposer au pied du lit. L’espièglerie avait laissé place à quelque chose de plus intense et quand Kat remarqua l’amour avec lequel Elysia la regardait, elle sentit aussitôt ses entrailles se réchauffer de la manière la plus douce qui soit.
Elle embrassa Elysia sur le bout du nez avant de prononcer :
— Je t’aime.
Elysia ferma aussitôt les yeux de contentement, puis caressa la joue de Kat avant de murmurer :
— Et je t’aime.
Kat lui répondit en entourant sa taille de ses bras avant de s’emparer de ses lèvres, le corps brûlant d’anticipation. Elle sentit les doigts d’Elysia venir déboutonner son bermuda et elle la débarrassa de sa belle robe d’été, leurs corps s’enlaçant sur le lit avant même que leurs vêtements n’aient eu le temps de toucher le sol.
Kat se sentit trembler de tout son être, enivrée par l’effet que les mains habiles d’Elysia avaient sur elle. De ses lèvres, Kat redécouvrit la douceur de sa peau, la plénitude de ses seins gonflés, la fermeté de son ventre satiné, puis descendit jusqu’à trouver son intimité, et elle sentit le corps sous elle se mettre à frissonner, puis à onduler, pour enfin se tendre sous l’effet de l’orgasme.
Un sourire satisfait sur les lèvres, Kat posa sa joue contre la cuisse d’Elysia et la couvrit d’un regard tendre tandis que cette dernière retrouvait progressivement ses esprits. Ce n’était pas la première fois qu’elles s’aimaient comme ça, et pourtant, Kat savait qu’elle ne s’y habituerait jamais. Pas quand le spectacle qui s’offrait à elle était aussi pur, aussi beau et aussi intense.
Elle déposait finalement un baiser contre la peau douce avant de remonter le long du corps Elysia, quand quelque chose attira son attention. Là, à l'intérieur du « v » de ses cuisses, juste sur la droite, se trouvait un minuscule tatouage. Si petit qu’il était impossible de le remarquer immédiatement, à moins de vraiment regarder.
Au-dessus d’elle, du mouvement lui parvint, et Kat devina qu’Elysia venait de relever la tête, se demandant très certainement pourquoi elle avait arrêté de bouger.
— Amour..., qu’est-ce que-tu fais ? demanda Elysia, à la fois gênée et amusée.
Kat aurait pu répondre, si elle avait eu la moindre idée de ce qui se passait. Ce tatouage, ces quatre caractères chinois entremêlés les uns avec les autres, elle savait très bien ce qu’ils signifiaient.
Mon Amour, Ma Tigresse
Dans un tout autre contexte, l’association de ces deux termes l’aurait indéniablement fait rire, s’ils ne lui rappelaient pas la dernière personne sur laquelle elle les avait vus.
Sept ans plus tôt
Le regard de Kat s’évada autour d’elle depuis sa place au pied du lit. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans une chambre d’hôtel, et elle devait bien admettre qu’elle était plutôt surprise. Elle qui s’était attendue à quelque chose de sombre et miteux comme on le voyait souvent dans les films, c’était justement tout le contraire qui l’avait accueillie, tant la pièce était spacieuse et très charmante avec ses tons crèmes doux et apaisants.
Pourtant, la seule question qui tournait dans sa tête depuis plusieurs minutes déjà, c’était : mais qu’est-ce que je fabrique ici ?
Elle l’avait voulu, pourtant. Elle en était l’instigatrice. Mais maintenant qu’elle y était... elle était terrorisée.
Un soupir d’aise lui parvint et elle reporta son intention sur la jeune femme allongée à ses côtés, le dos en appui contre les oreillers. Ses paupières mi-closes lui donnaient un air endormi, et son torse quasi nu dévoilait aux yeux de Kat des courbes charnelles qui la mettaient étrangement mal-à-l’aise.
Une main se posa sur la sienne et Kat sursauta avant d’entourer sa taille de ses bras.
— Woah, souffla la jeune femme, surprise. Désolée..., tu semblais ailleurs depuis tout à l’heure. Ça va ?
— Oui, répondit aussitôt Kat en hochant la tête, se giflant intérieurement pour sa réaction exagérée.
La jeune femme la regarda, intriguée, avant de descendre du lit.
— On a un minibar, tu veux quelque chose ?
— Non merci, ça va, répondit Kat tout en prenant à son tour appui contre les oreillers.
La jeune femme haussa les épaules, l’air de dire « comme tu veux » puis s’accroupit afin de fouiller dans le minuscule frigo. Elle en sortit quelque chose avant de rejoindre Kat sur le lit.
— Tiens, regarde, sourit-elle en lui tendant une bouteille.« Sex-appeal — boisson aphrodisiaque », ça te dit ?
Kat ne sut si c’était le nom ou le regard empli de sous-entendus que la jeune femme lui offrait, mais elle se sentit rougir malgré elle.
— Euh, non merci. Je suis pas trop alcool.
— O.K.
Le bouchon craqua et la jeune femme le dévissa rapidement avant d’en boire une gorgée, s’essuyant ensuite la bouche d’un revers de main.
— Hmm, ronronna-t-elle. Coco et fraise, t’es sûre que tu veux pas essayer ?
— Certaine, sourit faiblement Kat tout en levant intérieurement les yeux au ciel.
Oh bon sang, elle va me prendre pour une vraie coincée.
La jeune femme l’observa à nouveau, intriguée, avant de déposer la bouteille sur la table de nuit puis s’approcher d’elle. Ses lèvres se posèrent sur la joue de Kat et cette dernière sentit des mains venir jouer avec l’ourlet de son t-shirt alors que l’inconnue se rapprochait petit à petit de sa bouche. Son souffle s’accéléra, en rythme avec les battements de son cœur, et bien vite, leurs lèvres se rencontrèrent dans une succession de petits baisers. Kat vint glisser ses mains dans les boucles brunes de son inconnue avant de soudainement se figer lorsqu’elle sentit les doigts de cette dernière passer la barrière de son haut et venir frôler la peau de son ventre. La jeune femme se recula.
— Ça va ? demanda-t-elle, l’air concerné. Je ne t’ai pas fait mal, si ?
Kat secoua négativement la tête mais resta silencieuse, trop embarrassée et énervée contre elle-même pour répondre.
— C’est... c’est ta première fois ? continua la jeune femme après une légère hésitation.
Kat releva subitement la tête, surprise, avant de lâcher un rire nerveux qui se transforma rapidement en sanglots malgré elle. Je suis pathétique, pensa-t-elle avec dépit.
— Non, répondit-elle enfin, les yeux humides. Laisse tomber, je suis désolée, poursuivit-elle en descendant du lit. C’était une mauvaise idée.
— Non, attends, l’interrompit la jeune femme en posant une main sur son bras. Hé, ça va. On n’est pas obligées de... enfin, si tu as besoin de parler, je peux faire ça aussi, tu sais ?
Son ton était empli de douceur et lorsque Kat tourna la tête dans sa direction, elle réalisa que son visage l’était aussi. Elle hésita un instant avant de s’essuyer les yeux d’un revers de main puis se réinstaller contre les oreillers. Une main se glissa dans la sienne et la jeune femme l’observa d’un air concerné.
Kat se racla la gorge.
— Il n’y a pas grand-chose à dire, en fait, répondit-elle finalement.
— C’est pas ta première fois, alors ?
Kat secoua négativement la tête.
— Non.
— D’accord, acquiesça doucement la jeune femme. Alors, si c’est pas...
— J’ai été violée.
Les mots l’échappèrent et Kat sentit aussitôt la jeune femme se figer, puis la vit cligner des paupières à plusieurs reprises.
— Oh, articula-t-elle enfin. Je..., c’est..., je suis désolée, enfin...
— Ça va, la coupa Kat. T’embête pas, je sais qu’il n’y a pas grand-chose à répondre face à ça.
La jeune femme lui offrit un air désolé et au vu de sa main qui tripotait nerveusement la couette sur laquelle elles étaient assises, Kat sut qu’elle était mal à l’aise.
— Écoute, je ferais mieux de rentrer, commença-t-elle en se redressant. Tout ça ne rime à rien et —
— Non, l’interrompit à nouveau la jeune femme avant d’afficher un sourire embarrassé. Je me sens un peu bête maintenant, je ne voulais pas..., enfin, si je t’ai mis la pression où...
— C’est moi qui t’ai proposée de venir ici, lui rappela aussitôt Kat.
La jeune femme se mordit la lèvre.
— C’est vrai, admit-elle. Alors pourquoi..., je veux dire, si...
— Pourquoi t’emmener ici si je ne peux même pas aller plus loin qu’un simple baiser ? répondit amèrement Kat avant d’abaisser son regard vers leurs mains toujours liées.
En vérité, depuis les humiliations et la douleur subies aux mains de son ravisseur, partager son intimité avec quelqu’un d’autre lui était devenu tout simplement impossible. Mais une part d’elle refusait de donner à ce monstre la satisfaction qu’il attendait. Elle ne voulait pas le laisser gagner. Elle ne voulait pas le laisser lui prendre ça aussi.
Son inconnue, sans le savoir, avait fait revivre en elle des émotions qu’elle pensait perdues à jamais. Et ce à travers un simple regard, un simple sourire, un simple frôlement de la main sur la sienne. Avant même d’en avoir conscience, Kat s’était sentie réagir à sa présence. Et, plus important encore, elle était l'exact opposé du misérable qui s’était tellement amusé à abuser d’elle.
Kat voulait que son inconnue l’aide à retrouver cette part d’elle qui lui avait été volé.
— Je ne veux pas que ma dernière fois soit un viol, répondit-elle enfin, la voix légèrement tremblante avant de lever vers la jeune femme un regard embué. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction. Je voulais que tu me fasses l'amour.
Son inconnue l’observa, l'expression de ses yeux clairs s'adoucissant ostensiblement pour devenir plus chaleureuse, et Kat fut surprise de la voir se déplacer pour s’étendre de tout son long à côté d’elle. Le regard qu’elle lui offrit ensuite lui coupa un instant la respiration, tant Kat réalisa que la jeune femme avait compris ce dont elle avait réellement besoin avant qu’elle-même ne le réalise.
Son inconnue s'offrait entièrement à elle, comprenant mieux qu’elle-même les émotions qui l’habitaient et qui l’avaient poussée à se diriger vers elle dans cette discothèque, puis à lui faire cette demande peu commune. Son ravisseur lui avait volé son libre arbitre, et cette femme, cette inconnue, avait décidé de le lui rendre. Kat avait été violentée, déshabillée, humiliée, impuissante à se défendre, et cette jeune femme lui offrait un contrôle total, tout en la rassurant.
Kat réalisa qu’elle n'aurait pas aimé se retrouver étendue sous elle, comme soumise. Elle voulait pouvoir contrôler le don de son corps ; faire les choses à sa manière ; être celle qui décidait du quand, du comment. Celle qui tenait les reines et dirigeait.
Elle s'agenouilla aux côtés de son inconnue tout en frémissant d’impatience. Sa peau, nue et laiteuse, attira ses mains comme un aimant. Dans une impulsion qui lui fit oublier sa nervosité, Kat vint caresser son estomac d'un geste avide avant de remonter un peu plus haut. Le cœur battant, ses doigts suivirent avec fascination le sillon de ses côtes, savourant la faible musculature et la dureté des os.
Lorsque sa main remonta vers la poitrine de la jeune femme, Kat réalisa que son cœur battait rapidement et que sa respiration était saccadée. Ses yeux remontèrent brièvement vers son visage et Kat se retrouva aussitôt prisonnière de ses iris bleus brûlants d’envie et d’une bouche légèrement entrouverte. Les signes du désir chez une femme ne lui étaient pas inconnus, pourtant, elle ne put s’empêcher d’en être surprise, parce qu’elle n'avait pas du tout envisagé cette possibilité dans la proposition qu’elle avait faite à son inconnue.
Kat retira ses mains tout en rougissant furieusement.
— Désolée, répondit aussitôt la jeune femme dans un sourire. Mais tes caresses sont loin de me laisser insensible ; ce doit être l’aphrodisiaque.
Son ton était léger, un peu taquin, et Kat ne put s’empêcher de rougir davantage. Doucement, elle écarta les mains de son inconnue et les remonta de chaque côté de sa tête avant de croiser son regard, et à nouveau, elle sut qu'elle comprenait. C’était à Kat de prendre toutes les décisions, à chaque étape. Elle la sentit se détendre puis réalisa qu’elle avait fermé les yeux, lui arrachant un faible sourire. Une fois encore, son inconnue avait compris ce qui était le mieux pour elle avant même qu’elle-même ne le réalise : il lui était plus facile d'agir si elle ne la regardait pas.
Sans se donner le temps de réfléchir, Kat tendit une main et détacha l’unique bouton du pantalon de son inconnue avant d’abaisser la fermeture. Un string en dentelle de couleur noire lui apparut aussitôt et elle glissa ses mains sous l’élastique avant de commencer à le faire descendre, lui et le pantalon, le long des jambes de la jeune femme. Cette dernière souleva les hanches pour l'y aider.
— Je peux savoir ton prénom..., murmura-t-elle, les yeux toujours clos, ...maintenant que tu m’as mise à nue ?
Kat ne put retenir un sourire malgré sa nervosité.
— Kat, répondit-elle, tout en caressant les cuisses fermes à proximité.
Un frisson de plaisir inattendu la traversaau contact de cette peau douce et ferme et elle tira un peu plus fort sur les vêtements, avant de les faire disparaître.
— Kat... c’est un joli prénom, j’aime beaucoup.
Kat rougit légèrement à nouveau.
— Merci. Et toi ?
— Lucy, souffla la jeune femme tout en repositionnant ses jambes sur la couverture.
La main de Kat remonta vers les seins de Lucy et, avec son aide, elle retira le dernier rempart à sa nudité avant de laisser son regard glisser sur son corps nu, le long de ses courbes harmonieuses, avant de s’arrêter sur sa fine toison déjà luisante de plaisir.
Attirée comme un aimant, Kat tendit une main pour la toucher d’un doigt, un léger frôlement qui poussa aussitôt Lucy à sursauter et à prendre une inspiration soudaine. Sa réaction surprit Kat et elle se crispa d'émotion avant qu'une chaleur brûlante n’émerge des profondeurs son corps et ne l’aide à se détendre. Ses doigts s’attardèrent un court instant dans les boucles brunes de sa toison finement taillée avant de descendre un peu plus bas, dans une intimité brulante.
La chaleur qui l’accueillie, la douceur soyeuse, et le fruit du désir qui inondait ses doigts enivra aussitôt Kat et elle réalisa qu’elle ne voulait plus attendre. Elle voulait faire l'amour. Elle avait besoin de faire l’amour, de partager enfin ce moment si particulier, si intime par plaisir, et non par violence.
D'un geste soudain, elle se redressa et se débarrassa de son propre jean et sous-vêtement avant d’enjamber le corps de Lucy et se mettre à califourchon sur elle. Cette nouvelle position lui procura une sensation à la fois intense et merveilleuse et elle frissonna lorsque Lucy écarta un peu plus les jambes, l’invitant à mieux unifier leurs centres. Au premier effleurement, le contact presque brûlant poussa Kat à se relever presque instinctivement et elle haleta face à la crispation presque douloureuse que ce bref contact avait provoquée entre ses jambes, comme un vide ayant besoin d'être comblé.
Si elle s’était crue prête, son corps, lui, paniquait encore un peu devant la menace d’une pénétration étrangère, tout en le désirant farouchement. Doucement, elle se rabaissa, avant de venir chercher l’une des mains de Lucy et la mener entre leurs deux corps. Les doigts de cette dernière vinrent aussitôt frôler son petit bouton et elle prit une inspiration soudaine avant de la guider un peu plus bas.
— S’il te plaît...
Lucy ouvrit lentement les yeux et Kat sentit sa respiration se couper face au brasier qui brûlait en eux. Son inconnue porta sa main libre à sa joue et très doucement, la caressa de ses doigts infiniment tendres. Puis elle descendit le long de sa gorge, jusqu'à son t-shirt où elle s'attarda un moment, effleurant un sein après l’autre, avant de descendre jusqu’à la jointure de ses cuisses.
— Ça ne peut pas marcher si tu es trop tendue, murmura-t-elle du bout des lèvres sans la quitter des yeux.
Sa caresse fut aussi légère qu'une plume, la touchant doucement, l'apaisant, tandis que ses doigts taquinaient légèrement son entrée. Kat ferma les yeux pour mieux ressentir les effleurements de cette main qui la caressait si délicieusement, lui offrant une sensation qui ne lui était pas nouvelle, mais que l’horreur lui avait fait oublier. Les doigts de Lucy accentuèrent petit à petit leur pression et Kat ressentit un plaisir intense la parcourir, un gémissement s’échappant de ses lèvres tandis qu’elle commençait à onduler des hanches afin de revivre la douce sensation à nouveau. Bien vite récompensée, une danse subtile et sensuelle commença entre elles, le corps de Kat ondulant dans un rythme ancien, avançant et reculant comme les vagues de l'océan tandis que Lucy la guidait et qu’elle la suivait.
Le regard brûlant de passion, Lucy modifia elle aussi ses caresses, accentuant davantage sa pression entre les jambes de Kat, attisant son petit bouton, faisant inexorablement monter le plaisir. Kat avait si chaud qu’elle avait l’impression de brûler de désir, d’envie et de passion. Sa peau brillait de transpiration et elle pouvait sentir la vague de jouissance monter en elle, incontrôlable. Avec un gémissement rauque, elle se pressa contre Lucy et se mordit les lèvres pour ne pas crier quand cette dernière délaissa son petit bouton d’amour pour poser sa main sur ses fesses, la pressant encore plus contre elle et accentuant ses mouvements
Le gémissement qui monta en elle provoqua néanmoins un faible sourire chez Lucy, et Kat se redressa à nouveau, se perdant dans une joie primitive et sensuelle. Lucy continua à la caresser, à la guider même si elle n'en avait plus besoin. Elle bougea sur elle, de plus en plus vite, la prenant de plus en plus profondément et continua jusqu’à ce que son ventre se noue et qu’elle eut l’impression qu’elle allait exploser. Elle se figea tout en gémissant, et Lucy la saisit soudainement par la taille tout en s'enfonçant encore plus en elle. La sensation fut électrisante et presque trop intense. Un éclair de jouissance la traversa et Kat explosa, un cri d'extase que rien n'aurait pu étouffer s’échappant de ses lèvres.
Peu à peu, l'orage se calma et elle s’écroula sur Lucy, affaiblie et tremblante. Cette dernière la serra aussitôt contre sa poitrine avant de glisser ses bras autour d’elle tandis que Kat sanglotait à moitié, la respiration saccadée.
— Ça va ? murmura finalement Lucy, ses mains caressant son dos dans des gestes apaisants.
— Oui, répondit Kat, la gorge serrée. C’est juste... je ne pensais pas que ce serait aussi agréable.
Les lèvres de Lucy se posèrent sur son front et Kat resta là, allongée sur elle, la tête nichée au creux de son cou. Les battements de son cœur et son odeur, douce et chaude, lui parvinrent et elle réalisa qu’elle se sentait parfaitement à l’aise, sur elle, dans cette chambre d’hôtel. Mieux protégée qu’elle ne l’avait jamais été.
Pourtant, elle ne connaissait rien de sa vie. Elle ignorait son âge, d'où elle venait, ce qu'elle aimait manger, lire ou regarder à la télévision. Ni même si elle avait quelqu’un dans sa vie ou non. Et pourtant...
Kat écarquilla soudainement les yeux. Oh mon Dieu, je ne le lui ai même pas demandé si elle avait quelqu’un dans sa vie ! Elle se sentit soudainement nauséeuse. Si Lucy était déjà engagée dans une relation, alors elle n’était pas la femme qu’elle croyait, et elle venait tout juste de commettre la plus belle erreur de sa vie. Elle ne pourrait pas supporter d'entendre qu'elle lui avait fait l'amour par pitié.
Un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle pouvait bien évidemment fermer les yeux et faire comme si la pensée soudaine qu’elle venait d’avoir ne s’était pas immiscée dans son esprit, mais elle savait au fond que si elle avait commis une erreur monumentale, elle voulait en être au courant.
— Lucy... hum, tu as quelqu’un ? demanda-t-elle tout à coup.
Kat s’attendit à la sentir se tendre, mais au contraire, Lucy resta étalée sous elle, parfaitement relaxée tandis qu’une de ses mains remontait le long de son dos jusqu'à sa nuque qu'elle caressa doucement.
— Non, j’ai même récemment divorcé, répondit-elle enfin d’une voix calme avant de sourire contre sa tête. Tu peux rentrer tes griffes.
Surprise, Kat réalisa que ses ongles s’étaient légèrement enfoncés dans son épaule et elle retira vivement ma main.
— Pardon, balbutia-t-elle, gênée. Je ne voulais pas te faire mal.
Lucy l’embrassa sur le front.
— Il n’y a pas de mal, tigresse, la taquina-t-elle aussitôt, les yeux brillants.
— Tigresse ? s’étonna Kat avant de secouer la tête d’amusement. Je ne suis pas une tigresse.
Lucy glissa sa main libre sous le haut que Kat portait toujours pour venir caresser ses fesses nues et elle ronronna à son oreille :
— Oh si... une tigresse terriblement adorable, d’ailleurs.
Son souffle chaud contre sa joue poussa Kat à fermer les yeux et elle s’étira légèrement, avant de sursauter lorsque sa cuisse entra en contact avec un centre chaud et humide. Les doigts de Lucy se crispèrent aussitôt sur ses fesses tandis qu’elle inspirait soudainement.
— Pardon, marmonna aussitôt Kat, embarrassée.
— T’excuse pas, la rassura Lucy en lui donnant une légère tape sur le nez du bout de son doigt. Surtout pas pour ça, taquina-t-elle avant de s’approcher de son oreille. Je crois même que tu peux recommencer... autant de fois... que tu le désires...
Kat ferma les yeux, le désir montant de nouveau en elle, si bien qu’elle entendit à peine lorsque Lucy continua, le ton soudainement sérieux :
— Kat, je peux te poser quelques questions ?
— Quoi ? murmura Kat d'une voix distraite.
— Où en sont tes mauvais souvenirs ? continua doucement Lucy tout en venant caresser sa joue.
Quoi ?
Ses paupières s’ouvrirent péniblement et Kat cligna un instant des yeux avant de croiser le regard de Lucy. Son air sérieux et concerné la ramena soudainement à la réalité et elle comprit qu’elle faisait référence à cette brute qui l’avait violentée. Elle réfléchit un instant, et réalisa, avec surprise, que cela n’avait plus d’importance. Pas pour le moment. Bien sûr, une part d’elle était toujours en colère, et avait une irrésistible envie de le faire incroyablement souffrir pour ce qu’il lui avait fait. Mais aujourd’hui, sa féminité blessée avait triomphé sous le plaisir intense qu’elle venait de ressentir en faisant l'amour avec Lucy, et c’était le plus important à ses yeux. Lucy l’avait guérie.
Elle l’avait sauvée.
— Disparus, chuchota-t-elle en venant caresser les lèvres de Lucy du bout du doigt. Grâce à toi.
— D'accord, murmura Lucy avant de sourire. Seconde question : crois-tu qu'il te serait possible de te débarrasser de ce t-shirt ?
Kat haussa un sourcil de surprise avant de se redresser. Elles venaient tout juste de faire l'amour, et pourtant, elle ne pensait pas pouvoir l’enlever. C’était son armure — la seule chose qui l'empêchait de perdre pied. Un symbole bien plus important qu'un simple rempart à sa pudeur. Peut-être n’était-elle pas aussi guérie qu’elle le pensait, finalement. Son ravisseur l’avait déshabillée, forcée à rester nue en face de lui. Elle en avait eu horriblement honte. Elle ne savait pas si elle supporterait, même avec Lucy, de se retrouver entièrement dénudée.
Son regard bleu était calme et patient et elle réalisa qu’à nouveau, Lucy la comprenait. Mais qu’elle voulait aussi davantage. Elle réclamait sa confiance, sans aucun noir secret entre elle.
Elle voulait qu’elles deviennent réellement amantes.
Cette prise de conscience fut presque douloureuse pour Kat. Elles avaient fait l'amour, physiquement, mais il y avait encore un mur érigé entre elles. Lucy avait fait tout ce qu’elle lui avait demandé, et maintenant, elle voulait quelque chose en retour. Un quelque chose que Kat fut surprise de désirer elle aussi.
Baissant les yeux vers son t-shirt, elle réalisa que ses mains y étaient désespérément accrochées, et, dans une inspiration difficile, elle détacha ses doigts un à un avant de venir s’emparer de l’ourlet. Lucy l’arrêta en posant une main sur les siennes.
— Laisse, souffla-t-elle en venant caresser sa joue. Laisse-moi faire, d’accord ?
Kat se mordit la lèvre avant de hocher la tête et lentement, petit à petit, pour lui laisser le temps de protester, Lucy souleva le tissu jusqu’à dévoiler son ventre. Les dents de Kat accentuèrent leur pression sur ses lèvres, luttant contre son envie sauvage de rabaisser le tissu qui se soulevait peu à peu.
Le vêtement remonta jusqu’à la lisière de sa poitrine, et Lucy glissa ses mains sur sa peau, caressant son ventre avant de remonter un peu plus haut. Elle les glissa sous le tissu, attendant légèrement au cas où Kat refuserait, puis vint frôler ses seins, ses paumes douces et chaudes couvrants entièrement ses deux globes. Kat se sentit aussitôt réagir, ses tétons durcissant, comme s'ils savouraient le contact.
— Tu es magnifique, murmura Lucy en venant légèrement toucher la joue de Kat de ses lèvres. Magnifique.
Kat ferma les yeux et resta assise sur elle, sentant le doux contact de la toison de Lucy contre son sexe brûlant, de ses mains chaudes sur ses seins. Cette dernière les délaissa finalement, les laissant curieusement douloureux, pour de nouveau soulever son t-shirt. Le vêtement passa ses épaules et Kat leva les bras pour s’en délivrer.
Elle était enfin nue. L'air frais de la climatisation souffla sur sa peau en une caresse légère, et elle sentit les doigts de Lucy faire la même chose, effleurant ses épaules, ses bras, ses seins, son ventre. Mais Kat le sentit à peine. La main de Lucy se glissa derrière sa nuque, et après une légère pression, Kat comprit et sa laissa guider, plus bas, plus bas encore, jusqu’à ce que sa bouche se pose sur celle de Lucy.
Ses seins s'écrasèrent contre sa poitrine, et les tétons tendus qui frôlèrent les siens lui procurèrent un autre plaisir tactile qu’elle avait également écarté de son esprit. C’était délicieux. La langue exigeante de Lucy vint titiller ses lèvres et Kat l’invita aussitôt à entrer.
Les secondes s’écoulèrent, les minutes, et Lucy finit par laisser sa tête retomber contre les oreillers, la respiration sifflante, les paupières lourdes de désir.
— J'ai une autre question, haleta-t-elle.
— Laquelle ? demanda Kat, ne pouvant détacher ses yeux du spectacle qui s’offrait à elle.
Elle ne voulait pas que Lucy cesse de l’embrasser. Jamais elle n’avait autant apprécié un baiser auparavant, Lucy était diaboliquement douée. Elle se pencha davantage et mordilla sa lèvre inférieure avant de déposer des petits baisers avides sur sa bouche.
Lucy eut un rire musical qui la charma aussitôt.
— Tu me laisserais être au-dessus cette fois ? demanda-t-elle une fois calmée, ses mains faisant de doux va-et-vient dans son dos.
La question surprit Kat et elle sentit son sourire quitter son visage tandis qu’elle réfléchissait sérieusement à la question. Une part d’elle avait envie d’essayer, mais une autre, plus forte, avait peur de ne pas supporter et retourner là-bas, dans cette minuscule pièce, avec lui.
— Hé, murmura Lucy en venant caresser ses lèvres. Je ne t’y obligerai pas si tu ne t’en sens pas capable, tu le sais, pas vrai ?
Kat enfouie sa tête dans son cou et y embrassa la peau douce qu’elle y trouva avant d’acquiescer.
— Je sais, répondit-elle doucement avant de s’écarter.
Lucy la saisit aussitôt par la taille avant de la faire rouler sous elle, soutenant une partie de son poids sur ses avant-bras pour ne pas l'écraser tandis qu'elle entrelaçait leurs jambes. Les sens de Kat furent aussitôt bombardés de sensations nouvelles, et elle réalisa qu’en étant assise sur Lucy, elle avait eu le contrôle de la situation. Mais cette fois, cela allait être impossible ; elle se retrouvait à sa merci. Déjà, ses cuisses s’étaient écartées pour laisser place à l’une des siennes, mais elle réalisa qu’elle ne se sentait pas impuissante. Au contraire, elle se sentait parfaitement en sécurité, comme... protégée.
Lucy vint caresser ses cheveux tout en embrassant son front, son nez, puis ses lèvres.
— Ça va ? souffla-t-elle contre ces dernières, ses yeux étudiants son visage.
Kat lui offrit un sourire confiant et tendit les bras pour les nouer autour de son cou.
— Mieux que jamais, murmura-t-elle, poussant Lucy à sourire à son tour.
— Kat ?
La voix d’Elysia ramena soudainement Kat au présent et elle releva enfin la tête, notant l’air inquiet qui habitait le visage d’Elysia.
— La seule... la seule que je connais à avoir ce tatouage..., murmura-t-elle, confuse. C’est Lucy.
Le mot s’échappa de ses lèvres, et comme Ali Baba et son célèbre « Sésame, ouvre-toi ! », ce fut comme si elle venait tout juste de trouver la combinaison magique malgré elle. Un changement, bien que subtile, s’opéra juste sous ses yeux, et ce fut ébahie qu’elle observa des grains de beauté apparaître tandis que d’autres s’effaçaient, certaines parties du corps s’affiner là où d’autres s’affirmaient un peu plus, une toison devenir plus sombre, une poitrine se développer légèrement et lorsqu’elle remonta, elle retrouva ces boucles brunes dans lesquelles elle aimait inlassablement faire glisser ses doigts, ce sourire qui la poussait aussitôt à sourire en retour, ce regard aussi bleu que le ciel d’été, et qui s’assombrissait toujours sous la colère ou le désir.
La femme se trouvant sous ses yeux n’était plus Elysia, mais...
— Lucy. Tu... tu es Lucy, balbutia finalement Kat, abasourdie.